Vers 21 h, cdf de Gatti, retour d’Israël. Hâte de parler. D’abord, mission accomplie pour la remise du livre de bord du « Guardian » (Th. Herzl) au musée des bateaux pirates. Pour le reste : « Mon impression : il n’y a plus de juifs en Israël… Hitler a gagné la guerre… Je me suis trouvé dans un État américain… Chez les cabbalistes, les religieux, l’accueil a été très très bien… Ce qui m’a mis K.O., c’est St-Jean-d’Acre. On y joue une pièce (« Arbeit macht frei »), je l’ai vue. Le plus grand succès théâtral d’Israël. Tout y est, des recettes à la Grotowski, etc. Mais sur Auschwitz ! … La bouffe, l’exhibitionnisme, la masturbation, le sadisme – pas symbolique, réel sur le théâtre… Il y a eu quand même le bouleversement de Jérusalem, c’est la ville où il faut vivre. Dans les trois asiles psy de la ville, 80 % des malades ont le « syndrome de Jérusalem » : ils sont fous de Jérusalem…
Après le coup de téléphone, je me suis mis à penser à ma propre impression de Jérusalem – et des lieux en général. Découverte : je n’aime pas le mur (mais les bateaux), je n’aime pas la montagne (mais on a des alpinistes), je n’aime pas Jérusalem (mais les « fous de Jérusalem »), je n’aime aucun lieu, aucun paysage sauf si c’est celui d’un visage splendide ou ruiné. Et si j’aime Lhassa, c’est justement, ou précisément parce que ce n’est pas un lieu mais un rêve.