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1950

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

2 janvier 1950

Wang vient déjeuner et me fait cadeau de son phono. Sorti Cl.
« On doit se garder d’appliquer les mêmes règles au salut de l’Etat qu’au salut de l’âme, car le salut des âmes s’opère dans l’autre monde, tandis que celui de l’Etat ne s’opère que dans celui-ci ». Richelieu

3 janvier 1950

Parti à 8 h pour Grasse.
« Ce qui rend notre culture si difficile à communiquer au peuple, ce n’est pas qu’elle soit trop haute ; c’est qu’elle est trop basse. » S. Weil
A Grasse 1 heure du matin – hôtel des Négociants.

4 janvier 1950

Expédié trois lettres – Vu deux personnes Paulette et son têtard (conversation théologique : la grâce, les œuvres, Luther, l’année sainte, etc.)

6 janvier 1950

Travaillé un peu aux nouvelles.
« La nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement ». Constitution IV République.

7 janvier 1950

La journée à Monte-Carlo. Déjeuner chez Caillaud – Gare de Menton 19 h 30.

8 janvier 1950

Monaco – élections au Conseil national. Rentré 1 heure du matin.

9 janvier 1950

Article mutilé dans P.L.
« En un discours aussi improvisé qu’éloquent ».

12 janvier 1950

À Menton, 19 h 45 – avec Vidal et la douane en montagne jusqu’à 1 heure du matin. 2 Français et 2 Italiens arrêtés.

13 janvier 1950

Interrogatoire des détenus. Perquisitions à Monaco pour d’autres affaires. Retour Grasse 20 heures.

16 janvier 1950

St-Vallier – Nobile, Cornavan, Mme Kessel – Tylé – se porte bien !
Le soir à Marseille 20 h. Vu Wang et deux Chinois qui rentrent avec lui : un ingénieur Teng, et un économiste Tchang. Hôtel de Provence.

17 janvier 1950

Déjeuner au champagne, appareillage du Champollion au cap Janet 16 h 20 (des soldats pour l’Indochine).

18 janvier 1950

Cathay Restaurant Etoile. La journée à Lyon avec Freddy – aux abois – et JJ. Tchao de la part de Chang tseu jo.

19 janvier 1950

Rentré Paris 9 heures. Comment confectionner des agglomérés béton ?
Danielle Gatti a eu son fils hier : Guerre civile ?

20 janvier 1950

Visite à Gatti Stéphane – Le soir, avec Cl. et Armorin altercation avec 4 antisémites. Puis conférence abjecte de Tixier-Vignancourt sur l’amnistie.

21 janvier 1950

Georges Guy – The Putney School, Putney, Vermont. (préservatifs, comics).

23 janvier 1950

Envoyé lettre à la RA.P.concernant une amende de 200 F infligée à Wang. Joli texte. Piqûre de calcium.

24 janvier 1950

Lettre de Haja, à Paris.

25 janvier 1950

Marionnettes – piqûre –
Déjeuner de la rédaction. Personne n’y va. Avec Gatti, Saby, Boulez et Henri Michaux au théâtre de poche pour « L’Exception et la règle » (B. Brecht) et « le Gardien du tombeau » (Kafka), puis cafés jusqu’à 3 heures du matin.

26 janvier 1950

Rhume carabiné. Gagné 500 F à la loterie. Prêté 9 000 à D.G.

27 janvier 1950

« Il le haïssait d’une haine féroce, sournoise, d’une haine de paysan volé » (Maupassant).

5 février 1950

Chez Flinker, en face de Gatti avec Saby et eux : un jeune Allemand (poète) et deux filles. Dante explique la littérature : rien en dehors de Joyce, Mallarmé, Kafka, Michaux. Valéry ? zéro ; Lorca, zéro ; Apollinaire, trois fois zéro. Gêne générale. Audition d’un disque : Joyce lisant « Anna Livia Plurabelle ».
À déjeuner Clichy, Dante, Danielle et Stéphane.

6 février 1950

Maman à Hayange – Gilbert à Vanoise avec Janine.

8 février 1950

Commencé enquête avec Gatti : Donnez-leur encore une chance !

9 février 1950

Lettre de Wang de Colombo.

11 février 1950

À 9 heures, arrivée à la porte d’un gendarme qui vient m’apporter mon livret militaire ! après tout…

12 février 1950

La soirée rue de l’Hôtel de Ville à Neuilly chez Catherine Bailly, sa fille, ses amis, avec Boulez, Saby.

13 février 1950

Einstein déclare que la bombe H peut détruire toute vie sur la terre.

14 février 1950

Enquête sur Dellapina, un des « Arsène Lupin » de Neuilly : au 40 de la rue Lauriston, domicile du bandit, Pichon, le photographe, et moi tombons sur une souricière : deux flics revolver au poing…
Signature du pacte russo-chinois (Staline et Mao-tsé toung)

16 février 1950

Dîner chez Gatti avec Saby et Flinker.

17 février 1950

Ayant écrit à Henri Bordeaux, pour un article de style antisémite chrétien, il me répond en m’assurant qu’il priera pour ma conversion !
Avec Armorin, meeting à la Mutualité « Pour les objecteurs de conscience ». Paul Rivet, Altmann, Foutaise anarcho.
Armée du Salut (Col. Péan, major Simonin, brigadier Penée).

18 février 1950

Pierre Seligman, Buenos Aires. Acheté réveil en musique 2 300 F Lancel (Aïda) – Avec Cl. vu « Autant en emporte l’histoire »

21 février 1950

Avec Gatti, habillés en miséreux, à la Cité, refuge de l’armée du Salut 12, rue Cantagrel) – Dîner, coucher en dortoir – Retour à 6 heures

22 février 1950

Salle Erard, concert Schoenberg « Kammer symphonie » 15 chansons sur « Jardins suspendus » St Georg et Cosson – suite.
Ensuite, café avec Boulez, Gatti, Souvtchinsky, sa femme et une autre cantatrice.

24 février 1950

Ministère de la Justice : Mme Brest-Dufour, conseiller technique (incompétente).
Les travaillistes serrés de près par les Tories (310 contre 290).

25 février 1950

Reporters
Dîner « À la grâce de dieu », Courtade, Hervé, Labarthe, Pado, Armorin, Terry, Korab. Discussion : les cocos demandent une démarche pour faire accorder 1 visa à Elya Ehrenbourg – Motion nègre blanc. Bal des fleurs, rue des Patriarches.

26 février 1950

Suicide de Portail (Marcelle)
Soirée avec Boulez chez Saby, av. du Colonel-Bonnet.

27 février 1950

Dîner avec Haja B.
Visite à la suite d’une lettre, à Bagneux : un huissier du ministère des Finances, fou de chiens et de galets, laisse crever sa femme et son fils.

28 février 1950

Casse à Nova Mir. Les nerfs en pot de fleur.

1er mars 1950

Avec Cl. légation sino-bouddhisme

2 mars 1950

Légation d’Israël

3 mars 1950

Maurois, Romains, etc., de la diarrhée de mammouth.
Bagarre à la Chambre : un communiste occupe la tribune, en est chassé ; de Menthon blessé… à propos de la loi pour réprimer le sabotage (les armes américaines doivent arriver incessamment en France).

5 mars 1950

Déjeuner à la maison avec Danielle et Gatti – Ensuite, journal – papier sur Bordet, condamné à mort injustement. Refus de le passer.
Chez Gatti et Flinker ensuite avec Saby – lecture de Morgenstern.

6 mars 1950

Grève des transports_
Procès du GI Edelbaum assassin d’une prostituée – Cherche-Midi : tribunal américain – méthodes américaines. La gauche gagne aux élections grecques.
Mort d’Albert Lebrun. Auriol en Angleterre demain.

7 mars 1950

Liquéfaction : scandale des généraux, empoignades à la Chambre, grèves.
De Gaulle avant-hier : « J’ai confiance… les événements se précipitent ».
Procès GI : Edelbaum condamné à 2 ans et 6 mois !

8 mars 1950

Musique salle Erard avec Gatti.
Le soir, aux usines à gaz et électriques de la banlieue nord (grèves et réquisitions).

9 mars 1950

Déjeuner Najar, Barkay et Serge Groussard chez « Denys de Pouilly »

11 mars 1950

Fin de la grève des transports.

12 mars 1950

Les patrons de la métallurgie refusent toute augmentation aux ouvriers ; ils ont repris, en cinq ans, toute leur assurance. Accident d’aviation à Cardiff. Un Tudor s’écrase : 80 morts. Léopold II : 57 % au référendum belge.

13 mars 1950

Reuilly. Procès huis clos du Commandant Teulery pour avoir livré des secrets à la Yougoslavie. 5 ans de travaux. Défendu avant l’excommunication yougoslave par deux avocats communistes. Puis, à la fin, lâché et défendu par un autre, Blateau.
Match de boxe Vel d’Hiv’ avec Groussard. Stock met Krawik KO. Après, ballade jusqu’à 1 heure (un peu inculte, le Groussard !)

15 mars 1950

Cinémathèque « La Ligne générale », Boulez, Saby, Danielle.

16 mars 1950

Avec Cl. au cinéma : « La Marie du port » – moche.

17 mars 1950

Lu Michel Kolhaes, de Kleist

18 mars 1950

Dîner Freddy – Grand guignol

21 mars 1950

Cinémathèque, Gatti, Saby « Vampire » de Dreyer

24 mars 1950

Engueulade au journal avec Larquier – Suis augmenté
Les surréalistes, c’est de braves gens. Souvtchinsky

26 mars 1950

Anniversaire Boulez – Saby, Claudie, les Gatti, puis Flinker. Boulez, en smok, revenait de « Malbrough s’en va-t-en guerre ». Dîner au Mont-Blanc. Parle de son nouvel essai « Les coups de dés »  en musique  (plus difficile que le quatuor… j’y mettrai tout le temps qu’il faut…).

27 mars 1950

Guerre et paix (fin).

28 mars 1950

La commission d’enquête sur les généraux

29 mars 1950

Bateau Armorin. Je demande à Bellanger d’être nommé « grand reporter ». Ça pourrait lui coûter de l’argent. Solution : « reporter » membre de l’Association française des grands reporters.

30 mars 1950

Les officiers continueront à parler au peuple et diront : Qui est-ce qui a peur et manque de courage ? Qu’il s’en aille et retourne chez lui afin que ses frères ne se découragent pas comme lui. (Deut. XX 8-9)
Film anglais « Noblesse oblige ».
Mort de Léon Blum : épouvantable cri de joie et de haine de Larquier : « Ça y est, il est crevé, le salaud… il est crevé ! Ah, que j’suis content, etc. Ah ! Qui nous débarrassera des juifs ? Il nous faudrait un homme à poigne comme Mendel.»

2 avril 1950

Déjeuner et dîner chez Marchal – avec les Gatti, Armorin, De Caunes et l’Islandaise (Didda Haroldsdottir) – promenade en bateau « Belle de Jour »

5 avril 1950

Donné à revue « Évidences » papier sur Tel-Aviv.
Contre la publication des mémoires de Skorzeny par le Figaro, manifestation communiste. Le Marignan dévasté – chocs répétés, un photographe assommé.

7 avril 1950

À la centrale de Poissy avec Gatti et le photographe Pilon. Vu le directeur Casanova.
A 7 h, gare Saint-Lazare, aumônier protestant de Fresnes, pasteur de Lure .

8 avril 1950

Dîner Port à l’Anglais – Boulez, Grove, Saby, Gatti, Armorin, Buffet, Marchal, Leleu – Bateau.

9 avril 1950

Scandale à Notre-Dame : un ex-dominicain monte en chaire et anathématise l’église . Arrêté avec deux autres (Mourre). Un hic : la bande avait proposé le reportage à un journal la veille.

10 avril 1950

La merde s’obtient sans ascèse.

11 avril 1950

Chez Boulez : qui fait des imitations aux ondes Martenot. Après, visite galerie de Beaune : Kandinsky. Acheté Ulysse 1 580 F.

12 avril 1950

Chez Saby, avec Boulez et les Gatti. Chanvre. Rentré à 5 heures – parlé de presse à bras, projet où Gatti veut nous entraîner.

15 avril 1950

Photos pour l’enquête, Bd Arago, les prisonniers de la Santé qu’on aperçoit à travers le feuillage et le grillage.

16 avril 1950

Avec Armorin et sa Fiat, dîné à la Pyramide, puis au Bois.

17 avril 1950

Un imbécile du nom de Massignon accuse les juifs de « crimes rituels » dans une revue !

18 avril 1950

Coup de téléphone de Freddy aux abois (faillite en vue).

19 avril 1950

Fin de l’enquête avec Gatti « Donnez-leur encore une chance »

20 avril 1950

Ah ! comme on est mal à son aise quand on a comme soupirant un commandant, un aspirant de la marine française – Coup de roulis

21 avril 1950

Boulez – Gatti – Saby : on fête le départ du Maître pour l’Amérique avec J.-L. Barrault. Boulez joue une musique de Morton Feldmann, un Américain qui lui a demandé par lettre son avis. Bon. Royal Monceau – 2e anniversaire de l’Etat d’Israël. Barkay, Najar, Groussard, Nathan.

22 avril 1950

Lu Music To-day, revue de la SIMC (avant-garde musicale). « J’ai toujours été d’avis, déclarait Schoenberg à Venise, qu’en tout festival de musique, je suis le seul compositeur. » Dante en reportage à Monte Carlo parti hier soir.

23 avril 1950

Lu Héraclite (préface de René Char).

24 avril 1950

Parution sous bandeau de « Donnez-leur encore une chance ». 2 lettres, 3 visites.
À propos de la mort d’un ouvrier à Brest, Benjamin Péret écrit : « Martyrs préfabriqués »

26 avril 1950

Corvol m’apprend quelque chose sur Claudie.

27 avril 1950

Lettre à Claudie pour en finir.
Soirée chez Flinker en l’honneur de Petrus : Saby, Danielle et Thomas Harlan, « jeune poète » allemand. Boulez me dédicace sa première production imprimée chez Heugel : « 2e sonate ». Rentré 4 h ½

28 avril 1950

Dans l’enquête, notre photo en « repris de justice ». Visites et lettres affluent.
Départ de la troupe du Marigny – Barrault Renaud, etc. pour l’Amérique du Sud. – les Souvtchinsky – Saby – les Gatti. Photos.

29 avril 1950

Pluies – 1ère audition d’une œuvre de Petrus : 2e sonate, École normale de musique. Atmosphère hernanienne. Après du WF Bach, du J.L. Martinet, Yvette Grimaud joue (mal) la sonate. Bruits, fous rires, « C’est pas bientôt fini ? » « Taisez-vous ! » Gatti fulmine. Après l’exécution, nous sortons : Saby, les Souvtchinsky, Otero et les Vénézuéliens, les Gatti, Verroust, café, bagarres, verres brisés, puis les Halles.

30 avril 1950

Morne meeting aérien à Villacoublay avec Saby – le para Valentin devait voler, on ne l’a pas vu. Retour dans la cohue à 21 heures. Dîner chez Saby. Rentré 1 h du matin – Beau temps.

2 mai 1950

Vu Bernier, chargé de presse à la Shell, pour un éventuel voyage au Venezuela.

3 mai 1950

Lettres et visites continuent.

4 mai 1950

Corvol me parle de Cl. : le prétendant éjecté par le père !
Départ à 16 heures aux Invalides d’Armorin (Extrême-Orient). Le soir chez Catherine avec les Gatti et Saby. Au retour – à 3 h ½ – Danielle me raconte ses ennuis : elle trouve qu’elle n’est pas assez cultivée…

8 mai 1950

Lettre ouverte au Garde des Sceaux.
Gatti raconte que, rédigeant son 5e acte cette nuit, il s’émut tellement du sort de ses personnages qu’il versa une larme.
Chez Saby dont c’est l‘anniversaire, repas (Otero, les Gatti). On lui offre un album de Klee. Puis, lecture du 5e acte des « Menstrues », plein de beautés.

9 mai 1950

Fin de l’enquête mais visites sur visite, lettres… Déjeuner avec Leleu et sa femme expectante.

10 mai 1950

Un savant soviétique, G. Bochian aurait transformé une préparation théoriquement stérilisée, morte, en virus vivants ! (de même des virus en microbes et des microbes en virus)

11 mai 1950

Ecrit à Boulez à Rio pour lui donner des nouvelles de la soirée sonate.
Chez Flinker, Thomas Mann signe « Docteur Faustus »

12 mai 1950

Parlé à Fargue projet d’aller en Guyane et au Venezuela. D’accord en principe.
Le soir, avec les Gatti et Toussaint à la Sorbonne. 2e audition de Boulez et du Messiaen. Mais, pas de piano. Tout est remis – Tant mieux !

13 mai 1950

Dîner chez Toussaint rue du Laos avec les Gatti, Saby.

16 mai 1950

À Air France, Deberge me garantit l’avion pour Rio. Reste Rio-Caracas. St-Jean d’accord sur le principe.
Mutterer échoue au Prix Albert Londres

17 mai 1950

Fargue et Bellanger d’accord.
Un repris de justice vient apporter 3 romans à lire, un autre un scénario, le troisième un « plaidoyer pour ma réhabilitation ». Carte de Hongkong d’Armorin.
Le soir 22 h vernissage Expo 70 rue Bonaparte, Mateo Marraure, ami d’Otero.

18 mai 1950

Les « Partisans de la paix » font signer à tour de bras « pour l’interdiction absolue de l’arme atomique ». Nous signons et faisons signer.

19 mai 1950

Grève des agents – Dans le métro, Concorde, vu Cl. Je lisais.
Après le scandale réussi de Notre-Dame, un jeune crétin, Galard de Béarn, veut faire sauter la Tour Eiffel. Arrêté. Un papier.

20 mai 1950

Déjeuner chez les Gatti. Visite avec Dante de l’art médiéval yougoslave. Puis chez Saby.

21 mai 1950

Papier sur l’Unicef (aide aux enfants)
Lettre de félicitations de l’abbé Rochoin (secours catholique) pour l’enquête.
Martin-Chauffier et Obolenski ont reçu leur grade d’officier et chevalier de l’ordre du Bien public.

24 mai 1950

Mise au point avec Gatti de l’enquête « Leur dernier quart d’heure »

25 mai 1950

Visite de Cahurel le réhabilité qui lutte encore. Lettre à Cl.

26 mai 1950

Lettre de Cl. qui m’attendrit d’abord, puis me rend furieux.

27 mai 1950

Lettre à Cl.

28 mai 1950

Route pour Phalsbourg avec Gilbert dans la voiture de Janine. Déjeuner à 13 h à Ligny-en-Barrois. Arrivée 17 h Phalsbourg. Couchés hôtel de la Gare, Saverne.

29 mai 1950

14 h : mariage à la chope de Phalsbourg – T. Weil : 18-12-1920, 59 ans. Désirée Weil : 19 avril 1918, 54 ans. Déjeuner dîner à l’hôtel de la Gare à Saverne.

30 mai 1950

Caroline Weil : 1832-1925 –
Strasbourg – Berr – Epfig – Sélestat (tombe des grands-parents). Colmar. St Louis avec oncle René et tante Camille, à Bâle (dîner puis visite à des amis). Couché Hôtel St Louis.

31 mai 1950

Grand-mère. Dijon : Mme Vve Nathan Blum, sœur de Daniel, rue Ferret, Distillerie Guillot. M. Armand Blum. Quitté St-Louis 9 h 30 – à Dijon 14 h – visite à la grande tante Céline Blum, née Bernheim, 86 ans qui identifie les photos et en donne d’autres – panne à Auxerre. Arrivée Paris 11 h 30

1er juin 1950

Courrier. Entrevue Bellanger (d’accord pour Guyane – Brésil ou Mexique). Lettre de Boulez de Rio.

2 juin 1950

Marcel Boussac envoie son homme d’affaires me voir, suite à lettre relative à Marcel Boussac, repris de justice.Vu Saby : arrange voyage avec lui et Dante pour Grenoble et Nice (l’enquête « Leur dernier quart d’heure). Poèmes.

3 juin 1950

Reçu une image pieuse – la descente de croix – de Cahurel le forçat.
Mauvaise nuit (cauchemars rêves avec Cl.)

4 juin 1950

Chez Gatti – Danielle part pour Monaco – gare de Lyon

5 juin 1950

Chez Saby, dîner avec Dante

7 juin 1950

Gatti déjeune à la maison

8 juin 1950

« On est forcé d’être contre la bombe sans quoi on saute tous en l’air » (??) Maurice Chevalier – Gare de Lyon 22 h pour Lyon.

9 juin 1950

Arrivée Grenoble 7 h 15. Hôtel de Savoie. Vu Laurent, correspondant. Après-midi, Wolfron, l’alpiniste. Vers 8 h, Antoine Rèche, fusillé et vivant. Couché minuit.

10 juin 1950

Départ car pour Nice 9 h – voyagé jusqu’à Digne avec une rédactrice à l’A. publique. Déjeuné à Digne, arrivée Nice 19 h. Monaco 20 h chez Mme Gatti mère (Saby, Dante, Danielle et Stéphane y sont déjà). Nuit à l’hôtel « Splendid ». Caillaud partie d’échecs.

11 juin 1950

Déjeuné chez les Gatti, puis à Nice à la recherche de l’abbé Laurent, curé expulsé, ancien légionnaire… mais réticent à la publicité. 20 h chez la tante de Danielle, Mme Mantel, villa Chiquita, bd Carabacel. Cousine de Danielle, Janine. Dîné chez elle.

12 juin 1950

Nuit à l’hôtel de Calais – Départ pour Grenoble et Lyon par le car – déjeuné Sisteron, Grenoble. 19 h Lyon. 20 h 30 : visite à J.J. Orage sur un quai de la Saône vers 1 h du matin, Saby, Gatti et moi sommes « foudroyés » : à moins d’un mètre, la foudre tombe et file entre nos jambes.

13 juin 1950

Arrivée train Paris 13 h 30. Gatti vient déjeuner. Visite de René et de sa femme.
En rentrant au journal, le bruit court qu’Armorin est perdu dans une catastrophe d’avion à Bahreïn. Démenti : il n’a pas pris celui-là. Corvol m’a dit que Cl. est indignée par ma lettre, « Trop dure ». Vers 23 h 30, confirmation : Armorin est à bord !

14 juin 1950

« La Flèche d’or » pour Londres. Arrivée Victoria 19 h 30. Chambre au Brown’s Hôtel, Dover street. Puis bureau de Champagne où je téléphone un papier Armorin.

15 juin 1950

À 10 h avec Champagne et l’officier de sécurité de la Navy, Pearce, à Chatham pour l’interview des deux rescapés du SM « Truculent », l’ingénieur Stevens et l’ouvrier Griffith. Déjeuner Ecu de France. Rencontre d’Auclair à la BBC ; dîné au Brown’s – Ferry à 22 h Victoria. Mal dormi : courbatures. 2e avion perdu à Bahreïn !!

16 juin 1950

Arrivée Paris Nord 9 h 20 – au PL grands articles sur Françon dans tous les journaux. À 18 h aux Invalides, j’accompagne André Sevry. Il part pour Bahreïn identifier le corps (avec les fiches dentaires) et tâcher de le ramener. Il me dit : « S’il m’arrive quelque chose, je veux être enterré à Crest avec François. » Nous nous embrassons.

17 juin 1950

Un papier passé sur les machinations de Saigon (François et les gangsters). Visite aux Marchal, le soir. Vers 10 h dans la chambre de François ; la porte grince ; Marchal me donne le livre de bord du Guardian et 1 photo – Huguette partie à Valence, effondrée (avec un mystérieux don posthume de François). Sevry arrivé à Bahreïn.

18 juin 1950

Gatti déjeune chez nous. Fatigué, dépression. Câble de Sevry à F. T. sur l’accident et ses causes. Armorin pas encore identifié.

19 juin 1950

Envoyé lettre aux parents d’Armorin et à Huguette Couppié.

20 juin 1950

À Orly 5 h – arrivée du Paris-Saïgon : Sevry – on attendait Franchini – Rien retrouvé d’Armorin. Le soir dîner chez Saby avec Dante. Fatigue écrasante, jamais éprouvée. Je m’endors toutes les cinq minutes. Dans le taxi encore.

21 juin 1950

Lettre de Huguette Couppié – Dîner avec Gatti rue St-Didier chez les Bonnardot. Poker jusqu’à 5 h.

23 juin 1950

Armée du salut – 10 h. Vu Kolonel Péan (pour Guyane) et major Simonin.
Travail rédaction enquête. Fred apprend à Gatti la mort de son bébé (trois jours).

24 juin 1950

Gatti déjeune Clichy.

25 juin 1950

Arrivée de Robert Tondini avec papa. La Corée du Nord (pro-soviet) attaque la Corée du Sud (pro-améric .)

26 juin 1950

Déjeuner chez Denys de Rouilly avec Geulor (de l’agence SDE), Audouard, Sevry, Henri Monnier. Prix F.J. Armorin créé (Sevry : secrétaire général).

27 juin 1950

La situation aggravée en Corée : les Etats-Unis interviennent (Mac Arthur). Formose occupée par les Américains.

28 juin 1950

Lettre de la mère d’Armorin
Dîné aux Baléares, rue Montmartre (Saby, Gatti), puis St-Germain et Bar Vert – débilitant.

30 juin 1950

Les Etats-Unis interviennent en Corée par terre. Inquiétude un peu partout.
Dîné : restaurant italien rue Montmartre (Gatti, Otero, Saby), puis chez Otero.

1er juillet 1950

Trois passagers du Paris – Saigon cités à l’ordre de la Nation – dont Armorin.
Visite quai d’Anjou à Huguette, puis café Audouard, Gatti. Dépression – Cl. ne me sort pas de l’esprit.

3 juillet 1950

Débâcle des Sudistes en Corée. Chez Aimée – Guillent, le Vénézuélien, retourne là-bas. Champagne – Pascual a meublé de tableaux tout un restaurant pour régler ses additions.

4 juillet 1950

Le nouveau cabinet saute.
Vu à la chambre Dominjon, député MRP, qui va déposer projet de loi (casier judiciaire… ) –

5 juillet 1950

Les Américains sévèrement « contrés » par les Nordistes coréens.
Vu Simon de la Transat. Enquête avec Audouard et Gatti sur la prostitution – une fille rue Réaumur, une gare de l’Est, clandé rue du Mail.

6 juillet 1950

Messe à la mémoire d’Armorin.
Soirée au Pot d’Etain (Audouard et sa femme, Gatti) –  Saint-Germain.

7 juillet 1950

Désolante année.

10 juillet 1950

Dîner Bd Haussmann chez les Bruant.

11 juillet 1950

Les Américains reculent encore en Corée. Taejon menacé – Cabinet pas encore formé – Vrai sujet d’actualité : le Tour qui commence jeudi – Lettre de Bruxelles où Lily S. m’est proposée comme épouse !

12 juillet 1950

Pyrrhus à Cythère
11 h Simonin.

13 juillet 1950

Le Tour part.

14 juillet 1950

Avec Gatti et Saby, feux d’artifice au pont Marie et bals rue Saint-Denis, à mourir d’ennui.

18 juillet 1950

Concert théâtre des Champs-Élysées, orchestre national : Bartok, Stravinsky, Boulez (le Soleil des eaux) Irène Joachim et deux chanteurs. Erreur de chanteurs, bruits divers, sifflets – Michaux présent.

21 juillet 1950

Place retenue sur « Gascogne » 29 juillet.
Bernier téléphone : pas possible rentrer par pétrolier Shell – tout tombe à l’eau – Entrevue avec Bellanger, ça ira quand même. Chez Saby avec Gatti.

22 juillet 1950

Cherché place Transat (80 000 F). Léopold II rentre en Belgique, discrètement à 7 h du matin – Défaite américaine à Taejon – un général, Dean, disparaît.

23 juillet 1950

1er papier enquête « Leur dernier quart d’heure », jugé mauvais par Bellanger (donne l’idée que les hommes sont mortels !).
Chez les dames de Neuilly avec Dante, Bernard, J.L. Marturet compositeur.

24 juillet 1950

Consul Venezuela. Le Venezuela fait des difficultés pour le visa à cause d’une série de papiers hostiles passés dans le P.L. Enquête publiée. Otero arrange l’histoire.

26 juillet 1950

Les Italiens, houspillés, quittent le Tour.
Dîner « Baléares » (Labarthe, Guillain, Gaulon, Sevry). Prix F.J. Armorin.
Chez Otero avec Gatti – dîner – Otero, attaqué par les dirigeants de l’art officiel au Venezuela (commun.), répond par une lettre de « Los Dissidentes ».
Et toujours la guerre.

27 juillet 1950

Sorti avec Otero et Dante – puis Ofra – et aperçu Cl. dans 11CV Champs-Élysées.

28 juillet 1950

Valises – Gatti me dit que sa cousine J. me veut du bien ! Touché 50 dollars et chèque 480.

29 juillet 1950

St-Lazare 8h 45. Le Havre « Gascogne » 14 h (quarantième parallèle, roaring fourties, le quarantième mugissant).
« Le mal de mer se localise dans l’oreille interne – siège de l’équilibre : oui – Quand l’alizé, dit-on, ne souffle pas, c’est fétide. Escale à Southampton.

30 juillet 1950

Mauvais temps depuis Southampton – Exercice d’alerte 16 h.
À moins d’être un dieu, on ne peut se rendre heureux sans le concours de l’univers. Pour se rendre malheureux, on n’a besoin que de soi. J.P. Sartre (sur Genêt).

31 juillet 1950

Mauvais temps, les passagers sur le flanc. Soleil après-midi – un pigeon.

1er août 1950

Ma combinaison déplaît au capitaine du « Gascogne » qui désire que je l’ôte pour aller à la salle à manger. Protestation. Les maîtres d’hôtel viennent pour s’excuser, etc. Dancing le soir.

2 août 1950

Le temps fraîchit. Ce soir, les Açores. On fait 350 milles par jour (à 14 nœuds à peu près). Apéritif offert par le capitaine. Gagne 800 F au pool. M. Loyer : instituteur – Constant Chlore, conseiller général (Bourges), préfet : Bonnaure. Parallèle 5. La presse. Tous les soirs, M. Oudinot, président du conseil général de la Chambre de commerce, Mgr l’Évêque. M. Guéril, inspecteur des douanes – 9 CV vapeur.
Passé les Açores vers minuit – Beau temps, mer plate – Converse avec le commandant Prigent, homme simple et sympathique.

4 août 1950

« L’on me comptait pour des vertus quelques marques d’aversion naturelle pour le vice ». « Il avait fait sa déclaration en fermier général, c’est-à-dire en lui marquant dans une lettre que le payement serait proportionné aux faveurs ». Abbé Prévost.

5 août 1950

Sargasses – quelques algues en paquets, des poissons volants. Rien de bouleversant.
Prince de Royal Secret – Un meurtre ne se révèle pas plus vite que l’amour, qui se voudrait caché, car la nuit de l’amour est toute lumière –Antium est une belle ville, c’est moi qui ai fait ses veuves.

6 août 1950

Silence oh horrible, horrible très horrible
Soyez les bienvenus, messieurs, dans Elseneur (Shakespeare)
Compte rendu théâtral de M. Bellemont : « L’une Violette est violoniste ; l’autre Fernande est sortie depuis quelque temps d’un sanatorium ».
Conversation avec Melle C. fille d’un conseiller de l’Union française.

7 août 1950

Mme Célestine, une dame mulâtresse, me lit les lignes de la main : « 1 amour malheureux, 1 mariage difficile, 3 ou 4 enfants (dont des jumeaux), sensualité, mais je ne suis pas doué pour le commerce. Vie moyenne (en longueur), héritage – peut-être tout à la fin, aisance » !!! Bal masqué à bord.

8 août 1950

Descendu aux machines (40° à 50°) avaries. Le temps est de plus en plus lourd.

9 août 1950

Arrivé à Pointe-à-Pitre 8 h (bidonville des Caraïbes) – Excursion à Basse Terre, plus jolie avec son port de pêcheurs ; rentré 16 h 30, départ 19 h. Conversation avec Auguste Joyau, poète martiniquais.

10 août 1950

Arrivée Fort-de-France 6 h. Mme Durier – Départ 18 h. Après-midi avec A. Joyau et sa nièce, le Dr Barthélémy et la petite.

11 août 1950

Arrivée Barbade, Bridgetown 6 h. Le port, la ville, retour 12 h – Départ 16 h pour La Trinité.

12 août 1950

Trinité – port d’Espagne. Queen Str. Consul de France. Appareillage 13 h sous la pluie.

14 août 1950

Temps gris, mer de plomb. Îles du Salut – 13 h 15 : Saint-Laurent-du-Maroni, Île Royale – pêcheurs de requins et l’enfant du malheur. Appareillage 20 h. St-Laurent 24 h – le fou – le maire ivre – la couleuvre.

15 août 1950

Arrivée 5 h 30. Bagnard et sa charrette. Préfecture (chambre) – promenade avec deux citoyens : procession les Indiens le soir avec le Dr Billard – quinine.

16 août 1950

Promenade, bagnes, histoire Maufrais – musée – changé de logis (maison du procureur général).

18 août 1950

Envoyé papier sur Maufrais au P.L.

20 août 1950

Rognoni (bureau minier) Chinois Konchu (Maurice, fils bachelier).

21 août 1950

Affaires Maufrais ramenées. Parti avec Docteur Vacher et sa femme pour Iracoubo en passant par les bacs de Larivot Guatemala puis Kourou, les Roches, etc.
Beaucoup de lépreux à Sinnamary.

22 août 1950

Monté, descendu îlet Tortue chez les Annémites. la Simemery. Rentré 17 h.

23 août 1950

Parti midi pour Dacoubo en « char » – « route » impossible. Arrivée 14 h chez le R.P. Lecoq qui a adopté 9 enfants indiens. On enterrait une petite fille, celle du capitaine Galibi, Gelina. La mère indienne repoussée, les fossoyeurs ivres. Couché « chambre de l’évêque » au presbytère.

24 août 1950

Levé 4 h du matin – En « char » jusqu’à Dacoubo. Rollin (police) et Emeriot (juge d’instruction) sont venus me chercher en jeep. Déjeuner chez les Vacher. Arrivée Cayenne 17 h 30. Cinéma : La Baronne de minuit.

26 août 1950

Dîné avec Yves Massel chez le commandant Rullier, chef militaire de Guyane.
Mme Dombry, femme d’un chasseur de requins des Iles, me reconnaît comme étant « l’étudiant du square Raspail à Lyon qui lisait toujours ».

27 août 1950

Déjeuner chez le préfet Vignon au Bourdu avec consul des E.U. et Weil, président du bureau minier. Les Indiens dans l’après-midi, tir à l’arc – Danse, pleine lune.
Dîner chez Bonhoré, directeur de cabinet.

28 août 1950

Vu le procureur général – Dîné au Changhaï avec Cougnoux et trois ex-forçats : Baratand, Dechoré, Coschiera.

29 août 1950

Procès du conseiller général, maire de Schoelcher (Martinique) et grand quimboiseur Janvier.

30 août 1950

Départ. St Laurent

31 août 1950

St Laurent, chasse aux caïmans. Visite St-Jean et les D.P. la pénitentiaire.

6 septembre 1950

Départ 14 h de St-Laurent avec les Indiens et les Bonis (2 canots) – à la nuit noire, campement à la Forestière.

7 septembre 1950

Premiers sauts chinois de Langa Tabiki – coucher à Bada Tabiki (passage à Apatur où l’on recrute deux canotiers St Eloi et Ayomonone. Une fille : « Femme là content toi »).

8 septembre 1950

Grands sauts. Perdu le Rolleflex de Otero. Couché chez Alasso rive hollandaise. Danses et chants – Une fille, ivre de tafia, devient folle et hurle toute la nuit.

9 septembre 1950

Derniers sauts. Couché chez le Gd man des Bonis, Diffou dans la case du conseil (passage à Cottica : la reine du Maroni sur le Degrad).

11 septembre 1950

Arrivée matin Maripassoula. Dormi chez le gendarme.

12 septembre 1950

Visite place hollandaise Benzdoorf et orpailleurs de 14 juillet.

13 septembre 1950

Départ de Maripassoula avec le gendarme Cefax et les canotiers Eda, Wocassou, St-Eloi et Ayourounou. Couché Alassa.

14 septembre 1950

Ennuis de moteurs – Couché Langa Tabiki.

15 septembre 1950

Arrivée Portal juste après départ avion Dumesnil. Pris à 4 h le Saint-Laurent.

16 septembre 1950

Arrivée par le Saint-Laurent 7 h le soir. (Visite îles Salut et île du Diable).

18 septembre 1950

Vedette sanitaire. Îles. Embarquement « Gascogne ». Cabine 208, voyage avec Duchery et Rognoni.

20 septembre 1950

En vue Trinidad, mer lourde, nuages et pluie, chaleur, arc-en-ciel.

21 septembre 1950

La Barbade, achat de chemises – plongeurs noirs à la recherche des pennies.

22 septembre 1950

Fort-de-France. Déjeuner au Manoir sur la colline avec Auguste Joyau et Rognoni.

23 septembre 1950

Pointe-à-Pitre, départ 10 h. Exercice d’alerte (chasse aux kiwis).

28 septembre 1950

Huile : 1,5 – tafia : 1,5 – corned-beef : 3 boîtes. Lait condensé : 2 boîtes …

29 septembre 1950

Les ratés de l’or. Les békés.

30 septembre 1950

Papiers agent d’exploitation. Gasdeblay Guy 24 ans, décembre 1949. On m’a promis 2 ou 3 fois celui de (1 800), logement assuré, l’indemnité de résidence à Cayenne moins forte qu’à Paris – 25 000 indemnité de départ, 40 000 prime d’installation – pas de logement, j’ai dû aller chez les sœurs à 750 F par jour – au-delà de mon traitement puis logement 4 000 F par mois sans eau, électricité ni water – une pièce divisée en 2 – Au restaurant, 12 000 F par mois sans petit-déjeuner + 1 500 de blanchissage.

1er octobre 1950

Soirée des adieux sur la Gascogne.

2 octobre 1950

Cayenne –
Fin février 1951 route finie 60 Km, puis en avril, les 25 %. J’ai fait venir ma femme à mes frais 80 000 F. J’ai mangé 200 000 F en 10 mois.
Tombé malade 3 juillet, un mois d’hôpital chez sœurs où j’ai payé 22 800 F – puis un autre hôpital : 6 500 tous les deux. Je suis parti avec des bottes.

4 octobre 1950

Arrivée « Gascogne » Le Havre 15 h avec « Île-de-France » . Histoire de perroquet (câble, téléphone). Arrivée 9 h du soir à Saint-Lazare avec Rognoni. A la gare : la mère, Gilbert, Danielle, Dante, Bernard – perroquet à Bernard.

5 octobre 1950

Journal – Berrillon mis à la porte depuis une quinzaine. Chez Gatti, puis chez Petrus en pleine transformation (canapé vert, tapis, moquette).

6 octobre 1950

Rousseau, correspondant du P.L. à Limoges, convoqué par téléphone à Paris café C… à propos de Gaston Cougnoux et les affaires d’or de Guyane.
Assisté au mystérieux entretien avec 2 gogos stupides et furibonds (cartes d’identité montrées). Le soir, dîner avec André Sevry .

7 octobre 1950

1000 paradichlorobenzène – j’en écrase et je mets ça au fond.

11 octobre 1950

Dîné chez Michel Mt-Blanc, avec la bande.

12 octobre 1950

Corée, Indochine, Cambodge, etc., etc.

13 octobre 1950

Tamara – Rendez-vous avec M.

14 octobre 1950

Sorti Tamara

18 octobre 1950

Chez Bernard (les Gatti – Boulez)

26 octobre 1950

Baléares, Gaulon.
Dîner Sevry chez lui. Article de Ch. Favrel dans un journal de Saigon (juillet) insultant pour Armorin.

27 octobre 1950

Vu Guérin pour affaire Gatti (passeport). « Il est évident que l’arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes ». (Marx). Vu Labarthe pour l’article Favrel.

29 octobre 1950

Dieu a créé sept mers, mais seule la mer de Galilée fait ses délices.
Discussion sur la rue F.J. Armorin (financement). Le comité complété par Guillain et P. Joffroy.

2 novembre 1950

Mort de G. B. Shaw
Réunion à 5 h Denys de Pouilly. Kessel – Denjon – Labarthe – Lefèvre – Helsey – Sevry. Nommé avec R. Guillain au comité – Cas Favrel

4 novembre 1950

Enterrement mère de Mme Marchal
Concert des « musiciens progressistes » salle Gaveau. Cantate du reboisement (Chostakovitch), cantate pour la paix (L. Dury). Boulez, Souv, Gatti furieux.

5 novembre 1950

Le soir chez Catherine avec les autres. Jeux de mimes.

9 novembre 1950

Merveilleuse soirée avec « Wozzeck » aux Champs-Élysées (1ère en France) Jascha Hornstein. Les Gatti, Souvtchinsky, Saby, les Toussaint plus l’élite (Honegger, Florent Schmitt, Marie-Laure de Noailles, Valentine Hugo, etc.)

10 novembre 1950

‘Le martyre est la seule façon, pour un homme, de devenir célèbre sans talent’ (Bernard Shaw).

12 novembre 1950

‘Et j’ai trouvé plus amère que la mort la femme dont le cœur est un piège et un filet… j’ai trouvé un homme entre mille, mais je n’ai pas trouvé une femme entre elles toutes’ (Eccl. 7 (26-28).

13 novembre 1950

Discussion avec Bellanger pour l’appareil photo perdu (annonce dans un journal pour en avoir un nouveau ! pas assuré !! etc., etc.) – Tél. de Groussard.
Un avion canadien perdu sur les Alpes, 58 morts.

14 novembre 1950

Affaire Favrel – Vu Helsey avec Gilles Bonneaux qui embarque Armorin à Saigon.

15 novembre 1950

Dîner avec Groussard

16 novembre 1950

Dîner Grands reporters chez Denys de Pouilly. Cas Favrel posé, lui présent, pitoyable défense. Mais les manœuvriers l’emportent : 12 blâmes contre 10 radiations (Kessel, Danjon, Labarthe, Groussard, S. Tery, Cl. Roy, Tranin, Koraly pour radiation). Kessel, Labarthe, Groussard et moi démissionnons.

20 novembre 1950

Téléphone de Sevry qui s’excuse d’avoir voté « blâme » seulement.
Avec Gatti, mise au point de l’enquête : « A nous deux, Paris ! »

21 novembre 1950

Chez les Bonnardot le soir, J. me fait des confidences de forme offensive.
Lettre d’Helsey à propos de l’affaire Favrel. Sur suggestion de J. Tery et Claude Roy, vote écrit (fait nouveau : Favrel avait été pressenti avant Armorin pour le voyage en Indochine).

23 novembre 1950

Chez les Toussaint avec Gatti, Danielle, Saby et Janine B.

24 novembre 1950

Vu Barthélémy médecin du Gascogne.
Retour de Rognoni qui va participer fabrication d’un journal. Le journal rembourse le Rolleflex perdu à Otero.

27 novembre 1950

Ouverture chez Toussaint – Vu Dr Fribourg-Blond pour photos Guyane. Groussard Prix Femina pour « La Femme sans péché »
Chez Toussaint : les Gatti, Saby, Boulez, Otero et son amie Mercedes. Avec Saby et Boulez, promenade et rue Colonel-Bonnel. Retour à 7 h du matin.

28 novembre 1950

Robinson bat Stock 2 rounds – Défaite américaine en Corée.

29 novembre 1950

Salaires 1949 : 485 988 F ; revenu imposable : 302 393.
Gatti à Nantes (procès des incendiaires de Retz). Sorti Jan. B. dîner puis « Chez Inès »

30 novembre 1950

Truman menace les Chinois d’employer la bombe atomique en Corée. Papier M.J. Soubrier sur Constant Fleming qu’il fait vivre encore. (Aurore)

Notes : Achille 4e cuir. à Munster – Maurice : 8e régiment bavarois Metz – Alphonse : 15e R. infanterie : Westphalie – Robert : Huzaren Regierend Tottenkopf.    – Oberstabsarzt : panards Alphonse : bon pour l’infanterie. Alfred Nemarq : père du gringalet – forts de Verdun 1870.

1er décembre 1950

De plus en plus moches. Attlee à Washington.

2 décembre 1950

Un samedi 3 h du matin : « Il pouvait pas rester un jour de plus – il y a marché aujourd’hui ».

3 décembre 1950

Lu rapport affaire des généraux. Soirée d’anniversaire avec la bande qui m’offre le Platon de la Pléiade. Les Gatti déménagent à côté. Otero les remplace.

5 décembre 1950

Lettre de Wang de Bucarest avec une pochette rouge (colombe et rameau d’olivier) pour la mère. Visite de M.B. au journal – arrangement pour rendez-vous.

6 décembre 1950

Téléphone Kessel qui revient du congrès des partisans de la Paix. Fait un article refusé partout, sauf aux Lettres françaises.

7 décembre 1950

Parlé à Sevry candidature possible Prix Albert Londres.

8 décembre 1950

Chez Ziwes, 110 Université : à propos de la Guyane. Invité chez Carton avec deux membres de la C.C. de la FOA jeudi prochain.

9 décembre 1950

Visite OFLA . Dissert. à faire sur les constitutions.

10 décembre 1950

Bellanger fait imprimer des cartes d’invitation à sa conférence sur la presse américaine en spécifiant que les chefs de service ne sont pas invités au banquet qui suivra !

11 décembre 1950

Femina : Groussard – Goncourt : Colin (Paul) – Renaudot : P. Molaine – Interallié : G. Auclair – Accrochage « tacite » avec Bellanger ce soir qui se hausse de plus en plus le col depuis son retour d’Amérique.

12 décembre 1950

Vu Helsey pour liquidation affaire Favrel.

13 décembre 1950

Fini travail sur constitutions pour Ofra. Téléphone de Janine Bonnardot.

14 décembre 1950

12 h 30 chez Carton Madeleine pour déjeuner : Ziwès, Marchandise et Holleaux de la C.C. F.M. « Michel Ange est seul comme le bourreau. » Raphaël

15 décembre 1950

La parabole du dé est d’un magnifique usage. On peut déterminer le coup de dé, d’après la hauteur d’où il tombe mais pas inversement. C’est une hypothèse (comparer avec d’autres hypothèses).

16 décembre 1950

‘S’il fallait opter entre les deux extrêmes que j’abhorre, je préférerais encore le fanatisme des persécutés à celui des persécuteurs’. Abbé Grégoire Avec les 3, Orangerie (paysages hollandais) et les eaux-fortes de Goya.

17 décembre 1950

La femme Bellanger va choisir les jouets pour ses enfants, avant l’arbre de Noël officiel ! Quel couple ! Bellanger : Alors, hein, un demi pour tout le monde !

18 décembre 1950

Coup de téléphone du capitaine lépreux.

19 décembre 1950

Lettre de Merry Bromberger sur l’affaire Favrel. Lamentable. Peut-être vu Cl. sur les Champs-Élysées.Vu Kessel, rue Quentin-Bauchart (Varsovie, la guerre, prochain voyage Tchad, prix A. Londres). La nuit à Villeneuve-triage avec Violet de la SNCF – souvenir de Cl.

20 décembre 1950

Avec Gatti – vu 6 h 30 Marcel Orano, capitaine italien lépreux, et sa femme.
Télégramme de Cage à  : « Sonatas concerti very big success. Letter follows. John ».

21 décembre 1950

On annonce l’enquête sous un autre titre : « Guyane paradis ou enfer ! » (le mien : Guyane paradis fermé).

22 décembre 1950

13e Chambre : procès Brain (Felici) qui se faisait passer pour policier auprès des putains en vue de coucher avec elles. Coup de téléphone de Cougnoux rentré de Guyane.

23 décembre 1950

Hier soir, rue Legelbach au club Pythagoricien ( !) conférence sur la lèpre avec Orano et sa femme. Enquête paraît aujourd’hui.
Chez Saby, avec Da et Ga – on boit enfin du « mescal », boisson révélée par « Au-dessous du volcan » de Lowry.

26 décembre 1950

Prière à Joffroy de s’occuper pour le 27 du dîner : Joffroy, Kessel, Helsey, Labarthe.

28 décembre 1950

Rognoni : discussion sur film possible « Courrier du désespoir ». Tél. Kessel pour lui envoyer papiers Guyane, avant son départ pour le Tchad – Dîner restaurant Le Guyot, chez Reine, rue Médéric avec Groussard pour fêter son prix (Helsey, Labarthe). Vu Boulez qui a reçu une lettre de Cage à propos de sa sonate au Carnegie Hall.

29 décembre 1950

Cinémathèque film sur Calder tourné parmi les mobiles de son atelier (musique de Cage) piano préparé.

30 décembre 1950

Déjeuner Île-St-Louis avec Sevry, Marchal, Audouard, Leleu, Buffet , Marqueton et Gatti. Puis tournées sur tournées. Après chez Boulez, puis de nouveau Audouard, puis Gatti, puis Audouard, puis Boulez – Rentré 3 ou 4 h du matin assez fatigué (la fleuriste de l’Île aussi : n° 3, etc.)

31 décembre 1950

Réveillon chez les Toussaint avec les Gatti, les Bonnardot, Saby et Boulez. Du drame dans l’air. Janine B. déchaînée, provocante. Ivresse, etc. Rentré 8 h du matin.