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1962

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’etat civil.
Né en 1922 À Hayange  en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot « chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total » .
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de Ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

2 janvier 1962

Téléphoné J.J. Parlé des pièces de Dante (deux à la fois jouées à Lyon).

3 janvier 1962

Déjeuner chez Michel : Robert Toussaint, Michaud et nous, Beï et moi. Proposé deux collections (jeune histoire et 20 ans en…) à condition que Caputo s’en occupe.

7 janvier 1962

Le soir, J.J. et Gisèle rue Custine pour y dîner. Fin de soirée : on joue au Mikado. (Gisèle encore ulcérée par la « trahison » de Dante qui a donné, sans le dire, une autre pièce à Planchon.)

11 janvier 1962

Emission TV de Roger Stéphane sur Proust (témoignages de C. Albanel, Cocteau, Mauriac, Berl, Morand). Reproche !

12 janvier 1962

Vu Gaston avec les autres. Nouvelle maquette de Télé-Histoire.

14 janvier 1962

L’atmosphère politique – Algérie – s’alourdit. Beaucoup de gens que je vois, découragés, démoralisés.

16 janvier 1962

Bureau de Gaston. J.P. entre en trombe et, en passant, exécute Télé-Histoire. Un numéro de haute école : le patron, omnipotent, âgé et capricieux.
Vu Dante à dîner chez lui. Rentré hier de Cuba. Récit. Le film cubain à faire. Lui ai donné à lire l’introduction de l’Enclos.

18 janvier 1962

Au Biarritz « L’Ile nue », de Kaneto Shindo. Très bon, sans être le chef-d’œuvre annoncé. Rencontré devant le ciné Jeff Kessel qui rentrait chez lui. En blouson, mais fatigué ; de grosses rides sous les yeux. Il va à New York sur le France, voyage inaugural. Il y restera un mois.

19 janvier 1962

Tout est changé : PM dégringole, J.P. affolé cesse de penser à la télé. Il nous confie l’histoire de France (par quartiers de Paris et par provinces) à traiter dans PM. Gaston en hausse. Thérond tout juste inchangé. Le cirque continue.

22 janvier 1962

Un député (UNR) enlevé, puis retrouvé : OAS ? Rejeloux, gendre de A. Marie, dit que c’est un coup monté des gaullistes (Le Tac). Une bombe au quai d’Orsay : 1 mort, 15 blessés. OAS sûr.

24 janvier 1962

Mort de A. Lhôte. Des attentats au plastic partout. Quel gouvernement !

25 janvier 1962

Coup de fil de Chris. On ira ensemble à la première de Gatti, s’il peut, le 16.
Alité : rhume, décidément, je ressemble à la France…

27 janvier 1962

La Seyne, Menton

5 février 1962

Des astrologues indiens disaient que ce serait aujourd’hui la fin du monde. Mais de Gaulle doit parler. Dieu ne lui fera pas ça !

6 février 1962

San Remo, à Beaulieu, on joue l’Enclos – mais sans bruit.

7 février 1962

Déjeuner avec Beï chez les Caillaud avec le professeur de rhétorique de Dante – ravi de savoir son élève si bien parti. « Brillant, mais fantaisiste », dit-il.

9 février 1962

A.P.ris. Hier, une manifestation anti OAS a abouti à un bilan incroyable : 8 morts, tués par le service d’ordre ou étouffés dans les « bousculades ».
Au journal hier, Gaston a démissionné officiellement pour laisser place nette à Prouvost, rédacteur en chef effectif.

10 février 1962

Au journal après déjeuner. Vu la standardiste Cécile, qui paraît plutôt fragile (et me demande, sans le dire, une aide que je ne peux donner).
Chez Danielle : Dante encore à Lyon où c’est un festival. Conférences, embrassades, etc. Elle part avec les Toussaint et Saby. Mais sans doute avec Chris.

12 février 1962

Obsèques ce matin des morts du 8. 300 000 personnes ? (+ Chris). Grève générale. Pas de journaux, ni gaz, ni électricité, ni trains, ni métrobus.

14 février 1962

Chris – qui fait développer son film des obsèques – se désiste : il ira à Lyon vendredi par le train. Reste son amie Hélène Châtelain qui m’emmènera ainsi que Rodriguez. Puis, je me désiste. Le train aussi, mais demain.

15 février 1962

A Lyon 14 h. J.J. à la gare avec les Aster. C’est la guerre civile entre les deux théâtres. Dante écartelé. Je le vois à la Cité en répétition : Rosner met en scène. De là, avec Dante et Dominique en ville pour voir J.J. : il semble que je sois le conciliateur désigné. R.V. arrangé avec les Aster pour demain. Dîné. « Retrouvé » Dante au théâtre : véritable répétition en costume de la pièce. Planchon présent. Les allusions aux flics, aux magistrats tombent on ne peut mieux dans le climat de février 62. Après, retrouvé J.J. et les Aster au café. Dormi hôtel des Artistes.

16 février 1962

Répétition l’après-midi. Arrangé entrevue pour demain Aster – Dante. Vu Danielle, Saby, les Toussaint, les Fardoulis. Chris absent ; télégramme de Varda-Demy, Chris, Resnais, Klein, Anne Philipe. La pièce enfin. Mise en scène insuffisante, mais succès. Dîner aux Archers, après intermède de la valise.

17 février 1962

Déjeuner avec Gentillon, directeur des Célestins et Aster et Dante (pour la promesse qu’il fera deux adaptations de pièces ou nouvelles chinoises). A la CGT, allocution dudit Dante devant 50 jeunes. Très à l’aise, très peuple, très (hum !). Puis signatures de ses livres et surtout de celui qu’a apporté Toussaint : l’Enclos. 100 vendus. Répétition de Tatenberg à laquelle il assiste ; puis à la Cité où j’attends avec lui la fin de la pièce au café du coin.

18 février 1962

Déjeuner avec les Aster, J.J., Dante. Puis, avec Dominique, récit des entrevues. Pèlerinage sur les quais : la fac, le square Raspail. Retour, dîner à la Couronne. Apparition de Dante vers 20 h. Invitation d’Yvette qui tapine place des Célestins, a un enfant, une Fiat rouge et des copains. De là, au Grillon, puis encore à la Couronne où l’on retrouve le Dante. Re-torture de Dominique sous l’œil de son mari, d’ailleurs bon bougre.

19 février 1962

Rentré à 6 h avec Dante. Bain et train avec Dante et le vigoureux Rodriguez. L’après-midi, au journal où tout a encore changé : plus d’histoire mais des récits de guerre 39-40. Mort de Gautrat, avocat de M. Besnard : si elle avait été condamnée, peut-être eut-il survécu ?
La paix algérienne dans l’air. « L’accord est fait » (Paris Presse) ; « Accord France FLN pratiquement réalisé » (France Soir).

20 février 1962

Projet d’aller au carnaval de Cologne pour PM. Malaise de plus en plus prononcé rue Pierre-Charron. Départ de Glenn pour trois révolutions autour de la terre.

22 février 1962

Déjeuner « complot » chez Laurent (Chaland, Croizard, O. Merlin, Farran, le départ de Gaston. Que faire ?

23 février 1962

Déjeuner rue Custine avec Chris. Dante devait venir mais l’estafier Michaud et l’intendant Eddy l’ont mené dieu sait où. Chris va tourner un film science fiction : la Jetée. Cuba Si deviendra co-production : le producteur fera ses frais.
Au journal ensuite, Dante échevelé, sans cravate. Lui ai remis une carte de Calder et documentation sur Sacco et Vanzetti. Il me donne les directives minimales à opposer au groupe « Célestins » – ainsi que des indications sur la musique, à moi de trouver l’auteur.

24 février 1962

Coup de fil de J.J. : Gautier, critique du Figaro, a vu la pièce à Lyon ; très intéressé, paraît-il. En ai fait part à Dante. Le même qui avait assassiné le Crapaud.

26 février 1962

Le Figaro plastiqué hier. Aujourd’hui – sans aucun rapport – un article de Gautier « A propos d’une première chez Planchon ». Très pour. « Propos passionnant, appel à la poésie… réalisation qui atteint à la grandeur ». Déjeuner chez Dante. Lui, très content de l’article que je lui amène. Il part dans une semaine pour Cuba.

27 février 1962

Je devais aller, avec Dante, voir Gyomai ; à la clinique, on me dit que ce n’est plus la peine. Il agonise.

1er mars 1962

Enterrement samedi, à Thiais.
Corrigeant les épreuves des trois pièces de Dante pour le Seuil (Tatenberg, Planète provisoire, Auguste G), je retrouve son nom (Gyomais) comme juif et responsable.

2 mars 1962

Neige. Rapporté à Dante les corrections. Révision. Il en profite pour dédier Tatenberg aux 7 Weil. Déjeuné chez lui avec Eddy – qui relaie les Cubains, brusquement défaillants, pour financer le film.

3 mars 1962

Thiais, 49e Division. Enterrement de Gyomai. 25 personnes. Venus avec Dante, Rapinat, Obo et Chandet. Il y avait Croizard, Grunbaum, la fille Martin Chauffier, Irène Altman, Sydney Smith, Chabrun, Gobel – les deux femmes du pauvre G., dont la caisse était légère, légère. Ciel gris, les avions à réaction. Rien de triste, pourtant.

5 mars 1962

Le Prix Louis Lumière à Cuba Si.

6 mars 1962

15 h 15 . 33, rue Erlanger chez H. de Monfreid pour PM. Il repart en mer Rouge. 83 ans. Gauguin sur les murs.
17 h. Ecole normale de musique, Boulez : sonatine, 1ère sonate et les Structures. Boulez jouait, commentait et expliquait. Danielle, Bernard, la Paule et Butor (qui vient d’être éreinté pour « Mobile ») et Souvtchinsky.

8 mars 1962

Ariane au journal pendant que sa mère est chez le coiffeur. « Pourquoi que tu écris pas ? » That is the question.

9 mars 1962

Allé Bd de la Bastille : mais Danielle dormait. Dante était parti ce matin à 7 h pour Prague, de là Cuba. Il n’y avait que Stéphane et la petite.
Dernière mesure américaine : plus de relations postales avec Cuba.

14 mars 1962

Le cessez-le-feu, c’est toujours imminent.

15 mars 1962

Chez Danielle. Bernard y était. Ils avaient acheté des équipements d’hiver pour lui : il va à Auron avec Lazar. Il a assisté hier à une conférence de Kojève, dont il est encore extasié : le cynisme ! l’acuité ! la haine de la bêtise ! A et non A.
A devenant Non A= le grand problème

16 mars 1962

Lyon 14 h. J.J. à la gare. Revu au restaurant du quai les Aster, Dominique… Après, chez Liliane place des Terreaux. Dîner, puis « Cher menteur » aux Célestins (Casarès, Brasseur). Une leçon de cabotinage de Casarès. L’autre s’en sort tout juste. L’après-midi, lecture de l’Enclos (poème) par la troupe devant les représentants des associations et groupements.

17 mars 1962

18 h 30 – 20 h : répétition de Tatenberg à l’Académie. Puis, avec Dominique V., au théâtre de la Cité : répétitions de LA REMISE de Planchon. Très intéressé. Parlé ensuite avec Rosner et lui. Il est ravi quand je lui dis que j’identifie de Gaulle à son « Vieux ». Rentré. J.J. fatigué ne m’attendait pas. Voulais leur parler de Tatenberg.

18 mars 1962

Train pour Paris. Dans le train, puis le taxi, conversation sur l’imminence du cessez-le-feu. Toute la journée d’hier, on l’attendait. Mais l’OAS ? Mais le FLN ? A 18 h, bulletin spécial à la TV, cessez-le-feu.

19 mars 1962

Déjeuner à la maison : Segonzac, Chandet, les Pottecher. La guerre finit à midi : on a sablé le champagne.

20 mars 1962

L’OAS tire au mortier sur les musulmans à Alger. Morts et blessés.

23 mars 1962

Fait papier sur Eichmann, qui passe en Cour d’Appel à Jérusalem.
Révolte ouverte de l’OAS contre la police et l’armée. 7 soldats tués. L’armée ne risque plus de « basculer ». Bataille toute la nuit.

25 mars 1962

Bal el Oued toujours encerclé. Oran entre dans la danse. Juin aux arrêts : OAS, a-t-il écrit à Salan, « généreux mouvement ».

26 mars 1962

A Alger, l’après-midi, 75 morts et 150 blessés.

30 mars 1962

Chez Danielle où venait d’arriver la grand-mère Gatti : elle ramenait Annelaure et reprendra Clarisse. Dante ne tournera le film qu’en septembre ; il va rentrer. Son « Théâtre » sorti au Seuil. Tatenberg dédié aux « 7 Weil ».

31 mars 1962

Fait quelques lignes pour le programme de Tatenberg.

2 avril 1962

Envoyé à J.J. et Gisèle le texte pour Tatenberg (1 page dactylo)

3 avril 1962

Carte de Cuba : Dante confirme le 1er septembre pour le début du film et me dit de venir. Mais comment ? Vu Danielle : Eddy pas d’accord pour les propositions des Cubains. Je réponds à Dante.

6 avril 1962

Lettre à P. Brook (dans l’Express, il attendait, disait-il, l’auteur qui… l’idéal moderne).
Coup de fil de Michaud : signant l’Enclos à Nancy, invité à présenter le film par cinéclub, il est foutu dehors par le distributeur (un coup de Mme U). Negroni très mou comme d’habitude.

7 avril 1962

Vu Saby chez Danielle. On part vendredi pour Lyon. (Bernard content : il va dîner au Cercle militaire avec des amis de feu son père, puis fêtera l’anniversaire de P. Waldberg.)
Décidé de voter Da. Danielle : Leibovitch l’a fait condamner à 15 000 F d’amende pour ne pas lui avoir réglé 30 000. Cet acharnement porte la marque U.

9 avril 1962

Rencontré Rognoni rue François 1er, barbu et le poil gris, toujours éloquent, gesticulant et bourré de projets infaisables ou déjà morts.

10 avril 1962

Dîné bd de la Bastille avec Bernard, le Vigouroux, Rodriguez et les Auclair.
Chris me téléphone : est-ce que je connais quelqu’un qui pourrait, dans son film, jouer l’interviewer (après défection de Lalou – et Dante absent) ?

11 avril 1962

Vu au Seuil Caputo pour lui remettre Brésil. Triste et de plus en plus dégoûtée de son métier. Chevalier lui a proposé de l’aider à éditer des livres de photos, mais sans la payer « au début ». Lui ai déconseillé. Elle semble amère et revenue de beaucoup de choses – y compris l’amitié (qui ne fait pas ce qu’elle devrait).

13 avril 1962

En voiture avec Danielle et Bernard pour Lyon par les petites routes. Auclair dans sa voiture aussi. Tatenberg à 9 h. Première partie molle ; seconde parfaite. Musique de Betsy Jolas. Grands applaudissements. Tout le monde a paru satisfait. Souper chez Chevrier ! le soir avec tous, sauf Danielle. Puis le Progrès, la Couronne.
Jouhaud, général OAS, condamné à mort.

14 avril 1962

Déjeuner Danielle, Bernard, Georges Auclair, Bellour (qui demande des collaborations pour un projet à lui) chez Juliette.
A Villeurbanne, la Remise de Planchon, où l’acteur Planchon est grandiose. Après, aux Archers jusqu’à l’aube : J.J., Bernard, Auclair, Danielle, puis Planchon et Rosner. A la fin, Planchon, plein d’angoisse : « Faut-il amener la R à Paris ? »

15 avril 1962

Parti à 9 h pour Paris, sans Auclair qui file dans le Midi. Pluie et puis neige dans le Morvan. Autun, la cathédrale. Déjeuner avec l’abbé Grivot, devenu chanoine – et qui enchante la d’abord hostile Danielle et le philosophique Bernard. Carte à Planchon : il faut amener la Remise à Paris. Vézelay ensuite, trop bien gratté et nettoyé. Bernard derrière, enfoui sous les couvertures, fumant, ravi et béat.

16 avril 1962

Lettre de Cuba. Dante y avait la métaphysique triste.

17 avril 1962

Chez Bernard, avec JJ et Gisèle Tavet pour y voir ses « somptueux tableaux ». (Ils le sont, en vérité.) Puis dîner chez Danielle avec eux, les Michaud, Saby et Chris. Chris examine JJ : fera-t-il l’affaire pour son film « Printemps à Paris » ? Curieuse soirée entrecoupée de longs, de vastes, d’immenses silences.

20 avril 1962

Coup de fil de Chris. Il a vu, donc, JJ. Il l’utilisera autrement : parlant peinture devant des Saby – mais pas Saby (c’est moi qui ferait Saby !).
Salan arrêté. C’est la fin de l’OAS. Jouhaud sauvera sa tête, dit-on.

21 avril 1962

1er vrai jour de printemps. Déjeuner chez Danielle avec Bernard. Au café, Lazar. Puis en voiture au bois de Vincennes. Thé ensuite à la mosquée, le labyrinthe du Jardin des plantes et les arènes (jamais vues encore…).

22 avril 1962

Coup de fil de Chris : il tournera jeudi depuis ma terrasse.

26 avril 1962

De 16 h à 18 h, sur la terrasse. Chris et son équipe tournant une séquence de « Joli Mai » (Francis Lemarque, le chanteur compositeur, Sanson, P. Lhomme directeur photo). Très beau temps.

27 avril 1962

JJ à dîner à la maison. Demain, tournage chez Bernard.

28 avril 1962

9 h chez Saby. JJ, Chris et son équipe. Devant les tableaux, JJ s’adressant à moi (« le peintre ») ; je suis rare en réponse : cosa mentale, en legeis, ananké, etc. Bernard n’apparaît pas. L’après-midi, ils vont se livrer à des interviews dans la rue.
A dîner Bernard et JJ revêtu du poncho ; je parle du Mexique d’il y a sept ans (c’est aujourd’hui le 7e anniversaire de mon mariage).

29 avril 1962

Avec J.J., Beï et Ariane à la foire du Trône : je tire au pistolet. Révélation ! Dîner avec J.J. et Chris venu plus tard (avec une actrice de la troupe Serreau, tôt partie). Parlé du film, de chronique d’un été auquel on le comparera, du rôle de J.J., etc.

2 mai 1962

Lettre de Dante sur 4 pages avec une photo de Fidel, cigare aux dents. Plus explicite que les autres, mais toujours bouillonnant. Il a terminé le découpage de « El otro Cristobal », film, prépare « Los Cabreras » et est très content de ce qui s’est passé à Lyon.
Départ avec Garofalo pour Munich en train (interview de la femme d’Eichmann).

3 mai 1962

Au Regina de Munich, vu Kelber. De là, à la Société africo-européenne, bondée d’anciens nazis, où nous avons rendez-vous avec Vera Eichmann par l’intermédiaire d’un agent de cette compagnie (ancien para). C’est une grosse femme boursouflée et sotte, sentimentale et , comme il doit y en avoir par ici. Son mari est « innocent » – et son imbécillité est telle qu’elle se laisse photographier devant un écriteau portant « Dachau ». Papier dans la nuit.

6 mai 1962

Coup de fil de Chris qui cherche à joindre Jean Michaud qui part demain pour Cuba.

7 mai 1962

Temps d’orage : aussi à la boîte. Nous déménageons ces jours-ci pour aller au 4e.
Visite de Jean Michaud. Il ne part que jeudi. Il ne sait pas où en est le film. Eddy ne voudrait plus s’en occuper par excès d’honnêteté…

8 mai 1962

Téléphone Eddy. C’est bien cela. Il renonce. Chez Danielle. Lui ai donné 800 NF (Eddy va cesser de payer Dante). Vu Michaud et sa femme venus prendre congé : tout le monde assez inquiet sur l’issue de cette histoire – ici et à Cuba.
Je dois voir Joris Ivens qui a à proposer quelque chose sur un reportage sur Hemingway à P.M. Par lui, Dante m’envoie la flèche d’Olafi, petit objet charmant.

12 mai 1962

Dîné chez Danielle avec Bernard, Hélène, Lallier et H. Alkan (ces deux derniers devaient faire le film gatto-cubain). Parlé de la manière de redresser le courant après l’abandon d’Ulrich.

14 mai 1962

Des journalistes de Tel-Aviv viennent me voir : pour avoir des tuyaux supplémentaires sur Mme Eichmann.

15 mai 1962

Procès Salan : vu Pottecher qui me donne la carte. Déjeuner au Palais – avec Courtade, Cuisset et Haedrich. 200 journalistes, 3 postes de garde et de fouilles. Salan : insignifiant d’ailleurs. Il n’a pas parlé. Incidents et délibérations (compétence, instruction parfaite, etc.), à 18 h, c’était fini. Passé chez Contades en attendant son chauffeur (grèves métrobus). Vu sa femme, Evelyne et sa fille, rue de Rivoli (toiles non figuratives). Lui n’est pas idiot. Ce à quoi on s’attend toujours.

16 mai 1962

2e audience. Déjeuner avec Contades. Après divers incidents à la Tixier, Salan parle. C’est médiocre, dépourvu d’émotion, puis il déclare qu’il se taira. Premier témoin : Ailleret, le commandant en chef. Tixier s’en donne à cœur joie sur ce militaire savant et complètement dépourvu de « défense ».

17 mai 1962

3e journée : morne, malgré Coty gâteux ou peu s’en faut, Morin accablant, Coste Floret tonitruant. Première lettre d’insulte qui m’attend au journal. Anonyme.

18 mai 1962

Audience bâclée – pour moi : au journal, ils ont inventé un appareil pour photos clandestines (dans un bloc à écrire). Un certain Lentz, rédacteur, y est allé avec ma carte deux ou trois fois. Entendu les habituels couplets sur l’Algérie française (des Le Pen, Frédéric Dupont, etc.). Et Mitterrand, jadis traîné dans la boue par Tixier, aujourd’hui bien accueilli par celui-là : il déposait en chargeant Debré (bazooka). Coup de fil de Bernard inquiet pour Danielle et les enfants ; Dante au Diable…

19 mai 1962

Rien à l’audience aujourd’hui, sauf un aveugle de guerre qui remet un drapeau vert à Salan. Du grand guignol. Debré qui se défend assez bien et un effroyable parachutiste nommé Delarue (il avait justifié la torture – et, ici, il approuve la violence).

21 mai 1962

Vu TSP et F. Giroud à l’audience. Témoignages de Serge Groussard et du colonel Trinquier qui s’en prend à « un M. P.J. de P.M. qui a écrit des dégueulasseries sur le général Salan » ! Rentré à 20 h en taxi avec TSP et F.G. Pas d’audience demain. On a vu La Malène aussi, pitoyable et le général Dulac, lamentable. Seul général de Renquet a été « franc et loyal » comme disait Dominici.

22 mai 1962

Relâche au procès. Demain plaidoiries après réquisitoire et verdict. Des lettre de protestation au journal contre l’article sur Salan (il a porté terriblement). Discussion politique avec Hourtoulle : la ligne passait entre nous, dure, infranchissable.

23 mai 1962

Salan sauve sa tête. Dans la nuit une cohue, des cris, des flashes. Indescriptible. Rencontré Chris avec son équipe dans la cour du . Lui ai dit : « La guerre civile est bien partie ». Rentré, angoissé.

24 mai 1962

Les titres, l’étonnement, la stupeur générale, l’indignation. Et les mots qui ne veulent rien dire : apaisement ! Dans Paris Presse : « Après le verdict, un plastic dans la nuit ; l’OAS dit merci à la France ».
Fait un papier. Marquet et Thérond le trouvent bon, mais doutent qu’il passera le barrage J.P. Le vieux est très impressionné par le déclin du gaullisme : apaisement, lui aussi !
Revu Sabathier : une figure ravagée, hébétée.

25 mai 1962

J.P. approuve finalement le papier. Le scandale continue que Jouhaux risque de payer de sa tête. Personne ne comprend ce qui a pu se passer. On m’interroge. Des lâches ? Une transaction ? De toutes façons, le Haut Tribunal militaire a vécu.
Vu à la maison Jean Lallier qui ne se résout pas à aller à Cuba (on le paie en pesos inexportables ; il perdrait de l’argent ici, il n’est plus jeune, il faut qu’il se montre…). Vu Gaston dont la mère se meurt. J’aurai un sujet TV à faire.

27 mai 1962

Coup de fil de Paule Thévenin. Elle veut l’adresse de Dante pour l’inciter à rentrer. Elle est indignée qu’il ne se préoccupe pas de sa famille et que Bernard habite bd de la Bastille, mauvais exemple pour les enfants ! Elle est franchement déplaisante. Bernard à déjeuner. Parlé de cette intervention. Il est furieux contre cette « brancardière », cette « buse »… Verrai Danielle demain.

28 mai 1962

Vu Sabathier qui m’incite à aller voir une pythonisse (mercredi) à 18 h chez Danielle. Stéphane a une angine. Bernard a engueulé au téléphone la Paule et s’est brouillé avec elle. Paule est venue se plaindre à Danielle, etc. Parlé de Dante, du Seuil (je leur réclamerai de l’argent pour lui). Elle paraît assez bien.

29 mai 1962

Grèves métrobus, gazélec.

30 mai 1962

15 h – 17 h 30 chez Mme Elisabeth de Penthièvre, astrologue rue Trudaine. Le thème astral, les tarots, la géomancie, les cartes : explosions, fortune, une femme hostile, une autre amie, le voile d’Isis soulevé.

31 mai 1962

Cherché Danielle, Bernard, Stéphane, Hannelore bd de la Bastille. Déjeuner rue Custine. Après,terrasse,jeux,et partie d’échecs avec Bernard (le jeu « birman »).
Dante : il a écrit ; il est dans le cosmos. Les Cubains doivent lui donner des studios, en faire le grand maître du cinéma ; il se rêve Eisenstein. Il conseille à Danielle soit de venir à Cuba (habiter dans une île), soit de rester et de trouver une mensualité côté Eddy ou autre.

1er juin 1962

Eichmann pendu. Télégramme de Sevatius, visite de son chargé d’affaires Genond . J’ai fait transmettre des questions à Eichmann il y a 8 jours, il y a répondu mercredi. L’interview prend une valeur – qui les agite tous : Genond demande 30 000 $.

2 juin 1962

Travaillé à l’interview d’Eichmann.

3 juin 1962

Coup de fil de Bernard : Dante a envoyé un télégramme à Danielle ; il revient « voyage éclair ». soulagement général.

4 juin 1962

Téléphoné au Seuil à Melle Durand : demandé fric pour Danielle. Flamand va étudier la question.
Le vent est à l’optimisme en Algérie : l’OAS s’est arrêtée de tuer depuis 4 jours.
Flamand me rappelle : il envoie un chèque à Danielle et me verra après la Pentecôte.

5 juin 1962

Passé chez Danielle. Pas là. Laissé un mot.
Lettre brève de P. Brook à qui j’avais écrit à propos de Gatti : « Je ne suis pas d’accord », dit-il. Il le regrette, il le regrettera encore plus, plus tard.

7 juin 1962

Télégramme de Cuba (Michaud). Dante arrive aujourd’hui ou demain 16 h.
Chez Danielle : elle a reçu d’autres nouvelles ; il sera là demain.
Deux OAS fusillés ce matin au « Trou d’Enfer ».

8 juin 1962

A Orly avec Danielle, Annelore et Bernard. L’avion a une demi heure de retard. Dante descend, bruni et fumant le cigare ! On sort de l’aéroport en fumant tous. Il est revenu à cause de ma lettre, dit-il. Il a vu Fidel qui fera tout, sauf donner des devises. « Brigades internationales de l’art », dit Dante et le journal « Revolucion ». Et il me parle d’un film tchèque dont je dois préparer le scénario.

11 juin 1962

Temps gris et froid. Octobre !
Dîner chez les Gatti avec Beï et Ariane – plus Bernard, les Toussaint (et Stéphane et Hannelore). Me donne les arguments du film à faire pour les Tchèques (Theresienstadt). Puis, parlé de tout : Cuba et ses restrictions, Salan et Jouhaux, l’Express en collusion morale avec Tixier-Vignancourt. Rentré minuit.

15 juin 1962

A 9 h chez Louis Lecoin, rue Alibert. Il fait la grève de la faim depuis 15 jours pour obtenir un statut aux objecteurs de conscience. J’arrive sur le pas des flics et du médecin qui décident de l’évacuer à l’hôpital. Descendu en fauteuil du 5e étage. Milieu classique des anar, libertaires, correcteurs, etc.

17 juin 1962

Le Brésil gagne la coupe du monde contre la Tchécoslovaquie ((3 – 1).
Accord OAS – Exécutif provisoire. L’OAS arrête les attentats.

19 juin 1962

Coup de fil de Tony Saulnier : Kateb à Paris. R.V. demain.

20 juin 1962

Chez Tony Saulnier avec Saby pour y voir le mufti. Bruni, noirci, mais toujours pétulant et la sentence gaie. Bernard s’éclipse ensuite pour aller voir Michaux. Gatti pas là.

21 juin 1962

Chez Dante. N’est pas venu hier pour je ne sais quelle impertinence de Chodkiewicz (qui avait Kateb dans son bureau à ce moment). Parlé du film cubain (lent à se monter), du film tchèque. Annie, la femme de Jean Michaud, part demain pour Cuba.

22 juin 1962

21 h avec Dante et J.J. vernissage Guisart, chez René Drouin, rue Visconti. Navette entre la galerie et le bistrot d’en face, entre les « exorcismes » et le vin blanc. Dante engage Monique Hunier, amie de J.J., ancienne comédienne, comme monteuse adjointe pour Cuba. Eblouie ! Après chez Lipp avec le peintre, René Drouin, sa fille…

23 juin 1962

Avec Dante, salle projection de deux films de Rupoli : les Inconnus de la terre – et les fous. Celui-ci surtout. Dans la salle, le vieux Breton, tassé et replet.
Coup de fil de Dante : Allio faisant défection, il choisit Monloup pour décorateur de « Cristobal ».

24 juin 1962

Avec Ariane et Beï, bd de la Bastille. On prend Danielle, Dante et Hannelore – Déjeuner à Ozoir. Les Gilbert arrivent après. Travaillé sous les arbres aux « Miettes » (scénario tchèque : Teresien). Rentré après une partie de boules.

25 juin 1962

Remis le scénario de Dante (l’autre Critobal) à un ami de Rodriguez : ledit Rodriguez jouera lui aussi dans le film.

26 juin 1962

Vu Dante chez lui à 9 h. Parlé des deux films.

28 juin 1962

Churchill, 87 ans, tombe dans sa chambre de Monte Carlo. Opéré du fémur, ramené en Angleterre. Il mourra vite à présent.

30 juin 1962

Chez Gatti où je trouve Monod, son décorateur et son interprète principale du Grand Tchou. La pièce est reportée au 25 septembre. Vu Danielle et Bernard. Adieux jusqu’à plus tard.

1er juillet 1962

Saint-Honoré-les-Bains. Ville de cure. Concours d’élégance automobile !!!

2 juillet 1962

Visite de l’établissement thermal, guidée par le père. Lyon, Grenoble.

3 juillet 1962

Barcelonnette.

8 juillet 1962

Saint-Raphaël, Fréjus : course de taureaux aux arènes, 2 chevaux étripés – et Picasso offrant son crâne au soleil dans la loge de la présidence avec sa femme.

9 juillet 1962

À Antibes chez Denise Prouvost avec les Camus.
Passage du tour de France à Saint-Jacques. Arrêt de la voiture de Match (Porsche).
Coup de fil de Thérond : Churchill très mal. Ferai-je le papier ? Yes.

11 juillet 1962

Les Camus partent pour Marseille (reportage sur les rapatriés d’Algérie).
Vallauris. Escroquerie touristique et céramique.
Première émission transat par tellstar, satellite américain. Cette nuit, la France transmet à son tour : la Mondovision.

22 juillet 1962

Churchill va bien, le bougre !

23 juillet 1962

Algérie : Ben Bella s’attaque franchement au GPRA. Tlemcen contre Alger. Trois semaines d’indépendance et déjà l’ombre de la guerre civile !

24 juillet 1962

Première émission TV en Mondovision, venant des E.U. par Tellstar : Kennedy à sa conférence de presse et des vues de l’Amérique.

30 juillet 1962

Le soir, un petit cirque dans le pré. Spectacle touchant par son insuffisance et sa bonhomie : les enfants acrobates, le clown crétinisant, le singe qui ne savent rien faire. L’acrobate gêné de sa médiocrité et la quête et la tombola aux nougats et aux bouteilles de mousseux. « Les pauvres, ils font ce qu’ils peuvent ».

5 août 1962

Mort de Marilyn Monroe : suicide probablement, le téléphone dans la main.

7 août 1962

Papier sur Boulez dans l’Express par Croizard (Thomas Lenoir). Il me propose d’en faire un dans PM en octobre.
Chez Danielle ce matin : pas là. Stéphane est à Renvallières, le reste en Italie ou à Cuba. Elle attend de partir, je crois.

12 août 1962

Avec les parents, par Epinal, à Bussang. Déjeuner avec les Pottecher dans leur maison puis le théâtre du Peuple (2 pièces de l’oncle : Coquecigrues et le Lundi de la Pentecôte). La merveille est la scène ouverte sur un vrai bois au fond sur lequel jouaient les rayons du soleil.

14 août 1962

Paris à midi.

15 août 1962

Au ciné : Viridiana, de Bunuel. Une merveille de décrassage intellectuel.

19 août 1962

Tél. Chris. N’a pas de nouvelles de Dante. El otro Cristobal lui paraît étrangement engagé.

21 août 1962

Au Marignan, vu Eddy qui a deux films en train : celui de Cuba et un autre avec Michel Deville. Il a des nouvelles de Dante : ça marche, quoique confusément

22 août 1962

Téléphone à Danielle. N’est pas allée à Cuba, ne peut pas, etc. Bonnes nouvelles du film.

26 août 1962

Chris l’après-midi. Il dort dans le hamac deux heures. Puis ping-pong.

27 août 1962

PM m’envoie faire le procès du premier attentat contre de Gaulle, à Troyes.

28 août 1962

Chris à déjeuner avec son actrice du Lutèce. Puis ping-pong.
A Troyes par le train. Ma chambre déjà occupée par Letellier, le photographe. Hôtels bondés : tourisme et procès.

29 août 1962

Au petit Palais de Troyes, le procès. Seule vedette, l’inévitable Tixier. Quant aux gens derrière lui, une brochette de crétins gais comme des pinsons. Procédure jusqu’à la fin de la journée.

30 août 1962

Interrogatoire des 5 dans l’après-midi. Suffisants, arrogants.

31 août 1962

Nouveaux dépôts de conclusions, la matinée fichue. La tactique Vergès. Les avocats finalement se retirent, abandonnent la défense. Le Président renonce, semble-t-il, à sévir. Mais se ravisant après deux heures de délibération (et un coup de fil à Paris ?).

1er septembre 1962

Téléphoné papier à 2 h du matin. Déjeuné à Bréviandes avec Legris du Monde et Guérin de l’Huma. Audience à 14 h. Les avocats sont revenus. Grand numéro de Tixier sur la robe noire, menacée par les pouvoirs. Interrogatoire ensuite. Villenaudy, Barbance, Rouvière tâchent d’accréditer l’idée d’un attentat psychologique, d’un attentat bidon et télécommandé par un M. Simon, de l’Elysée (barbouze et Cie !). C’est trop gros, ça ne passera pas. Retour en voiture avec le photographe du Palais, ami de Gatti.

3 septembre 1962

Coup de fil de Bellour pour un article sur Gatti destiné à sa revue. Je lui indique Gaston Bounoure, le compagnon de Geneviève Coste.
Lettre de Calder, m’invitant à Saché avec… Gatti.

5 septembre 1962

Tél. Bernard. Il viendra voir Calder avec nous.
Au ciné, l’Eclipse d’Antonioni. Long et lent, mais non sans beautés.

6 septembre 1962

20 ans de réclusion à Maunoury. Le reste de 15 à 10 ans. On a arrêté les tueurs du Petit-Clamart.

11 septembre 1962

Rapinat : Dupuy s’est suicidé. Noyé à Billancourt. Malade et déçu.
A déjeuner, Danielle et Bernard (qui se morfond d’avoir à partir pour Berlin vers le 20 : une expo d’œuvres commanditées par le tabac Stuyvesant ; il y figure).

14 septembre 1962

Chris et l’Actrice venus une heure au soleil de la terrasse.

15 septembre 1962

Chris et l’A sur la terrasse de 18 h à 19 h.

17 septembre 1962

Vu Gaston qui est décidé à passer chez Lazareff – ce qu’il aurait dû faire plus tôt, pense-t-on.

18 septembre 1962

Déjeuner chez Mercier : J.J., Gisèle, Melle Germondadaz et A. Chesson – qui s’est inscrit au cours Simon, cherche une chambre et désarme par son ingénuité.
Porté passeport renouvelé à Bernard. Mais il a déjà changé d’avis : il ne part plus.

19 septembre 1962

Palais de chaillot, projection privée du « Jour le plus long » (Zanuck, 5 milliards). Vu Gaston, Kessel, Michèle et son frère, Thérond, Galante. Beau film gâté par les vedettes.

20 septembre 1962

Vu hier soir Sabathier dans un état physique et psychique comateux. Bafouillant, ratiocinant, sans mémoire, la figure vidée et boutonneuse, la démarche lourde et titubante.

23 septembre 1962

A 15 h, Chris, Hélène l’actrice et un acteur (peintre en réalité) pour photos de préparation au film qu’il va tourner (la Jetée). Après, à Orly : je jouais le rôle d’un tueur avec mes lunettes jumelles.

24 septembre 1962

Hanoteau furieux : il avait fait un papier sur le film, et on l’a remplacé par le mien, d’ailleurs coupé !

25 septembre 1962

Chris : on refait demain les photos d’Orly.

26 septembre 1962

Il pleut : Orly annulé.

27 septembre 1962

Mon coiffeur ferme, rue F. 1er. Remplacé par un café. « Il y a 5 ans ½ que je vous coiffe, vous êtes mon plus vieux client », soupire René. Et la patronne mélancolique « On s’habitue ».

29 septembre 1962

Chez Danielle : les 3 gosses là. Annelore : je vais à la grande école ! – Stéphane : le latin, ça va – et le prof d’anglais ne nous parle qu’anglais. La petite Clarisse jouait avec le chat.
Le film a commencé il y a trois jours. Dante a pris le fusil contre d’éventuels assaillants. Chris rue Custine, me convoque pour demain à Chaillot.

1er octobre 1962

Chris et Hélène rue Custine (pour rendre le hamac). Ils restent pour regarder le coucher. A Oxford (Mississipi), les racistes battus ! Le noir, J. Meredith inscrit à l’université (2 morts, dont un journaliste français).

3 octobre 1962

Lettre de Nicolas, fulminant contre l’alliance franco-germanique, dessinée par de Gaulle pendant son voyage allemand.
A Orly à 4 h de l’après-midi. Dernières scènes du « film » d’anticipation de Chris. Il pleut. Après que Kateb a été expulsé d’Algérie – ce qui est merveilleux, Gatti a chassé Rodriguez de Cuba.

4 octobre 1962

A 1 h, discours de de Gaulle, dont le gouvernement va être renversé. Dans l’après-midi, Danielle et les 3 gosses à la maison. Terrasse – passé des films dont quelques mètres tournés par Stéphane.

5 octobre 1962

280 voix contre : gouvernement renversé.

7 octobre 1962

Beau temps – passé à peindre le placard de la chambre. Un petit chef-d’œuvre de coloriage.

9 octobre 1962

Ni Chris, ni Danielle, ni Bernard ne vont à Marseille (enfants, expo, montage). J.J. y sera.

10 octobre 1962

Rêvé du concile œcuménique qui s’ouvre aujourd’hui.
Parti pour le Grand Tchou. A la gare, Gisèle avec I. Sadoyan et Cl. Lochy. J.J. plus tard. Hôtel de la Résidence. Puis, Allio. Théâtre quotidien de Marseille. 160 personnes pour 130 places. Monod a monté Tchou merveilleusement, grande soirée… finie à 3 h du matin.

13 octobre 1962

Vu Danielle. Lui ai parlé du Grand Tchou. Insiste pour que j’écrive à Dante « peut-être déprimé après 3 semaines de tournage ». Coup de fil de B. Saby, puis de Chris, anxieux. Je les délecte avec mes nouvelles.

15 octobre 1962

Envoyé lettre Cuba sur le Grand Tchou.

16 octobre 1962

Mort de Bachelard. Chris rue Custine pour voir « Oncle Vania » à la TV. (Topart jouant le médecin, remarquable). Il voulait comparer avec le « Génie des forêts » vu quelque temps plus tôt au Lutèce.

17 octobre 1962

Coup de fil du théâtre de l’Université libre de Bruxelles qui veut monter le Poisson noir. Les renvoie à Cuba. Ecrit à Obolensky pour avoir enfin des nouvelles. Avec Croizard, envoyé télégramme à Gatti pour un reportage couleurs sur Fidel Castro.

19 octobre 1962

Reçu lettre de Dante avec 2 photos. Ca va. Vu Stibbe pour mon procès Parisien libéré. Il est candidat PSU à Colombes.

22 octobre 1962

Branle-bas à Washington : l’oncle Sam s’apprête à écraser Cuba. A la TV, le triste Mollet discourt sur le referendum.

23 octobre 1962

Peu dormi. Attendu discours de Kennedy à minuit : blocus de Cuba. Therond me demande de voir s’il y a moyen d’atteindre Cuba – avec Camus. Oui, mardi prochain par Mexico. Téléphone Eddy et Chris, que je ne touche pas.

24 octobre 1962

Tél. Chris qui intervient à l’ambassade de Cuba. R.V. à 17 h. J’y vais avec Camus. Cruz, chargé de presse, je crois. Ils sont très détendus. Ils feront leur possible. RV demain pour les photos, les papiers (car l’état de siège ne change jamais le cours des administrations). Grève de métro. Inquiétude latente… bien que l’on ne fasse pas (ou pas encore de stocks) comme pour Suez.

25 octobre 1962

Les cargos soviétiques, censés transporter des fusées, semblent avoir fait demi-tour disent les Américains. Rien de neuf.
Hier, j’apprends de M.L. Ferré, que Nicolas ferait un noviciat avant de devenir prêtre de l’église orthodoxe. Cette disparition si brusque présageait quelques chose de semblable.
Photomaton – Ambassade – Télégramme de Michaud : venir. Réponse : faites activer les visas.

26 octobre 1962

Il n’y aura rien, disent les gens. Un cargo russe arraisonné n’a pas été fouillé. On s’est contenté de la parole d’honneur du capitaine.
A la TV, on annonce la mort de J.B.D.

27 octobre 1962

Coup de fil de Croizard : il a rendez-vous avec Boulez et voudrait que je vienne. Demain.

28 octobre 1962

Voté. Chez Boulez, rue de Luynes. Il habite chez ses parents lorsqu’il est à Paris. En janvier, il part professer à Harvard. Croizard l’interviewe pour un papier dans PM. Krouchtchev évacue ses fusées de Cuba contre garantie de l’intégrité de l’île. A court terme, il est perdant. En réalité…

29 octobre 1962

De Gaulle : 48 % des inscrits, 62 % des votants. Pas une victoire, ni une défaite.

30 octobre 1962

8 h 30 St Sulpice : funérailles de J-B.D. Toute la presse judicaire. Un millier de personnes, grande messe avec choral de Bach et Auld Lang Syne.
Chris a reçu des nouvelles et des photos du film.

31 octobre 1962

Pas de nouvelles du visa cubain.
Concert au théâtre de France pour le 10e anniversaire du « Domaine » : vu Croizard, Gicquel. Stockhausen, Messiaen, et le Marteau. Grand succès. Dix ans !

1er novembre 1962

Hayange, un train de chrysanthèmes.

5 novembre 1962

L’ambassade de Cuba : ils ont reçu un télégramme disant qu’on n’accordait pas de visas en raison de la situation.
Bavardé avec JMS qui me présente Hamia ancien champion de boxe, devenu photographe à 7 Jours (et fort poursuivi par les messieurs dames du journal). Puis, Menant qui trouve que PM devient ennuyeux. Il n’est pas le seul. Dans le n° de cette semaine, article de Croizard sur Boulez.

6 novembre 1962

Envoyé à Liège : procès Vandeput (« bébé monstre » – Collin y est déjà). Dîné dans le TEE. Hôtel britannique (papiers à fleurs, plantes vertes, interrupteurs vieux style) Vu Collin, navré de ma venue. « Tu comprends, ce n’est pas… c’est… »

7 novembre 1962

Au Palais – la presse judiciaire au grand complet moins JBD, plus sa veuve venue on ne sait pourquoi. Du journal, nous sommes à 7 (Collin, Le Bailly, Lentz, Ménager, Mazoyer, Lefèvre). Deux individus sans grand intérêt. Le soir, promenade dans les rues chaudes où les filles …

8 novembre 1962

Derniers témoins, réquisitions l’après-midi, très solides. 1ère plaidoirie. Arrivée de J.P. Ollivier, Descamps et Faure ( ?).

9 novembre 1962

Fait papier jusqu’à minuit, puis à partir de 7 h. Téléphoné. Déjeuner avec Guérin, Théolleyre, Besançon (radio). L’après-midi, plaidoirie de Me Henry pour Costers. Acheté souliers. Dîner avec les Pottecher et le photographe de 7 Jours. Le papier « trop littéraire » à gommer. A Collin, on dit de refaire le sien.

10 novembre 1962

Durant tout ce procès, je me répétais le bateau ivre. Une obsession. Réplique du PG. Plaidoirie de Me Jeunehomme.
Après-midi, Mottard, puis réplique du PG. Il évoque maladroitement Hitler et l’euthanasie. Ce sera l’acquittement. Ca l’est. Et puis, la kermesse. Millot organise une « table ronde » (Théolleyre, Montarron, Laborde, Pottecher, Collin, Maurice Brouwer ( ?) notre correspondant de la Meuse, et moi).

12 novembre 1962

Papier paru – pas entièrement comme je l’aurais voulu.
Visite de Gilles Katz, il est envoyé par Danielle. Il veut monter l’Enclos au théâtre, à Gennevilliers (W. Lhuillier). Lui donne l’adresse de Dante. Consulterai Ulrich pour les droits. Chez Danielle : pas là. Téléphone à Monod : ils en sont à la 35e du Grand Tchou.

14 novembre 1962

Coup de fil à Eddy – qui s’inquiète. « Je vais me ruiner », dit-il. Le film aura duré 6 mois en décembre, de quoi en faire 3.
Rue Madame 60, chez la belle-fille de Valery. Deux heures à parler du procès de Liège. J’ai choqué cette jeune mystique en ne condamnant pas formellement toute atteinte à la vie. Ressemblait beaucoup à Thérèse de Saint Phalle.
Chez Danielle : pas là.

15 novembre 1962

Tél. à Bernard. Toujours dans le marais. Expo en février pourtant. Lui conseille d’aller à Marseille voir le Grand Tchou avec Danielle et Chris. Croizard m’a montré la lettre de remerciement pour son article de Mme Boulez (elle y parle de « son fils Pierre » et de « son ami de longue date, Joffroy » – et une lettre « furibarde-courtoise » de Flavigny qui s’est reconnu dans les « fissures » qu’évoquait Croizard.

16 novembre 1962

J’irai à Londres et en Italie ces jours-ci. Coup de fil de Danielle, passablement énervée par les pleurnicheries d’Eddy.

17 novembre 1962

Chez Danielle : vagues nouvelles de Cuba. Chez Otero ensuite et Mercedes. Parlé de Liège, surtout de la situation à Cuba, au Venezuela. Atmosphère, dit-il, très lourde partout. La révolution en danger. Vu ses derniers tableaux et ceux de Mercedes.

18 novembre 1962

Elections légisatives. Voté comme d’habitude. Beï non : ne trouvait pas.
Succès UNR : Reynaud, Mendès France battus.

20 novembre 1962

Train de Calais à 8 h 09. « The Maid of Orleans ». Victoria 15 h. Neige. Au Daily Express, vu Lemoine, correspondant de PM. Suis venu pour Dickens.

21 novembre 1962

Achats pipes. Déjeuner au Strand. Fait le tour de Londres de Dickens avec le photographe Roger (auteur du reportage à paraître). Tamise, prison, Southwark cathédrale, marché aux poissons. Dîné avec Lemoine et sa femme dans un restaurant français de Knightsbridge

22 novembre 1962

Froid vif et sec sur le Strand. Visite de la maison de Dickens, Doughty street. Rien de bien remarquable. Très ennuyeux, même.
Rentre demain, papier à faire sur Jeff qui sera élu à l’Académie aujourd’hui ou demain. 19 h 30 bière (bitter) au pub de l’Express avec les Lemoine et des confrères anglais. Puis, restaurant il Cabano, un endroit insensé avec des inscriptions, menus en latin, serveurs en péplum, senators only…

23 novembre 1962

« Shopping » encore. Paris à 22 h 30. Lettre de Monod – avec le programme du Grand Tchou. Ils cessent le 2 décembre.

24 novembre 1962

Kessel élu à l’Académie par 14 voix, le 22 (fauteuil du duc de la Force, Fontenelle, Bernardin de Saint Pierre). Coup de fil à Jeff. Compliments. « Une aventure qui s’ajoute aux autres ». Il préférerait que l’article de PM vienne plus tard – par exemple lors de la sortie de son prochain roman, début de 1963.

25 novembre 1962

Voté pour le ballottage. En revenant, rencontré Le Tac au Balto, frais, pimpant, et tout à fait confiant. Parlé du journal.
Coup de fil de Kessel, RV mercredi. Vendredi, il se retire de la circulation pour soigner ses amibes (à l’emétine , ce qui est dur). Mais, le plus dur, dit-il – et il ne l’a dit à personne – c’est de n’avoir pu, quatre mois durant, écrire un mot, une ligne.

26 novembre 1962

Vu Jeff chez lui – et Michèle maigrie, nerveuse mais débordante de joie. Après avec lui parlé de l’Académie (épisode indécent de Gaxotte faisant campagne contre le juif qu’il est) et des souvenirs. Propose ma quote part au sabre.

29 novembre 1962

Reçu lettres du TQM – effarés d’avoir à payer 12 000 F de droits et 14 %. Me demande d’intervenir.
Chez Danielle : pas de nouvelles de Dante ; Lallier l’opérateur rentré pour cause d’incompatibilité. Ulrich toujours inquiet. Elle téléphonera demain à la Société des auteurs rue Ballu pour faire diminuer les droits à payer par le TQM. Puis, chez Otero, grande soirée. Anne Philipe, les Vellay et leur fille (Dominique !), et des Venezueliens, plus Alejo Carpentier, un peu trop bien causant à mon goût, et complaisant. Ca n’accrochait pas. Otero nous fait voir les tableaux de Mercedes Pardo – que nous louons. Je sais ce qui va se passer.

30 novembre 1962

Rentré à 2 h avec un tableau de Mercedes (107 sur 74).
Téléphoné à Monod au TQM, lui explique qu’on va intervenir rue Ballu. Gautier, me dit-il, a vu la pièce : il était de marbre. Lemarchand a dissocié pièce et représentation pour louer celle-ci. Sarraute à fond contre. Dans le Figaro, le papier de Gautier : un éreintage sans génie.

2 décembre 1962

Et une fois de plus, aux roaring forties !
J’ai travaillé à la nouvelle (les Prétendants). Ca m’a remis d’aplomb. Evidemment, c’est là ma, la vérité.

3 décembre 1962

Rencontré à l’American Legion le Portugais inconnu – ami de Camus qui veut créer dans sa montagne des maquis « centristes » ! Mais il cherche en vain de l’argent. Pas connu, pas d’argent, pas d’argent, pas connu ; cercle vicieux de tous les révolutionnaires. Propose en attendant de travailler pour Match.
Coup de fil de Kateb : on le verra jeudi. Il a une pièce en répétition au Récamier (la Femme sans tête).

5 décembre 1962

Coup de fil de Danielle. Tout est arrangé avec la Société des auteurs au sujet du Grand Tchou. Elle a vu hier Kateb – désespéré d’être étranger partout. Il boit et se bagarre partout.
La femme d’Alexandre Vialatte enterrée ce matin. Hors Croizard, personne ne le savait. J’envoie un mot.

6 décembre 1962

Dans le Figaro littéraire, papier de Lemarchand anti-Tchou. Coup de fil embrumé de Sabathier. Il est à Castres. Il a trouvé « mon » Dickens « sublime »…

7 décembre 1962

Kateb devait venir me prendre au journal. Pas là. J’arrive rue Custine : il était reparti en taxi, hagard, à court d’argent, se prenant la tête à deux mains. Revient à 14 h avec deux camarades, dont un ancien maquisard et un employé d’Air Algérie. Ils mangent et boivent et discutent. Cela tourne à la psychanalyse, ou au dialogue dostoïevskien (avec évocation des amours passées, des morts, de la politique). Dramatique par instants, presque fou. Le maquisard – acteur avait tenté de « dormir » avec 17 cachets le matin même… Partis vers 16 h.

8 décembre 1962

Déjeuner quai Blériot chez Auclair. Pour son enquête sur les faits divers, il a vu les gens du P.L. : l’ineffable Desjardins et le sinistre Bellanger – inquiet de le voir et qui parlait « d’éthique » (un mot pareil dans sa bouche !).

9 décembre 1962

J.J. et Gisèle venus dîner à la maison. Elle toujours un peu acide, toujours à la poursuite d’une importance ou d’une ambition.

11 décembre 1962

Déjeuner chez Dubois et Carmen Tessier, avec Croizard – et Boulez, l’hôte d’honneur. Le soir, chez Mme Germain av. Foch avec les Croizard. Vu les Toussaint, Bernier, Mme Boulez mère et le frère, barbu. Programme Stravinsky, Boulez, Berg.

12 décembre 1962

Trop fatigué finalement pour aller au Domaine musical, puis chez Mme Tézenas. Essayé d’emmener Croizard, Otero, Bernard. Bernard semble se réveiller. Lui ai dit que j’avais vu Bernier hier, un Bernier confiant.
Apporté aux Gatti les jouets – dont une caméra pour Stéphane. Ecrit une lettre pour Danielle à la Société des auteurs. Téléphoné au Seuil pour la sécurité sociale. Nouvelles du film : bonnes.

13 décembre 1962

Mauriac à la T.V. : admirable petit renard au poil blanc.

14 décembre 1962

Montré à Stéphane le fonctionnement de la caméra.
Au journal, vu Gaston : la TV semble fichue – avec les 50 millions investis. Il songe à tourner la Bible en épisodes avec Allégret (et F. Cosne comme producteur).

18 décembre 1962

A dîner rue Custine, les Otero et le couple ami (Carlos). Parlé de politique américaine et caraïbe, du chef de la police de Jimenez et Trujillo, etc.

21 décembre 1962

Envoyé à Chris un jouet (baleine soufflant) avec mode d’emploi et morale inclus.
Rue Lord Byron, vu avec Menant, Jean Martin et Marquet 14-18 de Jean Aurel. Film de montage gâché par un commentaire faible et prétentieux de C. Saint-Laurent. Au Récamier, vu ensuite Serreau et Hélène châtelain.

25 décembre 1962

Chris au fil : Agnès Varda part pour Cuba. Prévenir Danielle. Ceux qui ont vu son film « Joli Mai » le trouvent, dit-il, déprimant. En revanche, lui, Chris est content, pour la première fois de sa vie, de son autre film : la science fiction à images fixes (où j’ai joué).
Télégramme téléphoné à Danielle. Réponse par Paule Thévenin : Danielle à la clinique, les enfants chez Paule. Accouchement prématuré (5 mois ½) à la suite d’une grippe. Me rappellera ce soir. Deux morsures en passant pour ne pas perdre l’habitude : les Otero (ne se sont pas dérangés), Dante (j’ai compris le télégramme, envoyait ses vœux de noël aux siens). Téléphoné à Varda pour l’avertir : ne rien dire à Dante, sauf contre-ordre d’ici demain. Finalement, tout s’est bien passé.

27 décembre 1962

Journal – convoqué par Prouvost : un ingénieur a calculé la productivité des rédacteurs à l’année. Vu Therond : il y aura à présent une réunion hebdo le lundi des grands reporters.

28 décembre 1962

En France du – 10, – 20 et même – 30 (- 10 à Paris ce matin).
Donné papier bilan de l ‘année.

31 décembre 1962

A midi, vu Danielle rentrée de la clinique depuis trois jours, m’avait dit Bernard (lequel arrive à bout de son travail pour l’expo). D. a reçu un mot d’Eddy disant que tout allait bien.