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1969

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’état civil.
Né en 1922 À Hayange en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot » chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total ».
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

Choisissez une année 

2 janvier 1969

Dans France-Soir allusion à Gary, distribuant « L’enragé » à Chamonix.
Avec Rapinat, tapé le dernier chapitre.
Corrections le soir. 455 pages, plus que je ne croyais.

3 janvier 1969

Terminé numérotage matin à 4 h 30 chez Françoise Verny. Remis deux exemplaires attendus impatiemment. Vu Koenigseder.

5 janvier 1969

Corrections sur les 3 derniers manuscrits.

6 janvier 1969

Envoyé manuscrit W. après téléphonage. Donné à lire à Chateauneu. Harlan à Paris : le verrai. Donné passage Berlin à corriger à Benz, également à Paris.
Cdf de Cavaglioli du « Nouvel Obs. » qui doit écrire un portrait de Gatti, me demande tuyaux. Le renvoie sur Monloup.
Cdf de Verny : déconcertée – et B. Privat aussi. Mais beau livre tout de même.
Cdf de Sabine Delattre (ex-Fayard) me propose un livre à faire ! Décliné, je fais un roman !

7 janvier 1969

Châteauneu : a lu moitié ; déconcerté – mais dans le sens favorable. Parle longuement ensuite de K.G. en qui il voit Hamlet, Shakespeare, les Grecs.
Tout le monde m’interroge sur Gatti et la pièce interdite. On a l’air de trouver que c’est de la bonne publicité pour lui. Une chance, en somme !

8 janvier 1969

Grasset : Verny toujours déconcertée (le mot viendra 5 ou 6 fois) mais plus favorable. J.-C. Fasquelle : « Quel beau livre vous avez fait ! ».
Cinéma : « Le Bébé de Rosemary » de Polanski. Assez bon, mais sans Hitchcock, n’existerait pas.
Cdf à Poliakov pour lui envoyer le manuscrit. Envoyé à Th. Harlan.

9 janvier 1969

Attaques continues de de Gaulle contre Israël ; condamnations verbales, embargo, allusion à des « influences israéliennes » dans la presse.
Cdf de F.Verny: nombreux R.V.
Cdf de Mme Gerstein à Mme L( je n’étais pas là!): elle a appris par W. la remise du manuscrit, elle en veut un .Téléphoné W qu’il ne lui donne pas le sien. Trop urgent ai je argué.
Cdf de Dante 8 h du soir. Pour me tenir au courant du « Franco ». L’offre Malraux, du vent. TEP refuse. D. songe à faire jouer la pièce par souscription à Lyon, puis Paris. Part pour l’Allemagne un an vers le 17 février. Il a reçu Caviglioli du Nouvel Obs. qui ne lui a posé que des questions « pittoresques » (amour, exploits). Me propose de nous voir pour parler de « ma » pièce (à faire).

10 janvier 1969

Au journal, vu Jean Michaud-Mailland, compulse la docu pour Tito, biographie qu’il doit écrire.
A 2 h 30 chez Grasset. 12 représentants de Hachette, plus F. Verny et B. Privat : petite conférence sur K.G. les représentants intéressés.
9 h 30 rue du Cherche-Midi chez Mme Edelmann Privat, les libraires de Paris, deux ou trois douzaines. Mouvements divers pendant ma parlerie. Quelques-uns s’imaginent que je fais l’apologie d’un SS.

12 janvier 1969

Cdf de F. Verny : dit qu’un libraire (Delatte) s’est levé, ne pouvant supporter l’apologie d’un SS. R.V. demain.

13 janvier 1969

A 3 h 30 Grasset. Vu F. Verny, Rob. De St Jean et J.-C. Fasquelle. Critiques de détail : trop de citations, quelques longueurs. Le titre en question. Parution peut-être le 15 mars.

14 janvier 1969

Sydney Smith retour d’Israël a vu Moshé Pearlmann (qui lui a raconté notre ancienne aventure sur le « Guardian »). Envoyé carte à Pearlmann
Cdf de Julie Orano pour rencontre Gatti. RV demain matin.

15 janvier 1969

Boulevard de la Bastille. Monloup, Gatti, Mme Orano, étrangement attifée. Parlé du pauvre Marcel (enterré au cimetière musulman de Rome). Elle n’a pas d’argent, vit en vagabonde en Italie, doit repartir, hésite, songe à aller en Belgique où elle a eu des amis, demande conseil, veut faire éditer le livre de Marcello, ou le récit de ses propres aventures, créer un « scandale », une « explosion », etc… Très comme avant – inchangeable. Repartie au bout d’une heure. Remis quelques billets.
Dans l’Huma, article sur « Franco » – façon de lâcher, de torpiller la tentative de monter la pièce en dehors du TNP.
Déjeuner Monloup et Hélène.
Visite éclair de Me Vve Chiaramonti au journal.
Téléphoné Poggioli (Nice) de prendre contact avec une dame, veuve d’un capitaine (K.G.).

16 janvier 1969

Expérience spatiale russe (opération d’amarrage et de transfert d’équipage).

19 janvier 1969

Marcuse : L’Homme unidimentionnel. Passionnant.
Idée de roman (le clochard, comme héros contre l’état de bien-être).

20 janvier 1969

Téléph à Weinlberg. Ne lit pas trés vite. En est à la page 78. M’enverra ses critiques. Me trouve incompréhensif à l’égard des parents.
Tél. Harlan : ton livre m’a émerveillé.
Téléphone à Poliakoff: « Emballé », dit-il, mais obligé de finir un brûlot sur le sionisme et l’antisémitisme, n’a lu que 40 pages. L’a donné à sa petite-fille.
Vu l’investiture de Nixon à la TV à 18 h. Les voilà bien !

21 janvier 1969

A 11 h chez Danielle Gatti, 137 av. de Versailles. Seule. Les enfants à l’école, au lycée, à la fac de Vincennes. Bernard à son chinois. Travaille peu : peinture. Bernier ne fait rien pour lui. Contrat fini. Danielle cherche à travailler. Quelques cheveux gris – mais pas changée.

24 janvier 1969

Théâtre de la Commune à Aubervilliers : « Off limits » d’Adamov. Maigriot. Seul. Rencontré Le Bolzec avec des amis. Rentré seul à pied jusqu’à la porte d’Aubervilliers.

25 janvier 1969

Harlan à 6 h avec trois filles (1 Allemande, la sœur de Bellour). Quelques suggestions sur K.G. R.V. lundi.
Dîner chez les Diwo. Fred Matter, explorateur, découvreur des sources de l’Amazone, était là. Très discret, modeste, intéressant.

26 janvier 1969

Franco et les militaires ont repris l’Espagne « en mains ». Malraux a dû penser amèrement à l’interdiction de la pièce de Dante.

27 janvier 1969

De 9 h à 6 h chez Thomas Harlan, rue Le Regrattier (1 chambre, 1 salle de bain) ; à revoir le K.G. Beaucoup de notes.
Travaillé livre Mondrian pour 1 article.

28 janvier 1969

Visite de l’expo Mondrian à l’Orangerie.

29 janvier 1969

Rendu papier Mondrian.
Cartier, qui possède des abstraits mais pas des Mondrian, approuve.
Visite de Sanchez, triste. Rupture consommée avec Dante – depuis l’interdiction : il aurait voulu que D. se révolte au lieu de négocier avec Malraux. « Il a eu peur » dit Sanchez, « de ne plus être joué, etc. ». Peur ? Plutôt alors celle de ne pas voir représenter « Franco » – et « Franco » seul.

30 janvier 1969

Corrections d’après Harlan.
Dîné avec les Gilbert et Rapinat, puissance invitante, à la Vieille Grille, rue Tiquetonne. Puis, à 10 h chez Georges, établi depuis lundi dans le Marais, rue du Bourg-Tibourg. Pas plus grand qu’à l’Odéon.

31 janvier 1969

Cdf Poliakov : sa belle-fille a lu le livre d’un trait. Lui, pas encore. D’ici 2 semaines.

1er février 1969

Corrections toute la journée.
Remettrai le manuscrit demain à F. Verny.

2 février 1969

A 6 h 30 chez F. Verny.
Remise du manuscrit. Quelques échanges sur les pré-parutions.

3 février 1969

Cdf à Harlan (détails K.G.
Grasset ne veut pas du titre K.G.
Cdf de Poliakov : R.V. jeudi. Il a lu.
Lettre de Weisselberg, à la page 250, se déclare enthousiaste.
De Gaulle a fait un discours hier à Quimper. Ne sais même pas de quoi il s’agit, de quoi il a parlé. C’est bien fini, le rayonnement.
Grasset à 2 h 30 : vu Fournier pour le travail technique (caractères, etc.).

4 février 1969

« Enragés et situationnistes dans le mouvement des occupations » (Mai vu par les situationnistes). Très intéressant. J’étais situationniste – je suis situationniste.

7 février 1969

Vu Poliakov au tabac de l’avenue de Messine, face au parc Monceau. A lu d’une traite, dit-il. Quelques remarques, puis discuté de l’antisémitisme soviétique, des jeunes juifs supporters du Fatah.
Cdf de Weissenfeld qui se dit passionné par « la façon dont vous avez compris la société de l’époque » et la différence d’avec le Friedlander. de tout ce que j’ai trouvé et ajouté. Il a pris contact avec Ullstein pour une option sur le livre. A aimé la façon dont j’ai intercalé les réflexions et points de vue de 1968 à l’époque ancienne.
Vu Gaston – disposé à la coédition. Cherchons un titre : je propose Service en enfer.

9 février 1969

Serval téléphone, propose un titre: » serviteur de Dieu en enfer ». Non
Travaillé. Cherché titre à K.G. Cdf de Chateauneu à ce sujet (L’homme qui voulait voir Caïn).
Cdf le soir de Harlan, retour de Suisse. 45 minutes au téléphone à chercher ensemble. Finalement : « Gaz ».

10 février 1969

Cocktail de Heidi pour son mariage. Vu les Anciens.
Bruit d’un nouveau rédacteur en chef. le vide appelle le vide.
Lecture de « L’Aveu » d’Arthur London (le procès de Prague). Impressionnant.

11 février 1969

Grasset : vu J.-C. Fasquelle , travaillé au titre. Finalement : « Midi à Belzec », le dernier, le bon, accepté ensuite par F. Verny.
Vu aussi K. Koenigseder.
Champs Elysées: avec Weisenfeld quelques remarques.

12 février 1969

Chez Bellour, vu sa sœur, lui (toujours chez les Brontë) et Th. Harlan : docu sur K.G. et titre : « L’Espion des espions » (en réponse à la proposition Grasset « Pour dénoncer l’enfer »).

13 février 1969

Cdf à J.C Fasquelle : titres proposés: « Le Bel espion – Histoire et passion du SS K.G. ». Semble à peu près d’accord.

16 février 1969

Vialatte à la télé (« L’invité du dimanche ») avec un Dufilho extraordinaire.

18 février 1969

Mort de Jarnoux (typhoïde, et le cœur malade…).
A midi, décidé de partir pour Bordeaux (fait divers à Cestas : un homme assiégé tue ses deux enfants et se suicide). Revenu déjeuner, valise, à la gare à 1 h 20. Train 2 h 05. Bordeaux 6 h 30. Royal Gascogne. Les confrères, dont Pacaud, Serge X de France-Dimanche, De Hojos, de F.S., Luizet du même, puis Brincourt (Luxembourg), Sicart et Biot de P.M. Dîné puis rendez-vous mythique avec le mari (le faux mari) actuel de la veuve du « forcené ». Café, pas là. Autres adresses, etc. Retour à 11h.

19 février 1969

Pluie.
Eglise St Bruno obsèques à flashes – puis cimetière Nord. Bagarres entre photographes et policiers. Puis Cestas, le lieu. Retour à Bordeaux. Déjeuner. Décidé de prendre le train de 5 h pour Paris. Pas de papier en vue (la parution de PM, dans 8 jours, rend caduque toute tentative à moins de voir la mère – ce qui est pour le moment impossible).
Mes compagnons de compartiment : un vieil imbécile heureux, un petit cadre méchant, un débile mental (léger).

20 février 1969

Cdf à Weisselberg – qui m’envoie tous les jours de la docu.
Il faut faire le papier. Le veulent. L’annoncent en couverture.
Reçu docu de Sicart à 22 h. Travaillé.

21 février 1969

Téléphoné papier.
Bien accueilli. Arnold de Contades me serre la main, enchanté, etc.
Dîner à la maison avec les Sydney Smith et leurs enfants (Pitta, William, Michel).

25 février 1969

Cdf de Gary : revient de Chamonix, doit repartir pour l’Alaska pour y chercher du pétrole. Part à la fin de la semaine. R.V. demain à la maison.

26 février 1969

4 h – 6 h 3O : Hemming, cheveux courts, barbe rousse à pointe. Rapporte des cahiers à garder, donne l’adresse de sa mère. Très intéressé par Cestas – par son aspect faillite de la justice (divorce, 6 mois de prison au type, etc.). Scandalisé par la police qui devient de plus en plus forte : vérifications d’identité au poste, rafle à la gare de l’Est de tous les jeunes même étrangers à la manif de l’UNEF. Son livre : s’est aperçu qu’il n’aurait pas de public, alors que l’an dernier, il croyait pouvoir le faire éditer et tirer à 30 000… Lui ai dit que je le savais mais ne le lui avais pas avoué pour éviter soit le , soit le compromis.

27 février 1969

Cdf de Verny: titre fixé: « Histoire et Passion du SS KG ».
1000 livres commandés.
Ullstein. Prometheum a acheté le livre sur rapport de Weisenfeld.
Téléphoné JP Faye pour KG. Très obligeant, et très minutieux.
Cdf de Fred Matter sur KG. a retrouvé un surveillant du Cherche Midi. Précieux
Lettre de G. Bonheur – qui insiste pour que je prenne le titre « L’Espion de Dieu ».

1er mars 1969

Cdf de Harlan : d’accord finalement avec Gaston pour l’espion de Dieu.
Cdf à Verny pour le titre : tombe de saisissement ; les bandes roulent déjà.

4 mars 1969

Tout l’aprèms – de 3 h à 8 h – à traduire avec Koenigseder les nouveaux textes reçus de Weisselberg. Dîner ensuite chez Georges. J. Michaud tournera « Un jeune homme sage » de Vailland. Mme V. était là. Epreuves demain, 2e épreuves le 26 mars.

5 mars 1969

Déj.Custine Baby et Le Bolduc, remis en selle, plein de projets.
Vu Chargelègue – qui me cherchait. Mouvements au journal, Cartier s’effacerait. A. de Contades prendrait les rênes. Mauge serait prévu comme rédacteur en chef. Contre quoi Merlin, Chargelègue, Croizard, Mazoyer se dressent. J.-P. Ollivier, revenu des Etats-Unis, montre ses canines, et encore Carone etc…
Epreuves arrivées.

7 mars 1969

Epreuves.
Téléphoné au Général Buis, maintenant à Paris, pour le fils de Sydney Smith qui a des ennuis militaires (versé dans une unité disciplinaire pour une paperasserie quelconque). Buis promet de s’en occuper.

10 mars 1969

Grasset mécontent de mes trop nombreuses corrections (SS au lieu de S.S.).
Dîner chez Georges avec les Gilbert et les Renevey.

11 mars 1969

Grève : transports, gazélec, écoles, radio, etc.
Pas de « placards » à corriger.

12 mars 1969

Chez Mme Stibbe : repris le dossier de procès contre le P.L.
Cdf de la secrétaire de J.P. Il voudrait que je vienne dîner ce soir rue de Rivoli. Décliné. Travail en cours. Insiste pour demain.
Hélène Bellour rue Custine. L’index. Dîner.
Nouveau jeu d’épreuves.

13 mars 1969

Epreuves corrigées. La fin est annoncée pour aujourd’hui.
Dîner ce soir 20 h 30, 216 rue de Rivoli chez J.P. Dans son bureau d’abord : il s’agit de son livre. M’en fait lire le chapitre 1. Qu’en pensé-je ? Puis à table avec Elisabeth et deux petites-filles (il a donné un bal pour l’aînée au musée Grévin. Mais « Bon Papa » n’y est pas allé ; il a tout payé, dit-il, c’était assez).

15 mars 1969

Terminé épreuves aujourd’hui.

17 mars 1969

Renvoyé les épreuves.
Lettre de Junez (K.G.) de Tokyo.
Caillaud à déjeuner. Rien de neuf. Toujours « sur la branche », dit-il. M’apprend la mort de Corvol en juillet 68 à Antibes.
16h30 rue de Lille. adresse de l’adjudant Coquerelle qui était à Rotweil.

18 mars 1969

Déjeuner rue Custine Hélène Bellour (l’index).
Train 8 h 42 pour Cannes.

19 mars 1969

Arrivés sous la pluie. Car pour Grasse comme autrefois. Taxi jusqu’au Colombier (pas comme autrefois…). Chambre Empire (2 chambres séparées par une salle de bain). Vu le Rayer et des Lainière.
Dîner. La secrétaire de Mme Danet, Dominique, toute excitée : J.P. l’a convoquée pour lui dicter ses mémoires. En extase, elle est.
Cdf de Mme Danet : « Depuis qu’il sait que vous êtes là, il s’est mis au travail. Je tenais à vous le dire ».

20 mars 1969

Soleil.
A Grasse par le car de St Jacques. Au retour, vu Bee Vanleer dans son lit, rose, bien portante – son corset de plastique à côté sur une chaise (« Je ne peux pas le porter, je ne le porterai jamais-. Une lanterne du Majestic lui est tombée dessus – après la fuite de son mari.
Invitation à dîner au « Gros Chêne ». Dîner à quatre, servis par l’huissier légionnaire qui parla de l’Indochine, etc. Ensuite, café dans le salon. Le livre.

21 mars 1969

Grasse auto-stop. Rentrés avec la Lainière.
Grisaille dans l’après midi .Marche dans les vignes, chemin du Vivier.
Dîner le soir à 4 avec les Reyer. Les autres, partis. Reçu de J.P. son chapitre IV.
Les Vanleer sont divorcés. Lui, va épouser son Américaine, il vit à Cannes.

22 mars 1969

Grisaille et froid.
Rêves toute la nuit : Chris, Dante, Kateb, etc. Ecole polytechnique, examen, etc.
Regardé TV rugby France Galles 8-8
Chez J.P. à 6 h. Il y avait les Olivier Merlin et les Rigaud. Tous parlaient bateaux, croisières etc…J.P. joue au gin rummy avec Rigaud. Dîner puis, devant le feu : boxe, rugby, conquête de la lune.

26 mars 1969

Soleil.
Commencé à dépouiller Eichmann.
Appelé au « Grand Chêne » : « Je suis découragé », dit J.P.

27 mars 1969

Chez J.P. à 5 h. Parlé. La secrétaire, Michèle, prend en sténotypie. Lui demande de régler le cas Chateauneu. Fait téléphoner par Mme Danet à René Cartier. C’est fait. Chateauneu confirme ensuite.

28 mars 1969

Pluie partout.
Marcel le maître d’hotel me conduit à Cannes.
A 6 h rendez-vous avec Poggioli. Parlé avec lui. Toujours mal fichu, et endetté (donné 1 000 F pour son loyer). Dîné à Cannes, seuls.
Train de Paris 21 h 20.

29 mars 1969

Eisenhower mort hier.
Passé au journal. courrier.
Cdf de Denise Corvol à la suite de ma lettre. Elle a repris avec un de ses fils, le « Journal de la navigation ». Partira en Amérique voir un autre de ses enfants.
Cdf de Serron : un abbé de ses amis s’occupe d’un garçon qui prétend être le petit-fils de Maufrais, etc… Puis-je m’en occuper ? Oui.

30 mars 1969

Travaillé Eichmann 2e volume. Les cérémonies Eisenhower : toujours la même canonnade.

1er avril 1969

Vu O. Merlin. Parlé du Couloubrier,de J.P. Pense que l’attitude prise par Mille lors de la crise était dictée par la menace (physique) ou le chantage (photos).

3 avril 1969

Fatigué : obsédé.
Cdf de l’abbé Ducoup : le « petit-fils » de Edgar Maufrais est là : que je vienne. Taxi 36 rue Guilleminot, XIVe. Sacristie, chambre au 3e étage : un jeune homme en civil, à lunettes : l’abbé. Sur une chaise, un garçon de 17-18 ans, brun, plutôt petit, lent. Me présente comme un ami. Conversation douce. Mythomane sans doute. Irréductible, retranché dans son rêve. Au café, ensuite, avec l’abbé. Il est moins sceptique que moi : il va consulter un psychologue, retrouver le père adoptif du garçon pour remonter la filière.
Lettre de J.P. – sur son livre, plein de confiance à mon égard.
Cdf de Michaud-Mailland : m’invite au « Concile d’amour » (théâtre de Paris). Très bon spectacle, la décoratrice Léonor Fini s’en est donnée magnifiquement. Ensuite, chez une actrice, amie de Monloup, souper des comédiens : Mézières, Michel Auclair etc…

4 avril 1969

Rentré 5 h 30.
très belle journée.
Travaillé Eichmann.

5 avril 1969

Fini la lecture d’Eichmann. Commencé le montage. Commencé aussi le texte d’introduction (quelques mots sur le caractère Eichmann).
Reçu de Chateauneu un poème en chinois, relatif à mon livre. La traduction jointe est belle, fort belle.

9 avril 1969

Journée encore plus belle. Terrasse.
A 3 h Grasset. Vu K. Koenigseder, déprimée (scène avec son ex-mari à propos de leur fille. Il reproche à Karine de fréquenter trop de « sionistes »). Vu F. Verny et J.-C. Fasquelle : les libraires juifs boycottent. On parle de leur envoyer les jugements sur K.G. Sur Eichmann, projet de contrat : 8 % pour moi (dont je verserai la moitié à K. Koenigseder). Vu la maquette.
Journal. Chateauneu me parle de l’article qu’il souhaite écrire dans PM sur K.G. Je lui dis le sujet de ma pièce : enthousiaste, éclate de surprise. Bon augure.
Taxi rue François 1er : « Vous me remettez ? ». C’était « Farouk », le chauffeur de Thérond et Dubois, passé automédon.

10 avril 1969

Weisenfeld m’envoie son article dans le Zeit, sur K.G. – le premier paru (4-4-69).

11 avril 1969

Le temps change.
Lettre express à 7 h 30 de Gary (à Fairbanks – Alaska, s’inquiète pour Françoise qui est partie au Kenya, et dont il est sans nouvelle. Craint des dangers, « style white slave ». Me demande de me renseigner. Télégraphe à la mère à Carqueiranne. A peine rentré du journal, télégramme de Gary annulant la lettre).
A 9 h à la T.V. rue Cognacq-Jay, le film sur Planchon de J. Michaud-Mailland.
Vu Lary, Bouise, Monloup, etc…
Très bien fait, sera finalement programmé le 10 mai (après le référendum, bien entendu. Certains propos n’étant pas bons à répandre avant). J.J. y parle de Planchon.
Revu papier Chateauneu sur la querelle du coeur à Houston (Texas)
Reçu de la secrétaire de JP revenue de Grasse, quelques feuillets de ses mémoires.

12 avril 1969

Bourrasques.
Commencé corrections secondes épreuves. Pas reçu la suite promise pour ce matin. Téléphoné à Fl. Terray, F. Verny, etc.

13 avril 1969

Par express, suite des épreuves.
Travaillé toute la journée.

14 avril 1969

Terminé révision 2e épreuves.

15 avril 1969

Grasset. Remis à Fournier les épreuves. Désolé – à cause de quelques modifications. Croit qu’il faudra un nouveau jeu de contrôle.
Théâtre de la Huchette, invités par Jacqueline Staub, actrice (amie de Monloup – que nous retrouvons ensuite chez Georges avec Michaud : beaucoup parlé des affaires Marker – Gatti, Gatti – Boulez. Georges se demandait s’il fallait ou non fermer son restaurant demain, jour de grève des commerçants : être un jaune ou un suppôt des classes moyennes fascisantes ?).
Spectacle Ionesco : vieillit mal entre les fauteuils griffonnés, les murs lépreux, l’ouvreuse cassée et les seins défraîchis. (4 500e environ.)

16 avril 1969

Vu Diwo pour allusion au film Michaud dans « 7 jours ».
Grasset: travaillé
Lu le catalogue de l’expo à Lyon de Max Schoendorff (textes de Lerrant, Gatti). Lu « L’infamie », la pièce de Planchon sur le curé d’Uruffe. Bien fait, mais sans envolée, a-poétique.

18 avril 1969

Journal : bruits de couloir. Chargelègue serait investi, Croizard en jaunirait etc…
Cdf Chargelègue à 15 h 15. 1) Mazoyer écarté par Contades, actuellement dominé par Carone. 2) Mauge démissionne de son poste du Match de la vie. 3) Croizard a « grenouillé ». 4) J.P. songe à créer un nouveau magazine.

19 avril 1969

Hélène Bellour à la maison pour mise au point de l’index.
De plus en plus, l’idée que de Gaulle pourrait être battu sur le référendum du 27 prend corps. Il l’a compris lui aussi ; il va parler une fois encore, l’avant-veille du vote. S’accrocher !

21 avril 1969

Journal le matin.
7h30 au Concorde:« Z » de Costa-Gavras. Bon film qui en dit beaucoup, efficacement..

22 avril 1969

Déjeuner Custine avec Le Bolzer. Travaille TV à un reportage sur l’industrie hôtelière – Mis en relation avec J. Michaud. Le Bolzer connaît une productrice. J.M. a des difficultés pour monter son film (Vailland – Lucia Bose – Michel Auclair, etc.)
Travaillé toute la journée avec K. Koenigseder Grasset.

23 avril 1969

Pluie
Travaillé Grasset.
16 h : première réunion des « écrivains » autour d’Arnold de Contades (Chargelègue, Croizard, J. Merlin, Heimer, Chateauneu, Hanoteau, Menant). On veut des idées.
Une lettre circule, lancée par J. Farran pour exalter J.P. devant les résistances des rédacteurs du Figaro et de la fédération de la Société des rédacteurs. On me demande de signer. Après, consultation et concertation. Menant m’indique ensuite que l’on se contentera d’une lettre signée G.B.

24 avril 1969

Grasset matin
Journal. Papier smith revu.
8 h 30 : chez Alain Level – Kirili – A. de Lazareff, rue Gutenberg. Dîner avec eux et Obolensky. Elle part pour quelques mois dans le Midi travailler à sa peinture. Lui fait des « œuvres » en papier métallique (Sopalin) devant lesquelles il théorise doctement.
Cdf de Menant : ils ont modifié le texte de louange à J.P. ; ils l’ont signé « la mort dans l’âme ». Je fais le mort, moi.
Reçu une plaquette de vers « poèmes syncopés »de R. Syte (ancien du P.L.)

25 avril 1969

Grasset à 14 h. Travaillé Eichmann (fini le 2e bout à bout). 15 h 30-17 h : révision des 3e épreuves de K.G.
Le « Non » monte comme une vague. Dernier appel TV de de Gaulle – où il évoque l’apocalypse (sans lui).
Au théâtre de la cité universitaire avec Béi: « L’Interdiction » – où l’on voit Malraux, de Gaulle avec drapeaux tricolores et bedaine. Dans la salle, J. Michaud, Hélène, S. Sanchez, Klee, etc. Sur la scène : Lancelot, Annick Michaud… Débats à la fin. Bon spectacle. Très drôle.

26 avril 1969

Lu « Une enfance lorraine » de P. Fritsch. Très bon – pour moi.
TV : effort désespéré pour le oui. Discours de Pompidou, opposition avec l’épouvantail coco qui parle aussi, citations de la presse étrangère, allusion à un comité révolutionnaire qui a placardé des affiches…

27 avril 1969

Voté à 8 h 30. La Route.
F. Mauriac tombe en allant voter.
8 h : le Non l’emporte, disent tous les spécialistes et toutes les machines (« prospective scientifique »). Avec Gilbert, en voiture, au journal – où l’atmosphère est gaie. « Il l’a bien cherché… Nous revoici en République. » De là, à l’Humanité, sur les boulevards : une foule qui écoute et regarde les résultats. Au Gaumont: « Autant en emporte le vent » : une queue. Quartier latin, Sénat, calme. Quelques cars de gardes mobiles au Louvre. Rentrés à 10 h 30. Jets d’eau au Rond-Point.

28 avril 1969

Beau temps
De Gaulle a démissionné. Poher, président du Sénat, devient intérimaire. Quelques heurts au Quartier latin. Paris ce matin, très calme. Pas de consternation… Rien.
Téléphone Monloup. Il est à Kassel avec Dante.
15 h Grasset. F. Verny me dit qu’ils hésitent à publier en mai, vu les événements. Septembre ? Travaillé Eichmann avec K. Koenigseder.

29 avril 1969

Beau
9-12:Grasset, Eichmann.
A 3 h acheté des fruits place Saint-Médard, remonté la rue Mouffetard sous le soleil. Place de la Contrescarpe, trouvé par hasard dans un bar Michaud et Sanchez. Bu un Irish coffee, B. un whisky.
Journal.
La chute de de Gaulle fait toujours aussi peu de vagues. On parle de Pompidou, Poher et Pinay – les 2 derniers étant de loin préférables au redoutable premier.
Télé 7 jours: occupé de contrôler 1 papier sur le film TV de Michaud (Planchon).

30 avril 1969

Journal, puis l’aprèms Grasset. Rencontré Privat : K.G. remis à septembre. Travaillé Eichmann. J. Michaud part pour Los Angeles, travailler à un scénario avec Vadim. Me demande de l’aider à obtenir son billet à crédit en attendant que Vadim envoie un chèque de remboursement. Donne ma garantie à « Continental American ». Billet obtenu.

6 mai 1969

Le billet Los Angeles remboursé par Vadim.
Relu « A rebours »
Espagne- que j’essaie d’atteindre depuis Marsal, plusieurs mois, de RV en RV- me promet de venir à 6h. Pas là. Mais un pneu avec les renseignements que j’attendais. Pour le reste (500F) on attendra.

7 mai 1969

Grasset. vu K. Travail Eichmann répondra fin de semaine.
Cdf de Monloup, retour d’Allemagne. La pièce de Kassel, pas de problème. Le film de Dante accepté malgré les modifications mais après des discussions sévères. Dante, pas très heureux des événements. Pense que ce sera pire sans de Gaulle. Le regrette, en somme. La droite l’a abattu.

9 mai 1969

Midi : vu G. Bonheur dans son bureau. 1) Il va revenir à PM profitant du passage probable de J.P. au Figaro. 2) Très intéressé par le projet Smith (« 24 h avant la mort »). 3) Conversation sur la littérature, le théâtre.
6 h chez Malet, comptable de Gilbert pour la pièce. Sa femme, son adjoint (ancien compagnon de Fabien qui commit le 1er attentat contre un officier allemand à Paris, au métro), un professeur de comptabilité. Notes.
3 h 30 d’entretien: recyclage, cadres etc…
Tél. Gallot, confrère de St-Etienne pour avoir R.V. avec Fleurence, le comptable.

10 mai 1969

Pas bougé, peu travaillé.
Écouté 12h, 2e chaîne TV le « Planchon » de Michaud.Tient le coup à la 2é vision.
Cdf de Gallot ( ST Etienne)
RV avec Fleurance mardi 9h.

12 mai 1969

12 h 25 train de St-Etienne. Chaleur abominable dans mon compartiment de 2e classe, plein de vieilles ronchonneuses et sans gêne. À la gare, Gallot, reporter du Progrès. Hôtel « Cheval noir ».
Quelques détails sur l’affaire Fleurance. Dîner avec lui.

13 mai 1969

Chaleur énorme
9 h Bourse du travail : Fleurance jusqu’à midi. Déjeuner avec lui, sa femme et Gallot au Cheval Noir. Puis, en taxi vers la Muraille de Chine, l’usine et encore la Bourse du travail. Remise de documents. Train Lyon 4 h 41 (reconduit à la gare par le délégué de l’UD de la CF.T.et Fleurance).
Le Progrès : vu Perrin et J.J., vieilli par un lumbago. Hôtel des Artistes, ch. 32.
J.J. vient m’y chercher avec Bernadette, une journaliste dont il est épris, « pour dîner avec les Derondille chez un relieur – directeur de galerie Gouzy (appartement dans une vieille, très vieille maison du quartier). Rentré minuit.

14 mai 1969

Train pour Paris 9 h 27 – 13 h 56. 2 h 15 Paris. Métro. Journal.
Petite pluie.
Téléphoné à Pottecher : pas là. Sa femme me parle de ses ennuis, de son procès avec l’ORTF. Il a eu une crise de diabète, des insomnies, etc.

15 mai 1969

Journal.Lettres.
Vu R. Cartier, qui me parle longtemps de son désir d’avoir de grandes enquêtes « humaines ». « Est-ce que j’aurais un sujet ? » Non.
Cdf de Th. Harlan. Il s’est marié – avec une Italienne connue il y a 4 semaines. M’invite à une petite fête demain chez des amis, 13 rue Payenne, 2e étage.

16 mai 1969

Pluie.
A dîner les Meyer – partis à 11 h 30. Renoncé à aller fêter rue Payenne le mariage de Thomas Harlan.
Lecture de Ferreira de Castro (Terre froide, émigrants)

18 mai 1969

Sollicité par téléphone par une certaine Françoise B… pour la candidature d’Alain Krivine à la présidence de la République.
Cdf à Pottecher – pour un nom d’avocat à la Cour de cassation. Il est assez déprimé : sa mise à la porte de l’ORTF, ses démêlés avec eux, un papier de PM qui lui est resté sur le cœur. Malade aussi : diabète etc… Attend de Poher qu’il nous sauve de Pompidou.

19 mai 1969

Cdf de Buffet (Figaro). Me demande s’il est possible que quelques-uns d’entre eux viennent nous expliquer la situation. Ils l’ont fait ce matin à Luxembourg. D’accord, dis-je.
RV demain à 6h.

20 mai 1969

6 h. Salle Menant. Ils sont 5 ou 6 (Buffet, Galley, Pivot, etc.). Nous, une quinzaine : Menant, Courrière, Lagache, Diwo, Croizard, etc.
Expose l’histoire, se disant assuré de gagner et qu’ils agissent dans l’intérêt de tous les journalistes. Opposant : Menant, par scepticisme « On n’obtient rien par des grèves, seulement par des actions politiques nationales ». Fin à 7 h 30.

23 mai 1969

Toujours beau temps.
Au Figaro, tout est rompu à la dernière minute par J.P. (malgré l’accord donné par Béghin).
Élections, sondages, déclarations, autant en emporte le vent.
Administrateur judiciaire au Figaro. La rédaction décide de reprendre le travail mardi.

24 mai 1969

Guerre de communiqués entre Béghin et Prouvost.

27 mai 1969

Pluie, froid.
Revu 2e chapitre d’Eichmann.

30 mai 1969

PM le matin
Cdf de J. Michaud : rentré de Los Angeles par New York. Content. Une heure de travail chaque jour avec Vadim.
Cdf de Fasquelle : Collins (Londres) « enthousiasmé » par le K.G. l’achète. (Lecteur: Knittel?)
Cdf de Chateauneu: travaille sur des articles Kennedy.

1er juin 1969

Voté. Ballottage Pompidou, Krivine, dernier des 7.

2 juin 1969

Interviewé par une jeune journaliste, journal du centre de formation des journalistes.
Grasset:vu K. Koenigseder, J.-C. Fasquelle (signé contrat – exigé que les 4 % de K.G. n’interfèrent pas avec son salaire. Accordé).

4 juin 1969

Visite impromptue de Cahurel – ex-bagnard, qui m’avait écrit, à qui j’avais répondu (un an plus tard) et qui cherche une place de correcteur. Toujours pétulant.
Cdf de Lary. Il aurait trouvé un producteur pour Alcatraz. Suis-je toujours disposé à… ? … Oui. Intéressé aussi par Maufrais, mais refusé.

5 juin 1969

Lecture de « Papillon », histoire d’un bagnard. Vraiment passionnant.

9 juin 1969

Lettre de Hemming.
Acheminé une lettre pour Françoise au Kenya. Répondu Hemming pour son papier Alaska- commandé.
Cdf à Harlan. Sa mère est morte à l’hôpital, à Berlin, après qu’il lui ait présenté sa femme. Va l’enterrer, puis rentrera.
Cdf Lyon-Caen, avocat. N’a pas encore reçu de réponse de Me Léonard (pour le procès néonazis).
Dans les journaux, une histoire antisémite (commerçants orléanais juifs, dragueurs de jeunes filles pour Buenos Aires). Le Moyen Age. Quelques calomnies de petits commerçants aigris à l’origine – et cela suffit.

10 juin 1969

Soleil timide
A déjeuner, Michaud et Le Bolzer.
Journal à 3 h 30. Desmaisons à propos de son livre à faire. Me demande de le faire avec lui. Non Directives et conseils.
Menant part pour l’Alaska. Télescopage avec le projet confié à Gary H.
Pinay pour Pompidou. C’est la ruée vers l’or. Duhamel, Tixier Vignancourt, etc. C’est à qui lâchera le plus vite Poher.

11 juin 1969

Ecrit à G. Hemming que Menant arrive.

12 juin 1969

Relecture du « Théâtre et son double » Richesse!
Mort d’Emmanuel d’Astier.

13 juin 1969

Cdf de Harlan: RV lundi.
Grasset : révision du texte avec Koenigseder.
un peu d’orage et d’eau l’aprems

15 juin 1969

Voté.
Pompidou élu. Au moins 30 % d’abstentions, blancs et nuls.
Cdf JJ. à propos de photos qu’il propose sur un ballet (« Requiem » de Berlioz) à Fourrière
Trop tard pour nous.

16 juin 1969

Cdf de Michaud : il part pour New York demain matin faire « Un été brûlant » TV.

Grasset :Karine, fin de la révision.
à déjeuner Custine, Th Harlan ; très avancé dans son « Eichmann » avec des traducteurs en équipe, des contrats partout, etc. Ensemble en taxi, dans l’Ile-St-Louis, café pour y voir Jean-Edern Hallier – qui veut faire un nouveau mensuel littéraire en rupture avec « les structures culturelles ». Me demande d’y participer. Je parle de G. Hemming dont l’œuvre est à éditer. Se jette dessus. Personnage assez déplaisant en fait. Note sur son chéquier, téléphone toutes les 3 minutes à « mon tailleur ».

17 juin 1969

R.V. à 3 h avec Chargelègue chez Gaston. J.P. voudrait bien le remettre à PM, mais 1) n’ose pas dire à Cartier de s’en aller – 2) redoute l’ombre projetée sur sa propre « gloire ».
Raymond Castans pourrait être l’élu – avec G.B. derrière lui comme conseiller.
G.B. songe à se débarrasser de Carone, qui se maintient à l’abri de Cartier. Refaire PM, le « repenser », etc.

18 juin 1969

Fait, jusqu’à 2 h du matin, un papier sur Charles – the Prince of Wales. Une idiotie sur un idiot.Peu dormi
A dîner Custine, Thibault, les Pottecher, Agathe de St Salvy, Rapinat. Thibault : migraine ; Agathe : grande fatigue ; Pottecher : au régime – mais il nous a fait rire, acteur né du grand spectacle quotidien.

22 juin 1969

Cdf d’une amie de J. Davidson, Mme June Leibowitz, pour que je l’aide dans le cas d’un Autrichien menacé d’expulsion, arrêté, envoyé en Corse (se serait occupé des déserteurs américains).

23 juin 1969

Occupé de trouver des confrères pour le cas Schwaetzer. Téléph. Castans, Kerbouch etc…

25 juin 1969

à déjeuner Custine, Obolensky – qui s’émerveille devant Ariane.
4 h Grasset : Vu Karine, puis Fasquelle, Privat et Verny pour décider de la sortie de «l’ Eichmann ». Problème : par rapport au Gerstein, par rapport à l’Eichmann d’Harlan (Dominique de Roux). Décidés (eux) à tout mettre sur Gerstein. Donc, sortir l’autre à une certaine distance (novembre) même si l’on est doublés par Roux.

26 juin 1969

Journée chaude.
Fini la postface Eichmann.

27 juin 1969

Journal. Nouveaux changements annoncés, plutôt supputés : Manzon, venu du Brésil, remplacerait Carone (on a évidemment choisi le moment où Carone est en vacances… Il est parti, demandant à Croizard s’il ne trouverait pas quelqu’un installé à sa place).
Cartier résigné à se déporter sur « Capitole ».
Reçu de Kassel la carte d’invitation pour « Die Geburt » (la Naissance) de Gatti – Monloup le 26 juin (hier).
Visite d’Espagne et de sa femme. M’apporte docu sur la lune (papier à donner avant le départ).

4 juillet 1969

Mal dormi
Soleil. Au Sauze: la Roche aux Fées toujours très courue; un couple en descend en rappel.
Déj Flocons (Soleil des Neiges fermé malgré l’avis affiché)
Cdf de Chargelègue : grands changements à PM. Manzon, Castans (Bonheur), Rigade rentrent, Carone éjecté. Mazoyer en attendant, nommé directeur de la rédaction – ce qui bouleverse et indigne Charge. Téléphoné à G. Bonheur pour défendre Chargelègue.

5 juillet 1969

Téléphoné Lyon-Caen : rien à faire pour casser le procès des néo-nazis. Me Leonard n’a pas parlé de mes réserves. En août, j’étudierai avec Lyon-Caen les moyens d’essayer quelque chose.

8 juillet 1969

Commencé à 9 h la première scène de « Fleurance » ou « Pi » ou « 3,1416 ».

9 juillet 1969

9 h. Monté au col d’Allos – parmi des centaines de carrosseries. Trouvé un trou, un vallon à 3 ou 300 mètres du sommet.Soleil et nuages. Déjeuner très sommairement d’un bout de fromage et de fruits. Les coureurs arrivent à 15 h : deux Espagnols et l’idole en jaune, Merckx, que le col belgifié acclame en flamand. Extirpé péniblement du vallon à 16 h 30. Rentrés poussiéreux.

10 juillet 1969

Révé.
Au matin, trouvé d’autres idées pour « Fleurance ».
Mauvais temps. Vent. pluie.
Lettre de Fasquelle : droits vendus aux Ricains et aux anglo-canadiens (l’Espion de dieu). Envoyé accord sur carte postale.
Soleil l’aprème.
Téléphoné PM : on m’a déménagé du 4e au 3e. Chato raccroche les épaves (classeurs, etc.). Le K.G. est imprimé. K. Koenigseder m’envoie un exemplaire.

11 juillet 1969

Soleil matin, froid et vent l’apréme.
Croizard : déménagement purement provisoire. Il s’agissait de porter le dernier coup à la puissance photo en la mutant du 3e au 4e étage.

16 juillet 1969

Vu à la télé l’envol de la fusée lunaire « Apollo II ».
Reçu 2 exemplaires de « l’espion de Dieu »- fraichement imprimé.
Un petit cirque a planté sa tente. Son zoo minable où se meurt une lionne abrutie- juste devant le « Slalom ».

17 juillet 1969

Cauchemar : je tuais la Mutter, et me refusais à en assumer les conséquences, me dérobant à la justice, à l’aveu et même au repentir.
Travailloté l’apréme.
A la piscine du Dahu, gratuite pour les estivants, on a chassé des jeunes du pays. Ils « marquaient mal », les pauvres. Quelques baigneurs, outrés de cette invasion, avaient levé le camp lorsque le directeur du Dahu décréta l’expulsion.

18 juillet 1969

Rêvé que Kessel venait à Hayange, dormait dans la chambre du haut et que Druon tirait à l’arc…
A Barcelo, avec Blanc, conversé sur le banc de la place Manuel avec le vieil homme au chapeau clair et gants de filoselle. Il a 92 ans, bordelais, ayant vécu à Marseille, installé depuis 14 ans à Barcelo qu’il n’aime pas. Un parler distingué, cultivé, de grand bourgeois. Pas trace de gâtisme. Cite racine, l’aiglon, a vu avant 14 Sarah Bernhardt jouer, donnerune conférence, asside. Dit du bien des Barcelonnettes du Mexique, pas du tout des autres. Il a froid dans sa maison de 1720, son salon de 7m sur 7, parmi ses meubles de famille venus de Louis XV ou peu s’en faut ( « la bourgeoisie bien élevée »).

20 juillet 1969

A 9 h sur la terrasse du « Soleil », contre la balustrade, écoutant la radio de la voiture Tourcoing : le lem d’Apollo touche la lune. On voit le croissant lunaire, rose, entre les branches d’un peuplier. France-Inter diffuse le Magnificat de Bach. Emotion et un peu d’envie. 9 h 17’ 30’’ (pas d’images TV).Ils sortiront à la nuit.
Travaillé ensuite. L’espace intérieur demande lui aussi ses explorations.

21 juillet 1969

Excessivement mal dormi.
Rêves éroto-galaxiques.
T.V. : redonné en différé le film des premiers pas. Donné vers 3 h en direct. Magnifique. Du pur Jules Verne. Le seul ennui, le seul faux pas des premiers pas est le drapeau américain déployé. Incorrigible !
Un Anglais a traversé l’Atlantique, seul, à la rame.
Orage sur le Sauze vers midi. Pluies abondantes
Travaillé abondamment.
Cdf de Jacqueline. Ils ont regardé à 4h du matin le « premier pas ».
Tout le monde parle de l’événement.- sans exception.
Le « lem » s’envole de la lune.
Terminé.

26 juillet 1969

Très sombre, très froid (le temps)
Mon Bic – commencé avec la pièce le 1er juillet – est totalement tari. Fini presque aussitôt après la première mouture (80 à 90 pages) dans l’apréms.

4 août 1969

PM, à mon nouveau bureau au 3e. Vu Damanne et Rapinat.
Chaleur lourde. O Paris.
Cdf de Chato en Normandie. Incrédule et heureux que j’aie fini la pièce.

5 août 1969

étouffant toujours.
Reportage TV sur la cabale antisémite d’Orléans. Triste. Et tristes le reste de la vie – le quotidien.
Repris la pièce après quelques jours d’interruption.

6 août 1969

Un peu plus frais
Chez Lyon-Caen : va intervenir auprès de Me Leonart pour obtenir l’aveu de sa faute. Sinon, je l’attaquerai.
Avant d’aller chez lui, un quart d’heure sous les ombrages du bois. Apaisement.

7 août 1969

Grasset : pris les chapitres Eichmann déjà revus par K. Téléphoné plus tard à Privat de m’envoyer quelques exemplaires de « l’Espion ».

Au journal, grande incertitude. Les petits sauriens se faufilent. Mazoyer se voit rédacteur en chef ; J.P. Ollivier veut rentrer de N.Y. etc… Chargelègue inquiet.
Revu papier Match Vie

8 août 1969

Je ne reverrai plus Gary Hemming. A la radio (Europe 1) à 8 h : annonce qu’on l’a trouvé mort dans un parc national du Wyoming. Une balle dans la tête. Je le croyais encore en Alaska. Que faire de ses manuscrits ? Que faire pour lui ? Cdf de RTL. On me demande des renseignements sur lui. Article dans France-Soir.
A 9 h en voiture à St-Germain-des-Prés pour un concert spirituel donné par les universités de Iowa et Utah. Une foule énorme, suante, exigeante. Porte fermée. On s’écrase sous le proche, porteurs de billets ou non. Finalement, la porte cède et tout le monde se précipite. Hemming devait être dans le coup… Quitté ce bordel une heure plus tard pour aller boire un demi chez Georges. On y trouve Meynand, et Bouise et sa femme. Je lui raconte la pièce. On discute. Il préviendra Rosner qui est en Norvège.

10 août 1969

Un assassinat collectif à Hollywood (5 personnes dont une actrice, femme du metteur en scène Polanski « Rosemary’s Baby »). Quel drôle de pays : le sénateur Kennedy tue accidentellement sa secrétaire au cours d’une partouze ; Gary trouvé mort dans un parc national, etc…
Commencé à réécrire la pièce.

11 août 1969

La pensée de G. Hemming m’empêche de dormir. Décidé de lui dédier la pièce – de m’occuper (si possible) de son fils – à 1 heure du matin, monté en haut de l’escalier dans le réduit : constaté que son livre et tous ses cahiers s’y trouvaient (ainsi que, dans la cave, sa valise).
Cdf à Haget, ami de H, je dois lui envoyer une lettre. Il verra s’il peut me mettre en relation avec la mère de Lauren.

12 août 1969

Lettre de Chateauneu qui me rappelle qu’il y a vingt ans que nous nous connaissons.
Françoise Charles au journal. A appris la nouvelle ce matin par une lettre trouvée chez elle et envoyée par ses parents. Venait de Nairobi via Londres. Amenée rue Custine déjeuner. Téléphone avec Nairobi pour savoir s’il y a des lettres de G.H. Par le journal, enquête en Amérique : contacts impossibles. Télégraphié à Corbett, (parmi les derniers à l’avoir vu). Téléphone de Haget, plus aimable qu’hier. Cdf un peu partout. Partie à 7h.
Cdf de Sabine Delattre: « j’ai à vous dire que kG est un très, très, très bon livre…et j’en vois! »

13 août 1969

F. Charles au journal, de là rue Custine. Déjeuner. Téléphoné à Denver (Corbet). Détails sur la mort de H. Un suicide accident… pas un suicide mystique.
Fait le papier la nuit – avec deux théières pleines de jasmin.

14 août 1969

Orages
Couché 4h. Levé 8h. Papier terminé midi.
F.C. à déjeuner. Quelques réserves sur son nom. Comprend qu’il le faut.
Béi me confirme qu’elle ne « réalise » pas.
Cdf de Corval (Radio Luxembourg) qui me demande, au nom de Farran, de collaborer à l’émission matinale (critique de la TV). Refus. Pas le temps.

15 août 1969

Françoise Charles au journal. Relit. Accepte. Coupé 60 lignes.
Le soir avec béi, au cinéma : « Les Chasses du comte Zaroff ».

18 août 1969

Mort du Dr Bleiberg, le 1er greffé du cœur. Une résistance de presque deux ans.
Visite au journal de F. Charles. Lettre de Corbet avec les détails.
Lecture de « l’affaire Maurizius » ( Wassermann)

21 août 1969

Cdf de Monique Maillot. Ils voudraient donner les bonnes feuilles de K.G. dans le nouveau journal gaulliste. Non.
Aidé Rostaing à faire son papier sur Bleiberg (le coeur)

22 août 1969

Cdf de Lorraine Davidovici, amie de Gary. A lu le papier. Voudrait en savoir plus. N’est pas tout à fait convaincue du suicide. Souffre certainement.
TV: « vidas secas », film brésilien sur le Nord Est.

23 août 1969

Pluie et froid déjà.
Cdf de Michaud-Mailland. Travaille pour la TV. A fait un travail sur Raymond Aron, un « libéral de droite », pas con, d’autant plus dangereux qui vit dans le régime de ses rêves. Me dit que Lary a fait une adaptation de « Alcatraz ».

26 août 1969

Fin de la révision de la pièce à midi – 200 pages manuscrites. PM : photos par Lefèvre pour Grasset – où je vais signer le K.G. Abattu les 3/4 du boulot. Passé la soirée à chercher des adresses (3 heures).

27 août 1969

Visite de Mme Guerre Genton et de Lauren, le fils d’Hemming. Il ressemble étonnamment à son père. Elle, petite femme brune, un brugnon. Très gentille, un peu effacée, songe à prendre un poste à Paris, d’accord pour l’enquête sur la mort, pour les manuscrits (inventaire, exploitation, droits d’auteur).
Grasset: Fini de signer. Rencontré Abalsen-Sendy, toujours en pleine expansion vocale et incantatoire.

28 août 1969

Cdf de Mme Guerre Genton ; impression désagréable de « veuve abusive » : s’est-elle fait monter le cou. Parle de surveiller de très près l’œuvre de G.H., de se faire juge du contenu, conteste mon droit d’y joindre Sydney Smith (non nommé d’ailleurs), etc… D’ici que ça casse ! Ecrit à Françoise Charles qu’elle l’évite jusqu’à nouvel ordre.

31 août 1969

Terminé à minuit la révision de l’Eichmann (postface).

2 septembre 1969

Journal : vu René Cartier, et Paploux pour les « néonazis ».

3 septembre 1969

Grasset à 4 h : M. Maillot puis Koenigseder, grippée, songe à quitter Grasset en octobre pour aller aux E.U. donner un cours. Me fait l’éloge du K.G. comme hier J. Michaud et Penent.
Journal ensuite.

4 septembre 1969

Ho Chi Minh est mort.
Cdf Françoise Charles: va voir Guerre Genton; elle a été blessée que je l’aie considérée seulement comme la mère du petit.
Vu Castans, nouveau rédacteur en chef qui m’explique tous ses projets pour refaire du journal un monument national.
Première mention de K.G. (dans le Figaro avec une erreur : Seuil au lieu de Grasset).
Visite à 5 h de Françoise Charles : m’explique la position de Guerre Genton. Confirme mes craintes. Présentée à Sydney Smith qui sera mon « lecteur » des manuscrits.

6 septembre 1969

Trés beau temps.
A midi, les trois « veuves ».
Inventaire. Déjeuner. Re-inventaire.
Lauren avec Ariane et les diablesses.
Retrouvé un carton de « Cahiers » de G.H. à la cave. Parties à 5h.

7 septembre 1969

Partis pour Ré en voiture par très beau temps.

8 septembre 1969

Les marais salants, baignade à Trousse-Chemise (très froid, mais…). Etc., etc…
Orage le soir. « Il ne pleut jamais à l’île de Ré » (Tout le monde)

9 septembre 1969

Pluie
Train à 9 h 02. Changé à Poitiers « Drapeau », 11 h 30 Paris.
Vu Gaston B. pour K.G. D’accord pour un papier par Chateauneu. Le 2 décembre, me dit Dubois, Boulez dirige Pelleas à Covent Garden.
Vu Castans pour Durieux (on ne veut plus de ses papiers excellents sur l’affaire Deveaux – on n’en veut pas davantage après mon intervention. Castans : « Je joue ici une plus grande partie que lui ».)

10 septembre 1969

Lettre de F. Charles- cahiers manquants retrouvés.
A déjeuner dans le quartier (Parrot’s pub), avec Cl. Durand. Flamand d’accord pour éditer Patchworks et le roman.
Grasset: vu Severy et Karine.
Journal : vu Daniel Garne qui « découpe » le KG pour « l’actualité » : très bien fait.
P.M. : vu J.P. à 8 h. Voulait me voir moi, son « favori », son « enfant chéri ». Suis-je content de la réorganisation ? Oui. Que pensé-je du papier de Jean Cau sur la prof suicidée (pour avoir été persécutée pour un amour envers un élève de 16 ans) ? Peu de bien. « Moi aussi », dit J.P., « mais ne le répétez pas ; ça manque de cœur ».

12 septembre 1969

Revu, bronzé, presque chauve et toujours fumant, J.P. Michaud. Il a passé par l’Afrique, Détective, Ici Paris ; il est à l’ORTF. Me dit que Sabathier voyait en moi un « juge ».

15 septembre 1969

Gris mais tiède
Vu Castans : vais faire procès Deveaux à Dijon.
Cdf à Monloup, rentré de vacances. Dante venu, reparti en Allemagne. A écrit encore une pièce sur Mai.

16 septembre 1969

La grève des chemins de fer continue. Commencement de grève à la RA.P.
Lettre de Maufrais – qui semble très triste.
Cdf Le Bolzer : rien ne va plus ; n’a pas eu la place qu’on lui avait offerte chez Bull.(journal intérieur)
Chez Grasset. Vu Martine Savary, Me Maillot et Karine Koenigseder. Longtemps parlé avec K. de Th. Harlan et de Gary Hemming.

17 septembre 1969

Grève. Embouteillages.
Cdf à JJ Lyon : annoncé le KG et la pièce (parle de Maréchal et de Dasté, et de Rosner aussi).
6h visite de Françoise charles. Remise de « Patchwork » et du roman.

18 septembre 1969

Rêvé : G.H. a fait semblant de mourir, apparaît, connaissait les secrets (pas ceux de la mort, ceux de la vie démasqués par sa disparition).
Continué d’écrire la nouvelle du Rabbi de Pont-à-Mousson.

19 septembre 1969

Toujours la grève. Une heure pour aller à PM en voiture.
Chato a fait le papier K.G.
Singer me dit qu’il a réengagé Lapérouse, le garçon d’étage (arrêté pour vol de voiture etc…) dont je m’étais occupé l’an dernier malgré l’administrateur.

22 septembre 1969

Yom Kippour
Lettre de Dante, contenant pour Ariane des feuilles du saule sous lequel Rosa Luxembourg a été assassinée (à Berlin).
Cdf de Monique Maillot : « l’actualité » retardée d’un mois. KG en bonnes feuilles à l’eau ! Justice immanente?.
Cdf Tournant : a reçu KG. S’occupe du livre du côté apostolique et romain.
Vu O. Merlin. Trouve le livre excellent. Va voir PH Simon (le Monde).
Jeûne à midi.
Vu Castens, O. merlin etc…
Grasset: Verny, Maillot, Savary, un auteur, Pierre Schoendoerffer.

23 septembre 1969

Journal. Nouveaux déménagements à PM. Je me trouve avec Chato, Boyé, Rabaudy, etc… Une pétaudière.
Pottecher, après une émission à Europe à midi, nous rejoint.
En voiture à Dijon par l’autoroute vide et le soleil. Partis à 2 h arrivés à 5 h 15.
Dîner avec Pottecher – et un flacon de Musigny. L’avocat de Deveaux, Soulier, venu ensuite parler de l’affaire. Il est inquiet, dit-il, malgré tout.

24 septembre 1969

Procès à 9 h. Palais. Foule. Confrères : Théolleyre, Laborde, Coquet, Toutain, etc. Fini à midi.
Gery fait des photos clandestines.
Interrogatoires, incidents, psychiatres, experts etc…
Bonne journée pour Deveaux et Soulier.
Toujours chaud.
Dîner avec J.P. Aymon au Chapeau. Gery paradait un peu plus loin.( J.P. inquiet: c’était son 1er papier de ce genre- et F. Pottecher pour Europe 1).

25 septembre 1969

Beau temps.
Journée des flics. Confondus comme les experts hier. Le Procureur Durier invité par le président à ne pas faire de réquisitoire.
Commencé dans la soirée à travailler le papier.

26 septembre 1969

Toujours beau.
Procès : Mme Bernard, les voisins.
Rentré hôtel. Commencé papier après déjeuner. Cdf de Gery : le père Boyer a parlé ; 2 jurés ont pleuré. Plaidoirie de la partie civile ce soir. Demain, le reste.
Fini le gros du papier à 6 h.
A 10 h, avec Ancelot et sa femme au « Bien public » (un verre offert par les confrères).
Vu Franco sortant d’un café, marchant vers moi l’air géné. Lui ai tendu la main. L’a serrée : « J’étais con, il y a dix ans », dit-il. Moi : « Il y a prescription ».

27 septembre 1969

Réquisitoire le matin. Assez bien fait, méchant. Réclame la confirmation du 1er procès (20 ans).
Aprèms, plaidoirie de Soulier, de 2 h 30 à 6 h. Très bon, très efficace : destruction des présomptions, fin extrêmement courte et sobre. « Ne soyez pas trop long. » 40 minutes et la sonnerie. Acquitté. Bravos ! Le président termine d’une voix étranglée. J.M. Deveaux sourit.
Et puis la foire. Deveaux à l’hôtel Central devant la meute, fauteuils escaladés, etc…
Dîner au Chapeau Rouge avec les Ancelot, J.P. Aymon, Toutain, Delamotte, Rivière, Mérindol (Progrès), D. Serne, etc…

28 septembre 1969

Partis à 8 h 15 avec B. et D. Serne. Temps glorieux. A 11 h 20 à Paris.
Au journal de 1h à 7h: retouché et complété papier.
Article sur K.G. dans le « Journal du Dimanche ».

29 septembre 1969

Téléphoné aux parents Boulez. La femme de ménage me dit que le père est mort au mois d’août.

30 septembre 1969

Au Seuil, vu Flamand et Cl. Durand puis déjeuné avec eux : pas d’obstacle pour G. Hemming, parlé aussi de Chris et Dante (dont Flamand regrette la brouille – idiote selon lui). Mais Chris est revenu à la surface, tout va bien. Et parlé aussi du procès J.M. Deveaux, comme j’ai dû le faire toute la journée.
De là, rue de Téhéran à l’Arche. Jacques Sabbath m’interviewe sur K.G. Se dit très impressionné. Propose conférences dans les milieux juifs.
Journal avec Chato, remis le papier KG à une raisonnable longueur.
Répondu à une lettre S.S.(Mme Astruc qui menace de tuer ou de se suicider).

1er octobre 1969

Journal. Révisé papier Chateauneu sur K.G. titré par Castans. Avec Françoise et Marie-Claude, « chez Francis » place de l’Alma : pensent que le roman et le patchwork ne sont pas finis, donc impubliables. Résolution de publier des « Ecrits mélangés ». Téléph à Cl Durand.
Déj. au « Rome » avec Menant, Heiner, Senon encore très affecté par son altercation avec Castans (il s’est révolté contre le fait qu’on ait fait appel à Cesbron pour écrire 1 papier sur Jean XXIII qu’il avait préparé). Apaisement.
Chez Karine, travaillé aux notes de l’Eichmann. C’était son anniversaire.
22h, F. Charles vient chercher des « cahiers » à la maison.

2 octobre 1969

Grasset : signé 10 exemplaires. Vu F. Verny puis Fasquelle : croient que le livre démarrera lentement. Disent que ça marche à l’étranger (contrats, etc…) Invité à dîner samedi chez Fasquelle avec mon éditeur anglais.
L’aprèms chez Karine pour Eichmann. Terminé les notes.
XXe anniversaire de la Chine populaire.

3 octobre 1969

Cdf Diwo pour le livre. Cdf à Daniel Anfou pour l’adresse de Wang. Ecrit à Wang.
Journal (papier KG retardé d’une semaine) puis Grasset. Conférence pour l’Eichmann avec K.K., Fasquelle, Fournier et Mery (administrateur).

4 octobre 1969

Photocopié en dix exemplaires la pièce.
Reposé l’apréms- révassé
Dîner square Vergennes dans le XIVe (une impasse) chez les Fasquelle, avec l’éditeur anglais de KG, Robert Knittel et sa femme (Luise Rainer, ancienne actrice). J.C. déçu de trouver en Knittel un requin…

6 octobre 1969

Toujours le grand beau temps.
Kerbruck me consulte ; il gagne 2 000 F, « l’Actualité » journal gaulliste lui offre 4 000 F. Veut donc quitter, mais en douceur à moins que PM ne lui offre la même chose avec la possibilité de signer des papiers. Castans marche pour l’argent, pas pour le reste. Dis à K. de partir, quitte plus tard à demander son retour sur la foi de ses papiers à l’Actualité. Me dit encore que l’A. aurait voulu m’engager – mais mes prétentions, pensent-ils, seraient trop fortes pour leur budget.

7 octobre 1969

Grasset puis PM.
Chateauneu a lu la pièce : un certain manque d’enthousiasme à m’en parler. Quelques critiques.

8 octobre 1969

10h un thé place du Trocadéro avant de voir Raph Valensi qui doit m’intrerviewer por une revue médicale. Parlé 2h de tout sauf de KG: les Juifs, les Marranes, la continuité d’Israel etc…
O. Merlin a vu Cartier ; me confirme que Cartier a vu K.G. à Rottweil en 1945 ! Plus tard, lettre de Cartier à ce sujet.
Penent: difficultés pour la parution du papier. Ph Tenon, red en chef ne voudrait plus le passer.
Chez Georges, avec Michaud.
Arrivée de Bouise et de sa femme que je croyais encore à Lyon (où j’ai envoyé le 3,1416). Dîné et parlé.

9 octobre 1969

Grasset. Vu F. Verny, la dactylo d’Eichmann, Martine Favery – le père Bruckberger qui me reconduit ensuite aux Champs-Élysées.
5 h Françoise Charles et Marie-Claude à la maison. FC part pour le Kenya. Longue et pénible discussion.

13 octobre 1969

Cdf Karine (la dactylo et M. Berger, directeur littéraire, font les dégoûtés devant le texte Eichmann) et Bénichou qui veut la pièce.
Cdf de J. Michaud : trouve que la pièce tient le coup. Pense à Planchon plutôt qu’à Rosner.

14 octobre 1969

Ecrit deux pages pour un catalogue (sur Marie Marguerite Pétetin).
à PM l’apréms. Lettre de Mme Boulez, en réponse à mes condoléances. La pauvre femme.
Penent me signale son papier paru dans Combat de samedi. Autre papier dans P.M. (2 pages). Vu J.P. qui me félicite pour un papier du « Match de la Vie » (Profumo).
Grasset : déblayé les réticences au sujet de Eichmann (la mauvaise traduction, disent-ils !). Vu un papier de Vialatte dans la « Montagne » sur K.G.

15 octobre 1969

PM: Vu Cartier dans un bureau. Raconte KG
Téléphoné à Jeff : voix un peu lasse. Dit qu’il revient de l’enterrement de Poliakoff, le peintre, frère du chanteur – un ami de longue date. Michelle gravement malade : « de ce que tu sais » (l’alcool ?). Ne quitte plus la maison, dit-il, à cause d’elle. N’a pas encore lu K.G. Le fera bientôt.

16 octobre 1969

Envoyé la pièce à Bénichou à Lons le Saulnier.
A déj. Agathe (son fils est sous-marinier à Toulon), Marie Marguerite , Chateauneu et la Mutter.
Vu Le Bolzer à PM. Toujours à la recherche du travail: essayé TV, Monde, Lux.

17 octobre 1969

Brouillard et froid soudain.
3 h vu Michaud et Werner Hildebrandt (invité par celui-ci, au nom de son conseiller de presse pour vendredi prochain). Hildebrandt s’occupera de me trouver du matériel V Braun.
J. Michaud : critique de la pièce très intéressante et féconde.
Grasset puis chez Karine. Sonné. Pas de réponse. Revenu 20′ plus tard, ouvert. M’explique ensuite que elle croyait, comme je suis toujours exact et que j’étais en avance, que c’était son ex mari. Bu champagne. Parlé de familles, de souvenirs etc…
Raccompagné jusqu’à St Germain.

19 octobre 1969

Lecture du Chestov: Athènes et Jérusalem.
Cdf d’Hervé Mille : compliments sur le K.G. Me dit qu’il est maintenant plus que jamais convaincu que je suis le seul à pouvoir faire un livre sur la Résistance : 10, 12 histoires de résistants « un livre national », « Vous êtes lisible – les autres 39 sur 40 ne le sont pas ! ».

20 octobre 1969

Cdf de Pottecher sur K.G. Il a écrit un papier pour le Maine libre.
Grasset: vu Savary, Fournier
PM: fait visiter studio et labos à Antonio Reis, confrère de Lisbonne rencontré là bas il y a quelques années.
Cdf à J.J. me dit que K.G. l’a ému aux larmes « grand livre ». N’a pas encore lu la pièce.

24 octobre 1969

Grasset – 1) Fasquelle : Discussion sur le Eichmann – 2) Sa secrétaire : les Allemands n’ont pas acheté K.G. – 3) M. Mayand : J. Piatier, du Monde, éprouve des « doutes » sur le sérieux de K.G.
Sorti de là furieux.
Lettre de Elie Wiesel, qui rééquilibre tout – et de J. Prouvost, en latin.

25 octobre 1969

Envoyé pneu à J. Piatier – petite raillerie exorcisante.

27 octobre 1969

Carte de Dante : il a donné le 1e coup de manivelle de son film TV.
3 h Radio Monte Carlo. Interview par Fiess sur K.G. Interrompue par des ? toutes les 5 minutes. Pas très content de ma chute.
Fatigue. Légèrement déprimé ( chauffeur de taxi fascistoide, frère flic. est pour la peine de mort, pour la force, pour un coup d’état de l’armée. Je le contrebats. Il dit piteusement qu’il a fait grève 1 mois en mai 68. Bouffon sinistre )

29 octobre 1969

Grasset : Mayaud furieux de la lettre à J. Piatier.
Cdf de Marie Claude Bautruche- plus coopérative.

30 octobre 1969

Fait papier kidnapping – plutôt mal, sans moyens. Il soulève curieusement l’admiration de Castans, Croizard. J.P. me téléphone pour me demander de signer – ce que je refuse. On prendra un pseudonyme.

31 octobre 1969

ORTF : J.P. Michaut et Catherine Bailly (pas vue depuis des années). Et encore, Geneviève Antonelli toujours belle et brune. Interview sur K.G. Très bien. Bien meilleur qu’à Radio Monte-Carlo.
Café ensuite : parlé Arabes, juifs, Mai 68, etc.
Cdf de J. Michaud. À la suite de la lecture de ma pièce, a décidé d’en écrire une.

6 novembre 1969

Grasset puis chez Sabine Delattre, imprésario littéraire (nouvelle profession en France ; elle a G. Perrault, D. Serne qui m’en avait parlé à Dijon). Vu Maurice Friedland, ami de J. Michaud, chez elle. Conversé ensuite. M’enverra un projet de contrat.

7 novembre 1969

Pluie et froid.
Cdf à Jeff qui m’avait demandé de le rappeler : il trouve « l’Espion » magnifique. Une de ses parentes russes l’a commencé. Ne peut pas, comme je lui ai demandé, écrire un papier dans F.S. : me fait confidence de son incapacité à écrire quoi que ce soit actuellement (Michelle malade toujours…).
Retâté de l’hébreu dans la longue aprèms pluvieuse et ennuyeuse.

14 novembre 1969

PM.
Puis Grasset. Vu Martin Savary et Monique Mayand, réconciliée avec la Piatier et avec moi (après les chocolats).
Avec Béi, ciné « Midnight cowboy » puis « More ». puis PM ( je pars lundi à Lyon: procès)
puis galerie Romanet: expo Baboulène, très beaux tableaux (2 ou 3)

15 novembre 1969

Pas allé à la Route.
mis au point départ Lyon demain avec JJ.
Cdf de Kelber : content du livre, apprécié le » montage » en tant que technicien du ciné , parlera à son éditeur Seewald. a retrouvé trace dans ses papiers de deux anciens de l’ORCG.(Organe de Recherche des Criminels de Guerre)
Cdf de Jean Davidson : enthousiasmé par le bouquin (« le meilleur que tu as fait »). Pense que la firme américaine Harlant Broce est une bonne maison qui poussera le livre.

16 novembre 1969

Train pour Lyon 13 h 20 (Mistral). J.J. à la gare. M’apprend la mort de son ami Ferréol, garçon de bureau, peintre. Suicide. Pris Liliane en passant. Me déposent à l’hôtel des Artistes.
C en Iran, rentre demain.
Lecture de Chestov dans ma chambre.
Dîner chez J.J. et Bernadette à Caluire avec Pierre Biard et sa femme (secrétaire générale de l’Opéra). Parlé. Parlé.

17 novembre 1969

9 h Palais. Procès. J.P. Arnaud, l’accusé ressemble à Guérin (de l’Huma) en plus jeune. Pas émouvant. Froid. Peu de public. Peu de presse mais Coquet, Diraud, Lalonde, Pottecher, Kerbouch.
Déjeûner avec J.J., Liliane et leur fils Jean-Dominique, étudiant en médecine 1ère année. (image atténuée un peu du procès)
Audience l’aprèms: jusqu’à 19h. Donné KG à Diraud.

18 novembre 1969

Audience 9 h. Ragots.
Déjeuner avec Pottecher, J.J. et Bernadette à la Tassée, rue de la Charité. Audience de ragots (suite). Impression que l’accusé sera « salé ». Chez Me Ambre avec Géry: entrevue avec Mme Merle- Arnaud, mère de J.P.La Maréchale!
19 novembre
Grève d’électricité.
Arrivée d’Apollo XII
Audience le matin : le reste des témoins, et la plaidoirie de Pélissart (partie civile pour les parents du père).
Déjeuner chez Bourillot. De là, jusqu’au Palais.
L’avocat général Kastner réclame 10 à 15 ans, Ambre plaide : mal. Panne d’électricité. On reprend. Délibéré. Panne. 12 ans !
Dîné avec Gery, les Halpern (avocat) et deux ringards de je ne sais plus quel journal ou officine.

20 novembre 1969

Train pour Paris 8 h 10 avec J. de Coquet. Paris 12 h 10. Journal. Papier à faire. long , y passerai la nuit.

21 novembre 1969

Assoupi au grenier vers 3h30. Réveillé à 7h. Repris. Terminé 11h. Dicté 12h.Fait lire Chato : approuve.
Castans. Puis irruption soudaine de J.P. « Où est le maître ? ». Le « maître », c’est moi… me félicite. « Il ne va pas être content, l’assesseur de droite…Mais je m’en fous! »

24 novembre 1969

Journal. Echos du papier.
Grasset. Fasquelle : K.G. ne démarre pas. Verny : on fera un relancement en janvier. Quant à Eichmann, c’est un M. J. Brenner qui le revoit pour « l’améliorer » (la traduction) et ça traîne.
Journal: vu Rapinat, de passage.
Cdf de Christier.
Dîner chez Catherine Bailly rue de Vaugirard: sa fille et trois jeunes gens (dont 1 vétérinaire).

25 novembre 1969

Interviewé par trois élèves de l’Ecole des attachés de presse.
Vu J.P. pour Chateauneu : lui demande de faire passer son salaire de 4 500 à 6 000. Accordé. Est ravi de plus en plus de mon papier. Castans : Joffroy a créé la Bible du journal !
J.P.parle encore de ses amis Caviglioni Chateauneu -et d’un livre d’histoire qu’il a lu sur la mort de Louis XVI: « La mort de L.XVI, je la connais, j’en ai lus! »
Cdf de Penent : Chargelègue l’a « vidé » sous prétexte qu’il ne pouvait assumer à la fois le journalisme et le professorat. En réalité, c’est parce que Penent a été voir Castans pour lui demander des instructions directes. L’autre l’a accusé de « faire carrière contre lui ».

26 novembre 1969

Castans me reproche un peu d’avoir demandé quelque chose pour Chateauneu sans l’en avoir informé. Réponse : il fallait profiter du « trou » dû au papier Lyon – et puis, il serait d’autant plus libre pour réclamer d’autres augmentations à J.P.

27 novembre 1969

4 h : Sabine Delattre. Mise au point du contrat. Déplore le sort de K.G. Pense faire quelque chose.
Théâtre Montparnasse : « La Mise en pièce du Cid ». Beau spectacle, peu profond ruisseau. Bouise excellent.

28 novembre 1969

Lettre d’Elfriede Gerstein à Grasset : elle commande dix K.G. Très élogieuse.

29 novembre 1969

Départ pour Toulon.

30 novembre 1969

A Ste Musse, chez les Maufrais. Il est en mauvaise condition, maigre, pâle, sans appétit. Pas remis de son opération. Songent tous deux à quitter la Maison pour celle de Médaillé militaire à Hyères (qui sera finie en 1970, avant l’hiver). M. y respire mieux : il y est allé déjà pour une cérémonie. Puis, les M., gaullistes, se heurtent aux retraités communistes…

1er décembre 1969

Soleil. Ciel bleu. 6° Tout le reste du pays grelotte. à 3h partis pour Grasse. Arrivés 2h plus tard. Chambre rouge.
Dîner dans le petit salon avec Bee Vanlaer. puis un film à la TV.(l’étrange RV de Terence Young).

2 décembre 1969

Soleil. Ciel bleu
Vence, St-Paul : fondation Maeght. Les peintres et sculpteurs de la galerie. Beaucoup de riens. Quelques Giacometti et Calder.

3 décembre 1969

Froid. Clair
Travaillé au papier « Remagen » – refait (revu plutôt) pour « Historia ».

5 décembre 1969

Froid.
A déjeuner, les Caillaud. Rien ne va bien : pas de travail fixe – mais pas non plus découragés. Le tableau de Saby, acheté par Caillaud pour la banque (300 000 la banque, 300 000 lui) sera mis en vente. Il n’a pas les moyens de le racheter. M’offre de le faire. Accepté. J’irai jusqu’à 300 000 et le garderai à sa disposition jusqu’à ce qu’il puisse me le racheter.
Fini la lecture du manuscrit « L’Exodus » de Derogy (à paraître chez Fayard et dont PM doit faire un papier).
A la télé, Boulez interviewé à Londres à propos de Pelléas, qu’il a dirigé à Covent Garden.

6 décembre 1969

Soleil.
Fini « Athènes et Jérusalem » de Chestov
Arrivée de J.P. Olivier et Mme – fin de la solitude joyeuse à trois.

8 décembre 1969

Toujours beau.
Travaillé sur mon journal 1940-44. Relevé les dates.
Après dîner, J.P. Olivier m’expose son projet de « News magazine » à faire dans le groupe. Mais J.P. ne marchera pas, je crois.

13 décembre 1969

Avec B. chez Danielle Gatti, avenue de Versailles. Vu Hannelore, 13 ans, forte, portrait de plus en plus net de son père, et la petite Clarisse qui ressemble à son frère et à Emmanuelle. Bernard ne fait plus de peinture, mais du chinois. Fait des fiches sur Tchouang-tseu pour 200 F par mois. Travaille le matin chez la grand-mère (le chat vit toujours). Stéphane travaille dans une usine tout en suivant les cours de Vincennes (philo-socio). Maoïste ? De là chez les Menant (achat d’un pistolet d’alarme chez l’armurier de l’avenue).

15 décembre 1969

Grasset : déjeuner chez Calvet avec J.C. Fasquelle. Verny, Berger, Privat sont pour repousser d’un an la publication de l’Eichmann. Lui, hésite. Après conversation, décidé à publier. Feu vert. F. Verny qui devait venir déjeuner, pas là.
F. Stil venu voir au journal Chato et J. Brièges. Stil très étonné du « libéralisme » de PM. De là, avec eux, à la tour Eiffel, réception annuelle de l’Huma Dimanche. Grande foule. Vu Guérin de l’Huma qui aurait fait, dit-il, le papier K.G. si Stil ne le faisait pas. Bourrasques sur la Tour.

16 décembre 1969

Journal. Vu J. Michaud, accablé par un travail inintéressant et la prochaine rupture avec Annick – amourachée d’un autre. Les enfants…
Vu Sabine Delattre. Parlé du KG.

17 décembre 1969

Commencé la lecture du Talmud (6 vol. achetés par moi pour moi). Les hamsters ont eu une portée de 8 – comptés par Ariane aujourd’hui. Qu’en faire ?

19 décembre 1969

Froid vif.
Lu « Tel Quel » – qui m’endort (Sollers).

20 décembre 1969

Poggio me renvoie 3,1416 avec critiques très constructives, très bien venues.
Lettre de Durand (Seuil) : on ne publiera pas Gary

21 décembre 1969

Recopié Marcuse, Situationnistes et Chestov dans les « Cahiers ». Désir plus grand de faire une autre pièce.(Von Braun).

22 décembre 1969

Avec B. chez les Bouise, rue des Fossés-Saint-Jacques (Karin). Parlé de la pièce. J.B. en dit des choses intéressantes – d’un point de vue dramatique.

26 décembre 1969

Michaud m’apprend que Gatti est à Paris chez Lancelot. Téléphoné. RV la semaine prochaine.
O. Merlin me signale un papier de Stil dans l’Huma sur K.G. Comme j’arrive Stil téléphone, s’excuse que le nom soit orthographié Jouffroy. Papier très bon. Dans ses limites.

28 décembre 1969

Musée d’Art moderne, exposition Klee. Superbe. Cdf de Gatti le soir. RV mercredi.

31 décembre 1969

Gatti à déjeuner. Attendu pour 12 h 30, arrivé à près de 2 h. Inchangé – sauf la bedaine : il a cessé de fumer. Film fini (l’Ebre) ; va monter une pièce à Berlin Ouest. (Sur Rosa L. Le Chant de la mésange.) Content de Stéphane – le seul lucide dans la confusion actuelle. Lui ai donné 3,1416. M’en donnera son avis demain. (Blouson de toile, pantalon de velours.)