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1948

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’état civil.
Né en 1922 À Hayange en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot » chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total ».
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

Choisissez une année 

10 janvier 1948

À 20 heures 30, après dîner à l’Huma sommes allés Armorin Cl. Et moi à la réception de Rabbi Abba Hillel Silver au Lutécia. Taxi au retour. Cl. Tendre.

11 janvier 1948

Walt Whitman
« Si vous ne parvenez pas à m’atteindre du premier coup, ne perdez pas courage. Si vous ne me trouvez pas à une place, cherchez-moi à une autre. Je suis quelque part à vous attendre. »
Wang dîne à Clichy puis nous venons au Quartier latin. Me conseille de me « brouiller » avec Cl. pour…
Dîner de la rédaction chez Lucien, rue Bourbon-le-Château.

12 janvier 1948

« Je cherche autant à détruire mon hypothèse qu’à la vérifier ; je cherche en un mot avec l’esprit libre ; et c’est pourquoi il m’est arrivé si souvent de trouver des choses que je ne cherchais pas, en en cherchant d’autres que je ne trouvais pas. » Cl. Bernard. Cherché une querelle à Cl. Pas réussi.

13 janvier 1948

« Le fou est celui qui a tout perdu, sauf sa raison. » Chesterton.
Cherché Cl. mécontente.

14 janvier 1948

Avec Cl. au théâtre de la République : « Grand printemps » de Paul Lambert. Que c’était moche ! Sommes fichus le camp au 2e acte ; après « El Rancho », cabaret « yid » rue de Metz. Cl. en forme et gentille.

15 janvier 1948

Langage : « Mieux ce sera pire, plus ça vaudra mieux ». Politique de la carotte et du gourdin.

16 janvier 1948

Bébés artificiels, test tube. « … et les sacrifices ressemblaient aux abattoirs de Chicago avec cette différence que la viande ne servait qu’à être enterrée ». Hemingway. Cherché Cl.

17 janvier 1948

Pourquoi irais-je payer un parapluie 12 F 50 quand je puis avoir un bock pour 6 sous ? Courteline
Cherché Cl. Radiesthésie

18 janvier-19 janvier 1948

Vu, avec Wang, « Monsieur Verdoux » (Chaplin).
Qu’est-ce qu’un aliéné authentique : c’est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l’entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l’honneur humain. (…) Car la réalité est terriblement supérieure à toute histoire, à toute fable, à toute vérité, à toute surréalité.
Nul n’a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé que pour sortir en fait de l’enfer.
Van Gogh, organiste d’une tempête arrêtée et qui vit dans la nature limpide. On peut parler de la bonne santé mentale de Van Gogh, qui, dans toute sa vie, ne s’est fait cuire qu’une main et n’a pas fait plus, pour le reste, que de se trancher une fois l’oreille gauche. A. Artaud. V. G. Le Suicidé de la société.
Cl. neige.

20 janvier 1948

It is a tale told by an idiot
Full of sound and fury, signifying nothing. Hamlet
Dumas fils parlant des Communeux : « Nous ne dirons rien de leurs femelles, par respect pour les femmes à qui elles ressemblent quand elles sont mortes ».
Cl. neige autobus.

21 janvier 1948

Mai 1873 – Quand les lilas refleuriront. Février 1936 – Tout va très bien Mme la Marquise. Avec Cl. au Rex « Monsieur Verdoux » – il pleuvait.

22 janvier 1948

« Qui eût bien pu penser qu’une des conséquences de cette guerre serait la pédérastie marxiste ? ». Malaparte. Cherché Cl.

24 janvier 1948

Sommes sortis Wang, Danielle, Gatti et Cl. Dîné rue Gay-Lussac dans un restaurant chinois. Anniversaire de Dante et Cl. Retour en taxi. Place Concorde, Cl…

26 janvier 1948

15 h 30. Dr Besson, radiesthésiste
« Comme la liberté compte au nombre des plus sublimes sentiments, la duperie qui y correspond passe pour sublime, elle aussi. » Kafka. Cherché Cl.

27 janvier 1948

« On aimait l’or parce qu’il donnait le pouvoir et qu’avec le pouvoir on faisait de grandes choses. Maintenant on aime le pouvoir parce qu’il donne l’or et qu’avec cet or on répand des pépites. » Montherlant, le Maître de Santiago. Cherché Cl.

28 janvier 1948

Avec Cl. au club des 5. Parti au milieu, retour à pied.

29 janvier 1948

Retrait des billets de 5 000. Cl. puis au ciné avec elle.

30 janvier 1948

M. Baton, radiesthésiste
Cherché Cl., revenu en taxi, obligé d’aller à une exposition de chats. Quitté plutôt Cl. Dernière fois que je la vois.
Mort de Gandhi (assassiné !)

31 janvier 1948

« Tous les grands réformateurs se trouvent aux prises avec les démons de leur époque… l’impérialisme est le Satan de notre temps. » (Gandhi)

13 février 1948

« L’Angleterre et l’Amérique n’ont rien aujourd’hui qui les distingue l’une de l’autre, sauf, bien entendu, le langage. » O. Wilde.
« Et quand je dis journaliste, je dis toujours salaud ». Monsieur Aragon
« Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles pour me les opposer » (du même).

15 février 1948

Avec Wang et Armorin sur la Seine de 15 à 18 h. Canot à moteur.

16 février 1948

« Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée. » O. Wilde

17 février 1948

400 millions emprunt. 4 ½ % à 30 ans.
Reconstruction installations portuaires de Dunkerque. Lancement de l’emprunt, jouissance à partir du 1er février.

18 février 1948

Dunkerque. Dubuisson, président de la Chambre de commerce.

19 février 1948

Boulogne – Capitaine de vaisseau Amibert – préfet Simoneau, après le sous-préfet – à la gare maritime.
Retour Paris 21 h. Neige. Pas de lettre de Cl.

23 février 1948

20 h 30 radio émission Antonin Artaud
15 h 45 : gare de l’Est parti pour Nancy – affaire col. Charly

24 février 1948

De Nancy à Germonville (Vosges) – retour 16 h
Champigneulles. Train pour Metz arrivée 21 h. Globe. Revu Bertin au Républicain lorrain

25 février 1948

Metz. Selleron, Menant, Helleninger.

26 février 1948

Bertin. Nancy, caserne.
3 balles pas de coups de fusil, Charles Noël, il l’a trouvé le 8-9-40

27 février 1948

Noël : C’était le dimanche 8 septembre, j’étais au champ avec la vache, dans la terre j’ai trouvé le revolver (marque belge). 3 manquaient. Ont rendu les honneurs par des coups de feu. Ça y est nous sommes allemands.

28 février 1948

À l’église. « Le colonel vient de se suicider » c’est pas vrai ! et j’suis venu il était sur un brancard, les Allemands arrivent ¼ d’h après. Un officier parlera avec les Allemands pour l’emmener. « Notre colonel est tué. J’ai demandé et obtenu des autorités allemandes le droit de l’emmener … »

29 février 1948

Noël Henri, sacristain
20 juin « Ce que j’vas vous raconter du génie – le colonel a demandé à coucher chez moi 6 officiers – le colonel était à la cure – carte dépliée sur une caisse (18 h) – « Voyez-vous dans ce périmètre nous avons 80 000 hommes. Je suis en train de traire la vache, ma femme vient me voir « On t’appelle ».
Charly : les soldats l’ont ramené.
« Tiens v’la l’colonel Charly assassiné… » souriant, 50 ans, rasé de frais – bel homme. Brancard, fait un cercueil. Enterré le 22 juin à midi – on était prêt mais les Allemands n’ont pas voulu – enterré comme un chien, sapin blanc.
M. Gabriel : ils sont venus reconnaître la tombe – l’institutrice l’entretenait – la commune n’est pas riche.
L’exhumation (ministre des Pensions)
L’aumônier : « Je veux résister ». Il a été dépouillé. Marinville – Terry Auguste 26/11/1883 à Nancy.

1er mars

Présenter les armes
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes mon ami ce beau matin d’été, si doux
au détour d’un sentier une charogne infâme.
Reçu lettre de Cl. Datée du 23 d’Uruguay

3 mars 1948

Oncle Albert mort

4 mars 1948

Mort à 6 h d’Antonin Artaud – le Momo.

8 mars 1948

10 h 30 : enterrement d’Antonin Artaud au cimetière d’Ivry (Gatti, Danielle, Helmann).

19 mars 1948

Amiens – une journée affaires, Charpentier le polytechnicien disparu

21 mars 1948

Maryse Baudoin, femme de lettres et de chambre chez M. Paul Moulin, négociant en vins (Nyons, Drôme)

22 mars 1948

Déposé à 12 h 30 à France-Soir (chez Mme Michèle) ma candidature au Prix Claude Blanchard (4 pas dans les nuages italiens). Huit jours de travail pour huit jours de reportage.

23 mars 1948

Reçu lettre de Cl. Me reproche de ne pas lui écrire – me parle d’un médecin qui lui fait la cour… !

5 avril 1948

Reçu lettre de Cl. – charmante
« Il est permis de violer l’histoire, à condition de lui faire un enfant ». (Dumas)
On fait ce soir le 1er numéro à 6 pages (1 000e numéro reporté).

6 avril 1948

Les rois ne touchent pas aux portes. Ils ne connaissent pas le bonheur…
M. Varethe gérant 2, bd Jean-Jaurès.

9 avril 1948

Révolution en Colombie pendant la conférence panaméricaine.

10 avril 1948

Rencontre Lucie Khan.

11 avril 1948

Vadim Eliseeff, musée Cernuschi, école du Louvre.

13 avril 1948

Gatti me dit qu’il a vu Cl.
« Je hais cet esprit de liberté farouche qui méprise toute fantaisie, toute gaieté, tout amour. »
On ne sort pas d’une université (allemande) sans avoir fait quelque beau serment à la manière antique sur un innocent poignard … qui ne plongera jamais dans le cœur d’aucun tyran attendu que les tyrans eux-mêmes se sont fréquemment mis à la tête des conspirateurs. Léo Burckart. Nerval.

14 avril 1948

Le bacille de l’antisémitisme existe naturellement dans toute l’Europe : notre tâche est simplement de le rendre plus virulent. Malheureusement nous n’avons que trop peu de journalistes pour ce travail. Goebbels (Journal, 10 mai 1943)

16 avril 1948

Au prix Cl. Blanchard : 2 voix. Serge Groussard gagne.

18 avril 1948

Élections italiennes. Discours de De Gaulle à Marseille.
Divine Galathée, moins parfaite, il ne te manquerait rien. Il est trop heureux pour l’amant d’une pierre de devenir un homme à vision. Pygmalion, J.-J. Rousseau
Le cœur plus que l’esprit a chez moi des besoins. JJ Le

19 avril 1948

Un jeune homme qui arrive à l’heure avec une figure passable, et qui s’annonce par des talents, est toujours sûr d’être accueilli. J.-J. Rousseau
Je me convainquis que si quelquefois les savants ont moins de préjugés que les autres hommes, ils tiennent en revanche encore plus fortement à ceux qu’ils ont. (JJ Rousseau)

20 avril 1948

Mémoires de Churchill
« We are waiting for the long promised invasion so are the fishes » (20-10-40).
20 août 1940 : bataille d’Angleterre.
Foch : « Ce n’est pas une paix ! C’est un armistice de vingt ans. »
« S’avance à grandes enjambées un jour au génie féroce, dépositaire et incarnation des haines les plus virulentes qui jamais dévorèrent cœur humain : le caporal Hitler ».

24 avril 1948

Anniversaire de Wang – restaurant romain

25 avril 1948

Avec LK à Longchamp

26 avril 1948

Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. JJ Rousseau, Contrat.

27 avril 1948

La foule – Elle ne comprend pas pourquoi les jeunes gens pleurent après les femmes, pourquoi les femmes pleurent après les honneurs et les banques, pourquoi rien n’existe de ce qu’on lit, on chante, alors que tout existe de ce qu’on ne dit jamais à personne, de ce que personne ne saura jamais, ni ici, ni plus loin. L.P. Fargue Erythème du diable.

28 avril 1948

Tsien – chef du département tripartition d’uranium découverte en décembre1946
Avec LK salle Gaveau : Richard
Bien bâtie, LK !

29 avril 1948

Chambre Wilson image visible des particules ionisantes – chocs du neutron contre l’uranium.

30 avril 1948

Lucie Kian – TRU 0990
« Il m’a caressé la main et a parlé de Clausewitz » Eva Braun, 6 juillet 1940.

L.K. 76, rue de Paris av. Henri-Barbusse, Colombes
La situation est simple : ou bien l’ONU décidera de soutenir les juifs et de leur donner une partie de notre Palestine et les grandes puissances surtout celle dont je ne veux point citer le nom n’auront plus une goutte de pétrole du Moyen-Orient ; ou bien la Palestine restera arabe. Abdallah 29 avril.

mai 1948

Notes
Toutes les choses réunies en ce monde sont réunies dans un rêve, et la naissance est naissance dans le rêve. Et la mort est la mort dans un rêve. Même quand on est Bouddha, on est Bouddha dans un rêve, et si l’on erre dans les transmigrations, on erre en rêve. (Tibétain). Précieuse guirlande de la loi des oiseaux.

1er mai 1948

Depuis trois jours la Palestine est décidée. Je pars avec F. Chalais (F.C. Bauer) qui doit faire le côté arabe (parachute peut-être).
Que reste-t-il ?
Sentimental journey
To each his own.

2 mai 1948

And Night and Shadow rule below
When only Day should reign
Le Sage antique (A. Tennyson)
… Peace, Peace. He is not dead, he doth not sleep –
He heath awakened from the dream of life.
(Il n’est pas mort, n’est point endormi, mais il s’est éveillé du songe de la vie) Shelley

3 mai 1948

O Wind
If Winter comes, can Spring be far behind
(Ode au vent d’ouest) Shelley
O Liberty ! My spirit felt thee there
Coleridge.

4 mai 1948

« La Ligue arabe est un beau nom, mais un nom creux autour duquel se fait une propagande effrénée. Mais elle n’est qu’un ramassis de notables sans le moindre contact avec les masses. » Abdullah

5 mai 1948

Robert Gouy – Croix Rouge pour la Palestine – Tel-Aviv
Amman 1923 : C’est un incapable et un étourdi. Lawrence, d’Abdullah.

6 mai 1948

17, rue des Moulins à Fontenay-sous-Bois
80, rue de la RE Navarro – Najar

7 mai 1948

Zimmermann
Gricha
Moshe
Tchervinsky
Croyez-moi car je suis souvent en prison St Paul
As long we remain, we must speak free
… Tennyson, 1852.

8 mai 1948

Galili T.A.
Hillel
À Marseille. À l’Arbois avec Tony Gryse et Armorin

9 mai 1948

Ne partez pas. Cl. arrive aujourd’hui au Bourget
Moi je pars par le à 16 h 30
Aza street Jerusalem

10 mai 1948

Relâche à Gênes à 8 heures – On embarque 130 émigrants à 22 heures. Départ 24 heures

12 mai 1948

À la Bastille on l’aime bien mimi peau de chien…

14 mai 1948

Arrivée à 9 heures à Tel-Aviv en plein bombardement égyptien. Un avion abattu – 3 alertes durant la journée. Câblé au Parisien – Arrivée de Kessel, Gilles Bonneau, Sallebert, Catherine de l’Huma. Très fatigué

15 mai 1948

Consulat de France.

Dimanche 16 mai 1948

Alerte 11 h 15 – fin 11 h 30
Alertes sur alertes. Ecrit chez moi et à Cl. Envoyé câble à carrefour.
Surpris par l’alerte chez le consul de France. Chaleur épuisante – Conférence Shertok à 18 heures. Dîner consul avec les journalistes français.
Cabaret de l’hôtel avec Kessel, Jo et Armorin.

17 mai 1948

Alerte 5 h du matin
Conférence de presse – pas moyen d’aller sur le front – chaleur épouvantable – alertes à 17 h – gros bombardement, camp et hôpital – 7 morts. À 22 h alerte de nuit. Fusées.
Avec Armorin, au large où l’on débarque des émigrants d’un petit navire italien – mitrailleuses à bord. Etait resté à bord depuis l’aube cause bombardement – Suis état dépression épouvantable.

18 mai 1948

À Jaffa aujourd’hui escorté d’une automitrailleuse – bombardements dans l’après-midi : 41 morts station autobus !

19 mai 1948

Camp de Sarafand occupé par Hagana – Au loin lignes arabes de Lydda et Ramley.

21 mai 1948

Kessoria – Kibboutz où l’on retrouve copains Chypre.

22 mai 1948

Kessoria-Sdotyam, équitation, archéologie.

24 mai 1948

A Toutura, port arabe occupé – on ramasse les prisonniers, on pille un peu – « Attention snipers ! »

25 mai 1948

En moto vers Natouria pour voir Merling qui n’était pas là. Panne.

26 mai 1948

Tentative d’atteindre Hulda – Alertes dans tous les azimuts. On nous arrête à Kfar Bilu, près de Rehovoth. Interdiction d’aller plus loin.
Le soir, allés à Kfar-Soba pour voir cessez-le-feu. À 9 heures, les Arabes nous tirent dessus – Câblé à 2 heures du matin.

28 mai 1948

Parti pour front nord avec Greenberg, Mather, Armorin et un officier de liaison. Anglais encore à Haïffa, mais décidés à partir.
Couché Zion Hôtel Haïffa – Vu consul Laudi : antisémite et pédéraste.

29 mai 1948

Acre, Nahoriya. Typhus : hôpital. Chiens et chats enragés. Frontière Liban calme.
Kibboutz Ailon – Rentré Haïffa vers 19 heures. Avion Air France arrivé.
Bal au Zion Hôtel : I.S., 2e bureau, trafics, combines.

30 mai 1948

Proposition anglaise trêve de 4 semaines adoptée à Lake Success : Du joli !
Malade à crever : fièvre, rhume, etc.

8 juin 1948

Soirée avec Greenberg et deux filles. Raccompagné l’une d’elles.

9 juin 1948

Départ pour Haïfa
17 h Arrivé Haïfa – Hôtel Zion.

10 juin 1948

Visite au port. Monté à bord des bateaux clandestins : mon vieux Theodor Herzl, et l’Exodus. Le soir avec Kessel à l’Eldorado où Anglais et haganistes tous armés dansent en s’observant…

11 juin 1948

Nouvelle trêve à 10 heures (4 semaines). Quitté Haïfa par Air France vers cette même heure avec Kessel, Armorin, Nathan, Jo Shaftel, E Sway – Escales Chypre, Athènes, Bari, Nice.
A Nice, couché au Négresco – le petit chien Sabra que j’avais volé aux Anglais de Haïfa (c’était leur mascotte) inonde les tapis…

12 juin 1948

Arrivé Paris-Bourget 12 h 18. Au journal, pas mauvais accueil. Seule la note de frais inquiète ces imbéciles.
Pas de nouvelles de Claudie. Téléphoné Claridge ne répond pas.

13 juin 1948

Téléphoné Claridge – Claudie sortie en pique-nique ! Enfin, elle est là. C’est toujours ça.

14 juin 1948

Dîné avec Cl. Très amoureuse. Chartreuse de Parme.

23 juin 1948

Conférence Kessel puis à la Cloche d’Or, rue Mansart.

24 juin 1948

À Draveil, chez les Corvol – Cl.

25 juin 1948

Prix des Draps avec Cl. Qui y rencontre ses cousins.

29 juin 1948

Entrevue Chalais
Conférence Sybardin – acclamations. Déjeuner avec Spencer.

30 juin 1948

1795 Robert Southey
« Si parmi mes lecteurs il en est un qui puisse donner le succès d’une cause injuste parce que son pays le soutient, je ne désire pas l’approbation de cet homme. » Préface.
Avec Cl. À la Nuit de Paris, cirque sous la Tour – Smok et robe longue.

1 er juillet 1948

Et vint cette voix environ l’heure de midi au temps de l’été dans le jardin de mon père. J. d’A.

2 juillet 1948

Dédicace du bouquin où est le guide

3 juillet 1948

Conférence

11 juillet 1948

St-Lazare. Mantes par Argenteuil. Vers la Seine. Grand Hôtel d’Andrezy
À Nogent-sur-Marne – temps gris – pluie. Rupture avec Cl.

13 juillet 1948

Roger M. plombier, 40 ans – sa femme partie avec un ami. Fils 16 ans. Sa fille mariée avec un légionnaire – c’est un chic gars. À 9 h papier signé Roger.
Cl. me fait téléphoner par Corvol. On sortira demain !

14 juillet 1948

Allons danser à Montmartre place du Tertre.

15 juillet 1948

Cl. partie en vacances.

2 septembre 1948

Gatti, 3 rue de la Source Castel Lorrain, Beausoleil

11 septembre 1948

Où donc est-il le temps charmant
Où le mot m’arrivait si vite :
Le mot venait d’abord et la pensée ensuite
J’étais un poète vraiment !

4 octobre 1948

Voulez-vous voir des gens qui se haïssent ? Regardez les familles. Tolstoï

6 octobre 1948

Le vase donne une forme au vide – la musique donne une forme au silence –
L’action est une suite d’actes désespérés qui permet de garder l’espoir. Braque

7 octobre 1948

La chose la plus poétique au monde, c’est de n’être point malade. G.K. Chesterton
21 h 15 Simplon – départ pour Florence.

8 octobre 1948

Milan 13 heures – voyage avec Darrois. Arrivée Florence 19 h 20 – Hôtel Massimo d’Azeglio. Fait le tour de la ville : Duomo, Offizi, Ponte Vecchio, Pitti.

10 octobre 1948

Fiesole – caffe-pasticceria – S. Domenico – Garibaldi. Retour 15 h – Bal sous le palazzo Vecchio – illuminations. Pozzo di Beatrice, dancing, cabaret

11 octobre 1948

Consulat matin – galerie des Offices, palazzo Vecchio.

12 octobre 1948

Directeur Institut français – palais Pitti – SS Annunziata –
Cinéma : « Senza pieta » très bon.

13 octobre 1948

RV 10 h 30 : comte Tancredo Tancredi –
Entré à la pension Morandi, tenue par une Irlandaise – 1 200 lires par jour (12 Anglais, 6 Français, 4 Italiens, 1 Suisse à la table d’hôte).
Palais du Borgello – Santa Croce.

14 octobre 1948

Très las.
Vu exposition palais Strozzi « La casa italiana nel secoli »
Cimetière anglais – fresques du Pérugin.

15 octobre 1948

San Lorenzo – Michel-Ange

16 octobre 1948

Couvent S. Marco (Fra Angelico) – galerie dell’ A. (Michel Ange), la Cène de Ghirlandaio. Cinéma : Sotto il sole di Roma

17 octobre 1948

Piazzale Michel-Ange – San Miniato al Monte – Concert symphonique (théâtre Communale). Pluie torrentielle.

18 octobre 1948

Chez le professeur Ronzi – conversation avec Ciampini. Temple israélite – Santa Croce – offices.

19 octobre 1948

Changé 20 000 francs en 24 000 lires
Vu comte Tancredi puis Mathieu consulat, puis enfin Francis Toy – directeur de l’Institut britannique. Quel crétin !
Artisans florentins – R.V. avec Delle Picola – me joue 3 chansons (sur Roncevaux)

20 octobre 1948

Artisans : sculpteur, mosaïste – place Pitti. Palais Strozzi.
Séance cinéma (film sur la déposition de Raphaël), puis promenade avec professeur Ronzy.

21 octobre 1948

Dîné avec Mathieu et sa femme au Campanole.

22 octobre 1948

Entrevue avec le moine Falreni – Quitté Florence 14 h 30

23 octobre 1948

5 heures d’attente à Turin. Arrivé Lyon 13 h, vu Jean-Jacques, Liliane – invité petite réception chez un ferronnier.

24 octobre 1948

Vu Freddy chez lui, 111, rue Vendôme – Déjeuné, promenade dans la ville : zéro.
Dîné chez J.J. Vacances 5-28 octobre.

25 octobre 1948

Déjeuné chez Freddy, puis après-midi chez J.Jacques. A la gare à 16 h 54. Arrivée Paris 21 h 20. Personne à Clichy.

26 octobre 1948

Parents partis à Marcolès.
Journal – Franc Tireur – Ecartelé : libération avec M. Jacob, Vallois, etc.

27 octobre 1948

Parents revenus.

28 octobre 1948

Réception ONU. Vu Cl.

4 novembre 1948

Emile Charcot – 20 et 25 novembre
Capitaine de Corvette Rouvin à Brest de la part du C. de Vaisseau Renaud.

5 novembre 1948

Morlaix correspondant
Brest : Collinet – Train 14 h 25 pour St-Brieuc où meurtre.

6 novembre 1948

300 taxi – 600 repas – 1 200 taxis divers. 200 wagon restaurant.

7 novembre 1948

Élections conseil République
3 RPF à St Brieuc, les grands électeurs en tenue noire, baguenaudent dans les rues.
Vu Le Mazon pour affaire Seznec.

8 novembre 1948

Derogy, Schiller, Dunoyer, Serruzier, Nevers, Chauvin à l’hôtel d’Angleterre.
Je repars train 23 h 45 pour Paris. Dans l’après-midi Ker Joli (Guingamp) histoire Seznec.

11 novembre 1948

Incidents Champs-Élysées pendant défilé. A.C. et communistes. Les flics tirent. Deux députés cocos arrêtés (Villen, Chullier).

13 novembre 1948

Grève générale Paris (protestation suite 11 novembre)

2 décembre 1948

Anniversaire Cl.
Signal avertissement train de matériaux Orléans-Paris. Train de voyageurs à l’arrêt.

3 décembre 1948

Signal pas fonctionné : 80 blessés.

4 décembre 1948

Invités officiers anglais.

5 décembre 1948

Gl Johnson, attaché militaire britannique.
Mme Forest et Mme Padovani.Brigade criminelle, Henry, 2 gardiens allaient au service porte Maillot ; ils ont entendu

6 décembre 1948

Albert Meyer, 50-55 ans
Grande flamme, pas de fumée – On ne retrouve rien dans plastique – 10 jours auparavant le général venait d’un

7 décembre 1948

rayon de 150 mètres.

10 décembre 1948

Sean O’Casey : On dit que le soleil ne se couche jamais sur l’empire britannique. Bien sûr ! Qui pourrait lui faire confiance dans l’obscurité ?