Touche ce matin premier salaire de cinéma : 80 000 de « Cinétest » (pour « Sécurité sociale » de Mennegoz) – dont 40 pour Gatti.
Catégorie : mai 1958
Visite Rapina, fatiguée, et Sabathier, jubilant d’avoir reçu une invitation à dîner d’Oppenheimer.
Emeutes au Liban contre le président de la République pro-occidental. Le vice-président américain Nixon assailli, à Caracas, dans sa voiture (une tournée difficile pour lui).
Rébellion militaire à Alger sous la direction d’un général Massu, à tête de brute, « para » bien entendu. Le ministère de l’Algérie pris d’assaut, un « comité de Salut public constitué » qui envoie des messages au Président refusant d’obéir. À Paris, le gouvernement Pflimlin passe de justesse, grâce à l’abstention des communistes (274-129 voix).
Situation aggravée à Alger où le Massu élève encore le ton. Black-out – Radio Alger aux mains des rebelles. Coup de force fasciste typique, message sur message, Marseillaise, etc. Merlin, venu me prendre sur sa vespa pour aller déjeuner avec Ferran, Hanoteau, Ch. De Rivoyre, Haedrich chez Maxim’s (sujet : un journal à faire à 6 ou 7, ce que j’ignorais au début, croyant qu’on allait parler de P.M.). Paris calme sous une chaleur épaisse et orageuse. Maxim’s tranquille (Castans dans un coin avec le comique Reynaud, son interprète. On parle d’Alger, mais « à la blague ». Incorrigible légèreté gauloise… Merlin me dit : « J. Lantier, mon maître ès journalisme, me racontant comment Constans mit à la raison le général Boulanger, mirliflore », etc. Déjeuner : 4 500.
Alger calmé. Salan chargé de maintenir l’ordre. Massu protestant qu’il n’est pas un « général factieux ». Les Russes ont lancé un 3e satellite.
De Gaulle annonce qu’il est prêt à prendre les pouvoirs de la république. Fouillé un peu dans mes archives : Colette, Claudie, J. L. etc ?, etc. Quelle impression – une pièce, un roman. L’intervention de De Gaulle – inattendue – complique et gâche tout. Visite de Diwo assez pessimiste.
Pflimlin demandera à 11 h « l’état d’urgence » très proche de l’état de siège. La tension grandit.
Soustelle à Alger. Ça retombe. Lundi, de Gaulle fera une déclaration.
Guérin venu. La faculté m’autorise à marcher plus souvent et sans cannes d’ici quelque temps. Me voilà presque guéri.
De Gaulle a parlé : 6 minutes de déclaration et questions. Il a vieilli d’apparence et de voix. Il ne condamne pas les rebelles et prendrait le pouvoir à l’aide d’une procédure exceptionnelle. F.S. raconte comment Vignon, préfet de Tizi-Ouzou, a résisté aux comiteros de son coin.
Détente très nette. La Bourse remonte.
Bellanger m’envoie encore du papier bleu. Nous avions envoyé l’huissier faire une saisie dans l’espoir que le P.L. introduirait un référé. Ils ont choisi « l’opposition sur commandement » – ce qui, d’après Stilbe peut nous mener à 6 mois.
Stilbe introduira quand même un référé – et, après si nécessaire, une action pour procédure abusive. Ecrit à Vignon à Tizi-Ouzou pour le féliciter.
Hier, audition du « Visage nuptial » de Boulez et vernissage Saby. Dante y a été. Très content de l’un et l’autre. Saby a vendu déjà trois toiles. Dante un peu démoralisé par le jugement d’un lecteur du Seuil, nommé François Wahl, sur son roman : « C’est de l’avant-garde d’il y a 25 ans ».
L’Express paru : Mauriac et Amrouche résignés à de Gaulle, Sartre et Mendès contre.