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1970

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’état civil.
Né en 1922 À Hayange en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot » chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total ».
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

Choisissez une année 

1er janvier 1970

Téléphoné à Gatti. Trouvé nulle part.
Cdf de J.J.: ses voeux
Cdf à Monloup : mes vœux. Voudrait lire 3,1416 et le passer à Rosner.
Cdf de Gatti à 7 h : RV av. Leclerc. Au téléphone : « Je me promène avec ta pièce en annonçant partout la naissance d’un auteur dramatique ». Arrivé là, le chien me mord au petit doigt. Thé. G. : « C’est ce que j’ai lu de mieux depuis je ne sais pas combien de temps… il y a des choses dans la pièce que j’aurais été content d’avoir faites.… Ecris des pièces. Tu as le souffle, la respiration. »

2 janvier 1970

Cdf de Dante : à Bluwal (TV) qui lui demandait une pièce, il a parlé de la mienne. Je dois prendre contact avec B. lundi. Me dit que son fils et les autres gens aux yeux bridés ont été vidés de l’usine d’Ivry (sur intervention de la CGT).
Cdf de Michaud-Mailland : « Je t’annonce que l’amour existe ». Il revient de Pologne : Anna.

5 janvier 1970

Palais : procès Guérini. Tous les avocats qui comptent à Paris et à Marseille (Floriot, Isorni, Polack, Filippi, etc.). Tous les confrères, même Madeleine Jacob, bien blanche. Dans le box, Mémé, son frère et trois hommes de main. Dubost, de l’affaire Gerstein, est procureur.
Téléphoné à Dante chez Lancelot : n’a pas vu Flamand ; va écrire à … pour la publication de ma pièce ; confirme la possibilité Bluwal. M’invite à dîner avec lui chez Lancelot. Refus à cause de PM, hélas, dis-je. Il répond : « Si ça peut t’aider à faire une autre pièce comme 3,1416, ça vaut la peine ! ». Il part demain 17 h pour Stuttgart.

6 janvier 1970

Journal. Expédié livres sur la Commune à Poggio.
Déjeuner au restaurant du Palais. Audience de 1 h 30 à 6 h 30. Ensuite, à la buvette avec Grisolli et Biaggi, avocats. Glané des chansons corses.
Suivi l’audience avec le brave Penent.
Cdf d’Hélène Tourmaine : interview sur K.G. lundi en direct sur F. Culture.

7 janvier 1970

Audience de 2 h à 7 h 15. Témoignages police et fiancée du mort (mystérieusement amenée d’un pays étranger : la peur du gang).

8 janvier 1970

Audience jusqu’à 19 h. Policiers, amis du clan, etc. Commencé papier.

9 janvier 1970

Pas dormi. Fini gelé à 10h. Et pas content du papier.
Eux le sont. Marchetti contrôle.
Rentré, crevé à 6h.
Pas été au procès.

11 janvier 1970

Corrigé 3,1416 – avec plaisir (indications de Dante).

12 janvier 1970

Procès : incident Isorni.partie civile.
Pas entendu Dubost, avocat général. Quitté pour l’ORTF, interview par Hélène Tourmaine.

13 janvier 1970

Déjeuner avec Penent.
Les avocats : Me Giudicelli, Raymond Guy et Floriot (pour Pascal Guérini). Parti avant la fin de Floriot, accablé de périodes et de degrés centigrades.

14 janvier 1970

Palais : plaidoiries encore. Borni (opéra-comique), Gelabert (opéra-bouffe), Biaggi (opéra-nulla) et Filippi (opéra-opéra).

15 janvier 1970

Grasset. 1) Eichmann : on demandera des avis éclairés (à l’Express). 2) « L’espion » : on changera la couverture. 3) La pièce : on la publiera (peut-être).
Procès. Dernière audience. Mouchard. Policier et Pollack plaident. Pollack provoque, à la péroraison,des applaudissements. La salle évacuée. Au bout de 2 h 20, verdict : Mémé 20 ans, les 3 autres 15 ans. Villot acquitté. Hurlements, désolation dans le public. Poings et bras,invectives dans le box.
Rentré, à travers les flashes, avec Pottecher.

16 janvier 1970

Passé la nuit sur un papier
Dans France-Soir, article de Giron sur K.G.

17 janvier 1970

Repos. Revu 3.1416

19 janvier 1970

Commencé à ne plus fumer. Véritable début: demain
Cdf de Benhamou (Nouvel Obs). Frappés, lui et J. Daniel, du papier Guérini, me demande de collaborer. Réserves : mon contrat d’exclusivité. Alors, anonymement ? A voir.

20 janvier 1970

Fini papier Klee.
15 h Grasset : Verny et Fasquelle. Décidé offensive TV (Rossif – dramatique Prat ou Bluwal, etc…)

21 janvier 1970

Lettre de Villot – du procès Guérini. Proteste qu’il n’est pas « traître ».
Cdf de Harlan. Travaillé à fond sur le Eichmann, dit-il. On se verra avant la fin de la semaine.
aprème: reporté corrections de 3,1416 (sur 2 exemplaires)

22 janvier 1970

Cdf de Lancelot : un ami du TEP veut lire la pièce. OK.
Avec Béi, au cinéma.
Vu le Satiricon de Fellini- et content de l’avoir vu.

23 janvier 1970

3 h Seuil : Flamand. Prend la pièce- et me rappellera.
Passé chez Grasset. Téléphoné à Verny, chez elle.
Chateauneu, ému, me dit sous le sceau du secret, qu’il va avoir le pris Vaillant-Couturier, mercredi prochain.

25 janvier 1970

Premier travail sur les « Prétendants ».

27 janvier 1970

PM: visite d’un petit huissier de 19 ans, Jean Christoforski qui écrit. Par Damamme, m’avait fait lire un début de roman. Pas nul.Me montre des poèmes. Certif d’études. Rien d’autre. Conseils: lectures, cinéma, Joyce, Michaud. Concentration. Rapidité. Une heure de conversation entre 9h et 10h- dans le bureau vide.

Dégrossissement des Prétendants.

28 janvier 1970

11h L’Huma. Remise par Fajon du prix Vaillant-Couturier à Chateauneu. Il était là avec sa femme , très ému. Vu P. Abraham, Gamarra, A. Stil, Andrieu, Wurmser, Madel B..-et Marie Cl. V.Couturier à qui j’ai reproché de n’avoir pas répondu à 1 lettre sur Auschwitz (KG). Etonnée. Parlé plus longuement avec elle. Très chaleureuse.
Rue Bethoven (TV) pris Michaud (en train de visionner son reportage sur Servan Shreiber) et rue Cognacq Jay pour y voir Olivier Todd, directeur de « Panorama ». Collaboration possible- surtout sur Von Braun en avril.

29 janvier 1970

à déjeuner Agathe et Rapinat.
Chato me téléphone, au comble de la joie. Castans lui a offert le champagne : il a touché le rappel de sa revente (12 000Fsur 20 fiches de paie).
Au studio de l’Etoile « La Nuit des morts-vivants ». Un film d’épouvante – vraiment épouvantable – à ce point qu’il dépasse de beaucoup son projet.

30 janvier 1970

Grasset 4 h : Vu Martine, Monique Maillot, Fasquelle. Un pavé de pub dans le Monde. Grasset et D. de Roux d’accord pour publier Eichmann ensemble.
Journal : J.P. me demande de la part de Castans d’aller au procès Manson (Sharon Tate) à L.A. le 9. Décidé 1) d’emmener B. 2) de faire en même temps interview de Von Braun.

2 février 1970

Voyage Los Angeles retardé sans doute (procès retardé).
Chez Lancelot, dîner préparé par lui. Sa femme, ses enfants puis 4 ou 5 membres du groupe V, puis Gatti (revenu de Stuttgart pour 1 jour), puis H. Châtelain venue à 1 h 30 le prendre. Il prend l’avion pour Stuttgart vers 8 h.
Parlé du film (l’Affiche rouge) relancé : c’est la raison de son séjour. Dorfmann, Reggiani, G.M. Volonte, Marlène Jobert.

11 février 1970

Papier sur Exodus (de bric et de broc !).

13 février 1970

Cdf de J.P. Olivier : Croizard frappé d’un infarctus au Coloubrier. Transporté à l’hôpital. Perfusions.
A dîner, Obolenski et les Diwo.

14 février 1970

Neige sur Paris.
Croizard: Téléphoné Colombier. Du mieux peut-être.
En même temps que Croizard, Caviglioli malade le même jour. Angoissé après avoir vu un médecin, s’était mis à boire puis, s’attelant à un papier promis pour le soir, avait recouru au Maxiton. Mélange fatal. On l’a retrouvé (son voisin) dans sa salle de bain inanimé. Transporté hosto. Va bien. C’est le docu sur l’Exodus qui passe donc à la place du sien sur Albertine Sarrazin (inculpation de ses médecins pour imprudence ou négligence…).

16 février 1970

Une semaine exactement « atabique ».
Neige cette nuit et ce matin.

17 février 1970

RV avec Goustine au Seuil. Peu positif. On ne veut pas éditer 3,1416 avant qu’il ne soit question de le représenter.
Avec Béi, salle de projection Columbia pour voir film de Rossif: »Pourquoi l’Amérique ». Invités par les Diwo. Peu convaincant mal commenté.

18 février 1970

Cdf de JJ sur 3,1416. Laudations et critiques.

19 février 1970

« L’Infâme » démoli dans France-Soir (Dutourd), en attendant, demain, l’inévitable chef-d’œuvre de Gautier.
Le Figaro (les rédacteurs) gagnent leur procès contre Prouvost.
A déjeuner, Bernard Saby tout seul. Très bien physique et moral. Sort d’une dépression. On lui a fait des « électronarcoses ». Ne parle que de son chinois (salaire 220 F par mois !) qui a changé sa vie spirituelle. Peinture ? De temps en temps. Pense que l’abondance est idiote. On ne peut pas avoir de génie 8 h d’affilée par jour. Il n’y a qu’à regarder les grands rassemblements d’œuvres d’un peintre (Delacroix, les Vélasquez du Prado, même les 200 tableaux de Klee à Paris ces jours derniers)…
Boulez ? Le chef d’orchestre ne l’intéresse pas. Le compositeur n’existe plus. Seul Stockhausen qui est fou a quelque chose qui explose de temps en temps. Stéphane est maoïste : « On n’a rien d’autre à lui proposer. On laisse faire ». Il lui reste 2 ou 3 tableaux à vendre. Sur Boulez : « Le ravélisme !… Cette peur du ridicule, si française qui le fait se tenir dans le modéré… »
L’article de Cau sur Pompidou dans PM. Cau, l’élève de Sartre, le disciple, voilà ce qu’il a donné. Ça juge le maître (du point de vue de sa lucidité – de l’intuition).
Avec B. vu « l’Infâme » (théâtre Montparnasse). Pas très convaincant. Vu J. Bouise.

20 février 1970

Chateauneu inquiet: pas eu de papier à faire depuis 3 semaines. S’imagine que c’est parce qu’il a eu le prix Vaillant-couturier. Le rmets d’aplomb.
Cdf de Sylvain : Gatti lui a téléphoné. Voudrait me voir dans une semaine à Strasbourg pour travailler sur Manouchian. D’accord. Cdf de J.J. Envoyé 3,1416 à Saint-Étienne.

23 février 1970

Photocopié 3,1416 en dix exemplaires supplémentaires.
Castans: je te donne 1 autre bureau au 4é avec Chato et Menant.

24 février 1970

Avec O. Merlin, vu Parinaud à RTL pour une émission sur K.G. Demain, Cartier pour la même chose.
Cdf d’un ami de Kateb qui cherche de l’argent pour un film. Me dit qu’il demandera à Kateb de confirmer. Ont besoin d’assez peu (1 000 F).

25 février 1970

Cdf de Kateb, retiré depuis deux ans dans un village de l’Oise (santé). Retravaille une pièce sur le Vietnam, donnée au Seuil. Pense que Goustine est un crétin et un salaud.
Cdf de Djema, l’ami à qui je promets 800 pour demain.
3 h 30 chez Cartier, av. Maréchal-Maunoury. Tableaux abstraits (dont un de sa femme) ; garçon en veste blanche (valet ?). Là aussi, O. Merlin et Parinaud. Enregistrement de la rencontre Cartier-K.G. Parinaud me ramène à PM. Panne de courant.

26 février 1970

R.V. Grasset avec J.C. Fasquelle. Leur « lecteur » de l’Express est désolé : c’est touffu, brut (ou abrupt ?). Je l’aurais parié. Finalement, décision de le faire quand même pour mai. Ramené le manuscrit. Laissé 3,1416 à lire.
Avec B., « Les Damnés » de Visconti. Beaucoup de monde. Très prenant dans la répulsion.
Lecture de « Moïse et le Monothéisme » de Freud.

28 février 1970

Cdf 10 h 30 d’A. Stil. Me demande l’adresse de J.-A. Penent qui a écrit quelque chose dans « Combat » sur son livre. Lui dit de téléphoner au « Balzart », son QG. Lui dis aussi que Penent m’a consulté, pendant le procès Guérini, sur l’opportunité de publier ou non un article sur lui (le risque de le gêner politiquement). Stil : Aucune importance ». Puis : « Savez-vous que je ne fais plus partie du Comité central ? Moitié avec mon accord, ils ne m’ont pas réélu ».
14 h : La Route. 15 h Dante avec Sylvain. Travaillé jusqu’à 21 h sur le Manouchian (justification du rôle de Volonte as Fontanot). Dante et Sylvain s’en vont à 21 h.

1er mars 1970

Temps clair.
Dante et Sylvain de retour à 10 h. Travaillé jusqu’à 7 h avec pauses (déjeuner, TV…). Fini le plan de Manouchian, modifié. Demain, mise au point du scénario destiné aux producteurs français, allemands et italiens.

2 mars 1970

Dante et Sylvain à la maison. Pot-au-feu ! Travail. Fini à 6 h.
Cdf de Castans (qui voudrait avoir un papier pour PM sur n’importe quoi).

3 mars 1970

7 h du matin. Cdf de Dante depuis Orly. Ils ont dîné hier avec Volonte qui a exigé un très net « gauchissement » du scénario. La Résistance est une chose, le gauchisme une autre.
Confirmation de Sylvain : « la Résistance c’est l’alibi des communistes », dit Volonte.
Vu Christoforski, l’huissier écrivain. Critiqué son texte (longue nouvelle) mot par mot. Conseillé de se pencher sur ce naufrage et de venir ensuite m’en parler, le contester si possible.
Cdf de Monloup. Parlé de Dante et de « L’Infâme ». (Planchon, accablé par les critiques, la salle vide.)

4 mars 1970

Cdf à Dante, Stuttgart – quelques détails sur les désirs de Volonte – qui sont des ordres. Michaud, au journal, lui dit un mot. Retour de Pologne.

5 mars 1970

10 h Visite à PM de Karine, retour des USA. Donné le manuscrit de Eichmann à raccourcir. Elle le fera en Autriche où elle part se reposer.
Michaud à déjeuner. Un peu triste. Voudrait faire venir Anna à Paris, divorcer d’Annick, placer les enfants dans un collège, etc. Et pas d’argent.

6 mars 1970

Déjeuner chinois Marbeuf avec Steiner. Il a publié un roman, « les Métèques » – que j’ai lu sans le lui dire, opinion mitigée. Parlé d’Israël, de K.G. (qu’il admire beaucoup), enfin de Nachman de Bretzlow, descendant du Baal chen tov : projet de film à faire.
Lettre à Croizard à Grasse.

9 mars 1970

Travaillé toute la journée au scénario de « l’Affiche rouge ». Fait la plus grande partie.
Un mois sans tabac.

10 mars 1970

Fini scénario. Dicté minicassette.

11 mars 1970

Neige, comme tous les jours depuis une quinzaine.
Terminé dictée.

13 mars 1970

Travaillé texte RTL sur K.G.
A RTL de 3 h à 5 h. Enregistré. Tout me paraît « bordélique ». Parinaud regarde de loin, une collaboratrice fait entendre les interviews, le metteur en ondes évolue de son côté.
à diner, les Gilbert, les Renevey, les Belot (dentiste). Parlé beaucoup du renouveau de l’antisémitisme en france.

15 mars 1970

Cdf de Chateauneu. Me cite quelques mauvaises paroles de Haedens sur ma manière d’écrire des papiers. Puis, me dit qu’il lit Montherlant. « A côté de toi, c’et de la pitié qu’il inspire ». Compensation. Cite aussi cette belle maxime dont il ne connaît pas l’auteur : « Celui qui déteste le vice déteste l’homme ».

16 mars 1970

Lettre de Saby réclamant quelque chose : des bouquins.
Cdf de Fasquelle : proposition de film par Grumbach en « package deal »-(sur KG)- Traduction anglaise envoyée.
Mort d’Adamov. (Suicide )

17 mars 1970

Cdf au Seuil. Eu Flamand pour 3,1416. Discussion sur la publication.
Journal.
Cdf de Grumbach (film sur K.G.). R.V. jeudi. De nouveau parle de « package deal »
Mort de Georges Kessel, frère de Jeff.

18 mars 1970

Travaillé aux « Prétendants » le matin.
16 h Longue et bonne conversation avec Roland Monod sur 3,1416. Quelques objections et critiques. Va la montrer à des amis.
Cdf de Penent. Songe à entrer dans le « groupe » où il a entendu qu’il y avait de la place. Parlerai pour lui.

19 mars 1970

Fini « Prétendants ».
A 16 h à PM, Sabine Delattre. Ensemble, au Deauville pour y voir Ph. Grumbach, grand, chandail rouge, mais pâlot, les yeux cernés, un peu à la traîne… Propose son « package deal » qui, pour nous, revient à lui donner un blanc seing de 3 mois. On verra.
Sabine se propose de lire les cahiers de Gary et de me donner son avis – puis, éventuellement, de les négocier avec une maison anglo-saxonne.
Dans le bureau de Castans, il est avec Jean Cau. Me dit : « Vous vous connaissez ? P.J.… J.C. ». Obligé de serrer la cuillère du personnage. Geste que je tentais d’éluder depuis des mois.

20 mars 1970

Temps meilleur
Procès Tate (Los Angeles) repoussé au 20 avril.
Le soir, seul, théâtre de France Odéon : Le Sang, de Vauthier. Trois heures de « fête théâtrale » dont 1 heure de trop. Maréchal paroxystique. Mélite, très bien. Vu Mélite en coulisses ensuite – et rentré.

23 mars 1970

Travaillé « Prétendants » puis commencé la lecture de la traduction anglaise de K.G. Fini le soir : des coupures, des résumés, quelques contresens – mais pas mauvais en dépit de tout.

24 mars 1970

Aprém, journal
17 h chez Grasset : avec Sabine Delattre, vu J.C. Fasquelle : décidé de ne pas donner suite à la proposition de « package deal » de Grumbach.
Téléphoné au traducteur D… grande réserve.

26 mars 1970

Envoyé faire un double crime dans la région de Limoges.

27 mars 1970

7 h 45 train « Capitole » pour Limoges avec J.F. Chaigneau, reporter.
A Limoges à 10 h 30. Loué une voiture. Sur les lieux du crime dans la campagne : déjeuner en route au bord d’un lac (Peyrat-le-Château), puis Bourganeuf (banque populaire, la mère du défunt, le fossoyeur, l’ouvrier du mort). Puis Aubusson vers 8 h : Hôtel de France. Dîner. Lagache, qui doit nous rejoindre est pris dans les encombrements entre Paris et Limoges.
Visite au « Club » la seule boîte d’A. Elle est tenue par un certain Jeannot et sa maman. Très froid. Restes de neige sur les bas-côtés entre B et A.

28 mars 1970

Réveillé 7 h. trouvé Lagache, arrivé en moto, demoiselle en croupe, vers 3 h du matin.
Laissé se reposer. Parti avec J.F. Chaigneau à Lavoneix : « jetés » par la mère adoptive de l’assassin (chez qui vit la mère adoptive de la victime). Vu son voisin qui nous fait boire du Sylvaner, une assistante sociale, arrivée pour s’occuper de la fille, le maçon de la maison Crousty, la tenancière de la coop, le cimetière de St-Martial-le-Mont.
Déjeuner Lagache, la demoiselle, J.FF à l’hôtel. De là, chez l’OP, l’opticien, puis Limoges. Train 20 h 48. Les autres rentrent à A.
Minuit Custine: la pluie.
La cage vide des hamsters. 3 se sont échappés. Chasse et récupération.

30 mars 1970

Un peu plus clair, pas moins froid.
Travaillé, enregistré la pièce pour dactylographie Rapinat.
Laissé les hamsters s’ébattrent.Impossible de récupérer le 2e hamster. Disparu.

31 mars 1970

Le hamster a fait un trou dans la gaine de chauffage. Disparu probablement pour toujours.
Révisé texte postface Eichmann.
6h Vu F.Fougerol au « village ». parlé surtout de Gary H.
Neige à 15h.
Gros flocons
Travaillé papier Bourganeuf

3 avril 1970

Terminé et téléphoné papier – peu de chance qu’il passe. Trop d’événements : avion « pirate » à Séoul, chute d’une caravelle au Maroc, otages tenus par des gangsters dans une chambre d’hôtel à Villefranche, etc…
Lettre de Saby – sur la drogue et Lao Tseu.
Grasset: vu Knittel, remis corrections.
Journal: vu Bosch, cousin de Penent. Remis la pièce.
Attendu jusqu’à 2h du matin une épreuve du papier Bourganeuf. Envoyé à l’imprim à 3h de l’apréme!

5 avril 1970

Fini révision d’Eichmann.

6 avril 1970

Avec Chateauneu et Michel Leclerc (le père Leclerc), Toussaint m’invite à déjeûner. Allés au chinois Marbeuf. Longue conversation avec le garçon, un longiligne dolichocéphale francisé, qui n’aime plus que la cuisine française et le bon vin. (Ami de Curnonsky)

7 avril 1970

10 h chez Karine : remis le manuscrit Eichmann. Bu, parlé du Mexique. Puis venue de Sabine Delattre – qui est d’avis que les cahiers de Gary valent la peine d’être édités.
Dans l’aprèms, incertitudes sur le départ de demain. Les astronautes ont la rubéole, on parle de grève dans les stations de repérage… Finalement, Castans pense qu’il faut tout de même y aller.

8 avril 1970

Paris congé de tous. Taxi à 2 h 30 jusqu’aux Invalides. Car pour Orly à 16 h. Là, obligation de se faire vacciner sur le champ (variole). Décollé 8 h 25. Pas plein, l’engin. Film américain sans sous-titres ni traduction française. Pas pris les écouteurs. Regardé. Dîner. Arrivée à 1 h 35 (soit 7 h 30). Atterrissage en douceur. Arrivée de Tchaprechikoff qui nous emmène en taxi, dans la nuit noire (à Paris, à 7 h 30 il fait encore jour) à l’hôtel Werthery dans Madison av. Pris un verre ensemble puis dodo dare dare.

9 avril 1970

9 h bureau de PM. Flora, la secrétaire. Vu Gaby l’autre secrétaire, Groueff, Annie, Gicquel, Lucovitch, Janie Bonheur, le fils de Farran, Slade le photographe.
Déjeuner avec Arni et Groueff dans un restaurant français.
Promenade dans Madison et la 5e : temps clair et venteux.
Rentrés. Essayé de travailler au papier. A 11 h renoncé – écrasé de fatigue (différence d’heure?)

10 avril 1970

Repris travail à 6 h. Terminé à 10 h. Au bureau, dicté à Flora au télex.
Déjeuner avec Slade et Arni dans un petit restaurant français. Puis Slade nous emmène à Harlem et Broadway. Retour à 5h.
Avion à 7 h 05 pour Orlando (Floride).
Abondance de gauchers. Voisin vendeur « d’antiques » (Louis XV, XVI etc…) A 9 h 45 à Orlando. Nuit. Vu la fusée en arrivant, éclairée a giorno.
Motel Howard Johnson’s. Modernissimo: TV,radio, air conditionné, il a fait ici 27° dans la journée.

11 avril 1970

Reveil à 6h.
Petit déjeuner au motel. De là, à Orlando aéroport, de là Cocoa Beach (presse) puis, Cap Kennedy (centre de presse, pris le badge sans lequel on ne peut rien faire). Temps lourd et gris. Kermesse tribune de presse. Vu Kreiser du « Figaro ». Visité les VIP, tribune de l’autre côté, moins bien installés où arriveraient le vice-président l’aprèms, le chancelier Brandt, Von Braun surtout (pas annoncé). Départ de toute beauté : le fracas de la puissance.
Rentrés au News Center. Téléphoné à 4 h 15 à Paris. Personne pour prendre le texte (1 feuillet). Dîné avec Kreiser. Rentrés à minuit, crevés, à Orlando.

12 avril 1970

Reveillé par les oiseaux floridiens.
Téléphoné à Paris. Dicté nouvelle fin du papier. Castans : on repique. Ensuite, va à Houston pour un papier sur le centre spatial, vu de l’intérieur. Décidé avec Arni d’aller à Miami jusqu’à mardi.Pluie.
A Miami à 3 h 20 où nous attend la sœur de Groueff. Allés chez elle puis visite en voiture de Coral Gables, une sorte d’Auteuil à l’américaine.
Dîné dans un restaurant de poisson « Oyster House ». Puis, motel.

13 avril 1970

Avec B. et Anni en taxi à Miami Beach pour prendre le bateau de Fort Lauderdale et des Everglades. Une plaisanterie touristique : vieux couples, guide bavant « Hellothere ! ». Zoo bidon avec des nuées d’alligators empilés (Goliath fait 600 Kg)) le « Queen Elisabeth » en réfection, etc.
Déj. à Fort laudendale par une chaleur écrasante.Pas plus vu la mer que la sauvagerie des Everglades. Erreur de parcours. Une indigestion de « résidences de luxe »
En revenant, mi-vapeur, mi-bus, la série des hôtels aux noms et aux entrées impayables !

14 avril 1970

7 h cdf d’Anni : les astronautes en péril près de la lune. Aller à Houston tout de suite.Pas de seaquarium, ni de bain à Miami. Avion de 9 h 30 pour Houston (Texas), arrivée 12 h 05, 11 h 05 locale.
Bus, hôtel Texas State Hôtel un caravansérail de 17 étages, type colonial en semi ruines. Chambre 1733.
De là, au « Chronicle » de Houston pour y voir les gens de « World Book » (photos). De là, au Centre spatial. Visite du village des astronautes, visite des engins : module LM, capsule, etc.
Salle de presse. Vu Kreiser, Segonzac, Anne Thinesse. Arrivée vers 20 h de Bousset, Slade, Patrick Petit.
Dîner au Sheraton. Retour à la Nasa. Conférence à minuit et demi.

15 avril 1970

Petit déj. à l’hotel.
De là, centre, interview contrôleur.
Aprèms, commencé à travailler le papier que je passerai demain soir, avec Patrick Petit.
Rien de neuf. Atmosphère toujours assez calme. Dîner au Sheraton avec P.P., Slade, un de ses amis photographe, un contrôleur et sa fiancée et une amie à eux, professeur qui s’ennuyait.
Ramené à l’hôtel par PP qui retourne à Houston.

16 avril 1970

Pluie sur Houston. Avec Patrick Petit, trié, traduit les scènes utiles. Ph de Bausset s’occupe de la technique.
Commencé à écrire à 3 h 30. Fini à 8 h. Dicté à 8 h 30 à Martine, sténo venue au journal à 3 h 30 du matin (Paris).
Déménagé de l’hotel allé au Motel Ramada, en face du centre de contrôle de la Nasa. Meilleur qu’au Texas Slate.

17 avril 1970

Levé 6h. TV : séparation du module de service.
L’avalanche d’Assy a fait 72 morts, et il y en a eu deux autres.
Petit-déjeuner avec l’équipe. Tour au Centre, très peuplé.Rentré dans la chambre à 11h pour les derniéres opérations (pas de TV dans la salle de presse)
Téléphoné papier à 15 h. Déj ensuite à l’hotel.
Avec B. et Petit (dit Mickey) au centre de presse et à la cafétéria pour y acheter des drecks nasiques (stylo bille astronautiques, badges, etc.).
Dîné avec l’équipe à 4 ou 5 milles vers Galveston dans un restaurant au bord du lac. Cher !

18 avril 1970

Gris, venteux.
Cérémonie de remise de décorations aux contrôleurs de vol au MSC par Nixon, venu spécialement. Sorte de garden-party – orchestre militaire joue « Aquarius » .
Tous partis pour Houston (Downtown). Déj.dans le somptueux Warwick.puis aéroport où nous rencontrons Kreiser, Macaigne puis de Bousset. Tout le monde s’en va. Avec Petit (Mickey), nous prenons 1 avion pour Los Angeles, via Dallas. Resté 1 heure. Repris un avion pour Las Vegas. Très agité ! Arrivé à 7 h 05 heure locale (9 h 05 de Houston). Hôtel « Sands ». Le Strip. Dîner dans un « Steak » en face du « Stardust ». Cauchemar de cupidité. Un peu joué. Couché à minuit 30.

19 avril 1970

Récupéré les valises arrivées de Dallas. En voiture dans Las Vegas, le Strip en plein jour. Joué au Sands.Gagné 16 dollars. Parti en voiture pour L. A. (450 Km).
Déjeuner à Barker dans le désert. Arrivés à L.A. vers 7-8 h.
Hôtel Beverley Hills ch. 107.
De là, chez les Petit où Béi découvre et éteint un incendie. Téléphoné correspondante Simone Zorn. RV mardi.Dîné avec les Petit dans un snack à hamburgers. Exécrable. Et il faisait froid.

20 avril 1970

Beau temps.
Déménagé chez Patrick. Occupé à téléphoner : N.Y., Paris, Washington pour arranger tout.
Conduits par Magda, allés à Palos Verdes pour y voir les dauphins et cétacés de Marineland. Très interessant.
Retour à Hollywood, achat de vivres pour la maison. Dîner dans un restau japonais avec, en 5é, un cousin de Magda, Angus (?) ancien d’Eton, et membre d’un groupe musical en visite aux E U, et écrivain. Rentrés, couchés.

21 avril 1970

Téléphoné à Paris, Castans ne veut pas engager plus de 3 000 à 4 000 pour une interview de Manson. Arrivée de Simone Korn (une compatriote) qui nous emmène à Toyanga canyon, au ranch de Manson, à la maison Tate, au cimetière, etc. Chaud et venteux.
Revenu. Thé. Traduit avec Mickey des coupures de presse.
Diné avec les Mickey et Angus.

22 avril 1970

Soleil. Pas de vent.
Avec Magda au L.A. Times pour y chercher un article sur Manson.
Puis aux studios Universal : visite en groupe : emmerdant puis, tout à coup passionnant.
Rentrés.

Avec P.P., retrouvé au palais de justice après une course en voiture avec Simone Zorn, chez l’attorney Stowitz, puis chez l’avocat d’une coaccusée de Manson, Paul Fitzgerald. Le dernier plus intéressant. Ensuite diner chez un français « Le Cellier » à 4.

23 avril 1970

Papier remis à huitaine.
Cueilli à 9 h par la Simone qui me conduit à la prison de femmes (les filles de Manson) puis à celle des hommes (Manson lui-même). Journée très chaude. Retour à 4h PM.
Déj avec elle entre temps dans un japonais de Little Tobago, Downtown, puis au Palais de justice.
Avec Mickey dans une librairie hippie et dans une porno.
Achat du disque de Manson.
Pas bougé le soir. Un peu de TV et beaucoup de parleries.

24 avril 1970

Arrivée d’un ami des Petit, qui vit à Puerto Vallata au Mexique, fils prétendu de Léopold de Belgique, riche et ruiné, pédéraste mûr (la cinquantaine), Jacques ( ?).
Avec B. et Magda, à Disneyland tout l’après-midi. Il y avait foule. Vu le « world of tomorrow » et le « fantasyland ». Très intelligent le 1er, et amusant le reste.
Le soir, le Jacques, qui a trouvé des amis ou amants à Malibu, va les retrouver. Promenade sur Hollywood Bld (les boudhistes). Diner dans un restau suédois.

25 avril 1970

Emmenés par Magda à l’aéroport. Embarqués pour Frisco avec Mickey. Arrivés à 11 heures. Passé le Golden Gate. 1ère vision d’Alcatraz de la baie, allé à Sausalito dans la baie. Déjeuner puis loué un bateau pour aller à Alcatraz. Mer forte sous le soleil. Notre assaut repoussé par les Indiens. Revenus à l’hôtel Fairmont, coûteux et respectable, le Texas State avant sa décadence (à 41 $ !). Vue sur SF illuminé, le télégraphe, l’église, Alcatraz et son phare.
Dîné dans Chinatown à l’Impératrice de Chine (cailles rôties) puis promenade dans les rues.
Rentrés toujours à pied dans les rues en pente. La Chine lance son 1er satellite.

26 avril 1970

Gris couvert.
Quitté le triste et dispendieux Fairmont (volés comme au coin d’un bois).
Promenade en voiture dans la ville.
Height Ashbury. Puis musée des figures de cire. TWA pour Washington à 2 h 05 ; arrivée 7 h (heure de San Francisco). Les Bausset à l’aéroport F. Dulles. En voiture jusqu’à leur maison de Bethesda.

27 avril 1970

Eveillé par les oiseaux. Le R.V. Von Braun s’arrange mal. Petit tour de la ville (Georgetown, la Maison blanche) puis le « presshouse » le bureau de PM. Déj au restaurant du sous sol du Press house.Ensuite, en voiture, à Arlington, cimetière militaire (tombe de Kennedy et de son frère), monument de Lincoln, l’obélisque, le Capitole, le quartier des ambassades.
Dîner chez les Bausset. Puis conversé- et traduit la chanson de Manson.

28 avril 1970

Pas dormi.
Travaillé le matin à la documentation sur Manson. R.V. à 3 h avec Von Braun. Un quart d’heure…
Déj. avec Mme de B et Béi à la maison. Puis, taxi, press building.
De là avec de B, à la Nasa.
Von Braun, cordial, charmeur accorde une demie heure et dit des choses intéressantes.
Travaillé le Manson.

29 avril 1970

Fini, sans achever, à 2h30. Téléphonerai le papier ce soir à N.Y. Chaleur.
Bausset nous accompagne au train. Une gare vide. 3 heures et 5 arrêts jusqu’à Penn Station. Hôtel Westbury (38 $). Fini le papier.
Dicté à 8h PM à Roels.
Trés fatigué.

30 avril 1970

Bureau PM, achats, déjeuner avec Slade. Tour des quartiers chinois, italien, juif (plus Brooklyn et ses orthodoxes pareils à ceux de Jérusalem), puis Wall Street (où il y a une baisse spectaculaire depuis un ou deux jours). Vu les gratte-ciel depuis l’East River : admirable. R.V. Grand Central avec Dick Levine. En train jusqu’à Larchemont. De là, en voiture chez eux. Petite maison rouge. Dîner chez eux. Ecouté et vu Nixon à la TV essayer péniblement de justifier sa position sur le Cambodge. Dick préoccupé : ça bat de l’aile… et il y a toutes ses économies, « all my capital ». Rentrés par le train à l’hôtel.

30 avril 1970

Dormi jusqu’à 9h.
Bureau PM. Achats et déj. avec P Slade chez un chinois de Chinatown. Tour dans les quartiers chinois, italien, juif (+ Brooklyn et ses orthodoxes pareils à ceux de Jérusalem) puis Wall Street (où il y a des baisses spectaculaires depuis 1 ou 2 jours). Vu les gratte-ciels depuis l’East River: admirable!
RV Grand Central avec Dick Levine. En train jusqu’à Larchemont. De là, en voiture chez eux. Petite maison rouge. Dîner avec eux et les 2 enfants. Ecouté et vu Nixon à la TV essayer péniblement de justifier sa position sur le Cambodge. Dick préoccupé: ça bat de l’aile…et il y a toutes ses économies, « all my capital ».
Rentrés par le train de 10h30. A 11h20 à l’hôtel.

1er mai 1970

Achats Madison, Lexington. Bureau puis déjeuner avec Anni et Groueff.
L’apréms, repos puis le long de la 5é, sous le soleil chaud, vers le Musée Guggenheim (visite. Une sélection 1900-70 pour les 10 ans du Musée; les Klee, les Picasso)
De là, dans Central Park: promené, reposé. A 7h, à l’hôtel et diné dans la chambre.

2 mai 1970

Zoo de Central Park. Journée magnifique avec Paul et sa fiancée, Geneviève duchêne. Déjeuner dans le jardin du musée d’Art moderne avec Liz, Martha et une de leurs amies. Visite de Greenwich village ; achat de posters et brochures.
De là, à l’aéroport.On reprend un 747 après de longues palabres.

3 mai 1970

Arrivés sous le soleil à 9 h 15.
Lettre de Weisselberg: quitte la maison Kurt Gerstein pour l’industrie, me demande mon aide s’il a besoin de « reférenz »

4 mai 1970

Levé 9h30
matin: remise en ordre
Aprèms : journal. Bavardage et mise au courant.

5 mai 1970

Matin : notes de frais.
Aprèms : journal. Vu Castans, qui me dit bravo, et réclame un Von Braun.
Dicté de nouveau les Prétendants.(les 4/5) inaudibles sur les premières cassettes.
Maquet rentré dans le « groupe » à RTL sur intervention T… Prouvost d’accord.

6 mai 1970

Dormi jusqu’à 10h30. Réveillé par un cdf de Rapinat. Elle tapera la pièce dès qu’elle sera rentrée ici.( de Normandie,)
A la TV émission sur la peine de mort après le film de Cayatte (« Nous sommes tous des assassins »). Naud, Viennet, Jacques Monod et de l’autre côté, le père d’un enfant tué, un avocat de partie civile et un prêtre de la Santé, Devoyod (le plus dégoûtant : « Oh ! mais vous ne les connaissez pas ! »). Et Demay, qui fut gracié par Auriol, à la suite d’une demande des journalistes : il avait les écouteurs aux oreilles, le front bas, le verbe difficile, on écourta sa déclaration. « Il est soul, il demandait le maintien de la peine de mort, sans exécution. »

7 mai 1970

Ecrit interview de Von Braun.

8 mai 1970

Au journal.
Dîné avec Béi chez Karine Koenigseder. Invités : les Bouise, un prof et directeur de collection chez Maspero, Georges ( ?).
Beaucoup parlé. Raconté Maufrais jusqu’à 2h du matin.

10 mai 1970

La Route. Nettoyage du jardin, ramassage de la terre (pour la rue Custine). Alternance de pluie et de soleil. Les piotes: cueillette de jacinthes et ping pong.
Rentrés 7h. Passant par le bois de vincennes, retes de la manif pour le Viet Nam. Des CRS ventrus pourchassant quelques paquets de jeunes.
Télé: Victor ou les Enfants au pouvoir. Pas revu depuis 1946 ou 7 mais entendu à la radio il y a 1 ou 2 ans avec Ariane, très très attentive- et qui l’a regardée hier.

11 mai 1970

Obligé d’aller à Crespin demain (un innocent officiel condamné par l’opinion public).
Téléphoné à Hélène châtelain. Pas de nouvelles de Dante. À Berlin-Est. Le film passe à la TV demain soir. Elle va à Strasbourg le voir. Je ne pourrai pas.

12 mai 1970

8 h 05 train pour Valenciennes. 10 h 30 en auto avec Lagache, dans le brouillard, à Crespin. Visites : le père des victimes, l’assassin supposé et libéré, le curé, l’instituteur de l’assassin, le douanier en retraite, le hâbleur local, le chaudronnier bavard, Lefèvre, photographe. Rentré en voiture avec Lagache.
pluie tout le long de l’autoroute.

13 mai 1970

Matin: PM
Apréms: papier
puis la nuit jusqu’à 4h.

14 mai 1970

Bouclage. Surveillé le papier.

15 mai 1970

Au théâtre Montparnasse « Bérénice ». Racine – Planchon (avec Sami Frey, Denis Masurel, Francine Bergé). Bons décors, bonne mise en scène. Mais quel ennui ! Racine a passé – comme le café !

16 mai 1970

Journal.
Fait note frais journal.
Vu Rapinat à 6h St Lazare: remis les cassettes avec « les Prétendants »

20 mai 1970

Elaboré le plan du roman (« la Partie de poker ») et décidé de l’écrire vite.

21 mai 1970

PM. Remise à jour des choses.
Tél. à Monloup : Rosner a lu, Planchon voudrait. Il va la lui passer.
Déjeuner chez le chinois Marbeuf avec Bosc, le metteur en scène, barbu rouge vif : difficultés pour faire quelque chose de 3,1416. Il part en Italie pour échapper au service militaire. Projet : 3,1416 pour le festival de Nancy. Raconté le Von Braun.
Cdf de Claude Caillaud. RV lundi.
Dîner avec les Bouise et Le Bolzer rue Custine. Parlé pièces et pièces jusqu’à 1h30 avec Mack me conseille d’aller voir « Orlando Furioso » aux Halles (vu quelques scènes à la T.V.)

22 mai 1970

Grève du métro. Pas bougé.
En bus,avec Ariane, aux Halles à 9 h. Une foule agglomérée autour des grilles du pavillon, criant, revendiquant, conspuant. Trop de monde. On ne laisse plus entrer les porteurs de billets… Après avoir tourné autour du quadrilatère (des jeunes escaladaient, se faisaient prendre, des invectives) avisé un responsable barbu, lui dis Presse. Nous entrâmes. La pièce est commencée, chevaux de feu blancs, monstres, tournois et joutes au-dessus des spectateurs debout, qui oscillaient, fuyaient, erraient, s’égaraient comme les acteurs. Magnifique. Un bouton arraché… retrouvé par Ariane (enthousiaste).

25 mai 1970

Remis note Amérique. Cdf de Viale l’après-midi : « Je suis bien embêté, je sais que votre femme est allée avec vous et vous comptez tous les hôtels, etc. ». Que ne la boucle-t-il, le pauvre, il serait moins embêté. Cdf à Saby : dit que Michaud à N.Y. a été obligé de se « tranquilliser ». R.V. avec Otéro demain.
Cdf de Sabine Delattre. Je suis sur une liste pour un prix au festival de Nice ! En 5e position. Revue du reste, ensuite. T.V.B.

26 mai 1970

Très beau et chaud.
Au journal, vu Viale – en pleine crise d’envie mal cachée. Exagération, dit-il, tuer la poule aux œufs d’or… Il sait mieux que moi qui la tue, cette poule.
A déjeuner, les Michaud (J. et Anna, la Polonaise) et Chateauneu.
Ce matin, journal reçu la femme de Roché (Télé 7 jours) qui fait un travail universitaire sur Manson (plutôt sur les types à la Manson et la justice).
A 7 h chez les Otero, rue Nicolo (appartement prêté, tapis roulés). Mercedes, imposante, très « establishment ». Lui, grossi et toujours gentil et intimidé, complexé (devant Saby par exemple). Projections de ses œuvres (sculptures monumentales bougeantes), petit film. Un metteur en scène péruvien, deux amis à eux et Monloup avec la petite-fille de Gerlanez (le graveur). M. très remonté contre Dante : « il crache sur des types qui nous ont aidés à Lyon parce qu’ils sont CGT… Irréaliste ! L’art ne passera pas par les maoïstes ou les gauchistes… ils n’en ont rien à foutre de l’art etc…». Ai expliqué que Dante n’était pas « irréaliste », qu’il avait les pieds sur la terre, etc…

27 mai 1970

10 h rue du Four 6, vu Emilio Galli, le metteur en scène d’hier, avec les Otero : exercices de sa troupe (4 personnes) et début de Macbeth. Le crime magnifiquement rendu. Souffles, cris, martèlements sur le corps, toute une musique concrète avec un minimum de texte. D’ailleurs répété, psalmodié : Artaud, Marx et Freud. Souffle, bras tendus, sexe, la seule femme sud-américaine –ancienne danseuse – très bien.
Manif. des maoïstes pour le procès des deux dirigeants du journal. Le même jour, le Conseil des ministres interdit la gauche prolétarienne.

28 mai 1970

Lettre de P. Flamand : refuse la pièce. Répondu.
à déjeuner, Otéro (sans Mercédés) et Caillaud. Allé avec eux, la Mutter, Béi et Ariane au chinois Custine.

30 mai 1970

A Suresnes, au dessus des vignes (reconstituées), chez les Silberbauer à dîner avec les Harlan (Luisa, sa femme italienne est enceinte de 8 mois1/2 – amusante comme Magda), les Schlumberger et les …?( 2 autres).Raconté Manson pour Luisa principalement et puis maisons hantées, tables tournantes.

1er juin 1970

Botemps
Travaillé à dépouiller dossiers du roman à faire.
Croizard de retour, la mine rose, ne fumant plus, craignant le bruit.
Nouveau bus 80 : un bordel… 21 assis, 17 debout. Moins de places, moins d’aise. Un seul employé : le chauffeur. Râles et mécontentement. Discussions : « Mon père en 1912 était machiniste sur le BH, vous pensez ! »
Rapinat me remet le début des Prétendants. Finira demain.

2 juin 1970

Temps chaud. 26° au grenier.
Composé chanson de Mina (les Prétendants).
Cdf de K. Koenigseder : D. de Roux lui a téléphoné pour lui demander de traduire 150 pages de l’Harlan. Surprise ! Ne le fera pas évidemment. Cdf d’Harlan : confirme l’histoire mais il s’agit d’un malentendu. M’envoie quelques pages d’Eichmann sur K.G.

3 juin 1970

Lettre de P Flamand. Réponse de ma part.
Vu Gaston avec Croizard. Lui ai demandé place pour J.A. Penent : d’accord (J.P. a demandé récemment des « jeunes).
Reçu un américain Waring Jones, envoyé par Weinelberg.S’intéresse à K.G. depuis 10 ans, dit-il, à la faveur d’1 voyage ici. est allé à Hagen. Ancien journaliste. On parle de films, de tas de choses.
R.V. à 11 h chez Hélène Châtelain pour la réunion du Groupe V. Pas allé. Regardé match football Brésil – Tchécoslovaquie en coupe du monde. 4-1. Téléphoné ensuite, mais tout était fini.

4 juin 1970

Chaud encore.
J.C. Fasquelle : d’accord pour la publication d’Eichmann à la rentrée (déjà en fabrication). Pour la pièce, incertain, mais…
Vu Christoforski dont j’ai parlé à Gaston Bonheur qui recherche des jeunes. R.V. demain pour le lui présenter.
Cdf de Desmaison que je vais mettre en contact avec Sabine Delattre.

5 juin 1970

Beau. +frais.
Photocopié « Prétendants »
Déj. chez Georges- de + en + amer- avec Karine. Parlé de l’Eichmann. Puis sur les quais. Soleil trés chaud.
Thierry Bosc, en partance pour l’Italie, me prendra en passant, un exemplaire de 3.1416 (pour un projet à l’intentin du festival de Nancy).

8 juin 1970

A 1 h chez Bernard Saby, av. Colonel-Bonnet. Vu les tableaux, anciens et nouveaux. Acheté une toile moyenne et une petite.
P.M ensuite.
Avec Ariane à 9 h place d’Italie, bd Kellermann à la M.C. sous un chapiteau bleu, une pièce de Gatti : le Chat sauvage (Interdit aux plus de trente ans), jouée par la Cie V (7 acteurs, Lancelot maître d’œuvre). Vu Hélène, Chichin (J.-L. Pays) les Lancelot, et Mme Bitterli, hôtesse de Gatti à Stuttgart qui me demande ma pièce et me transmet le salut de Blech « qui voudrait travailler avec moi ».

9 juin 1970

De Gaulle a visité hier le sanguinolent Franco. Difficile de pousser le gâtisme plus loin : voilà la vérité du gaullisme enfin révélée.
Envoyé à Londres pour un procès.

10 juin 1970

Soleil à Londres.
Bien et copieusement dormi.
Victoria: Françoise et Christophe.
Un chauffeur m’amène à Wimbledon. Trouvé Smith. Audience quasi confidentielle.
Audience de 2 à 4 h avec un Arthur énervé. Ensuite, la maison de la victime. Puis, PM (nouveau bureau au 115 Fleet street). De là, chez les Smith à Chelsea puis dîner sur terrasse chez Dominic’ près de King’s road.
Hotel Mayfair à minuit. Match de football à la TV : Allemagne – Pérou. Tout Londres retentit de ces reportages.

11 juin 1970

Mal dormi -et peu.
Chaleur.
A 9h avec Sydney Smith à Wimbledon. La suite sans plus de monde.

Commencé le papier à l’hôtel à 3 h ; arrêté à 7 h.
Chez les Smith, dîner avec la modiste française de la reine.
Rentré à minuit. Partout, on écoutait et regardait le match Angleterre – Tchécoslovaquie de football.

12 juin 1970

Réveillé à 9h. Fini le papier. Toujours orageux.
Acheté un Yorkshire terrier à Kensington.
Dicté papier au telex, puis téléphoné le reste.
À Victoria avec mon panier à chien. Gueulé, pissé, chié.

13 juin 1970

Toujours chaud. La piote m’a vu passer, m’a embrassé mais n’a pas vu le chien. A midi, de joie, elle est restée interdite.
Corrigé papier à l’imprimerie (rue du Louvre).
Carte de Kateb.
Amené le chien chez le vétérinaire de la rue Lécuyer. Un peu fatigué, c’est le diagnostic.

15 juin 1970

Grève métrobus.
Cdf de Sabine : Attoun élogieux sur la pièce. Cherche un metteur en scène.
Lu « l’Etat juif » de Herzl. Faible, à ma grande surprise (il n’y avait qu’une idée – et encore pas nouvelle).

16 juin 1970

Pluie enfin. Lu « dossier 51″. AB
Pas bougé le matin. Cdf: la pièce retrouvée! ouf!
Journal : Colère contre le secrétariat de rédaction (des doublons, des corrections non faites alors que j’étais allé à l’imprimerie). Occupé de Penent reçu par G.B. l’autre jour et par Benno aujourd’hui, lequel lui dit : « Rien ne va plus ! Singer s’oppose à cause du procès que vous avez fait à PM, etc. ». Essayé de réparer les dégâts auprès de G.B. puis Singer. Réponse demain.
Penent écoeuré s’en va à la Ferro.
à 6h rue Guénégaud dans une galerie oubliée et ridicule (les anciens et les modernes) expo. Paul Léo, le nouvel ami d’A de Lazareff.Elle a rompu avec K…, venu aussi. Pas + de 5 à 10 personnes pour 900 invitations.

17 juin 1970

Travaillé le matin « Les P. » (dont je vais change le titre).
A 11 h match de foot, à Mexico retransmis : Allemagne – Italie (demi-finale). Après prolongations, l’Italie gagne 4 à 3.

18 juin 1970

Pluie. Froid même
Travaillé « Prétendants »
L’apréme, PM. Présenté Kristoforski à G. Bonheur qui l’accueille bien.

19 juin 1970

Cdf de Cl. Caillaud. Me demande 3 000 F (il est pris à la gorge) contre le tableau de Saby qu’il possède et me donnera en garantie. Envoyé chèque.
Terminé à midi les corrections du manuscrit des « P. ». Le donnerai cet après-midi à taper.
Les conservateurs gagnent les élections anglaises (tous les pronostiqueurs et sondeurs donnaient les travaillistes vainqueurs !).

20 juin 1970

11 h au pub Lincoln, avec Bluwal qui me rend la pièce. Très bien, dit-il, mais immontable (à cause du coût et du sens). Très intéressé par « les Prétendants » que je lui raconte.

21 juin 1970

beau et chaud
Finale de la coupe du monde : le Brésil bat l’Italie 4 à 1 (beau spectacle de Pelé).
JJSS gagne l’élection de Nancy.

22 juin 1970

Lettre de Dieter Bitterli sur 3,14. S’en occupent, lui et Uta.
Lettre de Chato magistrale (pour m’exhorter fraternellement à faire mon roman. « Tu es l’un des quelques hommes que la mémoire du vent retiendra, dans le pays des morts »).
A dîner: les Vialatte père et fils, Sabine Delattre et Agathe. Terrasse avant dîner. Parlé des Sanson (bourreaux)

23 juin 1970

Il a plu cette nuit.
ORTF quai de Passy (Kennedy). 10 h 30 émission du roman-document avec Bellour, J.-J. Brochier et M. Zéraffa (qui n’aime pas K.G. à cause du style qui lui paraît trop métaphorique, trop orné). Passera à 18 h ce soir.
à 7h30 rue de Longchamp chez Paul Léo pour y voir les oeuvres récentes de A. de Lazareff. Pas très bonnes. Mais elle est heureuse, semble-t-il. Obo en veste noire à la Mao, en satin ou en tissu dans le genre, arrive très gai, un peu coquin.
A 9 h bd de la Bastille chez Monloup. Il avait invité les Rosner. Vient aussi Mme Blanis, mère de sa compagne actuelle. Rosner n’aime pas trop la pièce ; trouve le rôle de J. conventionnel, disproportionné et déséquilibré par rapport à Recouvrance. Va accepter de remplacer Reyber dans le nord.
Gatti à Paris, me dit Monloup.

24 juin 1970

Pluie
Porte de Vincennes pour l’affaire Maillart.
Puis Karine à déjeuner, Maison de Suéde.
Cdf à Baudet, avocat de François Maison (affaire Maillart). Ne veut rien dire. Très Baudet. Parlé avec lui de Pauline Dubuisson. Lui apprend (car il ne le savait pas, un past. protestant s’étant vanté de la chose) que c’est moi qui ai décidé de ne pas publier de papier sur elle après l’avoir vue.
Cdf Dante : « Ne change pas ta pièce » (allusion au Rosner d’hier). Nommé au Deutsche Theater metteur en scène. Aurait préféré en France au TNP « où j’aurais fait un meilleur travail ». Le film marche : 25 M du Centre.

25 juin 1970

Chez Lancelot, Dante. Avec lui et Lancelot, déjeuner chez Georges. Ensuite, photo en face du Palais pour son passeport. S’occupe de 3,1416 en Allemagne (les deux Allemagnes).
Photocopié la pièce. 2 000 pages sous le bras.
Papier Mailliart toute la nuit.

26 juin 1970

Très chaud.
Terminé à 3h. Couché jusqu’à 5h. Repris jusqu’à 10h. Difficile et un peu ennuyeux.
Envoyé à Dante (chez Lancelot) son passeport renouvelé.

27 juin 1970

Dormi
orage la nuit. Ciel bas. Pluie et tonnerre.
Cdf à Dante. Le film marche. Il sera à Pianceretto vers le 15-16 juillet.
Déjeuner av. de Versailles chez Danielle et Bernard – qui, en chandail, travaillait une petite gouache. Il me montre son bureau où il n’y a plus que du chinois (décoration bannières, livres, dicos). Danielle assez bien, mais sciatique qu’elle ne soigne évidemment pas – pas plus que ses dents.
De là, porté chez Sabine Delattre les cahiers de Gary H.

30 juin 1970

Marseille. Embarqués à 16 h sur l’Isthmia, bateau chypriote (Famagouste).

1er juillet 1970

Escale à Libourne. Pise.

2 juillet 1970

Arrivée à Naples.
Hôtel à Sorrente

3 juillet 1970

Très beau temps.
En voiture à 10h pour Pompéi. Déjeuner au « ristorante internazionale » installé dans une maison pompéienne, à côté des bains. Impressions nouvelles: les lézards verts-le vieillissement évident des ruines du 18é siècle par rapport aux ruines récemment ouvertes: le plus jeune, c’est ce qui va surgir- la grossiéreté, le manque de méthode ou de finesse ou de justesse des premiers fouilleurs qui ont détruit surement bien des choses- le parti pris ancien de ne rien laisser dans les maisons: tout au musée! (aujourd’hui méthode bien meilleure: le plus gros est gardé sur place).
Ensuite bain, à Torre Annunciata plage Santa Lucia un peu moins dégoutante que celle d’hier.

11 juillet 1970

Barcelonnette.

13 juillet 1970

Dans le courrier, une carte de Boulez de Mitla (Mexique).

20 juillet 1970

Ma jambe droite me fait mal. Lao Tseu comme remède.

28 juillet 1970

Progressé dans le roman. Les personnages prennent du champ. Assez exalté, le Joffroy !

31 juillet 1970

Partis pour Lyon.

1er août 1970

Promenade seul, de Perrache à la fac de Lettres, quai Cl. Bernard, rue Cavenne, le M E C, le foyer, la petite place, le pont de la Grille… Baudelairian pilgrimage !
Déjeuner avec les Tondini, y compris le gendre. La fille a réussi aussi son agrég. Ils l’ont appris ce matin. Le père est au Zénith. Le fils du mineur, tué à Hayange, aura des petits-fils bourgeois.

3 août 1970

Journal. Pas un chat – plutôt pas voulu voir un chat.
Cdf de S. Delattre, curieuse du roman.

4 août 1970

Occupé de la pièce (photocopie des pages déficientes). Cdf de Le Bolzer, de Bitterli (Mme) et de Bouise (qui m’indique le moyen de voir le film Gatti – Ebre – donné hier soir en projection privée – et qui sera redonné un de ces jours). De 4 à 7, avec Ute Bitterli chez les Lancelot (absents). Conversation intéressante, fructueuse à partir de ses questions. Songe à un film télévision et à une pièce (1) Bitterli ; 2) Lancelot). Blech enthousiaste.
Reçu épreuves « Eichmann »

5 août 1970

Envoyé à Bouise et à Monod la pièce.
Cdf de B. Saby. Noir. Allé le voir. Me donne la petite gouache bleue commandée en juillet. Asthénie profonde. Regret d’avoir embarqué Danielle dans cette vie, etc…Apporté gouache bleue à Béi.
Dîner chez Georges avec Le Bolzer et Bitterli Utta. Le bon Georges me colle une addition de 170 F…
Sur l’église derrière chez Georges, une inscription : A bas le crapaud de Nazareth !

6 août 1970

Apréms: vu Castans, Serrou évité papier
Révision Eichmann. Emmerdant , au début.
Cdf d’Agathe- m’apprenant en passant que Th de St Phalle a été vidée par Nielsen, pour avoir négocié de Gaulle aux E.U. …

7 août 1970

Correction du manuscrit. envoyé dans l’apréms à Karine.
Téléphoné Caracas à Otéro pour Bougrat. Tombé sur Mercédés. (amie de Bougrat et ayant une dette, dit-elle, envers lui!)

9 août 1970

Cdf de Alex de Lazareff. Va partir-« faire une fuite »- à Carrare (Italie) avec son jeune sculpteur. Les parents dudit en pleine réaction contre cette idylle. D’où…Ils veulent y rester 1 an. Alex. avant de partir, voudrait que je fasse quelque chose dans PM sur un de ses amis à qui elle doit beaucoup.

12 août 1970

Travaillé un peu l’aprème à rechercher des dossiers pour « Mayday ».

13 août 1970

Cdf à J.J. qui va écrire un roman, me dit-il.
Rencontré à 5 h J.P., bronzé, mais un peu ratatiné (enfin moins grand que d’ordinaire)-Comme c’est bien d’être là au mois d’août ! me dit-il. A bientôt..

14 août 1970

Envoyé les deux pièces à J.J. – dont 3,1416 pour Maréchal.

L’aprème, vu Mme Pola Berger, chanteuse française des Etats Unis (chante en 28 langues)- a été par hasard en contact en prison, à L.A. avec Suzanne Atkins, disciple de Manson.

17 août 1970

Beau: bleu, nuages blancs.
Feuilleté les 12 Césars de Suétone – recommandé par E. Pound.
Lettre de Penent, sur son entrevue avec le Président de la République. Exhilarant.
Téléphoné Londres pour quelques tuyaux sur Mayday.
Cdf Delattre (la mère Maillot ne sait, ne veut pas dire qu’il y a des épreuves de l’Eichmann) et Weisenfeld (sur Charlotte Stieglitz)
Téléphonage avec Mercédés et Otéro.

19 août 1970

Grasset : Mme P. a reçu les épreuves d’Eichmann de Karine. Passé les contrôler.
Cdf à Hervé Mille. R.V. pour demain 4h.

20 août 1970

Journal.
à 4h, Résidence Georges V, vu Hervé Mille pas revu depuis 68- avec 1 vieil ami et 1 jeune (italien jeune et beau, qui disparut trés vite). Trés sage, trés philosophe, et curieux.

21 août 1970

Lu Noam Chomsky : l’Amérique et ses nouveaux mandarins. Très intéressant. Très.

23 août 1970

Nuageux toujours.
Fini vers 7h les recherches « Mayday » (recensements et rassemblements)

25 août 1970

A déjeuner, les Michaud (lui et Anna). Il part pour la Pologne avec elle, tourner un film TV sur Witkiewicz,(auteur de théâtre polonais).

26 août 1970

Cdf de B. Saby, qui semble désorienté. Me rappellera.

27 août 1970

avenue de Wagram à la Fnac: acheté Stockausen et Boulez – regardé les TV couleur.
Cdf de Penent à 11h sur les pièces (3,14 et les Prétendants).

28 août 1970

Beau- puis gris et pluvieux
Acheté (3 400 F) un poste TV couleur.

29 août 1970

Pas bougé
avec Ariane, rangé et collé des timbres (ceux de raymond Maufrais, donnés par son père)

31 août 1970

Lettre de Patrick Petit (L.A.)
Répondu.
Déjeuner au chinois Marbeuf avec Toussaint (un fils parti faire le Sahara en auto-stop ; un autre marié ; veut quitter sa place à Grenoble dans une papeterie ; sa fille Isabelle travaille avec G.… Quant à Hélène, elle se replie de plus en plus sur elle-même. Thibault conseille sana pouvoir agir…
Parlons de 3,1416. Il va agir chez Stock. Nouvelles de Leclerc (qui va se marier tout prêtre qu’il est) et Th. De St-Phalle, (jetée à la porte de chez Nielsen (Plon) pour avoir trop légèrement traité les droits des mémoires de Gaulle avec une maison américaine.)
Vu Gaston B. pour Penent. M’annonce que J.P. a choisi Farran pour prendre en main PM, en plus de RTL. G.B. semble trouver cela tout naturel… mais c’est une défaite.

1er septembre 1970

Porté gouache Saby à encadrer rue du Dragon.
Cdf de J.-A. Penent. Il a lu 3,1416 à des amis à lui, gauchistes.

2 septembre 1970

Retour de Chateauneu.
a fait des listes (cache ce qu’il fait quand on entre)
Cdf de Christoforski, retour de vacances. En proie à la confusion sous trop d’influences.

4 septembre 1970

Mort du général Koenig.

3 septembre 1970

Lecture d' »Eros et civilisation » (Marcuse). captivant.

5 septembre 1970

Gris mais tiède
Fini le Marcuse.

7 septembre 1970

botemps ensoleillé
A 2 h, Saby avec un tableau sur le bras. Commandé et payé (4 000). Est allé avec le dernier chèque (1 000) à la banque directement. Sur Stéphane qu’il a vu : « C’est un prolo… parle comme un prolo. Content ».
Cdf au journal de Christoforski qui vient de lire « Alcatraz » et en est encore ébranlé. Il y voit un défi auquel il veut répondre. Pour le rêve, le délire du cyclone, il fit : « Je sais maintenant que c’est possible ». A aimé aussi dans « les Prétendants » – préféré plutôt : Vert orangé, les phrases entre parenthèses.
En rentrant, vu J. Bonnardot à l’arrêt du 80. Dit qu’elle s’est fait psychanalyser, et a écrit un livre. Et encore qu’elle a pensé que je l’avais snobée en 1958, que l’article sur G. Hemming lui avait fait penser le contraire…

8 septembre 1970

4 détournements d’avion (El Al, TWA, Swissair, Panam) avant-hier : les fascistes du FPLP, que les gens prennent pour des socialistes.
Parlé avec Chato et Bazelaire, inquiets des changements à venir à PM. Vu ensuite Castans qui m’explique la « révolution » en cours: P.M. réduit à 30 pers.; surtout du noir, avec quelques pages d’actualité et le rete des chroniques fixes. Et chaque mois « Univers Match » qui prendrait les reportages couleurs.

9 septembre 1970

Envie d’écrire contre les pirates et trafiquants de chair humaine.
PM. Le papier sur les avions écrit par Cartier, me dit Castans quand je lui demande d’écrire un petit papier. Alors, une lettre au Nouvel Obs. ou au  » Monde ».
Essayé de téléphoner à Mercédés à Caracas. Manif d’étudiants. Impossible de les atteindre.

10 septembre 1970

Réveillé à 2h. Ecrit papier avions jusqu’à 5h. Dormi ensuite.
Téléphoné Caracas. Obtenu Mercédés. T.V.B.
Ecrirai cette nuitle papier Bougrat.

11 septembre 1970

Travaillé jusqu’à 4h puis de 9 à 10h30. Téléphoné
Beau temps.
Reçu au commissariat de la rue Lambert l’avertissement (pour franchissement d’1 panneau stop)

12 septembre 1970

Pluie
Revu le Bougrat (passera la semaine prochaine)
Corrigé épreuves Eichmann.

13 septembre 1970

Cdf de M.C. Bautruche. Discussion sérieuse (ne veut pas rendre les cahiers de Gary et en emprunter d’autres). RV lundi en huit.
Pris le train pour Londres à 10 h. Single.

14 septembre 1970

Arrivée sous la pluie, le crachin. Avec Smith, à Old Bailey. Début du procès à 10 h 30. L’Attorney Général parle – et m’endort. Déjeuner avec Smith au Club de la presse (les vieux journalistes sédentaires qui font, hélas, l’opinion).
L’après-midi, Old Bailey. L’A.G. continue. Réussi à faire dormir ceux qui résistent : surprenants effets. Demain, j’essaierai le Président Lord Justice. Hôtel Imperial, Russel Sq.Pluie. On parle des otages de Jordanie, mais le procès va polariser le peu d’attention disponible dans le peuple.
Avec Smith, au Film Theatre, South Bank : festival Underground, style exact de Knokke le Zoute. Mêmes films, mêmes gens. Une chose très belle : ½ heure de vision d’un fragment d’une chaîne de montage (d’un moteur de voiture probablement). Fascinant, hallucinant. Des gens sifflaient de voir les gestes répétés, toujours les mêmes au fur et à mesure du déroulement de la chaîne.

15 septembre 1970

Audience du matin. Apparition du mari de la disparue, M. McKay. L’aprèms, travaillé. Lu un livre de « nursery rythmes » pour May Day.
Téléph Paris: papier paru dans combat.
Avec les Smith au festival de films italiens. Pas très bon. L’un d’eux montrait pendant une heure un type debout, immobile, face à la caméra. A la fin, un petit saut qui fit l’effet d’une merveille. Mais la moitié de la salle avait déjà fui.

16 septembre 1970

Très beau temps. Marché longtemps de Russel Sq. à Fleet st., puis St-Paul (idées pour « May Day »).
Procès le matin. Témoins : mari, enfants, flics. L’aprèms, au festival. Rien de transcendant – mais pas ennuyé.
Dîné avec les Smith (père,mère et 3 enfants: Christopher, William et Peta) à Kingsroad puis Victoria et train.

18 septembre 1970

10 h 30 amené chez Karine les épreuves. De là, avec elle, chez Grasset.
Rencontré Fasquelle, F. Verny, Privat et Savary.
PM pour quelques corrections du Bougrat.
Dîné le soir chez M.H. Camus à Levallois. Anne Philipe, un couple Cayeux (biologiste de Pasteur) et un spécialiste IBM qu’elle (M.H.) voudrait marier à A. Philipe, je crois.

20 septembre 1970

Encore plus bo qu’hier.

21 septembre 1970

Bo.
Cdf de Thierry Bosc, toujours accroché à 3,1416.
Déjeuner avec Penent au chinois. Longue conversation sur « divers sujets » : Napoléon III, la Terreur, la Monarchie, Jean Rous, Bourguiba et Senghor, 1968, etc. et la pièce, dont l’éloge, prononcé par lui, me fait grand bien.
Téléphoné à Monloup pour R.V. avec Bosc (qui veut toucher Wilson au TNP).
Lecture de Fanon (les Damnés de la terre).

23 septembre 1970

Cdf de J.J. aime beaucoup les « Prétendants » qui lui convient mieux que 3,1416. Le Théâtre de la … accepte 3,1416 ! et peut-être Maréchal…
RV à la maison avec M.C. Bautruche. Remis des cahiers, en a pris d’autres.
Mort de Bourvil – surprise et consternation dans le petit peuple. Infiniment plus que pour celle de F. Mauriac.

24 septembre 1970

Beau temps.
Cdf de J.J. excité : Maréchal enthousiaste, veut la pièce (3,1416). Téléphone à Luce Mélite « Je le fais ». Confirmation.
A déjeuner, chez le chinois, Chateauneu et Bosc à qui j’explique ce qui arrive. Il en est un peu contrarié mais poursuivra ses propres tentatives au TNP par Monloup.
Retéléphoné à J.J. Grande joie.
Téléphoné à Sabine.

25 septembre 1970

Cdf à Monloup et Lancelot pour trouver le Gatti. Pas réussi. Rencontré dans les couloirs J.P. – un peu tassé. Me félicite du papier Bougrat. « Vous avez une nouvelle façon d’écrire des petits snap shots. C’est très bien. »
Lecture de Rabbi Siméon et la Kabbale.(Seuil)

26 septembre 1970

Bd de la Bastille – pas trouvé Dante après avoir cogné à la porte comme Beethoven. Tél. Lancelot, Hélène Châtelain, etc.
Cdf de Dante vers 11 h du soir. J’étais couché.

27 septembre 1970

Bd de la Bastille à 7 h. vu Gatti avec J.L. Pays et une amie à eux. « Chichin » expliquait ce qui venait de se passer à la réunion du Groupe V. Eclatement, dont le Dante paraissait, tout en le déplorant, se moquer éperdument. Beaucoup s’en vont du côté de la G.P. (Gauche prolétarienne). Arrive Stéphane à la recherche de son père. Justesse de l’observation de Saby : ouvrier à Rouen (OS). Il a prolétarisé son langage : haché, à la syntaxe désarticulée, au vocabulaire pauvre. Il a trouvé, dit-il, la femme de sa vie. Elle est de la G.P. Les idées politiques sont fortes et nullement rêvées. Dîner tous les trois (rejoints ensuite par Hélène) dans une brasserie alsacienne de la rue de Lyon. Grande discussion sur Israël et les Fedayins – où je suis le seul de mon avis, l’ayant d’ailleurs très mal défendu. (Israël n’est pas qu’un pion de l’impérialisme ; il a été une nécessité, le liquider ne réglerait pas grand chose).
Paroles dures de Dante sur Monloup – entré à fond dans le système.
A été malade en Italie, emmené à l’hôpital de Casale, pas soigné jusqu’à ce qu’on sache qui il est. Médecine de classe !

28 septembre 1970

Train pour Laon. Révisé mon hébreux (grammaire)
Procès à 13 h 30. Tous les confrères sont là : Lalonde, Fontaine, Dinand, Pottecher, Cabu (dessinateur, vu au Guérini), Séverac, Thévenin, Walter G., Coquet.
Une suspension et ensuite jusqu’à 18 h 30. Le journal envoie un photographe, Patrick Jarnoux.
Mort de Dos Passos – dont j’imagine pouvoir reprendre un semblant de technique (les journaux). Rottweil a envoyé hier soir à Laon son orchestre typique (vieil allemand).
Mort de Nasser (crise cardiaque) : annoncée au restaurant par une consœur.

29 septembre 1970

Toujours clair et chaud
Défilé des témoins.
Déjeuné avec P. Jarnoux. Ensuite, jusqu’à 6 h. L’innocence, aux deux sens du mot, de Thérèse Fauqueux éclate. Si elle n’est pas acquittée, il y aura une émeute.
Dîner au Bon accueil, « restaurant réputé » à quelques kilomètres de Laon avec Jarnoux, J. de Coquet et D. Jamet du Figaro littéraire. Agréable soirée.

30 septembre 1970

Un peu + froid- un peu – chaud.
Regardé entrer au Palais Fauqueux et sa femme, avec les enfants des écoles. Le procureur et la partie civile.
Déjeuner avec Jarnoux et Jamet.
L’aprèms, les plaidoyers : trois locaux et le ténor marseillais Pollack. Pluie et vent.
Long délibéré : Fauqueux 15 ans, Th. 9 ans. Le regard de Th. Sur les Duguet avant de disparaître. Colère du public. La chaudière bout. Avec Jarnoux, rentrés par la route. A.P.ris à 9 h 45.

1er octobre 1970

Traîné des heures sans pouvoir faire le papier Laon (Fauqueux).
A 9 h av. de St-Mandé chez Sanchez. Réunion pour « Manouchian » : Dante, Hélène Ch., Chaussat, Lancelot, le cameraman, Pia Colombo. Répartition des tâches : documentation, contacts des acteurs, contact avec les militants, etc… Objections de Charvein, cameraman qui connaît les producteurs et ne croit guère possible de faire démarrer un film sans agent…Rentré minuit. Travaillé papier.

2 octobre 1970

Arrété 3h. Recommencé 7h. Du labeur, plutôt que du travail.
Pluie
À 2 h 30, salle Antegor pour le film de Gatti : « la Tête de pont de l’Ebre ». Incidents techniques. Cela commencera à 3 h 30. Vu ceux d’hier soir plus Michaud, la fille du Figaro, la femme de Georges. Le film est très beau – avec ses bouts de script insérés dedans, ses images fragmentées, ses montages photos.
Rentré au journal pour revoir le papier. On le trouve bon.

3 octobre 1970

Pluvieux, venteux
Remis papier Fauqueux.

4 octobre 1970

Vent
Pris des notes pour « May Day » : citations et extraits de divers bouquins.

5 octobre 1970

à 11h Saclay CEN pour y voir Levy-Mardel (Mayday)
Déj. à la cantine avec lui.
Départ à 2h30. Retard. Abandonné voiture à St Germain. A l’odéon pour y voir Maréchal, but ultime et majestueux de ma journée.
Attente d’abord avec Jacqueline Slav, actrice ionesquesque et amie de Monloup. Elle part. Maréchal me reçoit dans 1 buro sana électricité, bourré de programmes passés ou à venir.
Parlé peu de 3,14. Fait des objections CGT-CFDT, le comité d’entreprise…
Marché jusqu’à la rue de Rennes.Il doit voir le soir Lucien Attoun. »je prends la pièce mais j’ai besoin de 2 mois pour…

7 octobre 1970

Gris froid
Le papier Fauqueux a beaucoup plu. Castans me presse d’en écrire d’autres: et McKay et Manson.
Rencontré dans le couloir Croizard en conversation avec Soukin, ancien du PL, vidé par Amaury- et repris à Télé 7 jours.
Cdf d’un fils de l’expert (?) du procès Bougrat. Voudrait me voir quand il reviendra à P.
À 5 h, un des plus beaux arcs-en-ciel doubles que j’aie vu, ancré sur les maisons les plus proches et se courbant vers les Buttes-Chaumont.

8 octobre 1970

Ciel bleu
Travaillé papier jusqu’à 2h, dormi, repris à8h.
Toute la journée, dactylographie.
À 8 h 30 chez Sylvain : réunion de travail pour Manouchian avec Pia (secrétaire) une amie à elle, Hélène, Lancelot, Chaussat et un acteur que je ne connais pas.

9 octobre 1970

Journée. Remis papier.
Cdf à S. Delattre. Attoun veut me voir: R.V. vendredi 11h.
Mort de Michelet. Je l’avais vu à la TV enterrant Mauriac, mais lui-même était déjà mort. Le cercueil avait meilleure mine que lui.
À 8 h avec B., au Balzac, invités par Penent. En choucroutant, en steakant, et en pouletant tout en chinonblant.
devisé de Mai, du théâtre, de Chateauneu, de l’Exupéry (qu’il apprécie à cause de « Lettres à un otage »), etc. Un soupçon chez lui de snobisme aristocratique : dit que sa mère s’appelait de Jessé, etc…

10 octobre 1970

Hier, mort de Giono, P. Valéry, ? et Michelet. Une psychose dans le public : tous les « grands hommes » meurent, une épidémie (depuis Mauriac).
jeûné (Yom Kippour)
Tél. Delarue pour Manouchian.

12 octobre 1970

À midi, au CEN de Saclay. Déjeuner avec Mandel et Thévenet, un physicien des hautes énergies plutôt modéré pour ne pas dire conservateur. Visite ensuite d’une expérience (« manip »)et de l’accélérateur Saturne.
Cdf Penent. A vu Terzieff, très intéressé par la pièce – et aussi par le Gerstein que j’envoie demain à Penent pour lui.

13 octobre 1970

très beau temps
10h chateau de Vincennes, vu Gouberville pour Manouchian. Me donne des adresses. S’occupera de trouver ce que je lui demande.
Journal. puis chez Karine et de là rue de la cavalerie déjeûner.
PM puis à la Ferro,vu Montarron qui se souvient, dit-il, de cette histoire Manouchian. Il cherchera où peut se trouver la bande d’actualités de l’époque.

14 octobre 1970

Centre de documentation : Mme Imbert pour Manouchian.
brouillard. « Ah c’est l’automne pour de bon » dit le chauffeur de taxi qui me ramenait du CDJC à PM (Cours la Reine)

15 octobre 1970

Cdf à B. Saby, qui m’a appelé hier. Demande nouvelles de B., sa maladie… Lui, toujours incapable de faire quoi que ce soit, de toucher ses pinceaux. Passe de spécialiste en spécialiste. Que fait le Gros ? dit-il encore. Parlons de lui, de Stéphane et de sa femme (« les anciens combattants de 68 », lâche-t-il en gloussant). Lui annonce en outre pour 3,1416 – les demandes Maréchal et Terzieff.

16 octobre 1970

Chez Sabine Delattre : rencontré Lucien Attoun, décidé à prendre 3,1416 pour sa collection, en accord avec Maréchal.
Puis déjeûné avec toussaint et Chateauneu rue C. Delavigne. Occupé de Poggioli (un bouquin en perspective pour lui, idée de Chato).
Journal. Cdf de Tournoux pour Derogy, candidat au Prix Aujourd’hui, Karine (pour passer dans une émission TV), Olivier J.P. (pour Normand). Lettre archives A? (pour l’Affiche rouge), lettre Gatti (pour transmettre offre d’Attoun de publier ses petites pièces).etc…
À 9 h, à une réunion de l’AJAR (association des J. anciens résistants), à l’hôtel Moderne pour fêter la sortie du livre de L. Steinberg « la Révolte des justes ». Vu Delarue, puis Diamant, Weisberg et Lissner – tous anciens « héros » et communistes. 

18 octobre 1970

très beau temps.Repos.
Le Front de libération du Québec (FLQ) tue leur otage, un ministre Lesage. Une nouvelle lutte commence, comme celle du FLN, des Fedayins, etc.

20 octobre 1970

beau temps clair
Fait du pain- pour les Levy Mandel ce soir.
RV rue de Léningrad avec H. Michel, aimable. Donne quelques indications, me conseille d’aller rue du Havre à l’Institut allemand d’Histoire. J’y vais. Une bibliothèque dont les responsables sont tous en vacances pour longtemps (novembre).
Journal ensuite. Lu article de Caviglioli sur un procès (Cl. buffet). C’est un disciple. Il m’avait dit : « Ton truc, ça marche ».
A dîner, Levy Mandel et sa femme avec les Gilbert et la Mutter. Très bonne soirée.

21 octobre 1970

Froid
Au journal, reçu Maxime Debert, qui a photographié pour le papier Bougrat, au Vénézuela, il y retourne. Lui donne l’idée d’un reportage sur la brésilienne enlevée par les Indiens, épouse d’un chef, revenue après 20 ans chez les siens. Enthousiaste.

22 octobre 1970

Cdf de Rapinat. A été à un meeting pour la défense de A. Geismar, jugé depuis hier (18 mois ferme). A entendu un orateur (Herzberg) se plaindre du compte rendu fait par Pottecher. Je téléphone à P. : il a été coupé ! On lui a défendu les commentaires etc…Retéléphoné à Rapinat.
À 3 heures chez Bernard Saby. Il s’est remis lentement à peindre : un tableau sur le chevalet, commandé par Bernier. M’écoutait en fumant du H.

23 octobre 1970

Cdf à S. Delattre : m’apprend que Derogy a eu le prix « Aujourd’hui » et fera un raout où je serai invité. Fauvet, déçu (son candidat était Viansson Ponté) aurait dit : « Et maintenant, je file… à l’israélienne ! »
Cdf de RTL, secrétaire de J.Farran dema
ndant de poser pour 1 photo de reporter et d’assister à 1 séance de radio (sortie d’un livre de Brincourt sur les reporters). Décliné. un voyage à faire , mercredi justement…
Vu dans le bureau de Castans J. Farran , de + en+ gris.
À 9 h chez Sylvain : des acteurs futurs sont là. Reseté ½ heure et reparti.Prochain RV jeudi.

24 octobre 1970

Téléphoné Monod, Monloup, écrit à Penent pour récupérer des exemplaires de 3,1416 que Maréchal me réclame.
Téléphoné Sabine. Visite de H. Bellour. Prêté 1 000 F.

26 octobre 1970

PM: visite de Patrice Bodin, de retour d’Amérique latine et en attente d’y retourner. Cherche des collab à PM ou autres journaux pour s’assurer le pain quotidien. allons voir Michou Simon (à demi positif dans l’état actuel de PM.) RV mercredi à déj.
Cdf Penent, JJ.

27 octobre 1970

assez beau
CDJC: noté photos pour « affiche rouge »
À PM, Bernard Saby. Lui prête 250 F pour Danielle (location d’une machine à écrire – pour une place éventuelle).
Aujourd’hui : jour où tous les mots finissaient en x.

28 octobre 1970

Reçu lettre de Maréchal.
10 h 30 journal. Présenté à J.P., Olivier directeur du futur « Capitole ». Morineau (« Constellation » va tomber) appris que le nouveau mensuel « Ambre », érotique bourgeois, s’est vendu à 400 000 ex. sans difficulté : J.P. veut tirer à 600 le mois prochain.
Déj. avec P. Bodin, qui vient seulement d’apprendre la mort de G. Hemming. Veut faire 1 livre, et prendre des contacts dans des journaux (L’Idiot, l’Observateur) avant de repartir au diable.
L’aprème au CDJC; retour par les quais, les bouquinistes. Acheté: 2 science fiction (Van Vogt) 1 dico d’argot, 2 romans-feuilletons.

30 octobre 1970

Toujours bo
A déjeuner chez « Maître Paul » à l’Odéon avec Luce Mélite et Sylvain (venu chercher des listes de photos notées au CDJC). Luce Mélite n’a pas lu la pièce.
Donné à Sylvain les deux pièces à lire.
Avec A., Aubervilliers : « Homme pour homme » de Brecht (décors de Monloup). Vu Attoun et Maréchal ; aperçu Luce, Bluwal, Rosner. Mauvais acteurs.

2 novembre 1970

Lettre de Bourgois, rejetant 3,14 dans les tenèbres extérieures.

3 novembre 1970

Crachin ce matin
Vu GB pour Penent (qui veut son avance de 2500f sur le Flaubert commandé).
Lui ai raconté 3,14 et le succès Maréchal.
Chez Derogy, 37 Grande-Armée qui fêtait son prix Aujourd’hui pour « La Loi du retour ». Attendu en vain S. Delattre qui voulait me voir. Aperçu Steiner et sa femme, Marchetti (nouvel élyséen), Mazoyer. Parlé avec Bulaiko, ami d’Armorin.

4 novembre 1970

Passé à P.M.
Métro à 8h pour aller chez Mme Vendrely, place d’Italie. biologiste pour « Mayday », très aimable. Le mari, le fils (Beaux Arts) et un réparateur de TV en plein ouvrage.

5 novembre 1970

Palais des sports, le spectacle Stravinsky dansé par l’opéra, chorégraphie de Béjart. Les Noces, l’Oaso de feu, le Sacre.
L’oaso était nouveau. Très beau. D’esprit et de contenu révolutionnaire: les partisans en bleu de chauffe (viétnamiens ou guévaristes),
les poings levés. Beau aussi, le Sacre. Et joli les Noces. La salle pleine acclamait… Béjart dut venir saluer.

9 novembre 1970

Lettre de Dante au journal. 2 pages qui viennent à point pour me soutenir. Accord pour publier ses pièces chez Attoun. « Tu es le seul homme que je connaisse qui sache transformer les pierres en poissons sans qu’on s’en aperçoive… Maintenant que tu as écrit l’« Autre Joffroy », donc que tu es devenu pluridimensionnel, il te faut un chat, seul animal qui convienne à ce genre d’état ».
9 h Odéon. La Moscheta, de Ruzante, par le théâtre du 8e. Bourré mais hostile. Sifflets à la fin. Maréchal démoralisé : c’est une cabale ! Vu Luce, Attoun, Mme Maréchal. Un auteur peut être malade, un metteur en scène sifflé, 3,1416 est trop mal parti pour ne pas bien arriver.

10 novembre 1970

Mort de de Gaulle hier, dit-on, à 7 h, d’une crise cardiaque.
A 9h30, après accrochage au Trocadéro, les Harlan arrivent. Lecture des cahiers de Gary: Thomas très intéressé. On en reparlera ensemble la semaine prochaine.

12 novembre 1970

TV : cérémonie abusive à Notre-Dame avec rois, reines, etc. L’après-midi à Colombey : plus simple, plus beau.

13 novembre 1970

Départ pour Montpellier.

16 novembre 1970

P.M.
très froid
Le délire « gaulliste » continue. Il en aurait bien ri… on parle de canonisation !

18 novembre 1970

Pluie.
Déj. avec Karine à midi.
Lettre à rédiger pour les éditions Koelher (Gerstein)

22 novembre 1970

Cdf de Dante à 8 h du soir. Rentré pour le film. On se voit demain, on parle mardi.

23 novembre 1970

Allant au journal, rencontré Diricq qui est à présent à « Marie-France » (groupe du Parisien libéré). « J’ai fait toute la boucle », dit-il. Me parle curieusement d’Alcatraz : « Comme il est bien, ce bouquin ». (Comme si je venais de le publier ou lui de le lire.)
Longue conversation l’apréme avec la petite fille de Rapinat: grèves, gauchisme, Lénine, le film (Manouchian) etc…
Chez Sanchez : 20 participants au film (majorité d’acteurs, dont Lancelot, Pia, Hélène) écoutent Gatti qui explique le projet et ses nouvelles formes (groupes de travail). Rentré à minuit.

24 novembre 1970

A midi, Dante à déjeuner. Hélène le rejoint ensuite, puis s’en va. Longuement parlé de 3,1416, de l’Allemagne : de la révolution, des gauchistes, du Seuil, de Hemming, de Harlan. Trois heures de conversation revigorante.

25 novembre 1970

Cdf de Penent qui a donné une dissertation à ses élèves sur l’auteur de 3,1416 (qu’il leur a fait lire). Une réponse qu’il me lit – de Dubout, petit-fils du dessinateur, étonnante!

28 novembre 1970

Parti avec Christoforski (métro et bus 141) à Rueil déjeuner chez ses parents. Discuté avec son père qui ne veut pas le laisser suivre sa voie (« Ecrivain, qu’est-ce que c’est que ça ? »). Le père, 42 ans, plutôt sympa, « castor » (il a construit sa maison), comprend. Feu vert au fils.

30 novembre 1970

Rue de Provence, un garçon en blouson et petites lunettes qu’un flic privé de magasin essayait d’arrêter pour avoir chipé une lime à ongles. Attroupement. Défense prise par deux autres garçons. Me suis souvenu du vol de livre de 1940 chez Gibert Jeune. Finalement, avec l’aide d’un autre flic privé et d’un agent accouru, conduit rue de Provence. Le flic n° 1 avait paru, au début, poli, vouvoyait. Après, insolent – comme toujours.

1 décembre 1970

Je devais cet aprème assister au cours de Penent et répondre aux questions de ses élèves. Il s’est dégagé, accablé par le travail qu’on lui donne (dans les « albums »).
R.V. avec Maréchal après le 17.

2 décembre 1970

Cdf de Gatti. RV demain.

3 décembre 1970

Cherché Dante chez J. Michaud, rue Lacepède. Me dit que une de ses pièces (« la Rose blanche ») s’est cassé la figure à Brême – terriblement au point qu’on n’a pas trouvé mieux à lui dire que « Voilà, c’est la mort du théâtre… ». De chez Michaud à Sanchez, rue de St-Mandé sous la pluie aux bouches de métro. Réunion où Dante explique que la conception du film a tout à fait changé. Je lis le récit que m’a donné à lire Michaud et que Dante déclare très bon : la Manifestation. Ensuite, avec Sanchez et Hélène chez Georges à minuit. Plus un chat. Servis quand même en moules et rougets. Rentré à 1 h.

4 décembre 1970

utile ces jours-ci à; H.Chandet, Mouniau, Ménager, Christoforski, Galante etc…
A la Comédie française pour la 1ère fois. Représentation du « Songe » de Strinberg. Mal adapté, mal joué. Ennuyeux. Seule note réussie : les décors d’Hubert Monloup. Aperçu des têtes connues de moi, autrefois : Verdot, Chalais.

5 décembre 1970

Partis à 9 h pour Toulon. Pris pour la 1ère fois l’autoroute complet jusqu’à Marseille.
Beau temps.
Rêvé que je traversais le Pacifique à la nage. Mais, chose surprenante, ma nage consistait à me rouler par terre (je n’étais d’ailleurs pas mouillé). Arrivé dans une île jadis sauvage d’où s’en allaient des savants (météorologistes, biologistes…), tandis que nous surgissions nous, les vacanciers, les sportifs, les pollueurs…

7 décembre 1970

Gris et pluie
A St Jacques .
A Grasse pour divers achats: la braderie couvrait tout. Le Monoprix est descendu un peu plus bas. Très grand. Devrait ruiner le petit commerce.
Cdf de JJ. S’informe de l’état de mes négociations avec Maréchal. Viendra à Paris vers le 24.

8 décembre 1970

Beau temps revenu, après une courte pluie. Soleil à Grasse, vieilles rues et antiquailles.
Lu toute la journée. Impossible de me décider à travailler.

9 décembre 1970

Assez beau le matin
Grasse: achats divers
Commencé à travailler sur « Mayday ».
18 h. Apéritif, arrangépar Bee Vanlaer, avec « Jackie », l’amie de Mémé Guérini (vue au procès à Paris). Elle voulait me voir. Parlé de Mémé qui se meurt à l’infirmerie de Fresnes. Jackie venue avec un cousin, un gros à lunettes, cuisinier ou factotum chez elle.

10 décembre 1970

Soleil
Partis pour Nice. RV avec Poggio. Arrivés par Cannes et la côte. Garés près de Masséna. Promené sur le bord de mer au soleil.
Déj. à la brasserie de l’Univers. A 14h, arrivée de Poggio. Parlé jusqu’à 16h30. Proposé le livre « Ce qu’ils croyaient » (pour Fayard).
Rentré de 5 à 6h: il faisait déjà nuit.
Lettre de Chateauneu – admirable.

12 décembre 1970

Saint Vallier (souvenirs! souvenirs!)
A 7 h à Auribeau (la vignette) soirée organisée par le marquis della Torre avec tous les gens de la Côte : des comtesses, marquises, vraies ou fausses… Le sous-préfet de Grasse (Ilari) avec sa fille à caser, Florence Gould, un ancien représentant du gouvernement polonais à Londres… Que des bougies, une crèche derrière le bar avec des animaux vrais et sans J.C., des buffets de légumes dans le style d’Arcimboldo.

13 décembre 1970

Gris et froid.
Déjeuner avec Caillaud, il « remonte la pente », dit-il. A pris un cabinet immobilier à Menton, avec l’aide de son beau-père.
Fini le Boulgakov ( le Maître et Marguerite).

14 décembre 1970

Gris encore- plus hivernal.
A Biot acheté des verres (pour offrir) puis Vence: apéritif chez Hilda Mattéi et elle nous emmène déj. à Antibes à « l’oursin » (huitres et poissons). De là à Cap 3000 le super magasin près de Nice (immense). Raccompagné H. Mattéi chez elle et jusqu’à Grasse au crépuscule.
Lu « la Faim » de K. Hansen.

16 décembre 1970

Beau.
A 7h à Pégomas avec Bee et Béi chez Lord Astor, sur 1 colline. Réception annuelle du vieux lord (your lordship) assis à l’entrée du salon. Une centaine de personnes dont Florence Gould (grosses lunettes), la princesse Poniatowski, Mme Churchill, 1 amiral etc…
Un Guardi dans l’antichambre , des Gainsborough- une maquette du chateau de Hever.

18 décembre 1970

Paris
Tél Maréchal (me rappellera demain ou après demain).
Reçu Michaud et Anna (passée juste à temps après les émeutes en Pologne) : son récit refusé par Grasset.
vu la fille de Rapinat, et sa petite fille.
Tél. Ancelot, chassé du P.L. pour avoir publié dans « Combat » un papier (le P.L. avait passé l’info sur un rapt, alors que la consigne, respectée par tous, était de se taire). lettre de congé dument signée par Bellenger.

21 décembre 1970

Journal. Divers envois (F.Gould: le livre KG- photos de Kessel à H. Mattéi etc…)
Tél. à Monloup. Félicité pour les décors du « Songe » .Ses parents y étaient, ils ont été un peu perdus me dit-il, par la pièce. Regretté pourtant qu’elle n’ait pas été plus chaotique.
A déjeuner, Sydney Smith : parlé des autres mondes. Son idée que nous sommes des « expériences » faites par des gens d’ailleurs (ce qui expliquerait les légendes, religions, etc…). Il pense aussi que les maos veulent tout détruire pour refaire un monde neuf (ce que je confirme et approuve). Il comprend cela, mais il a été programmé, dit-il, pour ne pas l’aimer.
Cdf de Maréchal.RV mardi.
Chez Karine qui part demain pour l’Autriche. Un chien, un fox chez elle. cadeau pour sa fille. Parlé de tout.

22 décembre 1970

Cdf à Toussaint (a rencontré Derogy à Metz: enchanté!) puis à Sabine .
Visite de P. Bodin qui part demain pour N.Y. Muni d’une lettre de PM pour l’aider un peu. Présenté à Serou, Benezra etc…)
Cdf de Jacqueline Diwo à propos d’un article de Cau sur le patriote Delon (qui remet un manuscrit de de Gaulle « à la France » !). Scandalisée. Pour moi, normal : le régime enfante ses Delon et ses Cau.

23 décembre 1970

Neige depuis le matin, qui fond tout de suite.
Carte de F. Charles du Kenya. P.S. « il faut tuer Cau ». (Sans rapport avec le papier d’hier qu’elle n’a pas lu.)
Debray : libéré ce matin en Bolivie.
Aprème: rue des Mourillons. Mes clés n’y sont pas. Le préposé, qui a la coupe de jeunes chanteurs de Music hall, se met en quatre.
Chez Bernard Saby. Il s’est remis au travail. Deux préoccupations : l’argent et le H. Abandonne le chinois qui ne se justifiait que par un désir d’activité av. de Versailles. Un Lillois lui a acheté une toile et des dessins. Inquiet : si sa grand-mère mourait (elle a 88 ans), sa mère vendrait l’appartement et le chasserait… Avec ses lunettes, l’air d’un étudiant. Pris une gouache (très petite, très plaisante).

24 décembre 1970

Très froid ce matin. Au dessous de zéro.
Chez Gatti à midi. Travaille sur Rosa. Déjeuner ensemble chez Luneau, rue de Lyon : choucroute, quiche, bière. Notre Noël. Parlé de la pièce 3,14.

28 décembre 1970

Neige toute la journée, très fine, mais persistante.
Maréchal se dédit pour demain. Remis à février.
condamnation des 6 mationalistes basques (à mort) après celle des 2 juifs de léningrad. le pire: procès public (en partie) à burgos, à huis clos à Léningrad.
travaillé: revu et augmenté « la Seine ».

29 décembre 1970

Journal l’aprème. Buffets de fin d’année, parcourus au pas de gymnastique par J.Prouvost suivi de ses courtisans, féaux et de sa parentèle ( Contades, Papeloux, le vendeur de papier etc…) Me fait signe. Chato vient me chercher, parle du papier paru dans PM today (Albertine Sarrazin). Bu du gin au buffet campagnard du 5éme – beaucoup… Dactylographie de « La Seine » par Simone.

30 décembre 1970

Allé bd de la Bastille à 3 h. Dante recevait un étudiant portugais de couleur. Parlé d’Angela Davis (lui envoie des heures plus tard la docu du journal), de Maréchal – 3,1416.(il parait qu’il songerait maintenant à une pièce du mufti!) Travaille toujours sur Rosa, mais c’est Angela Davis qui « canalise » toute son attention. R.V. lundi pour voir une Mme Dubou qui aurait de l’argent.
Cdf de Chato. Il a écrit à Podgorny, président du présidium de l’URSS pour solliciter la grâce des deux condamnés à mort de Leningrad. Lettre de Penent : il me qualifie « d’inclassable ». Les 6 de Burgos graciés par Franco.