Catégories
19ies

1947

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

4 janvier 1947

Bar vert – Diatto – Gatti – Otero – Helmann.
Palex Tours 7 bd des Capucines – Voyage Palestine.

6 janvier 1947

Fin du service. Reprise Ancelot. Café pour Marceau.

13 janvier 1947

Histoire Breton revue
Vieux Colombier – conférence A. Artaud

16 janvier 1947

Gatti chez Breton
Diatto Gatti la revue

24 janvier 1947

Mort Bonnard – R.V. Helmann

25 janvier 1947

La respectueuse avoue qu’elle a une certaine excroissance sur la cuisse : « ça doit être, dit-elle, la sous-alimentation ». Je l’ai confirmée dans cette croissance.

26 janvier 1947

L’homme qui se fait rectifier le nez afin qu’on ne puisse savoir qu’il est juif.
Haganah

30 janvier 1947

Carbonate de sodium : 12 g – bicarbonate de soude : 8 g – sirop de fleurs d’oranger : 30 g – eau : 150 g.

1er février 1947

Femmes arabes – révolte 7 blessés. Les camps : on se donne des nouvelles Negev – Mabel

2 février 1947

Le Commandant – La fouille – Les gens sympathisants – Les lumières de Nicosie – Le trou dans la clôture – La quarantaine – la lampe manganèse.

3 février 1947

Le DDT – l’inspection – Les couvertures, le camion, le camp – Les oranges de Palestine – la disparition de Mister John – Le vent froid – les éclairs à Chypre. Les trompettes.

4 février 1947

La nuit : blessés
Le médecin : jamais je n’ai…
Le soldat : nous ne nous attendions pas à ça.
Les machines – la tempête – les gens malades – neuf glissent dans l’aube mouillée ; nous redescendons enfin sur Haïfa.

5 février 1947

Le déguisement de P.
Coup de masse dans la porte – plus de gouvernail
Les femmes passent les bouteilles.
Les pavillons que les Anglais porteront la nuit (en guise de vêtements)

6 février 1947

Reconstitution du viol de Rueil : une jeune fille se prête au rôle de victime.
Inconscience ? Sadisme ? Refoulement ?
Conférence explorateurs.

7 février 1947

La lune brillait doucement sur Tel-Aviv
P. pas reconnu par les journalistes
Nous passâmes dignement
B.V. les stylos

8 février 1947

Aventure en Méditerranée
De la vallée des larmes à la colline du Printemps
L’officier anglais voulant descendre le drapeau

12 février 1947

Ne plus fumer – En ai fumé 10

13 février 1947

Laennec – Sèvres-Babylone – service Pr Brouet – Consultation
Sur affiche à l’hosto : « La syphilis est curable » + un idyllique tableau de famille

21 février 1947

Claude Walter – Guy Dumur – Dir. Paris

22 février 1947

Téléphone direct Armorin : GUT 15-48.
Galerie Tanguy

24 février 1947

17 h – 14, rue Hamelin – Iéna.

25 février 1947

Office tunisien
Turpin. Préfecture de la Seine

27 février 1947

Chez Serge Desmets – bridge

28 février 1947

Troupe de mines amateur – Lamentable – rue Falguière, coin bd Pasteur, au Parot,
Lt P. Betlem Atsh 68 Camp Staff (special) Cyprus

1er mars 1947

Impasse Pierre-Albert restaurant YAB

2 mars 1947

Hypnotisme – Croizard et Jacqueline – guitare – Otero fête son anniversaire.

5 mars 1947

Avec Walter, métro Friedland. Téléphoner Galéa. Téléphoner Élysée P. et Armorin.

6 mars 1947

15 h Cézanne

7 mars 1947

Une journaliste me dit que : « Le Crédit du Nord faisait passer dans la Voix du Nord une liste précisant dans quel ordre devaient être citées les personnalités dudit Crédit ».

8 mars 1947

La Gazette de Lausanne.

9 mars 1947

Sarrelouis. Chez le maire Bloch.

10 mars 1947

Sarrebruck – Wang raconte ses premières impressions d’Europe. « À cause du camembert, l’Europe n’est pas favorable aux Asiatiques ». Chez le maire de Sarrebruck.

11 mars 1947

Maison du journaliste.

13 mars 1947

Villa de la Réunion – Mme Galéa

14 mars 1947

Allé 2 aux Indépendants. Directeur de l’affaire dans un hebdo. On a signé son nom, Atrabilaire. BV puis Diatto. 15 h : chez M. Cézanne.

15 mars 1947

Courtecuisse.

16 mars 1947

42 000 soldats – 2 000 payés
Depuis qu’elle était enfant, elle a quitté à 15 ans la Réunion – Compatriote.

17 mars 1947

M. de Galéa (lettres). 1924. Elle sélectionne les depuis 1940, la misère a commencé. Exposition à Cognacq-Jay – papiers anciens.

18 mars 1947

Soldats détenus. Fresnes – La nièce de Drieu la Rochelle, avocate, se donnait aux détenus de Fresnes, au parloir, avec la complicité d’un gardien. 5 000 F.

20 mars 1947

J’eus quelques appréhensions quant à savoir si ma vie suffirait pour toute la durée de ma vie. Kafka.

21 mars 1947

Lyon 22 h 20

24 mars 1947

Mont Thabor. Ruines du coton – Wang- Pearlmann.

25 mars 1947

B. Vert avec Danielle et Gatti.

26 mars 1947

Point de Vue, 1 bd Haussmann.

28 mars 1947

7, impasse Véron. – Ambassade – Nocturne Robert Charlot. Les 2 cocottes.

29 mars 1947

Chasseurs du Nocturne. Le flic, l’agent.
Avec Thérèse
Chez les Marceau –

30 mars 1947

Samedi, Pearlmann prévient que c’est imminent : Fargue accepte enfin 20 000 F de frais.
« La main dans la main à pas irrésolus et lents, ils suivirent, à travers l’Eden, leur route solitaire ». Milton

31 mars 1947

Ils jetèrent leurs regards en arrière et virent juste la partie orientale du paradis, naguère leur demeure fortunée, onduler sous le flamboyant
M.

Notes – Daniel Bernheim rentré de Colmar – Pouchard, professeur de lycée, collaborateur ; trois FFI le trouvent et lui disent : « Vous êtes arrêté » « Vous vous foutez de ma gueule ? Vous croyez qu’un commandant de l’armée française va se laisser arrêter par trois cons comme vous ? » – et il les tue tous les trois.

13 avril 1947

20 h 30 – abordage. 22 h 30 Union Jack.

14 avril 1947

Tempête.

15 avril 1947

Haïfa 10 h.

16 avril 1947

Chypre 12 h.

18 avril 1947

Chez les Français + Betar.

Noté par P.J. : Carnets avril, mai, juin… perdus ou confisqués lors des fouilles à Haïfa ou Chypre.

Mai/Juin/Juillet/Août/Septembre 1947

Noté par P.J. : Carnets avril, mai, juin… perdus ou confisqués lors des fouilles à Haïfa ou Chypre.

4 octobre 1947

Si ton indignité force en moi l’amour
Je suis d’autant plus digne d’être aimé. (Shakespeare)
Avec ses mères, C. est allée dîner à « l’Humanité ». J’étais avec eux. Après, le théâtre de l’Ambigu. Elle et moi derrière dans la loge. Marie Dubas. Au retour, m’a demandé de lui téléphoner.

5 octobre 1947

« En matière de traduction : il y a des exactitudes qui équivalent à des infidélités ». Liszt
J’ai trouvé, dit Joyce, le mot que je cherchais depuis ce matin
Et quel est-il ?
« Le » répondit-il
« Je désire presser dans mes bras la beauté qui n’a pas encore paru au monde. » Joyce (Dedalus)

6 octobre 1947

Rendre le téléphone – Voir Combat 24-25 août. Voir gérant.
Téléphoner C. La mère à l’appareil : « Vous savez que C. ne sera plus libre ; elle va suivre des cours de puériculture ! » !!!

7 octobre 1947

Rendez-vous à l’Etoile avec C. Il pleut, puis soleil. Descente de l’avenue d’Iéna jusqu’au Trocadéro – conversation : Strasbourg ou Paris
20 h 30 Chaillot Ballets russes.

8 octobre 1947

20 h palais des Sports

9 octobre 1947

Caillaud – Foire à la ferraille. Aller Complet moderne, 114 rue de Turenne.

14 octobre 1947

Léautaud : « La trahison est la seconde nature des femmes »
« Les femmes ne savent pas qu’avec une plume, de l’encre et du papier, on peut les oublier. »

15 octobre 1947

15, rue Feydeau –Conférence Stern-sionisme

16 octobre 1947

Egypte. Tazartès cité universitaire, Melle Danon Gisèle

18 octobre 1947

Le gala organisé par la fédération sioniste de France à Chaillot pour ce soir est remis à une date ultérieure.

19 octobre 1947

Ne faites pas tant d’histoires avec votre innocence, cela gâche l’impression plutôt bonne que vous produisez par ailleurs.
La plupart des accusés sont tellement sensibles !
Tu vois ça, Willem, il reconnaît qu’il ignore la loi, et il affirme en même temps qu’il n’est pas coupable : non, dit l’abbé, on n’est pas obligé de croire vrai tout ce qu’il dit, il suffit qu’on le tienne pour nécessaire.

20 octobre 1947

Dimanche : la grève continue les élections.
Avec C. dîner à Saint-Lazare, bu avec un ivrogne qui avait fêté ce grand jour, et puis promenade sur les boulevards en écoutant les résultats : RPF en tête. Au PL, Corvol est au micro. Nous revenons vers minuit à travers les Champs-Élysées.

23 octobre 1947

Emerson à Henry Thoreau, en prison pour avoir refusé l’impôt au gouvernement pendant la guerre du Mexique :
– Henry, que fais-tu donc là-dedans ?
– Et toi, que fais-tu là dehors ? répondit Thoreau.

25 octobre 1947

Dîner avec C. à l’Huma
Cinéma « Kitty » et le Globe, caf conc’ boulevard de Strasbourg.

27 octobre 1947

Corvol me dit que les S et lui m’ont attendu vainement pour dîner samedi et que finalement C. s’est éclipsée avant le repas et est rentrée à l’hôtel.

28 octobre 1947

C. 81, Bd Montmorency JAS 14 43
Suis allé chercher C. à son école de puériculture – je ne l’ai pas vue.
Le soir, manifestation des cocos salle Wagram. Au milieu de la bagarre, rencontré une « ancienne » Danielle. Quelle bagarre ! 10 journalistes et cinéastes blessés.

29 octobre 1947

Invité par Mme S et C – dîner dans le quartier Etoile, puis café à côté de la Radio.

30 octobre 1947

Reçu par le préfet de police avec la délégation des journalistes pour protester contre les violences des agents.

31 octobre 1947

France-Soir
1er novembre 1947 « Officiers allemands en URSS ». Paulus.

1er novembre 1947

Dispositif technique : une commission serait créée pour service de protection des instructions.
Conférence journalière sur les services envers les journalistes.
Avec C. dîner Fg Montmartre, puis
Notes :
Une commission doit vérifier les coupe-files.
Ils chargent la vérité. Causes : le climat général de la manifestation qui ne suffit pas à justifier, ni à expliquer la crainte. Le gradé qui a laissé matraquer sera sanctionné.

3 novembre 1947

Voir musée de Vienne au Petit Palais.
Nuit de la fourrure 7 novembre.
Voir : La Route au tabac
Folies Bergères
Le Corbeau
Overlanders
Vivre en p
Quai des orfèvres

4 novembre 1947

Musée d’Ennery 59, av. Foch. Jeudi et dimanche
19 h : téléphoner à C. Bien.

6 novembre 1947

Cambon à Nicolson (1914) : « Savez-vous quel sera le résultat de tout ceci ? Une improvisation ».

7 novembre 1947

Consulado general de Espana en Francia.
Ligotées – bâillonnées

8 novembre 1947

Mme Foudon 65 ans. Moitié paralysée, côté droit. Son mari, déjà tenté de se suicider au gaz. M. Foudon restaurant, plongeur. Rasoir.

9 novembre 1947

Samedi à 11 h 30. J’attendais C. devant le 81 Bd Montmorency. Elle sortit.
J’apprends que son fiancé vient aujourd’hui de Strasbourg. Elle paraît inquiète, malheureuse. « La fac de médecine rapplique »…
À midi 30 elle va au George V voir son cousin qui doit lui parler.

10 novembre 1947

Mussolini a pour ainsi dire une âme féminine ; il possède une timidité de vierge pudibonde, une sensibilité de musicien, un langage de mère supérieure. Farinacci.

11 novembre 1947

C. dîne ce soir avec l’autre.

12 novembre 1947

Sur les bords de l’Oise.
Chapiro, tueur de deux arméniens dans un taxi à Mourecourt, est recherché.

13 novembre 1947

Au Portugal, la liberté ne doit se limiter ni se discipliner elle-même ; si à la liberté de parole qui fut consentie s’était ajoutée une plus grande liberté d’action, l’ordre eût risqué d’être subverti. Salazar (discours le 23-2-1946)

14 novembre 1947

pariades
blondies
venussé
orgasme
achoppe

15 novembre 1947

M. Chasseigne, délégué à l’office des changes Friedland
10 000 lires, 3 mois
51, rue de la Verrerie. Consulat d’Italie. 3 photos

16 novembre 1947

Hier à 16 heures, Fournel : « Tu pars en Italie. Il y a des bagarres… ! !!
Je prends le train lundi. Armorin y sera mercredi. 40 000 F = 100 000 lires.

17 novembre 1947

lundi
Saccharine pour Fournel.
Train Paris-Rome. Visa 650, taxi 300. Repas Turin 4 000 lires – Départ pour Rome : 20 h 50

18 novembre 1947

Wagons-lits. Dans le train à Modane, rencontre de Dominique Pado de « l’Aurore ». M’arrête avec lui à Turin à 12 h 45. Après promenade sous la direction du guide Giuseppe Toro, prenons le train de Rome 19 h. Arrivée 11 h 45.

19 novembre 1947

11 h 45 Rome. Soleil « cigarette ! Cigarette »
Massimo d’A Zeglio 40646 place d’Espagne. Armorin arrive. Promenade à palais Chuzi, St Pierre à 24 h. La detto basta ! al communismo.
Troupes à Montevitorio. Gens devant les journaux. « Si les cocos sont écartés, gare !

20 novembre 1947

« Je n’ai aucune confiance quant à la situation actuelle et dans les intentions de mes adversaires ». Gazetta del Mezzogiorno. Togliatti : discours mussolinien ; l’avenir nous prépare des jours difficiles. Bonito Srabino, place Garibaldi.

21 novembre 1947

11 h 30 nous partons pour Bari.
Arrivée à 10 h. Fiacre – ville en état de siège – Hôtel l’Oriente – personnel en civil théoriquement en grève mais on sert à la dérobée au restaurant.

23 novembre 1947

Prenons le train à 8 h 30 pour Naples où nous arrivons à 14 h. Assaillis par les chasseurs d’hôtel. Finalement, nous allons via Parthenope, en face du « Castel dell’ Ovo » sur la mer à l’Excelsior un des palaces les plus chics… et chers (5 000 lires par jour pour un petit appartement à trois).
Mauvaises nouvelles de France : on rappelle des classes, grèves partout.

24 novembre 1947

Dîner hier soir chez « Zi Theresa » où nous rencontrons Jacques Becker, metteur en scène, qui nous invite à « prendre un verre avec lui ».
Avec un guide (un fasciste) visitons les vieux quartiers de Naples : extraordinaire ! Bruit, lumière, couleurs, injures, insolence, misère, gentillesse.
L’après-midi, travaillons à nos papiers que nous téléphonons le soir à Paris. Là-bas, cela va, paraît-il, moins mal que nous le pensions.
Envoyé cartes à C. – Quitté Naples à 16 h 20 pour Rome.

25 novembre 1947

Arrivée Rome hier soir 20 h 30. Négociations pour avoir place d’avion pour demain. C’est fait – Le soir, promenade via Avignonense : Roberta

26 novembre 1947

Départ Rome 9 h jusqu’à Nice (où Pado descend) tout va bien –
À Nice, 11 h, on attend 17 h pour repartir : le radio est malade le remplaçant doit arriver de Marseille. Une fois parti, c’est la nuit, la neige : le Bourget interdit d’atterrir, Lyon est impraticable et le givrage commence…
Sagement, on décide de retourner à Marseille : le mistral souffle, piste manquée, catastrophe frôlée ; finalement on nous emmène dormir à l’ABRUIS.

27 novembre 1947

Lever 6 h.
Départ pour Marignane mais le moteur gauche n’allait pas : révision. Départ réel midi 15. Neige et brouillard partout, à 15 h on tourne au-dessus du Bourget. À 16 h on atterrit à Cormeilles-en-Vexin à travers la neige. D’autres avions venant de Varsovie, Londres arrivent également. Il était temps. Un ¼ d’heure plus tard, il fallait retourner à Lyon !

28 novembre 1947

Arrivée 18 h en autocar de Cormeilles. À 20 h, Corvol téléphone à C. Il paraît que c’est fini avec le médecin… À 11 h 30, vu C. Bd Montmorency. Cadeaux de Naples. Il neige. Au retour, rencontre sœur de Chambeyron. Lui offre des œillets. Fait porter « Lacryma Christi » et marrons glacés au Claridge.

29 novembre 1947

18 h : la troupe cerne l’immeuble de l’Humanité et de « Ce soir » pour saisir les éditions spéciales : « La République en danger ! Coup d’Etat pour minuit ».

30 novembre 1947

Syndicat officiers de l’aviation marchande.
Dîné avec C., ses « mères » et les Corvol chez Mercier, rue Lincoln.
18 h 15 l’Huma occupé. 18 h 30 revendication du Livre. 18 h 45 on m’envoie carrefour de Châteaudun.

5 décembre 1947

Cependant plus de la moitié de la terre habitable est encore habitée d’animaux à deux pieds qui vivent dans cet horrible état qui approche de la pire nature, ayant à peine le vivre et le vêtir, jouissant à peine du don de la parole, s’apercevant à peine qu’ils sont malheureux, vivant et mourant à peine sans le savoir. (Voltaire) (Discours philosophiques).
Avec C. à Pleyel au récital Rex Stewart, trompette de jazz. C’est fini, bien fini avec le médecin.

6 décembre 1947

10 h : Musique
14 h : Avec Danielle G. à Amphitryon, théâtre Marigny. Mauvais. Retour avec Pierre Boulez, musicien de J.-L. Barrault, m’invite pour samedi à écouter ses compositions.

7 décembre 1947

Oiseaux
85 rue Rambuteau
Bernard D. 2e

8 décembre 1947

11, rue Bachaumont en voiture. Mme Miopowski fabrication de paletots, tricots, trouvée toute seule, ligotée, lunettes. 2 types descendent 3 valises – 110 000 F, 2 bagues, bijoux. Arrêtez-le. 2e grand, 1,80 m, blouson marron, cache-col beige, visage carré.

9 décembre 1947

Rue d’Aboukir 71 – Mme Myszkowski « renseignements publics »
Avec C. au cirque d’Hiver (jamais aussi abandonnée) – Retour en taxi – oui.

10 décembre 1947

Robert Wang, 33 ans. Licencié en droit (université franco-chinoise de Pékin). Diplômé d’études supérieures de droit public. Candidat au doctorat en droit.
Anglais français.

12 décembre 1947

Première nuit à Clichy.

13 décembre 1947

Etat juif. Bal Hanouca avec C. hôtel George V
1) Office religieux (avec mouchoir sur la tête)
2) Culotte en
L’après-midi chez Boulez qui nous joua à Gatti et moi, la sonate qu’il est en train de composer. Très bon.

14 décembre 1947

Echouer, succomber lorsque vous ne servez que vous-même peut être relativement véniel – bien qu’en fait ce soit loin d’être véniel ; mais succomber dans un cas où la Providence a jeté tout à coup en nos mains les ultimes intérêts d’autrui, d’un de nos semblables qui frissonne entre les portes de la vie et de la mort, cela, pour un homme d’une conscience inquiète ajoutera la désolation d’un crime atroce à la désolation d’une sanglante calamité. Th. De Quincey, la Malle anglaise.
Le soir, chez Gatti avec Wang.

15 décembre 1947

Cataplasme
Ventouses
Gouttes
Température.
2 500 F

18 décembre 1947

Bd Montmorency 12 h. C. dit que sa mère voudrait la voir sortir avec d’autres mais que, elle, etc.

19 décembre 1947

Téléphone de C. Me demande si je suis encore en colère.

22 décembre 1947

B. Y. rue de Villejuif
Odette Duflot, 64, rue du Boulevard
Élection Miss France (Miss Côte d’Azur), palais de Chaillot. Coulisses avec F.J. Pado Effel, puis derrière la façade du 129 av. des Champs-Élysées (Suisse, ancien gérant de Soldatine ( ?).
Prix Maurice de Waleffe (Eskenazi, Chapus, Effel, etc.).
Miss Lille : Maxim’s.

23 décembre 1947

Rentré à 6 heures du matin après soirée au cabaret. À midi 30 au Club des Cinq, remise du Prix M. de Waleffe aux lauréats. Puis, avec Miss Lille, chassés-croisés, télégrammes à ses parents…
Puis dîner avec Misses Lille, Lyon et Arles à Roger la Grenouille. Retour vertigineux sur la toiture de la Simca de Pado : 6 dessus.

24 décembre 1947

Réveillon avec C. venue me chercher au journal à 23 h 30. Sommes allés à la Grenouille où se trouvaient Armorin, Chapus, Ladevèze et Misses Arles et Lille.
Les flics ivres, l’incident avec les Tunisiens du Palais-Berlitz puis dans un bar de l’Opéra. Retour 3 heures.

26 décembre 1947

Téléphoné puis cherché C. Montmorency. « Le mien n’est pas encore là, mais le vôtre est arrivé » lui dit une fille. Promenade aux Champs-Élysées.

27 décembre 1947

Dîner au Claridge avec les S., les Corvol, d’autres gens et C. Rentré 1 heure.

28 décembre 1947

Après déjeuner chez les Meyer sorti avec C. au Petit Palais, puis au Globe, bd de Strasbourg. Elle ne viendra pas passer le réveillon avec moi le 31. Voilà.

29 décembre 1947

Cherché C. Acheté avec elle deux bouquins av. Victor-Hugo pour le professeur malade à Davos.

31 décembre 1947

Sorti du journal. Cl. vient bd Pereire. Réveillon avec Gatti, Danielle, Boulez, Frédi Helmann. Rentré 3 h.

Catégories
19ies

1948

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

10 janvier 1948

À 20 heures 30, après dîner à l’Huma sommes allés Armorin Cl. Et moi à la réception de Rabbi Abba Hillel Silver au Lutécia. Taxi au retour. Cl. Tendre.

11 janvier 1948

Walt Whitman
« Si vous ne parvenez pas à m’atteindre du premier coup, ne perdez pas courage. Si vous ne me trouvez pas à une place, cherchez-moi à une autre. Je suis quelque part à vous attendre. »
Wang dîne à Clichy puis nous venons au Quartier latin. Me conseille de me « brouiller » avec Cl. pour…
Dîner de la rédaction chez Lucien, rue Bourbon-le-Château.

12 janvier 1948

« Je cherche autant à détruire mon hypothèse qu’à la vérifier ; je cherche en un mot avec l’esprit libre ; et c’est pourquoi il m’est arrivé si souvent de trouver des choses que je ne cherchais pas, en en cherchant d’autres que je ne trouvais pas. » Cl. Bernard. Cherché une querelle à Cl. Pas réussi.

13 janvier 1948

« Le fou est celui qui a tout perdu, sauf sa raison. » Chesterton.
Cherché Cl. mécontente.

14 janvier 1948

Avec Cl. au théâtre de la République : « Grand printemps » de Paul Lambert. Que c’était moche ! Sommes fichus le camp au 2e acte ; après « El Rancho », cabaret « yid » rue de Metz. Cl. en forme et gentille.

15 janvier 1948

Langage : « Mieux ce sera pire, plus ça vaudra mieux ». Politique de la carotte et du gourdin.

16 janvier 1948

Bébés artificiels, test tube. « … et les sacrifices ressemblaient aux abattoirs de Chicago avec cette différence que la viande ne servait qu’à être enterrée ». Hemingway. Cherché Cl.

17 janvier 1948

Pourquoi irais-je payer un parapluie 12 F 50 quand je puis avoir un bock pour 6 sous ? Courteline
Cherché Cl. Radiesthésie

18 janvier-19 janvier 1948

Vu, avec Wang, « Monsieur Verdoux » (Chaplin).
Qu’est-ce qu’un aliéné authentique : c’est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l’entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l’honneur humain. (…) Car la réalité est terriblement supérieure à toute histoire, à toute fable, à toute vérité, à toute surréalité.
Nul n’a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé que pour sortir en fait de l’enfer.
Van Gogh, organiste d’une tempête arrêtée et qui vit dans la nature limpide. On peut parler de la bonne santé mentale de Van Gogh, qui, dans toute sa vie, ne s’est fait cuire qu’une main et n’a pas fait plus, pour le reste, que de se trancher une fois l’oreille gauche. A. Artaud. V. G. Le Suicidé de la société.
Cl. neige.

20 janvier 1948

It is a tale told by an idiot
Full of sound and fury, signifying nothing. Hamlet
Dumas fils parlant des Communeux : « Nous ne dirons rien de leurs femelles, par respect pour les femmes à qui elles ressemblent quand elles sont mortes ».
Cl. neige autobus.

21 janvier 1948

Mai 1873 – Quand les lilas refleuriront. Février 1936 – Tout va très bien Mme la Marquise. Avec Cl. au Rex « Monsieur Verdoux » – il pleuvait.

22 janvier 1948

« Qui eût bien pu penser qu’une des conséquences de cette guerre serait la pédérastie marxiste ? ». Malaparte. Cherché Cl.

24 janvier 1948

Sommes sortis Wang, Danielle, Gatti et Cl. Dîné rue Gay-Lussac dans un restaurant chinois. Anniversaire de Dante et Cl. Retour en taxi. Place Concorde, Cl…

26 janvier 1948

15 h 30. Dr Besson, radiesthésiste
« Comme la liberté compte au nombre des plus sublimes sentiments, la duperie qui y correspond passe pour sublime, elle aussi. » Kafka. Cherché Cl.

27 janvier 1948

« On aimait l’or parce qu’il donnait le pouvoir et qu’avec le pouvoir on faisait de grandes choses. Maintenant on aime le pouvoir parce qu’il donne l’or et qu’avec cet or on répand des pépites. » Montherlant, le Maître de Santiago. Cherché Cl.

28 janvier 1948

Avec Cl. au club des 5. Parti au milieu, retour à pied.

29 janvier 1948

Retrait des billets de 5 000. Cl. puis au ciné avec elle.

30 janvier 1948

M. Baton, radiesthésiste
Cherché Cl., revenu en taxi, obligé d’aller à une exposition de chats. Quitté plutôt Cl. Dernière fois que je la vois.
Mort de Gandhi (assassiné !)

31 janvier 1948

« Tous les grands réformateurs se trouvent aux prises avec les démons de leur époque… l’impérialisme est le Satan de notre temps. » (Gandhi)

13 février 1948

« L’Angleterre et l’Amérique n’ont rien aujourd’hui qui les distingue l’une de l’autre, sauf, bien entendu, le langage. » O. Wilde.
« Et quand je dis journaliste, je dis toujours salaud ». Monsieur Aragon
« Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles pour me les opposer » (du même).

15 février 1948

Avec Wang et Armorin sur la Seine de 15 à 18 h. Canot à moteur.

16 février 1948

« Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée. » O. Wilde

17 février 1948

400 millions emprunt. 4 ½ % à 30 ans.
Reconstruction installations portuaires de Dunkerque. Lancement de l’emprunt, jouissance à partir du 1er février.

18 février 1948

Dunkerque. Dubuisson, président de la Chambre de commerce.

19 février 1948

Boulogne – Capitaine de vaisseau Amibert – préfet Simoneau, après le sous-préfet – à la gare maritime.
Retour Paris 21 h. Neige. Pas de lettre de Cl.

23 février 1948

20 h 30 radio émission Antonin Artaud
15 h 45 : gare de l’Est parti pour Nancy – affaire col. Charly

24 février 1948

De Nancy à Germonville (Vosges) – retour 16 h
Champigneulles. Train pour Metz arrivée 21 h. Globe. Revu Bertin au Républicain lorrain

25 février 1948

Metz. Selleron, Menant, Helleninger.

26 février 1948

Bertin. Nancy, caserne.
3 balles pas de coups de fusil, Charles Noël, il l’a trouvé le 8-9-40

27 février 1948

Noël : C’était le dimanche 8 septembre, j’étais au champ avec la vache, dans la terre j’ai trouvé le revolver (marque belge). 3 manquaient. Ont rendu les honneurs par des coups de feu. Ça y est nous sommes allemands.

28 février 1948

À l’église. « Le colonel vient de se suicider » c’est pas vrai ! et j’suis venu il était sur un brancard, les Allemands arrivent ¼ d’h après. Un officier parlera avec les Allemands pour l’emmener. « Notre colonel est tué. J’ai demandé et obtenu des autorités allemandes le droit de l’emmener … »

29 février 1948

Noël Henri, sacristain
20 juin « Ce que j’vas vous raconter du génie – le colonel a demandé à coucher chez moi 6 officiers – le colonel était à la cure – carte dépliée sur une caisse (18 h) – « Voyez-vous dans ce périmètre nous avons 80 000 hommes. Je suis en train de traire la vache, ma femme vient me voir « On t’appelle ».
Charly : les soldats l’ont ramené.
« Tiens v’la l’colonel Charly assassiné… » souriant, 50 ans, rasé de frais – bel homme. Brancard, fait un cercueil. Enterré le 22 juin à midi – on était prêt mais les Allemands n’ont pas voulu – enterré comme un chien, sapin blanc.
M. Gabriel : ils sont venus reconnaître la tombe – l’institutrice l’entretenait – la commune n’est pas riche.
L’exhumation (ministre des Pensions)
L’aumônier : « Je veux résister ». Il a été dépouillé. Marinville – Terry Auguste 26/11/1883 à Nancy.

1er mars

Présenter les armes
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes mon ami ce beau matin d’été, si doux
au détour d’un sentier une charogne infâme.
Reçu lettre de Cl. Datée du 23 d’Uruguay

3 mars 1948

Oncle Albert mort

4 mars 1948

Mort à 6 h d’Antonin Artaud – le Momo.

8 mars 1948

10 h 30 : enterrement d’Antonin Artaud au cimetière d’Ivry (Gatti, Danielle, Helmann).

19 mars 1948

Amiens – une journée affaires, Charpentier le polytechnicien disparu

21 mars 1948

Maryse Baudoin, femme de lettres et de chambre chez M. Paul Moulin, négociant en vins (Nyons, Drôme)

22 mars 1948

Déposé à 12 h 30 à France-Soir (chez Mme Michèle) ma candidature au Prix Claude Blanchard (4 pas dans les nuages italiens). Huit jours de travail pour huit jours de reportage.

23 mars 1948

Reçu lettre de Cl. Me reproche de ne pas lui écrire – me parle d’un médecin qui lui fait la cour… !

5 avril 1948

Reçu lettre de Cl. – charmante
« Il est permis de violer l’histoire, à condition de lui faire un enfant ». (Dumas)
On fait ce soir le 1er numéro à 6 pages (1 000e numéro reporté).

6 avril 1948

Les rois ne touchent pas aux portes. Ils ne connaissent pas le bonheur…
M. Varethe gérant 2, bd Jean-Jaurès.

9 avril 1948

Révolution en Colombie pendant la conférence panaméricaine.

10 avril 1948

Rencontre Lucie Khan.

11 avril 1948

Vadim Eliseeff, musée Cernuschi, école du Louvre.

13 avril 1948

Gatti me dit qu’il a vu Cl.
« Je hais cet esprit de liberté farouche qui méprise toute fantaisie, toute gaieté, tout amour. »
On ne sort pas d’une université (allemande) sans avoir fait quelque beau serment à la manière antique sur un innocent poignard … qui ne plongera jamais dans le cœur d’aucun tyran attendu que les tyrans eux-mêmes se sont fréquemment mis à la tête des conspirateurs. Léo Burckart. Nerval.

14 avril 1948

Le bacille de l’antisémitisme existe naturellement dans toute l’Europe : notre tâche est simplement de le rendre plus virulent. Malheureusement nous n’avons que trop peu de journalistes pour ce travail. Goebbels (Journal, 10 mai 1943)

16 avril 1948

Au prix Cl. Blanchard : 2 voix. Serge Groussard gagne.

18 avril 1948

Élections italiennes. Discours de De Gaulle à Marseille.
Divine Galathée, moins parfaite, il ne te manquerait rien. Il est trop heureux pour l’amant d’une pierre de devenir un homme à vision. Pygmalion, J.-J. Rousseau
Le cœur plus que l’esprit a chez moi des besoins. JJ Le

19 avril 1948

Un jeune homme qui arrive à l’heure avec une figure passable, et qui s’annonce par des talents, est toujours sûr d’être accueilli. J.-J. Rousseau
Je me convainquis que si quelquefois les savants ont moins de préjugés que les autres hommes, ils tiennent en revanche encore plus fortement à ceux qu’ils ont. (JJ Rousseau)

20 avril 1948

Mémoires de Churchill
« We are waiting for the long promised invasion so are the fishes » (20-10-40).
20 août 1940 : bataille d’Angleterre.
Foch : « Ce n’est pas une paix ! C’est un armistice de vingt ans. »
« S’avance à grandes enjambées un jour au génie féroce, dépositaire et incarnation des haines les plus virulentes qui jamais dévorèrent cœur humain : le caporal Hitler ».

24 avril 1948

Anniversaire de Wang – restaurant romain

25 avril 1948

Avec LK à Longchamp

26 avril 1948

Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. JJ Rousseau, Contrat.

27 avril 1948

La foule – Elle ne comprend pas pourquoi les jeunes gens pleurent après les femmes, pourquoi les femmes pleurent après les honneurs et les banques, pourquoi rien n’existe de ce qu’on lit, on chante, alors que tout existe de ce qu’on ne dit jamais à personne, de ce que personne ne saura jamais, ni ici, ni plus loin. L.P. Fargue Erythème du diable.

28 avril 1948

Tsien – chef du département tripartition d’uranium découverte en décembre1946
Avec LK salle Gaveau : Richard
Bien bâtie, LK !

29 avril 1948

Chambre Wilson image visible des particules ionisantes – chocs du neutron contre l’uranium.

30 avril 1948

Lucie Kian – TRU 0990
« Il m’a caressé la main et a parlé de Clausewitz » Eva Braun, 6 juillet 1940.

L.K. 76, rue de Paris av. Henri-Barbusse, Colombes
La situation est simple : ou bien l’ONU décidera de soutenir les juifs et de leur donner une partie de notre Palestine et les grandes puissances surtout celle dont je ne veux point citer le nom n’auront plus une goutte de pétrole du Moyen-Orient ; ou bien la Palestine restera arabe. Abdallah 29 avril.

mai 1948

Notes
Toutes les choses réunies en ce monde sont réunies dans un rêve, et la naissance est naissance dans le rêve. Et la mort est la mort dans un rêve. Même quand on est Bouddha, on est Bouddha dans un rêve, et si l’on erre dans les transmigrations, on erre en rêve. (Tibétain). Précieuse guirlande de la loi des oiseaux.

1er mai 1948

Depuis trois jours la Palestine est décidée. Je pars avec F. Chalais (F.C. Bauer) qui doit faire le côté arabe (parachute peut-être).
Que reste-t-il ?
Sentimental journey
To each his own.

2 mai 1948

And Night and Shadow rule below
When only Day should reign
Le Sage antique (A. Tennyson)
… Peace, Peace. He is not dead, he doth not sleep –
He heath awakened from the dream of life.
(Il n’est pas mort, n’est point endormi, mais il s’est éveillé du songe de la vie) Shelley

3 mai 1948

O Wind
If Winter comes, can Spring be far behind
(Ode au vent d’ouest) Shelley
O Liberty ! My spirit felt thee there
Coleridge.

4 mai 1948

« La Ligue arabe est un beau nom, mais un nom creux autour duquel se fait une propagande effrénée. Mais elle n’est qu’un ramassis de notables sans le moindre contact avec les masses. » Abdullah

5 mai 1948

Robert Gouy – Croix Rouge pour la Palestine – Tel-Aviv
Amman 1923 : C’est un incapable et un étourdi. Lawrence, d’Abdullah.

6 mai 1948

17, rue des Moulins à Fontenay-sous-Bois
80, rue de la RE Navarro – Najar

7 mai 1948

Zimmermann
Gricha
Moshe
Tchervinsky
Croyez-moi car je suis souvent en prison St Paul
As long we remain, we must speak free
… Tennyson, 1852.

8 mai 1948

Galili T.A.
Hillel
À Marseille. À l’Arbois avec Tony Gryse et Armorin

9 mai 1948

Ne partez pas. Cl. arrive aujourd’hui au Bourget
Moi je pars par le à 16 h 30
Aza street Jerusalem

10 mai 1948

Relâche à Gênes à 8 heures – On embarque 130 émigrants à 22 heures. Départ 24 heures

12 mai 1948

À la Bastille on l’aime bien mimi peau de chien…

14 mai 1948

Arrivée à 9 heures à Tel-Aviv en plein bombardement égyptien. Un avion abattu – 3 alertes durant la journée. Câblé au Parisien – Arrivée de Kessel, Gilles Bonneau, Sallebert, Catherine de l’Huma. Très fatigué

15 mai 1948

Consulat de France.

Dimanche 16 mai 1948

Alerte 11 h 15 – fin 11 h 30
Alertes sur alertes. Ecrit chez moi et à Cl. Envoyé câble à carrefour.
Surpris par l’alerte chez le consul de France. Chaleur épuisante – Conférence Shertok à 18 heures. Dîner consul avec les journalistes français.
Cabaret de l’hôtel avec Kessel, Jo et Armorin.

17 mai 1948

Alerte 5 h du matin
Conférence de presse – pas moyen d’aller sur le front – chaleur épouvantable – alertes à 17 h – gros bombardement, camp et hôpital – 7 morts. À 22 h alerte de nuit. Fusées.
Avec Armorin, au large où l’on débarque des émigrants d’un petit navire italien – mitrailleuses à bord. Etait resté à bord depuis l’aube cause bombardement – Suis état dépression épouvantable.

18 mai 1948

À Jaffa aujourd’hui escorté d’une automitrailleuse – bombardements dans l’après-midi : 41 morts station autobus !

19 mai 1948

Camp de Sarafand occupé par Hagana – Au loin lignes arabes de Lydda et Ramley.

21 mai 1948

Kessoria – Kibboutz où l’on retrouve copains Chypre.

22 mai 1948

Kessoria-Sdotyam, équitation, archéologie.

24 mai 1948

A Toutura, port arabe occupé – on ramasse les prisonniers, on pille un peu – « Attention snipers ! »

25 mai 1948

En moto vers Natouria pour voir Merling qui n’était pas là. Panne.

26 mai 1948

Tentative d’atteindre Hulda – Alertes dans tous les azimuts. On nous arrête à Kfar Bilu, près de Rehovoth. Interdiction d’aller plus loin.
Le soir, allés à Kfar-Soba pour voir cessez-le-feu. À 9 heures, les Arabes nous tirent dessus – Câblé à 2 heures du matin.

28 mai 1948

Parti pour front nord avec Greenberg, Mather, Armorin et un officier de liaison. Anglais encore à Haïffa, mais décidés à partir.
Couché Zion Hôtel Haïffa – Vu consul Laudi : antisémite et pédéraste.

29 mai 1948

Acre, Nahoriya. Typhus : hôpital. Chiens et chats enragés. Frontière Liban calme.
Kibboutz Ailon – Rentré Haïffa vers 19 heures. Avion Air France arrivé.
Bal au Zion Hôtel : I.S., 2e bureau, trafics, combines.

30 mai 1948

Proposition anglaise trêve de 4 semaines adoptée à Lake Success : Du joli !
Malade à crever : fièvre, rhume, etc.

8 juin 1948

Soirée avec Greenberg et deux filles. Raccompagné l’une d’elles.

9 juin 1948

Départ pour Haïfa
17 h Arrivé Haïfa – Hôtel Zion.

10 juin 1948

Visite au port. Monté à bord des bateaux clandestins : mon vieux Theodor Herzl, et l’Exodus. Le soir avec Kessel à l’Eldorado où Anglais et haganistes tous armés dansent en s’observant…

11 juin 1948

Nouvelle trêve à 10 heures (4 semaines). Quitté Haïfa par Air France vers cette même heure avec Kessel, Armorin, Nathan, Jo Shaftel, E Sway – Escales Chypre, Athènes, Bari, Nice.
A Nice, couché au Négresco – le petit chien Sabra que j’avais volé aux Anglais de Haïfa (c’était leur mascotte) inonde les tapis…

12 juin 1948

Arrivé Paris-Bourget 12 h 18. Au journal, pas mauvais accueil. Seule la note de frais inquiète ces imbéciles.
Pas de nouvelles de Claudie. Téléphoné Claridge ne répond pas.

13 juin 1948

Téléphoné Claridge – Claudie sortie en pique-nique ! Enfin, elle est là. C’est toujours ça.

14 juin 1948

Dîné avec Cl. Très amoureuse. Chartreuse de Parme.

23 juin 1948

Conférence Kessel puis à la Cloche d’Or, rue Mansart.

24 juin 1948

À Draveil, chez les Corvol – Cl.

25 juin 1948

Prix des Draps avec Cl. Qui y rencontre ses cousins.

29 juin 1948

Entrevue Chalais
Conférence Sybardin – acclamations. Déjeuner avec Spencer.

30 juin 1948

1795 Robert Southey
« Si parmi mes lecteurs il en est un qui puisse donner le succès d’une cause injuste parce que son pays le soutient, je ne désire pas l’approbation de cet homme. » Préface.
Avec Cl. À la Nuit de Paris, cirque sous la Tour – Smok et robe longue.

1 er juillet 1948

Et vint cette voix environ l’heure de midi au temps de l’été dans le jardin de mon père. J. d’A.

2 juillet 1948

Dédicace du bouquin où est le guide

3 juillet 1948

Conférence

11 juillet 1948

St-Lazare. Mantes par Argenteuil. Vers la Seine. Grand Hôtel d’Andrezy
À Nogent-sur-Marne – temps gris – pluie. Rupture avec Cl.

13 juillet 1948

Roger M. plombier, 40 ans – sa femme partie avec un ami. Fils 16 ans. Sa fille mariée avec un légionnaire – c’est un chic gars. À 9 h papier signé Roger.
Cl. me fait téléphoner par Corvol. On sortira demain !

14 juillet 1948

Allons danser à Montmartre place du Tertre.

15 juillet 1948

Cl. partie en vacances.

2 septembre 1948

Gatti, 3 rue de la Source Castel Lorrain, Beausoleil

11 septembre 1948

Où donc est-il le temps charmant
Où le mot m’arrivait si vite :
Le mot venait d’abord et la pensée ensuite
J’étais un poète vraiment !

4 octobre 1948

Voulez-vous voir des gens qui se haïssent ? Regardez les familles. Tolstoï

6 octobre 1948

Le vase donne une forme au vide – la musique donne une forme au silence –
L’action est une suite d’actes désespérés qui permet de garder l’espoir. Braque

7 octobre 1948

La chose la plus poétique au monde, c’est de n’être point malade. G.K. Chesterton
21 h 15 Simplon – départ pour Florence.

8 octobre 1948

Milan 13 heures – voyage avec Darrois. Arrivée Florence 19 h 20 – Hôtel Massimo d’Azeglio. Fait le tour de la ville : Duomo, Offizi, Ponte Vecchio, Pitti.

10 octobre 1948

Fiesole – caffe-pasticceria – S. Domenico – Garibaldi. Retour 15 h – Bal sous le palazzo Vecchio – illuminations. Pozzo di Beatrice, dancing, cabaret

11 octobre 1948

Consulat matin – galerie des Offices, palazzo Vecchio.

12 octobre 1948

Directeur Institut français – palais Pitti – SS Annunziata –
Cinéma : « Senza pieta » très bon.

13 octobre 1948

RV 10 h 30 : comte Tancredo Tancredi –
Entré à la pension Morandi, tenue par une Irlandaise – 1 200 lires par jour (12 Anglais, 6 Français, 4 Italiens, 1 Suisse à la table d’hôte).
Palais du Borgello – Santa Croce.

14 octobre 1948

Très las.
Vu exposition palais Strozzi « La casa italiana nel secoli »
Cimetière anglais – fresques du Pérugin.

15 octobre 1948

San Lorenzo – Michel-Ange

16 octobre 1948

Couvent S. Marco (Fra Angelico) – galerie dell’ A. (Michel Ange), la Cène de Ghirlandaio. Cinéma : Sotto il sole di Roma

17 octobre 1948

Piazzale Michel-Ange – San Miniato al Monte – Concert symphonique (théâtre Communale). Pluie torrentielle.

18 octobre 1948

Chez le professeur Ronzi – conversation avec Ciampini. Temple israélite – Santa Croce – offices.

19 octobre 1948

Changé 20 000 francs en 24 000 lires
Vu comte Tancredi puis Mathieu consulat, puis enfin Francis Toy – directeur de l’Institut britannique. Quel crétin !
Artisans florentins – R.V. avec Delle Picola – me joue 3 chansons (sur Roncevaux)

20 octobre 1948

Artisans : sculpteur, mosaïste – place Pitti. Palais Strozzi.
Séance cinéma (film sur la déposition de Raphaël), puis promenade avec professeur Ronzy.

21 octobre 1948

Dîné avec Mathieu et sa femme au Campanole.

22 octobre 1948

Entrevue avec le moine Falreni – Quitté Florence 14 h 30

23 octobre 1948

5 heures d’attente à Turin. Arrivé Lyon 13 h, vu Jean-Jacques, Liliane – invité petite réception chez un ferronnier.

24 octobre 1948

Vu Freddy chez lui, 111, rue Vendôme – Déjeuné, promenade dans la ville : zéro.
Dîné chez J.J. Vacances 5-28 octobre.

25 octobre 1948

Déjeuné chez Freddy, puis après-midi chez J.Jacques. A la gare à 16 h 54. Arrivée Paris 21 h 20. Personne à Clichy.

26 octobre 1948

Parents partis à Marcolès.
Journal – Franc Tireur – Ecartelé : libération avec M. Jacob, Vallois, etc.

27 octobre 1948

Parents revenus.

28 octobre 1948

Réception ONU. Vu Cl.

4 novembre 1948

Emile Charcot – 20 et 25 novembre
Capitaine de Corvette Rouvin à Brest de la part du C. de Vaisseau Renaud.

5 novembre 1948

Morlaix correspondant
Brest : Collinet – Train 14 h 25 pour St-Brieuc où meurtre.

6 novembre 1948

300 taxi – 600 repas – 1 200 taxis divers. 200 wagon restaurant.

7 novembre 1948

Élections conseil République
3 RPF à St Brieuc, les grands électeurs en tenue noire, baguenaudent dans les rues.
Vu Le Mazon pour affaire Seznec.

8 novembre 1948

Derogy, Schiller, Dunoyer, Serruzier, Nevers, Chauvin à l’hôtel d’Angleterre.
Je repars train 23 h 45 pour Paris. Dans l’après-midi Ker Joli (Guingamp) histoire Seznec.

11 novembre 1948

Incidents Champs-Élysées pendant défilé. A.C. et communistes. Les flics tirent. Deux députés cocos arrêtés (Villen, Chullier).

13 novembre 1948

Grève générale Paris (protestation suite 11 novembre)

2 décembre 1948

Anniversaire Cl.
Signal avertissement train de matériaux Orléans-Paris. Train de voyageurs à l’arrêt.

3 décembre 1948

Signal pas fonctionné : 80 blessés.

4 décembre 1948

Invités officiers anglais.

5 décembre 1948

Gl Johnson, attaché militaire britannique.
Mme Forest et Mme Padovani.Brigade criminelle, Henry, 2 gardiens allaient au service porte Maillot ; ils ont entendu

6 décembre 1948

Albert Meyer, 50-55 ans
Grande flamme, pas de fumée – On ne retrouve rien dans plastique – 10 jours auparavant le général venait d’un

7 décembre 1948

rayon de 150 mètres.

10 décembre 1948

Sean O’Casey : On dit que le soleil ne se couche jamais sur l’empire britannique. Bien sûr ! Qui pourrait lui faire confiance dans l’obscurité ?

Catégories
19ies

1949

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

4 janvier 1949

Cinémathèque : « La fin de St Petersbourg ». (Poudovkine)

5 janvier 1949

« Les dix jours qui ébranlèrent le monde » (Eisenstein)

6 janvier 1949

« Napoléon » (Gance)
illisible

7 janvier 1949

Wagons plombés
Départ pour Nice Marseille 19 h 45 (enquête contrebande en mer).

9 janvier 1949

Avec Benedetti, promenade dans les bars (matelot de remorqueur boulonnais).

10 janvier 1949

Visite des postes de douane. L’après-midi, brigade maritime. Visite à bord d’une cargaison.

11 janvier 1949

Directeur douane
M. Claude

12 janvier 1949

École de Cagnes-sur-Mer. J.H. Model, W. O’Mallony au vin rosé et à jeun. Caillaud.
Gagné 1 000 F à la roulette

13 janvier 1949

Monaco-Monte Carlo.

18 janvier 1949

Sorti avec C. le torchon brûle.

20 janvier 1949

En Chine, Tchang Kaï Tchek s’en va.
Cinémathèque : L’âge d’or, Chien andalou, Murnau (Faust)

22 janvier 1949

Au Pied de Cochon : 19 h 30. Fondation « Association des grands reporters français ». Maurice Garçon, Kessel, Dayan, de Coquet, Helsey, Labarthe, … puis tournée des grands ducs à Montparnasse avec Kessel retour des USA puis à Montmartre. Verres cassés, saoulerie bon enfant. Rentré 6 heures du matin.

26 janvier 1949

Émission Sévenot Rive droite rive gauche. 20 h. Kessel, Labarthe, Sevry, Armorin, à propos de l’Association des grands reporters français.

27 janvier 1949

Dîner rédaction Parisien, Royal Gaillon.
Car nous avions reçu de bien plus loin que d’ici, l’ordre de vivre.

30 janvier 1949

Pied plat. Un quidam, nommé J., met sa jouissance actuelle à patauger dans la boue dans l’espoir que ma modeste personne s’en trouvera éclaboussée.

31 janvier 1949

Ça vous amuse donc d’être un homme parmi 2 milliards d’autres ? Ah, plutôt ce bison en voie de disparition.

4 février 1949

1er papier sur Palestine dans le P.L. Historique.

5 février 1949

2e papier : Tel-Aviv

7 février 1949

Vu « Quelque part en Europe ». Beau.

8 février 1949

Procès Kravchenko – salle étriquée – brouhaha – altercations. K. est un faisan.
Procès Bergery – dauphin mort-né – trop intelligent pour être innocenté.

9 février 1949

Procès Bergery

10 février 1949

Pars à 14 h 25 pour les Sables d’Olonne (un homme mort dans une malle d’osier au « Puy d’enfer »…). Arrivée 22 h 15. Les carottes sont cuites.

11 février 1949

Tout le monde arrêté à Paris. Rien à faire ici. Gandrelle cherche probablement à me tenir à l’écart : m’enjoint de rester jusqu’à demain. Pour me distraire, vu le cadavre à la morgue : découpé. Une horreur.

12 février 1949

L’or ? on en fera des vespasiennes. Lénine.
Cortez au messager de Montezuma : « Dis à ton maître qu’il nous envoie de l’or, beaucoup d’or, car, mes compagnons et moi, nous souffrons d’une maladie de cœur qui ne peut guérir qu’avec de l’or. »

13 février 1949

H.S.T. secteur atlantique – caserne Cambronne
Turquet, DST. Retour des Sables, car Nantes samedi 14 h, arrivée à Paris 23 h 30.

14 février 1949

Vu « Le Trésor de la Sierra Madre » – bon western
Anglo-Palestine Bank 11441. Vendredi 6 avril 1948. Julian Ksycki.

19 février 1949

En vedette sur la Marne, retour à la nuit, avec Armorin, Gatti, Boulez.

21 février 1949

Wang m’invite à venir à l’opéra voir un spectacle de ballet. Nous tombons sur « Lohengrin ». Fuite éperdue.

22 février 1949

Labarthe, Kessel 19 h 30.

26 février 1949

Promenade bateau usines Renault, île Seguin.
Dîner chez Gatti, quai d’Anjou avec Armorin et Claudie.

27 février 1949

La liberté qui plaide contre le communisme, c’est la liberté d’asservir, c’est la liberté d’exploiter, c’est la liberté de grande existence, comme dit Renan, avec les multitudes pour marchepieds. Blanqui, 1848.

28 février 1949

Papier Palestine : 4 février – 5-6, 8 février, 11-15, 17-21 février. 22-24-25.

4 mars 1949

Oui ! Mille fois oui ! La poésie est un cri, mais c’est un cri habillé ! Lettre de Jacob à Cadou. Talma entrant dans la chambre mortuaire de sa mort pousse un cri, puis dit : « Oh ! Que ne puis-je retenir ce cri-là Comme c’était bien ! »

5 mars 1949

Chiche ou pas chiche mon père. G. c’est des histoires de Belges, c’est des histoires à la Syte. Si c’est une question de largeur des épaules, je jouerai le championnat. Bien sûr !

7 mars 1949

Conférence sur la Palestine chez les Francs Maçons, rue de Puteaux (avec Armorin et le f( Malacinda). Très drôle.

8 mars 1949

« Mais vous, Monsieur Renan, dites-moi votre pensée : Dieu existe-t-il, oui ou non ?
La chère était fine, la dame aimable. Renan murmura : Pas encore.

11 mars 1949

Aéroport du Bourget, grève douaniers

12 mars 1949

Bal de la Résurrection d’Israël – résidence d’Auteuil – Miss « Espoir 5708 » (avec Cl., Armorin, Nathan).

14 mars 1949

Vacances d’hiver 12 jours.

16 mars 1949

Pars pour Hayange 17 h 45. (2e fois que j’y vais depuis la guerre).
Akaba, article du Monde 16 mars 1949.

18 mars 1949

Vu hier soir Bentz au « Républicain lorrain ». Très pâle, très triste.
Vu l’avocat – Embrouillamini à propos d’Hayange (jugement, astreinte, sommation, etc.) – Traîné toute la journée parmi les griffetons messins. Tout est à laisser ici, rien à prendre.

19 mars 1949

La femme déteste le serpent par jalousie de métier. Le serpent, c’est la boutique en face. Hugo.

20 mars 1949

Mars 1949 : baisse des prix agricoles, liberté de vente des voitures, cent litres d’essence, circulation animée… Est-ce la fin de la guerre ?

21 mars 1949

Visite de Melle Ernout, actrice (« altitude 3 200 ») qui vient quêter un article. Très jolie. Emmenée à Franc Tireur où on essaiera quelque chose.

25 mars 1949

Vu, avec Armorin « Altitude 3 200 », nul. Ernout pas mal.

28 mars 1949

Crapouillot. Histoire de la guerre – Le président Roosevelt dit d’abord à De Gaulle que la France était militairement dans une si mauvaise position qu’elle aurait besoin d’un général du calibre de Napoléon.
– Mais je le suis, dit De Gaulle
– Elle est, poursuivit le président, dans un tel embarras financier qu’elle a besoin d’un Colbert
– Mais, affirma De Gaulle avec simplicité, je suis un Colbert
– Enfin, ajouta le président en dissimulant sa surprise, elle est si affaiblie politiquement qu’elle a besoin d’un Clemenceau.
De Gaulle se lève avec dignité et dit :
– Mais je suis cet homme !

Au fond je crois que Hitler est content d’être Hitler parce que cela lui permet de parler tout le temps. (Giono, Journal, décembre 42)

30 mars 1949

Ce ne sont pas les aigles qui ont sauvé le Capitole » (Clemenceau)

31 mars 1949

Il faut faire l’union de tous les Français, je ne suis pas contre les ouvriers, au contraire. Quand j’étais enfant, le dimanche, j’allais leur apporter des oranges avec ma bonne. (Giraud, Alger ; cité par P. Sendahl : « De Gaulle sans képi »)

2 avril 1949

Armorin rétif à partir pour la Palestine.

4 avril 1949

Départ pour la Palestine le 19 avril.

5 avril 1949

Légion d’honneur Dassault.

6 avril 1949

Les Loges près de St Germain. La plus traditionnelle, Écouen.
Visite collège jeunes filles Bouffémont pour enquête.
A la cinémathèque avec Wang. La Ligne générale (Eisenstein)

12 avril 1949

Réception Royal Monceau en l’honneur de Fischer, avec Cl., Armorin, Altman.

14 avril 1949

Coup de fil conservateur du musée de Palestinologie.

15 avril 1949

Dîné avec Nathan Armorin et Cl. rue des Fossés-St-Bernard. Couché Ile Saint Louis. Préparation duel Mérindol-Fèvre. PV d’avant rencontre. Discussion. Mérindol tremble.

16 avril 1949

À 7 h 20. Réunion statue Henri IV. A 8 h 15, forêt de Sénart. Duel Armand Fèvre, bonapartiste, contre Pierre Mérindol, journaliste. Au sabre. Deux reprises. A la 1ère, Mérindol blessé à la main droite ; à la seconde, son sabre tombe. P.V. etc. témoins : Marchal, Charbonnier, peintre, Armorin et gros. Photographes de Paris Match, Point de Vue et Robert Doisneau.

20 avril 1949

Ile St-Louis Eliett – Alger
Départ pour Palestine 8 h 30. Arrêt à Lyon. Jean-Jacques – rencontré Georges de Caunes (radio) dans le train. Couché minuit.

21 avril 1949

Réveil 2 h 50 – Train 4 h 20 – Arrivée Marseille 9 h 15 – 29, rue d’Athènes : billets de 1ère classe A.R. gratuits. Déjeuner Vieux Port.
Départ 23 heures sur le « Negbali », avec 1 050 émigrants (nord-Africains et Polonais). Rachel Chergoun voyage à bord avec son mari Grunstein.

23 avril 1949

Croisé Kedmah. Passé Messine dans la nuit.

24 avril 1949

Croisé « Th. Herzl » vers midi, après Messine.
À bord, un major juif anglais qui part dans l’armée juive : anglais typique, monoclé, roux, yeux bleus, hygiénique et respectable.

25 avril 1949

Coup de vent avant la Crète. Les passagers malades.

29 avril 1949

Départ à 9 h de Tel-Aviv pour , où nous trouvons un officier qui nous pilote jusqu’à Costina : là, munis de deux couvertures, nous sommes embarqués à bord d’un camion dans une expédition scientifique qui part pour Akaba voir ce qu’on peut y faire. (Prof. Tishli, Herlinger, Brutshaus, Hachunchain, Crispin, architectes Kuhn, Levizohn, Kaufmann). Arrivons vers 8 h du soir.

30 avril 1949

Couché par terre, traversée de la partie la plus stérile du désert de Zin : paysages brûlés, silence et désolation.
Arrivée vers 14 heures au poste de police d’Oum Rash. Rash en face d’Akaba sur qui veillent deux destroyers anglais. Solitude et sauvagerie, mais les cailloux de la cour sont beaux.

1er mai 1949

Mal dormi – Baigné dans le golfe. Un soldat anglais appartenant à l’un des deux destroyers ancrés au large s’est rendu : il prétend être juif. On l’amène bandé au Q.G. Le soir, au poste, speech du chef de l’expédition M. Tishli aux jeunes soldats d’Akaba.

2 mai 1949

Troisième nuit dehors. Départ 8 heures avec quelques soldats. Arrêt à El Ruzuf vers 17 h. Là nous trouvons une jeep de l’ONU et une jeep d’un officier israélien. Résultat : sommes à Tel-Aviv à 23 heures, recrus de fatigue et de brûlures.

3 mai 1949

Jaffa : hôpital français, couvent, achat disques hébreux – Rencontré Sévenot (radio) et un assistant.

4 mai 1949

Revue prévue rue Ben Jehinda : échec complet. Trop de monde – embouteillage monstre. Le soir, enregistrement de l’émission sur Israël par Sévenot à Kol Israël.

4-5 novembre 1949

Procès Gaveau –
Gaveau travaux forcés à perpétuité.

5 mai 1949

Émission au Pills : chants hébreux : Crois-moi le jour viendra. Bercheva.

6 mai 1949

Avec radio et Benny Blinkmann, conducting officer, allons à Césarée (déjeuner) puis à Gal-Ed, et Regavin (postes frontières et Kibboutz). Enregistrement de chants. Repas, calme, douceur.

7 mai 1949

Tibériade – nuit au « Rama » (hôtel). Eïn-Gev – visite de Capharnaüm (père Loy Turin). Promenade en bateau sur le lac de Tibériade.

8 mai 1949

Nazareth. Rentré Tel-Aviv 19 heures, après crochet Césarée.

9 mai 1949

À Jérusalem avec Pierre Mouchnick. Névé-Ilan (la maison de l’arbre) et enfin la Ville ! Rencontre de Ehoud ben Jehuda, fils d’Eliezer, créateur de l’hébreu moderne (chasseur, buveur, ami des Arabes, fou ?)
Au retour, rencontre de Sokol (un nommé Jésus de Nazareth).

10 mai 1949

Rina-Batia- Au Park avec Atara, Armorin, Maurice Bernsohn (de Névé-Ilan) et des « sionistes » de salon.

11 mai 1949

Jérusalem avec Benny et les radios. Jérusalem : consul de France – déjeuner Eden. Tournée avec Ben Jehida dans le No man’s land de Talpiot (collège – Gouvernement House). Traversée des champs minés. Beit Safafa : Arabes et juifs séparés par un fil de fer. Névé-Ilan : dîner.

12 mai 1949

Ruthy Chalouche. 134, bd Rothschild.
Refus arabe d’aller en vieille ville. Visite des avant postes juifs : Notre-Dame de France devant la vieille ville. (Supérieur des Assomptionnistes, qui a une dent contre le père Combes !) – Retour : visite du Sheik Abou Gosh ; le matin à l’église d’Abou, le père Alexandre, son harmonium, sa fontaine, son vin.

13 mai 1949

Soirée chez Greenberg (Ruth Chalouche) – Kapa, …à mourir. Décidé de partir.
Taxi pour Haïfa – Embarqué sur Nezbah avec Marcovici. Le général Hildring et sa femme sont là aussi.

17 mai 1949

Messine 4 h ½ du matin

18 mai 1949

Sardaigne 8 h.

19 mai 1949

Arrivée Marseille 7 heures. Train 11 h. Paris 23 h 10 (avec Armorin et le couple Marcovici).

21 mai 1949

Schœlcher, brave jusqu’à la gloire. Hugo.
Acte de mise en vente : « A l’issue de la messe, il sera procédé à la vente aux enchères publiques de l’esclave Suzanne, négresse âgée d’environ quarante ans, de ses six enfants (13, 11, 8, 7, 6 et 3 ans), d’une table en bois du Nord et de quatre tabourets ». Le fouet, l’arme du régime colonial – Schœlcher.

Juin 1949

H.M.Suval « Whitecliffs » les falaises blanches. Rien à faire – Cherbourg 11 h War Office – 3 h 45 Waterloo (5 h 30 départ). Fulham – It is a press call, urgent, please.

1er juin 1949

Pris le train pour Londres 21 h 30. Ferry-boat Dunkerque.

2 juin 1949

Londres 9 h 15. Champagne et Martin Chauffier m’attendent à Victoria. Promenade – Loge au Strand Imperial Hôtel – Impression : grand, imposant, traditionnel. C’est tout ?

3 juin 1949

Vu Auclair, Claudie à qui je remets le bracelet persan de Jérusalem.
À Portsmouth à 8 h embarquement sur L.S.T. Suvla avec 200 officiers, actifs et territoriaux qui vont en France. Tempête. Pas de débarquement de plage. Cherbourg.

4 juin 1949

Cl.
Cherbourg – Bayeux – Caen : Montgomery

5 juin 1949

Arromanches – Bayeux – British cimetery – pluie. Voiture

6 juin 1949

Rauville – 6e Airborne Cimetière. Rentré Paris 20 h 30.

7 juin 1949

Henri VIII pleure, couronne sur la tête au conseil de ses ministres : « il s’en retourna chez lui, pestant contre le peu de bonne condition dans l’âme des femmes ».

10 juin 1949

17 h avec Boulez, Gatti, Danielle 15, rue de l’Observatoire (peintre Hélion) pour entendre œuvres compositeur américain John Cage. Petit comité. Piano spécialement revu et corrigé par Cage : sons ressemblent à musique orientale. Danses aussi.

11 juin 1949

Ensmokingé pour la Nuit bleu marine. Puis à 10 h, Cl. m’apprend qu’elle est fatiguée ! Je rentre.

12 juin 1949

Depuis 3 jours, enquête avec Gatti sur « Courrier du désespoir » (jeune h. 26 a. à bout ressources ayt tout tenté n’ayt pas peur risque cherche n’importe quel travail, mission « ) Ecrire R. David – Hôtel de la Paix – quai d’Anjou Paris 4e.

13 juin 1949

Studio 46. 10 h. 116, Champs-Élysées. Émission Palestine avec Marcovici, Armorin, Nathan, P. Renoir, etc. speech sur Jérusalem.

16 juin 1949

John Heliker

17 juin 1949

Cerdan battu par La Motta.
Avec Boulez, Gatti, Danielle, Jean Verroust, chez Mme Tézenas. Concert sonates John Cage avec introduction Boulez. Vu Henri Michaux : sorte d’oiseau de proie pour le physique. Il qualifie le concert « sonnaille pour mendiants bien pensants »
Bu à la santé du fils de Verroust, tant et si bien que…

19 juin 1949

Manifestation gaulliste pour l’inauguration de l’avenue Leclerc. Forces de police : 25 000 – Le grand a parlé – Les cocos aussi – Résultat nul.
Chez Corvol le soir. Réception pour la communion de son fils : Rebeyrol, Martin Chauffier, Corvol, la famille, Seligmann, etc.

20 juin 1949

Démission procureur Boissarie – résistant à qui le MRP voulait ôter son siège du Parquet général. France bat Espagne : 5 à 1.

21 juin 1949

Adieu, Muse. Va dire aux hommes
Ce soir de fête en la cité,
Que dans la prison où nous sommes
On meurt de les avoir aimés. M. Jacob

22 juin 1949

Un jour que l’honneste dame Marguerite, fille du roi d’Ecosse, passait par une salle où ledit maistre Alain estoit endormi sur un ban ; comme il dormait le fut baiser devant toute la compagnie et celuy qui la menait fut curieux et lui dit : Madame, je suis esbahi comment avez baisé cet homme qui est si laid ». Car, à la vérité, il n’avait pas beau visage. Et elle fit réponse : « Je n’ai pas baisé l’homme, mais la précieuse bouche de laquelle sont sortis tant de bons mots dorés et tant de vertueuses paroles ». Jean Bouchet, Annales d’Aquitaine

24 juin 1949

Avec Cl. au ciné « Jour de fête » et « François 1er »

25 juin 1949

Avec les dessinateurs à Monnaie chez Sam au Coq hardi pour l’élection d’un jeune dessinateur.

26 juin 1949

Cl. Seligmann « Les Oiseaux »

3 juillet 1949

Mardi 5 juillet chez Martenot concert ondes. Œuvres de Boulez au piano dans sa 2e sonate, Souvtchinsky, Cage, Cunningham, Danielle, Gatti.

4 juillet 1949

Cunningham lundi 11 juillet. Lundi 18 juillet chez Otero, 123, bd Saint-Michel.

5 juillet 1949

Chez Martenot, rue St-Pierre, Neuilly. Concert ondes. Boulez joue au piano 2e sonate (Souvtchinsky, John Cage, Merce Cunningham, Danielle, Gatti).

6 juillet 1949

Adieu Muse ! Va dire aux hommes… Max Jacob
L’enquête continue « courrier du désespoir ». Fargue refuse me laisser faire reportage « Un clandestin sur l’Ile-de-France »

8 juillet 1949

Inauguration exposition Picasso, maison de la Pensée, rue de l’Elysée, avec Otero. Rencontre Najar (de la légation d’Israël).

10 juillet 1949

Claudie à Bandol.

11 juillet 1949

Au Vieux Colombier, avec Gatti, Danielle, Otero, Boulez, le peintre américain John Heliker, le musicien Brown, John Cage, Merce Cunningham, Henri Michaux, le baron Mollet. Séance poético-musicale donnée par le club d’essai de la radio. Programme incohérent : music-hall et Michaux, jazz et John Cage.

14 juillet 1949

Le pape excommunie les communistes… Matin, revue militaire aux Champs-Élysées avec Boulez. Le soir, feu d’artifice à St-Michel avec Otero, son fils, sa mère, Gatti, Boulez, Danielle. Mangé aux Halles.

15 juillet 1949

Rentré 7 heures du matin.
L’amour, c’est l’histoire de la vie des femmes. Ce n’est qu’un épisode de celle des hommes. (Mme de Staël). C’est l’égoïsme en deux personnes. (Boufflers)
« Le canon fait boum-boum, la mitrailleuse fait tatata. » Maréchal Joffre

18 juillet 1949

Cunningham : ODE 31-61. Chez Otero, 123, bd St-Michel. Gatti lit sa pièce : « Les Menstrues ». 5 actes. Souvtchinsky et sa femme, Boulez, Otero, Danielle, Collin de Combat, des Vénézuéliens, John Cage, 20 en tout. Réticente aux 1er et 2e actes, l’assemblée marche à partir du 4e. Poème ou théâtre, c’est bien.

24 juillet 1949

Arrivée Tour de France avec Gatti, au parc des Princes. 1er Van Steenberger. Gagnant : Coppi, Bartali, Marnelli, Jean Robic, Dupont, Magni.

5 août 1949

Suite courrier désespoir.
Manifestation Concorde – Un manifestant rue de Rivoli : Salauds de flics !  Mais les Chinois arrivent ».

10 août 1949

Les vieux manuscrits bibliques de Jéricho

13 août 1949

Soirée chez Gatti avec Otero, Cage, M. Cunningham : théâtre « Le Destin de l’araignée ». Raccompagné Otero.

14 août 1949

Austerlitz 12 h 30 – départ pour Arès (Landes) : incendies forêts.

15 août 1949

Arrive Arès – incendie fini – fumées – Bordeaux – Dîner avec Châteauneu et sa femme au restau.

16 août 1949

Avec Châteauneu, correspondant P.L. Dîné le soir chez eux.

17 août 1949

Dîné chez Châteauneu, 43, rue de la Franchise.

18 août 1949

Rentré à Paris 16 h 45 – 23 h.

27 août 1949

Vu à Madeleine, Le Voleur de bicyclettes (avec Wang et Gatti, Danielle). Envoyé lettre à Simon Arbellot (l’Aurore) qui vilipende la Libération.

28 août 1949

Un statisticien indou : « Notre dernière famine a été un échec. Elle n’a tué que 3 à 4 millions de personnes, et c’est encore le taux de natalité qui a gagné ».
Envoyé avec Gatti lettre à journaliste Cuzin, de l’Aurore, critique stupide du « Voleur de bicyclettes ».

29 août 1949

Veste à 1 000 F – 2 tons
Qui sont les cons ?

30 août 1949

Une flopée de Danoises volées, violées.

2 septembre 1949

Gatti part en vacances chez amis à Grenoble.
Pyrrhus à Cythère.

3 septembre 1949

Je ne connais rien de plus pauvre sous le soleil que vous autres, Dieux ! (Goethe, 1774).

4 septembre 1949

« Le génie allemand, quand il est vraiment grand, contient autant de bon que la grandeur le permet, mais implique aussi toujours la « mauvaise » Allemagne. » Th. Mann (sur Goethe).

8 septembre 1949

Gilbert rentré d’Italie avec Janine. Gatti, de Grenoble, fait appel de fonds.

9 septembre 1949

Sorti avec Mme Barkay (consulat d’Israël) et ses invités (dont une « personnalité » Mme Heulitz). Lapin agile, Poisson d’or.

9 septembre 1949

Sorti avec Mme Barkay (consulat d’Israël) et ses invités (dont une « personnalité » Mme Heulitz). Lapin agile, Poisson d’or.

10 septembre 1949

Radiguet selon Cocteau : « le miracle de la Marne » – Lacan.

14 septembre 1949

6-8 Luis Mariano.

17 septembre 1949

Vu Boulez chez lui avec Saby.

23 septembre 1949

Claudie téléphone – Rentrée de Bandol – Repart à Buenos Ayres.
Truman annonce que les Russes ont la bombe.

24 septembre 1949

Chez Boulez – Saby, Catherine – Sorti avec Cl. qui repart demain pour Buenos.

26 septembre 1949

Corvée de guili-guili (Lescure – Fargue).
Avec Saby aux Folies Bergères où Boulez tient par intérim les ondes Martenot – Féeries et folies. Toutes les aberrations sexuelles. Boulez coiffé au final écossais, d’un béret.

27 septembre 1949

Rendu mon enquête sur « Clubs, sociétés et compagnies ».

28 septembre 1949

Déjeuner avec Champagne. Cercle de France. Départ pour Metz, procès.

29 septembre 1949

9 h : procès empoisonneuse de Hayange.

30 septembre 1949

Procès des J3 de St-Avold : Ferdinand Tamburelli et Edwige Harmann-Bonsch

1er octobre 1949

À Hayange le matin. Rentré Paris 15 h.
Lancement du petit bateau de Marchal, quai d’Anjou. Pagliero, sa femme, De Caunes et Didda Harologlottir, Armorin, Scipion. Les Marchal. Émission radio, puis banquet. Didda fait des approches. De Caunes furieux.

2 octobre 1949

Retour de Metz. Gandrille mis à la porte.

3 octobre 1949

Modestie, orgueil des incapables.

4 octobre 1949

Pyrrhus à Cythère
Avec Boulez et les Gatti rentrés, au cinéma.

6 octobre 1949

Duel François Chalais – Willy Rozier. Corrida – incidents – le duel a lieu l’après-midi. Chalais éraflé.

7 octobre 1949

Téléphoné Islandaise, venue me prendre au P.L. – Dîner, puis « Poisson d’Or » – Rentré 4 h.

10 octobre 1949

Dîner avec Jeff Kessel, Michèle O’Brien, Armorin, de Caunes et l’Islandaise. Ensuite, à 2 h du matin, en bateau du pont Marie au pont de l’Alma. Perdu la lampe du bord, puis cabaret « Colavados ».

16 octobre 1949

Conduit parents à Austerlitz. Rentré par quai d’Anjou où Armorin, de Caunes, Didda et les Marchal dînaient. Much ado – Bagarre avec de Caunes.

18 octobre 1949

Soirée chez Boulez avec Souvtchinsky, Saby, Cage, Gatti, Danielle. Discussion sur la pièce : Les Menstrues.
Otero ne fait rien – La musique (dans le creux). Discussion sur Schönberg et Berg que démolit Boubou. Seul Webern trouve grâce.

19 octobre 1949

Visite de Freddy qui voyage en 202 avec une secrétaire-maîtresse-mannequin.

20 octobre 1949

À midi chez les Gatti, réception pour le départ de John Cage et Merce Cunningham, avec Boulez, Souvtchinsky, Verroust, Saby.

21 octobre 1949

Boulez, hors d’haleine, arrive, avec Cage, au journal et me dit de m’asseoir : il a toutes ses œuvres éditées, y compris le quatuor ! il a signé ses deux premiers contrats ! Cage, deus ex machina, sourit. Il a tout arrangé. On boit chez Gatti à la santé du Maître. Le soir, 17 h 30, réunion à l’hôtel de Bourgogne avec les mêmes et d’autres.

22 octobre 1949

Papier de Korat ivre aux funérailles du roi Alexandre : « Puis s’avance dans ses voiles blancs la reine qui pleure comme une vache. D’ailleurs tout le monde pleure. Les ânes pleurent, etc. Renvoyé du « Matin » après çà !

23 octobre 1949

Dîner des reporters rue Louis-le-Grand, avec Labarthe, grand raconteur d’histoires, puis chez Harry’s Bar et au Saint-Yves, chez Ronie et Feurette.

24 octobre 1949

Il lui avait donné 275 fois le meilleur de lui-même.
Émission « Au rendez-vous des envoyés spéciaux » chez Denys de Pouilly – loupée.

25 octobre 1949

Ebel naturalisé français depuis 10 ans, quarantaine, déjà impliqué, très fort accent, résident à Genève – Cie d’aviation – Arrêté : co-auteur de – trempe dans d’autres histoires. Règlement en francs suisses se fait à Genève – le leur, en lingots, se fait à Amsterdam, port franc. Ebel est courtier et fait de l’arbitrage de place à place.

27 octobre 1949

Émission « Au rendez-vous des envoyés spéciaux » chez Labarthe (Armorin, de Caunes, Derosne, Sevry, Diwo, Buffet), bon.

28 octobre 1949

Avion Paris-New York percuté aux Açores (à bord, Cerdan, violoniste Ginette Neveu, 48 personnes).

30 octobre 1949

À l’Aurore, rencontre de Cuzin à qui Gatti et moi avions envoyé une lettre d’injures. Réactions ? Paroles…

1er novembre 1949

À Vannes, reportage des thoniers perdus. Retour le soir.

2 novembre 1949

2 procès Gaveau – procès des généraux.

3 novembre 1949

Procès Gaveau, déposition du président de la cour martiale allemande de Fresnes.

6 novembre 1949

Avec Armorin, noce impromptue place Clichy.

7 novembre 1949

Coup de téléphone d’Ofra – en France pour un an aux sciences Po.

8 novembre 1949

Sorti avec Ofra – « The Third Man » au Biarritz.

12 novembre 1949

Duel Roger Nordmann-Tixier-Vignancourt. Rendez-vous raté rue de Madrid à cause Ancel. L’après-midi, promenade sur la Seine, bateau de Marchal.

14 novembre 1949

Dîné avec Armorin, Grove, Benedict (adm. de Franc-Tireur) et Buffet au Moulin à Vent. Jack Bilbo était l’invité. C’est un juif anglais énorme et barbu qui fait le tour du monde sur son bateau « De Brave Hendrik ». Il a fait toutes les guerres civiles, fut colonel de la FAI en Espagne, conduisit des émigrés juifs en Palestine, etc. Écrivain de plus (livres sur Picasso et les modernes), peintre, sculpteur… Authentique capitaine au long cours de surcroît. Saoulerie chez lui après.

16 novembre 1949

Salle Erard avec Boulez, Saby, les Gatti, entendu « Pierrot lunaire » de Schoenberg par un orchestre italien – remarquable.
Auparavant, discussion sévère avec Diwo qui voulait m’envoyer à Orly.

17 novembre 1949

Dîné avec Jack Bilbo sur son bateau « De Brave Hendrik » avec Grove, Armorin.

24 novembre 1949

Depuis quand faut-il se retourner pour voir l’avenir ?

25 novembre 1949

Grève générale de 24 heures.
Avec Boulez, Gatti vu « Louisiane Story » de R. Flaherty.
Lettre de Gatti à Helmann au Maroc : « … Entre les gens qui crient parce qu’ils ont une pierre sur le ventre et ceux qui crient parce qu’ils veulent s’en débarrasser, j’ai toujours préféré les seconds. Je ne parle pas évidemment de ceux qui se mettent un dérisoire caillou pour trouver là-dedans le besoin de crier »

26 novembre 1949

Gatti et Boulez désolés : « Otero n’arrive à rien. Impasse… »
Avec Wang, Dante et Petrus à Marigny « Hommage à Copeau » (Barrault, Jouvet, Madeleine Renault, Valentine Tessier).

27 novembre 1949

Les sursitaires de la mort. Le poing sur l’empire.

29 novembre 1949

Le prof. Arthur Jeffrey Dempster de Chicago réussit à fabriquer quelques traces d’or à partir du mercure. « Riz amer » avec Gatti, Boulez, Saby.

2 décembre 1949

Dîner chez Henri « Moulin à Vent » avec les Gatti, Wang, Boulez et Saby. Rentré 7 heures du matin après tournée aux Halles en parlant de Finnegan’s Wake – (Gatti opposé). Petrus et Dante m’offrent un foulard, Wang un agenda et Danielle une orchidée dans une boîte de mica transparent.

3 décembre 1949

Reçu télégramme de Buenos Aires de Claudie.

4 décembre 1949

Déjeuner « famille » à la maison avec les cousins de Genève.
Pied de grue à la DST pour les expulsés de Pologne (affaire Robineau).

5 décembre 1949

Dîner avec Gatti, Danielle, Petrus chez Saby à Passy. Rentré 8 heures après de longues discussions sur Joyce, les lois de complémentarité, l’ENIHC, etc. et Joyce évidemment.

6 décembre 1949

Procès objecteur de conscience J. Bernard Moreau au Cherche Midi. 1 an de prison.

8 décembre 1949

Soirée chez Verroust pour le baptême de son fils. Boulez, les Gatti, Otero. Le torchon brûle entre Petrus, Dante et Otero depuis le retour d’Espagne (ne travaille plus selon les premiers, influence regrettable et inattendue des Vélasquez du Prado).

9 décembre 1949

Déjeuner chez Leleu et sa femme 4 square Lagarde – mansarde.

11 décembre 1949

O sottise ! qui ne sort que dans un moment pareil, l’œil comme un miroir cassé, multiplie les nuages de sa peine et vont dans des lieux lointains et innombrables une douleur qui est à portée de la main. E. Poe

12 décembre 1949

Bateau de Bilbo avec Gilbert et la voiture de Caunes – télévision – filmé pour le journal télévisé.

13 décembre 1949

Mort de Charles Dullin – après Copeau.

14 décembre 1949

Couché depuis deux jours avec un effroyable rhumatisme au genou gauche. Pas dormi.

15 décembre 1949

Toujours au lit.
Pleurez, pleurez mes yeux et fondez. La moitié de ma vie a mis l’autre au tombeau. Corneille

16 décembre 1949

J’ai connu le bonheur, mais ce n’est pas ce qui m’a rendu le plus heureux (Renard).
Anniversaire de mon frère Théo. Lu dans Blanchot un passage sur la jambe coupée de Rimbaud – élancements. Le Messie de Haendel à la radio. Le médecin Lazarovici arrive. Visite de Wang.

17 décembre 1949

Toujours au lit. Merde. Visite de Wang, comme hier – qui vient d’offrir des livres avant liquidation (un dictionnaire de son père).
Arthrite (séquelles de Lyon). Nécessite des piqûres intraveineuses : décalcification.

18 décembre 1949

Avec le temps, on aime plus de morts que de vivants.
Visite de Gatti – projets divers.

19 décembre 1949

On n’est pas fou sans raison.
Une semaine au lit. Genou encore enflé.

22 décembre 1949

Hermès. Note de frais. 100e émission du journal télévisé (avec Armorin).
Sorti avec Cl. vu « Passport to Pimlico » au Broadway.

23 décembre 1949

Hermès –
Cartes Bilbo – Barkay – JJR – Pearlmann – Note de frais.

26 décembre 1949

Avec Cl. cinéma

27 décembre 1949

Cromwell : On ne va jamais aussi loin que celui qui ne sait pas où il va.
Rédigé avec Gatti une réponse à « Combat » mettant en cause Boulez à propos de son article dans revue.

29 décembre 1949

Sorti avec Ofra et Armorin – Saint-Yves, Rose rouge.

31 décembre 1949

Réveillon avec Gatti, Danielle, Boulez, Saby, Wang, Fred, Tosca, Claudie. La Sonate des Spectres (Strindberg) par Roger Blin à la Gaîté Montparnasse : 60 personnes dans la salle… Puis, au Mont-Blanc, rue de la Huchette – festin plantureux 10 995 F pour tous. Ramené Claudie à 6 heures.

Catégories
19ies

1950

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

2 janvier 1950

Wang vient déjeuner et me fait cadeau de son phono. Sorti Cl.
« On doit se garder d’appliquer les mêmes règles au salut de l’Etat qu’au salut de l’âme, car le salut des âmes s’opère dans l’autre monde, tandis que celui de l’Etat ne s’opère que dans celui-ci ». Richelieu

3 janvier 1950

Parti à 8 h pour Grasse.
« Ce qui rend notre culture si difficile à communiquer au peuple, ce n’est pas qu’elle soit trop haute ; c’est qu’elle est trop basse. » S. Weil
A Grasse 1 heure du matin – hôtel des Négociants.

4 janvier 1950

Expédié trois lettres – Vu deux personnes Paulette et son têtard (conversation théologique : la grâce, les œuvres, Luther, l’année sainte, etc.)

6 janvier 1950

Travaillé un peu aux nouvelles.
« La nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement ». Constitution IV République.

7 janvier 1950

La journée à Monte-Carlo. Déjeuner chez Caillaud – Gare de Menton 19 h 30.

8 janvier 1950

Monaco – élections au Conseil national. Rentré 1 heure du matin.

9 janvier 1950

Article mutilé dans P.L.
« En un discours aussi improvisé qu’éloquent ».

12 janvier 1950

À Menton, 19 h 45 – avec Vidal et la douane en montagne jusqu’à 1 heure du matin. 2 Français et 2 Italiens arrêtés.

13 janvier 1950

Interrogatoire des détenus. Perquisitions à Monaco pour d’autres affaires. Retour Grasse 20 heures.

16 janvier 1950

St-Vallier – Nobile, Cornavan, Mme Kessel – Tylé – se porte bien !
Le soir à Marseille 20 h. Vu Wang et deux Chinois qui rentrent avec lui : un ingénieur Teng, et un économiste Tchang. Hôtel de Provence.

17 janvier 1950

Déjeuner au champagne, appareillage du Champollion au cap Janet 16 h 20 (des soldats pour l’Indochine).

18 janvier 1950

Cathay Restaurant Etoile. La journée à Lyon avec Freddy – aux abois – et JJ. Tchao de la part de Chang tseu jo.

19 janvier 1950

Rentré Paris 9 heures. Comment confectionner des agglomérés béton ?
Danielle Gatti a eu son fils hier : Guerre civile ?

20 janvier 1950

Visite à Gatti Stéphane – Le soir, avec Cl. et Armorin altercation avec 4 antisémites. Puis conférence abjecte de Tixier-Vignancourt sur l’amnistie.

21 janvier 1950

Georges Guy – The Putney School, Putney, Vermont. (préservatifs, comics).

23 janvier 1950

Envoyé lettre à la RA.P.concernant une amende de 200 F infligée à Wang. Joli texte. Piqûre de calcium.

24 janvier 1950

Lettre de Haja, à Paris.

25 janvier 1950

Marionnettes – piqûre –
Déjeuner de la rédaction. Personne n’y va. Avec Gatti, Saby, Boulez et Henri Michaux au théâtre de poche pour « L’Exception et la règle » (B. Brecht) et « le Gardien du tombeau » (Kafka), puis cafés jusqu’à 3 heures du matin.

26 janvier 1950

Rhume carabiné. Gagné 500 F à la loterie. Prêté 9 000 à D.G.

27 janvier 1950

« Il le haïssait d’une haine féroce, sournoise, d’une haine de paysan volé » (Maupassant).

5 février 1950

Chez Flinker, en face de Gatti avec Saby et eux : un jeune Allemand (poète) et deux filles. Dante explique la littérature : rien en dehors de Joyce, Mallarmé, Kafka, Michaux. Valéry ? zéro ; Lorca, zéro ; Apollinaire, trois fois zéro. Gêne générale. Audition d’un disque : Joyce lisant « Anna Livia Plurabelle ».
À déjeuner Clichy, Dante, Danielle et Stéphane.

6 février 1950

Maman à Hayange – Gilbert à Vanoise avec Janine.

8 février 1950

Commencé enquête avec Gatti : Donnez-leur encore une chance !

9 février 1950

Lettre de Wang de Colombo.

11 février 1950

À 9 heures, arrivée à la porte d’un gendarme qui vient m’apporter mon livret militaire ! après tout…

12 février 1950

La soirée rue de l’Hôtel de Ville à Neuilly chez Catherine Bailly, sa fille, ses amis, avec Boulez, Saby.

13 février 1950

Einstein déclare que la bombe H peut détruire toute vie sur la terre.

14 février 1950

Enquête sur Dellapina, un des « Arsène Lupin » de Neuilly : au 40 de la rue Lauriston, domicile du bandit, Pichon, le photographe, et moi tombons sur une souricière : deux flics revolver au poing…
Signature du pacte russo-chinois (Staline et Mao-tsé toung)

16 février 1950

Dîner chez Gatti avec Saby et Flinker.

17 février 1950

Ayant écrit à Henri Bordeaux, pour un article de style antisémite chrétien, il me répond en m’assurant qu’il priera pour ma conversion !
Avec Armorin, meeting à la Mutualité « Pour les objecteurs de conscience ». Paul Rivet, Altmann, Foutaise anarcho.
Armée du Salut (Col. Péan, major Simonin, brigadier Penée).

18 février 1950

Pierre Seligman, Buenos Aires. Acheté réveil en musique 2 300 F Lancel (Aïda) – Avec Cl. vu « Autant en emporte l’histoire »

21 février 1950

Avec Gatti, habillés en miséreux, à la Cité, refuge de l’armée du Salut 12, rue Cantagrel) – Dîner, coucher en dortoir – Retour à 6 heures

22 février 1950

Salle Erard, concert Schoenberg « Kammer symphonie » 15 chansons sur « Jardins suspendus » St Georg et Cosson – suite.
Ensuite, café avec Boulez, Gatti, Souvtchinsky, sa femme et une autre cantatrice.

24 février 1950

Ministère de la Justice : Mme Brest-Dufour, conseiller technique (incompétente).
Les travaillistes serrés de près par les Tories (310 contre 290).

25 février 1950

Reporters
Dîner « À la grâce de dieu », Courtade, Hervé, Labarthe, Pado, Armorin, Terry, Korab. Discussion : les cocos demandent une démarche pour faire accorder 1 visa à Elya Ehrenbourg – Motion nègre blanc. Bal des fleurs, rue des Patriarches.

26 février 1950

Suicide de Portail (Marcelle)
Soirée avec Boulez chez Saby, av. du Colonel-Bonnet.

27 février 1950

Dîner avec Haja B.
Visite à la suite d’une lettre, à Bagneux : un huissier du ministère des Finances, fou de chiens et de galets, laisse crever sa femme et son fils.

28 février 1950

Casse à Nova Mir. Les nerfs en pot de fleur.

1er mars 1950

Avec Cl. légation sino-bouddhisme

2 mars 1950

Légation d’Israël

3 mars 1950

Maurois, Romains, etc., de la diarrhée de mammouth.
Bagarre à la Chambre : un communiste occupe la tribune, en est chassé ; de Menthon blessé… à propos de la loi pour réprimer le sabotage (les armes américaines doivent arriver incessamment en France).

5 mars 1950

Déjeuner à la maison avec Danielle et Gatti – Ensuite, journal – papier sur Bordet, condamné à mort injustement. Refus de le passer.
Chez Gatti et Flinker ensuite avec Saby – lecture de Morgenstern.

6 mars 1950

Grève des transports_
Procès du GI Edelbaum assassin d’une prostituée – Cherche-Midi : tribunal américain – méthodes américaines. La gauche gagne aux élections grecques.
Mort d’Albert Lebrun. Auriol en Angleterre demain.

7 mars 1950

Liquéfaction : scandale des généraux, empoignades à la Chambre, grèves.
De Gaulle avant-hier : « J’ai confiance… les événements se précipitent ».
Procès GI : Edelbaum condamné à 2 ans et 6 mois !

8 mars 1950

Musique salle Erard avec Gatti.
Le soir, aux usines à gaz et électriques de la banlieue nord (grèves et réquisitions).

9 mars 1950

Déjeuner Najar, Barkay et Serge Groussard chez « Denys de Pouilly »

11 mars 1950

Fin de la grève des transports.

12 mars 1950

Les patrons de la métallurgie refusent toute augmentation aux ouvriers ; ils ont repris, en cinq ans, toute leur assurance. Accident d’aviation à Cardiff. Un Tudor s’écrase : 80 morts. Léopold II : 57 % au référendum belge.

13 mars 1950

Reuilly. Procès huis clos du Commandant Teulery pour avoir livré des secrets à la Yougoslavie. 5 ans de travaux. Défendu avant l’excommunication yougoslave par deux avocats communistes. Puis, à la fin, lâché et défendu par un autre, Blateau.
Match de boxe Vel d’Hiv’ avec Groussard. Stock met Krawik KO. Après, ballade jusqu’à 1 heure (un peu inculte, le Groussard !)

15 mars 1950

Cinémathèque « La Ligne générale », Boulez, Saby, Danielle.

16 mars 1950

Avec Cl. au cinéma : « La Marie du port » – moche.

17 mars 1950

Lu Michel Kolhaes, de Kleist

18 mars 1950

Dîner Freddy – Grand guignol

21 mars 1950

Cinémathèque, Gatti, Saby « Vampire » de Dreyer

24 mars 1950

Engueulade au journal avec Larquier – Suis augmenté
Les surréalistes, c’est de braves gens. Souvtchinsky

26 mars 1950

Anniversaire Boulez – Saby, Claudie, les Gatti, puis Flinker. Boulez, en smok, revenait de « Malbrough s’en va-t-en guerre ». Dîner au Mont-Blanc. Parle de son nouvel essai « Les coups de dés »  en musique  (plus difficile que le quatuor… j’y mettrai tout le temps qu’il faut…).

27 mars 1950

Guerre et paix (fin).

28 mars 1950

La commission d’enquête sur les généraux

29 mars 1950

Bateau Armorin. Je demande à Bellanger d’être nommé « grand reporter ». Ça pourrait lui coûter de l’argent. Solution : « reporter » membre de l’Association française des grands reporters.

30 mars 1950

Les officiers continueront à parler au peuple et diront : Qui est-ce qui a peur et manque de courage ? Qu’il s’en aille et retourne chez lui afin que ses frères ne se découragent pas comme lui. (Deut. XX 8-9)
Film anglais « Noblesse oblige ».
Mort de Léon Blum : épouvantable cri de joie et de haine de Larquier : « Ça y est, il est crevé, le salaud… il est crevé ! Ah, que j’suis content, etc. Ah ! Qui nous débarrassera des juifs ? Il nous faudrait un homme à poigne comme Mendel.»

2 avril 1950

Déjeuner et dîner chez Marchal – avec les Gatti, Armorin, De Caunes et l’Islandaise (Didda Haroldsdottir) – promenade en bateau « Belle de Jour »

5 avril 1950

Donné à revue « Évidences » papier sur Tel-Aviv.
Contre la publication des mémoires de Skorzeny par le Figaro, manifestation communiste. Le Marignan dévasté – chocs répétés, un photographe assommé.

7 avril 1950

À la centrale de Poissy avec Gatti et le photographe Pilon. Vu le directeur Casanova.
A 7 h, gare Saint-Lazare, aumônier protestant de Fresnes, pasteur de Lure .

8 avril 1950

Dîner Port à l’Anglais – Boulez, Grove, Saby, Gatti, Armorin, Buffet, Marchal, Leleu – Bateau.

9 avril 1950

Scandale à Notre-Dame : un ex-dominicain monte en chaire et anathématise l’église . Arrêté avec deux autres (Mourre). Un hic : la bande avait proposé le reportage à un journal la veille.

10 avril 1950

La merde s’obtient sans ascèse.

11 avril 1950

Chez Boulez : qui fait des imitations aux ondes Martenot. Après, visite galerie de Beaune : Kandinsky. Acheté Ulysse 1 580 F.

12 avril 1950

Chez Saby, avec Boulez et les Gatti. Chanvre. Rentré à 5 heures – parlé de presse à bras, projet où Gatti veut nous entraîner.

15 avril 1950

Photos pour l’enquête, Bd Arago, les prisonniers de la Santé qu’on aperçoit à travers le feuillage et le grillage.

16 avril 1950

Avec Armorin et sa Fiat, dîné à la Pyramide, puis au Bois.

17 avril 1950

Un imbécile du nom de Massignon accuse les juifs de « crimes rituels » dans une revue !

18 avril 1950

Coup de téléphone de Freddy aux abois (faillite en vue).

19 avril 1950

Fin de l’enquête avec Gatti « Donnez-leur encore une chance »

20 avril 1950

Ah ! comme on est mal à son aise quand on a comme soupirant un commandant, un aspirant de la marine française – Coup de roulis

21 avril 1950

Boulez – Gatti – Saby : on fête le départ du Maître pour l’Amérique avec J.-L. Barrault. Boulez joue une musique de Morton Feldmann, un Américain qui lui a demandé par lettre son avis. Bon. Royal Monceau – 2e anniversaire de l’Etat d’Israël. Barkay, Najar, Groussard, Nathan.

22 avril 1950

Lu Music To-day, revue de la SIMC (avant-garde musicale). « J’ai toujours été d’avis, déclarait Schoenberg à Venise, qu’en tout festival de musique, je suis le seul compositeur. » Dante en reportage à Monte Carlo parti hier soir.

23 avril 1950

Lu Héraclite (préface de René Char).

24 avril 1950

Parution sous bandeau de « Donnez-leur encore une chance ». 2 lettres, 3 visites.
À propos de la mort d’un ouvrier à Brest, Benjamin Péret écrit : « Martyrs préfabriqués »

26 avril 1950

Corvol m’apprend quelque chose sur Claudie.

27 avril 1950

Lettre à Claudie pour en finir.
Soirée chez Flinker en l’honneur de Petrus : Saby, Danielle et Thomas Harlan, « jeune poète » allemand. Boulez me dédicace sa première production imprimée chez Heugel : « 2e sonate ». Rentré 4 h ½

28 avril 1950

Dans l’enquête, notre photo en « repris de justice ». Visites et lettres affluent.
Départ de la troupe du Marigny – Barrault Renaud, etc. pour l’Amérique du Sud. – les Souvtchinsky – Saby – les Gatti. Photos.

29 avril 1950

Pluies – 1ère audition d’une œuvre de Petrus : 2e sonate, École normale de musique. Atmosphère hernanienne. Après du WF Bach, du J.L. Martinet, Yvette Grimaud joue (mal) la sonate. Bruits, fous rires, « C’est pas bientôt fini ? » « Taisez-vous ! » Gatti fulmine. Après l’exécution, nous sortons : Saby, les Souvtchinsky, Otero et les Vénézuéliens, les Gatti, Verroust, café, bagarres, verres brisés, puis les Halles.

30 avril 1950

Morne meeting aérien à Villacoublay avec Saby – le para Valentin devait voler, on ne l’a pas vu. Retour dans la cohue à 21 heures. Dîner chez Saby. Rentré 1 h du matin – Beau temps.

2 mai 1950

Vu Bernier, chargé de presse à la Shell, pour un éventuel voyage au Venezuela.

3 mai 1950

Lettres et visites continuent.

4 mai 1950

Corvol me parle de Cl. : le prétendant éjecté par le père !
Départ à 16 heures aux Invalides d’Armorin (Extrême-Orient). Le soir chez Catherine avec les Gatti et Saby. Au retour – à 3 h ½ – Danielle me raconte ses ennuis : elle trouve qu’elle n’est pas assez cultivée…

8 mai 1950

Lettre ouverte au Garde des Sceaux.
Gatti raconte que, rédigeant son 5e acte cette nuit, il s’émut tellement du sort de ses personnages qu’il versa une larme.
Chez Saby dont c’est l‘anniversaire, repas (Otero, les Gatti). On lui offre un album de Klee. Puis, lecture du 5e acte des « Menstrues », plein de beautés.

9 mai 1950

Fin de l’enquête mais visites sur visite, lettres… Déjeuner avec Leleu et sa femme expectante.

10 mai 1950

Un savant soviétique, G. Bochian aurait transformé une préparation théoriquement stérilisée, morte, en virus vivants ! (de même des virus en microbes et des microbes en virus)

11 mai 1950

Ecrit à Boulez à Rio pour lui donner des nouvelles de la soirée sonate.
Chez Flinker, Thomas Mann signe « Docteur Faustus »

12 mai 1950

Parlé à Fargue projet d’aller en Guyane et au Venezuela. D’accord en principe.
Le soir, avec les Gatti et Toussaint à la Sorbonne. 2e audition de Boulez et du Messiaen. Mais, pas de piano. Tout est remis – Tant mieux !

13 mai 1950

Dîner chez Toussaint rue du Laos avec les Gatti, Saby.

16 mai 1950

À Air France, Deberge me garantit l’avion pour Rio. Reste Rio-Caracas. St-Jean d’accord sur le principe.
Mutterer échoue au Prix Albert Londres

17 mai 1950

Fargue et Bellanger d’accord.
Un repris de justice vient apporter 3 romans à lire, un autre un scénario, le troisième un « plaidoyer pour ma réhabilitation ». Carte de Hongkong d’Armorin.
Le soir 22 h vernissage Expo 70 rue Bonaparte, Mateo Marraure, ami d’Otero.

18 mai 1950

Les « Partisans de la paix » font signer à tour de bras « pour l’interdiction absolue de l’arme atomique ». Nous signons et faisons signer.

19 mai 1950

Grève des agents – Dans le métro, Concorde, vu Cl. Je lisais.
Après le scandale réussi de Notre-Dame, un jeune crétin, Galard de Béarn, veut faire sauter la Tour Eiffel. Arrêté. Un papier.

20 mai 1950

Déjeuner chez les Gatti. Visite avec Dante de l’art médiéval yougoslave. Puis chez Saby.

21 mai 1950

Papier sur l’Unicef (aide aux enfants)
Lettre de félicitations de l’abbé Rochoin (secours catholique) pour l’enquête.
Martin-Chauffier et Obolenski ont reçu leur grade d’officier et chevalier de l’ordre du Bien public.

24 mai 1950

Mise au point avec Gatti de l’enquête « Leur dernier quart d’heure »

25 mai 1950

Visite de Cahurel le réhabilité qui lutte encore. Lettre à Cl.

26 mai 1950

Lettre de Cl. qui m’attendrit d’abord, puis me rend furieux.

27 mai 1950

Lettre à Cl.

28 mai 1950

Route pour Phalsbourg avec Gilbert dans la voiture de Janine. Déjeuner à 13 h à Ligny-en-Barrois. Arrivée 17 h Phalsbourg. Couchés hôtel de la Gare, Saverne.

29 mai 1950

14 h : mariage à la chope de Phalsbourg – T. Weil : 18-12-1920, 59 ans. Désirée Weil : 19 avril 1918, 54 ans. Déjeuner dîner à l’hôtel de la Gare à Saverne.

30 mai 1950

Caroline Weil : 1832-1925 –
Strasbourg – Berr – Epfig – Sélestat (tombe des grands-parents). Colmar. St Louis avec oncle René et tante Camille, à Bâle (dîner puis visite à des amis). Couché Hôtel St Louis.

31 mai 1950

Grand-mère. Dijon : Mme Vve Nathan Blum, sœur de Daniel, rue Ferret, Distillerie Guillot. M. Armand Blum. Quitté St-Louis 9 h 30 – à Dijon 14 h – visite à la grande tante Céline Blum, née Bernheim, 86 ans qui identifie les photos et en donne d’autres – panne à Auxerre. Arrivée Paris 11 h 30

1er juin 1950

Courrier. Entrevue Bellanger (d’accord pour Guyane – Brésil ou Mexique). Lettre de Boulez de Rio.

2 juin 1950

Marcel Boussac envoie son homme d’affaires me voir, suite à lettre relative à Marcel Boussac, repris de justice.Vu Saby : arrange voyage avec lui et Dante pour Grenoble et Nice (l’enquête « Leur dernier quart d’heure). Poèmes.

3 juin 1950

Reçu une image pieuse – la descente de croix – de Cahurel le forçat.
Mauvaise nuit (cauchemars rêves avec Cl.)

4 juin 1950

Chez Gatti – Danielle part pour Monaco – gare de Lyon

5 juin 1950

Chez Saby, dîner avec Dante

7 juin 1950

Gatti déjeune à la maison

8 juin 1950

« On est forcé d’être contre la bombe sans quoi on saute tous en l’air » (??) Maurice Chevalier – Gare de Lyon 22 h pour Lyon.

9 juin 1950

Arrivée Grenoble 7 h 15. Hôtel de Savoie. Vu Laurent, correspondant. Après-midi, Wolfron, l’alpiniste. Vers 8 h, Antoine Rèche, fusillé et vivant. Couché minuit.

10 juin 1950

Départ car pour Nice 9 h – voyagé jusqu’à Digne avec une rédactrice à l’A. publique. Déjeuné à Digne, arrivée Nice 19 h. Monaco 20 h chez Mme Gatti mère (Saby, Dante, Danielle et Stéphane y sont déjà). Nuit à l’hôtel « Splendid ». Caillaud partie d’échecs.

11 juin 1950

Déjeuné chez les Gatti, puis à Nice à la recherche de l’abbé Laurent, curé expulsé, ancien légionnaire… mais réticent à la publicité. 20 h chez la tante de Danielle, Mme Mantel, villa Chiquita, bd Carabacel. Cousine de Danielle, Janine. Dîné chez elle.

12 juin 1950

Nuit à l’hôtel de Calais – Départ pour Grenoble et Lyon par le car – déjeuné Sisteron, Grenoble. 19 h Lyon. 20 h 30 : visite à J.J. Orage sur un quai de la Saône vers 1 h du matin, Saby, Gatti et moi sommes « foudroyés » : à moins d’un mètre, la foudre tombe et file entre nos jambes.

13 juin 1950

Arrivée train Paris 13 h 30. Gatti vient déjeuner. Visite de René et de sa femme.
En rentrant au journal, le bruit court qu’Armorin est perdu dans une catastrophe d’avion à Bahreïn. Démenti : il n’a pas pris celui-là. Corvol m’a dit que Cl. est indignée par ma lettre, « Trop dure ». Vers 23 h 30, confirmation : Armorin est à bord !

14 juin 1950

« La Flèche d’or » pour Londres. Arrivée Victoria 19 h 30. Chambre au Brown’s Hôtel, Dover street. Puis bureau de Champagne où je téléphone un papier Armorin.

15 juin 1950

À 10 h avec Champagne et l’officier de sécurité de la Navy, Pearce, à Chatham pour l’interview des deux rescapés du SM « Truculent », l’ingénieur Stevens et l’ouvrier Griffith. Déjeuner Ecu de France. Rencontre d’Auclair à la BBC ; dîné au Brown’s – Ferry à 22 h Victoria. Mal dormi : courbatures. 2e avion perdu à Bahreïn !!

16 juin 1950

Arrivée Paris Nord 9 h 20 – au PL grands articles sur Françon dans tous les journaux. À 18 h aux Invalides, j’accompagne André Sevry. Il part pour Bahreïn identifier le corps (avec les fiches dentaires) et tâcher de le ramener. Il me dit : « S’il m’arrive quelque chose, je veux être enterré à Crest avec François. » Nous nous embrassons.

17 juin 1950

Un papier passé sur les machinations de Saigon (François et les gangsters). Visite aux Marchal, le soir. Vers 10 h dans la chambre de François ; la porte grince ; Marchal me donne le livre de bord du Guardian et 1 photo – Huguette partie à Valence, effondrée (avec un mystérieux don posthume de François). Sevry arrivé à Bahreïn.

18 juin 1950

Gatti déjeune chez nous. Fatigué, dépression. Câble de Sevry à F. T. sur l’accident et ses causes. Armorin pas encore identifié.

19 juin 1950

Envoyé lettre aux parents d’Armorin et à Huguette Couppié.

20 juin 1950

À Orly 5 h – arrivée du Paris-Saïgon : Sevry – on attendait Franchini – Rien retrouvé d’Armorin. Le soir dîner chez Saby avec Dante. Fatigue écrasante, jamais éprouvée. Je m’endors toutes les cinq minutes. Dans le taxi encore.

21 juin 1950

Lettre de Huguette Couppié – Dîner avec Gatti rue St-Didier chez les Bonnardot. Poker jusqu’à 5 h.

23 juin 1950

Armée du salut – 10 h. Vu Kolonel Péan (pour Guyane) et major Simonin.
Travail rédaction enquête. Fred apprend à Gatti la mort de son bébé (trois jours).

24 juin 1950

Gatti déjeune Clichy.

25 juin 1950

Arrivée de Robert Tondini avec papa. La Corée du Nord (pro-soviet) attaque la Corée du Sud (pro-améric .)

26 juin 1950

Déjeuner chez Denys de Rouilly avec Geulor (de l’agence SDE), Audouard, Sevry, Henri Monnier. Prix F.J. Armorin créé (Sevry : secrétaire général).

27 juin 1950

La situation aggravée en Corée : les Etats-Unis interviennent (Mac Arthur). Formose occupée par les Américains.

28 juin 1950

Lettre de la mère d’Armorin
Dîné aux Baléares, rue Montmartre (Saby, Gatti), puis St-Germain et Bar Vert – débilitant.

30 juin 1950

Les Etats-Unis interviennent en Corée par terre. Inquiétude un peu partout.
Dîné : restaurant italien rue Montmartre (Gatti, Otero, Saby), puis chez Otero.

1er juillet 1950

Trois passagers du Paris – Saigon cités à l’ordre de la Nation – dont Armorin.
Visite quai d’Anjou à Huguette, puis café Audouard, Gatti. Dépression – Cl. ne me sort pas de l’esprit.

3 juillet 1950

Débâcle des Sudistes en Corée. Chez Aimée – Guillent, le Vénézuélien, retourne là-bas. Champagne – Pascual a meublé de tableaux tout un restaurant pour régler ses additions.

4 juillet 1950

Le nouveau cabinet saute.
Vu à la chambre Dominjon, député MRP, qui va déposer projet de loi (casier judiciaire… ) –

5 juillet 1950

Les Américains sévèrement « contrés » par les Nordistes coréens.
Vu Simon de la Transat. Enquête avec Audouard et Gatti sur la prostitution – une fille rue Réaumur, une gare de l’Est, clandé rue du Mail.

6 juillet 1950

Messe à la mémoire d’Armorin.
Soirée au Pot d’Etain (Audouard et sa femme, Gatti) –  Saint-Germain.

7 juillet 1950

Désolante année.

10 juillet 1950

Dîner Bd Haussmann chez les Bruant.

11 juillet 1950

Les Américains reculent encore en Corée. Taejon menacé – Cabinet pas encore formé – Vrai sujet d’actualité : le Tour qui commence jeudi – Lettre de Bruxelles où Lily S. m’est proposée comme épouse !

12 juillet 1950

Pyrrhus à Cythère
11 h Simonin.

13 juillet 1950

Le Tour part.

14 juillet 1950

Avec Gatti et Saby, feux d’artifice au pont Marie et bals rue Saint-Denis, à mourir d’ennui.

18 juillet 1950

Concert théâtre des Champs-Élysées, orchestre national : Bartok, Stravinsky, Boulez (le Soleil des eaux) Irène Joachim et deux chanteurs. Erreur de chanteurs, bruits divers, sifflets – Michaux présent.

21 juillet 1950

Place retenue sur « Gascogne » 29 juillet.
Bernier téléphone : pas possible rentrer par pétrolier Shell – tout tombe à l’eau – Entrevue avec Bellanger, ça ira quand même. Chez Saby avec Gatti.

22 juillet 1950

Cherché place Transat (80 000 F). Léopold II rentre en Belgique, discrètement à 7 h du matin – Défaite américaine à Taejon – un général, Dean, disparaît.

23 juillet 1950

1er papier enquête « Leur dernier quart d’heure », jugé mauvais par Bellanger (donne l’idée que les hommes sont mortels !).
Chez les dames de Neuilly avec Dante, Bernard, J.L. Marturet compositeur.

24 juillet 1950

Consul Venezuela. Le Venezuela fait des difficultés pour le visa à cause d’une série de papiers hostiles passés dans le P.L. Enquête publiée. Otero arrange l’histoire.

26 juillet 1950

Les Italiens, houspillés, quittent le Tour.
Dîner « Baléares » (Labarthe, Guillain, Gaulon, Sevry). Prix F.J. Armorin.
Chez Otero avec Gatti – dîner – Otero, attaqué par les dirigeants de l’art officiel au Venezuela (commun.), répond par une lettre de « Los Dissidentes ».
Et toujours la guerre.

27 juillet 1950

Sorti avec Otero et Dante – puis Ofra – et aperçu Cl. dans 11CV Champs-Élysées.

28 juillet 1950

Valises – Gatti me dit que sa cousine J. me veut du bien ! Touché 50 dollars et chèque 480.

29 juillet 1950

St-Lazare 8h 45. Le Havre « Gascogne » 14 h (quarantième parallèle, roaring fourties, le quarantième mugissant).
« Le mal de mer se localise dans l’oreille interne – siège de l’équilibre : oui – Quand l’alizé, dit-on, ne souffle pas, c’est fétide. Escale à Southampton.

30 juillet 1950

Mauvais temps depuis Southampton – Exercice d’alerte 16 h.
À moins d’être un dieu, on ne peut se rendre heureux sans le concours de l’univers. Pour se rendre malheureux, on n’a besoin que de soi. J.P. Sartre (sur Genêt).

31 juillet 1950

Mauvais temps, les passagers sur le flanc. Soleil après-midi – un pigeon.

1er août 1950

Ma combinaison déplaît au capitaine du « Gascogne » qui désire que je l’ôte pour aller à la salle à manger. Protestation. Les maîtres d’hôtel viennent pour s’excuser, etc. Dancing le soir.

2 août 1950

Le temps fraîchit. Ce soir, les Açores. On fait 350 milles par jour (à 14 nœuds à peu près). Apéritif offert par le capitaine. Gagne 800 F au pool. M. Loyer : instituteur – Constant Chlore, conseiller général (Bourges), préfet : Bonnaure. Parallèle 5. La presse. Tous les soirs, M. Oudinot, président du conseil général de la Chambre de commerce, Mgr l’Évêque. M. Guéril, inspecteur des douanes – 9 CV vapeur.
Passé les Açores vers minuit – Beau temps, mer plate – Converse avec le commandant Prigent, homme simple et sympathique.

4 août 1950

« L’on me comptait pour des vertus quelques marques d’aversion naturelle pour le vice ». « Il avait fait sa déclaration en fermier général, c’est-à-dire en lui marquant dans une lettre que le payement serait proportionné aux faveurs ». Abbé Prévost.

5 août 1950

Sargasses – quelques algues en paquets, des poissons volants. Rien de bouleversant.
Prince de Royal Secret – Un meurtre ne se révèle pas plus vite que l’amour, qui se voudrait caché, car la nuit de l’amour est toute lumière –Antium est une belle ville, c’est moi qui ai fait ses veuves.

6 août 1950

Silence oh horrible, horrible très horrible
Soyez les bienvenus, messieurs, dans Elseneur (Shakespeare)
Compte rendu théâtral de M. Bellemont : « L’une Violette est violoniste ; l’autre Fernande est sortie depuis quelque temps d’un sanatorium ».
Conversation avec Melle C. fille d’un conseiller de l’Union française.

7 août 1950

Mme Célestine, une dame mulâtresse, me lit les lignes de la main : « 1 amour malheureux, 1 mariage difficile, 3 ou 4 enfants (dont des jumeaux), sensualité, mais je ne suis pas doué pour le commerce. Vie moyenne (en longueur), héritage – peut-être tout à la fin, aisance » !!! Bal masqué à bord.

8 août 1950

Descendu aux machines (40° à 50°) avaries. Le temps est de plus en plus lourd.

9 août 1950

Arrivé à Pointe-à-Pitre 8 h (bidonville des Caraïbes) – Excursion à Basse Terre, plus jolie avec son port de pêcheurs ; rentré 16 h 30, départ 19 h. Conversation avec Auguste Joyau, poète martiniquais.

10 août 1950

Arrivée Fort-de-France 6 h. Mme Durier – Départ 18 h. Après-midi avec A. Joyau et sa nièce, le Dr Barthélémy et la petite.

11 août 1950

Arrivée Barbade, Bridgetown 6 h. Le port, la ville, retour 12 h – Départ 16 h pour La Trinité.

12 août 1950

Trinité – port d’Espagne. Queen Str. Consul de France. Appareillage 13 h sous la pluie.

14 août 1950

Temps gris, mer de plomb. Îles du Salut – 13 h 15 : Saint-Laurent-du-Maroni, Île Royale – pêcheurs de requins et l’enfant du malheur. Appareillage 20 h. St-Laurent 24 h – le fou – le maire ivre – la couleuvre.

15 août 1950

Arrivée 5 h 30. Bagnard et sa charrette. Préfecture (chambre) – promenade avec deux citoyens : procession les Indiens le soir avec le Dr Billard – quinine.

16 août 1950

Promenade, bagnes, histoire Maufrais – musée – changé de logis (maison du procureur général).

18 août 1950

Envoyé papier sur Maufrais au P.L.

20 août 1950

Rognoni (bureau minier) Chinois Konchu (Maurice, fils bachelier).

21 août 1950

Affaires Maufrais ramenées. Parti avec Docteur Vacher et sa femme pour Iracoubo en passant par les bacs de Larivot Guatemala puis Kourou, les Roches, etc.
Beaucoup de lépreux à Sinnamary.

22 août 1950

Monté, descendu îlet Tortue chez les Annémites. la Simemery. Rentré 17 h.

23 août 1950

Parti midi pour Dacoubo en « char » – « route » impossible. Arrivée 14 h chez le R.P. Lecoq qui a adopté 9 enfants indiens. On enterrait une petite fille, celle du capitaine Galibi, Gelina. La mère indienne repoussée, les fossoyeurs ivres. Couché « chambre de l’évêque » au presbytère.

24 août 1950

Levé 4 h du matin – En « char » jusqu’à Dacoubo. Rollin (police) et Emeriot (juge d’instruction) sont venus me chercher en jeep. Déjeuner chez les Vacher. Arrivée Cayenne 17 h 30. Cinéma : La Baronne de minuit.

26 août 1950

Dîné avec Yves Massel chez le commandant Rullier, chef militaire de Guyane.
Mme Dombry, femme d’un chasseur de requins des Iles, me reconnaît comme étant « l’étudiant du square Raspail à Lyon qui lisait toujours ».

27 août 1950

Déjeuner chez le préfet Vignon au Bourdu avec consul des E.U. et Weil, président du bureau minier. Les Indiens dans l’après-midi, tir à l’arc – Danse, pleine lune.
Dîner chez Bonhoré, directeur de cabinet.

28 août 1950

Vu le procureur général – Dîné au Changhaï avec Cougnoux et trois ex-forçats : Baratand, Dechoré, Coschiera.

29 août 1950

Procès du conseiller général, maire de Schoelcher (Martinique) et grand quimboiseur Janvier.

30 août 1950

Départ. St Laurent

31 août 1950

St Laurent, chasse aux caïmans. Visite St-Jean et les D.P. la pénitentiaire.

6 septembre 1950

Départ 14 h de St-Laurent avec les Indiens et les Bonis (2 canots) – à la nuit noire, campement à la Forestière.

7 septembre 1950

Premiers sauts chinois de Langa Tabiki – coucher à Bada Tabiki (passage à Apatur où l’on recrute deux canotiers St Eloi et Ayomonone. Une fille : « Femme là content toi »).

8 septembre 1950

Grands sauts. Perdu le Rolleflex de Otero. Couché chez Alasso rive hollandaise. Danses et chants – Une fille, ivre de tafia, devient folle et hurle toute la nuit.

9 septembre 1950

Derniers sauts. Couché chez le Gd man des Bonis, Diffou dans la case du conseil (passage à Cottica : la reine du Maroni sur le Degrad).

11 septembre 1950

Arrivée matin Maripassoula. Dormi chez le gendarme.

12 septembre 1950

Visite place hollandaise Benzdoorf et orpailleurs de 14 juillet.

13 septembre 1950

Départ de Maripassoula avec le gendarme Cefax et les canotiers Eda, Wocassou, St-Eloi et Ayourounou. Couché Alassa.

14 septembre 1950

Ennuis de moteurs – Couché Langa Tabiki.

15 septembre 1950

Arrivée Portal juste après départ avion Dumesnil. Pris à 4 h le Saint-Laurent.

16 septembre 1950

Arrivée par le Saint-Laurent 7 h le soir. (Visite îles Salut et île du Diable).

18 septembre 1950

Vedette sanitaire. Îles. Embarquement « Gascogne ». Cabine 208, voyage avec Duchery et Rognoni.

20 septembre 1950

En vue Trinidad, mer lourde, nuages et pluie, chaleur, arc-en-ciel.

21 septembre 1950

La Barbade, achat de chemises – plongeurs noirs à la recherche des pennies.

22 septembre 1950

Fort-de-France. Déjeuner au Manoir sur la colline avec Auguste Joyau et Rognoni.

23 septembre 1950

Pointe-à-Pitre, départ 10 h. Exercice d’alerte (chasse aux kiwis).

28 septembre 1950

Huile : 1,5 – tafia : 1,5 – corned-beef : 3 boîtes. Lait condensé : 2 boîtes …

29 septembre 1950

Les ratés de l’or. Les békés.

30 septembre 1950

Papiers agent d’exploitation. Gasdeblay Guy 24 ans, décembre 1949. On m’a promis 2 ou 3 fois celui de (1 800), logement assuré, l’indemnité de résidence à Cayenne moins forte qu’à Paris – 25 000 indemnité de départ, 40 000 prime d’installation – pas de logement, j’ai dû aller chez les sœurs à 750 F par jour – au-delà de mon traitement puis logement 4 000 F par mois sans eau, électricité ni water – une pièce divisée en 2 – Au restaurant, 12 000 F par mois sans petit-déjeuner + 1 500 de blanchissage.

1er octobre 1950

Soirée des adieux sur la Gascogne.

2 octobre 1950

Cayenne –
Fin février 1951 route finie 60 Km, puis en avril, les 25 %. J’ai fait venir ma femme à mes frais 80 000 F. J’ai mangé 200 000 F en 10 mois.
Tombé malade 3 juillet, un mois d’hôpital chez sœurs où j’ai payé 22 800 F – puis un autre hôpital : 6 500 tous les deux. Je suis parti avec des bottes.

4 octobre 1950

Arrivée « Gascogne » Le Havre 15 h avec « Île-de-France » . Histoire de perroquet (câble, téléphone). Arrivée 9 h du soir à Saint-Lazare avec Rognoni. A la gare : la mère, Gilbert, Danielle, Dante, Bernard – perroquet à Bernard.

5 octobre 1950

Journal – Berrillon mis à la porte depuis une quinzaine. Chez Gatti, puis chez Petrus en pleine transformation (canapé vert, tapis, moquette).

6 octobre 1950

Rousseau, correspondant du P.L. à Limoges, convoqué par téléphone à Paris café C… à propos de Gaston Cougnoux et les affaires d’or de Guyane.
Assisté au mystérieux entretien avec 2 gogos stupides et furibonds (cartes d’identité montrées). Le soir, dîner avec André Sevry .

7 octobre 1950

1000 paradichlorobenzène – j’en écrase et je mets ça au fond.

11 octobre 1950

Dîné chez Michel Mt-Blanc, avec la bande.

12 octobre 1950

Corée, Indochine, Cambodge, etc., etc.

13 octobre 1950

Tamara – Rendez-vous avec M.

14 octobre 1950

Sorti Tamara

18 octobre 1950

Chez Bernard (les Gatti – Boulez)

26 octobre 1950

Baléares, Gaulon.
Dîner Sevry chez lui. Article de Ch. Favrel dans un journal de Saigon (juillet) insultant pour Armorin.

27 octobre 1950

Vu Guérin pour affaire Gatti (passeport). « Il est évident que l’arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes ». (Marx). Vu Labarthe pour l’article Favrel.

29 octobre 1950

Dieu a créé sept mers, mais seule la mer de Galilée fait ses délices.
Discussion sur la rue F.J. Armorin (financement). Le comité complété par Guillain et P. Joffroy.

2 novembre 1950

Mort de G. B. Shaw
Réunion à 5 h Denys de Pouilly. Kessel – Denjon – Labarthe – Lefèvre – Helsey – Sevry. Nommé avec R. Guillain au comité – Cas Favrel

4 novembre 1950

Enterrement mère de Mme Marchal
Concert des « musiciens progressistes » salle Gaveau. Cantate du reboisement (Chostakovitch), cantate pour la paix (L. Dury). Boulez, Souv, Gatti furieux.

5 novembre 1950

Le soir chez Catherine avec les autres. Jeux de mimes.

9 novembre 1950

Merveilleuse soirée avec « Wozzeck » aux Champs-Élysées (1ère en France) Jascha Hornstein. Les Gatti, Souvtchinsky, Saby, les Toussaint plus l’élite (Honegger, Florent Schmitt, Marie-Laure de Noailles, Valentine Hugo, etc.)

10 novembre 1950

‘Le martyre est la seule façon, pour un homme, de devenir célèbre sans talent’ (Bernard Shaw).

12 novembre 1950

‘Et j’ai trouvé plus amère que la mort la femme dont le cœur est un piège et un filet… j’ai trouvé un homme entre mille, mais je n’ai pas trouvé une femme entre elles toutes’ (Eccl. 7 (26-28).

13 novembre 1950

Discussion avec Bellanger pour l’appareil photo perdu (annonce dans un journal pour en avoir un nouveau ! pas assuré !! etc., etc.) – Tél. de Groussard.
Un avion canadien perdu sur les Alpes, 58 morts.

14 novembre 1950

Affaire Favrel – Vu Helsey avec Gilles Bonneaux qui embarque Armorin à Saigon.

15 novembre 1950

Dîner avec Groussard

16 novembre 1950

Dîner Grands reporters chez Denys de Pouilly. Cas Favrel posé, lui présent, pitoyable défense. Mais les manœuvriers l’emportent : 12 blâmes contre 10 radiations (Kessel, Danjon, Labarthe, Groussard, S. Tery, Cl. Roy, Tranin, Koraly pour radiation). Kessel, Labarthe, Groussard et moi démissionnons.

20 novembre 1950

Téléphone de Sevry qui s’excuse d’avoir voté « blâme » seulement.
Avec Gatti, mise au point de l’enquête : « A nous deux, Paris ! »

21 novembre 1950

Chez les Bonnardot le soir, J. me fait des confidences de forme offensive.
Lettre d’Helsey à propos de l’affaire Favrel. Sur suggestion de J. Tery et Claude Roy, vote écrit (fait nouveau : Favrel avait été pressenti avant Armorin pour le voyage en Indochine).

23 novembre 1950

Chez les Toussaint avec Gatti, Danielle, Saby et Janine B.

24 novembre 1950

Vu Barthélémy médecin du Gascogne.
Retour de Rognoni qui va participer fabrication d’un journal. Le journal rembourse le Rolleflex perdu à Otero.

27 novembre 1950

Ouverture chez Toussaint – Vu Dr Fribourg-Blond pour photos Guyane. Groussard Prix Femina pour « La Femme sans péché »
Chez Toussaint : les Gatti, Saby, Boulez, Otero et son amie Mercedes. Avec Saby et Boulez, promenade et rue Colonel-Bonnel. Retour à 7 h du matin.

28 novembre 1950

Robinson bat Stock 2 rounds – Défaite américaine en Corée.

29 novembre 1950

Salaires 1949 : 485 988 F ; revenu imposable : 302 393.
Gatti à Nantes (procès des incendiaires de Retz). Sorti Jan. B. dîner puis « Chez Inès »

30 novembre 1950

Truman menace les Chinois d’employer la bombe atomique en Corée. Papier M.J. Soubrier sur Constant Fleming qu’il fait vivre encore. (Aurore)

Notes : Achille 4e cuir. à Munster – Maurice : 8e régiment bavarois Metz – Alphonse : 15e R. infanterie : Westphalie – Robert : Huzaren Regierend Tottenkopf.    – Oberstabsarzt : panards Alphonse : bon pour l’infanterie. Alfred Nemarq : père du gringalet – forts de Verdun 1870.

1er décembre 1950

De plus en plus moches. Attlee à Washington.

2 décembre 1950

Un samedi 3 h du matin : « Il pouvait pas rester un jour de plus – il y a marché aujourd’hui ».

3 décembre 1950

Lu rapport affaire des généraux. Soirée d’anniversaire avec la bande qui m’offre le Platon de la Pléiade. Les Gatti déménagent à côté. Otero les remplace.

5 décembre 1950

Lettre de Wang de Bucarest avec une pochette rouge (colombe et rameau d’olivier) pour la mère. Visite de M.B. au journal – arrangement pour rendez-vous.

6 décembre 1950

Téléphone Kessel qui revient du congrès des partisans de la Paix. Fait un article refusé partout, sauf aux Lettres françaises.

7 décembre 1950

Parlé à Sevry candidature possible Prix Albert Londres.

8 décembre 1950

Chez Ziwes, 110 Université : à propos de la Guyane. Invité chez Carton avec deux membres de la C.C. de la FOA jeudi prochain.

9 décembre 1950

Visite OFLA . Dissert. à faire sur les constitutions.

10 décembre 1950

Bellanger fait imprimer des cartes d’invitation à sa conférence sur la presse américaine en spécifiant que les chefs de service ne sont pas invités au banquet qui suivra !

11 décembre 1950

Femina : Groussard – Goncourt : Colin (Paul) – Renaudot : P. Molaine – Interallié : G. Auclair – Accrochage « tacite » avec Bellanger ce soir qui se hausse de plus en plus le col depuis son retour d’Amérique.

12 décembre 1950

Vu Helsey pour liquidation affaire Favrel.

13 décembre 1950

Fini travail sur constitutions pour Ofra. Téléphone de Janine Bonnardot.

14 décembre 1950

12 h 30 chez Carton Madeleine pour déjeuner : Ziwès, Marchandise et Holleaux de la C.C. F.M. « Michel Ange est seul comme le bourreau. » Raphaël

15 décembre 1950

La parabole du dé est d’un magnifique usage. On peut déterminer le coup de dé, d’après la hauteur d’où il tombe mais pas inversement. C’est une hypothèse (comparer avec d’autres hypothèses).

16 décembre 1950

‘S’il fallait opter entre les deux extrêmes que j’abhorre, je préférerais encore le fanatisme des persécutés à celui des persécuteurs’. Abbé Grégoire Avec les 3, Orangerie (paysages hollandais) et les eaux-fortes de Goya.

17 décembre 1950

La femme Bellanger va choisir les jouets pour ses enfants, avant l’arbre de Noël officiel ! Quel couple ! Bellanger : Alors, hein, un demi pour tout le monde !

18 décembre 1950

Coup de téléphone du capitaine lépreux.

19 décembre 1950

Lettre de Merry Bromberger sur l’affaire Favrel. Lamentable. Peut-être vu Cl. sur les Champs-Élysées.Vu Kessel, rue Quentin-Bauchart (Varsovie, la guerre, prochain voyage Tchad, prix A. Londres). La nuit à Villeneuve-triage avec Violet de la SNCF – souvenir de Cl.

20 décembre 1950

Avec Gatti – vu 6 h 30 Marcel Orano, capitaine italien lépreux, et sa femme.
Télégramme de Cage à  : « Sonatas concerti very big success. Letter follows. John ».

21 décembre 1950

On annonce l’enquête sous un autre titre : « Guyane paradis ou enfer ! » (le mien : Guyane paradis fermé).

22 décembre 1950

13e Chambre : procès Brain (Felici) qui se faisait passer pour policier auprès des putains en vue de coucher avec elles. Coup de téléphone de Cougnoux rentré de Guyane.

23 décembre 1950

Hier soir, rue Legelbach au club Pythagoricien ( !) conférence sur la lèpre avec Orano et sa femme. Enquête paraît aujourd’hui.
Chez Saby, avec Da et Ga – on boit enfin du « mescal », boisson révélée par « Au-dessous du volcan » de Lowry.

26 décembre 1950

Prière à Joffroy de s’occuper pour le 27 du dîner : Joffroy, Kessel, Helsey, Labarthe.

28 décembre 1950

Rognoni : discussion sur film possible « Courrier du désespoir ». Tél. Kessel pour lui envoyer papiers Guyane, avant son départ pour le Tchad – Dîner restaurant Le Guyot, chez Reine, rue Médéric avec Groussard pour fêter son prix (Helsey, Labarthe). Vu Boulez qui a reçu une lettre de Cage à propos de sa sonate au Carnegie Hall.

29 décembre 1950

Cinémathèque film sur Calder tourné parmi les mobiles de son atelier (musique de Cage) piano préparé.

30 décembre 1950

Déjeuner Île-St-Louis avec Sevry, Marchal, Audouard, Leleu, Buffet , Marqueton et Gatti. Puis tournées sur tournées. Après chez Boulez, puis de nouveau Audouard, puis Gatti, puis Audouard, puis Boulez – Rentré 3 ou 4 h du matin assez fatigué (la fleuriste de l’Île aussi : n° 3, etc.)

31 décembre 1950

Réveillon chez les Toussaint avec les Gatti, les Bonnardot, Saby et Boulez. Du drame dans l’air. Janine B. déchaînée, provocante. Ivresse, etc. Rentré 8 h du matin.

Catégories
19ies

1951

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

2 janvier 1951

Ecrit Wang.

3 janvier 1951

Echos favorables sur le reportage « Guyane » en cours.

6 janvier 1951

À midi, Groussard pour lettres d’introduction en Israël. Voir secrétaire Fargue pour Giron et Reiner.

7 janvier 1951

Visite de Mte B. et ce qui s’ensuit au lit.
Les Chinois prennent Wonju, cèdent la ville et la reprennent.

9 janvier 1951

Visite à l’hôpital Poincaré de Garches pour y voir un certain Dufour qui veut se plaindre. Je trouve un mourant (50 ans, gazé de guerre). Au retour, manifestations sur les Champs-Elysées contre Eisenhower (hôtel Astoria).

10 janvier 1951

A Chèvreloup (près de Roquencourt) où une femme de 32 ans s’est suicidée avec deux petites filles de 13 et 6 ans. Dr Henry, Guyanais, vient me féliciter de mes papiers.
Abeant fures etc. Loin d’ici les voleurs, les rats et les fantômes.

13 janvier 1951

Lettre de Aubert de la Rue, hydrographe, protestant – après quelques amabilités – contre la légende des Indiens sauvages.

14 janvier 1951

Proposition du Midi libre pour l’achat du reportage.

15 janvier 1951

Visite de Rognoni pour le scénario. Téléphone Demas qui fait des compliments, propose l’édition de « Guyane » et m’invite au punch demain.

16 janvier 1951

Vu Demas 18 h chez lui rue de la Planche. « Je lui briserai les reins » (au préfet). Son seul objectif.

17 janvier 1951

Vu inspecteur Bouillon P.J. pour affaire Congnoux – Ai donné témoignage favorable. Gatti rentré de Nancy (Assises).
Engueulade avec Larquier qui défend la police en toute occasion : « Je me f… de la morale, de l’honnêteté, je vends du papier ». Ma réponse : « Con et salaud ! ».

21 janvier 1951

Hier midi, Audouard, Rognoni et la bande pour le film « Courrier du désespoir ». Déjeuner chez Michel – puis cafés. Dîné avec Boulez chez lui – Rentré Sébasto 3 h du matin. « Je pourrais tuer à froid, dit B. pas besoin de l’alcool ». Discussion sur Gatti qui semble amer. « En peinture, les jalons existent, Klee, Kandinsky, Mondrian, en musique la voie est claire. En littérature, beaucoup plus difficile (Elliot, Joyce). » « Je me sens très vieux, plus de révélations » L’été 1947, année de ma cristallisation : Midi, Nigg, Klee à Avignon, Char.

24 janvier 1951

L’huma-Ce soir saisis. Manifestation Champs-Elysées contre Eisenhower – 6 000 flics – 5 000 manifestants ! (la moitié arrêtés). Mon papier arrêté puis coupé, changé, etc. 5 journalistes blessés (Leleu, Larue, etc.) – Acheté les albums Skira (peinture italienne et les 3 modernes Baudelaire à Picasso) – Bazin écrit à Jacq. Michel pour mon reportage.

25 janvier 1951

Coup de téléphone à Patient, sénateur de la Guyane qui écrit à Bellanger sans m’en avertir.

26 janvier 1951

Soirée anniversaire de Dante quai d’Anjou avec les Marchal, Otero, Mercédès, Saby, Boulez, Brassiani, Nierez, Soto-la-guitare, Verroust. Rentré 5 h du matin.

27 janvier 1951

Grand-père de plus en plus chagrin (un amour de vieux).
Quatre nègres électrocutés à Richmond (Virginie) pour le viol d’une blanche Mrs Ruby Floyd, qui ne les avait pas reconnus. Trois autres seront exécutés lundi !

29 janvier 1951

Envoyé lettre à Wang (demande de visa et interview Mao) – Vu Rognoni au journal avec Gatti pour lecture du scénario.

30 janvier 1951

Visite au journal d’un gars plus ou moins repris de justice (vu à propos de « Donnez-leur encore une chance ») – Aujourd’hui parachutiste en instance de départ pour l’Indochine.

31 janvier 1951

Vu Antonini à la Sûreté pour reportage avec Gatti. Me raconte histoires extraordinaires : cercle Table ronde, prince de Bragance, Pentecôte… Vu Kunstler-Chazelles, ancien lieutenant à la Censure qui cherche pour l’Allemagne un poste de correspondant.

1er février 1951

Déjeuner Baléares avec Guérin et Gatti. Le soir concert Orchestre national – Desormières avec Dardanus et ‘les Noces’ de Stravinsky.

2 février 1951

Déjeuner à la maison avec les 4. Puis Flinker avec Boulez – Puis cinéma : 2e vision des ‘Lumières de la ville’.

3 février 1951

Interview radio suisse avec A. Ducrocq, spécialiste atomique – bonne émission.
Gilbert parti à 8 h pour l’Autriche.

4 février 1951

Maman partie pour Hayange.

5 février 1951

Téléphoné Mte B. Téléphoné à Kessel. Gatti me raconte qu’avec Michaux au théâtre de la Huchette il est présenté par lui à des gens : « Gatti ! Vous ne connaissez pas ?… « – Heu… non… » et Gatti (croyant être gentil) : « Quand on est jeune, il vaut mieux être obscur ; cela permet aux anciens de garder leurs illusions ».
Visite de Rognoni pour le film.

6 février 1951

Visite à Mte B. Déjeuner chez Gatti – la bande – puis chez Boulez (emprunte « les Cantos » de Ezra Pound).

7 février 1951

En reportage à Mantes.
Mme Corvol m’apprend le mariage de Cl. et qu’elle attend un enfant.

8 février 1951

Déjeuner avec Petrus et Dante chez Dessailly et Simone Valère. Tourné les films Billard sur la Guyane et la tournée Barrault en Amérique du Sud. Le soir, « Les Vêpres » de Monteverdi (orchestre national Desormières) salle Pleyel, concert privé avec les deux. Lettre de Helsey à Sevry. Optimiste quant à Albert Londres. (Boulez donne acte : leçons de rythme à Samuel Barber. Reçu 15 000 F).

9 février 1951

Répondu à préfet Guyane. Envoyé films Billard en cours : efforts Gatti pour sa pièce (dérobade de Souvtchinsky – en lecture par Michaux) plusieurs échecs déjà.
Vu « Man of Aran » de Flaherty.

10 février 1951

Chez Petrus (Souvtchinsky, Rachel Rosenthal, Dante, des acteurs : Médane, Julliard, Galland et 3 sud américains). Rentré dans les 2 heures.
Vu l’après-midi « Journal d’un curé de campagne » (tourné par Bresson). Bon.

11 février 1951

Vu « A l’Ouest rien de nouveau » que j’avais vu en 1932-33.

12 février 1951

Parti pour Grasse 12 h 45. Claudel : « Je suis la promesse qui ne peut être tenue et ma grâce consiste en cela même ». « Un homme qui vous fait du mal vaut mieux qu’une femme qui vous fait du bien » (Eccl., X211).

13 février 1951

Vu Duclary, hôtel Beauséjour. 1 journaliste français tué en Corée (12e)

14 février 1951

Nice-Matin signale, dans ses « mondanités », « l’arrivée sur la Côte de Pierre Joffroy, notre excellent confrère du Parisien libéré ». 21 h : route de Nice, la lune entourée d’un cercle de nuées.

15 février 1951

Logé chambre 9, à côté d’une jeune tuberculeuse (ou grippée). Commencé à travaillé aux nouvelles – Vu un peintre parisien, F. Longuet, petit-fils de K. Marx. Mauvaise peinture, mais brave homme.

16 février 1951

Déjeuner Estérel avec Reichenecker et Nardin – journalistes locaux. Parlé au peintre Longuet qui a eu une altercation avec un juge au tribunal, le sieur Lautru.

17 février 1951

A Monaco, déjeuner chez Caillaud – Vu la mère de Gatti. Tir aux pigeons : championnat du monde. Un massacre = 20 000 pigeons, à Nice, vu Bessy et Olivier.

18 février 1951

« L’absence se rapièce comme un sac », René Char – Téléphoné papier sur Tir aux pigeons. Dédicace du « Marteau et son maître » au Petrus : « à P.B. qui marche sans maître, un marteau à la main – avec mon amitié, René Char, 1948 ».

19 février 1951

Relis Michaux. Téléphoné Mme Kessel. Apéritif chez Duchary. Estacade – Le soir aux 4 As.

20 février 1951

Gide mort – Chez le coiffeur pour y voir la coiffeuse M.C. pas là – Où la trouver ? Oh, vie continuellement infecte (Michaux). Téléphoné P.L. Corvol à l’appareil. Larquier qui a sans doute arrêté le papier Pigeons ne veut pas venir. Compris. Arc-en-ciel sur le boulevard.

21 février 1951

Apéritif chez les Duclary – Déjeuner invité par Nardin et Reichenecker. Négociants. Mme Reichenecker et le maestro Rossignoli qui joue ses compositions.
Le soir, chez les Reichen., café, etc. avec des parpaillots.

22 février 1951

Déjeuné Duclary – Procès Lanergan ( ?), accusé d’avoir volé 20 M de bijoux à une américaine du Martinez. Vu Marcelle Fouchi à son salon de coiffure – le soir, enfin, Marcelle, Marie-Claire avec Nardin et une voisine.

23 février 1951

Déjeuner Négociants avec Marie-Claire, Marcelle, Nardin. Pris taxi pour Cannes
(1 000) – train de Lyon 14 h 59, arrivée 23 h 30. « Mais par où faire entrée dans son cœur ? » Léger. Vu J.J. au Progrès raconter sur Guyane. Lu « La Guyane » du docteur Kaust.

24 février 1951

Déjeuner chez J.J., rue de Castries 11, nouveau domicile. Un fils, Jean-Dominique. Train Paris 13 h – Paris 19 h 35. Téléphoné Corvol qui me confirme saloperie du Larquier. Gilbert rentré : le pied dans le plâtre, du ski.

25 février 1951

Envoyé lettre à Fargue contre le Larquier. Reçu lettre préfet de Guyane m’invitant pour le 15 juillet à Cayenne. Le soir chez Gatti avec Boulez retour de Suisse (Bâle, Zurich) – chez Michel puis St-Germain. B. travaille aux Polyphonies (champignon ne pousse pas sur le rocher : préfère terrains luxuriants – ceci à propos peinture Otero). Michaux emballé par la pièce de Gatti – Film Rognoni en panne.

26 février 1951

Grève des transports – Vu Fargue pour la fripouille Larquier. Je passe sous les ordres de Divo. Fargue parfait m’explique comment il lutte, lui, etc., etc.
Gatti me parle le soir de son « œuvre en marche » : le fleuve qui coupe tout en deux, l’horloge brisée, Bonelli Pascal, le gibet, la ville. Joffroy, Colin, Saby, le mot-croisé, le langage insecte.

27 février 1951

11 h 30 Rouen avec Dante et Petrus. Déjeuner place du Vieux Marché. Puis procès d’une fille de ferme ayant abandonné son enfant. Acquittée. Les témoins sortis de Maupassant. Avec Petrus visite de la cathédrale et des ruines. Train de 19 h 58 de justesse. Gatti reste pour téléphoner son papier. A.P.ris 21 h 30. Cinéma film mexicain : le Mal querida – rigolo.

Note : Je ne suis pas courageux. Devant un acte à accomplir, il me faut créer mon courage à l’aide de procédés divers, sur lesquels je m’expliquerai. Puis, à partir seulement de ce courage créé, en avant la musique. M.W.

1er mars 1951

Ecrit à Nardin (avec salut en fleurs à Marie-Claire).

2 mars 1951

Commencé enquête « A nous deux Paris ». Visite de M.B., R.V. pour mercredi soir.

3 mars 1951

Chez Saby le soir avec Dante – Ethéré. Après-midi au journal vu Rognoni et Helman qui propose un scénario sur les chiffonniers : la biffe.

5 mars 1951

Et personne, ni Dieu ni le Christ ni aucun autre, ne peut remettre une vie humaine en contact avec l’univers vivant une fois que le contact est rompu et que l’être est définitivement refermé sur soi… D.H. Lawrence

6 mars 1951

Vu Ziwès, bd Saint-Germain. Discussion sur Guyane, et enquête prochaine.
Comité des grands reporters chez Denys : Helsey, Labarthe, Le Fèvre, Bernard Derosne. 1) Assemblée générale – 2) Favrel définitivement liquidé – 3) Ordre des journalistes.

7 mars 1951

Journée superbe. A 9 h vu Levy directeur « Aux Ecoutes » pour papier pigeons et repris de justice. Puis, avec Dante chez Wietrick, avocat de l’imposteur Jean Antonnelli dit d’Orléans Bragance (enquête « A nous deux Paris »). Rentré midi – Symphonie 102 Haydn.
M. B. pas venue – Coup de téléphone Janine Bonardot qui veut R.V.

8 mars 1951

Libération ! Vu Mariette Belzonger. Rex : « Autant en emporte le vent », puis hôtel Opéra. Rentré 8 h du matin.

9 mars 1951

Déjeuner Baléares avec Ellen Barkay de la légation d’Israël.
Nouvel incident, cette fois avec Fargue et Bellanger (à propos d’une avance de 25 000 F demandée par Gatti). Incident Larquier à nouveau évoqué. (Bellanger : « Je ne comprends pas qu’on puisse, avec les traitements qu’on perçoit ici, se mettre dans le cas de devoir 25 000 F d’un jour à l’autre » !!)
Avec Dante et Saby chez Flinker quai de l’Horloge pour entendre phono long-playing L’Orfeo de Monteverdi. Rentré 4 h après discussion sur la peinture.

10 mars 1951

Avec Dante, Jardin des Plantes, puis rentré.

12 mars 1951

Chargé de faire l’élection du nouveau Goncourt. A 13 h 25 : Raymond Queneau, chez lui ensuite.
La grève de tramway à Barcelone dégénère en émeute : plusieurs morts. Franco commence à s’effriter.

13 mars 1951

A « Aux Ecoutes » pour resucée de « Donnez-leur encore une chance ». Puis préfecture de police chez Lantheaume, directeur des R.G. (recommandation de Zivès). Vu Guérin l’après-midi avec Gatti.

14 mars 1951

Envoyé vêtement à Coschiéra, à Cayenne. Coût : 3 065 F + 2 000.
À Maisons-Laffitte avec Gatti pour voir le vicomte de Grémont, noble ruiné devenu garçon de café. Vu, mais ivrogne, impossible d’en tirer quelque chose. Puis rue Miromesnil le pasteur Louis Amalric, ordonné prêtre à Memphis (anglican) en procès avec son église. Balayeur au métro… Puis le boxeur noir portugais Da Silva.

15 mars 1951

Préfecture de police pour l’enquête, puis chez Gatti avec Mercédès et Mme Toussaint.

16 mars 1951

Grève des transports (métro, bus). Avec Andy Dickson et Dante, salle Quinarenne (?) dans le fg St-Denis où Da Silva, boxeur, nous attend pour l’entraînement.

17 mars 1951

Visite au journal de Paul Chaumeil (« Donnez-leur encore une chance ! ») toujours en train avec son affaire de bicyclette volée, pas volée, … ses tentatives de suicide, ses visites à Guérin.

18 mars 1951

Fait papier pasteur Amalric.

19 mars 1951

Toujours grève – Gal Monclar : «Nous avons cassé du chinois en quantité. »

20 mars 1951

Vu Helsey pour l’association et le prix – Avec Dante à l’Escurial, cabaret bd Haussmann où la femme du lépreux Orano fait une expo de dessins (18 heures).

21 mars 1951

Vu suspect et PJ Leduc pour le corbeau « Bichette », puis Fg-St-Denis 105, l’écrivain public Mme Foès, en passant. Écrivait lettre pour parents d’une fille enceinte : « Bah ! ça n’arrive qu’aux vivants » – Lettre de Billard m’invitant en juillet.

22 mars 1951

139 Fg-St-Denis chez Mme Ravin (ex-Liane d’Ivares) amie du corbeau Bichette. Affreux capharnaüm, misère indicible, puis avec Gatti, chez M. Livro qui avait fait passer une annonce bizarre dans Paris-Presse. (M. Livro, concierge, 1, rue J.-L. Forain). Etrange personnage. Après-midi, service des Nords-Afr. Toujours pour l’enquête. Acheté avec Dante et Bernard un Cervantès pour l’anniversaire de Petrus.

23 mars 1951

Toujours la grève métrobus, SNCF (banlieue et grandes lignes).

24 mars 1951

Travaillé à l’enquête.

25 mars 1951

Lettres de Guyane : Coschiéra, Val Lamare, préfet.
Midi : déjeuner chez Dante – Petrus, Otero, Helman – 2 nouvelles : « Mac Arthur, de plus en plus culotte de peau, menace les Chinois, et leur propose de capituler ou à peu près – Peron annonce que l’Argentine a découvert un nouveau moyen de fabriquer la bombe atomique.

26 mars 1951

Anniversaire Petrus (26 ans) – Dîné Dante, Danielle, Bernard au Chianti, rue Montmartre, puis l’Alsace à Montmartre. Au retour, Saby dans le taxi dit : « J’espère bien, sur le tard, avoir mes petits honneurs ! » (le salaud).

27 mars 1951

Dépression – découragement. Le soir, chez Boulez avec Dante, deux belges musiciens et une fille inconnue. Rentré 1 h du matin.

28 mars 1951

Reçu lettre de J. Hurault de Ngcomodere (Cameroun), à propos de Guyane.
Enquête en bonne voie – « De même qu’il n’y a qu’un dieu dans le ciel, il n’y a qu’un maître sur la terre : c’est moi, Gengis Khan ». « Je ferai de la terre une steppe car la splendeur de mes cavaliers ne dépasse pas la steppe. »

29 mars 1951

Le devoir des Mongols est de venir quand j’appelle, d’aller quand j’ordonne et de tirer quand j’indique.

30 mars 1951

Chez Gatti puis à l’Œuvre de Gares, av. Michel-Bizot (Direct. Melle Duponceau et la fille de 18 ans chassée de chez elle). Déjeuner journal. Envoyé lettre à Hurault au Cameroun – Grève métro, bus, finie demain – dit-on.

31 mars 1951

La grève continue – Chez Amalric, pour lui faire lire le papier.

1er avril 1951

Demeuré à Clichy. Larquier refuse d’envoyer voitures.

2 avril 1951

Avec Dante, et Vanez du service social des Nords-Af. A Saint-Ouen, Gennevilliers, rue de la Charbonnière – taudis, caves, ponts loués aux Nord’Af. Epouvantable misère. Porté enquête chez Florise, A. Londres, 12 rue Clairant. Helsey malade.

4 avril 1951

Grève terminée.

7 avril 1951

Jef, Groussard, Labarthe, Tery, Courtade, Daujon, Janine. Association réunion chez Denys – assemblée plénière – Liquidation cas Favrel – ordre journaliste. Réélu au comité. Comité : Helsey, Coquet, Kessel, Le Fèvre, Bromberger, Tery, Sevry, Bernard Darosse, Labarthe, Daujon, Guillain.

Dîner, puis aux Ternes avec Groussard, Labarthe et sa secrétaire Janine.

9 avril 1951

8 h : Auclair. Ecrit à Larrazzi, Guyane. Dîner avec Auclair (50 000 ex. vendus).

10 avril 1951

Téléphoné M.B. RV vendredi.

11 avril 1951

Truman liquide Mac Arthur. 11 h 30 : Helsey pour l’invitation et le prix.

12 avril 1951

Dîner 8 h avec Groussard et son cousin polytechnicien.

Visite étrange individu, Rosenberg, venu de Suède pour entretenir les journalistes d’un complot nazi avec pédéraste, bas-fonds, … fou sans doute, quoique l’histoire ne soit pas invraisemblable.

14 avril 1951

Self-apologie. Le matin après nuit agitée, le rachat, la paix, la pureté.

16 avril 1951

Janine Bonnardot vient taper articles enquête.
Elu délégué syndical avec 47 voix (Marzet 58, Roels 57).

17 avril 1951

Avec les Gatti, vu western « La Flèche brisée ». Drôle.

18 avril 1951

Enquête remise. Vu Rognoni, théâtre de l’Apollo dont il est administrateur.
Avec Petrus, Danielle, Dante au Marivaux « Sous le ciel de Paris » (J. Duvivier), thème analogue à l’enquête, mais mal traité.

19 avril 1951

Groussard – Dîner Baléares avec Groussard et Auclair.

21 avril 1951

En négociations à Asnières pour un appartement.

22 avril 1951

Chez les Gatti (Helman, Bresciani, Saby, Boulez), puis théâtre Apollo « Huturatu », pièce gaie (irrésistible, en vérité…). L’excellent Rognoni était navré.

23 avril 1951

A Melun aux Assises – huis clos (un maçon qui avait violé 2 fillettes).

24 avril 1951

Coup de téléphone d’une dame Bertrand, chargée de mission, cinéaste aussi qui veut me parler de Guyane.

25 avril 1951

Les Gatti et Saby déjeunent à la maison. Stéphane danse. Le soir chez Hélène, dîner avec les mêmes.

26 avril 1951

Envoyé articles à Billard.

27 avril 1951

Busson me dit que lutte pour A. Larhes restreinte à reportages sur la Corée.
Téléphoné à Jeff – pas tout à fait du même avis. Raccourci avec Gatti l’enquête – papiers trop longs.

1er mai 1951

Pluie. Vu Helsey à propos du prix Londres. Difficile – candidats excellents.
Manifestation : explication entre Nord-Af et flics : 300 blessés.

2 mai 1951

Téléphoné Labarthe. Écrit à Groussard.

3 mai 1951

Sorti avec J.B. Vu « Sunset Boulevard » au cinéma- rentré 2 h.

4 mai 1951

Dépression atroce d’un bout à l’autre de la journée.

5 mai 1951

Vu Mme Bertrand (pour la Guyane).

6 mai 1951

Le soir, avec les 3, chez Petrus, puis ballade rive gauche jusqu’à 3 h.
Chez lui, Petrus avait analysé le Sacre du Printemps, plus complexe qu’il n’y paraît (cellules, symétries, anti-symétries). Nous fait écouter dernier opus. ‘Monument au bord du pays fertile’ (Klee). « Jusqu’à présent, dit-il, c’était une distorsion, à présent c’est une révolution ».

7 mai 1951

Début du procès des J3 à Melun.

8 mai 1951

Yvonne Michel – France-Soir. Mac Gee exécuté quand même !
Souilly – assassinat d’un PTT par un imprimeur. À N.-D. avec Petrus pour un « concert spirituel ». Les orgues nous massacrent les tympans. F… le camp.

11 mai 1951

À Melun avec Petrus, procès des J3 (Panconi et Petit) – avec les témoins, procès de la police (Me Floriot et président Dejean de la Batie), Madeleine Jacob, Saze, Gatti, B. Derome, Kessel, Collin, Ancel, etc. En rentrant, visite à Danielle, malheureuse comme la pluie, en pleine confusion.

13 mai 1951

Chez les Toussaint, avec Dante, Hesperer et Petrus. Les Toussaint sortent, nous laissent dîner seuls (textes, etc.).

15 mai 1951

Téléphoné Helsey : Turenne en tête, Tilly rétabli en bonne position, Yehwik moins.

16 mai 1951

Le Diplomate 13 h 15 – angle rue de Courcelles – rue des Renaudes.
1er tour : Turenne : 5, Tilly : 4, Joffroy : 3, Yehwick : 1
2e tour : Turenne 9, Tilly 4, Yehwik 1 (voix Kessel, Martin-Chauffier, Helsey).
Déjeuné Groussard, Mme Barcay et Nadar.

17 mai 1951

La voix de Kessel (écrite) disparue par un tour de passe-passe – incompréhensible.

18 mai 1951

Réunion des délégués du personnel devant Bellanger et Venière au sujet des répartitions de bénéfice – Hideux.
J3 de Lagny : Panconi 10 ans de réclusion, Petit 5 ans.

19 mai 1951

Chez Bernard (anniversaire, livre sur la peinture chinoise) avec Petrus et Dante.

20 mai 1951

Barkay, Gif-sur-Yvette. Après-midi chez Ellen Barkay, son fils, un autre, l’attaché militaire Nicheri d’Israël, avec sa femme et sa fille. Barkay me donne un livre de photos sensation (paru en 1935).

21 mai 1951

Pluie, nuages. Rien, depuis longtemps bricoles, inutilités, vide, vide, vide.

24-25 mai 1951

« La question n’est pas mûre, elle est pourrie ». (Gambetta). Le bonheur est une idée neuve en Europe (Saint Just). Lecture Anthologie souscrite (L. Renoir).

27 mai 1951

Le soir, chez Dante – Saby, Petrus, Helman (élections, Iran).

28 mai 1951

Réunion syndicale : Gatti, délégué CGT, défend la prise de position de Bedel au congrès de l’O.I. journalistes à Budapest (dénoncer les fauteurs de guerre) – mais…
Enquête commence.

29 mai 1951

XVIIe Chambre correctionnelle. Franchini contre Franc-Tireur. Témoins : Sevry, Bernard Derosne, Helsey, Labarthe, Madeleine Jacob, et moi). À la fin quand Moro se lève pour plaider, les journalistes s’en vont.
Au journal, vers 20 h, Gatti m’invite à aller voir, chez Flinker, 68 quai des Grands-Augustins au 1er, les peintures sur papier d’un certain Fred Deux. Une révélation !

30 mai 1951

Nous étions saisis d’émotion, devant la beauté, le pathétique de ces peintures et de leurs légendes (village existant réellement, cellules ayant gagné la bataille de l’entendement, Triste privilège…). 100 papiers Armorey peints, dans une période de révélation au début de l’année (15-4-51 grande journée) Flinker nous lit des lettres du peintre (27 ans, commis de librairie) tout concorde. Les marques de génie – après avoir écouté du Monteverdi, et du Prokofiev sommes rentrés, heureux.

31 mai 1951

Saby et Boulez, après Michaux, démolissent Deux. (Michaux : « Serait-il juif ce Deux ? il a bien mauvais goût… »). Gatti et moi nous maintenons notre point de vue, après quelques concessions de principe.
Le petit Stéphane Gatti (le lardon) malade. Un manager de boxe, Beaufils, vient au journal pour nous rosser à la suite de l’enquête « A nous deux Paris ». Très vite calmé. L’enquête s’annonce bien. Félicitations de Bellanger et de la rédaction.
Parents rentrés d’Aurillac. Gilbert encore à Hayange.
Vu Kessel chez Julliard (signait son livre sur le procès des J3, le procès des enfants perdus). Rentré avec sa nièce (roumaine) et Gatti. Grande discussion politique. Reçu coup de téléphone violent d’une dame mise en cause dans un papier de l’enquête (sur Antonetti le faux prince d’Orléans Bragance). Paris-Presse reprend d’ailleurs le papier.

2 juin 1951

Chez Bernard avec Dante.

3 juin 1951

Beau temps enfin. Chez Dante, le soir. Puis ballade dans Paris avec Bernard et Petrus.

4 juin 1951

Déjeuner Gatti, aux Baléares. Visite de Beaufils – rectificatif. Visite d’une dame Lourdelet (amie du faux prince d’Orléans Bragance), folle sans doute.

5 juin 1951

Coups de téléphone Guérin, Saint-Nazaire, etc. pour l’affaire Chaumeil. Le soir, chez Saby, anniversaire de Danielle (les Toussaint).

6 juin 1951

Visite sur visite au journal.
Prix F.J. Armorin à Henri Amouroux (Sud-Ouest) – Vu Kessel chez Denys de Pouilly.

8 juin 1951

Il pleut. Recherché un certain E. Bourgeois, soldat de la Grande Guerre dont on a trouvé un message dans une bouteille (daté de 1916, Flandres). Arcueil, Cachan, pas trouvé. Le soir, salle du conservatoire, concert (Ravel, Stravinsky, Milhaud, Pierrot lunaire par Leibowitz). Avec Bernard, Souvtchinsky et Petrus, venu de Royaumont.

10 juin 1951

Le soir, à Montreuil, fiançailles de Michelle. Toute la smala là.

11 juin 1951

Soleil. Cour carrée du Louvre avec les Toussaint et Dante, concert de musiques anciennes – puis ‘Te Deum’ de Berlioz (pas bon).

12 juin 1951

Discussions syndicales en cours avec les patrons pour une augmentation de 12 %. Consultation de la rédaction. Vote.

14 juin 1951

Protocole d’accord journalistes-patrons signé. Pas de grève pour les élections.

15 juin 1951

Formidable orage la nuit. À St-Louis des Invalides, obsèques de J. de Frémonville, correspondant A.P.tué en Corée. (Labarthe, Helsey, Coquet). Martine de Wavrin pleurait tout au fond de l’église.

16 juin 1951

Chez Dante, avec Tosca, Fred, Bernard. Pronostic élections : voix communistes augmentées. L’Ile-St-Louis décorée de drapeaux et de plaques souvenirs pour le bimillénaire.

17 juin 1951

Voté après-midi – marché couvert, bd de Lorraine. Le soir au journal jusqu’à 4 h (départements Haute-Garonne à Loire-Inférieure). Tosca, Fred, Helman, résultats plusieurs fois incertains – communistes en tête pourtant.

18 juin 1951

Formidable histoire : 2 Allemands enfermés dans un blockhaus depuis 1945 à Golymia. Un, meurt en sortant…

19 juin 1951

Avec Dante, cinoche d’essai. Repris le métro.

21 juin 1951

Incroyable lettre de Wang – Troubles en Iran.

23 juin 1951

Messe anniversaire pour Armorin (les parents, Kessel, Helsey, Danjon, Dante, Petrus, Hespérin, Mme Berkay, etc.)

24 juin 1951

Lecture de « Aperçus préliminaires sur les manuscrits de la mer Morte (A. Dupont Sommer) – Extraordinaire.

25 juin 1951

Hommage à Edouard Scherré (1842-1929). (Texte de la plaque, illisible.)

27 juin 1951

Lundi : dans la 4 CV empruntée par Gilbert, départ pour Hayange. Le lendemain, avec les parents, par les Vosges à St-Louis (Bâle, radio, musée). Mercredi : Colmar (visite oncle Daniel et tante Renée), Sélestat (cimetière), puis Barr (Laure Lévy). Couché Maison Rouge.

28 juin 1951

Jeudi : vers Hayange par Saverne – arrivée Hayange 18 h. Temps gris pendant tout le voyage – radio à bord. Les bruits de pais se confirment en Corée (après le discours de Malik). En Iran ? – Vu les Hazan, Michel Hecymers, (suivent d’autres noms illisibles).

29 juin 1951

Quitté Hayange 11 h, 18 h à Paris.

30 juin 1951

Chez les Marchal, déjeuné.

1er juillet 1951

Chez Petrus (Dante, Bernard, Helman) – puis à la gare de Lyon où Dante s’embarque pour Monaco (procès). Les Nord-Coréens et les Chinois acceptent les pourparlers proposés par Ridgway.

2 juillet 1951

Avec Lioret (de l’A.P.Tel-Aviv) et sa femme, dîner.

7 juillet 1951

Petrus ne pourra pas venir écouter sa ‘Polyphonie X’ à Donauschingen en octobre. Il sera à Londres avec Barrault. J’irai cependant avec Hespéres.

8 juillet 1951

Musiques militaires, 2000 ans de Paris. En Corée, les préliminaires d’armistice ont réussi à 100 % – Le soir aux Invalides, feu d’artifice (Petrus, Dante, Hespéres).

9 juillet 1951

Lettre à Zachayus pour lui désigner un avocat appel (Me Mandel) (suite à procès perdu – dommages intérêts pour refus de céder la place). Le soir à Asnières, porte d’Argenteuil, pour échange d’appartement, en bonne voie.

10 juillet 1951

« Mais à Paris plus qu’ailleurs, il est impossible d’arrêter une plume qui se croit amusante ». (Baudelaire – sur R. Wagner).
Pour mon compte, je ne voudrais pas faire mon ami d’un homme qui aurait eu un prix de vertu, je craindrais de trouve en lui un tyran implacable. (Benda)

11 juillet 1951

Hier, signé achat appartement puis dîné avec Groussard, sa femme et Blanchet (du Monde). Aperçu Janine Bonnardot.
Rognoni au journal. Bellanger rogne 1 000 F sur ma note de frais.

15 juillet 1951

Mort de Schœnberg.
Le soir avec Petrus, Bernard, Dante et Wolf, un compositeur américain (17 ans), ami de Cage. Dîner chez Michel – puis les rues.
« 26 ans… Je me sens devenir vieux, dit Boulez ; mais le temps n’a pas été mal employé – les types de 17 ans ont de la chance, savoir ce qu’ils savent… Ah, si à 17 ans, j’avais eu un type comme moi devant moi ! »

16 juillet 1951

Engueulé Larquier.

17 juillet 1951

Convoqué par Fargue – sur l’histoire Larquier. Fini comme d’habitude.

18 juillet 1951

Déjeuné midi quai d’Anjou (Dante, Petrus, Bernard et Wolf), puis avec Bernard place Fürstenberg (atelier Delacroix).

19 juillet 1951

Contre attaqué Larquier par lettre à Fargue – Convoqué par lui. Tout va pour le mieux. Lecture des « Sept piliers » de Lawrence.

20 juillet 1951

Abdallah, roi de Jordanie, assassiné à Jérusalem. Visite de Viel-Lamare rentré de Guyane et qui doit y aller comme gouverneur de Maripasoula.

21 juillet 1951

Gatti déjeuner Clichy puis P.J. (inspecteur Duval) pour papier sur la disparition d’un polytechnicien charpentier (1947). Chez nos co-échangistes d’appartement à Asnières (grande conversation sur la pêche !).

22 juillet 1951

Déjeuner marché avec Gil et la mère.

23 juillet 1951

Pétain mort.

24 juillet 1951

Mort de Flaherty. Avec J. Bonnardot revu « Au cœur de la nuit ».

26 juillet 1951

1ère leçon de conduite auto, porte de Clichy. À 20 h à Versailles, rue de l’Orangerie (aux Routiers) pour une histoire de trésor caché au château de Gisors.

27 juillet 1951

2e leçon. Dîné avec Dante et Bernard chez les Toussaint. Projet voyage Pologne avec Toussaint.

28 juillet 1951

Coups de téléphone avec les gens du trésor.
Avec Dante, dîné chez les Marchal – Puis bagarres dans les escaliers contre la comtesse de la Falaise et ses Vénézuéliens (Risquez, Numez, Sotto) à coups de pistolet à plombs.

29 juillet 1951

Koblet gagne le tour de France.

30 juillet 1951

3e leçon. Chaleur.

31 juillet 1951

Tribunal militaire Reuilly-Diderot (LVF.S.O).

1er août 1951

À Versailles, 9 h – puis avec Lelieu et Guibet à Gisors (1er adjoint, secrétaire, ingénieur). Puis au château (souterrain et garde). Puis à Bourg-en-Vexin chez le baron Laffitte (4h à 6 h) – un excité réac et pédéraste.

2 août 1951

Recherches préhistoriques pour le trésor.

3 août 1951

5e leçon. Le soir, chez Bernard avec Dante – extrait gras et hach.

5 août 1951

En bateau avec les Marchal, Otero, Mercédés et Dante – déjeuner sur la Seine vers Orly.

6 août 1951

6e leçon. Dîner chez les Bonnardot avec Dante. Poker jusqu’à 2 heures.

8 août 1951

7e leçon. Gatti parti pour Bordeaux (procès de 16 coupeurs de canne à sucre accusés d’avoir tué le planteur Guy de Fabraigue).

9 août 1951

Sorti avec Janine Bonnardot

11 août 1951

Bernard part avec les toussaint à Percevalière – le rejoindrons vers le 6 septembre.

12 août 1951

Avec Dante chez les Marchal, puis à l’Alsacienne de l’Ile. Consulté livres de l’hôtel. Outre Joyce et Pound, ont habité A. Kœstler, P.J. Jouve, Lanzo del Vasto, etc.

13 août 1951

Envoyé lettre au Président de la République (Nord Af’).

14 août 1951

Lettre de Boulez d’Antibes.

15 août 1951

Temps de chien ! Quel été ! Lecture « Histoire de la mystique juive » (Müller)

16 août 1951

Avec Dante, envoyé télégramme à Saby à Grenoble. « A – OVA – OUA – stop Grrr ? Fui…i ? » Boulez rentré. Mort de Jouvet.

17 août 1951

Maman partie 8 h 20 Hayange. Dîné chez les Toussaint avec Dante. Projets départ Mexique.

18 août 1951

Déjeuné avec Dante et Petrus à Clichy.

19 août 1951

Papier sur Mme Kirkwood inculpée « d’enlèvement d’enfant » mais en réalité suspectée de communisme et enfermée à Caen (séparée de son enfant) en attendant son extradition.

20 août 1951

Papier bleu du prince Khabili qui se dit diffamé dans le papier d’ »À nous deux Paris » consacré à Antonietti. Avec Dante, envoyé lettre à Benazet de l’Aurore – qui a écrit un infâme article sur la répression.

21 août 1951

Si le citoyen doit beaucoup à sa patrie dont il est membre, chaque nation doit à plus forte raison bien davantage au repos et au salut de la République universelle dont elle est membre et dans laquelle sont renfermées toutes les patries des particuliers (Fénelon, Supplément à examen de conscience).

22 août 1951

Je suis pour la paix mais dès que je parle ils sont pour la guerre (120).
Arrivé à Sarrebrück (poliomyélite). Mardi 21 – 19 h 25. Logé hôtel Excelsior. 208 cas de polio. Haut commissariat, puis police place du Château, puis Institut d’hygiène. Conversation à midi : « S’ils avaient gardé Bülow, ça ne serait pas arrivé » Rasé à la Vitelloise ! Haut commissariat où j’attends 1 heure 30 un fonctionnaire qui n’arrive pas, M. Bouffonais.

23 août 1951

Papier téléphoné à 19 h – Autorail de Metz à 7 h 42. Dr Pelouse, 6, rue Mozart, puis préfecture. 9 cas de polio en Moselle – Déjeuner Palace puis Hayange 15 h 10 – cinéma avec les Michel juniors. Le matin, autobus pour Metz, puis à la gare pour le train autorail de 8 h 59 à 8 h 55, Richard du Républicain lorrain m’enlève : catastrophe ferroviaire à 20 km de Metz (Sasanry-sur-Nied) 19 morts, 32 blessés, un wagon sur l’autre. Victimes surtout militaires.

24 août 1951

Passé papier, puis au Globe.

25 août 1951

Journée à Metz – Soirée avec Colette Arrighi, une vendeuse de fleurs.

26 août 1951

Train 6 h 13, mais pas réveillé par le portier. Train 13 h 08. Arrivé 17 h 45.
La grosse jubilation du voyageur de seconde qui va pisser en 1ère.
Journal 18 h – article fait, puis Clichy. Lisquez, le Vénézuélien est entré avec sa 11 CV dans une voiture des Messageries. Le convoyeur brûlé vif.

27 août 1951

Affaire Kirkwood évolue bien : a revu son fils (France-Soir s’en attribue le mérite).
Visite à Paul Lévy (Aux écoutes) qui fait la petite bouche…

28 août 1951

Déjeuner avec Dante (île Saint-Louis) – puis Palais (le corbeau de la rue d’Enghien) – conversation avec Collin, très affligé (Smadja veut le virer de Combat).

29 août 1951

Le soir, à la Rhumerie avec Dante et une bande à Escuret pour y voir les Gratiant, martiniquais (un poète, un avocat -cocos).

30 août 1951

Vu Me Ryon, rue de Grenelle, pour le procès avec Khabili. À midi, chez Boulez avec Dante. Puis, Croix-Rouge (vieille fille Buisson…)
Le Talmud raconte que Simeon Ben était un gladiateur d’une force prodigieuse. Mais que, lorsque son beau-frère le décida à étudier la Torah, il n’eut plus la force de soulever son épée.

31 août 1951

Tous les records d’orages et de pluie battus.

1er septembre 1951

À midi, île Saint-Louis – Déjeuner avec Galli « Chez les Italiens ». Puis enquête à rédiger tout l’après-midi (police des fantômes). Le soir, 23 h Folies-Bergères avec Albert Médina pour y attendre Petrus – et déambulations jusqu’à 4 h.

2 septembre 1951

Pluie – Papiers. Téléphoné à Rognoni pour savoir si Médina pourrait louer l’Apollo (dont ledit Rognoni s’occupe avec Huturatu) pour y monter différents spectacles (notamment Arden et Keversham).

3 septembre 1951

10e leçon – désastreuse.
Médina a pris contact avec Rognoni. Possibilités.

4 septembre 1951

11e leçon – désastreuse. Malaise dans la rue. Passé l’histoire du trésor à Busson.
Dîné avec Toussaint et Dante (projets pour Grenoble).

5 septembre 1951

Passé permis – et loupé (bon pour le code). Puis Versailles et Gisors (souterrain) avec Busson (Lelieu, Letondal et Lamour). Rentré 11 h. Journée d’été. Lettre personnelle d’Auriol en réponse à la nôtre (sur les problèmes des N-Africains)

6 septembre 1951

Papier paru sur le château. Déjeuné midi à Clichy (café du coin) avec la mère, Alphonse, Monique et Dante. Le soir au Mt-Blanc avec Dante, Petrus et Médina.
De Gatti : 2 influences, dit-il, sur ma pièce : le Dibberek (où les acteurs restent figés après la fin, et ne saluent pas), et les Nô (où le personnage parle de lui à la 3e personne et dit ce que les autres pensent de lui et aboutit enfin à sa phrase, à son texte. Les « ruisseaux » jetés de tous côtés, dont Médina l’accuse, représentent justement l’homme tout entier avec ses projets dont la plupart ne viendront pas à naître. Il n’y a pas de dialogue avec des ficelles à saisir. C’est du langage – il n’y a pas de rôles d’acteurs (d’où sans doute l’hostilité de Médina), mais les rares gestes à faire ont d’autant plus d’importance.
Temps lourd. Le soir, journal pour finir enquête.

8 septembre 1951

M.B. à Clichy. Puis, l’après-midi, au journal, pour taper dernier papier (police des fantômes).

9 septembre 1951

11 h 20 départ pour Grenoble avec Dante. Arrivée 20 h 20. Taxi pour Percorallière- Seyssinet. Erreur d’aiguillage dans la nuit. « Ah, c’est le Château » fait le chauffeur. Puis au bout d’une allée le perron illuminé et des formes nombreuses.

10 septembre 1951

Hélène – ses trois enfants. Danielle, Bernard et une dame nommée Babette Farnoux. Journée : 8 h lever – 9-12 h hamac – 13 h déjeuner – 14-19 h hamac – 19-20 dîner 20-23 salon.

11 septembre 1951

Toussaint arrive. Lecture Rimbaud en hamac. Puis, avec Dante, les gendarmes et les voleurs avec 6 gosses. Puis, avec Robert en voiture dans le Vercors (Tour-sous- Vorrin, St Nizier, cimetière maquis et tombe J. Prévost).
Le soir, à la radio, 1ère mondiale à Milan de « Rake’s Progress » d’Igor Stravinsky. Enterrement de première classe – Pauvre Igor.

12 septembre 1951

Journée de drames. Danielle veut quitter Dante, divorcer, vivre sa vie… mauvaise influence d’Hélène (déjà soignée à Prangins), philosophies non digérées, complexes… Chaleur lourde. Joué aux boules chez Chichi Groux. Retour, l’histoire continue. Dante veut repartir lundi. Nous aussi. Danielle resterait seule dans la maison. Un cheval emballé traverse le parc au galop. Danielle s’en va, puis revient. Au dîner, incident. Bourbalet crie. Dante roucoule comme un fou. Le soir, promenade sur la route de Grenoble. Réceptions là-bas.

13 septembre 1951

Atmosphère un peu détendue. Rimbaud dans le hamac. À 13 h, les femmes et Robert s’en vont en Suisse jusqu’au soir. Dante, Bernard et moi seuls. Piano, silence, fraîcheur. L’après-midi avec les gosses courses et guerre dans le parc. Avec Bernard, à Seyssins cherché le pain, tabac, etc. Puis, le soir, avec les mêmes, à Seyssinet.

14 septembre 1951

Pluie, vent. Décroché le hamac. Robert T. me dit que les médecins de Prangins donnent à Hélène trois ans avant la complète schizophrénie (et l’internement). Lu l’Imitation. Coup de téléphone d’Otero (de Villard-de-Lans). Véritable tempête, le vent hurle. « Isabelle… it’s too windy » crie la nurse (Irlandaise).

15 septembre 1951

Clandestinement, Robert nous mène à Villard chez les Otero. Déjeuner, puis, car pour Grenoble, musée, cafés, loué place pour car de Nice. Les 2 autres rentrent lundi soir par le train avec le perroquet et le lardon. Danielle restera seule.

16 septembre 1951

9 h départ des Toussaint (père, mère, fils, bonne et « Mythe » Maginot). Beau temps. Puis vent. Soirée presque funèbre – les nerfs malades. Babette nomme des amis à elle, des Seligmann – pas les mêmes.

17 septembre 1951

Nuit de tempête. On s’en va ce soir. Taxi sur la route de Seyssinet. Dante et Bernard, train de 22 h. Moi, hôtel de Savoie.

18 septembre 1951

Car 8 h 10, déjeuner à Digne 13 h 15. Grasse 17 h 30. Négociants. Vu Nardin, Reichenecker, Marcelle.
Morts : Jouvet, Ludmilla Pitoëff, Geo London, Maria Montez (cinéma).

19 septembre 1951

Relu « Ulysse ». Le soir, Marie-Cl. puis salon de l’hôtel : les fils Hughes, Nardin, le maestro Rossignoli, une pharmacienne et une mystérieuse pensionnaire – jolie plus un perpignanais jovial et un grassois concentré.
Article : « Crimes et châtiments » paru dans « Aux Ecoutes ».

20 septembre 1951

…Fragment de la bible en créole le l’île Maurice.

21 septembre 1951

« Ulysse » – Temps gris, journées calmes.

22 septembre 1951

Lettre de maman et de Gatti-Saby (répondu). Auriol a téléphoné. « Ulysse ».
Citation de L’hermaphrodite d’Albert Samain.

23 septembre 1951

Grisaille. Match de foot stade J. Girard, avec Nardin. Grasse contre La Ciotat qui gagne 4-3. Pauvre spectacle.

24 septembre 1951

Rêve avec papa. Papa, vieille religieuse, C.S. à la recherche d’un conseil, avions annonçant un bombardement et puis déchirante (mot rayé). Crabe capitaine.
Travaillé : « Exa inconnu ». Pluie.
La fille de la chambre 10, après le départ de son Jules quadragénaire, court avec un Anglais. Le Jules téléphone, angoissé, trois fois le soir. Mais elle…

25 septembre 1951

Joyce terminé. Nouvelles recopiées. Celui qui disait « stupide » un siècle où l’on vit, en lice poétique, Hugo, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Lautréamont, Mallarmé !

26 septembre 1951

Mallarmé (œuvres complètes, Pléiade). Pluie sur Grasse. Travail – fièvre – toux. Lettre à Saby.

27 septembre 1951

Mallarmé – Travaillé à « Cornée ». Rhume, grippe. Visite de Duclary, resté à Grasse depuis des mois et qui rentre lundi à Paris.

28 septembre 1951

Beau temps – Bilan des grandes figures (pour nous). Baudelaire, Mallarmé, Joyce (Rimbaud, Lautréamont) – Klee – Schoenberg – Berg – Webern –
Et il arrivera qu’un chirurgien greffe la cornée d’un mauvais garçon sur l’œil d’un saint homme.

29 septembre 1951

Pluie, orage. Temps des croisades… pour nous – jolie époque – croisades de la prudence, de la politesse… Voler sa part de dignité à quelqu’un.

30 septembre 1951

Car de Grenoble 9 h – Grenoble 18 h 15 – car de Lyon – Lyon 21 h 15. Vu J.J. au Progrès – puis café. Bouteille de Bordeaux.

1er octobre 1951

13 h 37 à Paris (voyage avec 2 journalistes du Progrès). Appris à Clichy la mort en Suisse (probablement suicidé) de Donald Sanon.

2 octobre 1951

N. Af. Av. Faidherbe. Carte de Londres (Petrus) – Consulat d’Allemagne (visa) – Mort du bourreau (reportage).

3 octobre 1951

Téléphoné Souvtchinsky. Train demain soir pour Donaueschingen. Retiré mon passeport. Vu, île Saint-Louis, Dante et Bernard.

4 octobre 1951

Tél. de Mme Barkey. Visite de libérés. Dante à déjeuner.
22 h gare de l’Est. Souvtchinsky, Goldbeck, Messiaen, affairé, béret, lunettes, valises, carton – pour ‘Polyphonie X’ de Petrus (16 invités).

5 octobre 1951

Herzlich Willkommen den Gästen. Arrivée 10 h 50 à Donaueschingen. Hôtel Schützen. Carte à Boulez. Visite du château, musée loufoque (Lucas, Cranach, Holbein et des coucous). Fenêtre sur le Danube. Répétition Boulez 9 h par le S.W.R. « Grosse Attraktion » disent les chefs ; les musiciens, afférés, le croient schizophrénique. Le virtuose suisse Nüsse me dit : « C’est le plus grand fou ou le plus grand génie. C’est la musique de l’avenir ou le néant… Honnêtement, je dois dire que cette musique nous n’avons plus de connections avec elle – elle supprime l’interprète ». Répétition à 9 h : formidable. (Souvt., Goldbeck, pour ; Mihalovici contre et encore Hassang, Heugel).

6 octobre 1951

9 h : répétition Boulez, puis télégramme à Boulez à Londres : « Répétions magnifiques – partition éblouissante » – et à Gatti, Saby, idem. Festhalle (ancien manège du prince). Drapeaux, salle comble. 2 « œuvres » avant (Krenek et Liebermann). Puis, 17 h 07, le Boulez. 1er mouvement : 1 sifflet – 2e mouvement : mouvements divers – 3e mouvement : protestations (polies cependant), tension, exaspération contenue. Télég. de Boulez. Téléphone à Boulez : « Public remué. Pas un indifférent. Discussion générale passionnée ». Le soir, évitant la musique, sommes allés dans salle commune à côté du restaurant occupant – Une blonde allemande et un adjudant (prostituée, femme honnête – Charlotte), tombée amoureuse de moi.

7 octobre 1951

Petrus a envoyé un télégramme de Londres à Rosbaud. Répétitions Festhalle (Jallick, Hentze et autres babioles). Déjeuner général chez le Prince de Fürstenberg (tout le château d’un mauvais goût ahurissant). L’après-midi, concert Messiaen avec Gabrielle Dumaine (pas fort et mal chanté). Train 19 h 19 pour Paris avec Souvt. et Goldbeck. Discussions musique, littérature. Arrivée 7 h 35.

8 octobre 1951

Maman de nouveau tension… régime imposé. Affaire de Korat arrêté pour « intelligence avec une puissance étrangère » Triste et rigolo.

9 octobre 1951

Passé Aux Ecoutes (toucher 12 000 pour enquête), puis Lamy service des N. Afr. Rue de Picardie. Gatti à déjeuner chez nous. Puis chez Labarthe à Neuilly (Kessel, Coquet, Helsey, Bromberger, Devosne d’ailleurs honteux de son papier sur Korat), à propos affaire Korat, communiqué.
Lettre reçue de Petrus. Lettre à lui. Dîner. Yom kippour demain.

10 octobre 1951

Jeûne. « Il est plein de périls de commencer sa vie par l’apogée. C’est là le sort de beaucoup de femmes qui attendent trop du 1er acte et qui vont trop tôt au dénouement. La pièce ensuite traîne en longueur. » (Dumas fils). Voir Béthanie.

11 octobre 1951

Lu : Un héros de notre temps (Lermontov).

12 octobre 1951

Télégramme de Petrus qui nous convie chez lui dimanche.
Notes de frais de juin 51 : Bellanger après 4 mois refuse de payer les 1 000 F rognés dessus. Je déclare que j’en saisirai la délégation syndicale (dont je fais partie), ce que j’avais évité jusqu’ici. Puis, si pas satisfait, j’enverrai le restant de la note (4 900) à une œuvre charitable de la part de Bellanger.

13 octobre 1951

Gatti et Saby déjeunent à Clichy – puis vont à Noisy chez une femme qui prendrait le gosse, tandis que Danielle irait en Suisse à Prangins…

14 octobre 1951

Virage à droite au ballottage des dernières élections : l’ordre moral, assure Borsalon. Lettre de Boulez
Le soir, 23 h 30, chez Michel avec le Petrus, Soly, Dante, les Souvt – rentré 4 h.

16 octobre 1951

Avec Lamy (du contrôle de la main d’œuvre nord-africaine) visité à Issy un foyer en construction. Gatti a placé Stéphane à Noisy ce matin – difficultés avec Danielle. A reçu une lettre de Rachel Rosenthal lui disant qu’elle avait « 90 % de chances de monter la pièce ».
Les pontifes du P.L. sont inculpés d’escroquerie, faux en écritures, etc. (longue affaire remontant à Rebeyrol – Blocq Mascart).

17 octobre 1951

Article sur Boulez dans P.L. Très coupé. Article de Rostand dans Carrefour. Téléphoné De Caunes. R.V. pris. Avec Gatti, chez Petrus, qui avait reçu l’article de Rostand, et partiellement entendu sa Polyphonie à la radio allemande. R.V. pris pour dimanche à l’enregistrement d’une sonate. Après, avec les Gatti, Boulez, déjeuner aux Italiens et cinéma : « Le Garçon sauvage », une connerie.

18 octobre 1951

11 h avec Gatti, ministère de l’Intérieur, Bd Gouvion-de-St-Cyr. Entrevue avec le sous-préfet Piolet à propos des Nord-africains. Brave type, mais peu intelligent. Le soir, visite des Orano (lépreux). Gatti me propose de collaborer à « Naissance des voyelles » (un projet à lui) « aussi important, sur un autre plan, que le Manifeste communiste ».
Ca barde en Egypte.

19 octobre 1951

Avec Lamy et Bayen à Nanterre, puis Saint-Denis (centre N.-Af.) – Déjeuner avec eux aux Baléares.
Gatti part en Suisse accompagner Danielle à Prangins (chez le Dr Durand). Voiture de Toussaint.

20 octobre 1951

À la télévision, avec de Caunes qui passe un film sur le Groënland. Déjeuner rue Malar à « l’Ami Jean ». Pas mauvais film. Lu « Axel » de Villiers.

.21 octobre 1951

A 19 h 30 avec Saby, Petrus, Souvt assisté à exécution par Y. Loriot et l’auteur de « Structures » (pièce pour 2 pianos de Petrus). Plus : du Messiaen (Chants de terre). Structures mal jouées, trop dures. Pétrus désespéré. Dîner chez Bernard. Réflexions du Petrus : 1) nous ne sommes que des adaptateurs Webern, Stravinsky. 2) le temps passe, déjà 26 ans… Il faut faire le « coup de dés » avant 30, sinon, ne le ferai plus, etc. Rentré à 5 h avec la partition de Structures.

22 octobre 1951

Dante revenu : Danielle bien installée à Prangins.

23 octobre 1951

Avec Dante, au 85, rue Charlot, au syndicat des produits chimiques. Dante a vu Rachel Rosenthal et celui qui est décidé à monter la pièce. Tout a l’air de coller.
L’après-midi, photos rue des Saussaies – Mme Fabienne Meyran.
1er papier de « Police des fantômes » paru. Engueulé un du bureau Guérin.

24 octobre 1951

Vu Helsey pour réunion association. Leçon auto. Le soir, chez Janine B. pour papier à taper.

25 octobre 1951

Chez les Bonnardot avec Saby, Dante. (ça vaso-dilate ?)

26 octobre 1951

Leçon auto – Gilbert reçu ce soir sa voiture. Prairie 14 CV.

27 octobre 1951

Manifestation contre la messe pour Pétain à N.D. 2 ou 300 personnes (Bonnardot, Dante, Helman) quelques bagarres avec les flics.
L’après-midi, un avion atterrit sur le ventre à Orly – envoyé pour le papier.

29 octobre 1951

Tante Germaine, opérée samedi d’un cancer au foie, est très mal.

30 octobre 1951

Un comble : Rebeyrol et son groupe retirent leur plainte contre le P.L. moyennant un « fromage » à la télévision (Paul Auriol d’accord – un magistrat qui voulait poursuivre élevé en grade !).

31 octobre 1951

Encore à Orly. Un « Bretagne » en feu au décollage : 2 blessés.
Réponse de Bellanger à ma note sur les 1 000 F – coupée en quatre et tirée par les cheveux. Avec les trois à l’Orangerie : impressionnistes français des musées allemands.

1er novembre 1951

Avec les 3, à Pleyel pour Requiem (Mozart) mais pas de place. Parc Monceau, dîner chez Bernard, puis Marigny (Partage de Midi) et retrouvé Dante revenant de la rue du Laos au « Royal ». (Petrus entré au Centre d’études radiophonique. Musique concrète.) Bernard fera une période en août. Sujet de plaisanterie. Divertis.

2 novembre 1951

N° spécial de « Collier’s » consacré à la défaite et l’occupation de la Russie. Infect !
Dante à Clichy, midi – Troubles au Maroc : 3 morts – Reçu avec Marzet et Roels par Bellanger pour les questions syndicales.

3 novembre 1951

En 3865 ans, 323 ans de paix, 8250 traités de paix.

4 novembre 1951

Hier soir avec les 3 et Flinker dîner aux Italiens, puis écouté La Passion St Jean de Schütz – 1 concerto Bach et un fragment Wozzeck. Envoyé note à Fargue (réponse à Bellanger) – Haïr, sous peine de déchoir.

5 novembre 1951

Auto-école.
Internement d’Archer, ingénieur follet – Papier sur lui mais arrêté. Vu B. Derosne pour affaire Korab – Mort de Rebeyrol.

6 novembre 1951

Loupé permis de conduire. Vu Fargue pour note appui auprès de Bellanger. D’un homme très personnel : « Il brûlerait votre maison pour faire cuire deux œufs ». (Chamfort.)

7 novembre 1951

Je suis fusillé tous les jours. Lettre à Danielle en Suisse.

8 novembre 1951

Unesco avec Gatti, puis chez Saby, puis déjeuner Clichy. Après-midi Onu.

9 novembre 1951

Avec Gatti, dîner chez les Italiens. Puis, soirée avec Marchal à parler de comtesse et de Caunes.

10 novembre 1951

Saucisson chaud, pied de mouton – château salade – fromages – desserts, pâtisserie. 750 avec service mais sans boissons. « Aux Lyonnais », rue Saint-Marc, Grands reporters. Affaire Korab – admission Mac Orlan – Rivière.

11 novembre 1951

Suicides (Monde) – Nord.Af. (Monde).
Avec Bresson, chez Lelieu à Versailles (trésor, obstacles de la municipalité). Puis, dîner chez Bresson : table tournante (sa mère et sa femme).

12 novembre 1951

V. Hugo interrogé : le plus grand poète moderne C.B., le plus grand poète contemporain, H.M. Vu Scipion à ‘Constellation’, projet de pêche à la baleine.

13 novembre 1951

340 lois, 5 000 décrets, 6 000 arrêtés chaque année.
Lettre charmante de Wang (marié) qui part dans la campagne chinoise. Photo.

14 novembre 1951

Epitaphe : Il n’a pas manqué à ce qu’il se devait.
« Et ouvertement, je vouai mon cœur à la terre grave et souffrante et souvent dans la nuit sacrée je lui promis de l’aimer fidèlement jusqu’à la mort sans peur, avec son lourd fardeau de fatalité, et de ne mépriser aucune de ses énigmes. Ainsi, je me liai à elle d’un lien éternel. » Hölderlin.

15 novembre 1951

Notaire : papier de propriété. Le matin : agriculture, brochures de la FAO. L’après-midi : Piollet, intérieur (documentation).
Avec Dante, le soir, ciné Vendôme « Los Olivados » de Bunuel. Effroyable.

16 novembre 1951

Lu le Coran.

17 novembre 1951

Déjeuner chez les Marchal avec Dante. Le soir, avec Karl Flinker et Dante, aux Italiens, puis chez lui : « Orféo » (et angoisse collective : je fusillé, Karl interné, Dante brûlé).

18 novembre 1951

Avec Karl et Petrus, aux Olvidados – Les deux enthousiasmés.

20 novembre 1951

Envoyé lettre à Vignon. Départ pour inondations (Avignon) à 19 h en voiture (Tricourt, Héry et Lamour). Dîner Pont-lès-Avallon – coucher minuit. Comète sur la route.

21 novembre 1951

Montceau-les-Mines : zéro ! et la vallée du Rhône. Loriol et le couvent, le Palud et les fermes isolées, les routes pleines d’eau ; après des heures de recherches (toutes les routes coupées), et renseignements à Carpentras, arrivée à Avignon à 20 h (une seule route). Papier à 9 h 30.

22 novembre 1951

Matin : dans les rues en bateau avec deux sauveteurs. L’après-midi la tournée des ministres : Poilet, Sorgues, Bédaridas (bateau trois fois) complet (Sevry, Josco, Bromberger…). Sevry part à Arles.

23 novembre 1951

Avec Buffet sur le Rhône – mais pas de barges à moteur (militaires pas là) – l’eau baisse. Avec les autres, au Sporting Club (10 fines). Rentré 2 heures.

24 novembre 1951

Inondation finie. Départ 9 h 30. Déjeuner l’Hermitage. Lyon 16 h 30. J.J. dîné avec. Puis, chez Lapierre, bourgeois d’art (très drôle). Rentré 1 h 30.

25 novembre 1951

Train de 8 h 22 (juste payé en 3e classe) grâce à J.J. rencontré Delsart (du Progrès). Paris 13 h 45.

26 novembre 1951

Avec Bresson, vu M. Dufour (de l’Institut métaphysique. Intéressant).

27 novembre 1951

A la préfecture, Fontaine (du cabinet) pour Nord Afr.

28 novembre 1951

Vu père Guy. Gatti part pour Lyon (procès).

29 novembre 1951

Envoyé 2 500 F empruntés à J.-Jacques. Vu inspecteurs Imoun et Boyault de la rue Doudeauville (pour N. Afr.) – Leçon auto – Soirée chez Bernard, dîner.

30 novembre 1951

Vu Landry, 48, quai des Célestins – pour N.Afr. Soirée avec Rognoni, puis envoyé sur une histoire d’espions roumains brûlés (qui avaient « choisi la liberté » dans l’hôtel rue Montholon). Connerie superbe et généreuse.

1er décembre 1951

Avec Bresson aux alentours de l’hôtel Montholon (vu la blonde). Lettre de Billard. (Marisapoulo).

2 décembre 1951

J’ai 29 ans. L’autre versant déjà… La bande, plus Karl, m’offre les romans de Malraux (1 vol.), puis dîner chez Michel. Le Petrus en pleine action, dit-il, au studio d’essai (musique concrète). Danielle revenue de Prangins et Dante, en face d’une note de 100 000 F.

3 décembre 1951

Rentré à 4 h du matin. G. de b.
Julien Gracq prix Goncourt. Le refuse. Leçon auto. Naissance de Gil-Fernando Otero. Vu, avec Dante, Landry et ses élèves arabes quai des Célestins.

4 décembre 1951

Voyage Algérie accepté. Ciné. « L’Ange bleu » avec Dante.

5 décembre 1951

Déjeuner restaurant chinois du quartier avec Dante et Bernard.
Fait divers : une jeune fille part en Amérique retrouver son fiancé. Il est mort. Elle refuse de manger et meurt. On l’embaume. Les douaniers d’Orly ouvrent la boîte – puis la mère en prend livraison.
Vu M.B. – puis, 20 h chez les Geissmann, bd Victor-Hugo (bourgeoisie juive).

6 décembre 1951

Le soir, avec Dante, chez le Dr Jacquemart à Colombes (Nord-Afr.)

7 décembre 1951

Répondu Billard.
« Les conservateurs ont un nom qui commence mal » (duc d’Orléans).
Gatti à Michaux, lui demandant s’il avait lu le livre d’un nommé Nimier : « Je ne lis pas les gens qui n’existent pas ». Leçon auto. Paris.

8 décembre 1951

Brigade fluviale quai des Célestins. Dîner chez Dante (Danielle, Bernard, puis Otero). Puis 11 h chez Marchal qui me donne un « souvenir de Yerouchaloïm » légué par un vieux juif mort sous l’occupation.

9 décembre 1951

Soirée Dante, Danielle, Bernard, Flinker – dîner, puis chez Flinker (Schubert Lieder – Vivaldi, les Saisons – Mendelsohn, italienne – Mozart, divert.) Rentré 1 h. Histoire de Simone Heurard.

10 décembre 1951

Train 8 h 40 pour Lyon – arrivée 14 h 10. Vu Nugues, correspondant. Café du Palais (ct Martin, l’artiste Azzario, interprète Nord-Afr., café nord-af, place du Pont – puis chez Alaïze jusqu’à 1 h (J.J., Delsart, Nugues, etc.)

11 décembre 1951

Au lit jusqu’à midi – puis dîner J.J. acheté jouets pour les gosses – puis Nugues chez Fau, C.G.T. de la Part-Dieu. Avec Fau, expulsé de la caserne par le dir. Hornung. Prévenu son président, Monchino..

13 décembre 1951

Travail – police… déjeuner restaurant, après-midi vu Benedetti et changé d’hôtel (Normandy). Dîner Béné.

14 décembre 1951

Grève des traminots. Vu Vernet (travail main d’œuvre) – Lapierre (statistiques) et maison Le Corbusier (extérieur). Vu Belpeer (aide travailleurs outre-mer ATOM) à 15 h 30 – resté jusqu’à 20 h – sa femme (bédouine) le type des allocations familiales. Puis, avec Lapolla et Bruno Delaye, ciné : « Crimes et merveilles » avec Sanivel.

15 décembre 1951

Journée avec les Belpeer, Aix (femmes musulmanes) – déjeuné – St Barthélémy, Joliette, etc. Changé d’hôtel à Marseille : Hôtel des Princes – Papier paru dans Parisien sur famine.

16 décembre 1951

Train pour Lyon 11 h 15, arrivée 15 h 33. Dîné avec J.J. Brouillard.

17 décembre 1951

Avec Nugues, vu Faure dir. Cabinet du préfet. Refusé de revoir Hornung (qui stationnait dans le bureau à côté) puis visite de la Part-Dieu. Déjeuner Alaize. Vu à 6 h Mme Massenet, apéritif. Elle prépare la candidature de son préfet au gouvernement général de l’Algérie. Dîner avec Alaize.

18 décembre 1951

11 h autobus pour Trévoux avec Nugues. Déjeuné avec le fils Georges (les possédés de Mizérieux !) – Puis en taxi à Mizérieux (les « gaz », le pentacle, le curé, les vaches, etc.) Rentré 18 h. Dîné avec J.J. Revu Thérèse Raquin. Train 10 h 1 – brouillard (le rédacteur–aubergiste du journal de Trévoux – Trévoux libre – pas fin.

19 décembre 1951

Arrivée 4 h 45. Taxi. Journal 16 h. Gatti parti avec 35 000 F pour l’Algérie. Lettres diverses.

20 décembre 1951

Chez Petrus avec Saby et Souvtchinsky.

22 décembre 1951

Déjeuné avec mam et Gilbert chez « Muller », av. de Clichy. Soirée avec Rognoni – Mont-Blanc avec les Américains et Australiens puis club des Antillais. Rentré 1 h.

26 décembre 1951

Papier des « Possédés de Mizérieux » passé.

28 décembre 1951

Enterrement de tante Germaine à Pantin – la fuite du fourgon, accélérant à travers les encombrements. Le soir, chez les Marchal. Dante rentre le 30.

29 décembre 1951

Le soir chez le Dr Jacquemart, Colombes. Centre de Nanterre puis café arabe de Clichy. Atteinte à la liberté. Dépression.

30 décembre 1951

Dante retour d’Algérie (couteaux, porte-cigarettes).

31 décembre 1951

Tél. à Kessel. Tél. de Groussart qui nous invite pour dimanche. Chez Dante avec Petrus. Les Otero, Ninez, Helman, Bernard – Fini 3 h du matin. Deux condamnés à mort s’évadent de la prison d’Amiens.

Catégories
19ies

1953

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

1er janvier 1953

M. Roger-Ferdinand est une merde. L’opinion d’une merde sur le théâtre est sans intérêt. M. R.F. pourrait parler objectivement de la merde, pas du théâtre.
A 7 h, rentré du réveillon chez les Bonnardot (Lotar, Bernard, Mireille Vianès, etc.) Voiture en panne, recherchée à midi avec Gilbert.
Neige, pluie, brumasse. Fatigue : genou enflé – mélancolie, découragement.

4 janvier 1953

Gatti et Stéphane à déjeuner (Boulez à Gatti confie que l’Amérique, sans l’irriter, lui est indifférente. Très déçu par ailleurs de la « jeune musique ». Un peu dégoûté des échecs qu’il rencontre pour l’exécution de ses dernières œuvres en Allemagne).
« Le désordre de gens de peu de capacité est la pire sorte de désordre. » Kafka.

5 janvier 1953

Commencé enquête sur médecine pour D. Vu Collin, dépressif car Paris-Presse s’éloigne. Téléphone de Mme Barkay qui rentre en Israël.
Match – vu Croizard 19 h 30 bu à l’American Legion – parlé possibilité entrer.

6 janvier 1953

Toute la journée à la maison. Porté tableau de Bernard à l’encadreur. Acheté meubles. Téléphone Gatti : invitations à la pièce de Pichon. Orano se meurt, me dit-il.

7 janvier 1953

Vu Collin et Dante sur le point de partir pour Bordeaux (procès d’Oradour). Le P.L. désemparé : Que faire ? RV avec Lévy au Wepler. Pas là.

8 janvier 1953

Vu Orano à 10 h à l’hôtel de Nesles. Très mal. La tête entourée d’un cache-nez – pâle, pas rasé, la figure marbrée. Avec Mme O. à l’ambassade d’Italie pour toucher les 100 000 lires (64 100 F) envoyés par le Dr Gasperi.
A 19 h, chez le Dr Basset avec Mme Orano. « Il y a ici des médecins et des commissaires qui veillent à ce qu’on n’étende pas le champ de la poésie aux gens de la voie publique… » Nerval.

9 janvier 1953

Hier soir, chez les Marchal. Pluie, neige, pluie. Achats BHV. « Le temps ne respecte pas ce qu’on fait sans lui » proverbe chinois.
R.V. Dr Basset, léprologue charmant homme, médecin excellent.
Appartement presqu’installé.

10 janvier 1953

Grand remue-ménage à Clichy. Moi, à D. pour légendes des photos Guyane. Le soir, Dr Lévy et sa femme (au Sanglier bleu). Parlé enquête. 1ère nuit en haut.

11 janvier 1953

Visite de Collin à Clichy. Après-midi à bavarder.

12 janvier 1953

Détective.
Entretien Dr Liebmann sur la médecine.
Chez Bernard : toiles et confession : psychasthénie – contre quoi le chanvre, mais rien de bon actuellement.

14 janvier 1953

Hôpital Pitié. Pr Dreyfus (antibiotiques). Vu avec les internes – Vu Collin engagé à Match. Beigbeder démissionne du P.L. à cause de l’affaire Rosenberg.

15 janvier 1953

Au « Bossu », quai Bourbon. Dîner d’adieu d’Ellen Barkay et de bienvenue à son successeur, Havni, très curieux personnage (j. italien ; 14 mai mystique : « le seul jour où je n’ai pas eu peur de mourir »). Présents : Baudy et sa femme, la fine Jane Albert Hesse, le couple Haward, une anglaise de l’Unesco. Rentré 1 h.

16 janvier 1953

Procès, complots partout.
Match 18 h 15. Croizard, Farran. Vu Barsalon-Pernoud : engagé à l’essai.

17 janvier 1953

Médecins Pitié…
Conduit Audouard à la gare. Vu Boulez en train de réviser les épreuves de « Soleil des Eaux ».

18 janvier 1953

Projet avec Bernard de concerts modernes à l’auditorium du théâtre de Babylone, me dit Boulez. Avec Boulez, dîner au Vicomte, puis théâtre de Babylone « En attendant Godot », de S. Beckett. Bon. Quelques réactions.

19 janvier 1953

Vu Match. Vu Orano, très affaibli (des grosseurs au cou et sur les jambes). Il souffre le martyre.

20 janvier 1953

Travaillé la nuit à papier pour Match : Onasis, armateur grec s’empare de Monte-Carlo. Porté à midi. Bon. Demain, Bordeaux pour Détective. Verrai Gatti au procès Oradour.

21 janvier 1953

Train Bordeaux 11 h 25. Vu Châteauneu, puis Dante au Royal Gascogne avec les « chroniqueurs ».

22 janvier 1953

Procès d’Oradour. Les témoins rescapés (Hedron, Roby, Desourteaux…). Le soir, dîner avec les « chroniqueurs ».

24 janvier 1953

Train « Drapeau » pour Paris. « Il échappait par le dépaysement à son propre conformisme ». Maurois (sur Byron). À tout acheteur de chaussures il sera donné une paire de claques (une boutique de Montréal).
Arrivé 13 h 30. Vu Petrus (lui propose titre du groupe : Musique maintenant). Il s’occupe de la convocation à la gendarmerie reçue par Dante. Vu Match où l’on parle d’un article sur Hollywood.

25 janvier 1953

« Le Roi n’a rien su ; le Roi ne sait rien, le Roi ne saura rien ! » Richmond, 1436, précédant Charles VII à Paris.

27 janvier 1953

Match – papier à faire sur les films américains. Vu Bersalon, lui ai remis enquête Maufrais. Vu Collin, travaillé papier Match, remis 19 h. Vu Barillon et « Monsieur Prouvost » et Mossieur Cartier.

28 janvier 1953

Vu Boulez, invité à Metz par Dubois, mais d’abord 7 jours à Rome. Vu Libman Rosenblatt (coco) rapproche Oradour de l’Indochine. Ce sont les même crimes. À droite : ces gens-là salissent tout !

29 janvier 1953

Tél. Dr Billard. Son film passait hier à la T.V. (Decaunes parlant de moi pour « rattraper » ses fourberies). Mistral pour Lyon 13 h. Chez J.J. Téléphoné au Dr Jack Chevalier, beau-frère du Petrus. Vu Progrès papiers sur Maufrais.

30 janvier 1953

Vu Grange-Blanche Dr Chevalier (assistant du Dr Wertheimer). Déj. Chez J.J., dîner chez Chevalier, puis aux Archers avec eux.

31 janvier 1953

Dr Marion 15 h, Guillet 16 h 15, Angèle 21 h. À 5 h ½ la manchote : « Pour mon noël, j’ai fait 100 000 balles – mais, janvier après les fêtes c’est mort. Mon beau-père m’a tiré dessus. J’sais pas de qui c’est, mon fils. »

1er février 1953

Sac caoutchoux Decaunes. Rentré à Paris et dormi.

2 février 1953

Raz de marée sur l’Europe du Nord. Des milliers de victimes.
Envoyé « Rimbaud » à Machado Coelho (Belém). Renvoyé 2 000 F à Liliane (Lyon).
A 20 h, vu les Orano, encore mis à la porte. Sont à la Motte-Piquet, plus misérables que jamais. Lui, couvert de plaques rouges aux mains ; elle lasse. Je lui conseille d’aller au P. de Malte s’y faire hospitaliser. Remis 5 000 F.

3 février 1953

Papa, maman, Gilbert partis en voiture pour Aurillac et Nice. Train pour Morlaix
8 h 31.
Sur Toutankhamon : « Dans l’état actuel de nos connaissances nous pouvons dire avec certitude que le seul fait remarquable de sa vie fut qu’il mourut et qu’il fut enterré ». Howard Carter.
Morlaix 13 h 45. En Taxi, à Carantec (interview d’un gosse opéré de l’œsophage). Nuit à Carantec.

4 février 1953

« On ne doit pas être prisonnier des ordres pour les grandes certitudes » Leclerc.
Retour Paris par train Morlaix 11 h 20. Les Orano ont encore déménagé.

5 février 1953

Plus de 3 000 morts dans le raz de marée en Hollande et Angleterre.
Vu Saby l’après-midi, allé chez Otero, très mal.

6 février 1953

A minuit 30, coup de téléphone de Bordeaux : Dante – heureux, lyrique : le P.L. a tiré 30 000 de plus grâce au procès ; des femmes l’assiègent – lui. Il déborde d’amitié.
Le soir, journal : avec Cartier et Pecaud, retrouvé Morin dans un bar – ivre, lyrique et bavard. L’ai raccompagné en voiture à Clichy.

7 février 1953

Journée à la maison. Téléphoné à Match : « Il y a certainement du travail pour vous ». Attendre en vain.

8 février 1953

Déjeuner Montreuil. Vu Jackie. Lu la « Gradiva » interprétée par Freud.

9 février 1953

A Match, Pernoud m’annonce : « Je ne vous cacherai pas que je préférerais que vous travailliez uniquement pour nous ». Juste ce que j’attendais.

10 février 1953

Match. Papier « rewrité » sur Abetz. Puis sur le pool charbon acier (revu de Barillon qui l’avait revu de Dupuy). Rentré 21 h. Maman rentrée par le train : malade pendant le voyage : à Aix, abcès de la gorge.

11 février 1953

Article R. Cartier dans Match n° 204 (7-14 février). Boniface m’a parlé net, sa répression, m’a-t-il déclaré spontanément, a été brutale. J’ai aimé qu’il n’eut pas peur du mot. L’écrasement de la sédition a été par bonheur rapide et total. Boniface : j’ai écrasé la révolte aux moindres frais – j’ai eu de la chance – j’aurais pu ne pas en avoir eu – voilà – etc., etc.

12 février 1953

Toujours les Juifs ! L’URSS rompt ses relations avec Israël. Eisenhower refuse la grâce des Rosenberg. La police recherche les enfants Finaly.

13 février 1953

(Suite) Une famille juive enlève la fille, mariée à un catholique.
Coup de fil de Pernoud qui me demande de prendre l’avion pour Nice. Impossible.
2 condamnés à mort pour Oradour (1 Alsacien, Boos, 1 Allemand, l’adjudant Lanz contre qui d’ailleurs rien n’a été prouvé). Les autres : T.F. et prison.

14 février 1953

Sachez-le, ils nous haïssent non pour ce que nous sommes, mais pour ce qu’ils prétendent être et ne sont pas. M. Sperber (Evidences, déc. 52).
Nier la force du sentiment au nom du réalisme, c’est cesser d’être réaliste. Weizmann.
Gatti rentré de Bordeaux. Avec lui et Hespérus, dîner Vicomte puis, avec Hespérus chez Petrus, rentré de Rome.

15 février 1953

Avec Petrus, Dante, Bernard, les Toussaint, Daniel et Stockhausen au Marigny : « Ballet de Bali ». Superbe.

16 février 1953

Remis à Détective 2 papiers « Gosse de Carantec » et « lobotomie ».
Coup de téléphone de Match 16 h papier sur Élysée. Parti voir Forgeot et l’huissier Toulevent.

17 février 1953

Re-Élysée. Le soir, Match : papier sur Muiriella, forceur du blocus pétrolier anglais.

18 février 1953

Dîner avec Dante au Beaujolais, puis chez Boulez.

19 février 1953

Match. Papier à faire sur les grands magasins (documentation énorme). Vu Collin. Avec lui chez Stibbe, discussion sur mon affaire avec le P.L. et les grands problèmes de l’heure : Marty, le communisme, le cas Rosenberg… Les ouvriers chez nous.

20 février 1953

Bibliothèque montée. Papier Match.

21 février 1953

10 h Gatti l’admirable à Clichy. Noisy-le-Sec.
Chez les Orano (lui mieux) avec Gatti. Déjeuner Clichy, puis Noisy-le-Sec. Retour : convocation de Gatti à la gendarmerie. On y file ! On lui remet le fascicule. Tout paraît arrangé. Papier Grands magasins.

22 février 1953

Collin déjeune à Clichy – me fait papier sur la chirurgie cardiovasculaire.

23 février 1953

Vu Stibbe pour l’affaire. Commission des litiges (Palauprès, Hermann, Viguier, Stibbe et l’ineffable Bigeon). Palau de mauvaise humeur. Bigeon soutient l’incompétence. Stibbe répond (Nord Af). Bon dans l’ensemble.
À Match la soirée.

25 février 1953

Répondu à un étudiant en baleine. Collin déjeune et travaille.

26 février 1953

Collin déjeune. Le soir, David Kolicky.

27 février 1953

Vu Dante à midi quai d’Anjou (Kateb et Issakhem). Prêté 5 000.

28 février 1953

Soleil – Gatti et Kateb déjeuner Clichy. Noisy-le-Sec. Le soir, anniversaire de Hélène (Kateb, Gatti, Collin). Rentré avec Collin – Halte aux Batignolles dans un café à ivrognes batailleurs. « Un de ces soirs, j’te casserai la gueule quand tu voudras ».

1er mars 1953

Recopié 2 papiers (cœur et chirurgie radio élément)

3 mars 1953

Reçu papiers parus dans le Progrès. Vu Gatti, et Audouard, revenu du Midi très lactophile.

4 mars 1953

Staline très malade (annonce Moscou 6 h). Brouillard opaque le matin, puis temps clair. Le petit commerce se réjouit « Il est mort, le grand Baladin du Monde oriental » – Match m’envoie à Strasbourg.

5 mars 1953

Journaux remplis par l’événement de Moscou. « Le meilleur communiste est celui qui est mort ! » Général Van Fleet (ancien chef de l’armée US en Corée).
À Match, vu Pernoud et Farran qui m’envoient à Strasbourg (conseil de l’Europe).

6 mars 1953

Passant, avec les lépreux rue du Louvre (sur le chemin du pavillon de Malte) vu des hommes tendre à 15-20 m immense voile noir. Mais sur la façade de l’Huma : Staline est mort.

7 mars 1953

8 h train pour Strasbourg. Malenkov succède à Staline – tout bouleversé.
Arrivée 13 h 15, hôtel Excelsior. Palais de l’Europe. Melle Mandel. Discussion du « Traité instituant communauté politique » (Spaak président). Séance de nuit.

8 mars 1953

18 h 30 : réception Spaak en l’honneur de Von Brentano et des membres actifs de l’Asso. ad hoc. Vu Lévy, directeur du service de presse, et Dehousse, rapporteur.

9 mars 1953

Séance à 10 h. Les ministres à Strasbourg. Pris le train à 18 h 20. « Cet air des voyageurs de seconde qui vont pisser en première ».

10 mars 1953

Match. Papier pas bon. Un autre, sur l’Albanie, pas bon. Assez content, au fond, que ce genre de papiers ne me réussisse pas.
Barsalon : « Le rapport est déposé : la clique Bellanger va être inculpée dans les deux jours ».
Téléphoné Corvol.

11 mars 1953

Porté à Détective papier « chirurgie esthétique ». Obscure bagarre de journaux : « Ce matin-le Pays » cesse de paraître ; L’Aurore prend le titre ; le lendemain, le Parisien envoie sa copie à Ce matin qui reparaît pour 1 jour (aujourd’hui).
Téléphoné J.J. : succès du reportage au Progrès.

13 mars 1953

Match. Dîné au Vicomte avec Pacaud. Les Toussaint ne viendront pas déjeuner demain : Nurse est morte à Grenoble. La belle-sœur de Billard : jambe cassée.
Passé chez Boulez ; Mme Marguerite s’est cassé le bras gauche. A minuit, avec P. , café de la République : à l’entrée 5 pompes funèbres, tout guillerets criaient : « Vive les Croq ! ».

14 mars 1953

Gatti, en révélation – porte condamnée. Passé par chez Petrus, la forme. Il part lundi en Tunisie avec la troupe.

15 mars 1953

Nettoyage des dossiers. Journée difficile – difficile.

16 mars 1953

Shape (Rocquencourt), puis, avec Souvt., Dante, Bernard et Stockhausen conduit Petrus au train de Tunisie. Souvt. parle de Stravinsky : les problèmes d’esthétique cachent les problèmes de technique : erreur de Stravinsky – la vie du « jeune prince » aujourd’hui déchu : Igor Markevitch.

17 mars 1953

Midi : vu Helsey

18 mars 1953

Shape le matin. Tailleur Asnières. Collin, le soir. Envoyé un télégramme à son père pour partir en vacances à Monastir. Physiquement à bout.

20 mars 1953

Le soir, avec Dante, Bernard, Stockhausen et Madeleine chez Michel, puis chez Flinker (la jambe dans le plâtre : ski). Orféo. « Stockli » déçu de la France, amer.

21 mars 1953

16 h avec Leleu et Dante, dans la voiture de Leleu, à Noisy-le-Sec. Décide avec Dante vacances en auto pour la saint Fructueux.
Des agents motocyclistes après moi au pont de Clichy : pas respecté la priorité à droite ! Vrai ?

22 mars 1953

Reçu chèque du Progrès (60 000).

23 mars 1953

Chez Gatti, pour embarquer Collin qui, réflexion faite, ne part que ce soir.
Détective passe des « pavés » dans F.S. pour annoncer l’enquête.

24 mars 1953

Match : travail sur Tito qui, finalement, ne passe pas.

26 mars 1953

Vu Stibbe (pour le procès). Me propose travail : brochure concernant les levées d’immunités.

27 mars 1953

Midi : téléphone, grand-père très mal. Amené Barthélémy, ancien médecin du Gascogne. 3 piqûres. C’est la fin.

28 mars 1953

Santé meilleure ce matin, mais très faible : « je vais mourir… c’est l’âge qui m’emporte ! C’est fini ! » Le soir, tout fonctionne de nouveau : le teint rosit – va-t-il s’en sortir ?
À Match papier à faire sur Mountbatten. Décret d’amnistie en URSS. Conversation de paix. Va-t-on respirer ? Vu Gatti malade depuis son retour de Guéret (fatigué, surtout).

30 mars 1953

Grand-père va mieux ! Téléphone de Billard – Déjeuner demain.

31 mars 1953

Déjeuner Billard et Gisèle. Départ demain. Decaunes a dérobé 100 000 F à Billard, me dit celui-ci (films vendus chez Pathé en douce).

1er avril 1953

Avec Dante, accompagné les Billard à Orly.
Grand-père très mal : cancer généralisé, dit le médecin.

3 avril 1953

Papier sur antibiotiques. Grand-père pleure parce qu’il doit mourir : « A.P.ques ! à Pâques ! Mourir à Pâques ! » Veut tout le monde autour de lui, fait ses recommandations (couper les veines, enterrement religieux, toucher ses allocations : il signe et dit : « je signe sur mon lit de mort ».)

4 avril 1953

Vu Dante – que de Solies est venu voir chez lui hier ; a examiné le manuscrit – le publiera dans la revue.
Match : Farran, rédacteur en chef, me dit : le mois prochain, j’en suis (à 100 mille par ?). en Russie, les nouvelles stupéfiantes se suivent : après l’amnistie, reprise des négociations en Corée, libération d’Anglais et de Français (civils pris en Corée), etc. Voici que les médecins accusés d’assassinats politiques sont libérés et innocentés ! Leurs accusateurs en prison. Grand-père mieux, mais…

6 avril 1953

Le monde ne comprend plus ce que se passe à Moscou : la nuit complète. Match : un papier sur Tito, un autre sur Foucauld.

7 avril 1953

Donné mon congé à Détective. Toute la journée Match (télégrammes, Tito…)

10 avril 1953

Match : 2 papiers parus (Tito, Mountbatten). Bonheur me félicite. Affaire arrangée pour la fin du mois.

11 avril 1953

Gatti à déjeuner – puis Noisy (Stéphane oreillons). Grand-père : bacillose des vieillards et Hodgkin.

13 avril 1953

Transporté grand-père à Beaujon.
Midi : Gatti – Saby déjeuner. Après : tailleur pour une veste à Gatti, puis, avec Bernard, Ballade dans Paris (galeries, rhumerie, Flinker). Vacances reportées, Cartier de retour.

14 avril 1953

Papier suicide du frère d’Eva Peron. Le soir, télégrammes, puis à 2 h refaire papier sur la vedette Olivia de Haviland. Rentré 5 h du matin.

15 avril 1953

Vu Helsey pour Prix Albert Londres (parlé de la Mecque). Vu Corvol.

16 avril 1953

Papier Détective (cure de sommeil, accouchement sans douleur). Après, Gatti, Vicomte, puis Pozner et Madame, et Lemay puis une américano-japonaise, Betty K.

17 avril 1953

Chèque de Match (62 000 pour deux numéros) – Envoyé lettre à Bellanger.

20 avril 1953

H.C. Andersen (film RKO) en projection privée. Mauvais. Papier sur Van Gogh.

21 avril 1953

Lecture : lettres Vincent à Théo.

22 avril 1953

Papier Van Gogh.

23 avril 1953

Fini travail. Porté à Match – après-midi et soir jusqu’à 10 h. Kateb à déjeuner.

24 avril 1953

Ecrit lettre de démission à Détective. 19 h vu Rognoni.

25 avril 1953

Noisy-le-Sec avec Gatti.
17 h Chatham : assoc. des G.R.F. Résultats : cartes 50 % SNCF, visas ministériels, etc. Helsey et Korab me disent que « mes affaires » pour le Prix vont bien. Après, chez Marine, avec J.B.D. R.V. avec Christiane mercredi : noble putain.

27 avril 1953

Conduit Dante à la gare pour Bordeaux (au P.L. on fait des difficultés pour les journaux – prix – Bellanger fait chercher par Larquier les petits articles que j’ai pu faire – grands reportages).

28 avril 1953

Vu Petrus pour Fano-Lefèvre – Prix A.L.

29 avril 1953

Travail « Vins de France ».

30 avril 1953

Vu Beyler qui voulait me voir : Bravo pour la « promotion », la maison continue à rester ouverte. Entrée à Match : une table chez les rewriters.

1er mai 1953

Pluie – Lu Lewis Caroll.
Avec Bernard et Dante – retour de Bordeaux – vu au Gaumont « le Salaire de la peur » (Clouzot). Belle mécanique. Après dîner, rue Ct Bonnet. Discussion – et explosion de Gatti (Processus : le film, le côté homosexuel, regimbe de Bernard, etc.). Rentré à minuit.

2 mai 1953

A Match, Pernoud m’annonce 75 000 + les articles (20 000 chacun).

4 mai 1953

Le P.L. (de plus en plus difficile de trouver les journaux). Apéritif à Détective pour mon départ.

5 mai 1953

Téléphone Florise – (Kessel a envoyé son vote).

7 mai 1953

Travail Match (vins de France). 17 h : palais de Tokyo – Salon de Mai : 1ère expo de Bernard (2 tableaux).
19 h chez Kateb (photos de Moscou – projet de le faire entrer à Match.

9 mai 1953

Temps gris, froid. Chatham grands reporters (Courtade, Helsey, Labarthe, etc.). Vu après Helsey et de Korab qui me disent que c’est presque sûr (Kessel, Martin Chauffier, Helsey, Korab, Brisson – contre Aulnière, Perreux, etc.). Helsey me dit que Brisson me fera une proposition pour le Figaro.

10 mai 1953

Match, la nuit. Himalaya (papier d’un journaliste anglais envoyé à l’expédition britannique.

11 mai 1953

Avec Dante, chez Michaux, rue Séguier. Bavard (St John Perse pègre ou pas, Jules Romains, le Brésil, etc., Le Cointe). Acheté tableau bord cadre plein toile grise et insectes (rouge et vert – traits).

12 mai 1953

Orano téléphone : Giulia a provoqué un incident à la foire de Paris (giflé un Italien) Allé avec lui au commissariat.
Le soir, chez Michel, anniversaire de Bernard (28 ans), puis chez Petrus.

13 mai 1953

Helsey téléphone : Chanteloup prisonnier 3 ans en Corée se présente au Prix A.L. : c’est fichu. R.V. avec Martin Chauffier demain.

14 mai 1953

Av. G.Mandel, chez Martin Chauffier, très amical, maintient son vote, agira sur Ambière.

16 mai 1953

7 voix au Coréen contre 4 – le Figaro gagne à tous les coups. Reçu chèque 130 000 de Match.

18 mai 1953

Téléphone Martin Chauffier : 1er tour, moi 4, Chanteloup 4, Tilly et A. 2 – 2e tour : moi 4, Ch. 5, T. 1, A. 2. Pas un mot dans le P.L. Acheté stylo.
Eté à la campagne véhiculer Danielle et Stéphane.

19 mai 1953

Grève de transports parisiens.

20 mai 1953

Grève gaz, électricité (24 h).
Helsey m’explique les dessous du Prix : 1) Lefèbvre suscite Chanteloup pour courtiser Brisson. 2) Chanteloup écrivant mal, ses papiers sont faits par Marcuse. 3) Bellanger convoque Botrot : « Vous avez fait rater le Prix à Tilly – ne laissez pas faire un affront au P.L. en votant Joffroy ». 4) Perreux : Joffroy n’est pas Joffroy, et il est juif, etc. Florise, écœurée, songe à supprimer le Prix. (Labarthe démissionne de la vice-présidence des GRF et du Prix Armorin.)

22 mai 1953

Tribunal de simple police : 700 F d’amende.
Coup de téléphone à Stibbe : Bellanger a envoyé la lettre sur les 1 000 F à la commission. Tout le monde s’en est amusé. Tél. de Giulia : Détective lui a envoyé 5 000 F.

24 mai 1953

Passé chez Bernard (Danielle, le gosse, Gatti).

25 mai 1953

Match journée. Soir apéritif chez Huguette et dîner Gatti. Puis, promenade Bois de Vincennes, Nogent.

26 mai 1953

Bellanger inculpé d’infraction loi sur les sociétés (avec Amaury et Verrière).

27 mai 1953

À Match, rédigé la demande de renouvellement de la carte professionnelle. Dîner avec Stibbe, sa femme et Gatti au Vicomte (le procès des 1 000 F de notes de frais sera fait).

28 mai 1953

Aplomb : le P.L. poursuit les journaux qui parlent de l’inculpation.
Déjeuner Clichy Corvol (Cl., me dit-il, est devenue grosse – à Bandol).

30 mai 1953

Dîné au Vicomte avec Gatti et les Croizard. Projet de faire entrer Gatti à Match.

1er juin 1953

Détective, puis Pacaut à Match. Dîné chez le beau-père de Pacaut.

2 juin 1953

Couronnement d’Elisabeth II. T.V. à Match. L’Everest est conquis. Les Rosenberg seront exécutés le 15.

4 juin 1953

Dîner avec Dante, Danielle, chez les Croizard.

6 juin 1953

Avec Dante, à Noisy. Quai d’Anjou, décidé d’acheter à 4, 5 le bateau d’Audouard.
Dîner chez Rognoni, puis « Nuit de Montparnasse » (le plus beau modèle) – sale, triste, bête. Rentré 5 h.

8 juin 1953

Papier à faire sur la télévision en France (H. Chandet).

10 juin 1953

A Match, on joue sur l’investiture du Bidault.

11 juin 1953

Rognoni : Match n’a pas l’air d’en vouloir. Le soir, Dante chez lui (en vacances d’hiver) : a vu de Solier – fuyant – et Cayrol (qui marche pour le prendre dans sa revue).

12 juin 1953

La chaise le 18 juin pour les Rosenberg : protestations de partout (évêques, pasteurs, supplique à Elisabeth, au pape, larmes de la mère). Rien ! On les fait cuire à petit feu.

13 juin 1953

Messe F.J. A. Buffet, les Marchal, Leleu, Huguette, Gatti.
Au Kenya, on continue à tuer du Mau-Mau. Papier sur Le Greco à Match.

14 juin 1953

Conduit la mère à Montreuil. À 20 h chez Dante – Saby est là (doit partir demain pour Monte-Carlo, 1 mois ½).

15 juin 1953

Accompagné Hesperus à la gare – et son perroquet. À Match, papier sur Margaret (excédé de la famille royale !).

16 juin 1953

Le soir, avec Petrus et Dante au Vicomte, puis Bastille.

17 juin 1953

Émeutes à Berlin – Rognoni viré, puis rattrapé in extremis. Manifestation Nation pour les Rosenberg.

18 juin 1953

Sursis pour les Rosenberg grâce au juge Douglas.
Au Club d’essai avec Boulez (un Allemand, Metzger), puis déjeuné avec lui à Clichy ; il part à Metz. Sursis, pas pour longtemps.
La zone orientale d’Allemagne en effervescence.
Syngman Rhee libère les prisonniers nords-coréens anti-communistes (coup dur pour l’armistice).

19 juin 1953

Au Vicomte avec Dante, les Pardenlis-Lagrange et Maquet – puis, Royal St-Germain, Boulez. Les Rosenberg : une affiche fraîche à 11 h 45 : « Assassin Eisenhower ils sont innocents ». L’exécution à 1 h.

20 juin 1953

Dîné avec Dante quai d’Anjou. Avons parlé Sing Sing et lu les 3 premiers chapitres de l’œuvre.

21 juin 1953

Parti à 17 h 30 – avec Izis – à Valençay. Arrivée 21 h 30 – Château illuminé (la duchesse et le décorateur). Couché hôtel de la Gare (Izis a oublié son pied photo dans le train).

22 juin 1953

Maurice Aveline, décorateur. Château le matin. Départ 13 h 30

24 juin 1953

Tour de France : Match d’accord.

25 juin 1953

Passé rue d’Amsterdam (pour combinaison tour de France). Fini Greco.

26 juin 1953

Départ pour Monte-Carlo (Onassis) avec Jarnoux.

27 juin 1953

Villa Les Libellules, Cap-Martin (A. M.) Déjeuner Caillaud. Le soir, roulette. Gagné 2 000 F.

28 juin 1953

Avec Larue, Jarnaux et Heimann, au château « La Croe » : vu Onassis, sa femme, le gouverneur Roy et les enfants. Rentré couchettes Antibes.

1er juillet 1953

Vu Bronty (Fayard) – d’accord pour un Churchill.
Départ pour Strasbourg – tour de France (Orient express 22 h).

2 juillet 1953

Arrivée 4 h 15 à Strasbourg, avec Descamps. Recherche de chambre jusqu’à midi. La foire. Vu Moriz, Diraud, P.L.

3 juillet 1953

Départ 11 h 30, détour par Saverne. Orage, foudre – poursuite. Metz 16 h. Hôtel à Gorze pas très accueillant (2 filles avec nous dans la jeep).

4 juillet 1953

Metz – Liège. Couché à Bruxelles.

5 juillet 1953

Repris caravane à 13 h – Lille. Couché à Roubaix chez Descamps. Le soir Colisée bal.

6 juillet 1953

De Lille à Dieppe. Train 17 h 10 pour Paris, journal. Bonheur pas content des photographies.

7 juillet 1953

Rentré à la maison à 8 h. Téléphone de Gatti : Orano très malade. Dante a emprunté 20 000 F pour le mettre en clinique.

9 juillet 1953

Départ de Paris en Frégate avec Lacaze. 11 h. Nantes 17 h. Retrouvé Descamps et Mangeot.

10 juillet 1953

Nantes – Bordeaux (325). Piaf – Bartali.

11 juillet 1953

Repos à Bordeaux.

12 juillet 1953

Départ pour Pau. Arrivée sous la pluie 16 h 30. Casino.

13 juillet 1953

Pyrénées : Pau – Cauterets. Chute dans un ravin de Buchaille : sorti à la corde, puis chute et abandon de Koblet.

14 juillet 1953

Cauterets – Luchon. Couché hôtel Cauton (Mme Conort, hôtesse).

15 juillet 1953

Luchon – Albi, puis couché à Vabran (près de Béziers) où Lacaze rejoint sa femme.

16 juillet 1953

Valras et partie d’étape à Béziers (Robic 40’ de retard).

17 juillet 1953

Béziers – Nîmes. Abandon de Robic. Arles : hôtel Jules-César. (Mangeot malade reste à l’hôtel demain.)

18 juillet 1953

Arles – Marignane (hélico) rattrape la course à Miramas. Marseille – Marignane – Arles (reprendre Mangeot). St-Tropez (1 h).

19 juillet 1953

Monaco. Le soir à Grasse.

20 juillet 1953

Repos à Grasse.

21 juillet 1953

Vu Prouvost qui monte à bord jusqu’à St-Vallier. Etape Gap – couché au Soleil des Neiges, près de Barcelonnette à 1 300 m.

25 juillet 1953

Rentré avec les autres de Montluçon, arrivé à 1 h.

26 juillet 1953

Parc des Princes (Bobet vainqueur).
Vu Dante et Danielle. Envisagé travail intensif pour le Churchill.

27 juillet 1953

Armistice en Corée (après 3 ans, 1 mois, 12 heures de guerre).
Les parents et Gilbert partis pour Grasse. Papier sur le tour.

28 juillet 1953

Déjeuner quai d’Anjou avec Dante et Kateb (projet Churchill et voyage à Tombouctou en septembre).

30 juillet 1953

Justice de paix : affaire des 1 000 F – Stibbe et pour Bellanger, Me Brossolet. Jugement en octobre.

31 juillet 1953

Rien n’éclate jamais dans les tribunaux, pas même la bonne foi.
Bibliothèque nationale pour A. Dumas. Déjeuner avec Croizard et Morin.
T.V., Margaret, Onassis, Tour de France : 80 000.

1er août 1953

B.N. Cherché seul Stéphane à Noisy.

2 août 1953

Vu quai d’Anjou les Gatti, Hesperus, Petrus et Soury (belge musicophile).

5 août 1953

Vu chez Tony, rue Jacob, 26, l’ « expédition » (Dante – Kateb). Très difficile – jamais fait – d’Alger à Bazïr. Donc à faire.

6 août 1953

Pas sorti. Churchill 1er chapitre (jusqu’aux Boers).

7 août 1953

À Rambouillet, château présidentiel (description salle conseil des ministres pour Farran).

8 août 1953

Déjeuner with Rognoni.

9 août 1953

Chez les Toussaint (Dante et Bernard) dîner.

10 août 1953

Grève. Il était d’une impartialité révoltante.

11 août 1953

Grève générale. Famille rentrée de Grasse. Pernoud m’envoie à Aix voir Calder – qui s’y installe. Parti à 18 h voiture d’Izis. Couché à Auxerre.

12 août 1953

À Aix, 19 h, chez Calder. À 21 h on dînait dans sa cour avec femme et fille : lampe à pétrole, etc. Un mobile tournait dans le pré et Calder saoul.

13 août 1953

Toute la journée chez Calder : déballage et photo « cirque ». Déjeuner chez eux. Dîner à Aix avec eux. Calder saoul.

14 août 1953

Rentré – Chaleur étouffante. Couché Châlon-sur-Saône.

17 août 1953

Laniel fait le discours du réac qu’il est.

18 août 1953

Rentré 4 h, reparti à 9 h 30 pour un papier Maroc.
Gatti 20 h : me donne documentation Calder et 1 chapitre Churchill.

20 août 1953

Sultan du Maroc déposé. Mossadegh vaincu. Les Russes ont fait exploser le 12 une bombe H.

21 août 1953

Diwo et Jacqueline Michel, déjeuner Clichy. Téléphone de Boulez retour de Grasse.

22 août 1953

Cherché Saby chez lui (peinture nouvelle). Dîner chez Michel (Bernard, Petrus, Dante). S. Le temps qui fuit – et la jeunesse. Boulez : il y a six ans, je ne savais rien ; je ne suis pas mécontent de ces six ans.

23 août 1953

Papier Calder.

24 août 1953

Match : Ernst von Salomon et bombe H.

26 août 1953

Dernière main au Calder. Dîner chez Maquet à 22 h. Rentré à 2 h.

28 août 1953

Loué machine à écrire : 2 000 F par mois.

30 août 1953

Dicté Churchill à Mauricette.

1er septembre 1953

Vu Gatti. Dîner chez Michel (lui ai remis 2 premiers chapitres que Kateb tapera).

3 septembre 1953

Fini « Absalon ». Grand livre. Monique venue taper.

4 septembre 1953

Kateb et Dante venus déjeuner à Clichy (discussion plan Churchill).

7 septembre 1953

Martin-Chauffier entré à Match.

8 septembre 1953

Kateb midi (dactylo).

9 septembre 1953

Terminé mes 4 chapitres.

16 septembre 1953

Anniversaire maman (moulin à café). Gatti travaille à Clichy.

17 septembre – 18 septembre 1953

Gatti couché à Clichy.

19 septembre 1953

Yom Kippour.

22 septembre 1953

Gatti, Kateb : déjeuner et travail.

23 septembre 1953

Toussaint midi. Kateb, Gatti.

24 septembre 1953

Terminé à 11 h ! Vu Bronty pour remettre le manuscrit – Réponse dans 15 jours.

25 septembre 1953

Quai d’Anjou : vu Boulez de retour de Venise. Puis, dîner avec Dante, Kateb, Bernard et Danielle.

26 septembre- 27 septembre 1953

Lyon (Gatti). Visite expo Picasso avec J.J. Le soir, Privas chez Robert Tondini.

28 septembre 1953

Visite asile psychiatrique ; le soir, Aix, chez Calder puis hôtel.

29 septembre 1953

à Grasse, par Draguignan.

30 septembre 1953

à Grasse, en attendant Nardin

1er octobre 1953

Monaco. Déjeuner chez Caillaud, le soir à Menton (hôtel Roi Doré). Melle Moulins et Philippe.

2 octobre 1953

les filles déjeuner midi quai Laurenti.

3 octobre 1953

Vu Vidal lieutenant des douanes et dîné chez l’oncle de Gatti à la Condamine.

4 octobre 1953

Temps gris – Excursion Cap Martin. Le soir, au Royalty, dancing infecte, mais Christiane, la Tchèque – Sorti – raccompagné – crochet par Monaco, rentré 2 h 30.

5 octobre 1953

Soleil, Christiane le soir (21 ans, évadée du foyer avec homme de 40 ans). Nice – ciné.

6 octobre 1953

voiture, garage (rodage soupape).

7 octobre 1953

Christiane déjeuner et golf miniature, puis l’après-midi ensemble. Dîner avec Caillaud et Colette – Reçu mandat de 40 000 F.

9 octobre 1953

Avec Ch. Bain jetée, déjeuner Pennone, chez elle, puis jardin exotique. Commencé papiers Dante pour ‘Elle’. Elle vient à Paris avec nous.

10 octobre 1953

Déjeuner chez Caillaud : Kressmann, puis musée Picasso Antibes (incident Gatti). Détour Menton – Christiane – dîner chez Caillaud.

11 octobre 1953

Déjeuner chez Cricri. Dîner Pennone (soupe pot-au-feu à l’espagnole) – Cricri bien.

12 octobre 1953

Départ. Cherché Cri à Roquebrune. Panne d’essence. Départ 7 h. A Lyon 18 h 20 – Hôtel près de Bordeaux. Cricri pose la question.

13 octobre 1953

Lyon-Paris 16 h 30. Conduit Cricri chez l’X, rue de Bourgogne – pas là – puis chez des « amis » dans le XVIIe. Très confus tout cela…

16 octobre 1953

Tél. de C.S. Baleine Jonas, Conciergerie, tour Eiffel, dîner chez Michel – puis citadelle.

17 octobre 1953

Raccompagné C.S. à son hôtel après petit-déjeuner. Au ciné avec Dante (Quo Vadis ?) et dîner Royal St-Germain.

22 octobre 1953

17 h : vu Fayard avec Bronty – Refus du Churchill. Le soir, dîné chez Toussaint – Vu Petrus apportant pour l’imprimerie un texte de (concerts de Marigny)

26 octobre 1953

Gatti retour du procès Démon . Déjeuner Clichy.

28 octobre 1953

Papier sur le cycliste Anquetil

29 octobre 1953

Lettre de Claude Caillaud.

31 octobre 1953

Rue Visconti chez Karl Longuet, sculpteur, petit-fils de K. Marx. J.J. là, son beau-frère qui lit mal un texte des peintres (Bertold). Pluie.

1er novembre 1953

Travaillé papier affiches (Colin, Savignac) – papier jugé « mauvais ».

2 novembre 1953

Papier jugé mauvais, etc. Fait Farouk.

4 novembre 1953

Déjeuné avec Danielle et Dante dans l’île. Dante va apprendre à conduire.
Rue de Bercy, centre de réforme : Bon pour le service armé ! Lettre de Orano, adressée également à Dante et Saby.

5 novembre 1953

Téléphoné à Claude à Monte Carlo.
Avec Lomont, parc des Princes. Match Racing-Aix (pour article sur la dégringolade). Le Racing gagne !

7 novembre 1953

Vu Gatti et Helmann chez lui.

8 novembre 1953

Bouclage aujourd’hui. Le malaise persiste.

9 novembre 1953

Cherché Erminy et son mobile, suspendu au-dessus du lit.

10 novembre 1953

Lettre de J.J. offrant faire venir Michaux à Lyon pour expo livres et peintures, etc.
Lettre Kateb (d’Alger)

11 novembre 1953

Avec Dante chez Michaux : « Je ne voulais pas écrire tout de suite, mais j’avais tout cela en moi… après, l’opinion m’importait peu. Pour la peinture, je ne l’ai pas portée assez longtemps : c’est pourquoi je suis inquiet je n’y suis que depuis mon voyage en C.…… Je n’ai plus de famille, plus d’amis, et plus un sou. Ma famille de Bruxelles me rejetait, mais par l’esprit… ». Michaux refuse les offres de J.J. (il a de la famille à Lyon et ne veut pas leur donner prise).

14 novembre 1953

Cherché Stéphane à Noisy. Les Gatti à Clichy. Thé quai d’Anjou. Le soir, St-Germain avec Rognoni et Bracaud.

15 novembre 1953

Cauchemar : dans une caverne, un aboiement de chien fou. Déjeuner quai d’Anjou, puis Cirque d’Hiver avec les Gatti, Stéphane et Domine, la fille de Paule Thévenin. Thé chez les Thévenin – avec Bernard.

16 novembre 1953

Chez Leroyer, avec Dante pour les fauves. Kateb rentré d’Alger.

18 novembre 1953

Leroyer à St-Maurice (Dante chez la panthère).
Palais : procès Pauline Dubuisson, meurtrière de son ancien amant, Félix Bailly. Tous – président, partie civile, procureur – l’accablent encore quoiqu’elle avoue.

19 novembre 1953

Procès P. Dubuisson. Chez Michaux avec Marie-Hélène Vivès. Elle achète et moi aussi. Le soir, discussion avec Maquet, Croizard à l’American Club pour m’associer à eux.

20 novembre 1953

Pauline : perpète. Pauvre fille. Tristes juges. Décidé avec Maquet un livre sur la justice. Porté le Churchill le soir chez Dante.

21 novembre 1953

Avec Valérie chez Michaux. Elle achète une peinture.

24 novembre 1953

Avec Rognoni chez M.-H. Vivès, où se trouvait Marie-Jo, passagère du Gascogne.
Rhum, rhum, rhum. Dîner avec Dante chez Michel.

25 novembre 1953

Janine est morte.

26 novembre 1953

Enterrement à Maisons-Alfort. Brouillard.

28 novembre 1953

Vu Dante à midi. Visite avec Maquet, Bisiaux, Croizard à Fardoulie-Lagrange (un livre en préparation). Chez M.h. Viviès, rhum.

Notes : Ne plus tolérer l’antisémitisme même bonasse. Réclamer des explications (à tout refus, à tout silence).

2 décembre 1953

Dîner avec les Gatti, Saby et Kateb chez Michel (Boulez dîne chez Claudel).

3 décembre 1953

Dîner chez Bisiaux : donné livres, montré manuscrits Remizov et Artaud.

5 décembre 1953

Pierre Galante me dit que je pars pour le Sahara. Mon nom (avec ceux de J.P. Penez, Saunier et X), a été donné au Mouvement de la paix.

7 décembre 1953

Avec Dante, bd des Batignolles « ménagerie Lambert ».
Pas de « bouclage ». Grève chez les ouvriers de Motel. Gascar, Prix Goncourt.

8 décembre 1953

Chez Michel, re-dîner avec les mêmes – Boulez absent. Kateb : un texte publié dans « Esprit ». Churchill : en bonne voie d’édition (Seuil).

9 décembre 1953

Le soir avec Rognoni chez MHV. Cinéma ensuite.
Bruits de scission à P.M. (Bregner veut faire un magazine ; Bonheur et les news suivraient ; Théron resterait si 100 000 F et direction.

10 décembre 1953

Avec MTV et Gatti, ménagerie Lambert. Laissé Dante. Mère m’offre une robe de chambre de soie pourpre.

11 décembre 1953

Avec Brisiaux, NRF : acheté les Michaux.

13 décembre 1953

Bouclage. Fini à 2 h. Avec Brisiaux et Maquet, randonnée à Montparnasse (la boîteuse).

14 décembre 1953

Fatigue. Quai d’Anjou : les Marchal se préparent à partir avec armes et bagages.

15 décembre 1953

Coup de téléphone de Dante : le Churchill accepté au Seuil. Avec Dante et Danielle, dîner chez Michel puis au Rex : cinémascope « La Tunique ».

16 décembre 1953

Envoyé lettre à J. Cayrol pour bibliographie de Churchill.

17 décembre 1953

Midi : Bernard déjeune à Clichy. De plus en plus amoureux de l’homme-cheval. Il veut y aller.
Election du président de la république à Versailles : vu à la T.V. de P.M. Naegelen en tête avec les voix communistes au 2e tour. Conduit Mangeot au Bourget.
Coup de fil de Toussaint : le Churchill est accepté.
Ecrasé un chat à Clichy.

18 décembre 1953

3e tour : Laniel, Naegelen, Dellon
4e tour : Laniel 408, Naegelen 330
5e tour demain.

19 décembre 1953

5e tour : Laniel perd des voix puis Naegelen et Médecin
6e tour : L. 397, N. 306, M. 171
Dîner Chatham grands reporters. Menant là – Helsey, JBD, Sevry, Parmelin, Courtalle, Stéry, Guillain, Groussard, Blanchet, Serge Bromberger.

20 décembre 1953

Vu Gatti : Churchill et son enquête sur les fauves.
7e tour : L., N., M.
8e tour : Laniel 430, Naegelin 380 en flèche, Pinay 25. Avec Maquet et Bisiaux chez Adrien.

21 décembre 1953

9e tour : Laniel en baisse, N. en baisse, Montel en hausse
10e tour : les trois en baisse
Vu avec Bisiaux « High Noon » (Le Train sifflera trois fois). Bon.

22 décembre 1953

Achat de bouquins pour terminer le Churchill. Cherché pick up chez Philips, pas de vote à Versailles. Laniel va renoncer, enfin.
Coup de fil de Dante : le Churchill doit être achevé pour mardi.

23 décembre 1953

11e tour : Jacquinot en tête (Laniel parti).
12e tour : Coty (Jacquinot parti).
13e tour : Coty élu – un inconnu.
Vu Dante – reçu deux livres de lui : le Journal de Jungers (I et II).

24 décembre 1953

Rentré à 9 h après bouclage. Béria fusillé à Moscou.
Coup de fil de Kateb : « Nous marchons vers la richesse, frère ».

25 décembre 1953

Parti réveillonner chez les Diwo à Hellenvilliers (en Normandie).

28 décembre 1953

Travail Churchill.

29 décembre 1953

Collision aux Champs-Elysées. À midi, remis manuscrit. Déjeuner tous les trois avec Cayrol chez Michel.
Lettre d’une inconnue rencontrée à La Sauze-Barcelonnette pendant le Tour de France et qui m’invite à venir la voir.

30 décembre 1953

Avec Dante, à Esprit pour n° spécial sur les prisons. Béguin, Casamayor, une visiteuse de prisons et un aumônier protestant Dumas. A faire, moi : la relégation. Le soir, chez Michel avec les Gatti et Bernard.

31 décembre 1953

Téléphoné à l’inconnue. « Connais pas ». Mais le soir, coup de fil à Match : un quiproquo. Elle s’appelle Marie-Claude et non Claudie, enfin, etc., etc.

Catégories
19ies

1952

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

1er janvier 1952

Déjeuner avec les Meyer à Clichy puis, avec Gil et Janine, au Vel’ d’Hiv’. Boxe : Juan Padella battu par A. Coulet (la danse de mort des Chalons devant Garcia).

3 janvier 1952

Rédigé enquête N. Af.

4 janvier 1952

Cinéma d’essai « Ghetto Terezin » (tchèque). Bon.

5 janvier 1952

Barmitzwa du fils Ziwi à la synagogue rue de Montévidéo (oncle René, Camille…)

6 janvier 1952

Après-midi chez les Ziwi, réception, puis le soir avec Groussard, sa sœur Véra, le fiancé Ricotta (SDECE) au Béarnais, av. Victor-Hugo.

7 janvier 1952

Cabinet Pleven renversé – fils Leclerc prisonnier en Indochine – Eisenhower prochain président des USA – de Lattre de Tassigny cancéreux.

8 janvier 1952

Rêve triste (probablement engendré par un air de radio de Samson et Dalila). Moi, retrouvant Colette et disant : « Voyez mon beau costume. N’est-il pas magnifique ? »

9 janvier 1952

Préfecture de Police (rue Fontaine). Lettre de France-Soir me demandant candidature au Cl. Blanchard. Tél. Jeff – Eu Michèle au fil. Travail enquête.
« Flying Enterprise » toujours en danger.

10 janvier 1952

« Flying » en mauvaise posture – « Flying » coulé dans l’après-midi.
De Lattre mourant. Envoyé scénario Rognoni à Calef, metteur en scène.

11 janvier 1952

De Lattre mort à 18 h – reportage rue P.-Déroulède à la clinique – papier.

12 janvier 1952

Tél. à Kessel qui a prévenu Mme Michel (concurrence : de Caunes et Languepin).
Le soir chez Michel, 15, rue Dauphine. Restaurant du Vicomte, avec Dante, Saby, et Petrus.

13 janvier 1952

Avec la bande, dîné aux Italiens, puis « le Fleuve » de Jean Renoir. Anecdote pitoyable – Excellent document.

14 janvier 1952

De Lattre, des Invalides à l’arc de triomphe. Retour au journal. Jeune fille consulte mes papiers (Donnez-leur encore une chance) et qui ressemblait à Cl. S.
Joly vidé, fait ses adieux. Déjeuné avec Dr Lévy aux Baléares. Avantage sur Huguette, sténo. Le soir, avec la bande, Karl, Souvtch, Mt Blanc, puis chez Karl écouté disque offert à Karl : « le Sacre du printemps ».

18 janvier 1952

Vu Youkane, 85 rue Charlot (Nord-Afr.), puis Melle Mutterer (quai de Gesvres) pour hôtel de la Paix (contre augmentation du proprio).

19 janvier 1952

2e anniversaire de Stéphane-Guerre civile – d’ailleurs malade à Noisy-le-Sec. Dîner quai d’Anjou avec Petrus, Bernard, Flinker, Hélène, les Gatti, les Otero et… Doudou Helman (de plus en plus désolant –de plus en plus à poil). Rentré avec Bernard. Mirabelle jusqu’à 4 heures.

20 janvier 1952

Avec Bernard, Gatti, Flinker, Marigny : l’Echange et « On ne badine pas ». Retrouvé Petrus à la sortie et rue Royale.

21 janvier 1952

Avec Janine B. dîné, etc.

22 janvier 1952

Aux Mureaux avec Youkane et Finck (P.C.) puis photo cave Gennevilliers.
Bagarres en Tunisie.

23 janvier 1952

Mort de Roger Vitrac.
Vu à 15 h au bar les trois types qui veulent faire Alger-le Cap en car. Accord avec eux. Puis avec les Orano et Gatti à l’Etoile. Macario, comique italien et des girls.

24 janvier 1952

Travaillé enquête.

25 janvier 1952

J. B. venue taper les papiers. Aggravation en Egypte (Ismaïlia).

26 janvier 1952

Avec Dante, chez Me Byon pour le procès de cet après-midi – mais, après contact avec l’avocat de Khalili Khan, il ressort que : 1) le plaignant est « en voyage », 2) qu’il suffisait de rectifier…
Déjeuner aux Italiens – puis avec Dante au M.T.L.D. rue Xavier Privas – Vu Ahmed Mezerna et Hamid. Discussion générale. Le soir, dîner avec Flinck, Petrus, Otero et les Gatti (pour l’anniversaire de Dante), Bernard grippé chez lui. Puis, chez Flincker, disques. 1er disque de musique concrète de Petrus (Sur 1 note) et la Messe en Si de J.S.B.

27 janvier 1952

Radio – Club d’essai 13 h : Messiaen présente la jeune musique et grand éloge de Petrus avec extrait de la 2e sonate (Y. Loriot). Seul – ciné studio 93 : « Tempête sur l’Asie » sonorisé. Très beau.
Emeutes en Egypte.

28 janvier 1952

Farouk liquide Nahas et prend Maher pacha.

29 janvier 1952

A.P.ntoise, affaire de vieux rentier mis au rebut après testament par les héritiers.

30 janvier 1952

Chez Dante pour lecture papiers. Gatti me remet un dessin de Michaux. (800). Accroché dans la chambre.

31 janvier 1952

Leçon auto. Avec Roels et Mazet chez Bellanger (revendications). Toujours aussi fesse-mathieu.

1er février 1952

Synagogue de la Victoire avec maman et Gilbert.
Vu nos co-échangistes d’appartement – difficultés – veulent 150.

2 février 1952

Gilet gris clair, taille 44 ou 46 ou une veste gris clair. Les Orano battus par leurs hôteliers, rue du Rocher ! Avec Dante et Bernard allés chercher leurs bagages. Algarade avec le mec de la gérante, un « tricard ».

4 février 1952

Kateb vient au journal voir Dante (qu’il a connu à Alger). Nom du visiteur : l’Algérien. Motif : connu. Le voyage de Petrus en Egypte (avec la Cie Barrault-Renaud) compromis. Annulé sans doute. Magnifique lettre d’Orano après la scène de samedi.

5 février 1952

Permis passé av. de Ségur, à 10 h 30 (examinateur M. James). Vu Helsey, puis Kateb et son ami Chergui. Vu les gens de Cap-Alger : Soulié, bavard intarissable.

6 février 1952

Train Villars – Mort du roi d’Angleterre, George VI.

8 février 1952

Avec les Orano et les Gatti chez Michel Vicomte, rue Dauphine

9 février 1952

Comité : Helsey, Lefèvre, Labarthe, B. Derosne, S. Téry

10 février 1952

« Noble caractère, il servirait le diable si le diable régnait. »
Avec Dante, Petrus, Souvt., dîné au Vicomte. Rentré 2 h. Dante va s’associer avec Kateb pour édition poèmes des deux. Voyages de Petrus en Egypte et Italie foutus, cause événements.
Plan d’équipement de l’Algérie. Plan Monnet.

12 février 1952

Chez Piollet. À Gennevilliers, théâtre national populaire (J. Vilar) : le Cid – avec Gérard Philipe – bon. (Gilbert, Janine, le médecin Martiniquais, Kateb, Chergui, les Bonnardot).

13 février 1952

Proposition Le Cap-Alger presque acceptée. Dante, Kateb, Helman chez les Orano, hôtel du Mail.

14 février 1952

Gatti s’est entendu proposer par Petrus de lui composer une cantate à 12 voix !
Neige – Dante à Bordeaux (procès).

15 février 1952

Avec Petrus à Gennevilliers. « Mère Courage » (G. Montéro). Bon. Saby avait défini B. Brecht : « Comme çà que devrait être le bon music-hall ». (Petrus, une fois de plus furieux : d’avoir dû s’emmerder chez Milhaud et d’avoir entendu un chef d’orchestre M. Rosenthal dire : «Assez de la musique allemande » à propos de M. A. Charpentier.)

16 février 1952

Délire dans le Canard à propos des funérailles du roi G. VII (3 pages + photos).
Parti avec Gilbert pour Grenoble. Bourg d’Oisans toute la journée faute de car.

17 février 1952

« Rien à dire des Tables de Cézanne. C’est de la peinture de vidangeur saoul. » V. Binet.
Il est heureux pour l’humanité qu’il existe peu d’artistes de ce genre. Jules Roques.
Au Sieur R., ce n’est pas un coup d’épée qu’il faut, mais un coup de pied – et au cul ! Car lundi pour Villar. Hôtel des Mélèzes – Bien.

18 février 1952

Ski leçon l’après-midi. Luxation du pouce du pied gauche.

19 février 1952

Ski et remonte-pente. À 17 h, Gilbert chute : fracture probable. On le descend de la piste sur un traîneau. Médecin. Demain, radio à Grenoble.

20 février 1952

Clinique des Alpes. Radio. Dr Pavillon Brenier.
Car de Grenoble à 6 h 45. Grenoble 10 h. Dr Cabanel puis hôpital (radio puis hospitalisation). Demain, plâtre. Repris le car pour Villar. Bloqué à 20 h par une avalanche à La Grave. Passé nuit à l’hôtel.

21 février 1952

« Alors, je vis les circonstances. Ce n’étaient pas les meilleures, et je m’en retournai. » Rentré Villar. Janine là. Téléphoné Gilbert – qui pense revenir demain. Ski l’après-midi 3e leçon. Séance de cinéma (film tourné à Villar par l’ethnologue Mazet).

23 février 1952

Janine redescend à Grenoble. Gilbert jambe plâtrée. Partent tous deux pour la Côte.

24 février 1952

Inauguration officielle du remonte-pente de Villar d’Arène. Du monde de Grenoble. Ski. Le soir, bal à la Maison de Villar.

25 février 1952

Départ Villar 15 h – Grenoble train 22 h. Téléphone Hayange. Gatti courbé par un lumbago. Danielle à Sestières avec la comtesse de la F. Vu M.B. le soir.

26 février 1952

Hôtel de Genève. Humides moisissures.

27 février 1952

Dante couché. Déjeuné avec Bernard (ivre) chez lui. Vu Viel Lamare qui ne sait comment retourner en Guyane, et Soulié (Le Cap-Alger) de plus en plus flottant et bavard.

28 février 1952

Téléphoné à Bernard, fatigué. Déjeuné midi avec Dante « Aux Italiens ». Himalaya : la plus haute tombe qu’un homme puisse avoir. Brillant comme un percolateur.

2 mars 1952

Genou enflé (arthrite toujours). « C’est bien, c’est bien, on ne parlera pas de la guerre. » (un journaliste qu’on ne voulait pas laisser franchir les avant postes en 70, dans « Journal » de J. Renard).

3 mars 1952

Gilbert rentré.

4 mars 1952

Vu Viel-Lamarre qui a rencontré Zimès – dont il attend situation en Guyane.

5 mars 1952

Je pars demain pour Tignes (le barrage contre le village).
Parlé avec Dante au sujet de Danielle (il songe de plus en plus au divorce : dettes, ruptures de « pacte », etc.). Maman rentrée – Gil toujours dans le plâtre.

7 mars 1952

Bourg-Saint-Maurice, puis Tignes, barrage et village. Passé papiers. Couché Boisses

8 mars 1952

Expulsé Boisses à Brévières. Hôtel de l’Entreprise industrielle.

9 mars 1952

Aller et retour Tignes Brévières.

10 mars 1952

Dernière classe, le soir dîner au « Chamois » avec Sevry, Perquelin, Arnaud, Marqueton, Josco, etc. Resté « Chamois ».

11 mars 1952

Arrivée de Buffet et autres. Allé Brévières pour douche et reprendre affaires. Départ Arnaud.

12 mars 1952

Arrivée Favrel, Sommy, Simon. Les 8 de Tignes arrêtent le bull-dozer chargé de déneiger la route du cimetière. Le soir, poker Buffet, Josco, Passet (du Progrès).

13 mars 1952

On traîne – dans Tignes, inspection des R.G. – Monuments publics – Fondeurs de cloches, etc. La cour à la téléphoniste Maguy Verdun et Berthe Favre.

14 mars 1952

Les croque-morts à Tignes. Déclaration menaçante de la délégation tignarde à Paris, mal reçue par Brune ministre de l’Intérieur.

15 mars 1952

Mise au car du B. à 6 h. Peu d’eau. Arrivée de Merry, Henriette Chandet, etc., Audrey Whitnys.
Cinéma le soir au café « Révial » : « Le Roi » – peu de gens – atmosphère lourde, morne, triste.

16 mars 1952

Elections. Vu Berthe Favre et Maguy Verdun

17 mars 1952

Occupation de la vallée par les CRS (350) – 4 h du matin. Mise en eau définitive. Déménagement des archives – Dernière messe.

18 mars 1952

Déménagement de l’église – Descente des cloches. Départ Buffet, Sevry, Derogy, des Hollandais, des Américains de Life, de Perquelin et Eysseric.
Maguy Verdun – Berthe Favre – Brigitte Raymond.

19 mars 1952

Départ de Tignes pour Bourg. Téléphoné article de Bourg, article anti-Faurel.

20 mars 1952

De Bourg à Arcy – couché là.

21 mars 1952

Paris 12 h. Journal (article a fait du bruit). Vu Dante (Danielle, après Sestières, rentrée mais pas signe de vie. Coups de téléphone mystérieux, intervention de la Comtesse et d’Hélène. Dante décidé au divorce.)

22 mars 1952

Deux sortes d’imbéciles : le réfléchi et le primesautier.
Envoyé 500 F à l’hôtel Terminus, Bourg-Saint-Maurice.

24 mars 1952

Vu « Aux Lyonnais » pour repas. Vu Janine à « Constellation » (offert au nom de l’association deux disques Beethoven).
Vu Dr Vassal (Villar d’Arène), puis la cousine de Gatti (Police à Bamako, balle dans le ventre, brûlures, reconnu sur photo son fiancé mort en Indochine, retrouvé Danielle errant après démêlés Falaise Sestières).

25 mars 1952

Tél. Jeff. Vu Ascain, peintre ami de J.J. qui expose.
Soirée anniversaire Petrus (27 ans) avec les 3. Dîner chez Michel.  : On ne peut pas toujours dire merde… Saby : le bonheur, tendre vers le coma, une tartine de néant. Petrus entend une bouteille Thermos laisser échapper de l’air – pour Martenot.

26 mars 1952

Midi : Jeff – Prêté 2 000 F à Besson. Coup de force en Tunisie. 4 ministres arrêtés.
Apéritif chez Jeff (aquavit). Martin de Hauteclaire, lauréat du Prix Vérité, arrêté : son nom Couderc ; condamné à mort par contumace pour intelligence avec l’ennemi. Réclusion pour faux et usage de faux.

27 mars 1952

Reconduit par Fournel qui est condamné par les médecins (sclérose en plaque). Il en parle comme si c’était un autre.

28 mars 1952

Déjeuner chez Jeff avec Michèle, son frère et la mère de Jeff. Pour le Prix ce sera Gordey. Expo Ascain, galerie Mai (avec Dante et Hélène), puis dîner chez les Toussaint. Dante travaille 1ère partie « Oubli signal lapidé » pour festival de Berlin.

29 mars 1952

Chez le notaire, avec nos éternels co-échangistes.
Comité café du Croissant, Helsey, Téry, B. Derosse et Gillan.

30 mars 1952

A.P.teaux, fait divers (une enfant de 10 ans asphyxiée dans la baignoire par sa mère). Beloyamio et trois autres communistes grecs fusillés ! Saloperie sans nom !

31 mars 1952

Enregistrement, 6 place des Martyrs. Gordey, Prix Cl. Bl.
Dante a remis le début à Petrus qui a tout changé… Dante furieux. Mais autre chose : coup de téléphone de Saby qui a vu Edouard Helman. Saby arrive. Bombe : Helman et Danielle se mettent ensemble !

1er avril 1952

Au nom de l’A.P. je téléphone à Mutterer que Félix Allouche, correspondant à Tunis, est arrêté ! Fargue, Bellanger, coup de téléphone au Quai, à Tunis, etc. Ce poisson dépasse mes espérances.
Gatti, retour de Beauvais, avec une épiphanie : la secrétaire du Parquet. Dîner avec lui chez Bernard. Discussion sur l’action à entreprendre.

2 avril 1952

Hier, Ed. Helman à l’air d’y renoncer, à D.
À 19 h, journal. La police a perquisitionné au journal (affaires Rebeyr, etc.) et chez Bellanger.

3 avril 1952

Avec Gatti et Saby, en Simca, à Beauvais (pour Assises et surtout Christ. Vassard, secrétaire du Parquet). Elle, pas là. Procès intéressant (Floriot défenseur – 2 types battus par les flics).

4 avril 1952

Pâturage océanique – les hommes des bières. Tu n’es pas un vagabond tant que tu n’as pas eu 5 métiers – la mer nourricière. Papier sur femme escroc. Gatti à Beauvais. Les 2 types acquittés – les suit. Reconduit Gatti – Vu Marchal.

5 avril 1952

Assemblée générale annuelle des G.R.F. 12 présents. Election de Penguelin, S. Simon et H . Parmelin. Mac Orlan présent. Après, chez Dante puis 9, rue Poulletier chez Janet Smith (party), puis chez Dris, rue Champollion, puis rentré, fatigué et dégoûté.

7 avril 1952 (lundi)

Téléphoné chez Zivi, pour achat de son appartement (il s’installe à St-Louis).
Gatti reçoit lettre posthume de Marcel Delrue, exécuté samedi matin. Il a envoyé à Christiane Vassart une statuette nègre et « Les Voix du silence » (Malraux).

9 avril 1952

Grand papier de Gatti au condamné à mort (repris par Paris Presse). Voyage à Oslo décidé – départ après-demain. Vu Rognoni.

11 avril 1952

Départ 8 h 10 : Anvers – Anvers 13 h 30 – à bord du Brabant 14 h – appareillage
17 h – passe 18 h 40 – mer d’huile.

12 avril 1952

Fais connaissance du seul Français du bord : le baron Yves de Kergalo, monarcho-fascisto-communo-anarchiste (30 ans – Saumur – légion étrangère – très riche – yachtman, etc.). Les Norvégiens ivres. Rencontré Kyel Bol, étudiant de français rentrant. Discussion politique entre lui, le baron et moi. Drôle.

13 avril 1952

18 h 30 : phare entrée du fjord. 11 h accostage. Dormi sur le bateau.

14 avril 1952

Journée bleue. Hôtel Viking. Oslo en long et en large, très germanique ; mais gens aimables. Téléphoné à l’ambassade de France. Pris contact pour demain. Radio et bible dans ma chambre (443). Traîné dans la ville, ce lundi de Pâques luthérien.

15 avril 1952

Ambassade – vu l’attaché culturel Padoux, le consul de Dianouse, l’attaché commercial. Déjeuné à 14 h chez Padoux – au café les Diananske. Demain Toüsberge.

16 avril 1952

(St. Fructueux – Moi !)
Revu Dianouse. Pars à Toüsberg par le train de 13 h. Attendu à la gare par le fils de l’armateur Sven Foyn Brunn. Dîné avec lui et sa secrétaire Kirsten Andersen. Avec elle dans la soirée, château de Toüsberg, musée – thé, etc. Hôtel Klubben.

17 avril 1952

Chez Foyn, puis « Anglo-Norse ».
Invité à déjeuner (ou dîner ?) à 17 h chez Sven Foyn, résidence d’Aker (lac, maison blanche ancienne, ferme modèle, étables, serres chaudes). A table, vins de Moselle, Porto. Le fils pêchant le brochet.
Au retour, rencontré journaliste italien, Rudi, que j’emmène au Klubben. Le soir, avec Kirsten au cabaret du Grand Hôtel.

18 avril 1952

A Sandefjord par le train. Visite du bateau-usine, d’un chasseur et d’une usine. Déjeuné à 15 h avec M. Seyester, directeur des ventes de l’usine « Sandar Fabbriken ». Rentré en voiture avec son amie. Visite au journal local (photos)

19 avril 1952

A 5 h samedi sur le Pelagos, avec l’Italien et le Norvégien. L’après-midi avec les jeunes filles du Klubben (Ase, Nina, etc.), puis 8 h 30 avec Kirsten au Sergent de Mer, cabaret. Un couple de gosses à la table. La fille, 16 ans, merveilleuse blonde Svanhild Klinge. Dommage. En rentrant, découvert un mort en smoking dans les W.C.

20 avril 1952

Train pour Oslo 14 h 31 après avoir erré du côté de Svanhild.

21 avril 1952

Ambassade – dicté papier jusqu’à 5 h – envoyé par avion avec photos. Pris contact avec le propriétaire de pêcheries de l’Ouest. Déjeuné, dîné sandwiches. Pluie.

22 avril 1952

Vu Kyell Boll chez lui. L’ai emmené voir Padoux à l’ambassade. Puis rien. Ecrit.

23 avril 1952

Ministère des A.E. (Sol Plasson), des pêcheries et de l’industrie – Baleine secret d’Etat – avec Kyell – A 5 h, à Vinderen, chez le Sebjörnsen (patron de pêcheries) – Les filles – le boy, Sten, très intéressant – Parlé des mers du Sud.

24 avril 1952

Photo de chasse.
Musée des Vikings et musée populaire de Bygdö. Sur le port après déjeuné, puis 8 h 30, à Gallerfsen chez Sten Lons à lire les sagas parmi les pins et les lumières du fjord. Rentré 23 h 15. Lettre de Svanhild et article de « Tonsberg Blocks » avec photo du reporter.

25 avril 1952

Vu Grimson-Provence, qui me prêtera son Leica. Envoyé télégramme à Kessel pour faire venir son beau-frère. Sur les quais du port (marchands de poisson, bateaux courriers, caboteurs), rencontré Kjöll – café chez lui – Livres de pêche.

26 avril 1952

Pris Leica chez Grimmprov (non sans précautions de sa part), puis à 16 h 30 à Gilleroser chez Sten Lons. Soleil, dunes.

27 avril 1952

Sur le port, soleil, valises. Départ Oestbahn 19 h.

28 avril 1952

11 h à travers le Sud. Arrivée 6 h. Bateau pour Molde, arrivée 8 h 15 – Breakfast. Coup de téléphone de Mme Sebyörsen – me souhaite bon travail ! Taxi 9 h 15 puis bateau « Kvalberg » (transport viande de baleine). Dans l’île à 11 h 45. Déjeuner, visite de l’usine puis du pays avec Carl Seby et sa fille. Embarqués sur le « Torgwy » appareillage à 23 h – Dormi.

29 avril 1952

Fausse alerte à la baleine à 5 h – trop petite pour être tirée. Beau temps, mais houle. Malade. Couché. Rien pris.

30 avril 1952

Un peu mieux. Ai mangé ! Beau temps, travaillé. Redescendons S.E.
Pas de baleine en vue. Le soir, chasse depuis 1/2 heure. Abandon à la tombée de la nuit. Tout le monde fatigué.

1er mai 1952

Baleine à 5 h – chasse – plusieurs souffles sur la mer. Chasse à 17 h – abandonnée à 22 h. Ecœuré.

2 mai 1952

Réveillé à 4 h. A 5 h 30, une baleine tuée (15 mètres, 30 tonnes). Ramené à 11 h 30 à Steinshavn. L’Italien et un autre étaient là – avec les filles Sebyörsen. Soirée avec les filles.

3 mai 1952

La tête sympathique du vieux Mathurin, Sinbad le marin. Blé, orge, choux, carottes, tomates.
Départ 11 h avec « Kvalberg » pour . 5 h de navigation. A 16 h 10, arrivée. Train 20 h 45. Promenade sur les hauteurs du fjord.

4 mai 1952

Un de ces livres qu’on peut très bien faire au cours d’un voyage. Cook dans les fjords de Norvège. Arrivée 7 h 15 – Viking 544.

5 mai 1952

Rendu appareil à Grimm. Accepte de me garantir à l’égard de l’office Bennet’s (retour payé en France). Bateau pour Copenhague jeudi.

6 mai 1952

Reçu papier de Paris (pour le 24 avril). Rendez-vous avec l’une des filles du Viking.
Dîné à 16 h 30 avec Sten chez les Sebyörsen, puis avec le père, la fille et un autre inconnu, en Buick à Holnes.

7 mai 1952

Vu Kyell Bol. Envoyé fleurs Sebyörsen, Billet agence. Travaillé : 2 articles. Visite du vieux S. à l’hôtel (pour détails techniques).

8 mai 1952

Promenade Ackershas avec Sten. Bateau « Kronprins Olav » pour Copenhague. Sur le quai : Sebyörsen et Kyell. 8 h 15 : Copenhague. 9 h 35 : express pour Bruxelles. 11 h : ferry Korsör-Nyborg. 15 h : Frederika. Hambourg-Brême-Cologne.

9 mai 1952

A Bruxelles, sans fric, 8 h 15. Samedi chez les Ebstein – personne, mais pris bain. Déjeuné avec cousins. Train 18 h 40 pour Paris (un wagon d’académiciens revenant de Belgique. Triste). Gare du Nord : 22 h 40.

10 mai 1952

Fait manger de la baleine à tous.
Le soir, chez Bernard avec Boulez, Gatti, Danielle et Patrick Waldberg (ancien surréaliste) et sa femme.

11 mai 1952

Evénements : dimanche de Pâques, Bernard, tête coincée dans l’ascenseur. 15 jours hôpital. Convalescent. 2) Nucléa : un désastre – 3) œuvre de Boulez dans le cadre « œuvre XXe siècle » Champs-Elysées, gros incidents – Gatti bondissant sur deux perturbatrices, etc., etc. De plus, Gatti inquiété par la police (dénoncé) et papier sur condamné à mort. « Structure » (piano Messiaen et Boulez).
Le rapport Fechteler déglingué par le Monde – fait du bruit.

12 mai 1952

Payé Bennett – Télégramme à Oslo. Vu Helsey.
Avec Dante, chez les Orano (lui, ulcères à la jambe, se fait radiographier demain).

13 mai 1952

Petrus, accablé de commandes, fatigué, débordé, yeux malades (festival de Berlin, Darmstadt, Hambourg, organisation d’un club d’essai, etc.).
Acheté caméra photo à Richou, Rolleicord 45 000.

14 mai 1952

Avancé 12 000 à Orano.
Projet pour appartement Asnières abandonné. Probablement celui d’au-dessus.

17 mai 1952

Enquête annoncée photo. Gatti déjeune à Clichy. Le conduit en voiture à Noisy-le-Sec chercher Stéphane, et les conduit Colonel-Bonnet. Rentré 7 h. Travail.

18 mai 1952

Elections sénatoriales. Bonne chose : Flandin battu. Travaillé enquête.

19 mai 1952

Papier paru.

20 mai 1952

Gatti me remet revue envoyée par Cage, Transformation (article Boulez). (La veille.)

21 mai 1952

Ecrit à Listard (parfumerie Molinard pour 70 kg d’ambre de S.)
Le soir, 9 h, avec Collin et Dante, salle de l’ancien conservatoire, concert de musique concrète (œuvre du XXe siècle). Boulez au programme. Peu de réactions sauf Gatti gueulant contre une femme qui rigolait pendant l’exécution d’un Messiaen. Ensuite, café avec Petrus et Dante. Petrus part samedi rejoindre à Bruxelles la troupe.

23 mai 1952

Barkey – Groussard, déjeuner chez Denys.
Vu Duraz (bijoux). Coup de téléphone de J.J. en visite. Dîner demain.

24 mai 1952

Chez les beaux-parents de J.J., rue du Chemin-Vert – Dîner.
Procès Rety. Question allemande (signature du traité). Corée mort. Manif. Communiste.

25 mai 1952

Arrestation d’André Stil, rédacteur en chef de l’Humanité (histoire Ridgway – le général microbien nommé en Europe). Entreprise de niaisification.

26 mai 1952

Vu Fatima, conquête de Dante. Dernier papier à faire. Vu Rachel Cheigam en quête de travail (lui colle un rendez-vous avec Collin).

27 mai 1952

Fin de l’enquête Baleine.
Kateb fournit fille sur fille à Dante, sur le flanc. Soirée chez Geissmann (on tentait d’apparier les fourrures André Brens et la margarine Excel) – Rentré 1 h.

28 mai 1952

Place de la République fermée. Bagarres Ridgway. 718 arrestations, 220 gars blessés, 1 tué manifestant. D’autres blessés à balle. Avec Bardin et Béal (chauffeur), pris dans l’échauffourée, rue de la Banque ; coups de mitraillettes, blessé, etc. Téléphone Gatti. Bal à Versailles pendant ce temps-là !

29 mai 1952

L’Huma, Libération, Le Soir saisis. Grands titres partout.
Procès Hayange : en référé la démolition que Mangin voulait commencer le 1er juin est suspendue.
Dîner Labarthe (Janine et Mme Lecoutre). Proposition d’entrer à Constellation.
Duclos inculpé avec A. Stil d’attentat à la sûreté de l’Etat.

30 mai 1952

Lacroix, La Bernerie-en-Retz (Loire-Inférieure).

31 mai 1952

Gatti déjeune chez nous. À Noisy en voiture chercher Stéphane. Retour à l’Isle. Marchal, Sévry, Buffet, Leleu.
Brune, ministre de l’Intérieur, fait autopsier les deux pigeons trouvés dans la voiture de Duclos. 4 spécialistes nommés. Les pigeons à la morgue.

2 juin 1952

Avec Petrus et Dante, en voiture en Ile-de-France. Déjeuner à Jouy-en-Josas, retour par Rambouillet. Sifflé, arrêté, marche sur trottoir, etc.
Le soir, avec Dante, vu « Jeux interdits ».

3 juin 1952

« Who loves not puppets is not fit to love », Byron.

4 juin 1952

11 h partis pour Lille avec Corvo et Lamour (disparition d’une fillette de 4 ans ½ à Phalempin) – Arrivée 16 h. Papier signé Jacques Marestet (dans les bois, la nuit, avec Séruzier et les provinciaux autour de la ferme Heurtebise chaude réception des gendarmes surpris !).

6 juin 1952

Retour à Paris entre 17 h 30 et 20 h 30. Journal. Gatti parti en vacances avec Bernard et Bonnardot.

7 juin 1952

« Les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais » (V. Hugo).

9 juin 1952

Tél. ministère de la Marine pour Terre-Neuve.

10 juin 1952

Ministère de la Marine pour Terre-Neuvas.

11 juin 1952

Déjeuner midi chez Petrus, retour de Zurich. Après, dans les squares et sur les quais.

13 juin 1952

Gatti rentré de Millau, Carcassonne (course de toros). Apéritif chez Robespierre avec Decaunes, Catherine Audouard, Marchal, etc. Tout le monde saoul. Dante devenu toro et les autres matadors. Cherché Danielle avenue Matignon, puis la laisse avec Toussaint. Quitté quai à 23 h. Dante au lit.

14 juin 1952

9 h : messe Armorin – peu de monde. Puis, avec Dante chez Petrus.

15 juin 1952

Avec Petrus, à Gif, chez Mme Barkay.

16 juin 1952

Avec Gil et maman, départ pour Hayange. Arrivée 14 h.

17 juin 1952

Braderie. Moi à la caisse. 350 M

18 juin 1952

2e jour braderie. 200. Dîner chez Michel. Rédigé lettre à faire signer par les commerçants juifs contre les antisémites du syndicat des Commerçants de Hayange.

19 juin 1952

Campagne pour la lettre avec André Denis. Querelles intestines ! Jules Levi, le permanent, refuse de signer. Marx signe, Michel aussi. Le soir, chez Baby.

20 juin 1952

Retour à 15 h 30 à Paris. Journal.

21 juin 1952

Vu Petrus 17 h (Darmstadt le 19 juillet). Dubois lui a proposé un concert à Metz qu’il a refusé : trop tôt, dit-il.

23 juin 1952

Ecrit à Wang. Vu Dante (par Petrus, il a eu un contact avec Serreau du théâtre de Babylone pour sa pièce).

24 juin 1952

Train pour Lyon (inauguration de la ligne électrifiée). Vu J.J. Retour 23 h.

25 juin 1952

À la suite du Prix FJA, visite au PL de Helsey, Sevry, Labarthe, qui me nomment secrétaire général.

26 juin 1952

Tour de France et soucoupes volantes, Corée ensuite. 1ère contredanse.

27 juin 1952

Avec Bernard, à Clamart, cherché Stéphane. Coup de téléphone de Freddy, revenu en surface.

28 juin 1952

Notaire. Signature achat de l’appartement du dessus.
Mariage de la fille de Pol Nemarq.

29 juin 1952

Avec Dante, Danielle et le Stéphane, dîné chez Michel puis ballade au Bois. Chaleur.

30 juin 1952

Match Humez-Tony Janiro. Arrêt 5e – Janiro abruti, garde baissée, un punching ball.

Notes : Tu dors / Reine Viking dans ton linceul de bois / Mais quel emmerdement d’être Joffroy / par 60° Nord.

1er juillet 1952

Le soir, chez Gatti, avec Michaux et Petrus et Bernard. Les soucoupes volantes (on y croit). Retour 1 h.

2 juillet 1952

10-12 h. Départ avec Trecourt, Yves Bardin et Manguiez pour Le Croisic (navigateur solitaire Le Tourmelin de retour). Arrivée 21 h.

3 juillet 1952

Famille Le Tourmelin, le père abusif réclame 3 000 F pour donner une photo, songe à faire fabriquer des cartes postales.
A la pêche sur l’estacade : pris un poisson. D’ailleurs pluie.

4 juillet 1952

Orages. Papier paru.

5 juillet 1952

Organisé réception Le Tourmelin (banderolles, pétards, etc). Le soir, dîné à l’Océan (la vieille anglaise qui jouait au poker : 75 ans).

6 juillet 1952

Régate des Émetteurs français. Toujours pas là ! Manguiez, engagé par moi dans le gymkana local, le gagnant par supercherie. Vu Mme X et Mme Melville à l’hôtel Manon ensuite. Mme X… très bien.

7 juillet 1952

Réveil à 5 h. Embarqués sur « La Coquette des mers » 9h 30, avec Lemay, Roldes, Trécourt, Blanchard. Le mal de mer fait des ravages y compris sur moi. Mer démontée : 5 m de creux. Retour 15 h et re-départ (moins les éléments éprouvés : Lemay et Trécourt). Trouvé le « Kurun » à 10 milles vers 16 h 30. Escorte, pétard, foule, acclamations, etc., etc. les deux dames. Vu Sevry arrivé trop tard.

8 juillet 1952

Retour Paris 10 h 30. Arrêt Angers à la brune maison. Paris 20 h. Vu Gatti (Michaux lui a dit qu’il me trouvait « sympathique »).

10 juillet 1952

Terre-Neuve se présente mal. On verra demain.

12 juillet 1952

Vu Petrus, en plein travail : oubli, signal lapidé (séquences) pour Darmstadt.

14 juillet 1952

Papier sur Maufrais dont le père s’embarque pour Cayenne. (houba-houba).

16 juillet 1952

Vu Darbois, retour de Guyane. Coup de téléphone de Groussard qui tient à son expédition n’importe où, n’importe quand. Vu Fargue : Bellanger hostile à la morue ! Fargue me demande de choisir autre chose.

17 juillet 1952

Vu Darbois, Mazière, Ivanov au journal. Photo – papier. Le père Maufrais au bar.

18 juillet 1952

Vu Groussard. Fixé, après ses folies, sur l’Amérique du Sud.

20 juillet 1952

Jeux olympiques.

21 juillet 1952

Au journal, refus du reportage sur l’or. Vu Labarthe et Marthe (soit l’or, soit l’uranium à Madagascar).
Démissions en Egypte et en Iran (émeutes).

22 juillet 1952

G. de Caunes, 11 place Saintes-Scarbes, Toulouse.

23 juillet 1952

Affaire conclue avec Labarthe. Vu de Caunes qui cherche à partir.

24 juillet 1952

La radio refuse de Caunes. Labarthe conclut pour l’avion. Vu les Orano : été les déménager avec Dante (elle, pas normale, je crois…).

25 juillet 1952

Vu Rognoni à qui j’ai proposé l’or. Il cherche.

26 juillet 1952

Bernardin, dentiste, rue du Vieux-Colombier. Vu Viel-Lamare.
Avec les 3, chez Michel. Farouk a abdiqué.

27 juillet 1952

Eva Peron morte.

28 juillet 1952

Vu les Orano (fausses ordonnances). Envoyé lettre au préfet.

31 juillet 1952

Avec Dante, vu « Nous sommes tous des assassins ». Bon.

1er août 1952

Surplus achats. Vu Gambin pour De Caunes – Des promesses.

2 août 1952

Cherché Stéphane à Noisy-le-Sec avec Bernard – Promenade à Courtry.
Télégramme à de Caunes. Morio (J. Martin Chauffier) à la porte du P.L.

3 août 1952

Avec les Gatti, chez Michel, puis au Bois.

4 août 1952

De Caunes rentré – a vu Gambin ). Çà marche.

5 août 1952

Air France, billet.
Parents partis à Aurillac à 13 h
Vu avec Dante « Deux sous d’espoir ». Bon.

6 août 1952

Billet Pan Air. Variole.

7 août 1952

Vu Rognoni. Achats chaussures Palladium, lexique, photo, etc.

8 août 1952

Ambassade Brésil, mais photos pas bonnes. Revenir.

9 août 1952

Lettre de Vignon – tout va.
L’horrible putain du Bd Haussmann : robe verte, chapeau blanc, la face écaillée, coulante comme un fromage en été.

11 août 1952

Avec Dante « Million dollars legs ».

14 août 1952

Chez les Toussaint avec la bande et de Caunes. Départ Constellation AF 22 h 30. Shannon minuit local .

15 août 1952

New York 11 h 30 (heure New York). Trois heures d’attente stupide, puis en car à travers la ville et hôtel Bedford (prisonniers sur parole). Altercation avec 1 serveur insolent à l’égard des créoles du voyage. Départ N.Y. 21 h. Vu Paule, la fille de Delépine, fonctionnaire de Guyane.

16 août 1952

Aérodrome du Lamentin, Fort-de-France 5 h, hôtel du Vieux Moulin. (Revu Massel).

17 août 1952

Vieux Moulin. Vu la fille de Delépine en voiture.

18 août 1952

Cauchemar (Gatti criant : la confirmation du rêve !). Parti après corrida. Taxi pour l’aérodrome, avion Corvair pour Trinidad 15 h. Arrivée 14 h 15. Hôtel Normandie. Rencontré Marsan de l’imprimerie guyanaise et un inspecteur des eaux et forêts.

19 août 1952

La journée avec de Caunes et Rocher (des E. et F.). Hôtel de Paris le soir, la fille.

20 août 1952

Nouvelle course taxi pour l’avion DC4 Panair. Vu Vignon, retour de St-Domingue. Escale à Georgetown vers 16 h. Départ et retour à Georgetown, un moteur cale. Attente (les Chinois, le gosse insupportable, les affiches, les souvenirs, les parapluies), puis en route pour la ville à 70 Km (des gens en perme, un mioche la nuit, qui pleure), orage fantastique.

21 août 1952

Cayenne 14 h. Vu Billard et bien d’autres : Cougnoret, César, Vaudé devenu restaurateur. Chez Ziwès – architecte – au Bourda le soir.

22 août 1952

Avec Ziwès, Billard, Scotti architecte en ballade le soir. Le soir, vu De Amorin consul du Brésil. Départ Maegra demain. Incident avec De Caunes – à régler.

23 août 1952

Avion militaire Dakota. San Antonio, Macapa – Insupportable gouverneur. Maison Gerbault, le Français. Baron de Rio-Aranco.

24 août 1952

Visite de l’hôpital, etc. Fortalza : coup de canon dont un dans l’Amazone.

25 août 1952

Fête du soldat. Revue avec le gouverneur. Entretien au Palais après-midi, je donne le coup d’envoi d’un match de football (tir à la carabine).

26 août 1952

Visite Fazendinha – ligne de l’Equateur – maison de Caboclo. Vu commerçants établis sur le Yary. Acheté une pépite de 10 g = 400 cruz. Nos accompagnateurs officiels : Kepler Mota et Laure Chavez (gouv. et enseignante de français). + Maja leader des étudiants du lycée.

27 août 1952

Visite à la scierie de l’illustre señhor Jose Contreiras, qui parle français. Ile San Anas sur l’Amazone. Jeep, puis bateau. Déjeuner avec lui. Interview par Kepler Mota et Chavez pour le journal d’Amapa. Questions étourdissantes : Ai-je l’intention d’entrer à l’Académie française ? Au retour, visite aux Caboclos.

28 août 1952

Réglé dans la nuit l’affaire avec de Caunes – puis fait papier sur l’or (les écoliers dehors répètent la Marseillaise). Avion pour Belem à 15 h. Arrivée à 18 h. Grand Hôtel ! Vu consul de France Baroso Rebelo = Maufrais père à Belem.
Restés pour dîner.

29 août 1952

Chez le consul, vu Maufrais père en route pour Macapa et le Yari. L’ai dissuadé du voyage, mais… Achat complet « tropical ». Le port, change d’argent chez le barbosa. Le soir chez le journaliste Muchado Cœlho, un intelligent bonhomme d’ailleurs en froid avec le consul.

30 août 1952

Avec Muchado au musée Goedi – zoo, terres cuites de Marajo, etc. 2 allemands, 1 ethnologue (Hilbert) et un « papillologue ».
Incendie à la Folha do Norte, le plus grand journal du Para. Bal franco-brésilien (Melle France : nous sommes du jury) le tour d’un bête ! d’un triste !

31 août 1952

Avec la fille et ses parents à l’église, au zoo. Le soir chez Machado où se trouvait un autre journaliste belemiste.

1er septembre 1952

Avec Muchado au marché (De Caunes à la procession fluviale), puis chez Paul Lecointe, français depuis 62 ans dans l’Amazonie (place de la Trinité). Muchado me donne un exemplaire dédicacé de sa traduction de quelques poèmes de Verlaine. Avec De Caunes, chez Federico Barata, directeur des Diaris Associades : collection de tableaux et de terres cuites des Indiens du Tapayos (don d’une tête de chien). Retour à l’hôtel, carte d’un Pr. Bourdon, de Toulouse, de passage à Belem.

2 septembre 1952

Impossible de partir voir les Cayapos. Le soir, avec le Bourdon, été au « Condor », mangé le « Porto no Tucupi ». Puis au ciné, film américain de propagande.

3 septembre 1952

Macumba à l’eau. Revu Lecointe à qui j’ai donné son livre « O estato de «  à signer. Le soir, vu J.L. Bost, écrivain, envoyé par les éditions Nagel pour faire un guide du Brésil.

4 septembre 1952

Vu Lecointe. Service indien (émission radio vers le Rio Xingu). Acheté deux disques de bacao. Soirée chez Machado.

5 septembre 1952

Achats. Adieux à Lecointe, Machado.

6 septembre 1952

Avion militaire 5 h 30 – Macapa 6 h 45. Maufrais à l’aéroport décidé à partir avec deux « types » (Corse et ?). Le gouverneur Janary est là à l’hôtel Macapa. Vu Gerbaud, Chavez, Maria. Le soir, les deux aventuriers (le légionnaire hongrois et le corse dynamiteur).

7 septembre 1952

Canon – mousquetade. Fête nationale. Revue à la forteresse puis déjeuner avec la famille Contreiras : vin du Portugal, champagne du Brésil, cigares, etc. Fini de boire à 5-6 h. Le père Maufrais sonné ! Ensuite, avec Gerbault et Laszlo, échecs.

8 septembre 1952

Grippé. Chez le Libanais Selim (« la Baratera »), le fakir qui dit « El Morito ! » (sur la photo d’E. Maufrais). Travail.

9 septembre 1952

De plus en plus grippé. Fini mon papier. Chez Selim, achat moustiquaire, etc. Conversation le soir avec le père Maufrais : « Ma femme vous en a voulu… mais quoi, elle et vous, moi et vous, nous ne parlons pas le même langage ».

10 septembre 1952

Maufrais parti à Belém avec le Ju 88 pour son fusil et son revolver.

11 septembre 1952

Journée Selim – envoyé lettre P.L., Labarthe, Clichy.
Vu Melo, directeur du journal Amapa : il y a beaucoup de journalistes de Rio qui viennent pour Maufrais.

12 septembre 1952

Vu, chez Chavez, le carnet de R. Maufrais « Qui ose, gagne ». Maufrais resté à Belém. Journaliste brésilien, José Montenegro (a pris des photos). Chez Selim, rédigé discours pour le préfet « Le respect mutuel est le gage de ce contrat mutuellement consenti ». (Vive la France ! Vive le Brésil !)

13 septembre 1952

Cocktail avec ? à l’hôtel. Dîner chez le gouverneur avec les députés et les généraux. Bal à la Cortaleza. Maufrais à Belem, toujours retenu.

14 septembre 1952

Maufrais revenu. Mis Maufrais en contact avec Vignon.
Décoration sur le stade, après natation. Le soir à la forteresse.
Arrivée, avec M., d’un ancien d’Indochine, M. Vandevelde.

15 septembre 1952

Avec Maufrais, Decaunes, Max Petit, Le Prado, Vandevelde et Georges Gerbaud, chez Vignon. V., de nouveau, prévient Maufrais. Zéro.
Travaillé papier – Bal – Pas dormi.

16 septembre 1952

Envoyé papier par avion présidentiel. De l’agitation dans l’équipe : Corse, Hongrois et barbu ne veulent plus de Brésiliens. Le journal brésilien fait des manigances. Le barbu a menti plusieurs fois dans son récit.

17 septembre 1952

A l’équateur, photos.

18 septembre 1952

Coup de théâtre à 15 h 30, le gouverneur refuse la mission officielle. Maufrais persévère. Atmosphère de drame. Radio le matin.

19 septembre 1952

À la radio, petit speech sur l’affaire M. Confession du « pilosus superbus » qui n’est pas, dit-il, journaliste, qui n’a que des intentions pures (littérature, etc.). Puis interception lettre de Rio. Le soir, tous au b. par d’invraisemblables sentiers, passerelles, etc. La chambre de « Pilosus » fermée à clé. Volets verrouillés.

20 septembre 1952

Petit et Le Prado partis pour Rio. Les lascars font danser l’anse du panier. Musique, bal, le soir. Election de Miss Macapa. Montenegro parti pour Rio. Départ mardi.

21 septembre 1952

M. de plus en plus nerveux. Tapé papier Indiens pour « Constellation ». Explications avec le Pilosus ; la querelle vidée en présence de M., Gerbault, De Caunes.

22 septembre 1952

Fini papiers – expédié. Ecrit papier à envoyer de Santana. Achat de vivres pour nous. Le père Maufrais obligé de régler sa note d’hôtel. Dans un état indescriptible : dîner chez Marco Zéro. Discussion entre M. et Laszlo sur les « dépôts » en avant et en arrière. M. me dit : « S’il y en a un qui bronche, je le descends. S’ils m’abandonnent, ils ne reviendront pas ».

23 septembre 1952

Départ 4 h, pirogue Yary (M. perd ses lunettes).

24 septembre 1952

5 h 45, départ. 8 h 15, Casa Potocka. 18 h : enlisé près d’Arman. 19 h 45 : Arrucaus.

25 septembre 1952

7 h 45, départ – 10 h 45 Jaribondre – 16 h halte à Puga dindas (l’institutrice et le nain).

28 septembre 1952

Arrivée Sapatuo et des créoles de Ste-Lucie (par l’Arroyo). Vu, avec Santamaria, les demoiselles de Pacanare (R.V. pris pour la veille, mais arrivé trop tard). Remorqué par canot Sapatino au retour.

29 septembre 1952

Avec Santamaria en pirogue, 12 h 30, vers Pacanare. Les filles ont la fièvre. Retour 18 h après pluie torrentielle, le canot faisant eau, etc.

30 septembre 1952

Départ. Maufrais barbu vient nous saluer.

1er octobre 1952

6 h 30 départ. 16 h à Casa Potocko (tempête sur l’Amazone – sommes trempés jusqu’à l’os).

12 octobre 1952

Arrivée Paris 14 h 30. Vu Marchal à l’hôtel. Tout le monde au courant de ma « chute » ? Froid.

13 octobre 1952

Vu Gatti hôtel. Téléphoné à Janine. Rien de neuf. Fournel mourant, dit-on. Vu Corvol : du Larquier et du Fargue sous le sabotage de l’histoire.
Vu Mme Lecoutre. Tout O.K.

14 octobre 1952

Coup de téléphone de Darbois (Dr Billard en France). Coup de téléphone de M.B. qui me demande 10 000 pour une opération (son fils malade). R.V. officiel à 11 h 30, jeudi. Donné à M.B.

16 octobre 1952

Vu, avec Gatti, Bedel (CGT) à 6 h 40. Entrevue avec Bellanger, Fargue, Desjardins. Ignoble : revenu écœuré. Dîné chez Diwo à la résidence.

17 octobre 1952

Téléphoné à Kessel. Vu Bedel à Libération pour le dossier à constituer. Au journal, une pétition circule.

18 octobre 1952

Vu Kessel (avec Julliard) chez Alexandre, en face du Fouquet’s. F.S. plein, mais je peux y faire des reportages. Dîné avec Divès et sa femme.

19 octobre 1952

Fait 2 papiers.

20 octobre 1952

Lettre à Petit (F. de France). Coup de téléphone de Poldès qui veut me faire parler au Faubourg (je l’envoie à Fargue). M. a écrit à Muttierez (lettre à produire). Vu à la commission des litiges Stibbe, Viguier (et Chalais qui y était pour autre chose). La cause est bonne, me dit-on. La délégation syndicale convoquée (Youvanovitch, Fonsèque, Marzet absent). On me propose 4 mois d’indemnités.

21 octobre 1952

Eté demander installation téléphone. Au journal, mon remplaçant Pichon est là.
Repris la voiture repeinte et décabossée (90 000 F).

22 octobre 1952

Téléphone de de Caunes. Fait taper 2 papiers par Janine. Vu Daninos à F.S., d’accord en principe. Adieux au journal au bar. Tout le monde est là.
Le soir, à la télévision pour les films de de Caunes, mais panne.

23 octobre 1952

Emporté affaires. Vu Labarthe à 19 h. D’accord pour F.S.

24 octobre 1952

Touché 80 000 F (septembre et mois double). Fargue dit : « Je n’oublierai pas ceux qui ont été au bar » (un mouchard lui avait fourni la liste). Prèche téléphone à André : M. W. est « indésirable » au bar. Vu les ouvriers, consolations. Avec Dante et Danielle, ciné « Umberto D » et dîné chez Michel. Dante : « Tu es un frère ! »

25 octobre 1952

Ecrit à Billard. Vu Fournel encore malade. Fait taper lettres.

27 octobre 1952

Huissier 11 h. Téléph. Dominique X. Fait afficher lettre aux rédactions au marbre. Envoyé lettre recommandée sur « dossier » et solde de tout compte.
Avec Dante, chez Souvt . puis chez Bernard. Payé reliquat de l’appartement à Mme Gauthier.

28 octobre 1952

Travaillé. Fait porter fleurs à Escuret, Grenet, Jacq. Michel et Jac. Jeanquartier.
Appartement libre.

29 octobre 1952

Reçu lettre de Escuret et Grenet.
Couru peintres, menuisiers, plombiers, hygiène. Vu M.B. place Clichy.
Gatti raconte que la lettre a fait drame : Fargue fou furieux, arrachant les papiers : « Me faire çà ! » les fleurs aussi.
Mangé faisan à la vodka chez les Souvt. qui parle de ceux qu’il a connus : Maïakovski, Pasternak, Gorki, Toukhatchevski, Stravinsky, Joyce, etc. Curieux personnage.

30 octobre 1952

Lettre de Billard – Invitation à déjeuner du père Foulon.

31 octobre 1952

Lettre de J. Michel.

1er novembre 1952

Gatti à déjeuner. Cherché Stéphane à Noisy – Vu Caillaud. Le soir, avec Marchal, Audouard, etc. Gatti : grande agitation au P.L.
Bellanger a convoqué les délégués syndicaux : Il n’y a pas de « dossier ». Signature de Gatti seule.

3 novembre 1952

Reçu lettre recommandée de Bellanger niant le dossier – et s’étonnant de mon ton.
Déjeuné avec Foulon et de Caunes (jury du prix Armorin) – Téléphoné à Yoyo et à Riels qui confirment le potin fait au P.L. – Lettre peu encourageante de Garçon.

4 novembre 1952

Papiers chez Janine. Vu Stibbe.

5 novembre 1952

Envoyé lettre à Garçon – Eisenhower élu.

6 novembre 1952

BHV pour penderie (49 000) – Téléphoné à Daninos.

7 novembre 1952

La Giétand qui devait prendre le poème de Dante dans « Botteghe Osane » envoie une lettre de refus – lamentable explication sur la « modernité ».
Téléphone de Groussard – part pour l’Allemagne dimanche.
Avec Dante et Danielle, au Rex « Limelight » (Chaplin). Pas convaincu. Gatti : Ils m’ont fait sauter mon papier de Reims ; Fargue, le prenant, le déchire : Voilà ce que je fais des papiers de gens qui ont beaucoup de talent comme mon ami Weil !

8 novembre 1952

Porté enquête à Janine, rue Montmartre. Gatti, déjeuner à Clichy. Puis cherché le gosse. Le soir, dîner, avec Dante et Hesperus, quai d’Anjou.

9 novembre 1952

Vu Grenet à qui j’ai lu la lettre à Bellanger.

10 novembre 1952

Vu Dante et Collin (liquidé avec tout le monde de « Semaine de France », sabordé par Bloch Dassault qui prend Paris Presse).
Vu de Caunes (qui a reçu une lettre du père Vandevelde). Envoyé lettre à Bellanger. Vu Stibbe qui me donne ses Malgaches à lire.

11 novembre 1952

Vu Marchal.

12 novembre 1952

Avec de Caunes, émission Radio-Lausanne (rue François 1er) – Maufrais, puis Carrière pour Détective.

13 novembre 1952

Porté papiers à F. Soir. Vu Carrière, Larrique, Montaron, Séruzier, etc. Affaire conclue avec Détective. Vu Stibbe, rendu ses Malgaches.

14 novembre 1952

Sombre nuit. Pensé à Cl.

15 novembre 1952

Déjeuner chez Marchal, puis Noisy.
Grands reporters, café de Flore (Labarthe, Heley, Daujon, Coquet) – mon cas.
Dîner Carrière – Janine. Rentré 1 h.

17 novembre 1952

Commencé à « Détective » à 9 h 30. Dîner Bresson (avec les Girardo).

18 novembre 1952

Envoyé avec photographe Hewagault à Lille (affaire Galmant, convoyeur postal assassiné il y a 20 mois)) à Lille, 16 h 30. Rien à faire.
Eluard mort. Neige commençante.

19 novembre 1952

Rentré autorail 8 h 45. Neige à Paris (30 cm). Vu avec Bresson, Icard, de F.S. qui va appuyer. Vu Audouard.

20 novembre 1952

Vu Billard. Dîné au Vicomte avec lui et Dante. Projeté de le raccompagner chez lui à Villeneuve – mais, av. de la Reine : accident. La voiture saute sur les bornes lumineuses – les pneus crevés, les freins démantibulés.

21 novembre 1952

Dépression, fatigue.

22 novembre 1952

Détective. Le soir, accrochage avec le directeur général Beyler, un pète-sec.

24 novembre 1952

Téléphone installé. PER 77-07
Téléphone Labarthe pour appuyer lettre à F.S. (Lazareff). Confirme à Beyler mon engagement à « Détective ». Le soir, dîner avec Dante et Collin, Murrioux (du bureau Bergé), veut faire une enquête en Algérie.

25 novembre 1952

Genou malade. Téléphone de Billard. Parti pour Lyon (deux Grecs assassinés).

26 novembre 1952

Enquête Pont-de-Cheruy.

27 novembre 1952

Funérailles des Grecs au quartier du Réveil. Vu Marie l’Arménienne.

28 novembre 1952

Rentré Train 13 h 55 à Lyon – Paris 19 h 30. Lettre de Dominique.

29 novembre 1952

Téléphone Gombault. R.V. 13 h 30.
Vu G. Un poste rewriter « F.S. mal écrit. Pas mal de candidats. Voulez-vous le faire ? » Réponse bientôt. (Affaire Fath, retenu à Ellis Island).
Vu Collin au café. Gatti vient me prendre pour aller au congrès des journalistes CGT rue Lafayette. Retour minuit.

30 novembre 1952

Grippe au lit.

1er décembre 1952

Téléphone Kessel revenu de Sicile.

2 décembre 1952

Au commissariat de Boulogne, déposition (autre accident après moi le feu ne fonctionnait plus – attaque la municipalité de Boulogne, risque de se retourner contre moi).
Avec Dante et de Caunes à Villennes chez Billard (Gisèle, sa sœur, la fille de la villa (jolie) et 2 gars). Film en couleurs sur les Indiens. Rentré 2 heures du matin.

3 décembre 1952

Téléphone Kessel – à Villeneuve-le-Roi pour D. Arrestation des assassins de Charvin (rattrapés in extremis par téléphone).

4 décembre 1952

Arrestation du tueur Portail dans un bateau sur la Seine, à l’Intérieur Brune félicite les flics. Dîné avec Dante.

5 décembre 1952

Match : article de de Caunes, malgré promesse.

6 décembre 1952

Papier sur le mérite civique.
À Neuilly, chez ces dames qui m’offrent une émission à faire sur le Brésil – À voir. À pied, retour, avec la hantise du S.

7 décembre 1952

Vu au « Club antillais » Rognoni (son livre sur la Guyane, des émissions radio). Vu Marchal, lui ai dit l’histoire de Caunes. Remis ma lettre. Monté chez Huguette – bavardages. Coup de téléphone de Bernard – un tableau prêt pour moi.

8 décembre 1952

Emeutes à Casa 50 morts (consécutif à l’assassinat du Tunisien Ferhat Hadel, chef de l’UGTT), ONU discute du problème tunisien.
Dante corrige bouquin Souvt. sur la musique russe.

9 décembre 1952

Téléphone Jeff qui a téléphoné à Gombault : l’affaire se décidera à la fin du mois.
Parti pour Roche-la-Morlière, près de St-Etienne ; vu gosse de 15 ans sauvé deux bébés des flammes. Dormi à St-Etienne, soirée au Rison, puis au Trianon : l’entraîneuse blonde…

10 décembre 1952

Reportage Roche – St-Etienne. Retour Lyon 22 h. Au Progrès avec Serruyer, J.J., Butheau, puis John’s…

11 décembre 1952

Couché 5 h. Train 9 h – Paris 14 h. Malade le soir – vomi (indigestion)

12 décembre 1952

Couché – travaillé papier. Le soir, avec Dante et Danielle dîné chez Michel et ciné : « Histoire de détective ». « 3 flics au P.L. », me dit Gatti.

13 décembre 1952

Détective l’aprèms – Puis grands reporters chez Denys de P. (Hébey, Le Fèvre, Cl. Roy, Parmelin, Téry, Hyb, Blanchet…). Cl. Roy me donne des nouvelles de Wang (autocritique familiale). Hébey a vu Palau, président de la commission paritaire de la presse et lui a expliqué l’affaire. Manceau a confié à Hyb le soin de contacter Bellanger (ou Bellamy) pour lui racheter actions du Courrier d’Angers.

15 décembre 1952

Avec Gatti : Noctambules « Dona Rosita » de F.G. Lorca avec Sylvia Montfort. Vu Médina, Francis Caillaud, Auclair, Ponge… Le soir, discussion entre Médina et Gatti sur le théâtre : projet d’Albert Grand théâtre populaire avec l’Orestie.

16 décembre 1952

Refait papier sur Guyane.

17 décembre 1952

Parti 21 h 20 pour Moulins et Montceau-les-Mines. Avant, passé rue Quentin-Bauchard : remis enquête Maufrais pour Jeff.

18 décembre 1952

Moulins 2 h 20. Hôtel -Autorail 7 h 49 – Montceau 9 h 20. 13 h : aéroport St-Yor (jeune fille 21 ans, Reine Lacour, visite, etc.).

19 décembre 1952

Départ pour St-Etienne. Train de bois, 3e classe. Hôtel de F. Dancing.

20 décembre 1952

La Tallandière. Descendu mine Fay charbon 11 h avec l’ingénieur Pavet pour l’école de fond (les gosses du centre d’apprentissage). Train Lyon 18 h 15.

21 décembre 1952

9 h train Paris. « Il n’y aura pas de délai ou il n’y aura plus de Pinay » (Pinay in Paris Presse, 21 déc. 52). Paris 13 h 30. Téléphone Bernard et Billard (affaire de Caunes).

22 décembre 1952

Réparation voiture payée. 22 700.
Déjeuner avec les Billard et Ziwès. Avenue de l’Opéra, collision voiture : l’aile gauche enfoncée ; constat. Dans Paris-Presse, Maufrais arrivé à Maripasoula.

23 décembre 1952

Le Champollion échoué. Dîner avec Dante, Vicomte. Envoyé lettre à Wang.

24 décembre 1952

« Ah ! Monsieur, les voyageurs communiquent surtout la syphilis ». 17 oct. 1901. (Sur l’automobile, M. Barrès)
Vu Collin, en baisse de forme (papiers çà et là : Radar, Illustration) – rue de Nesles, porté avec Dante, chez les Orano une caisse de provisions (4 500). Elle pleure, lui : « quand on est habitué à recevoir des coups de pied… »
Réveillon chez les Marchal avec les Leleu, Dante, les Lulu, de Caunes. Froideur.

25 décembre 1952

Rentré 5 h après avoir rencontré, à St-Germain, Le Gall et sa fiancée.
Le soir, Vicomte avec les Gatti, Bernard. Puis, chez Bernard, cherché le tableau.

26 décembre 1952

Téléphoné à Lyon à J.J. pour le papier Maufrais.

27 décembre 1952

Gatti déjeune à Clichy, puis Noisy-le-Sec. Retour quai d’Anjou. De Caunes a laissé 8 000 F de l’émission suisse pour moi chez Marchal. Je les renvoie.

29 décembre 1952

Gatti me dit d’inviter Mireille d’Hellèmes. Gatti – Auclair.

30 décembre 1952

Kessel « Ça ne marche pas pour F.S. ». Vu le soir chez Gustave. Amitié consolatrice.

Catégories
19ies

1954

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

1er janvier 1954

Pour la nouvelle année, je me suis offert sur le pick-up les concertos brandebourgeois. Parfait bonheur.

2 janvier 1954

Téléphoné à l’inconnue. Vue à 18 h, puis à la Ferronnière, puis reconduite chez elle. R.V. demain. Commencé lexique Paris-Match, dont Dédé s’empare et qu’il accroît. Gatti dans l’Est cherché Stéphane chez Toussaint.

3 janvier 1954

Dîné avec Claudie II chez Michel, puis ciné le Vendôme, film mexicain, puis chez Adrien.

4 janvier 1954

Nuit. Rentré 6 h.

5 janvier 1954

Vu M.C.A Tour Eiffel, thé, Champs-Elysées – Acheté les sonnets de Shakespeare. Dîné chez Toussaint avec Kateb – puis, conduit Robert gare de Lyon (Grenoble).

6 janvier 1954

Conduit Danielle à Noisy avec les cadeaux (Stéphane malade).
Dîner au Vicomte avec M.C.A puis, danser dans la salle déserte du « Rêve ».

7 janvier 1954

Farran m’envoie à Florence voir Pepini – avec Mangeot. Je refuse en douceur (à cause de MCA, du Frigo, de la TV, des papiers de Dante à revoir, de la mère malade, etc.). Le soir, MCA – ciné « Thérèse Raquin », puis voiture. La citadelle investie, proche de la chute – Rentré 2 h.

8 janvier 1954

Coup de fil de C.S., de retour à Paris. Complications du côté de MCA.
Dîné chez Michel avec CS et Dante. Raccompagné CS.

9 janvier 1954

Revu papiers de Dante sur les fauves. Cherché MCA et dîné avec elle chez Michel (Dante, Danielle).

10 janvier 1954

Après-midi, MC cirque d’Hiver (Gilbert Houcke dompteur). Soir, théâtre Saint- Georges : « La Volupté de l’honneur ».

12 janvier 1954

M.C. Evanno
Au ciné avec MC : Fernandel « L’Ennemi public n° 1 ».

13 janvier 1954

Cherché MC pour l’emmener gare de Lyon. Sentiments mélangés. On dit qu’on s’écrira.

14 janvier 1954

Reçu les « Cahiers » du Marigny (articles de Petrus, Dante, Stockhausen, frontispice de Saby). Coup de fil : incertitude, dit Gatti, à propos de Churchill. Je lui rends ses papiers revus sur les fauves.

16 janvier
Répondu à Merrant (Grenoble) qui cherche une place à Paris-Match.
Kateb à déjeuner. Voit la TV. Vu Gatti chez Michaux. Michaux : « Hier, j’étais Balinais. Une pièce non signée, contrariété… » Il s’endort dans l’autobus… « Le sommeil, défense contre les ennuis… ». Avec eux, cirque d’Hiver : catch – puis dîner à minuit chez Michel.
Churchill, tout est O.K. Encore un peu de travail, dit Flament, et je signe.
Donné 1 000 F à un inconnu, misérable qui m’interpellait en pleurant.

18 janvier 1954

Papier sur Berlin.

20 janvier 1954

Vu Dante, chez lui, alité. Révision Churchill demain.

21 janvier 1954

Kateb à midi. Revu tout W. C.

22 janvier 1954

Lettre de M.C.E. – très déprimée.…
Coup de fil de Dante : contrat signé. 50 000 F chèque que je laisse à Kateb et à lui. Puis 10 % sur la vente de 10 000 exemplaires.

23 janvier 1954

Gatti à Clichy : Révision des 6 papiers – puis chez E. Grenet, malade chez elle. Le soir, quai d’Anjou, bien morne sans les Marchal.

25 janvier 1954

Conférence de Berlin. Détente Est-Ouest (Dulles, Molotov, Eden, Bidault). Stéphane malade : Dante me dit que c’est peut-être épilepsie.

27 janvier 1954

Vu Dante le matin. Son enquête « Envoyé spécial dans la cage aux fauves » bien vue au P.L.

28 janvier 1954

Décision prise cette nuit concernant M.C.E.
Froid : – 10 ° (pas vu depuis 75 ans dit-on). Vu Michaux avec Izis pour achat de tableaux. Neige.

29 janvier 1954

Gatti : le gosse n’a rien. Diwo malade, les rats du P.L. sabotent son enquête.

30 janvier 1954

Avec Croizard, sa femme, Thérond et Pernoud chez Martin Chauffier (Jean) marié. Revu Berrillon, Soukin, Obolenski, Magne, etc.

31 janvier 1954

Téléphone de Bernard – qui brûle de revoir l’homme-cheval, de Cap-Martin. Il y part – et aussi pour la maison de Calas. Journal de Delacroix, des idées.

1er février 1954

10 ans aujourd’hui, à 9 h du matin, que Théo tombait.
Froid de plus en plus violent : – 15 °. Les voitures gèlent malgré l’antigel. Dépanné par Gilbert le soir qui emmène la voiture chez Millot.

2 février 1954

Vu Saby chez lui et Dante. Dîner.
S. ne fait plus rien, amoureux qu’il est du centaure. D. prépare la lecture de son roman au Seuil et chez la Thévenin. « Ne jamais donner dans le scepticisme des gens, quant à leurs qualités secondaires ». (Saby)

3 février 1954

‘- 12 °. 13 morts de froid. Campagne de l’abbé Pierre.
Villa Jean-Jaurès : les conduites d’eau gelées ; pas de chauffage. Gaz faible.

4 février 1954

17 personnes mortes de froid. Acheté radiateur catalyse pour la voiture. Papiers publicité.

5 février 1954

Détente : 9°.
20 h, chez Michel, Dante fête son anniversaire : les Souv, Kateb, Bernard, les Fardoulis-Lagrange, Paule Thévenin, Flincker, Danielle. À 23 h, Petrus : « Insensé ! Ce que le concert n’a pas fait, Schéhérazade l’a fait. Il y a eu du chahut, une bataille d’Hernani ! » Je n’avais pas vu Petrus depuis plusieurs mois.

7 février 1954

Au lit. Coup de fil de Dante, rentré saoul perdu.

8 février 1954

38°5 – in the bed. Crise de foie sans doute. Prévenu Match.
Coup de fil de Rognoni, m’invitant chez les Créoles pour demain – avec les passagères du Gascogne. Le temps meilleur, mais 100 morts en tout en France. 250 en Europe.

9 février 1954

Pluie. Pas de chauffage à la villa. Enfants Rosenberg : J. Madaule CCP Paris.
Dîner chez Marie-Hélène Viviès, avec Rognoni : Babazanne, Marie-Jo, etc. Babazanne : trois ans l’ont épaissie et sottifiée. La voilà neutralisée.

10 février 1954

Gatti : 1) lui dire que je m’occuperai de son Prix, retour de Toulon.
2) Réclamer des éclaircissements sur les lectures au Seuil et chez Paule T.
3) Lui parler du voyage en Algérie ou Guinée – suivant canevas élaboré avec Tony Saulnier (photographe de Match) hier.
4) Oiseau en cage
V) Churchill ? Prisons ?
VI) Fardoulis – Léger
VII) Enfants Rosenberg

11 février 1954

Vu Dante – Avec lui chez les Marchal, 23 quai d’Anjou (ils se dorlotent). Impression de moins compter pour l’amitié.

12 février 1954

Reçu châle tissé par MCE. Demain, départ pour Val-d’Isère, Monaco et Toulon.

13 février 1954

Quitté Paris à 16 h – Gilbert, André, les Max Drouin et Jean Hirth, horloger. 3 voitures. Couché à Châlon-sur-Marne.

14 février 1954

Gilbert ébouillanté par l’eau du radiateur, pharmacien, etc. Le soir Val-d’Isère.

15 février 1954

L’allure est beaucoup moins l’art de savoir porter la toilette que de savoir porter le menton. Wilob
Le tic-tac de l’horloge atomique se fait de plus en plus rapide. J. Robert Oppenheimer.
La journée, promenade. Un peu de soleil. Le soir, cabaret de Val-d’Isère.

16 février 1954

Téléphoné Paris. Tout va bien. Soleil. A 16 h monté au Solaise par le téléphérique avec Gilbert et les autres. Le soir, à l’hôtel danse, chants, etc.

17 février 1954

Une fille jambe cassée dans l’hôtel, hier soir. Promenade avec les autres et Élisabeth Gagarine (DAN 33-75). Départ Monte Carlo à 18 h.

18 février 1954

Monte-Carlo vers 11 h. Caillaud. Avec C. et sa femme chez Pennone à Menton.

19 février 1954

Car 6 h pour Toulon. Hôtel Terminus. Retrouvé M.C.E. Pluie.

20-21 février 1954

Bandol, Draguignan. Caillaud, sa mère et le décorateur Morillier à 11 h 30. À Callas, tout de suite, maisons de 5 étages, abandon, désertions, ruines. Juste ce qu’il nous faut, avec le paysage, etc. Déjeuner, puis par Grasse et Cannes : repris le train pour Cannes avec MCE. Repris le Train Bleu 22 h 07.

22 février 1954

Téléphoné à Gatti – donné à Danielle fruits de Pennone.

23 février 1954

Téléphoné à Saby pour Callas. D’accord pour tout. 17 h cherché Dante au Tribunal militaire (affaire Oberg) pour aller à Marigny. Concert musique de chambre, organisé par Petrus, Webern, Schoenberg, Du Fay, Monteverdi, Gesualdo, Bartok. Vu Souvt., Milhaud. Puis, avec Petrus, Saby, Paule Thévenin, Dante, café. Le soir, chez Michel, moins Boulez.

24 février 1954

Serai chargé des télégrammes de la nouvelle rubrique.

25 février 1954

Tél. Gatti : la séance du Seuil remise au 2 mars (prévue pour demain). Invité par Michaux à dîner.

2 mars 1954

Rentré 8 h.
Avec Dante, dîner chez Michaux 19 h 35. Michaux en poncho jaune. L’Inde : « Ils ne peuvent pas croire qu’on puisse ne pas adorer. Si l’on n’adore personne, on adore le Non-Dieu. Ceux qui écrivent un livre entier avec « « Sri Lama » pour s’acquérir des mérites : – Un peuple capable de cela, c’est mon peuple ! Il n’y a pas de fous comme cela ailleurs. Ici, c’est des fous sérieux. »
À 9 h au Seuil. Lecture des premiers chapitres du roman de Dante. Michaux, Kateb, Bernard, les Souvt, les Toussaint, Cayrol, Béguin, Nadeau, B. d’Astorg (qui s’en alla), Gascar, Cournot, Dominique Aubier, et Robbe-Grillet (que j’avais connu, paraît-il, sur le « Gascogne ». Je ne m’en souvenais plus). Michaux à fond pour. Nadeau silencieux (il offre juste de publier un chapitre dans sa revue). Béguin, Cayrol, incertains. Se rabattent sur des mots qu’ils disent littéraires : « Sacre vernal, l’orbite rouge de la Terre ». Après, à l’Alsace à Paris, avec Michaux. Rentré à 1 h.

3 mars 1954

Hier, lecture par Dante, aujourd’hui, chez Paule Thévenin par elle-même. Meilleure lecture. Les Gatti, Saby, Petrus, Claude Escuret, Hérold, peintre. Raccompagné Petrus (et une jeune fille qui veut aller au Yémen !). Projets Petrus : Darmstadt, Cologne, Donauschingen, Belgique et la tournée en Amérique du Sud avec Barrault.

9 mars 1954

Vu Dante, 20 h. Part aux procès Bordeaux – Riom – apporte travaux à faire pour l’édition du Churchill. Béguin consacrera à son roman un fascicule complet d’Esprit : 8 chapitres, un art poétique, des entretiens entre Gatti et d’autres.

14 mars 1954

Chez Bernard, grippé. Ce qu’il aime : « des Narcissistes compensés par la culture physique ». Prépare une toile pour le Salon de Mai, une toile et gravures pour les Indépendants. Toujours occupé par le centaure du Cap-Martin.
Vu T.V. : « La Beauté du diable », René Clair, Michel Simon, Gérard Philipe.

15 mars 1954

Papier sur « les témoins du christ ».

18 mars 1954

Laniel : on a les laquais qu’on mérite.

19 mars 1954

La cote en hausse à la suite du « Rainier » et ainsi de suite.

20 mars 1954

Gaston Bonheur trouve le Rainier bon.

24 mars 1954

Les pêcheurs japonais du « Fukuryu Maru » atomisés par une explosion à Bikini le 1er mars : ils étaient pourtant en dehors de l’aire d’insécurité ! Voilà la nouvelle la plus importante, la plus sinistre, la plus tragique, la plus prophétique depuis dix ans.

25 mars 1954

Croizard, coup de fil : propose de faire des articles pour Cayatte sur la jeunesse délinquante.

26 mars 1954

Cayatte partant à Cannes, affaire remise à huitaine ou quinzaine.

27 mars 1954

Papier entente cordiale. Avec Bernard, cherché le Bombelet à Noisy.

31 mars 1954

1er, 2, 3 avril
PM m’envoie à Carcassonne pour enquête sur le vin. Avec Cazals, ami de Bonheur, dans les Corbières à courir et à boire. Rentré de Narbonne à 1 h. Minervois – le soir à Narbonne avec Cazals.

4 avril 1954

Rentré de Carcassonne (vin) et Toulon (MCE). Trouvé les épreuves de Churchill à la maison. Dante venu déjeuner. Revu les épreuves. Part ce soir pour le procès de Marie Poupard, Riom.

5 avril 1954

Obolensky venu me voir : Mme Arthuys chassée du P.L. pour avoir protesté contre la Bellangueulle. Lui-même menacé : lettre recommandée à Bellanger, l’ordure ! Tél. JJ Lyon pour envoyer bonnes feuilles de Churchill. À PM, deux papiers : le vin et Marie Besnard.

8 avril 1954

Lettre de Caillaud sur Callas.

10 avril 1954

Vu Dante, malade (genou enflé). Hanoteau devant faire le théâtre, j’abandonne la rubrique en jouant les ulcérés.
Avec Bernard, concert au Marigny (Webern, Schoenberg, Varèse, Bach, Beethoven, Scherchen). Là : les Toussaint, Souvt., les Fardoulis, P. Thévenin, Flinker et la fille Casson – et Diatto, pour la 1ère fois depuis 5 ou 6 ans, moins beau gosse et plus ennuyeux.

11 avril 1954

Saisie de « L’Humanité Dimanche » pour son titre sur 5 colonnes en 1ère page : « Le cours du sang versé en Indochine monte à la bourse de New York ». Chez Dante, correction du Churchill. Du soleil sur tout.

12 avril 1954

PM. Croizard pas là. Travail plus rapide.

13 avril 1954

Rentré 6 h. Téléphone à Gatti qui me dit que le Seuil va nous confier peut-être une collection. Oppenheimer suspect aux Ricains – suspendu de ses fonctions « atomiques ».

15 avril 1954

Voyage à Cannes décidé pour Cocteau avec Vital. Dîné avec les Gatti chez Michel. Vu « Les Enfants d’Hiroshima », bouleversant.

16 avril 1954

Voyage à Cannes annulé. Lettre de Cazals (Carcassonne) me félicitant pour le papier vin et me promettant diverses bouteilles.

17 avril 1954

Peut-être Lugano pour y voir Strawinsky.

18 avril 1954

Avec le discours de Nixon, vice-président des E.U. (nos soldats remplaceront les Français en Indochine, si besoin est), on retombe dans le climat du début de la Corée. Et dans quelques jours, la conférence de Genève en vue de régler le conflit – que les Ricains envisagent de reprendre à leur compte !

19 avril 1954

Téléphoné à Petrus qui part vendredi. On déjeunera le même vendredi tous les quatre. PM. La Comédie française à Moscou. Dien Bien Phu. Voyage décidé à Lugano.

21 avril 1954

Vu le père Souvt chez Lipp : Strawinsky réac, antisémite, avare, et paniquard. Grand musicien quand même (ils sont brouillés). Saulnier fait le voyage de Lugano.

22 avril 1954

Nabokov, 3, bis rue Piette.
Chez Dante, pour légendes photos Churchill. Il me parle de sa candidature au Prix Albert-Londres. Je m’en occupe.

23 avril 1954

Déjeuner chez Michel pour le départ de Petrus aux Amériques : Bernard, Dante, Flinker.

24 avril 1954

Situation Dien-Bien Phu : foutue. On les obligera à tenir à cause de la conférence de Genève. Vu Dante en train de rédiger son livre sur les bêtes.

25 avril 1954

Dîner avec Saulnier et le mufti, rue F. Miron, dans un restaurant juif tunisien. Train pour Lugano 22 h 15.

26 avril 1954

Temps couvert. Arrivée à Lugano à 11 h, Palace Hôtel sur le lac. Strawinsky y est. 15 h : parlé à son secrétaire–gendre, Marion. 16 h présenté à Str. devant le Palace : « Il fait froid ! », dit le maître. 17 h : taxi à Gravezano pour voir le professeur Scherchen. Ensuite à la villa Rezzonico que Bernard veut louer pour l’été : très riche. Mme R. très belle encore malgré ses 45 ans. Après dîner, dans le salon rococo de l’hôtel, conversation avec lui (autres : gendre, le directeur de la radio, le directeur de Cologne, 2 femmes, Saulnier). Très détendu, aimable, gai (il hait Scherchen).

27 avril 1954

10 h : Kursaal. Répétition, deux concertants… puis radio – studio une lampe éclate au visage de Str. Le soir, dancing au Kursaal : lié connaissance avec un Italien Giancarlo Negri qui veut nous ramener à Stresa.

28 avril 1954

Kursaal, répétition, photos. Lampe en pleine figure (2e épisode). Le soir, toute la famille, la femme, la fille, le fils et le disciple Kraft. Temps gris ; plus d’argent suisse. Le soir, Kursaal.

29 – 30 avril 1954

Re-photos avec la famille et cie. Déjeuné à midi avec le violoniste Laurent Jacques et sa femme, ravissante.
Concert : photos en coulisses puis salle. Succès, mais dû au nom de Stravinsky. Le soir, Kursaal avec les Jacques et Negri. Etrange couple. Elle se fait faire avec innocence la cour. Rentré 4 h.
L’ami de Negri nous conduit à Stresa. Déjeuner. Puis Simplon pour Genève. Photo Strawinsky dans le train. Genève, hôtel de Russie : toute l’équipe de Match pour conférence. Le lendemain, chez Strawinsky L’après-midi après envoi d’une gerbe de roses rouges. Photos. Le soir, Bataclan et cinéma « Lady Hamilton » (que Churchill adore).

2 mai 1954

Téléphoné à Paris à Helsey et Flinker Albert Londres pour le Prix. Juste temps. Envoyé télégramme à Dante. Pluie. Ennui.

3 mai 1954

Strawinsky à l’hôtel des Bergues (achat canaris pour Kitty). Dîner avec gendre et fille. Le soir, avec Pedra, Farran, Gallardi, Tony, Jarnoux, Bazelaire, Garofalo puis Rado (aurore). À l’aérodrome pour dîner et jouer au billard.

4 mai 1954

Quitté Genève dans la Lincoln d’un commerçant suisse installé au Mexique. Paris à 10 h 30. Livre de Michaux reçu (Face aux verrous). Fournel mort.

5 mai 1954

Vu Dante ce matin. Souvt. lui a téléphoné que Scherchen lui a dit que j’étais le Français le plus intelligent qu’il ait rencontré !!!! Téléphoné à Souvt. (il confirme). Photos couleurs Tony réussies (il m’a donné celle où je suis avec Stravinsky).

6 mai 1954

Téléph. Kessel et M. Chauffier : 2 voix pour le Dante.
17 h réception du Seuil au Pont-Royal. Vu Cayrol, Flamant etc. Aperçu le vieux Rouveyre, mangeant seul des gâteaux.

7 mai 1954

Vu Souvt chez Francis, place de l’Alma ; remis photos Stravinsky et Scherchen.
Vernissage Salon de Mai avec Dante et Souvt. Là-bas, Saby et son ami mathématicien Lazar. Vu Bergtold, ami de J.J. Bernard, qui expose une grande toile, a reçu propositions de Nina Dosset, marchande de tableaux. Sur conseil de Souvt, a refusé, demande plus : on lui offrait 1 500 F ! Après, tous rue des Rosiers, chez Lalou pour dîner : Danielle, Re-mufti, puis Tony et Litran. Belote, babyfoot…
Dien Bien Phu tombé.

8 mai 1954

Mariage fille Corvol. Vu tout le P.L. Fargue s’avance pour me tendre la main. Je mets les mains dans les poches. « Non, Monsieur ». Il part, rouge et contracté. Paris en fête (soleil, drapeaux) anniversaire de la victoire mais c’est Dien Bien Phu… Des flics partout. L’après-midi, chez les Corvol, le Fargue n’était plus là. Il avait dit à Diwo : « Je ne veux pas rencontrer M.W. ».

11 mai 1954

Porté photos Scherchen chez Grasset (revue de Souvt) puis avec Dante, Toussaint, Flamant et Bardet du Seuil déjeuné chez Michel – et discuté :
1) 1 livre d’Orano (pour une collection à venir)
2) 1 livre sur les souterrains (idée de Bardet) – je le ferai
3) 30 pages dans « Esprit » pour le « Visage du Mois » au lieu de collection « Qui est-ce ? »
A 18 h vu au Cadran, Florise et Helsey : Gatti présenté. Tout semble aller.

12 mai 1954

Sevry a vu Marsillac pour le Prix A.L. Kateb à déjeuner : veut faire ronéotyper son roman, actuellement en panne au Seuil.

14 mai 1954

Lettre de Bardet (Seuil) pour « Souterrains ». Laniel reste au pouvoir (2 voix de majorité !) Coup de fil de Sevry qui a contacté Coquet et Suze.

15 mai 1954

Gatti à déjeuner : 1) Danielle est partie. 2) Le Seuil marche pour Orano (a versé
50 000 F d’avance). Acheté cabriolet 203 (750).

17 mai 1954

Il l’a ! au 1er tour : 8 voix contre 4 à Calet. Je conduis le lauréat au Chatham. Coups de téléphone (Danielle raccommodée).

18 mai 1954

Vu Kateb et Fany. Puis au Seuil pour dernières corrections, puis Dante chez lui (télégrammes, lettres…). Jouffroy, nouvelle « révélation » des lettres est venu pendant ce temps. Avons renoncé au voyage à Alger avec Tony et Kateb – lui, à cause du Prix, moi à cause de l’achat de la voiture

19 mai 1954

Travaillé au Stravinsky. Au Seuil avec Dante.
1) le livre Orano – affaire réglée. Dante traducteur.
2) Le Souterrain – réaffirmé
3) Béguin d’accord pour « le visage du mois » (rentrée)
4) En août-septembre, Esprit passera le roman de Gatti.
Au P.L. fesse-mathieu a envoyé une lettre à Dante et 25 000 F.

20 mai 1954

Dîner Vicomte avec Dante, Croizard, Maquet et leurs femmes.

21 mai 1954

À Match entrent 2 nouveaux : Haedrich et O. Merlin. Les dignitaires inquiets. Bellanger se fend de 25 000 F pour le Prix.

22 mai 1954

Fini le Strawinsky. À Cochin vu avec Dante Huguette Couprié. Tubarde. Puis, gouaches de Calder. On m’envoie en Italie faire « Jules César ». Coup de fil de Danielle vers 11 h : du Havre où, dit-elle, elle a raté le train de retour.

23 mai 1954

Au saut du lit, prévenu Dante qui ne sait pas même ce dont il s’agit. Grabuge en perspective.

25 mai 1954

Cherché voiture à 15 h 30. Touché fric pour l’Italie. 140 000 lires (20 000 F).

26 mai 1954

Cherché Saby et départ (110 de Paris à Valence où coucher).

27 mai 1954

Départ 7 h. Déjeuner Toulon. Ascension : donc pas d’école des beaux-arts. Pas de MCE. Saby prend le train à 19 h 45, après mornes déambulations solaires.

28 mai 1954

MCE arrive. Déjeuner Bandol puis plage. Pas franchi.

29 mai 1954

Loué wagon-lit pour Rome, puis avec MCE à Porquerolles (un routier venant signaler, chez des amis de MCE, que ma voiture fuyait en huile…

30 mai 1954

Train 6 h 50 pour Monte-Carlo. Vu Caillaud et Bernard, ayant revu l’homme-cheval (et très apaisé). Déjeuner chez les Caillaud. Train pour Rome à 19 h.

31 mai 1954

Arrivée à Rome 7 h 30. Chez Graziani, via Spadini, puis place d’Espagne, vu Rizzo, sa femme et 1 autre envoyé de Match pour la béatification de Pie X : Serron cum uxore.

1er juin 1954

Visite aux Forum, prison mamertine, etc. L’aprems, avec Willy, en détail le Palatin et le Forum Romanum.

2 juin 1954

A Ostie, avec Rizzo et sa femme – avalé des kilomètres sur le décumanus maximus.

3 juin 1954

Chaleur insupportable. 12 h vu Vieillefond ancien professeur de Lyon, attaché culturel à l’ambassade. Avec les Rizzo, Graziani et un nommé Cohen, aux bains.

4 juin 1954

Levé 7 h. Avec Rizzo, Forum, via Appia, les catacombes, puis musée du Capitole avec sa femme et Cohen (+ un guide femme).

5 juin 1954

Musée pour la Vénus capitoline, les mosaïques de la villa Hadrien, puis la louve vivante et le temple de la Fortune.

6 juin 1954

Avec les Rizzo, les Vadim, Cohen (Charlie), etc., à Ostie pour le lancement du « bateau grec » (pour le film Hélène de Troie). Puis course automobile (prix de Rome).

7 juin 1954

Mausolée d’Auguste, musée étrusque, musée della civilta romane, fermé dans l’eenceinte de la foire de Rome d’où incidents (insolence des fonctionnaires).

9 juin 1954

L’aprems, Forum, Palatin. Le soir, tous les seconds plans du cinéma français de Rome – Dîner au « Jardin des Poètes ». Au retour, violente scène entre Willey Rizzo et sa femme : elle l’injurie et le cogne. Départ demain pour Capri.

10 – 13 juin 1954

Départ pour Naples, les Rizzo dans leur Chevrolet, moi dans la Rolls de Cohen. Bateau pour Capri 16 h 30. Premier coup d’œil : insupportable comprimé de prétention et de barbarie, de faux laissez aller et de conformisme – suant la germanité morose et l’anglicité bêtifiante. Hôtel Erculano, ancienne maison de Gorki. Bateau Naples. Démarches pour autorisations : Pasquier (institut français) – musée et retour, avec Benno à Capri.

11 juin 1954

Naples – musée, photos en quantité ; objets, fresques… Retour à Capri.

13 juin 1954

Quitté Capri. Pompéi jusqu’à 19 h.

14 juin 1954

Le matin Herculanum – Le soir Pompéi puis le musée de Naples. Rentré à Rome.

15 juin 1954

Crise en France : Mendès France appelé à remplacer le bœuf Laniel.

16 juin 1954

Avec une échelle de pompiers, photos de la colonne Trajane. E finita la commedia.

17 juin 1954

Rome – Gênes – train pour Vintimille 18 h 15.

18 juin 1954

Nice minuit 50. A 6 h autorail pour Toulon. Cherché voiture en taxi (garage introuvable, nom oublié). Retour par St-Tropez écrasé de soleil.
Mendès France élu haut la main 439–154.

21 juin 1954

Gatti à Metz au procès Struthof. Diwo le fait envoyer au Guatémala (révolte contre le gouvernement progressiste). Histoire du passeport. Tout s’arrange. Reçu les 25 exemplaires du Churchill.

22 juin 1954

Gatti parti pour NY et Mexico à 21 h (avec Groussard, J. Roy et Descamps). Gilbert, Danielle et Bernard sur le terrain. Dante très ému. Fait dédicaces pour Churchill. Porté livre à « Tempête ».

24 juin 1954

A faire : papier couleurs sur 50 ans d’auto. Posé la radio sur voiture. Signé livres au Seuil (à Churchill, Eden, Massigh, Gladwyn). Vu au Monde (allant voir O. Merlin, nouveau rédacteur en chef de PM), Sevry qui me dit que je remplace Daujon au jury du prix F.J. A.

29 juin 1954

Dans le P.L., papier de Dante arrivé à Guatémala ciudad bombardé. 11 h 30 prix FJA, cercle Interallié petit salon. Pas de papier. Vote « arrangé », etc.

30 juin 1954

Reportage Pagnol à faire. Vu les Orano en pleine persécution : me demandent intervention auprès de Flamand pour fric. Coup de fil de Diwo : Dante légèrement blessé dans un bombardement à Ciudad Guatemala. Envoyé livre à Wang (Pékin), Barkay (Jérusalem) et Billard (Guyane).

2 juillet 1954

C.S. Vu « Touchez pas au grisbi », puis « la Noche » rue Danielle Casanova.

3 juillet 1954

Parti avec la mère pour Hayange.

4 juillet 1954

Déjeuner chez les Baby.

5 juillet 1954

Edouard Forestier tué en auto près de Provins. Hayange avec la mère et Tondini. Retour à Paris. Carte de Dante (NY).

6 juillet 1954

Marchal me remet deux Churchill reliés. Ciné avec C.S. : « M. Ripois » (G. Philipe).

8 juillet 1954

Grosse altercation Odette Valéri – Guillaume Hanoteau (lequel, grossier, l’insulte ignoblement). Au Seuil, pris les « Bêtes » pour revoir 1ère partie. Descamps, retour du Guatemala, donne des nouvelles de Gatti et ses papiers. Dîner chez Boisiaux avec Maquet et Croizard

9 juillet 1954

Lettre du secrétaire de Churchill (remerciements pour le bouquin). 1er papier de Gatti bon. 2 000 à Orano – après lettre désespérée. Dubois préfet de police.

12 juillet 1954

Seuil : livres à prendre. Carte de Dante du Guatemala chez Bernard. Posté manuscrit Dante pour corrections. Parti Marseille (Pagnol).

13 juillet 1954

À 7 h 30 Marseille. Mistral. Hôtel de Noailles. Autorail pour Manosque 17 h 33.

14 juillet 1954

Pagnol, déjeuner. Grande conversation : le théâtre, la latinité, l’Amérique,… Chambre au Terreau. Chez Giono avec Pagnol, sa femme, son beau-frère, son fils Frédéric, etc. (Meursault, l’astrolabe, le pétéore, etc.). Puis boxe sur la place de Manosque.

15 juillet 1954

Monastère de Ganagolie, près de Lurs (lieu de l’assassinat des 3 Anglais), on tourne « Les Lettres de mon moulin ». Conversation avec Jacqueline Pagnol – puis, le soir avec l’académicien, tout pétillant d’idées utilitaires : les classiques filmés pour la T.V., les Marius, Fanny, etc ., refilmés en couleurs… Giono là, avec ses deux filles : j’en pousse une vers l’égyptologie. Walter parti à Marseille chercher sa fille qui arrive par avion.

16 – 17-18 juillet 1954

Toute la journée aux studios rue J. Mermoz à Marseille. Dîné avec Pagnol le soir.
Studios. Pagnol – Marseille en long et en large.

19 juillet 1954

St-Michel-de-Frigolet pour le film. Le père supérieur et les moines, très libres. Le soir, dormi à Avignon. Walter avec.

20 juillet 1954

Retour à Paris dans l’Austin d’Healey.

21 juillet 1954

Paris 2 h 30. Mendès France a gagné son pari : la paix en Indochine. Lettre de Dante (Salvador) et de MCE (Lanester). Dîner avec Croizard chez les Diwo.

24 – 25 juillet 1954

Répondu à Dante. Révision « bêtes » de Gatti.

26 juillet 1954

Coupure de presse du Churchill expédiée par Ollivier (Nice).

27 juillet 1954

Carte de Dante du Costa Rica.

28 juillet 1954

Lettre de MCE. Le père au courant. Tout s’arrangera à Barcelonnette.

30 juillet 1954

Avec Danielle à Noisy cherché les affaires du Bombelet qui reste désormais avec elle (elle quitte sa place). Accompagné Bernard au train : il s’en va à Callas (déménagement de toiles, chevalets, piano déjà fait). Il y restera quelques mois avec le Centaure. Il me dit que Boulez a fait des promesses qu’il est incapable de tenir (à Scherchen, au N.W.…). Petrus débordé par les « barraulteries ». Lettre de Dante du Nicaragua – relative à son livre.

31 juillet 1954

Lu Petrone. Le soir, journal. Dîner au Bois sous la pluie avec Castans.

2 août 1954

Départ de la famille pour Cannes.

6 août 1954

Vu les Orano, 21 rue Jacob (petite chambre sur jardin). Leur livre avance mais pas d’argent. Leur ai donné 5 000 F.

8 août 1954

Pluie – Déjeuner avec Danielle et le Bombelet, puis ciné : « Roman Holidays » (Vacances romaines), Hepburn et Peck.

9 août 1954

Lettre de Dante, très belle et émouvante. Acheté 5 obligations de 10 000.

10 août 1954

Rentré 4 h. Faux-bond de M.B. Le soir chez Toussaint avec Danielle.

11 août 1954

Parti pour Barcelonnette.

12 août 1954

Vu la famille au « Soleil des Neiges ». Promené toute la famille dans leur 203, le chef de famille détestant le volant. Rentré 18 h. Dîné. Après, sur la route de Barcelonnette, demandé M.C. au père. Pas d’objection, sauf l’église… m’en expliquerai demain avec elle.

13 août 1954

Explication orageuse. Larmes. Dans le petit pré en pente, sous un arbre, discussion. Puis, frontière, retour Barcelonnette (terrasse sur la place), puis Soleil des Neiges. Dîné à ma petite table. Après, sur la terrasse à regarder le feu de camp. Elle détendue, moi, perplexe.

14 août 1954

Parti pour Cannes. Passé à Callas à 15 h. (Rêvé la nuit : le visage de Colette Arbulot apparu.)

15 août 1954

Vu à 18 h Bernard aux Libellules. Fin saoûl. Je lui parle de MCE. Ses conseils : gratter jusqu’à l’os le grand homme possible en moi – et abandonner toute idée de confort (c.à d. la conjugalité). Dîner à Monaco au Moët et Chandon puis Sea Club et boîtes de tantes à Monaco. RV mercredi pour Callas.

17 août 1954

À la plage, Gilbert fait connaissance de la dame de compagnie d’une comtesse belge, Yolande du Chatel etc. R.V. avec Angéla le soir – ensemble aux allées avec Monique (Angéla pépiant, roucoulant à l’italienne, s’effarouchant, s’excusant).

18 août 1954

À Cap Martin, pris Bernard au milieu de « Jacques et Christian » en robe de chambre. Puis Nice (déjeuner et graissage), Grasse, Callas. L’ami de Bernard, Jacobs, pianiste américain, dort déjà. Installé à l’hôtel.

19 août 1954

Changé de local : petite maison à côté de celle de Bernard. Déjeuner tous les trois après achats à Draguignan. Puis promenade Verdon, plan de Canjuers. Apéritif chez le greffier (avec grande palabre sur la cuisine française qui se meurt). Dîner ratatouille apporté par Jacobs.

20 août 1954

Lu le Maufrais de chez Julliard. Au village, on prépare la fête communale : guirlandes, lampions. Bernard à son atelier du conseil municipal, Paul Jacobs à son piano (Debussy), moi, à mon bouquin. Demain Cannes par St-Tropez où je déposerai Jacobs.

21 août 1954

Avec Jacobs à Ramatuelle, auberge de l’Ancre où nous voyons Kateb, sommelier navré – avec une Suédoise, Margaret. Déposé Jacobs à la galerie, puis Cannes. Dîner avec la smalah à Juan-les-Pins.

22 août 1954

L’après-midi à Fréjus avec Gilbert : course de toros lamentable ! 4 bêtes massacrées par deux novilleros Ruobichi et Aguado de Castro.

23 août 1954

Cherché Jacobs à St-Tropez. Kateb parti à Callas, après avoir rompu avec l’auberge de l’Ancre. Retrouvé là-haut Flincker et un de ses amis. Kateb restera quelques jours : chambre chez Cauvin (200 F par jour). La fête au village. Jacobs a joué au piano études de Debussy, sonate de Schubert, variations de B., 3 notes de Webern.

24 août 1954

Chacun travaille. Le soir, re-bal.

26 août 1954

Descendus tous à Draguignan (moins Jacobs s’entraînant au piano). Puis déjeuner, invités par les Cauvin (civet de lapin). Et la pluie jusqu’au soir.

27 août 1954

A Juan-les-Pins avec Kateb pour y rencontrer sa dulcinée hongroise. La journée à Monaco avec eux. Vu Caillaud. Flirt avec Michelle Ballet ? de la pizza…

28 août 1954

À midi, un ami de Bernard, J.J. Libert (fonctionnaire de l’Unesco).

29 août 1954

Départ de Callas à 10 h. Barcelonnette 15 h. Promenade avec M.C.E. Le soir, petits jeux dits de société.

31 août 1954

A 11 h, coup de fil me disant que Dante sera ce soir à Callas. Chez le buraliste, je lis que la CED est rejetée par 319 voix contre 264.

1er septembre 1954

Col de Vars – Embrun avec BI (surnom donné à MCE par son frère) et son frère. Le soir, inévitable explication sur l’église. Je refuse encore…

2 septembre 1954

Adieux. Retour à Callas. Dante, Danielle, les Toussaint là. Grande discussion sur les projets du voyageur. L’aprèms et le soir, Juan-les-Pins, Monaco (Caillaud et tantine Gatti), Menton, puis retour vers minuit.

3 septembre 1954

Pas dormi. Visite maison à acheter. Descente au Muy avec le Dante et Danielle.

4 septembre 1954

Mauvaise nuit. Lu un Agatha Christie jusqu’à 2 h. Lettre à MCE.
Télégramme et coup de fil de Croizard me demandant de rentrer « d’extrême urgence ». Départ 11 h avec Jacobs – et Kateb dans le spider.

5 septembre 1954

Départ 6 h. À Paris à 12 h 45. Bilan : 4 000 Km de « vacances ». Chez Croizard à
18 h : papier à faire pour Marie-Claire. Téléphone à Diwo pour l’entrée de Dante à P.M.

6 septembre 1954

Téléphoné à Gatti – Travaillé papier enfants.

8 septembre 1954

Grande scène. Appelé chez Mille, Prouvost surgit : « C’est vous qui avez écrit… Bien, nous allons travailler ensemble. Vous verrez, ce sera plus intéressant que le reste », etc. Déjeuner chez Diwo. Dîner chez Hélène T. avec Jacobs.

9 septembre 1954

Tremblement de terre en Algérie à l’aube. 1 000 morts (12 secondes). Travaillé papier Margaret.

10 septembre 1954

Derain mort (74 ans). Claudel malade.

11 septembre 1954

Vu Bonheur qui « compte beaucoup sur moi » (tous sont inquiets par les défections au profit de l’hebdo de Bloch Dassault).

12 septembre 1954

Commencé sérieusement le Maufrais.

13 septembre 1954

Vu Bonheur : me voilà responsable des papiers « Marie-Claire ». Gatti, revenu de Callas, vient à Match avec Diwo. Voient Bonheur. La chose en bonne voie.

14 septembre 1954

Bonheur d’accord pour 200 sacs.
Lacaze, Cartier (R.), aux petits soins. La cote en hausse. Vu Dante qui a vu Flamand chez les Marchal pour le saluer.

16 septembre 1954

Retour à Paris sous la pluie.

17 septembre 1954

Lettre de MCE, toujours incertaine. Lettre et coup de fil d’une Mme Friedland qui veut faire un film sur Stravinsky.

18 septembre 1954

Lettre de Benedetti (il parlera du Churchill dans son journal de Toulon).

19 septembre 1954

À déjeuner, les Gatti, Stéphane et Rognoni. Vu l’aprèms Leygues, conseiller de l’Union française, pour papier sur Indochine (crise à Saïgon). Papier finalement bien reçu par Cartier et Bonheur.

21 septembre 1954

Vu à 18 h Mme Friedland pour film sur Diaghilev. Jolie à la Ferro. Reconduit chez elle. Chez M.H. Viviès, réception. J’en pars au bout d’1/4 d’h.

22 septembre 1954

Donné 2 000 F à Orano pour l’un de ses procès.

23 septembre 1954

Vu « Viva Zapata » – puis chez Adrien à s’emmerder jusqu’à 3 heures. Lettre de Vignon – Guyane, m’annonçant le prochain envoi de rapports sur Maufrais.

24 septembre 1954

Donné 2 000 à Kateb pour sa nouvelle chambre. Avec Saulnier et sa fille, vu « Les Temps modernes », chef-d’œuvre, mais un peu au-dessous des « Lumières de la ville ». Possibilité d’emploi pour Kateb à « Elle et eux » (rubrique Bisiaux).

25 septembre 1954

Comité de l’A.G.R.F. (Merry, Helsey, Coquet, Korab) ; admission de Gatti proposée, acceptée (+ Mauris, Jules Roy).
Vu Dante – Helmann là avec ses allures sorbonnardes. Orengo (de Plon) réclame à Dante son œuvre, toute son œuvre ! (à l’instigation de P. de Lescure dont il – Dante – a fait la conquête). Bernard cherche à rentrer.

26 septembre 1954

Travaillé Maufrais. Commencé 1er chapitre.

27 septembre 1954

Coup de fil de Mme Friedland. RV mercredi. Kateb venu travailler au « rewriting ».

28 septembre 1954

Rentré 8 h. Envoyé lettre de renonciation à la maison de Callas et photos à Bernard. Vu le Gros chez lui. Il a vu Flamand, lui a parlé de Plon – Flamand réfléchira.

29 septembre 1954

Téléphoné à Petrus, de bonne humeur malgré l’impossibilité de Donauschingen. Thomas Mann, me dit-il, a parlé de lui dans un bouquin.
Gaston B. me confirme les 200. Cas Diwo–Gatti réglés. Vu chez Dante Paule Thévenin. On parle de Mendès-France. RV Friedland remis.

30 septembre 1954

Gatti a vu Roux : accord pour 120. Flamant à Gatti : J’ai passé une nuit sur votre pièce. J’y entre par moments – puis, le noir, puis… Effrayant. Collaboration à « Esprit » : « le portrait mensuel ».

1er octobre 1954

Arrestation de 2 hauts fonctionnaires (la manœuvre anti-Mendès a échoué).
Gatti : « hier soir Collin a pleuré. Bellanger est devenu pâle. J’ai cru qu’il allait tomber. Je me suis dit que tu aurais bien donné 3 mois de salaire pour voir sa tête ! » Puis, au Seuil : la pièce est acceptée (moyennant note de Michaux et préface explicative). Parlé du « Maufrais » (accepté). Explication de l’échec du Churchill par le chef du service commercial : plus la période, dégoût pour la politique, Churchill trop connu. Un seul espoir : sa mort !

2 octobre 1954

Mons, secrétaire du gouvernement, inculpé.

3 octobre 1954

Maufrais. Vu Dante chez lui. Proposition de Bellanger, attendre 8 jours ; possibilité d’une combinaison avec les autres journaux pour lui donner 14 000 F.

4 octobre 1954

1er rewriting de Diwo et Dante. Lui, un peu déçu et surpris et même dégoûté.

5 octobre 1954

Procès Oberg avec Dante, puis au Seuil (commande de portraits politiques pour Esprit).

6 octobre 1954

10-13 avec les Orano à la P.P. Procédure d’expulsion commencée contre eux (l’ambassade d’Italie). Gatti a un papier.

7 octobre 1954

Vu Collin qui, rétabli mais faible, désire travailler en province pour Marie-Claire.
Yom Kipour.

8 octobre 1954

Téléphoné à Boulez. Travaillé papier.

9 octobre 1954

1 000 Kateb – 2 000 Collin – 2 000 Gatti.
Réunion des Grands reporters. Gatti élu avec Mouriès, J. Roy, etc. Dîner au Louis XIV. J. B. D., Korab, Helsey et leurs souvenirs de Varsovie, de la Marne, de fonds secrets, etc.

10 octobre 1954

Papier bon. D’autres en perspective. Avec Dante, Petrus, dîné chez Michel (son père parti en Colombie pour inauguration usine – Travaille son quatuor – fera la musique de l’Orestie). Augmentation des salaires : nouveau coup de Mendès.
Dante : premiers papiers (Oberg, fin d’Hanoï).

12 octobre 1954

Gatti saute le pas (on lui offrait pourtant 160 mois, 2 papiers à Images du Monde). Déjeuner chez lui. Radio : enregistrement interview sur Churchill. Dîner Pagnol, Castens, Walter au Martin Alma.

13 octobre 1954

Ecris attestation pour Orano. Envoyé 5 000 à Michaux.
Papier Marilyn Monroe.

15 octobre 1954

Gatti petites difficultés avec papier sur fillette d’Orléansville.

16 octobre 1954

Gatti à Clichy : match football France bat l’Allemagne (3-1).

18 octobre 1954

Le P.L. a fait à Dante un contrat : 250 000 pour 1 reportage par an + les frais (envoyé spécial permanent dans le monde). Papier Pagnol.

20 octobre 1954

Au Seuil, 21 h – 24 h – lecture du « Nombre ci-gît » dans le bureau de Flamant. Lectrice : Paule Thévenin. À droite : Dante en veste verte et pantalon noir. Présents : Collin, Kateb, F. Jeanson, Boulez, Souvt, Suzanne Tézenas, M.H. Dasté, Flamant, Cayrol, Dumur, Robbe-Grillet, Flinker, P. de Lescure, le poète brésilien, les Toussaint, Aubier. Après, Royal-Saint-Germain. Rentré à 1 h.
Lettre de Bernard annonçant son installation à Bargemon.

21 octobre 1954

Meilleure chance pour Kateb (va être utilisé pour légendes et chapeaux – en raison des difficultés d’être un simple informateur).

22 octobre 1954

Vais faire « Churchill » couleurs. Collin en proie à une sorte de paralysie nerveuse. L’emmène à Clichy. S’y remet.
Dante un peu abattu. Boulez a critiqué la pièce, d’ailleurs sottement : trop figuratif, manque de syntaxe, etc., etc. Lettre de C.S. toujours à Bonn (et déprimée).

23 octobre 1954

Le soir, chez Tony rue Jacob (soirée pour son départ aux antipodes). Connaissance du Noir et de Mimi Fogt, peintre qui vit avec un sculpteur, Mason.

24 octobre 1954

Papier sur attentat en Irlande. (Le Bailly reporter).

26 octobre 1954

Article sur les déclarations d’amour (vu Mme de Bournazel, marieuse du grand monde).

28 octobre 1954

Vu Horay, éditeur dont Bisioux est l’adjoint, commande d’un livre sur Nord- Africains – et à Collin, livre sur l’avocat Raymond Hubert. Vu Mme F. lui ai remis le Diaghilev (fait par Rognoni). Kateb a sa chance : 1 documentation à faire sur l’islam. Papier Pagnol paru.

29 octobre 1954

Lettre de MCE (et deux gouaches et deux dessins). Vu avec Dante le père Marchal malade.

30 octobre 1954

Vu J.J. au journal avec Dante et Kateb.

31 octobre 1954

Coup de fil de Petrus qui me réclame le Claudel pour l’Orestie dont il doit faire la musique.

1er novembre 1954

Resté à PM jusqu’à 2 h seulement. La déclaration d’amour à faire. (Papier)

3 novembre 1954

Gatti part pour l’Algérie à 14 h (attentats en série). Avec Collin à Conflans pour convaincre sa femme de quitter la maison (assaillie et lapidée par les voisins). Acheté disques : 15e quatuor, Nocturnes, Prélude à l’après-midi d’un faune, les Quatre saisons, Borodine.

4 novembre 1954

Papier à refaire, à mieux répartir – grand sentiment d’ennui.

5 novembre 1954

Duel projeté entre 2 avocats Biaggi et Perpessac. Remis dans la nuit. Première du film de Pagnol « Lettre de mon moulin ». Je m’y suis ennuyé à mourir.

6 novembre 1954

Gatti de retour. Lettre de Calder (qui expose ce mois-ci chez Maeght). Sorti avec Mimi F. chez Michel, puis çà et là.

8 novembre 1954

Papier Gatti sur l’Algérie, légendes de Kateb (au supplice). Sorti à 6 h. Lettre de C.S. la tempête. Elle dit vouloir passer le nouvel an ici, avec moi.

9 novembre 1954

Vu Druon, venu proposer collaboration à fresque historique. Puis Jeff, son frère Georges, Patrick. Parti avec Pirey (18 h 50) pour Gunzbach. But : arracher au père Schweitzer un conte de Noël pour M.C.

10 novembre 1954

A Gunzbach, chez le vieux. Éjectés par sa gouvernante. Il est, paraît-il, très fatigué. Elle aussi. Départ 17 h 50 après avoir joué les bidasses dans Colmar

11 novembre 1954

On monte le Churchill pour P.M. Accident : je cogne une remorque de cycliste.

12 novembre 1954

Expo Calder avec Dante. Vu « Sandy » (Alexandre Calder) et sa fille, maigrie. Izis là pour photos Paris-Match.

13 novembre 1954

Vu Druon chez lui, rue de Varenne. Discussion sur le projet. Je me retire un peu et avance Collin. Dîner chez les Toussaint.

15 novembre 1954

Bouclage papier sur Miribel (Melle) qui s’est décarmélisée.

16 novembre 1954

Rentré 7 h. Reçu Collin à qui je remets les druoneries.

17 novembre 1954

Collin rend le texte refait. Druon le fait prendre demain. Gatti à déjeuner (Churchill).

18 novembre 1954

Lettre de Bernard. Gatti à Clichy : toute la journée à suer sang et eau sur le Churchill.

20 novembre 1954

Reçu les épreuves de Churchill.

22 novembre 1954

Relu papier Collin avant remise. Aidé Dante dans son papier sur danger atomique. Félicitations de Gaston pour le papier Miribel.

23 novembre 1954

Rue de Longchamp, dîner avec Taneveau et de Gestas, l’homme à la Rolls. Entente sur 100 à valoir sur les 2 % de droits. Puis, sur la demande de paiement immédiat, refus : question de principe.

24 novembre 1954

Couverture à Kateb. Collin, roi de l’échec : nouvelle refusée à M.-C., papier psychologie refusé, Druon, refusé, papier Adenauer pour « Esprit » refusé, roman refusé, manuscrit « Jours de France » refusé.

25 novembre 1954

À déjeuner Collin, Gatti, André Renevy. Collin mis dans le Mémorial pour le « resolidifier ». Coup de fil de J.J. de Lyon pour passer une page sur Churchill dans le Progrès. Papier « psych » à refaire (ils ont changé d’avis).

27 novembre 1954

Reçu « La Montagne » de Clermont avec l’article de Vialatte sur Churchill – très bon et très drôle. Dîner avec Caillaud, Collin, Danielle, le Bombelet et 2 amis de Caillaud.

28 novembre 1954

Dominici condamné à mort. Coup de fil de Boulez m’invitant à « Varese » jeudi, affirmant l’innocence de Dominici, tapant sur les magistrats.

30 novembre 1954

Chez Martin Chauffier pour lui donner le Churchill. Il a vu Lily Mendès-France, peu confiante dans la durée du gouvernement.
Mort de Furtwangler. Nouvel échec du Collin à Jours de France.

1er décembre 1954

Télégramme de MCE. Lettre de Tempête (hélas ! d’anniversaire !). Vu président Pelau (commission presse) pour mon affaire. De plus en plus aveugle, le malheureux. Mais résigné et le cœur poétique.

2 décembre 1954

Collin à Clichy poour le Napoléon (mise au point). Le soir, avec Dante, Toussaint, Boulez, le poète brésilien, Michaux et sa chinoise, Alain Jouffroy, les Souvt. au concert radio Scherchen, théâtre des Champs-Elysées. Après une ouverture de Mozart, les « Déserts » de Varèse – musique concrète, électronique. La salle en furie, ignoble : « L’auteur à l’asile ! Assez ! » etc. bruits de clochettes… Scherchen impavide, s’épongeant de temps à autre. Gatti à deux doigts de se colleter avec un mec.

3 décembre 1954

Le pape malade ! Cherché MCE à Montparnasse, train de Quimper. Ses tantes l’attendaient. L’ai conduite.

4 décembre 1954

Vu « Roméo et Juliette » avec MCE. Elle m’offre un briquet. Le soir, chez Dante. Paule, le cœur brisé de Ford, Petrus : Machiavel, Toussaint : 1 paquet de tabac de la part de son fils Yves, les Gatti : 1 lanterne chinoise – Collin, Kateb leur amitié. La Paule demandant à Petrus d’intervenir auprès de Barrault pour la pièce d’Adamov (« Ping Pong ») – lui, seul, assurant que Guy Dumur est capable d’influencer « Jean-Louis ».

5 décembre 1954

D’accord pour ne plus église.

6 décembre 1954

Gatti : l’autre soir, c’était bien. On renouait avec des soirées qu’on croyait disparues à jamais.

7 décembre 1954

Avec MCE « Le Rouge et le noir ». À côté de Stendhal, tout à fait à côté.

8 décembre 1954

Dîner chez Marquet avec Bisiaux et sa femme. Rognoni, me dit-on, est mis à la porte. Pernoud a déclamé contre Gatti : « Est-il ou non Compagnon de la Libération ? ». Très triste, très déprimante soirée.

9 décembre 1954

Coup de fil de Paule Thévenin – qui part en Suisse. Souvt. a déploré comiquement, me dit-elle, mon mariage.
Intervenu à 18 h auprès de Gaston pour Rognoni. Je plaide le talent négligé, etc. « D’accord, il est en appel » répond-t-il. Mais Rognoni a déjà quelque chose en vue. Vu MCE. Dîner chez Michel.

10 décembre 1954

Kateb à Clichy pour son premier papier « la Grande Chartreuse ». Gatti a vu, chez Gascar, Cl. Roy et autres pour un éventuel voyage en Chine. Ils sont d’accord pour lui et moi, pas pour Michaux.
La petite à Clichy : présentation après dîner, en écoutant Pelléas, en disque.

11 décembre 1954

Cherché papier Kateb à refaire partiellement. Écouté « Wozzeck », mes nouveaux disques avec Pelléas et le concerto de Berg.

12 décembre 1954

Cherché MCE chez sa tante dans une réunion de vieillards bavards. Aux Invalides, expo Napoléon à Ste-Hélène et tombeau, puis place de l’Alma, thé.

13 décembre 1954

Pirey rentré d’Algérie.

14 décembre 1954

Rentré 1 h, mais chez Adrien, puis Jockey avec Bisioux et Pirey. Avec MCE, exposition Résistance, déportation, libération au musée pédagogique. Impressionnant. Le Seuil ne publiera pas la pièce de Gatti, m’annonce Collin au téléphone.

15 décembre 1954

Vu Gatti – Point trop déçu. Maintenant, Plon. Il part pour l’Allemagne, à Bonn, discussion des Accords de Paris.
Coups de fil affolés de B. Son père lui a écrit qu’il allait venir la chercher, qu’elle n’avait pas de décision à prendre sans lui, etc.

16 décembre 1954

Pagnol m’envoie ses « Trois lettres de mon moulin », avec dédicace « Avec un grand remerciement ». MCE – ballade en voiture île St-Louis où je vois Danielle.

17 décembre 1954

Lettre et paquet de Bonn : C.S. m’envoie un foulard de soie de chez « Oscar Lenius feinste Masskleidung feinste Modewerk ». Coup de fil de MCE : le père d’accord, la mère non. Envoyé 1 550 F pour 10 exemplaires du « Cadavre encerclé » de Kateb, mis en souscription par le Seuil.

18 décembre 1954

Dans « Esprit », 1er acte du Kateb et article du Dante sur Somoza. Cherché Collin chez Danielle, puis chez Toussaint avec MCE et lui. Collin s’en va demain à Forcalquier.

20 décembre 1954

Gatti revenu de Bonn. MCE à déjeuner à Clichy (mère, grand-père, tante F., Jeanjean et Lucy Fribourg).
Encore des histoires Orano : lui à la léproserie de Lyon – se coupe les veines. Elle court et se démène à Paris, harcelant Dante.

21 décembre 1954

Chez Ledoyen, dîner de P.M., M.C. et les « 30 ans » de J. Prouvost. Repas médiocre, vins rares, discours, querelles d’étiquette, plainte de mal placés ; congratulations réciproques, exaltation de « nos 9 parachutistes ». Avec Dante, Bisiaux, Diwo, M.H. Viviès à une table.

22 décembre 1954

Avec MCE (et la mère) chez un fourreur – pour acheter son cadeau : un manteau d’astrakan. Cdf de Collin installé à Manosque où il vient de louer une maison et me demande un peu de fric.

23 décembre 1954

Expédié 10 000 à Collin à Manosque, poste restante. Vu MCE et son manteau, reçu à 18 h. Acheté cadeau (poudrier) pour C.S.

24 décembre 1954

500 F pour les jouets des enfants de Forestier. Le soir, chez les Toussaint avec MCE. Dante là, mais pas Danielle : le bombelet malade.

26 décembre 1954

Très bas. Papier sur Trotski.

27 décembre 1954

Lettre de Collin, très détendu. Mendès-France obtient la confiance sur le réarmement allemand.

28 décembre 1954

Enterrement de H. de Korab (63 ans), chapelle et cimetière Montparnasse. Discours d’Helsey et de la représentante de la « Ligne Oder-Neisse » – le jour même où sont votés les accords du réarmement allemand. Le soir, avec MCE chez Boulez, puis avec Dante au ciné. Film japonais, bon.

29 décembre 1954

Hier, avec Dante, décidé de quitter P.M. un de ces jours pour France-soir ou autre. Vu MCE le soir. Analyse de son écriture reçue du graphologue Vernal.

30 décembre 1954

Avec MCE, promenade sur les quais. Thé près de St-Germain-l’Auxerrois. Le soir, chez Michel avec le Dante, le Petrus et les Souvt. Objets : Mendès-France et les accords (votés à 19 h par 287 voix contre 260), Dubois, le préfet, les futurs concerts Marigny, le voyage en Chine, etc. Le Gros a gagné : le Seuil lui a fait signer 1 contrat pour sa pièce (tirage 2 000 minimum) plus dix autres œuvres.

31 décembre 1954

Avec Beï et Dante, donné aux Marchal un gâteau. Elle, triste, ses parents séparés.
Résolutions : 1 livre, le mariage, plus, plus, plus de courage.

Catégories
19ies

1955

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

1er Janvier 1955

MCE : Déjeuner à Clichy.

2 janvier 1955

Beï à Clichy. Décidé de partir quelques jours pour Menton. Gatti me dit qu’il va quitter Match pour revenir au P.L. : trop de temps pris. 1ère neige.

3 janvier 1955

Neige toute la journée sur Paris – elle tient. Visite à 18 h à Beï.

4 janvier 1955

Dégel. Chez Paule, avec le Jacobs, le Petrus et le Bernard revenu ce matin de Bargemon. Déjeuner. L’aprèms avec MCE à Clichy puis aux « Temps modernes ».

6 janvier 1955

Au journal, Marquet malade, Valery vacances, Diwo Rome : Croizard me demande de rester ! Départ 20 h (avec Beï sur le quai) pour Menton.

11 janvier 1955

Un couple de Hollandais – issus de Batavia – me poursuivent de leur amitié, me débusquant dans ma chambre. Il faut prendre le thé à la Potinière. Sympathiques, mais preneurs de temps.

12 janvier 1955

Réponse à une lettre de Dante. Dîner à Monte-Carlo « La Calanque » avec Caillaud. Il me montre sa villa, nouvellement louée et pas encore habitée.

13 janvier 1955

Deux lettres de Beï (avec une lettre jointe de son père, favorable au mariage). Elle me demande d’aller le voir. Irais-je ?

14 janvier 1955

Fini Iliade. Terminé 1ère partie Maufrais.

16 janvier 1955

Toulon. Le père à la gare. Déjeuner à la villa les Pins et visite de chantiers. Atmosphère non froide, mais tiède. Vu Benett qui m’envoie chez la mère Maufrais – Vu la mère Maufrais : d’abord hostile (à cause des articles) puis vite amicale, expansive et triste à mourir.

17 janvier 1955

8 h 55 Paris. Beï à la gare. Déjeuner Clichy. Au journal, Gatti. Une semaine d’ennuis : les supercheries découvertes – carte d’étranger. Lettre d’un inconnu qui revient de Pékin et a vu Wang. R.V. demain.

18 janvier 1955

Avec Beï à l’expo Van Gogh à l’Orangerie – mais fermée encore. Froid vif, la Seine monte. Vu Fenzer, cinéaste parti tourner un film en Chine, à Clichy. Me remet une lettre de Wang « père depuis 8 mois et 5 jours ». Il a reçu le Churchill attend nouvelles.

19 janvier 1955

Beï : Van Gogh, enfin (Donation Gachet) et film de Marlon Brando « Waterfront ». Gnangnan, mais quel acteur !

22 janvier 1955

La Seine monte. Grande mobilisation, allées et venues des badauds sur les ponts et les quais. Ce midi, les 3 Gatti et Beï.

24 janvier 1955

Fini « Princesse Brambella ». Revu document Maufrais du préfet. Décrue. Écrit préfet.

25 janvier 1955

Vu à 13 h la chanteuse Line Renaud partant pour les USA pour un article sur M.-C.

27 janvier 1955

Coup de fil de Friedland. M’invite mardi.

29 janvier 1955

Beï, déjeuner Clichy. Avec elle, au Gaumont « Les Diaboliques » de Clouzot.

30 janvier 1955

Déjeuner chez Martine avec Beï, sa tante et les Rousset. Puis, journal pour papier variole – et Beï à Clichy TV : « les Visiteurs du soir ».

31 janvier 1955

Envoyé 10 000 à Collin. Dîner chez la tante de Beï.
Gatti : Boulez déprimé, veut tout lâcher. Il y a eu en tout et pour tout 50 souscriptions aux concerts de Marigny.

1er février 1955

Soleil. Emmené Beï et sa tante au Bois. Chez Mme Friedland, rue d’Armaillé avec ses amis et autres.

2 février 1955

Déjeuner Filipachi, sa femme et Rognoni, chez Michel.
A l’Alhambra de Clichy avec Beï : « Richard II » de Shakespeare par le TNP (Vilar dans le Roi).

3 février 1955

À déjeuner Beï. 1 000 à Orano, qui m’attendait toute l’après-midi à PM.
Gatti et moi verrons Cl. Roy demain.

4 février 1955

Dîner St-Michel avec les Corvol, les Ancelot, Macher, Maillot et Beï.

5 février 1955

Mendès-France renversé.

6 février 1955

Papier sur Lawrence. Mère revenue malade. Point de congestion. Elle délire la nuit.

8 février 1955

A 11 h 21, Malenkov démissionne. Remplacé par Boulganine, présenté par Krouchtchev. Vu au Bonaparte, « Henri V » avec Beï.

10 février 1955

Pinay renonce à former son ministère. Avec Beï, « la Chute de Berlin » à l’Alhambra, puis l’ai amenée au journal.

11 février 1955

Pflimlin appelé.

14 février 1955

Vu Petrus chez lui : 4 000 F pour les places des concerts Marigny – une signature d’actionnaire à la société.

16 février 1955

Coup de fil du Petrus. « la Reine Christine » avec Beï.

17 février 1955

Chez Bernard, puis avec lui, au Marigny : sur les Champs Elysées, choc avec 203 – constat. Avec Boulez, Mme Tézenas et Souvt., signature des actions de la Société pour la propagation des recherches musicales – puis, raccompagné Boulez : rechoc (Boulez bosse au front). Puis chez Dante, alité avec un épanchement de synovie. Bernard ira, me dit S., passer 4 mois à Bargemon avec lui.

19 février 1955

Pineau battu. On cherche encore le successeur de P.M.F. Cadeau à Beï : séchoir électrique.

20 février 1955

Beï à Clichy. Au restaurant Rabut à Enghien, fiançailles Monique et Gaston, une jeune fille avait pressenti ma mère pour moi ! Rentrés par une tourmente de neige.

21 février 1955

Amené voiture chez le carrossier Lebranchu, Courbevoie. Dîner chez Beï.

23 février 1955

Enregistrement pour Radio Genève de l’interview pour Churchill – Bon.
Mort de Claudel ce matin. La mère du fiancé de Monique a écrit une lettre ignoble à Henri et Fleurette (le lunch trop pauvre, la salle trop petite) sous l’inspiration du père (qui voulait briller aux yeux de son directeur de banque).

24 février 1955

Mort hier de Chaumeix apprenant la mort de Claudel. À P.M., le soir, le gendre de Claudel, Méquillet, vient contrôler. Il a noté sur son calepin les derniers mots. Frédérique : il sent (mais c’était la naphtaline de son costume noir). Lu « La Glace est rompue » de Lanzmann.

25 février 1955

Vu Gatti – debout, excédé des critiques de B. et de S. à propos de ses éternelles retouches à l’œuvre. A reçu une lettre d’Otero (le théâtre spatial achevé). Vu Rognoni. Avec lui et Frédérique au « Corsaire », rue François-1er pour son anniversaire.

28 février 1955

19 h chez Beï, puis chez Mme Martine : elle y essaye sa robe de fiançailles (3 avril ?), bleue avec drapé.

1er mars 1955

Conduit le père à la gare. Ciné : « Rivière sans retour », Marilyn Monroe.

2 mars 1955

Travaillé Maufrais. Avec Beï, Arts ménagers. Lu « Hommes de maïs » d’Asturias. Magnifique.

3 mars 1955

Coup de fil de Pernoud : France-Soir publie information sur Yvonne Chevallier.

4 mars 1955

Gatti, attaqué, après Frey, par le dompteur Alfred Court. Les Orano ont fait chantage au livre sur Flamant : « Voici 10 000 F et allez le porter ailleurs », leur a-t-il dit. (Il avait déjà versé 300 000 F.)

5 mars 1955

Je renonce à la Guyane : 1) Impossible d’amener un photographe et de faire autre chose (Maufrais). 2) Donc, histoire trop mince pour justifier le déplacement des fiançailles fixées au 3. Gatti me remplacera.
Concert Marigny (Petit Marigny plein à craquer – 300 personnes refoulées). Webern : variations, symphonie, 2 Lieder, pièces, concert pour 9 instruments. Puis, chez Tézenas, 5 minutes avec la Paule, Bernard, Petrus, Michaux, etc.

6 mars 1955

11 h Marigny : la Sérénade de Schönberg – précédée d’une conférence de Boulez sur la musique nouvelle (très à l’aise, les mains dans les poches, les jambes bien plantées sur le sol).
Au journal, fait papier sur Norodom. Pernoud manifeste l’intention d’aller en Guyane. A la TV, les « Dames du bois de Boulogne ». Excellent.

7 mars 1955

Pernoud parti – après avoir, par ses manœuvres, écœuré le Dante.

8 mars 1955

Mouvement de la Paix. Envoyé « Almanach des lettres » à Wang. Avec Beï, chez Saby pour lui remettre 5 000 destinés à partir en fumée (il est si dépensier !). Jacobs là.

10 mars 1955

Lettre de la Tempête qui vient la semaine prochaine.

12 mars 1955

Mort de Fleming

15 mars 1955

Avec Beï, vu « La Strada » au Vendôme – chef d’œuvre. Rêvé Beï morte !

16 mars 1955

Souscription pour Pilati, condamné à 250 000 F pour l’accident qu’il a causé (Peillat : Il était soûl, je ne donne rien – Rizzo : non, etc. Une jolie bande).

17 mars 1955

Comme Croizard demandait une augmentation pour Gatti, Gaston hier à Merlin : Gatti et Joffroy, jamais là ; font un papier de temps en temps et disparaissent.
Le mec là pour la bague.

18 mars 1955

Coup de fil de Tempête, arrivé à 7 h. Pernoud retour de Guyane. A vu Billard – Maufrais aurait renoncé à continuer. Le peintre Nicolas de Staël s’est suicidé.

20 mars 1955

P.M. article sur une opération au cœur. Coup de fil de Saby, demandant l’adresse de Kateb (que je ne connais pas. Il est parti pour l’Allemagne.) Coup de fil à Petrus pour obtenir l’aide du préfet dans la naturalisation difficile de C.S.

22 mars 1955

Acheté un anti-monte-lait à clochette

23 mars 1955

Dante me donne des exemplaires de son livre sur les fauves enfin sorti.

26 mars 1955

Gatti furieux contre Pernoud veut lui casser la gueule. Vu Crémieux pour l’accouchement sans douleur.
18 h Petit Marigny : concert Machault (messe Notre-Dame), Nono, et Kammerkonzert de Berg (admirablement joué par Jacobs et le violoniste). Vu Dante, les Souvt., la Paule, sa fille, Bernard. À la gare, Mme Évanno mère au train de Toulon.

27 mars 1955

Avec maman chez les Évanno. Puis journal.

28 mars 1955

Rentré 2 h. Crémieux au journal : ravi par le papier (sur l’accouchement sans douleur). Déjeuner ensemble : évocation du voyage en Chine, Wang et les discours traduits de Mao. Vu Gaston Bonheur et parlé du voyage de noces au Mexique. Le soir, rue Beudant : la mère veut m’offrir, dit-elle, une chevalière. Mais je n’aime pas, dis-je. Donc autre chose.

31 mars 1955

La mère à Clichy, avec les tantes et le même insupportable, désagréable et mal élevé : il en fait pleurer Beï.
Conduit C.S. à la gare – toute ruisselante de larmes, elle a raté l’homme de sa vie, dit-elle.

3 avril 1955

Très beau temps et fiançailles. Déjeuner chez Michel à 10 (nous et eux : père, mère, fils et les tantoches). 25 000 F tout compris. Puis le père expédié à la gare. Présentation Beï au journal après. Congratulations.

4 avril 1955

L’aprèms, Beï triste un peu et moi aussi (la sottise des siens).

6 avril 1955

Démarches pour mariage. Malade toute la journée.

8 avril 1955

Vu Menant. Présenté à Croizard et Diwo.

9 avril 1955

Grippé. Dante seul (les siens à Grenoble chez Toussaint) et Beï à déjeuner, puis chez Diwo et Jacqueline Diwo pour visite protocolaire.

12 avril 1955

Grand-père à l’hôpital.

13 avril 1955

A la mairie pour les bans. Téléphoné à JJ à Lyon. Il sera le témoin de Beï.

14 avril 1955

Vu notaire.

18 avril 1955

Einstein est mort. Coup de fil de Crémieux : on parle du voyage en Chine.

19 avril 1955

« Quiconque éprouve du plaisir à marcher en rang serrés au son de la musique est d’emblée pour moi un objet de mépris ». (Einstein).
Vu Dante à propos de Danielle, invitée ou non au déjeuner (oui hier, non aujourd’hui).

20 avril 1955

Les savants se disputent le cerveau d’Einstein.
Parlé Mexique avec Bonheur. Gatti décroche le « safari » au Kenya (que je lui avais conseillé). Faire-parts rédigés.

21 avril 1955

On parle de Kessel, frère de Jeff, pour prendre en main la couleur de Match.
Avec Dante, au Seuil, puis au Flore, 2 demis et – parlons d’un roman que je ferai. Je dis mes doutes, mes « complexes » peut-être. L’admirable Dante me lance, me pousse, m’exhorte : « Tant pis si tu te casses la gueule, dit-il, il faut que tu dises ce que tu as à dire : la parabole de celui qui a enterré 2 deniers… »

26 avril 1955

Vu avec Dante Jeff à midi pour le Kenya et le Mexique.

27 avril 1955

JJ à Paris – Quelques difficultés pour que Roux accepte le Mexique. Résolues.

28 avril 1955

Mariage. Mairie, café National, Orée du Bois, Chartres.

29 avril 1955

L’île-de-France, puis Petit-Andely, bords de Seine.

30 avril 1955

Rentré Paris. Vu à déjeuner chez Michel les Robert, les Gatti et Bernard (à qui J.J. va faire une expo). Vu les familles en gros et en détail. Fatigue. Temps lourd.

1er mai 1955

Orly 22 h 15.
Mai – juin : voyage de noce touristique à travers le Mexique.

6 mai 1955

Chez Maria Izquierdo, peintre, ancienne amie d’Antonin Artaud – presqu’impotente : recollection des articles écrits par A.A. pendant son séjour au Mexique.

9 mai 1955

Avec Beï et Hautier, visite de la prison centrale où se trouve Mornard, l’assassin de Trotsky. Vu Bernard Reyès (des Affaires étrangères), Gilberto Bosques (du Tourisme), Canton (de la revue Auge). Fait des achats ; dîné avec Marie Lartigue.

12 mai 1955

Achat mezcal.

14 juin 1955

Vu Hautier. Lartigue pas là. Démarches : Air France, pas de place. Télégramme du journal réclamant mon retour.

16 juin 1955

Parti avec Hautier pour Acapulco. Arrivée à 18 h 15. Hôtel Sutter, centre. 30 pesos pour 2.

18 juin 1955

Retour Mexico.

19 juin 1955

Apéritif avec Hautier au Continental ! À 16 h, corridas à la Plaza de Mexico : 2 bonne courses, 1 boucherie. Puis chez l’architecte Yagor, dîner au café de Tacuba, enfin au salon de Mexico – où les Indiens sont fouillés à l’entrée par la police.

20 juin 1955

À 10 h 30, avec Hautier, visite du pénitencier, le mirador, les cachots du « circular n° 1 ». Vu Mornard au théâtre en construction : gras, lunettes, en bleu de prisonnier, calot sur la tête. Furieux de nous voir. Trois fois refuse de nous recevoir et de nous parler.

21 juin 1955

À 7 h, départ en voiture pour l’État d’Hidalgo, chez les Otomis d’Ixmiquilyan avec Hautier, le chauffeur, Beï et un anthropologue d’origine otomie, Maurizio Muñoz. À 9 h 30, arrivée. Visite du centre (P.I.V.M.) puis des villages. Pays de roc et de cactus, sécheresse et soleil. Il n’a pas plu depuis le 10 mai (et c’était la 1ère chute de l’année). Visite d’écoles, de maisons. Poussière. Retour à 19 h 45 à Mexico. Dîner.

22 juin 1955

Dernières courses. À 10 h, dans la voiture Pontiac de Reyis avec un chauffeur policier à la cité universitaire. Retour, déjeuner avec le journaliste Cantar. Acheté appareil photo « Retina » 400 pesos. À 18 h, vu Lartigue de l’ambassade. Dîner avec Muñoz et Hautier, dans un châlet suisse.

23 juin 1955

Départ hôtel avec Hautier à 6 h 15. Donné à Hautier les 300 pesos restants. Il offre une poupée mexicaine. Départ 8 h 15. Arrivée à N.Y. 14 h 45 (16 h 45 heure locale). Départ à 7 h heure locale.

24 juin 1955

Retour à Paris 11 h 30. Au journal, vu Dante : on avait conspiré évidemment. Dante a trouvé un appartement rue Bret, près de Wagram (40 000 F par mois). L’invitation Chine est arrivée pour lui.

25 juin 1955

Donné les films à développer. Reçu carte postale USA décorée de Calder.

26 juin 1955

Bouclage-au journal à 19h.Commencé à travailler à 4h.Lettre allemande à Gatti. Je la traduis (Ingeborg de Berlin). Ici, Boulez a eu des mécomptes : l’Orestie défigurée et coupée par Barrault, les « Strutures » qui n’ont pas eu de succès au Petit Marigny – mais bon article de l’Express sur Baden-Baden.

28 juin 1955

Reçu photos couleur et noir – quelques-une réussies. Le soir, chez Dante qui recevait un diplomate guatémaltèque pour prendre le Popoh-Wuh.

30 juin 1955

Bouclage. Papier sur Marty. Rentré 2 h.

1er juillet 1955

Coup de fil de Farran. On m’envoie à Monte-Carlo (krach boursier).

2 juillet 1955

Hôtel du Louvre. Déjeuner et dîner chez les Caillaud.

3 juillet 1955

Lambert (F.-S.), Théolleyre, les locaux… Délibération Conseil d’Etat. Beï avec. Couché chez Caillaud.

5 juillet 1955

Farran et Galante reçus par le prince. Le soir, avec eux et Ollivier à la Chèvre d’or dont le proprio est l’ancien gérant du Globe à Metz.

6 juillet 1955

A 17 h 30 coup de fil de Paris : je rentre. Train 19 h 03.

7 juillet 1955

Paris 8 h 56. Dîner avec Dante, Groussard et Dansimoni (le père Groussard a un duel en perspective avec un avocat, Me Biscarre). Bouclage. Rentré 2 h.

10 juillet 1955

Gatti, Stéphane, Serge à déjeuner. Danielle pas venue : dépression, disputes, etc.
Travaillé Alexandre le Grand

14 juillet 1955

Papier bon,dit R.Cartier. Bouclage. On me rappelle au journal pour un autre papier sur l’attentat de Hitler.

15 juillet 1955

Avec la mère et Beï, dîner chez Gatti. Sortis à 10 h 30

16 juillet 1955

Cartier, de Genève, veut m’envoyer à Casablanca (troubles). Je refuse. Au Bois avec Beï. À 5 h chez Gatti, et ensemble chez Melle Gonzalez, où se trouvait I. Berval, conseiller culturel du Mexique. Le soir, dîner chez Gatti où se trouvait Patrick Kessel.

17 juillet 1955

À la nouvelle piscine de Levallois. Bouclage de 6 h.

19 juillet 1955

Piscine. Visite à P.M. de Laszlo – de l’expédition Maufrais. Il veut provoquer je ne sais quel scandale dans un journal pour en tirer quelque argent. Il me demande de l’aide. Il veut partir en Amérique. Il a maigri. Il est triste.

20 juillet 1955

À 5 h au journal pour article Maroc. Puis au Vendôme pour « la Révolte des pendus ».

22 juillet 1955

Bouclage. Je rentre vers 19 h. Je rappelle : Croizard me parle d’un « terrible malheur ». On a trouvé de Pirey, mort asphyxié chez lui. C’est la femme de Forestier qui l’a découvert. La femme et la mère de Pirey sont en vacances. Tuyau de gaz arraché, on croit qu’il s’est suicidé : dépression, peur de l’avenir, manque de confance en soi, bruits de sa mise à la porte, Match l’a eu. Rentré 5 h du matin.

23 juillet 1955

Dans la soirée, Croizard me dit que la police avait conclu à l’accident (la pression du gaz étant suffisante, paraît-il, pour arracher le tuyau) !

24 juillet 1955

À 21 h, avec Dante et Kessel, chez Pirey. Autour du cercueil, son frère, sa belle-sœur et un monseur. Le frère nous dit : « C’est très aimable à vous d’être venus ». La mère, écrasée de fatigue, n’est pas là. Enterrement mardi.

25 juillet 1955

Gatti et moi convoqués par la mère de Philippe. Il s’agit, semble—t-il, d’un article de Philippe – d’une nouvelle pour les Lettres françaises. Mais au bout d’un instant, elle parle d’autre chose : de la mort étrange de son fils, le sang sur les murs, les fenêtres fermées, les menaces à lui faites par le clan Lacaze–Rigade, etc. Je reviens très troublé.

26 juillet 1955

Funérailles à St-François-Xavier, puis à Bagnolet. Le cercueil trop grand pour l’ouverture du caveau. Avant, avec Dante, à la gare du Nord, accueilli Ingeborg, une Allemande de Berlin. Le soir, invité, avec Dante, chez les Marchal au restaurant. Ils étaient ravis, nous aussi.

27 juillet 1955

Parlé à Kessel. L’invite à faire son enquête. Papier à faire sur les volcans.

28 juillet 1955

Avec Dante, Kateb et l’Allemande Ingeborg, sur le bateau de Marchal. Déjeuner à Villeneuve-triage. Kessel : « C’est peut-être un suicide provoqué ». La nouvelle de Pirey a paru dans les Lettres françaises.

29 juillet 1955

Gatti part mercredi au Guatémala. Il passera par Mexico.

30 juillet 1955

France-Soir annonce : soucoupes volantes ; officiel Eisenhower annonce la prochaine expédition d’un satellite artificiel.
A 16 h 30, R.V. avenue de Versailles avec M. Monestier et Kessel, Gatti. De là, chez eux. 1) la belle-fille Christiane, femme du frère aîné, snob, dissipée, dépensière, a été la maîtresse de Lacaze. 2) elle était à Cannes au moment des algarades entre Lacaze et Pirey. 3) elle a appuyé à toute force l’hypothèse de l’accident. M. Monestier craint pour son fils, le jour où il apprendra qui est sa femme.

31 juillet 1955

Mariage Monique 15 h à la synagogue rue N.-D.-de-Nazareth. À 17 h, chez Ledoyen, lunch puis dîner. Rentrés à 24 h.

1er août 1955

Marcel Niedergang du « Monde », qui devait aller avec Dante au Guatémala, y renonce.

3 août 1955

Dans le « Canard enchaîné » un article sur Pirey, assez faux et assez juste – mais suggérant le suicide par dégoût.
Conduit Dante au Bourget pour l’avion KLM. Il part avec Niedergang, finalement (Paule Thévenin là, avec Kessel, Toussaint, Kateb, Beï). Paule va partir pour Bargemon où se trouvent déjà Petrus, Saby et Jacobs.

4 août 1955

Kessel se bat avec Hanoteau, colporteur du bruit qui l’accuse d’avoir suggéré l’article du Canard. Le revers de la veste d’H., déchiré. Grosse émotion. Mais cela freine les choses. Marianne Monestier dit à K. : « Si on veut faire de vous le bouc émissaire, je m’en vais. » K. voit Bonheur, Mille. Tout se calme, s’apaise en attendant la prochaine tempête. Diwo promu responsable de la « couleur ».

5 août 1955

Vu Hanoteau, prêt à s’excuser. La chose est faite aussitôt après. Vu Dubois, préfet de police, papier sur Nord-Af (la Goutte d’Or). Mille, charmant esthète, parlé de Boulez, Jacobs.

6 août 1955

Départ pour Lorient (parents de Beï) à 11 h. Arrivée 11 h 45. Hôtel Beauséjour. Lanester, vu la belle-famille.

7 août 1955

Plage de Larmor, la Potinière, banquet de famille : 23 personnes, dont une en coiffe. Le cousin Maturin Juguet (dit le Conjuguet) m’a diverti.

8 août 1955

Départ Lorient. Paris 17 h 15. Journal. Papier sur Dominici. La « bande » continue à désigner Kessel en coulisses : on donne les noms des gens à qui il aurait fourni les informations. Bisiaux me parle de Rognoni. Téléphoné à Rognoni : C’est Bré, d’Europe n° 1 qui a donné la chose au Canard !

9 août 1955

Déjeuner chez les Thévenin. On parle de l’affaire Pirey-Kessel.
Bombe le soir : sorti du grand bureau à 20 h 15, Kessel pâle me dit : « Je pars avec mes indemnités. Je leur ai tout sorti ». Marianne Monestier l’attendait en bas pour le ramener à Versailles. Coup de fil vers 22 h de Kessel pour détails supplémentaires. Rigade a demandé des lettres attestant que P.K. aurait fourni les renseignements de l’article en cause (Rognoni, Bré, Bradier).

10 août 1955

Mille a convoqué le père de Patrick. Bonheur aurait dit que la mise à la porte de P. était impossible (à cause de tout ce qu’il a dit hier sur le gang). Les types n’ont pas fourni de lettres, me dit Kessel. Écrit à Saby, Caillaud. Kessel à Clichy à 18 h pour me montrer projet de lettre que Mille souhaite qu’il signe.

11 août 1955

L., Marie-Hélène, Durieux disent : « Lacaze a la preuve formelle par Laroche que Kessel est coupable. Laroche est venu soumettre à K. le texte de son article. « et K. l’a approuvé ». K. va voir G.Bonheur qui le convoque à 15 h 30 avec Lacaze. Mais, à cette heure-là, je trouve K. dans le burreau des reporters, subissant les invectives de L., déchaîné, sous l’œil haineux ou indifférent des autres. « Si on veut me compromettre dans cette histoire, dit L., ce sera sanglant. J’ai 37 ans. Je me fous de ma situation, etc., etc. » Et il essaie de dire que le suicide pourrait être « politique » – qu’un tiers aurait pu affoler Pirey en lui racontant des mensonges alors qu’il était en réalité le favori de Rigade, de lui-même, etc. J’interviens à deux ou trois reprises. On me lance des regards sombres. Me voilà averti et visé !

12 août 1955

L’altercation d’hier a, malgré tout, assaini l’atmosphère (Lacaze a, en fait, lâché du lest, il n’accuse plus K. que d’avoir bavardé). K. a reçu son chèque : 1 million. Le soir, à la gare Montparnasse pour y prendre les beaux-parents et les ramener à Clichy.

13 août 1955

Vu Rognoni : il me dit qu’il a pris ses précautions pour le cas où il aurait un accident. Lettre de Dante, du Guatémala : tout est à sa disposition.

15 août 1955

Papier Dominici avec Giaccobi. Parlé avec Gaston Bonheur de l’atmosphère au journal. Fête de Beï.

16 août 1955

Coup de fil de Vieux-Bouscau : envoyé 1 000 à Danielle.

17 août 1955

Conduit la belle-mère et Éric au train de 9 h 15.
Le « Canard » publie un démenti – encore plus lamentable que l’information.

19 août 1955

Vu « la Colline 24 ne répond plus », film israélien sur la guerre de 1948.

22 août 1955

Plus de 1 000 tués en A.F.N. Papier sur Bing Crosby. Vu Patrick, il me dit, confidentiellement, que l’enquête serait réouverte (sa femme, partie civile).

24 août 1955

Explication avec Lacaze qui part en vacances et ne veut pas, dit-il, être mal avec moi. Bateau-mouche avec Beï 22 h à 23 h : pagaille, lenteur, ennui.

25 août 1955

Fatigue. Vu Patrick : juge nommé, médecin légiste, autopsie ces jours-ci. Coup de fil de Kateb enchanté du papier sur les Nord Af (il va peut-être entrer, grâce à Chevallier, à Libération). Coup de fil des « Échos » qui me proposent de collaborer. Réponse demain (c’est la suite du papier Nord Af.).

26 août 1955

Dante rentré aujourd’hui. L’ai vu à 19 h au journal. Guatemala : tout est pire que ce qu’on en pensait (malgré les facilités offertes). Mexico : 3 jours. N.Y. 3 jours. Lui raconte l’affaire Kessel – et les bruits qui disent que Dante est sur la liste des proscritions. Téléphoné Rossner (« Échos ») pour R.V. Lettre d’insultes d’un fasciste Nord-Af.

27 août 1955

Gatti : c’est fait (départ – avec délai de 2 mois – après la Chine). Raisons : Pirey, Kessel, le papier de Cartier. Son désir de s’en aller coïncide avec leur désir de s’en débarrasser. Lettre de Saby (Boulez « gênant » entre lui et Paul – et la Paule aussi). Embêté, vaguement dégoûté et toujours incertain sur la peinture.

28 août 1955

Marquet : il s’étonne, non du départ de Dante (il est au courant depuis longtemps) mais de son opinion sur l’affaire Pirey. Il dit que s’il s’est suicidé avec une femme, c’est un type qui ne l’intéresse pas. Il adopte la thèse des autres sur le type qui aurait découragé Pirey (le Diable Kessel ?). Triste !
Bavardage avec Dante sur Bargemon, le Mexique, le perroquet.

29 août 1955

Avec Dante et Patrick, vu Mme de Pirey (Philippe). Elle est persuadée que ce n’est pas un accident, pas davantage, croit-elle, un suicide.

30 août 1955

Histoires à propos de lettres trouvées dans le tiroir de P. de P. et que K. a remises à la belle-mère et non à Marianne Monestier (des lettres confidentielles).
Vu Rosner des « Échos », papiers, reportage en marge de l’économie. Il me mettra en contact avec l’Express qui va devenir quotidien.

31 août 1955

La famille rentrée. Vu Bonheur pour un papier sur Townsend. Il me parle de Gatti : « il ne doit pas croire que c’est à cause de l’histoire Kessel. Il était sur la liste avec d’autres (Martin-Chauffier, etc.) ». Vu Domenach et Béguin d’« Esprit ».

1er septembre 1955

Téléphone Jeff. R.V. la semaine prochaine.

4 septembre 1955

Papier Townsend (avec les « révélations » de Sallebert).

5 septembre 1955

Lettre d’un ami de Wang, Robert Menegoz, cinéaste retour de Chine – me rapporte un cadeau de mariage de Wang.

6 septembre 1955

Vu Mme Maufrais, sœur d’Edgar, chez elle, à St-Mandé. Son frère arrive après-demain (la mère folle, tous ruinés).

7 septembre 1955

Vu Menegoz qui me remet un livre d’estampes chinoises du peintre Chei-bei-che (97 ans) et une parle de là-bas : Wang, plein de velléités d’écrire, sa femme, dragon de la Révolution, etc. À 20 h départ de Clichy avec Beï et le photographe Camus pour Le Havre. Couché là.

8 septembre 1955

Vu Maufrais avec sa sœur débarqués du Laennec. Il a maigri mais veut y retourner.

9 septembre 1955

Avec Beï et Camus (qui part pour le Maroc), revu Maufrais le soir ; il était au café, faisant un billard rue de la République à St-Mandé avec son frère. Lui ai offert pourcentage sur le livre.
Jeudi, départ de Gatti pour la Chine par la Russie, la Sibérie, la Mongolie. Déjeuné avec lui, Jeff et Patrick : parlé de l’affaire Pirey et du triste M. Pinay.

12 septembre 1955

Coup de fil de Dante : il a reçu une convocation de Lazareff.

13 septembre 1955

Gatti engagé par France-Soir à 200 000 F. Lazareff prend une option sur la Chine. Dante dîne avec Michaux.

14 septembre 1955

Vu Menegoz qui donne à Dante ses conseils pour la Chine. À déjeuner Dante, Danielle, Bombelet, Rolland. Puis, avec Danielle, chez Flinker : achat de livres pour Wang (Paris des rêves, La France de profil). Coup de fil de Delsart, du « Progrès de Lyon » : le patron, Brémont, veut me voir. Il sera à Paris à partir de lundi.

15 septembre 1955

Mille a recommandé Dante à L’Express qui devient quotidien. Ils l’ont vu hier, mais il préfère F.-S. Gatti a touché 500 000 de frais pour lui et Chris Marker, plus 600 $ du Parisien. Il termine dans la nuit ses articles sur le Guatemala.

16 septembre 1955

Mis Gatti à l’avion (Kateb et la Suédoise, les Toussaint, Danielle et le gosse, Kessel et sa femme). Parti à 10 h 05 par avion tchèque, avec Marcelle Auclair.
Le soir, parmi les embouteillages (Paris sans métro ni autobus), à l’ambassade du Mexique (fête nationale). Vu Bodet, Kessel, Melle Gonzales. Kessel m’a demandé : « Mille ne t’a pas encore appelé ?…

17 septembre 1955

Le soir, amené à Danielle le manuscrit de l’enquête de Dante pour le P.-L., revu et terminé.

20 septembre 1955

Bremond propose collaboration intermittente – après beaucoup de compliments.

21 septembre 1955

Parti pour Hayange avec Beï. Arrivé à 16 h. Braderie. Monde fou, impossible d’entrer.

22 septembre 1955

Départ pour Metz. Couché au Globe.

23 septembre 1955

Déjeuné à Valmy. Vu le champ de bataille et le moulin. À Paris 16 h 30.

24 septembre 1955

Carte de Dante, datée de Moscou. À midi, Danielle, Bombelet, Patrick et Kateb à Clichy.

25 septembre 1955

À Summmer (Mississipi), un jury acquitte les 2 assassins blancs d’un enfant nègre de 14 ans, coupable d’avoir sifflé d’admiration devant la femme de l’un d’eux. Les faits étaient patents.

26 septembre 1955

Yom kippour. Lettre de Mexico : Lartigue.

27 septembre 1955

Arrestation de Robert Barrat, écrivain et journaliste catholique pour avoir interviewé les rebelles algériens et ne les avoir pas dénoncés.

28 septembre 1955

Grève à l’imprimerie de PM.

29 septembre 1955

Déjeuner avec Obolensky chez Michel. Commencé à lire réellement « le Temps perdu ».

30 septembre 1955

Dîner avec Beï chez Danielle. Revenus tristes. Beï pleurant. Elles se détestent.

1er octobre 1955

Le sultan Arafa part pour Tanger. L’ONU inscrit l’affaire algérienne – la France se retire. Et le reste : les scandales de Rab at, la fuite du chef du protocole, etc.
Carte de Pékin : Wang n’a pas été trouvé, dit Dante. « Pays campé dans la grandeur et le vent debout ».

2 octobre 1955

Révolte des tribus du Rif. À Match, j’apprends que la femme de Descamps a été trouvée morte empoisonnée par des somnifères. « La maison des morts subites ».
Coup de fil de Mariane Monestier. Départ pour l’Italie remis. Vu Danielle.

4 octobre 1955

Danielle téléphone : Dante a vu Wang et verra Mao Tse Toung.

6 octobre 1955

Départ pour l’Italie. Arrêt Moulins à la préfecture. Vu Vignon, sur le point de partir pour Paris. Il a été dégommé par Gaumont, sénateur de la Guyane et remplacé par Malvy, qui fait le contraire de sa politique (reserrement au lieu d’expansion).
Lyon, vu les J.-J. Dîné avec eux. Liliane en pleurs. JJ égoïste et « détraqué » (malade), le trompant, la bafouant. Triste ! Hôtel d’Angleterre.

7 octobre 1955

Modane, Turin.

8 – 10 janvier 1955

Menton – travail Maufrais – Iliade.

8 octobre 1955

Vérone hôtel Romeo Giuletta (évidemment !)

9 octobre 1955

Padoue (Dotto), Venise – les Hulot en gondole avec bagages et couverture sur les jambes – la barque de musiciens et chanteurs devant le « Bauer ».

13 octobre 1955

Visite de St-Marc. Trésor et les chevaux.

14 octobre 1955

Gênes. Achats. San Remo.

16 octobre 1955

La Seyne. Vu à Toulon les Maufrais chez eux.

17 octobre 1955

Travaillé au jardin sous l’olivier de Judée. Les drames éclatent. Lettres annonçant la maladie du gendre en Afrique et son rapatriement. Le père Évanno voudrait aussi divorcer. L’une après l’autre en larmes.

19 octobre 1955

Paris. Lettre de Dante, de Shanghaï. Il a été malade à Pékin. « Inutile de discuter, le pays est engloutissant ».

20 octobre 1955

Diwo m’annonce : à la suite d’une violente discussion avec Lacaze, Rigade s’en va. Raisons : mystère. On dit que c’est parce que Rigade aurait couché avec la femme de Lacaze. Coup de fil à Danielle : Michaux refuse de donner une préface. Coup de fil à Paule.

21 octobre 1955

Téléphoné Petrus pour retenir places Orestie. Il a toujours, dit-il, énormément de travail. Bouclage. Photos exposition de Cartier-Bresson. Il était là, avons travaillé ensemble.

22 octobre 1955

Lettre à Dante. Coup de fil à Rognoni : d’après lui, Mme L. couchant depuis des années avec R., simple prétexte.

23 octobre 1955

Vote sur le referendum en Sarre. France-URSS football : 2-2

24 octobre 1955

La Sarre repousse l’européisation.
Castans : ce pourrait être une brouille arrangée pour préparer un point de chute et étendre le groupe dans un autre journal. Entendu dire que Bonheur s’en irait. Castans dément.

27 octobre 1955

Coup de fil de Bernard : son expo demain galerie du Dragon de 5 à 8. Il se dit « détendu … la galerie n’est pas marquée ». Le soir, avec Beï, au Marigny : l’Orestie. Après, raccompagné Boulez chez lui.

28 octobre 1955

Allé déjeuner chez Paule, sur coup de fil. Avec Paule, exposition Saby. Bien. Vu Alain Cuny qui rêve d’aller en Chine « pour y épouser une chinoise ». Michaux, Flinker.

29 octobre 1955

Vu Kessel. Dit que la femme de Descamps, d’après D. lui-même, se serait suicidée. Certains, comme Borgé, auraient téléphoné pour la mettre au courant des infidélités de Descamps… L’affaire Pirey continue. Interrogations.

31 octobre 1955

Le sultan rentre par avion en France, à Nice. Margaret renonce à épouser Townsend. Triomphe du conservatisme imbécile.

2 novembre 1955

Déjeuner Boulez, Beï chez Michel. Politique : il vitupère contre Faure et les élections – contre l’Express, dernière chance de la droite. Après, visite des tableaux de Saby. Remis au Seuil le Maufrais.

3 novembre 1955

Vu Despuech, du trafic des piastres, camionneur maintenant, et encore à condition qu’il soit discret. Prévenu en 1952 par Teitgen qu’il serait en danger ; persécuté, procès, convocations, lettres anonymes. Croit au sabotage de l’avion de F.J.A. (il avait des documents incriminant le fils Auriol et l’avait dit).
Vu « Les Grandes manœuvres » de René Clait – quelconque.

4 novembre 1955

Coup de fil de Danielle : Dante prend le transsibérien pour rentrer.

6 novembre 1955

Coup de fil de Bernard : il voudrait que quelqu’un de Match photographie les tableaux vendus.

7 novembre 1955

Vu Kessel, engagé à 95 000 F + primes. Avec Litran, galerie du Dragon pour photos Saby. Vu Patrick Waldberg.

8 novembre 1955

Cayrol a lu et est intéressé.

10 novembre 1955

Vu Danielle : Dante rentre le 15. Sa lettre est pleine de lyrisme.

12 novembre 1955

Mort de Mme Coty. Vers midi, Beï me dit quelque chose qui la concerne

14 novembre 1955

Beï, crise de dépression à cause de l’événement (d’ailleurs non certain encore).

15 novembre 1955

« L’annonce faite à Mamie ! »

16 novembre 1955

Dîner chez les Toussaint.

17 novembre 1955

Dante rentre demain par le train, gare de l’Est. Menant admis à la pige.

18 novembre 1955

A 8 h 55, Gatti arrive avec un bonnet russe. Cadeau de Wang à ma mère : une pièce de soie.

19 novembre 1955

Lettre de Maufrais pour la tribune des lecteurs. Coup de fil à Cayrol : bouquin jugé bon, mais sera-t-il commercial ? Réponse lundi. Chez Marie-Hélène, pour y passer les couleurs du Mexique. Rognoni venu – et sommé de terminer son livre sur la Guyane

21 novembre 1955

Appareil à projection 22 000 F, acheté rue Lincoln. Le Seuil (Cayrol) ne prend pas le Maufrais. Bon, mais question de délais, etc., etc.
Chez Dante : parlé des projets divers (le Fleuve jaune, France-Soir) et de Wang, toujours inquiet pour moi.

24 novembre 1955

Dîné avec Beï chez Henriette Chandet avec Segonzac, sa femme ( ?) et une autre personne.

26 novembre 1955

Gaston B. me dit que l’augmentation était accordée : 275 000 F.
Dante et Chris Marker au journal. Manque de couleurs pour le Fleuve jaune.

28 novembre 1955

Envoyé à Boulez 2 400 F pour les 4 concerts du Marigny.

29 novembre 1955

Vu Dante. Apporté ses manuscrits tapés par Martin.

30 novembre 1955

11 h 35 : train pour Sens dans la cabine du conducteur. Retour 14 h 22.

1er décembre 1955

Avec l’ingénieur Vincent, La Chapelle, dépôt machine à vapeur. Paris–Amiens (chauffe à la pelle). Déjeuner, puis retour (chauffe au stoker).
Dissolution de l’Assemblée nationale. Edgar Faure exclu du parti radical.

6 décembre 1955

Apporté à Dante livres sur la Chine. Reçu carte : Mme Tézenas sera chez elle…

8 décembre 1955

Concert piano Jacobs, salle théâtre de l’ambassade des E.U. rue du Fg-St-Honoré. Schönberg, Bernard, Dante, Paule, Souvt., Robbe-Grillet, A. Jouffroy (Petrus pas là).

9 décembre 1955

Gatti me donne une invitation pour la conférence à la Mutualité sur la Chine.

10 décembre 1955

Ray Robinson redevient champion du monde de boxe poids moyens. Concert Schönberg à Marigny (Ode à Napoléon, sonate, Pierrot lunaire). Très bon concert. Scherchen – Souvt., Petrus, Paul et Bernard, Paule. Pas allé chez Tézenas.

11 décembre 1955

A 20 h 30, Mutualité, meeting des « retour de Chine » (J. Levy, M. Leiris, Lurçat, M. Auclair). Gatti sur l’estrade. Motion votée demandant la reconnaissance de la République chinoise (unanimité moins une voix). Revu Janine Bonnardot, membre des Amitiés franco-chinoises.

13 décembre 1955

Dîné chez Paule avec Alain Cuny et Dante. Cuny veut aller en Chine – pour y trouver de la Chine – et des Chinoises.

14 décembre 1955

Cocktail chez Martini, 52 Champs-Élysées – pour un livre « le Juif du ciel ». Carrière ouvre avec Montarron. Carrière vidé de « Détective » va entrer à « Constellation ».

16 décembre 1955

Coup de fil de Kateb pour dîner chez Chevallier. Coup de fil d’Helmann pour sa campagne P.C.

17 décembre 1955

Dîner couscous, avec Beï, chez les Chevallier, rue de Longchamp (Kateb, son cousin Mustapha, Soulines et sa femme et un photographe Lipintsky, vaguement réactionnaire pour avoir été au Vénézuéla et avoir contemplé le parfait exercice d’une dictature paternelle).

19 décembre 1955

Cocktail mariage de Charles Courrière avec la fille du jockey. Scotch. Je rentre ivre.

20 décembre 1955

Déjeuner Clichy : M.-H. Viviès, Kateb, Obolensky, Rognoni.

21 décembre 1955

Commande d’un papier sur Minou Drouet. Confirmation : Bei enceinte.

22 décembre 1955

Vu René Julliard pour Minou Drouet : très embêté par l’affaire, mais apparemment encore convaincu (la mère n’y met que des scories, la petite fait l’essentiel). Voit un complot des « petits reporters » de tous journaux (Pilati, Michèle Perein, Derogy, etc., et couchage Perein-J. Laurent). Serait d’accord pour papier, mais si nous défendons son point de vue. Fait des difficultés pour laisser voir la petite. À midi, avec Bisiaux et Bremer au Perray, où je trouve en convalescence Reine Horay. Maufrais refusé (sans conclusion, etc.). Repas excellent avec, en outre, André Dhôtel.
Augmentation confirmée : 75. Le journal agité sans que je l’aie su depuis des mois par la publication de l’IM. Le staff dans P.M. bataille de titres (Pernoud, Castans, Croizard, Marquet, Clerc, Bonheur, Mille, Cartier, etc.) je suis « grand reporter écrivain ».

23 décembre 1955

Association les Grands reporters : J.B.D., Helsey et S. Téry. Nouveaux projets : grand prix du journalisme et ordre des journalistes.
Gatti à P.M. las et écœuré de Roux (qui donne 100 000 et pas d’indemnités), de Bellanger.

24 décembre 1955

Avec Beï, train pour La Baule à 14 h 45. Arrivée 20 h 40. Taxi Le Pouliguen puis Le Croisic. Hôtel Océan (réveillon 250 personnes + nous).

25 décembre 1955

Émotion : une femme trouvée sur la plage à demi immergée. Tentative de suicide après le réveillon mexicain. Branle-bas – souliers sur une table avec un chapeau de papier. C’est la femme d’un marin-pêcheur. En car au Pouliguen (hôtel des Voyageurs). A 16 h, chez l’architecte Bourrineau vu les Drouet (fille, mère, grand-mère), au milieu de leur clan (les Boesch et les Bourineau). La petite au piano puis jouant avec ce qu’on lui a offert. Retour au Pouliguen, après R.V. avec Mme Drouet.

26 décembre 1955

Quitté « Les Voyageurs » non chauffé pour l’hôtel Continental à La Baule. A 15 h chez les Drouet, villa Nain Jaune au Pouliguen. La petite Minou, fatiguée mais présente, sage, douce, distraite. A 18 h chez les Boesch à côté (Boesch est astrologue et a fait le « ciel » de la petite).

27 décembre 1955

Chez les Boesch à 11 h. Déjeuner là, puis l’antiquaire Mme Neveu, le jardinier, la femme de ménage, le curé, le bonnetier confident du général – tous contre sur le plan de « tortures » aussi bien que sur celui de la création. Puis le commissaire de La Baule, qui n’a pas fait d’enquête, mais une information et ne croit pas l’enfant martyre. Téléphoné à Paris à Pilati.

28 décembre 1955

Vu le substitut du procureur (d’accord avec le commissaire). Puis, chez Mme Chevalier, ancienne femme de peine des Drouet. Elle est formelle : « C’est un bourreau d’enfants. Elle la pinçait, tordait les poignets, tirait les cheveux ». Puis, chez les Boesch, explication. Ils sont d’accord sur ma suggestion : réunir Melle Drouet et la Chevalier. Drouet d’accord. On part en voiture dans la nuit près de la gare : Drouet reste dans la voiture. La femme C. d’accord. Confrontation orageuse, agitée puis silencieuse, mauvaise. C. accuse. D. ricane. On s’en va. Dans la nuit, la fenêtre des D. s’ouvre sur la grand-mère, effrayée et la petite-fille déguisée.

29 décembre 1955

Loué 4 CV. Vu Melle de Parades, la coiffeuse Yvonne qui ne savent rien. Et le curé, Roberdel, bien embêté quand nous lui disons que peut-être Mme Drouet attaquera en justice Mme Chevalier.
Ensuite, départ pour La Guerche. Vu les amis et connaissances des Drouet. Bourrasque dans la nuit. Au cinéma, Pain, amour et fantaisie, coupé par une panne de courant. Hôtel du Soleil d’Or.

30 décembre 1955

À Vitré, vu l’institutrice Mme Le Pinçon, qui a eu Minou pendant deux ans. Hostile et jalouse. Retour sous la pluie. Près de Nozet, la 4 CV dérape. Accident évité au bord du fossé. Revu au Pouliguen (Nain Jaune) les Bosch et les Drouet. Train Paris 17 h 15.

31 décembre 1955

Les papiers de Dante passeront – après mise au point.
Lettre de l’infâme curé demandant de ne pas donner le témoignage de la femme de ménage (par peur de plainte des Drouet).

Catégories
19ies

1956

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

1er janvier 1956

Coup de fil de Rognoni et Gatti, ému. Téléphoné Boulez. RV pour samedi.

2 janvier 1956

Élections. Vu Bernard Saby, à qui j’ai remis les photos faites par Litran à son expo. Paul Jacobs était là, sombre. Rien ne va plus pour lui.

3 janvier 1956

Victoire poujadiste – avance communiste – Mendès : succès dans la région parisienne, mais non dans la province. La Tour Eiffel (3e étage) brûle. J’y vais. Temps magnifique à 10 h ; ciel bleu ; lune visible. Quelques voitures de pompiers sous la Tour.

4 janvier 1956

Bilan des élections : on ne parle que de Poujade.

5 janvier 1956

Avec Dante, travaillé Fleuve Jaune.

5 janvier 1956

Papier Minou remis.

6 janvier 1956

Arrivée de Guy Mollet président du Conseil à Alger. Émeutes : fruits lancés, gerbe piétinée. Mollet cède : il « accepte » la démission de Catroux, ministre-résident en Algérie.

7 janvier 1956

Déjeuner Dupont avec Beï, Boulez, Saby et Paule. Boulez confirme qu’il fera la musique de Kateb.

8 janvier 1956

Déjeuner tous – père, mère, fils et bru. Puis, le soir, vu « Lola Montes » de Max Ophuls avec Martine Carol – Bon (le film est l’objet d’une querelle entre ceux qui y voient de l’avant garde et ceux qu’il ennuie).

9 janvier 1956

Gatti au journal pour suivre l’évolution de ses papiers – ça doit marcher – sauf quelques rectifications. Il me répète son offre de faire un livre sur la Chine (c’est pure bonté). J’accepte.

10 janvier 1956

Lettre et photos à Wang, Pékin. Tempête de neige.

11 janvier 1956

Coup de fil de Melle Drouet, pas mécontente, mais…très curieuse de la lettre du curé.

12 janvier 1956

Gatti reçu le contrat de Lazareff : 200 000. Acheté équipements de ski. Avec Dante, puis Bernard, à la Hune : exposition de dessins de Michaux et de son livre « Misérable miracle » (sur l’expérience de la mescaline).

14 janvier 1956

Départ Courchevel. Sleeping 23 h 30.

16-18 janvier 1956

Ski – leçons de ski : conversion, chasse-neige…

21 janvier 1956

Renoncement au ski, à ses pompes et à ses œuvres. On reporte les lattes et on se repose. « Comment, dit le moniteur, ils ont acheté des fixations de sécurité pour deux jours ! »

22 janvier 1956

Travaillé à l’article Mexique.

27 janvier 1956

Championnat de France de slalom géant sur la piste de la Loge. Temps de chien : vent et neige. Vu chez Béghin, Yéhiel de France-Soir. Au châlet voisin de l’hôtel, Mme et M. Salmon, également de France-Soir.

28 janvier 1956

Championnat à Courchevel : un concurrent se casse la jambe. Traineau.

29 janvier 1956

Fait connaissance de la Serbe de l’hôtel, Mme Konstantinovitch qui a servi d’intermédiaire au roi Pierre de Yougoslavie contre Match et Reyer (accusation d’avoir été complice des assassins de son père). Ladite, légèrement antisémite. Puis, comme je lui dis ce que je suis, elle se rétracte.

30 janvier 1956

Plateau d’Assy. Vu l’église (Léger, Matisse, Rouault, Richier). Retour Paris.

1er février 1956

Acheté voiture. Discuté avec Roux la note de frais du Mexique : 340. Les 40 seront donnés à la parution.
Vu Dante (Danielle et le gosse à Valloires). Ses papiers annoncés dans Match. Il est indigné par les articles de Guillain dans le Monde (demain, conférence de presse avec Sartre pour les réfuter).
Bernard a acheté une grosse motocyclette « Triumph » !!!

2 février 1956

‘- 13°. Travaillé avec Dante aux papiers Chine. Reçu au journal le paquet du Mexique : le mescal est intact !

3 février 1956

Gatti raconte la conférence de presse d’hier soir, au palais d’Orsay (pour protester contre les allégations antichinoises de Guillain – le Monde et de Farro – le Figaro). Sartre et Gatti ont vigoureusement contre attaqué.
Après le déjeuner, le grand-père a une faiblesse, grave : pâle, les lèvres tremblantes. Médecin, piqûres. Gatti le soutient. C’est peut-être le froid.
Le général Catroux, ministre-résident en Algérie, annonce qu’il faut reconnaître la personnalité algérienne.

4 février 1956

Concert à 17 h 30 au Petit Marigny : Webern (quatuor et Bagatelles), Debussy, Bartok et surtout Berg (la belle, la très belle Suite lyrique). Bernard, Dante et Danielle, Petrus dirigeant et poussant le piano – enfin : Jacobs au piano.

7 février 1956

Coup de fil de Dante : le P.L. a refusé de passer son enquête chinoise. Desjardins l’avait reçu dans son bureau garni de 2 gardes du corps. Dante lui a rappelé l’enquête sur l’Algérie. Téléphoné à Bedel à Libé. Il rédigera le jugement pour le président Palau, aveugle. « Question de semaines », dit-il.

8 février 1956

Coup de fil à Crémieux pour accouchement sans douleur de Beï. R.V. avec le Dr Vellay.

9 février 1956

Coup de fil de Bernard. Rupture en train avec Jacobs. Demande fric. Lui envoie
50 000.

10 février 1956

Papier remis. Manifestation fasciste à l’Etoile (Comité d’entente des anciens combattants) interdite. Déjà la gauche avait réagi.
Prouvost se serait plaint que Gatti – dans son intervention anti-Guillain – a compromis « Match » (Il trouve aussi la chose « discourtoise » à l’égard d’un journaliste).

11 février 1956

Gatti là : papiers Pékin-Paris. Quelques manifestants à l’Etoile. Article virulent de Mauriac contre Guy Mollet.

14 février 1956

Gatti pour 2e papier Chine.

18 février 1956

Gatti pour fin du Chine II.

20 février 1956

A revoir papiers Churchill « Histoire des peuples anglais ».

22 février 1956

Gatti là – pour « Pékin-Paris » (4 derniers papiers). Il est un peu las d’écrire sur la Chine sans que rien paraisse (P.L. : non ; Match : peut-être).

24 février 1956

Avec Beï, arts ménagers, puis un film de Lucchino Visconti (Senso), puis dîner chez Michel.

25 février 1956

Paul Léautaud, mort mercredi (22) incinéré aujourd’hui.

27 février 1956

Au Louis XIV, Association : 25 présents (Menant, Mauriès, Dante, Royer, H. Chandet). Bureau élu (moi y compris) mais sans Simone Téry et Lefèvre. Grands projets agités : Prix du journalisme (1 million), correspondants étrangers, ordre des journalistes. Pierre Seize et Georges Arnaud admis – mais pas Jules Roy ni Diwo. Rentré 3 h 15.

1er mars 1956

Litran et Chevalier mécontents après leur retour de Russie. Match a vendu leurs photos exclusives du musée de l’Ermitage à un éditeur qui désire seulement les écarter de la circulation (pour placer les siennes).

6 mars 1956

Chypre, Algérie, Israël, Transjordanie : « Les gens, dit ma mère, redeviennent déraisonnables ».

8 mars 1956

Remis Churchill (introduction au chapitre César).

9 mars 1956

Parti avec Beï à 9 h pour Arras (Courrières). Arrivée 12 h 15. Hôtel de l’Univers. À 15 h, avec Solez et Vals chez les rescapés, Pruvot 65 ans et César Danglot 78 ans. puis au cimetière de Méricourt, veillée des mineurs.

10 mars 1956

Sur le carreau du puits, le préfet remet la légion d’honneur à Pruvot et Danglot. Un autre survivant, qui s’est fait connaître trop tard, était là, mais n’a rien eu.

13 mars 1956

Coup de fil de Dante, revenu de Monaco.

14 mars 1956

Travaillé papier Courrières.

16 mars 1956

Coup de fil de Mme Drouet. Son procès contre la bonne passe le 27 avril. Beï ira.

18 mars 1956

Terminé Courrières.

19 mars 1956

Coup de fil de Collin qui est chez Dante.

20 mars 1956

Déjeuner avec Diwo et Toussaint chez Pescel, rue de Tournon. Toussaint veut faire avec D. Paps une collection « Vouloir ». Je ferai nominalement le « Sahara » avec Louis Armand, mais ce serait Collin qui l’écrirait. Vu Gatti et Danielle et Collin, venu en scooter de Mirabeau. Il accepte la proposition de Toussaint.

21 mars 1956

Cherché le père Évanno à la gare. Concert « Domaine musical » : Dante, Bernard, Paule, Jacobs, les Toussaint, Flinker. Au programme : Webern, Nono, Stockhausen et « Le Marteau sans maître ». Petrus en habit et souliers neufs dirigeait. Visage pâle, tendu, fatigué. Transpiration. Le petit doigt des mains levé. Sans baguette. Cantatrice en violet (M.-T. Cohn), applaudissement, acclamations. Petit speech à la fin : « On fera mieux l’an prochain ». Sa sœur est là.

24 mars 1956

Gatti : « Je suis naturalisé ! ». Collin : « Robert Toussaint m’a donné le matériel pour le livre d’Armand ».
Coup de fil à minuit de Collin. Les Gatti sont au cinéma – et il ne sait pas comment fermer la chaudière à gaz : « C’est terrible, tout est rouge et les chats gueulent ! » Mais je ne connais pas la chaudière.

27 mars 1956

Remis chapeau Guillaume le Conquérant (Churchill).

3 avril 1956

Premier jour avec mon beau-frère Éric, 6 ans. Dîner avec Beï chez les Gatti (où Collin est toujours). Réconciliation approximative de Danielle et Beï. Gatti, enchanté de France-Soir. On parle Staline, déstalinisation. Mme Saulnier a téléphoné pour un ami de K. qui cherche à le rencontrer, ledit ami arrivé de Constantine. Le père a été fusillé en représailles d’un assassinat de commissaire français. Il veut voir K. qui est le grand homme puisqu’il écrit à Paris – pour qu’il parle de ça.

4 avril 1956

Au ciné avec le beau-frère. Vu « la Chevauchée fantastique ». Coup de fil de Danielle : 2 places pour le Palais des Sports « le cirque d’ État de Moscou ». (Popov le clown). Artistes un peu contractés. Helmann là aussi.

8 avril 1956

La belle-mère revenue de Landividiau.

9 avril 1956

Déjeuner « Eden Roc » avec Toussaint, Diwo et Daniel-Rops. Projet livre Sahara accepté. Remis en outre le Maufrais (parce que sa nièce, une enfant, s’intéresse à l’histoire).

16 avril 1956

Remis papier chapeau à Cœur de Lion (Churchill).

17 avril 1956

Coup de fil de Robert. Rops a remis le Maufrais à Bronty : « J’ai là un manuscrit de tout premier ordre… »
1ère parution du Temps de Paris, 1er quotidien du soir sur demi-format réactionnaire (Ancelot, Escuret, Claustre, Serron, Monod).

18 avril 1956

Au procès des fuites, témoignage de d’Astier que Beranès traite d’espion et d’ignoble menteur. Tixier, de sa voix de basse étudiée, continue son opération contre la gauche mendésiste. Labrusse se défend avec véhémence et sincérité. Vu Escuret, Bernard-Deroyne, Théolleyre. Citation reçue aujourd’hui.

20 avril 1956

Richerot (directeur du Dauphiné libéré) envoie une lettre à Prouvost pour se plaindre que Menant le quitte sans vouloir faire son préavis et d’une manière impertinente après lui avoir dit que, de toutes façons, Match le paie depuis le 1er avril…

26 avril 1956

Départ pour La Baule. Hôtel des Dunes, dîner chez les Boesch. Vu les Boesch, les Drouet et Minou.

27 avril 1956

Déjeuner à Guérande. Audience à la villa Caroline. Journalistes de Paris (Cl. Gonon, Emmanuel Bromberger, etc.) Foule s’écrasant et violemment hostile à Mme Drouet. Minou là, un ruban dans les cheveux, jouant. Les témoins (Boesch, Mme Bourineau, et les gens de La Guerche). Beï bien. Marcepoil plaidant. Réponse de son vieux confrère de Nantes, le bâtonnier Bruant. Mais dans la forme, action irrecevable en raison de « vices » de rédaction.

28 avril 1956

Un an de Beï ! Déjeuner offert par les Drouet chez les Boesch.– avec les Bourineau. Mme D. ulcérée : 250 000 F de frais (100 000 à Marcepoil, 100 000 à Minot, les témoins, etc.) Nous offre cependant 30 bouteilles de blanc. Départ 16 h pour Angers. Dîner et coucher chez les Grumbach.

30 avril 1956

Enquête de Gatti dans F.S. « J’ai filé les détectives privés ».

2 mai 1956

Carte de Boulez (de Mexico).

3 mai 1956

Exposition Calder rue Bonaparte – m’invite à venir le voir à Saché (I. et L.)

5 mai 1956

Vu Gatti : il est satisfait à F.S. Otero lui a écrit qu’il va venir à Paris en allant à la biennale de Venise (une de ses toiles achetées par le musée d’art moderne).

7 mai 1956

Visite de Tito à Paris

9 mai 1956

Studio des Champs-Elysées. « Les Chaises » de Ionesco. Très bon.

11 mai 1956

Coup de fil de Mme Drouet pour photo éventuelle de Minou et de ses compositeurs (dont Boesch).

12 mai 1956

Mme Drouet déboutée.

13 mai 1956

Aux courses de Longchamp.

14 mai 1956

Carte de Boulez du Pérou.

15 mai 1956

Obolensky m’invite pour sa remise de la Légion d’honneur.

16 mai 1956

Prix Albert Londres, gare d’Orsay. Mauriès choisi (Farran battu, mais non nommé pour ne pas le gêner. F. a fait des impairs – contre lui, Martin-Chauffier, Helsey). En rentrant, rue Pierre-Charron, rencontré Navarro. Bu un verre.

18 mai 1956

Envoyé adhésion à amitiés franco-chinoises.
Avec Dante, chez Mme Arthuys, avenue Victor-Hugo où Obolensky fêtait sa Légion d’honneur. Beï, Jean Martin-Chauffier, Le Bailly, Diwo, Grunebaum et les grandes duchesses russes. König.
Aux Champs-Elysées, films chinois à l’occasion de la foire de Paris – avec introduction de Dante (cravate verte) sur Mei Lan Fang et le théâtre chinois. Les gens s’en vont au fur et à mesure que le film se déroule. Vu Saby, Jacobs, Kateb ivre (fraternisant avec un garde et déplorant sa « stérilité »), les Toussaint, Paule Thévenin. Rentré minuit.

20 mai 1956

Un scandale ! Fuites : Mons et Boranès acquittés, Labrusse 6 ans de prison ! Turquin 4 ans. Les fascistes, amis de Tixier-Vignancourt acclament. Georges Arnaud blessé par eux.

23 mai 1956

Vu au studio Etoile : « Nuit et brouillard » d’A. Resnais et Cayrol. Puis un film sur Mauriac.

27 mai 1956

Chez Béghin à Condé-sur-Iton (100 Km). Les Diwo et les Clark. TV : finale de la Coupe de France.

28 mai 1956

Bernard chez lui. Il m’offre une gouache. Paul Jacobs désespéré : rien ne va plus entre eux ! Avec Dante et Bernard à Orly : arrivée de Mercédès et Otero (angoissé, c’était son premier avion et il y avait eu un incident et 24 h de retard). Il va à Venise exposer à la Biennale. Canicule.

30 mai 1956

Coup de fil de Dante : il est licencié de F.S. (compression de personnel, disent-ils – en fait, sûrement une raison « politique).

31 mai 1956

Vu Dante 18 h chez lui. Il cherche à savoir – je téléphone à Jeff qui va lui aussi s’enquérir. Envisagés : F.T., Progrès, Paris-Normandie, Constellation. (Danielle enceinte, appartement trop cher (40 000).
Cocktail du Seuil avec Dante : vu Flamant, Cayrol, etc. Au retour, parlé avec Dante de mes projets littéraires et de mes hésitations. Il dit : « Je crois en toi ».

2 juin 1956

Verdict Denise Labbé : perpète. Algaron : 20 ans.

4 juin 1956

Coup de fil de Dante. À F.S., Cohen l’a reçu grossièrement. Ce serait inexplicable s’il n’y avait pas la raison « politique » derrière. Déprimé par cela.
Au cinéma Ternes « La Fureur de vivre » (Rebel without cause) avec James Dean. Bon, bien qu’un peu poussé vers la psychanalyse.

5 juin 1956

Beï chez Villey qui lui dit : « Ce sera un garçon ».

12 juin 1956

Prix Armorin. Déjeuner cercle Interallié : Goulon, Sevry, Jeff, Wolff et secrétaire Heley. Elu : Yvon Hecht pour Jeunes loups.

14 juin 1956

Fait un papier – de Le Bailly sur l’éternel Townsend.

15 juin 1956

Avec Beï, Gilbert et Jacqueline, au Châtelet : le Lac des cygnes par la troupe soviétique Stanislavski.

16 juin 1956

Avenue Victor-Hugo inauguration par Kœnig d’une plaque à la mémoire d’Arthuys.
Reçu livre de Kateb : « Nedjma ».

17 juin 1956

7 h pont de l’Alma. Automoteur Melissinde, patron Le Mat – départ pour Rouen. Déjeuner à bord. Escale à Bonnières. Invité Le Mat à dîner. Couché à bord. Le matelot a une fille qu’on n’a pas vue. Ecluses ! écluses ! Achevé « Le Lys dans la vallée » – bercé par les vaguelettes de la Seine, à défaut de la Loire.

18 juin 1956

Ecluses ! écluses ! On fait du 16 à l’heure. Toujours pas vu la fille du matelot. Rentré en train de Rouen.

19 juin 1956

Froid, pluie. Mère : rhumatismes, Henri : ulcère estomac, Grand-père : expulsé, Gatti : licencié, etc.
L’Humanité publie une déclaration du PC protestant contre le « rapport Krouchtchev » et défendant Staline.

25 juin 1956

Acheté layette avec Beï. Vu le soir Dante (Bernard là). Il termine l’enquête pour F.S. qu’il quitte en juillet, mais pour continuer à lui donner des papiers (ce qui ne « compromettra » pas estime le journal).

26 juin 1956

16 h 18 train du Havre pour la Colombie – Maufrais – valise, sacs légers. Fatigué mais vif, toujours en congé. 56 ans, montrant la photo de son fils par la fenêtre du wagon. Son escorteur, jeune blond (« Il a la vocation », dit-il), Daniel Thouvenot, 19 ans.

28 juin 1956

Coup de fil de Toussaint : le Maufrais retenu.

29 juin 1956

Grèves et émeutes à Poznan – morts et blessés.

1er juillet 1956

Fini « Nedjma ». Très beau et original malgré le substrat faulknérien. Lu « Témoin parmi les hommes » de Kessel (reportages), puis « À la recherche de mon fils » de Maufrais.

3 juillet 1956

Depuis 3 jours, une voisine beugle contre la concierge – démentiellement, sans arrêt, sans reprendre souffle. Reçu contrat Fayard. Lu « Ecrits » de T. Herzl, continué « Education sentimentale ».

5 juillet 1956

Du « Temps » coulé, beaucoup viennent pour entrer à PM. Difficile (Martin, Ancelot). Raccourci du tiers un papier du Cartier sur Las Vegas (les jeux).

9 juillet 1956

A.P.M. on déménage demain du 1er au 4e.

10 juillet 1956

4e étage à PM remis à vendredi. Bordel complet, jalousies : il y a ceux qui ont des bureaux et les autres, ceux qui ont de la moquette et ceux qui n’en ont pas…

12 juillet 1956

Le soir, chez Dante, réunion d’adieu autour de Otero qui part pour Rome rejoindre Mercédès, puis le Vénézuéla. Bernard fatigué. Paule – Robert – nous deux – Discussion sur le stalinisme et la déstalinisation et le drame et le désespoir des communistes. Cadeau d’Otero : un hochet d’osier, garni de graines.

13 juillet 1956

Pagaille à P.M. déménagement.

14 juillet 1956

Pas de bals, ou peu : Algérie. Otero parti pour Rome. L’ai raté à la gare.

15 juillet 1956

À 9 h clinique rue Lebouis. Temps gris avec bouts de ciel bleu. Paris désert. Prévenu Gilbert au marché. 13 h 05 : une fille ! L’enfant se présentait mal. Chloroforme. Prévenu tout le monde. On l’appellera Ariane. Téléphoné à Gatti.

16 juillet 1956

3 fois à la clinique. L’enfant est belle : nez et oreilles de Beï, cheveux noirs, yeux ? Téléphoné Toussaint, Saby, Lévy.

17 juillet 1956

Visite des Menant. Les Gatti enrhumés viendront plus tard voir Ariane.

21 juillet 1956

Visite de Gilbert, Jacqueline, les Scotch, Monique.

24 juillet 1956

La Beï rentrée à 19 h avec Ariane.

26 juillet 1956

La petite mange mal.
Le paquebot Andrea Doria coule, éperonné près de la côte E.U. Nasser nationalise le canal de Suez.

29 juillet 1956

Fait venir un ami de Toussaint, le Dr Philippe Thibault, pédiatre.

30 juillet 1956

Visite de Danielle et de Bernard.

31 juillet 1956

En 15 jours, le poids de l’enfant est passé de 2,880 à 2,460 !

1er août 1956

Petite amaigrie, pâle, abcès à la tête. Thibault venu à 16 h. Hôpital des enfants malades. Ma voiture prêtée à Gilbert. Recherche d’un taxi. Pluie. Admission au pavillon Charles Foix.

2 août 1956

Enfants malades de 9 h ½ à 11 h 1/2, à attendre le médecin. Colère, éclats dans les couloirs.

3 août 1956

Chez Saby avec Gilbert pour prendre une aquarelle (Paul au mieux avec Petrus dont il va jouer les Structures). Dîné avec Beï chez les Gatti (lui, part pour Bargemon avec la Triumph de Saby, elle, va à Quiberon voir Stéphane).

4 août 1956

Lis « Tristes tropiques » de C. Lévi-Strauss.

5 août 1956

La petite mieux. L’infirmière parle d’un colibacille.

6 août 1956

Thibault satisfait : Ariane prend du poids.
Otero de Saby, en voyant ses œuvres : Il est sauvé !

8 août 1956

Hier, cinq camions de dynamite explosent à Cali (Colombie) : 1 000 morts. Près de Charleroi, 275 mineurs prisonniers.

12 août 1956

Ariane : 2 Kg 750. Beï pleure parce qu’elle a peur de la guerre (à cause de Suez). Nasser refuse d’aller à Londres, mais propose autre chose.

13 août 1956

80 corps découverts à Marcinelle.

14 août 1956

Paris, remarque Beï, est livré aux N. Afr. – question de niveau social : ceux qui prennent des vacances et ceux qui n’en prennent pas.

17 août 1956

Aux Enfants malades : Ariane a perdu 75 gr. en un jour. Radio

21 août 1956

Lettre de Mme Drouet, mère de Minou. Lettre de Dante (de Borgemon) : 1) il a terminé sa pièce – en souhaitant qu’elle ne ressemble pas à du Brecht. 2) Saby a besoin de 10 sacs. 3) Ils ont eu un accident de moto.

22 août 1956

Envoyé fric Borgemon. Lettre désolée de Collin, au bout du rouleau.

23 août 1956

Envoyé 10 000 à Collin.

25 août 1956

Sous le pont Berthier des flics, stoppant une voiture devant moi, m’obligent à bloquer : une 2CV me cogne. Contravention aux 3 voitures !

27 août 1956

Parlé avec Sabathier-Lévêque (intelligent sodomite s’il ne maniait le paradoxe à longueur de journée).

4 septembre 1956

Beï triste – toujours le sentiment qu’elle n’est pas faite pour être à la fois épouse et mère… Venus pour reprendre Ariane : non elle ne grossit pas normalement. Emprunt pour l’Algérie, à conditions exceptionnelles. Avais songé à en prendre, mais réflexion faite, je ne désire ni encourager l’effort de guerre, ni gagner un intérêt sur cette saloperie.

5 septembre 1956

Avec Dante, revenu du Midi, à Ville-d’Avray chez Chris Marker qui quitte sa maison : un bric à brac étourdissant. Il donne à Dante une armure médiévale, une armure japonaise, une chaise ancienne, etc. J’emporte un sabre et 2 figurines africaines.

6 septembre 1956

Le médecin recommande de placer Ariane dans une pouponnière d’Auteuil.

8-9 juin 1956

Honfleur, Bourgtheroulde, Villequier – cimetière. Caudebec.
Gatti à Helsinki avec Kessel.

12 septembre 1956

Chez Dante. Lu « Quetzal », la pièce de Dante, écrite en 3 semaines à Bargemon : l’infanticide, arme contre le conquérant. Magnifique. Le général (compromis d’Elfego, d’Ulico et de Castillo Armas), porté, en voiture, sur les épaules indiennes – les arbres où enfants – la définition de la phrase indienne (pleine de symboles et de métaphores : auto-moquerie).

13 septembre 1956

16 h : chez Dante pour lui remettre le manuscrit et le féliciter. Quelques corrections de détail à lui proposer. Sa table dans la grande pièce, au mur, un tableau de Bernard, deux statuettes appuyées au mur, 3 chats, tabac, cendres, fouillis.

15 septembre 1956

Beau temps enfin. Yom kippour. Avec Beï, ambassade du Mexique : fête nationale. Vu Sirol, Melle Gonçales et présenté à Soustelle et Lehmann (musée de l’Homme).

17 septembre 1956

Carte de Billard (à Tahiti). Téléphone Thibault, transporte la petite des Enfants malades au centre Paul-Porquert, bd de Courbevoie à Neuilly (île de la Jatte). Visible le dimanche seulement.
À 18 h chez les Marchal, pas vus depuis longtemps. Le commandant a la jambe fatiguée, craint la paralysie.

18 septembre 1956

Envoyé 10 000 à Collin.

19 septembre 1956

Parti pour Bâle à 9 h.

20 septembre 1956

Berne, Genève, Annecy.

22 septembre 1956

Grenoble, train pour Menton.

23 septembre 1956

Casino : gagné 1 000 F à la roulette. Lis le théâtre de Brecht.

25 septembre 1956

L’hôtel nous casse les nerfs. Décision prise : on s’en va demain. À Monte Carlo, Caillaud en vacances. Au casino gagné 1 000 F.

26 septembre 1956

Lettre de Toussaint ; lettre de Vignon, préfet de Grande-Kabylie, m’invitant à Tizi-Ouzou. Coup de fil de Bernard. Train pour Toulon.

27 septembre 1956

Rêvé curieusement de Tahiti, y rencontrant le Dr Billard (oppressé par un secret impossible à dire) et lui affirmant, en rêve, que je ne pouvais pas être en même temps à Tahiti et dans un autre territoire ( ?) auquel j’avais dû rêver au sein du grand rêve.

30 septembre 1956

Bandol avec les Évanno.

2-3-4-5-6 octobre 1956

La Seyne. Le Lavandou –Bernard, descendu à moto de Bargemon. Déjeuner à la Calanque puis à St-Tropez, chez Sénéquier. Mistral.

8-9-10 octobre 1956

Annecy, puis Genève en voiture. Annecy. Gilbert, arrivé par le train de 6 h 55 nous ramène à Paris. Toujours le genou enflé.

11 octobre 1956

Au journal : Bonheur me parle d’une réorganisation du journal et me demande si j’accepterais un « poste » ? Oui, dis-je, mais avec personne d’autre que vous-même.
Dubois démissionne de son poste d’ambassadeur au Maroc et entre dans le groupe Prouvost-Paris-Match… De l’espoir pour Gatti définitivement remercié de F.S. (c.àd. passé au rang des vedettes à la pige après entretien avec Lazareff). Sa pièce a enthousiasmé Serreau et le Seuil. Kateb a cessé de se saoûler et travaille.
Gatti part pour Vintimille escorter les Orano qui retournent en Italie après de nouvelles et tragiques aventures.

13 octobre 1956

Collin à déjeuner. Il est venu à Paris pour entrer dans l’équipe du « Journal du Matin » qui ne paraîtra pas (à cause du manque de papier ou d’argent). Il cherche. J’en parlerai à Gaston.

14 octobre 1956

À la pouponnière, vu Ariane : pas très bonne mine – éveillée, mais…

15 octobre 1956

Papier sur Anne Frank.

17 octobre 1956

Revu épreuves du « Maufrais ». Vu Dante chez lui : ses projets de reportage pour l’agence de Delmas (scoop ?).

18 octobre 1956

Visite de Chateauneu, à la recherche d’une situation. Boutteville id. Obolensky intercédant pour 60 000 par mois et Martin réclamant pour ses indemnités. Orano en Italie entrera dans un hôpital pour lépreux.

19 octobre 1956

Téléphoné à Toussaint pour lui lire mon projet de « prière d’insérer » : « Très bien, dit-il, on mettra les superlatifs ». Corrigé épreuves Maufrais.

20 octobre 1956

En Pologne, comité central agité : réintégration de Gomulka, jadis épuré, tendance nationaliste anti-russe et naturellement anti-soviétisme… Krouchtchev à Varsovie.

21 octobre 1956

France bat l’URSS football 2-1

22 octobre 1956

Expédié 50 000 à Saby pour le déménagement de ses toiles d’exposition.

23 octobre 1956

Les 5 chefs de la résistance algérienne arêtés en avion : l’avion, venant de Rabat se rendant à Tunis (pour la conférence sultan-Bourguiba-FLN) se pose à Alger.
Avec Dante, chez Labarthe. Il demande, avant de l’admettre, de voir ses papiers de Chine.

24 octobre 1956

Révolte armée en Hongrie. Nagy, nouveau président, appelle les troupes russes. En fin de journée, reddition partielle.
Dante déçu de son entrevue avec Labarthe : « il a besoin d’un voyage, c’est tout ».

25 octobre 1956

Dante en meilleures dispositions, Labarthe amical. Tous les Gatti à la maison : Danielle grippée et fatiguée (accouche en décembre).

27 octobre 1956

8 h départ en voiture, Beï et moi, pour Saché-Balzac. Calder au Moulin Vert, avec sa femme, sa fille, son gendre Jean Davidson et son petit-fils (15 jours) Shawn. Déjeuner, évoqué Otero, parlé politique ; Calder nous fait voir le château où est né Balzac, nous y promène. Me donne une gouache et fabrique une broche-spirale dans son atelier pour Beï. Il m’enverra d’Amérique un mobile à la maison.
Davidson : Armorin, Prémonville et Turenne chez la voyante d’Hitler. À A. et à P. : la mort !

28 octobre 1956

En Hongrie, les insurgés l’emportent. Pouponnière.

29 octobre 1956

À 20 h, salle MGM rue Condorcet : « Van Gogh » pour un papier dans P.M. Bonheur appelé pendant la projection : les Israéliens ont attaqué l’Egypte et marchent sur Suez. On parle d’un plan secret israélo-franco-anglais pour la réoccupation du canal. Confusion à Budapest.

30 octobre 1956

Confirmation du scénario : France et Angleterre somment E. et I. de se retirer du canal et de les laisser l’occuper. Les USA portent l’affaire au Conseil de Sécurité.

31 octobre 1956

France et Angleterre opposent leur veto à la résolution américaine condamnant Israël. Black out sur les nouvelles.
Pedrazzini blessé gravement à Budapest. Les Russes annoncent la révision prochaine des rapports les liant aux démocraties populaires.
Chez Dante, dîner avec Beï, Paule et le Dr Thibault : la situation politique, la littérature. « Petrus a soupçonné chez vous, Bernard et Dante, quelque ennui de le voir, lui, connu ».

1er novembre 1956

La journée d’hier : sous le signe des couilles. Titres de journaux : « Retour à la virilité » – Conversations à P.M. : « On a montré qu’on a des couilles au cul ! », etc.

2 novembre 1956

Défaite totale des Egyptiens au Sinaï. Gaza capitule. À Budapest, les Soviets amènent des chars.

3 novembre 1956

Vu Dante qui me confie son manuscrit de roman pour révision.

4 novembre 1956

Conduit Beï et sa mère à la gare pour Landivisiau. Les Russes attaquent à Budapest ; le gouvernement Nagy abattu.
Dans un documentaire sur les événements du Proche-Orient vu Pearlmann, porte-parole de l’armée, inchangé…

5 novembre 1956

Parachutistes anglo-français à Port-Saïd. Achevé « René Leys » de Segalen.

6 novembre 1956

Quasi ultimatum soviétique sur l’Egypte. L’atmosphère s’alourdit, s’alourdit. On commence à réaliser qu’on n’est pas loin du coup dur… Position difficile à Port-Saïd. Je dis à P.M. que si l’affaire n’est pas réglée dans les 3 jours, ce sera la guerre. Il y a d’ailleurs des signes : raréfaction de l’essence, sucre, tabac ; hausse de l’or, baisse des valeurs, etc. A 20 h : Cessez le feu. Tout est arrêté pour l’instant. En Hongrie, ce n’est pas fini, hélas !

7 novembre 1956

Pedrazzini mort ce matin à 5 h.
En train de lire attentivement, à la loupe, le roman de Dante en manuscrit (suggestions et corrections de chaque chapitre sur une feuille).
Politiquement « déprimé ». Et triste. Et honteux du sang de Budapest. Grand trouble chez les communistes. Roy, Vaillant désapprouvent. Aragon hésite, etc.
Manifestations pro-hongroises. Des groupes de nervis mettent le feu au P.C. rue de Chateaudun.

8 novembre 1956

Cirque de Pékin à l’Olympia. Très beau.

9 novembre 1956

À 1 h, après souper, St-Philippe-du-Roule : veille du cercueil de Y.P. Pedrazzini avec Hermsbostel. Obsèques à 11 h : beaucoup de monde.
Sartre rompt avec le P.C. Hier soir, manifestations communistes.

10 novembre 1956

Tension toujours grande. Concert « Domaine musical » salle Gaveau (Stravinsky et Webern), avec Beï. Vu Flinker, Bernard, Paul Jacobs (sur scène), Paule Thévenin, Dante pas là, ni Boulez qui, réveillé trop tard à Munich, prit à tout hasard un avion pour Zurich, où il est encore… De retour, dîné avec Paule rue St-Honoré chez un traiteur italien. Sujet : la crise du communisme. Elle triomphe (sans modestie).

11 novembre 1956

De 17 h à 23 h, Lutetia. Fiançailles de Gilbert et Jacqueline. Grande salle, grand buffet, grande assistance, orchestre, deux quêtes pour Israël (42 000 F). Incident : Gilbert refuse la bénédiction rituelle et menace de s’en aller.
Fin de la résistance en Hongrie.

12 novembre 1956

Jean Roy tué hier soir par les Égyptiens avec un Anglais.
Bilan : Bromberger tué dans les escaliers – Forestier en auto – Pirey suicidé – Rigade fou – Ped. et Roy tués – Mara Scherbatoff – Pottier blessé – la femme de Descamps suicidée. Etc.
Chez Dante avec Menant. Collin me remet son premier papier sur Van Gogh. Gatti fait un papier pour l’Observateur sur les répercussions populaires des événements. Il décroche d’avec les Lettres françaises.

13 novembre 1956

Plus de sucre, ni de café, ni d’huile chez les épiciers, sauf au compte-gouttes. « Psychose de pénurie » disent les officiels.
À midi, Obolenski à déjeuner. Vu Helsey à 16 h qui veut écrire un papier sur les journalistes morts au travail. Le soir, dans le bureau de Gaston, Dubois qui se fait présenter les présents. Il me reconnaît. Sitôt le dos tourné, « on » déblatère mais on est assez inquiet.

15 novembre 1956

Avec Menant et Sabathier, au cocktail du Seuil où nous rencontrons Dante, Collin et l’Espagnol guatémaltèque. Dante : « Ils refusent le roman ». Une catastrophe pour lui.

16 novembre 1956

Coup de fil de Bernard : son expo le 20. Il est désolé de ce qui arrive au gros (qui s’est couché et ne veut voir personne). Pense qu’il devrait publier des morceaux dans les revues et ne publier qu’après les pièces.

17 novembre 1956

Avec André Renevey, au commissariat de Deuil : il a éraflé un cycliste qui était malheureusement le commissaire lui-même…

18 novembre 1956

Lu 5 parties du roman de Dante. À la pouponnière, Ariane très bien : 4 Kg 685.
À 18 h avec Matias au Ritz chez la Begum. Sorti 19 h 30 après avoir beaucoup bavardé et recommandé subrepticement Saby (et l’avoir aussi cité à Matias qui dîne chez Rothschild).

20 novembre 1956

Remis papier Pu Yi de Collin.
Chez Dante 18 h. Parlé de son roman refusé au Seuil. Il a vu le type qui organise un voyage en Corée. J’en serai.
À 18 h 30, galerie du Dragon vernissage Saby avec tout le monde. (Dans le catalogue, mon nom figure dans les « collections » où se trouvent des Saby. Voilà un honneur non prévu.)

21 novembre 1956

Réflexion : je suis l’ami du mort – Et moi, Monsieur, je suis l’ami de tous les morts.
Invalides : obsèques de Jean Roy. Venu avec Helsey. Parti avec Rognoni, Menant, Sabathier. Livre paru.
Le soir, dîner avec Max Drouin, sa femme, sa sœur, Gilbert, Jacqueline, Charlie à Clichy. Max ébranlé par les événements. Contre l’intervention soviétique en Hongrie : veut lutter pour la démocratisation du P.C. par l’intérieur. Sinon, songe à démissionner.

22 novembre 1956

Lettre incroyable de Mme Collin qui se plaint d’être abandonnée (le couple Gatti séquestre son mari qui est l’amant de la « femme Gatti » !). Elle n’a pas d’argent et veut divorcer, etc., etc. Triste, O combien !

24 novembre 1956

Chez Dante – pour lui montrer les corrections à faire sur le roman. Il me raconte le scénario qu’il a fait pour

27 novembre 1956

Pénurie d’essence.
Vu « La Traversée de Paris » avec Gabin et Bourvil. Cynique et vrai.
Tickets d’essence décidés.

29 novembre 1956

À Europe 1, émission la Coupe des reporters. Je suis du jury avec de Galard, etc.

1er décembre 1956

18 h vu à son hôtel (Odéon) Sabathier, fatigué et malade. Il me donne son livre. Conversation sur PM.

3 décembre 1956

Vu Solques qui doit faire un article publicitaire sur moi (commandé par Puyaud). Interview.

6 décembre 1956

Émission Europe 1 : coupe des reporters.
Paule téléphone : Danielle a eu une fille, 3 kg 700. Dante plus tard : « C’est un désastre ». Elle s’appellera Corinne.

7 décembre 1956

Vu Danielle et Corinne à la clinique – Dante et G. Auclair. Reçu lettre de Christine Croizard qui m’explique la situation : elle ne m’appelle pas au secours d’elle-même mais de Maurice.

8 décembre 1956

Soirée chez Gabriel Forest (cocktail d’auteurs car ce cousin des Toussaint, nouveau directeur de Fayard, n’en connaît aucun). Là Louis Velle, sa femme Frédérique Hébrard, fille de Climson, lauréate d’un Prix ce jour-même, les Diwo, des vieux débris de l’Action française – et Thérèse de St Phalle, barone de Dronas qui habite la maison de Michaux. Wiskey – Rentré, la tête lyrique à 2 h.

11 décembre 1956

Déjeuner Gatti à Clichy. Menant a une fille Anne.

12 décembre 1956

Deux accidents dans la journée : à 10 h, quai de Puteaux (en emmenant réparer la T.V.), l’autre à 19 h 30 place de l’Etoile. La Frégate n’est que bosses.

13 décembre 1956

A 11 h avec Bernard (me donne une gravure, épreuve de l’artiste), puis chez lui et content et heureux et lyrique (il a vendu des toiles – aux Rothschild !) à la galerie : là Hélène et Drouas.
Déjeuner Michel avec Bernard, Dante, Hélène, Collin, Petrus, Bernard et Stockhausen. Après, au Seuil, tamponné du cachet Gatti (en chinois) les services signatures de « Chine » avec Dante à côté. Puis, cinéma Cardinet : « Dimanche à Pékin » film de Chris Marker. Très bon. Vu Helman (a donné sa démission aux Lettres françaises), Clarke, etc. (Petrus en 1952 perdit le mouvement d’une symphonie à Cologne. En vain télég. à Stockhausen.)

14 décembre 1956

Hier soir, Menant me signale que Christine Croizard est morte – syncope ? Je pense au dîner, à la lettre S.S.du 7. Visite chez Croizard, déchaîné, défait, s’accusant. On allait la mettre en bière.

15 décembre 1956

Enterrement de Christine Croizard à l’église d’Auteuil.
Concert Boulez salle Gaveau : du Cage (rigolo, le pianiste tapant sur le piano, touchant les cordes avec une baguette), Stockhausen et Musique électronique de Cologne. Boulez en pleine forme dans son rôle d’annonceur (« Attachez vos ceintures » à propos de Cage). Vu Hélène et Drouas. Puis avec Paule chez Dante. Tableau de débâcle : lui grippé, Danielle désaccordée, deux chats morts, le bébé pleurant et Stéphane absent. Dîner Collin, Paule, les Toussaint chez Michel. Rentré tard.

18 décembre 1956

Europe 1 : vu Rognoni, Frédérique, Michel Sauvage. Fait papier Magloire, président haïtien déchu.

19 décembre 1956

Vu Prouvost qui me convoque pour refaire papier sur Dulles.

21 décembre 1956

Refait papier Hedrich sur Dulles. Dans le bureau de J.P., des pétroliers qui tentent d’empêcher la parution d’un article de Farran sur la crise du pétrole. Leur imprévoyance, leur cupidité !

22 décembre 1956

Vu Decaunes et Roger Benamou à la T.V. pour préparer l’émission grands reporters. Film Decaunes.

23 décembre 1956

Télévision : Izis en 1ère partie, moi en seconde. Bon, je crois.

29 décembre 1956

Déjeuner chez Michel avec Beï, Dante et Stéphane. Puis, achat de livres chez le père Flinker et chez Marchal ensuite (content de la réconciliation avec de C.). Il me remet le livre relié.

31 décembre 1956

Réveillon oblige : chez Luce, place Clichy. 4 500