Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’état civil.
Né en 1922 À Hayange en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot » chargé de juifs européens rescapés des massacres nazis.
Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total ».
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.
1er janvier 1953
M. Roger-Ferdinand est une merde. L’opinion d’une merde sur le théâtre est sans intérêt. M. R.F. pourrait parler objectivement de la merde, pas du théâtre.
A 7 h, rentré du réveillon chez les Bonnardot (Lotar, Bernard, Mireille Vianès, etc.) Voiture en panne, recherchée à midi avec Gilbert.
Neige, pluie, brumasse. Fatigue : genou enflé – mélancolie, découragement.
4 janvier 1953
Gatti et Stéphane à déjeuner (Boulez à Gatti confie que l’Amérique, sans l’irriter, lui est indifférente. Très déçu par ailleurs de la « jeune musique ». Un peu dégoûté des échecs qu’il rencontre pour l’exécution de ses dernières œuvres en Allemagne).
« Le désordre de gens de peu de capacité est la pire sorte de désordre. » Kafka.
5 janvier 1953
Commencé enquête sur médecine pour D. Vu Collin, dépressif car Paris-Presse s’éloigne. Téléphone de Mme Barkay qui rentre en Israël.
Match – vu Croizard 19 h 30 bu à l’American Legion – parlé possibilité entrer.
6 janvier 1953
Toute la journée à la maison. Porté tableau de Bernard à l’encadreur. Acheté meubles. Téléphone Gatti : invitations à la pièce de Pichon. Orano se meurt, me dit-il.
7 janvier 1953
Vu Collin et Dante sur le point de partir pour Bordeaux (procès d’Oradour). Le P.L. désemparé : Que faire ? RV avec Lévy au Wepler. Pas là.
8 janvier 1953
Vu Orano à 10 h à l’hôtel de Nesles. Très mal. La tête entourée d’un cache-nez – pâle, pas rasé, la figure marbrée. Avec Mme O. à l’ambassade d’Italie pour toucher les 100 000 lires (64 100 F) envoyés par le Dr Gasperi.
A 19 h, chez le Dr Basset avec Mme Orano. « Il y a ici des médecins et des commissaires qui veillent à ce qu’on n’étende pas le champ de la poésie aux gens de la voie publique… » Nerval.
9 janvier 1953
Hier soir, chez les Marchal. Pluie, neige, pluie. Achats BHV. « Le temps ne respecte pas ce qu’on fait sans lui » proverbe chinois.
R.V. Dr Basset, léprologue charmant homme, médecin excellent.
Appartement presqu’installé.
10 janvier 1953
Grand remue-ménage à Clichy. Moi, à D. pour légendes des photos Guyane. Le soir, Dr Lévy et sa femme (au Sanglier bleu). Parlé enquête. 1ère nuit en haut.
11 janvier 1953
Visite de Collin à Clichy. Après-midi à bavarder.
12 janvier 1953
Détective.
Entretien Dr Liebmann sur la médecine.
Chez Bernard : toiles et confession : psychasthénie – contre quoi le chanvre, mais rien de bon actuellement.
14 janvier 1953
Hôpital Pitié. Pr Dreyfus (antibiotiques). Vu avec les internes – Vu Collin engagé à Match. Beigbeder démissionne du P.L. à cause de l’affaire Rosenberg.
15 janvier 1953
Au « Bossu », quai Bourbon. Dîner d’adieu d’Ellen Barkay et de bienvenue à son successeur, Havni, très curieux personnage (j. italien ; 14 mai mystique : « le seul jour où je n’ai pas eu peur de mourir »). Présents : Baudy et sa femme, la fine Jane Albert Hesse, le couple Haward, une anglaise de l’Unesco. Rentré 1 h.
16 janvier 1953
Procès, complots partout.
Match 18 h 15. Croizard, Farran. Vu Barsalon-Pernoud : engagé à l’essai.
17 janvier 1953
Médecins Pitié…
Conduit Audouard à la gare. Vu Boulez en train de réviser les épreuves de « Soleil des Eaux ».
18 janvier 1953
Projet avec Bernard de concerts modernes à l’auditorium du théâtre de Babylone, me dit Boulez. Avec Boulez, dîner au Vicomte, puis théâtre de Babylone « En attendant Godot », de S. Beckett. Bon. Quelques réactions.
19 janvier 1953
Vu Match. Vu Orano, très affaibli (des grosseurs au cou et sur les jambes). Il souffre le martyre.
20 janvier 1953
Travaillé la nuit à papier pour Match : Onasis, armateur grec s’empare de Monte-Carlo. Porté à midi. Bon. Demain, Bordeaux pour Détective. Verrai Gatti au procès Oradour.
21 janvier 1953
Train Bordeaux 11 h 25. Vu Châteauneu, puis Dante au Royal Gascogne avec les « chroniqueurs ».
22 janvier 1953
Procès d’Oradour. Les témoins rescapés (Hedron, Roby, Desourteaux…). Le soir, dîner avec les « chroniqueurs ».
24 janvier 1953
Train « Drapeau » pour Paris. « Il échappait par le dépaysement à son propre conformisme ». Maurois (sur Byron). À tout acheteur de chaussures il sera donné une paire de claques (une boutique de Montréal).
Arrivé 13 h 30. Vu Petrus (lui propose titre du groupe : Musique maintenant). Il s’occupe de la convocation à la gendarmerie reçue par Dante. Vu Match où l’on parle d’un article sur Hollywood.
25 janvier 1953
« Le Roi n’a rien su ; le Roi ne sait rien, le Roi ne saura rien ! » Richmond, 1436, précédant Charles VII à Paris.
27 janvier 1953
Match – papier à faire sur les films américains. Vu Bersalon, lui ai remis enquête Maufrais. Vu Collin, travaillé papier Match, remis 19 h. Vu Barillon et « Monsieur Prouvost » et Mossieur Cartier.
28 janvier 1953
Vu Boulez, invité à Metz par Dubois, mais d’abord 7 jours à Rome. Vu Libman Rosenblatt (coco) rapproche Oradour de l’Indochine. Ce sont les même crimes. À droite : ces gens-là salissent tout !
29 janvier 1953
Tél. Dr Billard. Son film passait hier à la T.V. (Decaunes parlant de moi pour « rattraper » ses fourberies). Mistral pour Lyon 13 h. Chez J.J. Téléphoné au Dr Jack Chevalier, beau-frère du Petrus. Vu Progrès papiers sur Maufrais.
30 janvier 1953
Vu Grange-Blanche Dr Chevalier (assistant du Dr Wertheimer). Déj. Chez J.J., dîner chez Chevalier, puis aux Archers avec eux.
31 janvier 1953
Dr Marion 15 h, Guillet 16 h 15, Angèle 21 h. À 5 h ½ la manchote : « Pour mon noël, j’ai fait 100 000 balles – mais, janvier après les fêtes c’est mort. Mon beau-père m’a tiré dessus. J’sais pas de qui c’est, mon fils. »
1er février 1953
Sac caoutchoux Decaunes. Rentré à Paris et dormi.
2 février 1953
Raz de marée sur l’Europe du Nord. Des milliers de victimes.
Envoyé « Rimbaud » à Machado Coelho (Belém). Renvoyé 2 000 F à Liliane (Lyon).
A 20 h, vu les Orano, encore mis à la porte. Sont à la Motte-Piquet, plus misérables que jamais. Lui, couvert de plaques rouges aux mains ; elle lasse. Je lui conseille d’aller au P. de Malte s’y faire hospitaliser. Remis 5 000 F.
3 février 1953
Papa, maman, Gilbert partis en voiture pour Aurillac et Nice. Train pour Morlaix
8 h 31.
Sur Toutankhamon : « Dans l’état actuel de nos connaissances nous pouvons dire avec certitude que le seul fait remarquable de sa vie fut qu’il mourut et qu’il fut enterré ». Howard Carter.
Morlaix 13 h 45. En Taxi, à Carantec (interview d’un gosse opéré de l’œsophage). Nuit à Carantec.
4 février 1953
« On ne doit pas être prisonnier des ordres pour les grandes certitudes » Leclerc.
Retour Paris par train Morlaix 11 h 20. Les Orano ont encore déménagé.
5 février 1953
Plus de 3 000 morts dans le raz de marée en Hollande et Angleterre.
Vu Saby l’après-midi, allé chez Otero, très mal.
6 février 1953
A minuit 30, coup de téléphone de Bordeaux : Dante – heureux, lyrique : le P.L. a tiré 30 000 de plus grâce au procès ; des femmes l’assiègent – lui. Il déborde d’amitié.
Le soir, journal : avec Cartier et Pecaud, retrouvé Morin dans un bar – ivre, lyrique et bavard. L’ai raccompagné en voiture à Clichy.
7 février 1953
Journée à la maison. Téléphoné à Match : « Il y a certainement du travail pour vous ». Attendre en vain.
8 février 1953
Déjeuner Montreuil. Vu Jackie. Lu la « Gradiva » interprétée par Freud.
9 février 1953
A Match, Pernoud m’annonce : « Je ne vous cacherai pas que je préférerais que vous travailliez uniquement pour nous ». Juste ce que j’attendais.
10 février 1953
Match. Papier « rewrité » sur Abetz. Puis sur le pool charbon acier (revu de Barillon qui l’avait revu de Dupuy). Rentré 21 h. Maman rentrée par le train : malade pendant le voyage : à Aix, abcès de la gorge.
11 février 1953
Article R. Cartier dans Match n° 204 (7-14 février). Boniface m’a parlé net, sa répression, m’a-t-il déclaré spontanément, a été brutale. J’ai aimé qu’il n’eut pas peur du mot. L’écrasement de la sédition a été par bonheur rapide et total. Boniface : j’ai écrasé la révolte aux moindres frais – j’ai eu de la chance – j’aurais pu ne pas en avoir eu – voilà – etc., etc.
12 février 1953
Toujours les Juifs ! L’URSS rompt ses relations avec Israël. Eisenhower refuse la grâce des Rosenberg. La police recherche les enfants Finaly.
13 février 1953
(Suite) Une famille juive enlève la fille, mariée à un catholique.
Coup de fil de Pernoud qui me demande de prendre l’avion pour Nice. Impossible.
2 condamnés à mort pour Oradour (1 Alsacien, Boos, 1 Allemand, l’adjudant Lanz contre qui d’ailleurs rien n’a été prouvé). Les autres : T.F. et prison.
14 février 1953
Sachez-le, ils nous haïssent non pour ce que nous sommes, mais pour ce qu’ils prétendent être et ne sont pas. M. Sperber (Evidences, déc. 52).
Nier la force du sentiment au nom du réalisme, c’est cesser d’être réaliste. Weizmann.
Gatti rentré de Bordeaux. Avec lui et Hespérus, dîner Vicomte puis, avec Hespérus chez Petrus, rentré de Rome.
15 février 1953
Avec Petrus, Dante, Bernard, les Toussaint, Daniel et Stockhausen au Marigny : « Ballet de Bali ». Superbe.
16 février 1953
Remis à Détective 2 papiers « Gosse de Carantec » et « lobotomie ».
Coup de téléphone de Match 16 h papier sur Élysée. Parti voir Forgeot et l’huissier Toulevent.
17 février 1953
Re-Élysée. Le soir, Match : papier sur Muiriella, forceur du blocus pétrolier anglais.
18 février 1953
Dîner avec Dante au Beaujolais, puis chez Boulez.
19 février 1953
Match. Papier à faire sur les grands magasins (documentation énorme). Vu Collin. Avec lui chez Stibbe, discussion sur mon affaire avec le P.L. et les grands problèmes de l’heure : Marty, le communisme, le cas Rosenberg… Les ouvriers chez nous.
20 février 1953
Bibliothèque montée. Papier Match.
21 février 1953
10 h Gatti l’admirable à Clichy. Noisy-le-Sec.
Chez les Orano (lui mieux) avec Gatti. Déjeuner Clichy, puis Noisy-le-Sec. Retour : convocation de Gatti à la gendarmerie. On y file ! On lui remet le fascicule. Tout paraît arrangé. Papier Grands magasins.
22 février 1953
Collin déjeune à Clichy – me fait papier sur la chirurgie cardiovasculaire.
23 février 1953
Vu Stibbe pour l’affaire. Commission des litiges (Palauprès, Hermann, Viguier, Stibbe et l’ineffable Bigeon). Palau de mauvaise humeur. Bigeon soutient l’incompétence. Stibbe répond (Nord Af). Bon dans l’ensemble.
À Match la soirée.
25 février 1953
Répondu à un étudiant en baleine. Collin déjeune et travaille.
26 février 1953
Collin déjeune. Le soir, David Kolicky.
27 février 1953
Vu Dante à midi quai d’Anjou (Kateb et Issakhem). Prêté 5 000.
28 février 1953
Soleil – Gatti et Kateb déjeuner Clichy. Noisy-le-Sec. Le soir, anniversaire de Hélène (Kateb, Gatti, Collin). Rentré avec Collin – Halte aux Batignolles dans un café à ivrognes batailleurs. « Un de ces soirs, j’te casserai la gueule quand tu voudras ».
1er mars 1953
Recopié 2 papiers (cœur et chirurgie radio élément)
3 mars 1953
Reçu papiers parus dans le Progrès. Vu Gatti, et Audouard, revenu du Midi très lactophile.
4 mars 1953
Staline très malade (annonce Moscou 6 h). Brouillard opaque le matin, puis temps clair. Le petit commerce se réjouit « Il est mort, le grand Baladin du Monde oriental » – Match m’envoie à Strasbourg.
5 mars 1953
Journaux remplis par l’événement de Moscou. « Le meilleur communiste est celui qui est mort ! » Général Van Fleet (ancien chef de l’armée US en Corée).
À Match, vu Pernoud et Farran qui m’envoient à Strasbourg (conseil de l’Europe).
6 mars 1953
Passant, avec les lépreux rue du Louvre (sur le chemin du pavillon de Malte) vu des hommes tendre à 15-20 m immense voile noir. Mais sur la façade de l’Huma : Staline est mort.
7 mars 1953
8 h train pour Strasbourg. Malenkov succède à Staline – tout bouleversé.
Arrivée 13 h 15, hôtel Excelsior. Palais de l’Europe. Melle Mandel. Discussion du « Traité instituant communauté politique » (Spaak président). Séance de nuit.
8 mars 1953
18 h 30 : réception Spaak en l’honneur de Von Brentano et des membres actifs de l’Asso. ad hoc. Vu Lévy, directeur du service de presse, et Dehousse, rapporteur.
9 mars 1953
Séance à 10 h. Les ministres à Strasbourg. Pris le train à 18 h 20. « Cet air des voyageurs de seconde qui vont pisser en première ».
10 mars 1953
Match. Papier pas bon. Un autre, sur l’Albanie, pas bon. Assez content, au fond, que ce genre de papiers ne me réussisse pas.
Barsalon : « Le rapport est déposé : la clique Bellanger va être inculpée dans les deux jours ».
Téléphoné Corvol.
11 mars 1953
Porté à Détective papier « chirurgie esthétique ». Obscure bagarre de journaux : « Ce matin-le Pays » cesse de paraître ; L’Aurore prend le titre ; le lendemain, le Parisien envoie sa copie à Ce matin qui reparaît pour 1 jour (aujourd’hui).
Téléphoné J.J. : succès du reportage au Progrès.
13 mars 1953
Match. Dîné au Vicomte avec Pacaud. Les Toussaint ne viendront pas déjeuner demain : Nurse est morte à Grenoble. La belle-sœur de Billard : jambe cassée.
Passé chez Boulez ; Mme Marguerite s’est cassé le bras gauche. A minuit, avec P. , café de la République : à l’entrée 5 pompes funèbres, tout guillerets criaient : « Vive les Croq ! ».
14 mars 1953
Gatti, en révélation – porte condamnée. Passé par chez Petrus, la forme. Il part lundi en Tunisie avec la troupe.
15 mars 1953
Nettoyage des dossiers. Journée difficile – difficile.
16 mars 1953
Shape (Rocquencourt), puis, avec Souvt., Dante, Bernard et Stockhausen conduit Petrus au train de Tunisie. Souvt. parle de Stravinsky : les problèmes d’esthétique cachent les problèmes de technique : erreur de Stravinsky – la vie du « jeune prince » aujourd’hui déchu : Igor Markevitch.
17 mars 1953
Midi : vu Helsey
18 mars 1953
Shape le matin. Tailleur Asnières. Collin, le soir. Envoyé un télégramme à son père pour partir en vacances à Monastir. Physiquement à bout.
20 mars 1953
Le soir, avec Dante, Bernard, Stockhausen et Madeleine chez Michel, puis chez Flinker (la jambe dans le plâtre : ski). Orféo. « Stockli » déçu de la France, amer.
21 mars 1953
16 h avec Leleu et Dante, dans la voiture de Leleu, à Noisy-le-Sec. Décide avec Dante vacances en auto pour la saint Fructueux.
Des agents motocyclistes après moi au pont de Clichy : pas respecté la priorité à droite ! Vrai ?
22 mars 1953
Reçu chèque du Progrès (60 000).
23 mars 1953
Chez Gatti, pour embarquer Collin qui, réflexion faite, ne part que ce soir.
Détective passe des « pavés » dans F.S. pour annoncer l’enquête.
24 mars 1953
Match : travail sur Tito qui, finalement, ne passe pas.
26 mars 1953
Vu Stibbe (pour le procès). Me propose travail : brochure concernant les levées d’immunités.
27 mars 1953
Midi : téléphone, grand-père très mal. Amené Barthélémy, ancien médecin du Gascogne. 3 piqûres. C’est la fin.
28 mars 1953
Santé meilleure ce matin, mais très faible : « je vais mourir… c’est l’âge qui m’emporte ! C’est fini ! » Le soir, tout fonctionne de nouveau : le teint rosit – va-t-il s’en sortir ?
À Match papier à faire sur Mountbatten. Décret d’amnistie en URSS. Conversation de paix. Va-t-on respirer ? Vu Gatti malade depuis son retour de Guéret (fatigué, surtout).
30 mars 1953
Grand-père va mieux ! Téléphone de Billard – Déjeuner demain.
31 mars 1953
Déjeuner Billard et Gisèle. Départ demain. Decaunes a dérobé 100 000 F à Billard, me dit celui-ci (films vendus chez Pathé en douce).
1er avril 1953
Avec Dante, accompagné les Billard à Orly.
Grand-père très mal : cancer généralisé, dit le médecin.
3 avril 1953
Papier sur antibiotiques. Grand-père pleure parce qu’il doit mourir : « A.P.ques ! à Pâques ! Mourir à Pâques ! » Veut tout le monde autour de lui, fait ses recommandations (couper les veines, enterrement religieux, toucher ses allocations : il signe et dit : « je signe sur mon lit de mort ».)
4 avril 1953
Vu Dante – que de Solies est venu voir chez lui hier ; a examiné le manuscrit – le publiera dans la revue.
Match : Farran, rédacteur en chef, me dit : le mois prochain, j’en suis (à 100 mille par ?). en Russie, les nouvelles stupéfiantes se suivent : après l’amnistie, reprise des négociations en Corée, libération d’Anglais et de Français (civils pris en Corée), etc. Voici que les médecins accusés d’assassinats politiques sont libérés et innocentés ! Leurs accusateurs en prison. Grand-père mieux, mais…
6 avril 1953
Le monde ne comprend plus ce que se passe à Moscou : la nuit complète. Match : un papier sur Tito, un autre sur Foucauld.
7 avril 1953
Donné mon congé à Détective. Toute la journée Match (télégrammes, Tito…)
10 avril 1953
Match : 2 papiers parus (Tito, Mountbatten). Bonheur me félicite. Affaire arrangée pour la fin du mois.
11 avril 1953
Gatti à déjeuner – puis Noisy (Stéphane oreillons). Grand-père : bacillose des vieillards et Hodgkin.
13 avril 1953
Transporté grand-père à Beaujon.
Midi : Gatti – Saby déjeuner. Après : tailleur pour une veste à Gatti, puis, avec Bernard, Ballade dans Paris (galeries, rhumerie, Flinker). Vacances reportées, Cartier de retour.
14 avril 1953
Papier suicide du frère d’Eva Peron. Le soir, télégrammes, puis à 2 h refaire papier sur la vedette Olivia de Haviland. Rentré 5 h du matin.
15 avril 1953
Vu Helsey pour Prix Albert Londres (parlé de la Mecque). Vu Corvol.
16 avril 1953
Papier Détective (cure de sommeil, accouchement sans douleur). Après, Gatti, Vicomte, puis Pozner et Madame, et Lemay puis une américano-japonaise, Betty K.
17 avril 1953
Chèque de Match (62 000 pour deux numéros) – Envoyé lettre à Bellanger.
20 avril 1953
H.C. Andersen (film RKO) en projection privée. Mauvais. Papier sur Van Gogh.
21 avril 1953
Lecture : lettres Vincent à Théo.
22 avril 1953
Papier Van Gogh.
23 avril 1953
Fini travail. Porté à Match – après-midi et soir jusqu’à 10 h. Kateb à déjeuner.
24 avril 1953
Ecrit lettre de démission à Détective. 19 h vu Rognoni.
25 avril 1953
Noisy-le-Sec avec Gatti.
17 h Chatham : assoc. des G.R.F. Résultats : cartes 50 % SNCF, visas ministériels, etc. Helsey et Korab me disent que « mes affaires » pour le Prix vont bien. Après, chez Marine, avec J.B.D. R.V. avec Christiane mercredi : noble putain.
27 avril 1953
Conduit Dante à la gare pour Bordeaux (au P.L. on fait des difficultés pour les journaux – prix – Bellanger fait chercher par Larquier les petits articles que j’ai pu faire – grands reportages).
28 avril 1953
Vu Petrus pour Fano-Lefèvre – Prix A.L.
29 avril 1953
Travail « Vins de France ».
30 avril 1953
Vu Beyler qui voulait me voir : Bravo pour la « promotion », la maison continue à rester ouverte. Entrée à Match : une table chez les rewriters.
1er mai 1953
Pluie – Lu Lewis Caroll.
Avec Bernard et Dante – retour de Bordeaux – vu au Gaumont « le Salaire de la peur » (Clouzot). Belle mécanique. Après dîner, rue Ct Bonnet. Discussion – et explosion de Gatti (Processus : le film, le côté homosexuel, regimbe de Bernard, etc.). Rentré à minuit.
2 mai 1953
A Match, Pernoud m’annonce 75 000 + les articles (20 000 chacun).
4 mai 1953
Le P.L. (de plus en plus difficile de trouver les journaux). Apéritif à Détective pour mon départ.
5 mai 1953
Téléphone Florise – (Kessel a envoyé son vote).
7 mai 1953
Travail Match (vins de France). 17 h : palais de Tokyo – Salon de Mai : 1ère expo de Bernard (2 tableaux).
19 h chez Kateb (photos de Moscou – projet de le faire entrer à Match.
9 mai 1953
Temps gris, froid. Chatham grands reporters (Courtade, Helsey, Labarthe, etc.). Vu après Helsey et de Korab qui me disent que c’est presque sûr (Kessel, Martin Chauffier, Helsey, Korab, Brisson – contre Aulnière, Perreux, etc.). Helsey me dit que Brisson me fera une proposition pour le Figaro.
10 mai 1953
Match, la nuit. Himalaya (papier d’un journaliste anglais envoyé à l’expédition britannique.
11 mai 1953
Avec Dante, chez Michaux, rue Séguier. Bavard (St John Perse pègre ou pas, Jules Romains, le Brésil, etc., Le Cointe). Acheté tableau bord cadre plein toile grise et insectes (rouge et vert – traits).
12 mai 1953
Orano téléphone : Giulia a provoqué un incident à la foire de Paris (giflé un Italien) Allé avec lui au commissariat.
Le soir, chez Michel, anniversaire de Bernard (28 ans), puis chez Petrus.
13 mai 1953
Helsey téléphone : Chanteloup prisonnier 3 ans en Corée se présente au Prix A.L. : c’est fichu. R.V. avec Martin Chauffier demain.
14 mai 1953
Av. G.Mandel, chez Martin Chauffier, très amical, maintient son vote, agira sur Ambière.
16 mai 1953
7 voix au Coréen contre 4 – le Figaro gagne à tous les coups. Reçu chèque 130 000 de Match.
18 mai 1953
Téléphone Martin Chauffier : 1er tour, moi 4, Chanteloup 4, Tilly et A. 2 – 2e tour : moi 4, Ch. 5, T. 1, A. 2. Pas un mot dans le P.L. Acheté stylo.
Eté à la campagne véhiculer Danielle et Stéphane.
19 mai 1953
Grève de transports parisiens.
20 mai 1953
Grève gaz, électricité (24 h).
Helsey m’explique les dessous du Prix : 1) Lefèbvre suscite Chanteloup pour courtiser Brisson. 2) Chanteloup écrivant mal, ses papiers sont faits par Marcuse. 3) Bellanger convoque Botrot : « Vous avez fait rater le Prix à Tilly – ne laissez pas faire un affront au P.L. en votant Joffroy ». 4) Perreux : Joffroy n’est pas Joffroy, et il est juif, etc. Florise, écœurée, songe à supprimer le Prix. (Labarthe démissionne de la vice-présidence des GRF et du Prix Armorin.)
22 mai 1953
Tribunal de simple police : 700 F d’amende.
Coup de téléphone à Stibbe : Bellanger a envoyé la lettre sur les 1 000 F à la commission. Tout le monde s’en est amusé. Tél. de Giulia : Détective lui a envoyé 5 000 F.
24 mai 1953
Passé chez Bernard (Danielle, le gosse, Gatti).
25 mai 1953
Match journée. Soir apéritif chez Huguette et dîner Gatti. Puis, promenade Bois de Vincennes, Nogent.
26 mai 1953
Bellanger inculpé d’infraction loi sur les sociétés (avec Amaury et Verrière).
27 mai 1953
À Match, rédigé la demande de renouvellement de la carte professionnelle. Dîner avec Stibbe, sa femme et Gatti au Vicomte (le procès des 1 000 F de notes de frais sera fait).
28 mai 1953
Aplomb : le P.L. poursuit les journaux qui parlent de l’inculpation.
Déjeuner Clichy Corvol (Cl., me dit-il, est devenue grosse – à Bandol).
30 mai 1953
Dîné au Vicomte avec Gatti et les Croizard. Projet de faire entrer Gatti à Match.
1er juin 1953
Détective, puis Pacaut à Match. Dîné chez le beau-père de Pacaut.
2 juin 1953
Couronnement d’Elisabeth II. T.V. à Match. L’Everest est conquis. Les Rosenberg seront exécutés le 15.
4 juin 1953
Dîner avec Dante, Danielle, chez les Croizard.
6 juin 1953
Avec Dante, à Noisy. Quai d’Anjou, décidé d’acheter à 4, 5 le bateau d’Audouard.
Dîner chez Rognoni, puis « Nuit de Montparnasse » (le plus beau modèle) – sale, triste, bête. Rentré 5 h.
8 juin 1953
Papier à faire sur la télévision en France (H. Chandet).
10 juin 1953
A Match, on joue sur l’investiture du Bidault.
11 juin 1953
Rognoni : Match n’a pas l’air d’en vouloir. Le soir, Dante chez lui (en vacances d’hiver) : a vu de Solier – fuyant – et Cayrol (qui marche pour le prendre dans sa revue).
12 juin 1953
La chaise le 18 juin pour les Rosenberg : protestations de partout (évêques, pasteurs, supplique à Elisabeth, au pape, larmes de la mère). Rien ! On les fait cuire à petit feu.
13 juin 1953
Messe F.J. A. Buffet, les Marchal, Leleu, Huguette, Gatti.
Au Kenya, on continue à tuer du Mau-Mau. Papier sur Le Greco à Match.
14 juin 1953
Conduit la mère à Montreuil. À 20 h chez Dante – Saby est là (doit partir demain pour Monte-Carlo, 1 mois ½).
15 juin 1953
Accompagné Hesperus à la gare – et son perroquet. À Match, papier sur Margaret (excédé de la famille royale !).
16 juin 1953
Le soir, avec Petrus et Dante au Vicomte, puis Bastille.
17 juin 1953
Émeutes à Berlin – Rognoni viré, puis rattrapé in extremis. Manifestation Nation pour les Rosenberg.
18 juin 1953
Sursis pour les Rosenberg grâce au juge Douglas.
Au Club d’essai avec Boulez (un Allemand, Metzger), puis déjeuné avec lui à Clichy ; il part à Metz. Sursis, pas pour longtemps.
La zone orientale d’Allemagne en effervescence.
Syngman Rhee libère les prisonniers nords-coréens anti-communistes (coup dur pour l’armistice).
19 juin 1953
Au Vicomte avec Dante, les Pardenlis-Lagrange et Maquet – puis, Royal St-Germain, Boulez. Les Rosenberg : une affiche fraîche à 11 h 45 : « Assassin Eisenhower ils sont innocents ». L’exécution à 1 h.
20 juin 1953
Dîné avec Dante quai d’Anjou. Avons parlé Sing Sing et lu les 3 premiers chapitres de l’œuvre.
21 juin 1953
Parti à 17 h 30 – avec Izis – à Valençay. Arrivée 21 h 30 – Château illuminé (la duchesse et le décorateur). Couché hôtel de la Gare (Izis a oublié son pied photo dans le train).
22 juin 1953
Maurice Aveline, décorateur. Château le matin. Départ 13 h 30
24 juin 1953
Tour de France : Match d’accord.
25 juin 1953
Passé rue d’Amsterdam (pour combinaison tour de France). Fini Greco.
26 juin 1953
Départ pour Monte-Carlo (Onassis) avec Jarnoux.
27 juin 1953
Villa Les Libellules, Cap-Martin (A. M.) Déjeuner Caillaud. Le soir, roulette. Gagné 2 000 F.
28 juin 1953
Avec Larue, Jarnaux et Heimann, au château « La Croe » : vu Onassis, sa femme, le gouverneur Roy et les enfants. Rentré couchettes Antibes.
1er juillet 1953
Vu Bronty (Fayard) – d’accord pour un Churchill.
Départ pour Strasbourg – tour de France (Orient express 22 h).
2 juillet 1953
Arrivée 4 h 15 à Strasbourg, avec Descamps. Recherche de chambre jusqu’à midi. La foire. Vu Moriz, Diraud, P.L.
3 juillet 1953
Départ 11 h 30, détour par Saverne. Orage, foudre – poursuite. Metz 16 h. Hôtel à Gorze pas très accueillant (2 filles avec nous dans la jeep).
4 juillet 1953
Metz – Liège. Couché à Bruxelles.
5 juillet 1953
Repris caravane à 13 h – Lille. Couché à Roubaix chez Descamps. Le soir Colisée bal.
6 juillet 1953
De Lille à Dieppe. Train 17 h 10 pour Paris, journal. Bonheur pas content des photographies.
7 juillet 1953
Rentré à la maison à 8 h. Téléphone de Gatti : Orano très malade. Dante a emprunté 20 000 F pour le mettre en clinique.
9 juillet 1953
Départ de Paris en Frégate avec Lacaze. 11 h. Nantes 17 h. Retrouvé Descamps et Mangeot.
10 juillet 1953
Nantes – Bordeaux (325). Piaf – Bartali.
11 juillet 1953
Repos à Bordeaux.
12 juillet 1953
Départ pour Pau. Arrivée sous la pluie 16 h 30. Casino.
13 juillet 1953
Pyrénées : Pau – Cauterets. Chute dans un ravin de Buchaille : sorti à la corde, puis chute et abandon de Koblet.
14 juillet 1953
Cauterets – Luchon. Couché hôtel Cauton (Mme Conort, hôtesse).
15 juillet 1953
Luchon – Albi, puis couché à Vabran (près de Béziers) où Lacaze rejoint sa femme.
16 juillet 1953
Valras et partie d’étape à Béziers (Robic 40’ de retard).
17 juillet 1953
Béziers – Nîmes. Abandon de Robic. Arles : hôtel Jules-César. (Mangeot malade reste à l’hôtel demain.)
18 juillet 1953
Arles – Marignane (hélico) rattrape la course à Miramas. Marseille – Marignane – Arles (reprendre Mangeot). St-Tropez (1 h).
19 juillet 1953
Monaco. Le soir à Grasse.
20 juillet 1953
Repos à Grasse.
21 juillet 1953
Vu Prouvost qui monte à bord jusqu’à St-Vallier. Etape Gap – couché au Soleil des Neiges, près de Barcelonnette à 1 300 m.
25 juillet 1953
Rentré avec les autres de Montluçon, arrivé à 1 h.
26 juillet 1953
Parc des Princes (Bobet vainqueur).
Vu Dante et Danielle. Envisagé travail intensif pour le Churchill.
27 juillet 1953
Armistice en Corée (après 3 ans, 1 mois, 12 heures de guerre).
Les parents et Gilbert partis pour Grasse. Papier sur le tour.
28 juillet 1953
Déjeuner quai d’Anjou avec Dante et Kateb (projet Churchill et voyage à Tombouctou en septembre).
30 juillet 1953
Justice de paix : affaire des 1 000 F – Stibbe et pour Bellanger, Me Brossolet. Jugement en octobre.
31 juillet 1953
Rien n’éclate jamais dans les tribunaux, pas même la bonne foi.
Bibliothèque nationale pour A. Dumas. Déjeuner avec Croizard et Morin.
T.V., Margaret, Onassis, Tour de France : 80 000.
1er août 1953
B.N. Cherché seul Stéphane à Noisy.
2 août 1953
Vu quai d’Anjou les Gatti, Hesperus, Petrus et Soury (belge musicophile).
5 août 1953
Vu chez Tony, rue Jacob, 26, l’ « expédition » (Dante – Kateb). Très difficile – jamais fait – d’Alger à Bazïr. Donc à faire.
6 août 1953
Pas sorti. Churchill 1er chapitre (jusqu’aux Boers).
7 août 1953
À Rambouillet, château présidentiel (description salle conseil des ministres pour Farran).
8 août 1953
Déjeuner with Rognoni.
9 août 1953
Chez les Toussaint (Dante et Bernard) dîner.
10 août 1953
Grève. Il était d’une impartialité révoltante.
11 août 1953
Grève générale. Famille rentrée de Grasse. Pernoud m’envoie à Aix voir Calder – qui s’y installe. Parti à 18 h voiture d’Izis. Couché à Auxerre.
12 août 1953
À Aix, 19 h, chez Calder. À 21 h on dînait dans sa cour avec femme et fille : lampe à pétrole, etc. Un mobile tournait dans le pré et Calder saoul.
13 août 1953
Toute la journée chez Calder : déballage et photo « cirque ». Déjeuner chez eux. Dîner à Aix avec eux. Calder saoul.
14 août 1953
Rentré – Chaleur étouffante. Couché Châlon-sur-Saône.
15 août 1953
Paris.
17 août 1953
Laniel fait le discours du réac qu’il est.
18 août 1953
Rentré 4 h, reparti à 9 h 30 pour un papier Maroc.
Gatti 20 h : me donne documentation Calder et 1 chapitre Churchill.
20 août 1953
Sultan du Maroc déposé. Mossadegh vaincu. Les Russes ont fait exploser le 12 une bombe H.
21 août 1953
Diwo et Jacqueline Michel, déjeuner Clichy. Téléphone de Boulez retour de Grasse.
22 août 1953
Cherché Saby chez lui (peinture nouvelle). Dîner chez Michel (Bernard, Petrus, Dante). S. Le temps qui fuit – et la jeunesse. Boulez : il y a six ans, je ne savais rien ; je ne suis pas mécontent de ces six ans.
23 août 1953
Papier Calder.
24 août 1953
Match : Ernst von Salomon et bombe H.
26 août 1953
Dernière main au Calder. Dîner chez Maquet à 22 h. Rentré à 2 h.
28 août 1953
Loué machine à écrire : 2 000 F par mois.
30 août 1953
Dicté Churchill à Mauricette.
1er septembre 1953
Vu Gatti. Dîner chez Michel (lui ai remis 2 premiers chapitres que Kateb tapera).
3 septembre 1953
Fini « Absalon ». Grand livre. Monique venue taper.
4 septembre 1953
Kateb et Dante venus déjeuner à Clichy (discussion plan Churchill).
7 septembre 1953
Martin-Chauffier entré à Match.
8 septembre 1953
Kateb midi (dactylo).
9 septembre 1953
Terminé mes 4 chapitres.
16 septembre 1953
Anniversaire maman (moulin à café). Gatti travaille à Clichy.
17 septembre – 18 septembre 1953
Gatti couché à Clichy.
19 septembre 1953
Yom Kippour.
22 septembre 1953
Gatti, Kateb : déjeuner et travail.
23 septembre 1953
Toussaint midi. Kateb, Gatti.
24 septembre 1953
Terminé à 11 h ! Vu Bronty pour remettre le manuscrit – Réponse dans 15 jours.
25 septembre 1953
Quai d’Anjou : vu Boulez de retour de Venise. Puis, dîner avec Dante, Kateb, Bernard et Danielle.
26 septembre- 27 septembre 1953
Lyon (Gatti). Visite expo Picasso avec J.J. Le soir, Privas chez Robert Tondini.
28 septembre 1953
Visite asile psychiatrique ; le soir, Aix, chez Calder puis hôtel.
29 septembre 1953
à Grasse, par Draguignan.
30 septembre 1953
à Grasse, en attendant Nardin
1er octobre 1953
Monaco. Déjeuner chez Caillaud, le soir à Menton (hôtel Roi Doré). Melle Moulins et Philippe.
2 octobre 1953
les filles déjeuner midi quai Laurenti.
3 octobre 1953
Vu Vidal lieutenant des douanes et dîné chez l’oncle de Gatti à la Condamine.
4 octobre 1953
Temps gris – Excursion Cap Martin. Le soir, au Royalty, dancing infecte, mais Christiane, la Tchèque – Sorti – raccompagné – crochet par Monaco, rentré 2 h 30.
5 octobre 1953
Soleil, Christiane le soir (21 ans, évadée du foyer avec homme de 40 ans). Nice – ciné.
6 octobre 1953
voiture, garage (rodage soupape).
7 octobre 1953
Christiane déjeuner et golf miniature, puis l’après-midi ensemble. Dîner avec Caillaud et Colette – Reçu mandat de 40 000 F.
9 octobre 1953
Avec Ch. Bain jetée, déjeuner Pennone, chez elle, puis jardin exotique. Commencé papiers Dante pour ‘Elle’. Elle vient à Paris avec nous.
10 octobre 1953
Déjeuner chez Caillaud : Kressmann, puis musée Picasso Antibes (incident Gatti). Détour Menton – Christiane – dîner chez Caillaud.
11 octobre 1953
Déjeuner chez Cricri. Dîner Pennone (soupe pot-au-feu à l’espagnole) – Cricri bien.
12 octobre 1953
Départ. Cherché Cri à Roquebrune. Panne d’essence. Départ 7 h. A Lyon 18 h 20 – Hôtel près de Bordeaux. Cricri pose la question.
13 octobre 1953
Lyon-Paris 16 h 30. Conduit Cricri chez l’X, rue de Bourgogne – pas là – puis chez des « amis » dans le XVIIe. Très confus tout cela…
16 octobre 1953
Tél. de C.S. Baleine Jonas, Conciergerie, tour Eiffel, dîner chez Michel – puis citadelle.
17 octobre 1953
Raccompagné C.S. à son hôtel après petit-déjeuner. Au ciné avec Dante (Quo Vadis ?) et dîner Royal St-Germain.
22 octobre 1953
17 h : vu Fayard avec Bronty – Refus du Churchill. Le soir, dîné chez Toussaint – Vu Petrus apportant pour l’imprimerie un texte de (concerts de Marigny)
26 octobre 1953
Gatti retour du procès Démon . Déjeuner Clichy.
28 octobre 1953
Papier sur le cycliste Anquetil
29 octobre 1953
Lettre de Claude Caillaud.
31 octobre 1953
Rue Visconti chez Karl Longuet, sculpteur, petit-fils de K. Marx. J.J. là, son beau-frère qui lit mal un texte des peintres (Bertold). Pluie.
1er novembre 1953
Travaillé papier affiches (Colin, Savignac) – papier jugé « mauvais ».
2 novembre 1953
Papier jugé mauvais, etc. Fait Farouk.
4 novembre 1953
Déjeuné avec Danielle et Dante dans l’île. Dante va apprendre à conduire.
Rue de Bercy, centre de réforme : Bon pour le service armé ! Lettre de Orano, adressée également à Dante et Saby.
5 novembre 1953
Téléphoné à Claude à Monte Carlo.
Avec Lomont, parc des Princes. Match Racing-Aix (pour article sur la dégringolade). Le Racing gagne !
7 novembre 1953
Vu Gatti et Helmann chez lui.
8 novembre 1953
Bouclage aujourd’hui. Le malaise persiste.
9 novembre 1953
Cherché Erminy et son mobile, suspendu au-dessus du lit.
10 novembre 1953
Lettre de J.J. offrant faire venir Michaux à Lyon pour expo livres et peintures, etc.
Lettre Kateb (d’Alger)
11 novembre 1953
Avec Dante chez Michaux : « Je ne voulais pas écrire tout de suite, mais j’avais tout cela en moi… après, l’opinion m’importait peu. Pour la peinture, je ne l’ai pas portée assez longtemps : c’est pourquoi je suis inquiet je n’y suis que depuis mon voyage en C.…… Je n’ai plus de famille, plus d’amis, et plus un sou. Ma famille de Bruxelles me rejetait, mais par l’esprit… ». Michaux refuse les offres de J.J. (il a de la famille à Lyon et ne veut pas leur donner prise).
14 novembre 1953
Cherché Stéphane à Noisy. Les Gatti à Clichy. Thé quai d’Anjou. Le soir, St-Germain avec Rognoni et Bracaud.
15 novembre 1953
Cauchemar : dans une caverne, un aboiement de chien fou. Déjeuner quai d’Anjou, puis Cirque d’Hiver avec les Gatti, Stéphane et Domine, la fille de Paule Thévenin. Thé chez les Thévenin – avec Bernard.
16 novembre 1953
Chez Leroyer, avec Dante pour les fauves. Kateb rentré d’Alger.
18 novembre 1953
Leroyer à St-Maurice (Dante chez la panthère).
Palais : procès Pauline Dubuisson, meurtrière de son ancien amant, Félix Bailly. Tous – président, partie civile, procureur – l’accablent encore quoiqu’elle avoue.
19 novembre 1953
Procès P. Dubuisson. Chez Michaux avec Marie-Hélène Vivès. Elle achète et moi aussi. Le soir, discussion avec Maquet, Croizard à l’American Club pour m’associer à eux.
20 novembre 1953
Pauline : perpète. Pauvre fille. Tristes juges. Décidé avec Maquet un livre sur la justice. Porté le Churchill le soir chez Dante.
21 novembre 1953
Avec Valérie chez Michaux. Elle achète une peinture.
24 novembre 1953
Avec Rognoni chez M.-H. Vivès, où se trouvait Marie-Jo, passagère du Gascogne.
Rhum, rhum, rhum. Dîner avec Dante chez Michel.
25 novembre 1953
Janine est morte.
26 novembre 1953
Enterrement à Maisons-Alfort. Brouillard.
28 novembre 1953
Vu Dante à midi. Visite avec Maquet, Bisiaux, Croizard à Fardoulie-Lagrange (un livre en préparation). Chez M.h. Viviès, rhum.
Notes : Ne plus tolérer l’antisémitisme même bonasse. Réclamer des explications (à tout refus, à tout silence).
2 décembre 1953
Dîner avec les Gatti, Saby et Kateb chez Michel (Boulez dîne chez Claudel).
3 décembre 1953
Dîner chez Bisiaux : donné livres, montré manuscrits Remizov et Artaud.
5 décembre 1953
Pierre Galante me dit que je pars pour le Sahara. Mon nom (avec ceux de J.P. Penez, Saunier et X), a été donné au Mouvement de la paix.
7 décembre 1953
Avec Dante, bd des Batignolles « ménagerie Lambert ».
Pas de « bouclage ». Grève chez les ouvriers de Motel. Gascar, Prix Goncourt.
8 décembre 1953
Chez Michel, re-dîner avec les mêmes – Boulez absent. Kateb : un texte publié dans « Esprit ». Churchill : en bonne voie d’édition (Seuil).
9 décembre 1953
Le soir avec Rognoni chez MHV. Cinéma ensuite.
Bruits de scission à P.M. (Bregner veut faire un magazine ; Bonheur et les news suivraient ; Théron resterait si 100 000 F et direction.
10 décembre 1953
Avec MTV et Gatti, ménagerie Lambert. Laissé Dante. Mère m’offre une robe de chambre de soie pourpre.
11 décembre 1953
Avec Brisiaux, NRF : acheté les Michaux.
13 décembre 1953
Bouclage. Fini à 2 h. Avec Brisiaux et Maquet, randonnée à Montparnasse (la boîteuse).
14 décembre 1953
Fatigue. Quai d’Anjou : les Marchal se préparent à partir avec armes et bagages.
15 décembre 1953
Coup de téléphone de Dante : le Churchill accepté au Seuil. Avec Dante et Danielle, dîner chez Michel puis au Rex : cinémascope « La Tunique ».
16 décembre 1953
Envoyé lettre à J. Cayrol pour bibliographie de Churchill.
17 décembre 1953
Midi : Bernard déjeune à Clichy. De plus en plus amoureux de l’homme-cheval. Il veut y aller.
Election du président de la république à Versailles : vu à la T.V. de P.M. Naegelen en tête avec les voix communistes au 2e tour. Conduit Mangeot au Bourget.
Coup de fil de Toussaint : le Churchill est accepté.
Ecrasé un chat à Clichy.
18 décembre 1953
3e tour : Laniel, Naegelen, Dellon
4e tour : Laniel 408, Naegelen 330
5e tour demain.
19 décembre 1953
5e tour : Laniel perd des voix puis Naegelen et Médecin
6e tour : L. 397, N. 306, M. 171
Dîner Chatham grands reporters. Menant là – Helsey, JBD, Sevry, Parmelin, Courtalle, Stéry, Guillain, Groussard, Blanchet, Serge Bromberger.
20 décembre 1953
Vu Gatti : Churchill et son enquête sur les fauves.
7e tour : L., N., M.
8e tour : Laniel 430, Naegelin 380 en flèche, Pinay 25. Avec Maquet et Bisiaux chez Adrien.
21 décembre 1953
9e tour : Laniel en baisse, N. en baisse, Montel en hausse
10e tour : les trois en baisse
Vu avec Bisiaux « High Noon » (Le Train sifflera trois fois). Bon.
22 décembre 1953
Achat de bouquins pour terminer le Churchill. Cherché pick up chez Philips, pas de vote à Versailles. Laniel va renoncer, enfin.
Coup de fil de Dante : le Churchill doit être achevé pour mardi.
23 décembre 1953
11e tour : Jacquinot en tête (Laniel parti).
12e tour : Coty (Jacquinot parti).
13e tour : Coty élu – un inconnu.
Vu Dante – reçu deux livres de lui : le Journal de Jungers (I et II).
24 décembre 1953
Rentré à 9 h après bouclage. Béria fusillé à Moscou.
Coup de fil de Kateb : « Nous marchons vers la richesse, frère ».
25 décembre 1953
Parti réveillonner chez les Diwo à Hellenvilliers (en Normandie).
28 décembre 1953
Travail Churchill.
29 décembre 1953
Collision aux Champs-Elysées. À midi, remis manuscrit. Déjeuner tous les trois avec Cayrol chez Michel.
Lettre d’une inconnue rencontrée à La Sauze-Barcelonnette pendant le Tour de France et qui m’invite à venir la voir.
30 décembre 1953
Avec Dante, à Esprit pour n° spécial sur les prisons. Béguin, Casamayor, une visiteuse de prisons et un aumônier protestant Dumas. A faire, moi : la relégation. Le soir, chez Michel avec les Gatti et Bernard.
31 décembre 1953
Téléphoné à l’inconnue. « Connais pas ». Mais le soir, coup de fil à Match : un quiproquo. Elle s’appelle Marie-Claude et non Claudie, enfin, etc., etc.