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1981

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’état civil.
Né en 1922 À Hayange en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot » chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total ».
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

Choisissez une année 

3 janvier 1981

Dépouillé documentation sur Thomas et Sabathier – et « la Marchandise ». Retrouvé dans le microfilm des archives d’Alexandrie le texte K.G. qui intéresse Poliakov (il a fallu bricoler le vieux passe-vues, me faire prêter par le photographe du coin un objectif adéquat, etc.). À déjeuner Custine, Valérie Lombroso. Parlé du « Lac » (Sabathier – Harlan) et de la marchandise (voudrait que j’en fasse une pièce).

5 janvier 1981

2e lecture de l’Oratorio de Sabathier (après presque 25 ans). Cdf à Gatti pour déjeuner. Attend André Wilms. On se verra peut-être demain.
Vu Penent, à la Ferro (bien vide), et de là il m’emmène à « Réussites », le journal de Bouvard, av. Marceau. Fond de cour, escalier pisseux, etc. Vu F. Bourdevaire, dont G. Bonheur, cruel, disait : « Il a été mongolien dans sa jeunesse » et « Dans Bourdevaire, il y a bourde ».

8 janvier 1981

J.L. Pays venu à 2 h monter la bibliothèque du grenier. Planches et outils. Fini vers 8 h. 1 000 F.

10 janvier 1981

10 h 30 visite de Poliakov. Remis le film des archives américaines où il espère trouver la doc Gerstein qui l’intéresse.
0 21 h cdf de Cl. Lanzmann (pour fournir à un libraire de Metz un renseignement). Parle de son film : 200 Km. Sera fini en été ou à l’automne. Me dit qu’il me connaît depuis toujours par Gatti. « Que devient-il, Gatti ? »

12 janvier 1981

Midi : chez Gatti. Il gèle. Entouré d’un édredon et protégé dorsalement par un appareil à butane, malheureusement vide. Parlé du « Lac » puis de ses projets. Le film irlandais va bien . Je ferai le journal avec Séonnet (mai-juillet). Véro, Stéphane, Gus, Jean-Pierre, les Dardenne, Moreau musique, décors Riate de Strasbourg (à défaut de Manessier, malade) plus John, Wilms, et peut-être Blech, acteurs. Toujours furieux contre Ramsay, l’imbécile. Attend qu’on lui verse ses droits sur l’Isle-d’Abeau : la SACD renâcle. Indigné par le chantage des Brigades rouges ; il l’était déjà à Pianceretto, en opposition avec Séonnet qui approuve, y voit la lutte des classes (le juge d’Urso sera tué si les ne sont pas publiés ; la presse italienne refuse de les publier dans son ensemble). Neige en sortant.

14 janvier 1981

« Elle » : rewrité papier sur les « nouveaux pères ». (Jacqueline Dana.)
Train de nuit pour Gap. 9 h 10.

15 janvier 1981

Gap 6 h 40, sous la neige. Car de Barcelonnette 7 h. 2 h.

17 janvier 1981

Car, train 20 h 55.

19 janvier 1981

« Parents ». Passé à « Elle ». Il y a eu une réunion de présentation de Matra et Filipacchi aux journaux Hachette (Éliane Victor, Coral…).
Téléphoné à J.F. Bizot (Actuel) après avoir écarté une secrétaire filtreuse. « Mais je vous connais », a-t-il dit… RV

20 janvier 1981

« Elle » trouvé F. Gilles qui promet des papiers pour Joëlle Hocquard.
15 h avec Joëlle à l’hôpital Vaugirard. J.-P. Duret. Impression terrible : une canule dans le nez (oxygène), une perfusion, très maigre, pâle, les traits tirés, la respiration difficile, de la peine à parler, à sourire. Restés ½ heure. Septicémie ? Tuberculose ?
Ramsay : vu Sabine (pour le livre d’Hélène sur Makhno : refus prévisible). De là, docu PM. Noté docu enfant-bulle (pour le Lac). De là, av. Hoche, film de Thorn, musique de Moreau, qui était là avec sa femme, sa belle-mère et Gussmann (connu à la Cour des miracles), sur la grève d’Alsthom l’an dernier. Bon. Très actuel. Passionnant.
Les 520 otages libérés.

21 janvier 1981

« Elle ». 2 papiers : sur Mme Rozès, qui m’a naguère condamné à 5 000 F d’amende (XVIIe chambre) et les plateformes de la mer du Nord. Cdf de Biot me demandant, de la part de Coral, d’aller interviewer Peyrefitte, garde des sceaux, sur la jeunesse et la justice. Refus catégorique.

22 janvier 1981

Écrit à Th. Harlan (à propos de Sabathier). Cdf de Poliakov : il a trouvé ce qu’il cherchait dans mon microfilm (sur K.G. Archives d’Alessandria).
14 h chez Gatti. Parlé du journal avec Séonnet et Dante qui nous sort une maquette toute faite. Plus tard, André Wilms. Tous les trois à l’hôpital pour voir J.P. Duret.

23 janvier 1981

17 h rue Réaumur. Rendez-vous avec Bizot (Actuel) flanqué de Patrick Rambaud. ½ h autour du Dalaï Lama. C’est presque fait. Recherche de « l’angle » : la guerre spirituelle du Tibet contre la Chine, etc. Dans 8 jours.
De là chez Georges. (Georges préparait de l’absinthe – 2 l – M’en donne la recette.)

25 janvier 1981

10 h Séonnet et Raphaël Gattegno, le graphiste de Lyon (pour la BD du film). Discussion sur le journal, format, pages, BD. Cdf de JJ et cdf à Dante. Gattegno fera une maquette.

28 janvier 1981

« Elle ». La direction fantôme est nommée : F. Ténot – Thérond – Pommereau. (actuel administrateur). É. Victor restera peut-être. Travaillé : femmes de cadres.

30 janvier 1981

« Elle » remis papier à taper. Déjeuner rue Christine Photogalerie. Puis « Elle » où l’on parle de l’arrivée prochaine de Thérond, Regniez et vu Coral pour Sabathier.
À dîner les Pottecher, les Fontaine, les Joubert.

31 janvier 1981

Travaillé au « Lac ». Recherches dans mes archives, écrits, etc.

2 février 1981

Visite de V. Lombroso et de T. Crofts qui repart pour Londres, après un séjour à Paris. Parlé de Tonton Couteau, dans quelques mois à Oxford.
18 h cdf à « Actuel ». Bizot : c’est non, et ça l’embête. L’Asie mystique, c’est dur à contrôler pour nous. Nos préoccupations vont plutôt vers la France maintenant (élections). Le portrait du D.L. ne suffit pas. M’oriente vers l’Express ou Géo.

3 février 1981

Cdf à Braudeau pour savoir si l’Express marcherait. Possible. M’oriente sur Jelen qui va tout de suite voir si Todd marchera (« Je crois que vous n’étiez pas très bien avec lui »). J. me rappelle une heure plus tard : O. Todd veut me voir. Cdf à 16 h : « Salut ! Tu sais, je ne mélange pas les genres. Tu as écrit un bouquin génial, tu ne me l’as pas envoyé, mais cela ne m’empêche pas de penser que tu étais un foutu collaborateur ! ». R.V. demain.
Cdf de Chateauneu pendant que j’écoutais à Radioscopie (Inter) le Docteur Hourtelle. Château, charmé par la nomination de Lustiger.

4 février 1981

Cdf de Poliakov. Après plus de dix ans, il vient de lire mon « Gerstein » : C’est positivement admirable… la qualité littéraire et la richesse de la documentation ! »
« Elle » : refait avec I. de Saint Pierre son papier sur l’homosexualité féminine. Indiqué à Baillancourt comment enrichir son papier (critiqué encore par É. Victor) sur la coiffure.
17 h Express : Todd souriant, absolument décidé à accepter mon projet indien. Jelen arrive, puis Huguette Debaisieux. Accord. Vu ensuite Jelen pour arriver à régler l’histoire du billet – qui doit devenir 3. Huguette : que je fasse des papiers « société ».

6 février 1981

Banque (travellers et dollars). Accord avec Jelen pour l’avion après conversation avec Ariane et F. Joubert. Nouvelles Frontières pour les billets (10 000 F). 19 h cdf à Dante, déjà au courant : « Pense à l’interview de Bouddha ».

9 février 1981

Ambassade d’Inde. « Express ». Vu Jelen. Papiers à signer, chèque 10 000 F en préparation. Rencontré Derogy, Rinaldi et Braudeau. 13 h 30 déjeuner « Chez Lescure » avec Anne et Mathus, journaliste indien (de cinéma surtout), qui me remplit mon carnet d’adresses utiles à Delhi, Calcutta, Bombay, etc.
16 h Ramsay. Apporté à Orsenna le manuscrit de Davidson, ne me cache pas que ce sera non (des nouvelles !).

10 février 1981

10 h ambassade. Visas prêts à 15 h. « Elle », « Parents » : cueilli au vol par Coral qui veut le 2e papier de la justice et une modification du chapeau « Religions » avant mon départ. 13 h Express. Déjeuner avec Braudeau qui va à Lima (et y commencera son roman). 15 h « Elle ». Annoncé mon départ à Françoise Gilles qui ne s’en émeut pas et me félicite. 19 h 45 Cdf de Gattegno, le graphiste à propos de la maquette du journal irlandais (qu’il enverra à JJ Hocquard).

11 février 1981

Reçu chèque Express. Pas pu obtenir les visas népalais avant le départ. On les prendra à Venise. Cdf de Desmaisons : son projet « Yéti » prend corps avec l’aide de la TV américaine. Me demande de considérer mon voyage comme exploratoire (du point de vue de ladite TV – si elle me questionnait).

12 février 1981

Acheté chapeau de toile, des dollars et de la pellicule. 18 h cherché les billets à N.F.

15 février 1981

Travaillé sur mes textes tibétains – pour l’interview de SS le Dalaï Lama.

17 février 1981

2 h arrivée Delhi. 3 h pour en sortir. Hôtel Ranyit – un palace pour Delhi, mais un peu mangé aux mites, écaillé, un ventilo au plafond. Sécheresse, chaleur, poussière. Petit-déjeuner et taxis scooter : des courses. Rentrés fatigués. Dîner au restau. Couchés 9 h.

18 février 1981

Train pour Pathankot 8 h 55 – départ 10 h.

19 février 1981

Car pour Dharemsala. Hôtel Koko Nor – pas d’o chaude – (colère consécutive d’une partie de la famille). Allé chez Glenn H. Mullein. A reçu lettre et télégramme. Rencontré le moine Bruno François qui servira peut-être d’interprète avec Glenn.

20 février 1981

Déjeuner avec Ariane. Loué à hôtel avec eau chaude. Visite du moine suisse qui doit servir d’interprète. Lu les textes d’interviews du DL fournis par Glenn. Revu vers 18 h Glenn et Bruno, qui va aller à Bangalore. Nous irons avec lui plutôt que d’aller d’abord à Calcutta.

21 février 1981

Rêvé. J’avais vu D.G., Bernard et le Petrus, nous quatre retrouvés dans un concert où jouait un gus, vieil homme chauve à petites lunettes qui disait : « Plus fort ! Plus fort ! ». « C’est Bach », me dit Boulez.
13 h 30 au temple sur la colline près du Potala II : enseignement du Dalaï Lama devant une foule de 4 ou 500 personnes jusqu’à 16 h 45 (prières). Conversation avec Glenn, le matin avec le moine suisse. Glenn : l’entretien aura lieu peut-être mercredi 25.

22 février 1981

Avec A., mise au point des questions. Visite du cimetière anglais. L’aprèms, en car à Dharemsala. Rencontre de Glenn et du père (américain) d’un moine chez lui, lecture des questions.
Dîner chez Glenn avec sa femme, qui attend d’un moment à l’autre, son 3e enfant.

23 février 1981

9 h 30 descendu à Kotwah bazar avec A. Office d’information. De là, chez Glenn qu’on remonte avec un moine anglais. Aprèms, travail de traduction d’A. Pendant ce boulot, à l’hôtel, visite du moine suisse et de Glenn. Rencontré Bruno un peu triste de ne pas assister à la rencontre avec le DL (Glenn et Ariane traductrice).

24 février 1981

Arrivée du Suisse. Ensemble, dans la nuit, au temple. Grande cérémonie de longue vie. La liesse populaire, la grande foule. Fini 11 h 30. Révisé les questions. À 16 h avec le car, chez Glenn. Lecture et mise en anglais des 50 à 60 questions subsistantes. Remonté avec sa machine à écrire. Tapé les questions de 9 h à minuit. Interrompus par une panne de courant, un gros orage, foudre et tonnerre.

25 février 1981

Levé 6 h 30. Toujours pas d’électricité. À 9 h, chez la doctoresse tibétaine Lobsang. Assisté à ses visites. Demandé une consultation : tout vient des reins (mon tour de cou, mon rhumatisme dans la jambe droite) : pilules à croquer 3 fois par jour.
Déjeuner avec Glenn qui apporte son magnétophone et un appareil photo. À 2 h, au Potala. Fouille. Introduits auprès du frère du D.L. Attente. Réception. Interview 2 h. Pas pu tout dire. Lee traducteur était le Suisse, du français en tibétain et inversement. Le frère du DL assistait. Nous tend les écharpes.
Dîner avec les deux moines, le Suisse, Georges Dreyfus. On parle du judaïsme.

26 février 1981

Préparé les questions non posées, avec réponses écrites par le DL. Donnerai cela à Glenn et Georges le Suisse. 10 h avec lui à la poterne du palais. Arrive agité : SS va à Delhi. R.V. à 16 h pour voir les films faits au Tibet par la 1ère délégation. L’aprèms chez Glenn dont la femme a enfin accouché – à l’hôpital norvégien – d’une petite fille. Bibliothèque pour voir les films. Plus de 2 h avec un vieux projecteur qui doit dater du Potala il y a 30 ou 40 ans.

27 février 1981

Visite des deux moines Bruno et Georges. (Complément d’interview demandé à Georges.) Les 2 moines viennent prendre leur douche dans la chambre (eau chaude !). Avec A., traduit le texte du DL pour le 22e anniversaire du soulèvement tibétain. 11 h 30 train pour Delhi.

1er mars 1981

Levé à la voix du muezzin. À la gare de Delhi. Train de Bangalore 7 h 53. Compartiment air conditionné. Retrouvé Bruno. Déjeuner servi à la place. Il y a 2 500 Km à faire.

2 mars 1981

La journée à déambuler dans les wagons, à descendre sur les quais parmi les marchands, à manger, boire, lire, bavarder avec les Indiens en voyage. L’un d’eux me fait les lignes de la main : je vivrai très vieux et j’aurai un prix, un « award ».
Retard de plus en plus grand. 3 h. Tout le monde en a assez dans notre petit groupe. 23 h Bangalore. Hôtel indien près de la gare. Eau froide, petits insectes. Agitation : un vol vient d’être commis.

3 mars 1981

Bus pour Mysore. Visite de la ville (très belle et pas plus chaude que Nice à la mi-août). Taxi pour Kushahagar (100 Km).

4 mars 1981

Parcouru le pays à scooter, puis voiture tibétaine : monastère, villages, école. Des bouddhas par milliers. Déjeuner au monastère de Sera.

5 mars 1981

Taxi pour Sera. Vu le petit réincarné. Don de raisins et d’écharpe. Puis Hunsur. Divers monastères. Cérémonie tibétaine : troupes, clochettes, flûtes, tambour avec un manche recourbé et une boule, cymbales. Retour à Hansur. Nous attendons au « Forest Office » une jeep qui doit nous amener dans la jungle. Elle arrive. 40 Km. Arrivée dans le « sanctuary » où se trouvent une famille allemande de Hambourg et un couple d’Indiens. Promenade à éléphants. Et au crépuscule, jeep. Vu bisons, éléphants, etc. Disposé d’un bungalow pour la nuit. Dîné avec les inspecteurs des Eaux et forêts.

7 mars 1981

Décidé d’annuler Goa et Bombay – de filer sur Calcutta (par Madras). De là Bénarès, Népal et Delhi.

8 mars 1981

Pris les billets pour Madras et Calcutta.

9 mars 1981

Courses en ville : poste, photocopies, pain, cartes postales. Train pour Madras à 13 h 30. Madras 19 h 30. Hôtel Madras International.

10 mars 1981

Train Calcutta 8 h 15. Pas de couchettes. Très chaud, poussiéreux, interminable.

11 mars 1981

Calcutta 10 h 45. Hôtel Carlton. Allé seul au cimetière anglais.

12 mars 1981

Banque puis consulat du Népal. Visas demain. Cherché un Français à qui le journaliste indien à Paris m’a recommandé. Pas trouvé.

13 mars 1981

À la recherche de Roberge. On le trouve ! Un jésuite cinéaste. Longue conversation Calcutta : l’Inde de mère Térésa.
Pris passeports visés, puis temple de Kali à Alipore. Agitation forcenée. Visite du musée indien (un bric à brac poussiéreux). Cdf à l’Alliance française. R.V. à 17 h. Rencontré le prof de français. Dîné ensemble. Nous amène chez lui où on boit et discute avec ses amis, le vice-consul Demarchis et un jeune postier engagé pour trois mois dans l’œuvre de mère Térésa. Orage sur Calcutta.

14 mars 1981

Train 9 h 55 pour Gaya. La même cohue que d’habitude. Une heure de retard. À la nuit à Gaya. Échoué dans un hôtel indien.

15 mars 1981

À Boddhagaya en scooter, retour par un car bondé et des plus « odorant ». Le temple de Mahaboddhi, l’arbre, le musée. Retour à Gaya par le car. Pris le thé chez une Indienne, femme de médecin rencontrée dans le train.

16 mars 1981

Attendu 4 heures le train de Bénarès. Hôtel Farran. Promenade en rickshaw.

17 mars 1981

La barque sur le Gange le long des Ghâts. Le bazar, les temples. Vers 4 h, visite à un journaliste. Dans son bureau. Nous envoie en scooter visiter l’université.

18 mars 1981

Train de 13 h pour Delhi.

19 mars 1981

Arrivée 9 h (1 h 30 de retard). Hôtel Alka. Pas de place dans l’avion du 24. Seulement le 31. Essayé par l’ambassade de France (M. Morel, attaché de presse) d’en avoir. Peu fructueux. Invités à dîner. Voyage Népal aboli : manque de roupies.

20 mars 1981

Train pour Agra 7 h. 11 h Taj Mahal. Dans l’herbe toute la journée jusqu’à 5 h. Puis gare, thé, train.

21 mars 1981

Dîner chez les Morel.

23 mars 1981

Aprèms au cinéma. Film Hindi. Intéressant – mais il nous en échappe les ¾.

24 mars 1981

Levé 2 h 30. Aéroport à 4 h. Attendu. À 6 h, trouvé 2 places. Envol à 7 h 30. Voyage sans histoire. Paris 18 h. Un paquet de lettres – dont les dernières réponses du DL envoyées par le Suisse (G. Dreyfus).

26 mars 1981

Écouté l’enregistrement du DL et noté. À 15 h chez l’avocat Karman. J’y revois Von Otter, le diplomate suédois qui avait rencontré Gerstein en 1942. Jouanneau et Lévi présents. Cdf de Peter Kunze (à Paris). Me dit que Dante est en Irlande.

27 mars 1981

Cassette notée. À 13 h Palais – XVIIe, le Baron, les avocats, Vidal-Naquet. Répartition des affaires. Quelques affaires plaidées dont celle du seul captif, un loulou de 25 ans qui a insulté « par gestes » un des représentants de la force publique (blouson de plastique rouge). Et Madeleine Jacob, fantôme du Palais au manteau de fourrure, cassée, douloureuse, errant de porte en porte (n’ayant plus de conversation qu’avec les gardes républicains). Vers 5 h, le débat de procédure : Faut-il ou non remettre ? L’avocat de F. : il faut, c’est technique, il y a trop de pièces. Jouanneau : il faut plaider. Les témoins, surtout Von Otter, sont là. À 18 h la cour se retire.

28 mars 1981

Fini l’écoute des cassettes – et la restitution des textes. Cdf de Sapiéga : part en Irlande le 10 avril. Une place pour moi.

29 mars 1981

Rédigé les 2/3 de l’interview.

30 mars 1981

Terminé l’interview. 15 h « Parents ». « Elle ». Visite à Éliane Victor qui s’en va. Mangé un sandwich et bu un café sur son bureau. Très calme, détendue. « Ils font un autre journal, très PM, voyez… C’est très bien, mais c’est un autre journal. Peut-être aurais-je dû être plus audacieuse, ne pas tenir compte de ceci et de cela ». F. Gilles rédactrice en chef à nouveau.

1er avril 1981

« Elle » pour la journée. Vu Pommereau pour ma situation. En parlera à Th. de ma demande : passer des droits d’auteur à piges.
Parents. Vu Coral, complètement déboussolé, bouleversé par le scandale : faux reportage sur la violence au lycée (dans « Parents »). Le même genre de papier bidon que celui des néo-nazis à PM.

3 avril 1981

16 h visite de Pays. Projet télé et correction de son papier sur Napo (pour Sanchez).
Cdf de Joëlle : les Belges refusent de payer. Le film compromis.

7 avril 1981

Express 10 h 30. Vu Jelen. Lira le papier dans la journée. M’en parlera cet aprèms. Ramsay. Racheté par Gaumont, me disent Sabine, Orsenna. Cdf dans l’aprèms de Jelen : T.B. O. Todd satisfait. Raccourci un peu. Ça passera le 12 mai. On me paiera plus.

9 avril 1981

Travailloté à « Confins de l’éternité ».

10 avril 1981

Cdf à Todd. « Excellent, ton papier ». À déjeuner Peter Kunze (à Paris pour se recycler en français). Ensuite, avec lui à l’Express et à Parents.

11 avril 1981

Visite de Valérie Lombroso (une pièce à Montreuil : Jacques le Fataliste).

13 avril 1981

10 h Isabelle Baillancourt : revu son papier sur les élections VGE 81-88.

17 avril 1981

Lettre de F. Lescure, conservateur du département de la musique à la B.N. : me demande des docu sur la jeunesse de Boulez pour une expo au Festival d’Automne.

19 avril 1981

Lecture de Lagerlöf (Nils Olgersson).
18 h 30 France Culture. J’écoute distraitement. Et soudain « Neuvième d’Anvers » d’André Frédérique. Stupeur amusée : c’est de moi. Un petit texte écrit il y a au moins trente ans – et disparu dans les oubliettes d’un journal de l’époque auquel je l’avais envoyé (Samedi Soir ?).

20 avril 1981

Déjeuner avec Peter Kunze à l’Alsace après avoir vu au St-André-des-Arts « Nick’s Movie », Wenders. Bon film – assez proche de mes préoccupations pour le moment.

22 avril 1981

9 h 30 « Elle » – toute la journée. Vu Thérond et Gianoli.

23 avril 1981

10 h 30 Express. Vu Todd, Jelen, Braudeau, Debaisieux et J.-F. Held, Jacqueline Rémy, Rinaldi et quelques autres.
Dîner chez Griset : les Hocquard, la sœur de Griset, un ami Thierry X.

24 avril 1981

Fait notes de frais Express (12 730 avec l’avion).

25 avril 1981

Fait le chapeau du papier Express. Écrit à Boulez. Visite de J.-C. Vernier, ami de Diatto (projet de lectures-spectacles dans le XIVe déjà en train).

26 avril 1981

8 h 30 voté pour Mitterrand (pour qu’il soit second, devant Chirac). Ne voterai pas au second tour. 20 h Mitterrand en 2e position.

27 avril 1981

Express l’aprèms. Apporté notes de frais, corrections, vu les photos.

28 avril 1981

10 h 30 chez I. Hombostel, à propos de la nouvelle « Frédérique ». Très étonné. Me donne le nom de Michel Laclos qui, un an après la mort de Frédérique, razziait les manuscrits.

29 avril 1981

« Elle ». 11 h Stéphane. Lui prête pour aller à Derry (et laisser de quoi à la famille)
7 000 F.

30 avril 1981

15 h visite de René Desmaisons. Rédigé, à l’intention de la TV américaine un « projet et programme de recherche du Yéti ».

1 mai 1981

16 h visite de Kravetz – qui quitte Libé (lequel reparaît le 13 avec July, Bouguereau, Blandine Jeanson). Cherche du travail, a besoin immédiatement de gagner du fric. Pressenti par Todd (Express) : lui offre mon idée de reportage sur la reine des Dacoïts (Inde). Excité, mais craint de me léser. Libé : K. espérait un autre journal, ils referont Libé – d’où la démission.

2 mai 1981

10 h J.-L. Pays à la maison. Choix de papiers qu’il a faits pour candidature à un stage de secrétariat de rédaction. 15 h 30 cdf de Kravetz : « Actuel » a passé une page sur la reine des Dacoïts.

4 mai 1981

Express. Déjeuner avec Huguette Debaisieux et Pierre Lary. Ensuite, Maison des sciences de l’homme, bd Raspail (ancien Cherche-Midi : Kurt Gerstein…) pour consulter le dico des cartes de l’Inde du Nord, 4 volumes.

5 mai 1981

Bobby Sands est mort (après 66 jours de grève de la faim).
Les trois chaînes de télé occupées de 8 h 30 à 10 h 30 par un face à face Giscard-Mitterrand. Sans intérêt. À peine regardé.

6 mai 1981

« Elle » : F. Gilles m’offre un café ! Le cercle se resserre, dit-elle. Tu vas être mis en question. Le rewriting, dans l’état actuel, ne leur paraît plus justifié. À toi de proposer quelque chose.

7 mai 1981

« Elle » vu Thérond. Exposé le problème : le rewriter n’a plus de travail. Verra avec Paul (Giannoli). « Ce serait idiot de ne pas t’utiliser. »Parle de PM : « Nous sommes tous les héritiers de Prouvost et de Lazareff… J’ai eu ça (« Elle ») par le capital (rire)… Mais PM, ça c’est autre chose… Le remonter après Mauge !… Ce qu’il n’a pas compris, c’était qu’il ne fallait pas écouter JP à la lettre, mais transformer, interpréter ses directives… ». Parle de Cau et de Caradec, venu de Libé : équilibrer.
Pense que les abonnés sont un poids pour un journal : ils finissent par coûter cher (en cas de numéro double, en cas d’augmentation, etc.). On doit déjeuner un de ces jours. Barbu gris, la peau un peu parcheminée mais l’air plutôt plus humain que naguère.

8 mai 1981

Express : corrigé les épreuves, fait les légendes (avec Norbert Regina).
Vers 6 h 30 rue Custine, visite de Philippe, un ami de Jacqueline Inizan – aspirant écrivain, déjà rencontré deux ou trois fois. Décidé cette fois. Une histoire complète. 100 pages écrites. Il me montrera ça dans un mois.

10 mai 1981

Travaillé (croquis de Calcutta).
7 h 30 cdf de Braudeau : c’est Mitterrand ! 52 %. 8 h confirmé par la télé – à peu près. 20 h 30 coups de klaxons joyeux dans la rue Custine jusqu’à minuit. Drapeaux rouges, petits groupes allant à la Bastille. Orage après minuit – retentissant. Les contents : Brodo, les Grassier, les Hocquard.

11 mai 1981

Commencé Calcutta. Cdf d’amis contents d’hier. Croizard, Riquier, Joëlle.

12 mai 1981

L’article Dalaï ne paraît pas aujourd’hui comme je le croyais – mais samedi, me dit Jelen. À déjeuner Sandra. Lui rends le manuscrit refusé par Ramsay. Va s’adresser à son agent littéraire, à B. Clavel et à Diane de Margerie (traductrice de W. James).
2e mort de grève de la faim à Belfast.

13 mai 1981

Ramsay : la maison me propose une signature au salon du livre (Grand Palais) du 23 au 27. Refusé.
Attentat contre le pape. Crise à l’Express : départ de Todd, Revel, Max Gallo.
Libé reparaît.

14 mai 1981

Cdf de Brodo sur ce qui se passe à l’Express. Se demande quoi faire. « Ton papier risque d’être un des derniers de l’Express. »

15 mai 1981

10 h 30 l’Express (pris le numéro de demain et les photos). Vu Jelen – qui s’en va comme homme lige de Todd – et Braudeau qui veut « Si je ne m’en vais pas, mes copains me cracheraient dessus ».

16 mai 1981

Aprèms : Joëlle (pour un papier destiné à F. Gilles).

17 mai 1981

Cdf de Libé : en tant qu’homme de gauche, veulent m’interviewer sur mon sentiment après la victoire. Refus.

19 mai 1981

Lettre de Michel Laclos, à propos de « Naissance d’un vers », reconnaissant l’erreur, mais ne sachant que faire. « C’est trop tard. » Travaillé Calcutta.

20 mai 1981

Éloge du papier « Dalaï lama » : Kravetz, Braudeau, Cl. Ecuyer, Isa Baillancourt et même Heiner, trouvé à « Parents » en train d’écrire quelque chose pour Coral. Et P. Arnaud.

21 mai 1981

Regardé la télé entre 9 h 30 et 11 h, la prise de pouvoir de Mitterrand. Seul moment émouvant pour moi : Mitterrand serrant la main, puis le bras, puis le buste du vieil homme – qui pleure peut-être ? Vu à la télé dans la soirée, avant de faire le papier tennis, Mitterrand au panthéon. Jusqu’ici pas de faute.
Un 3e mort (faim) en Ulster. Un homme condamné à mort en France. Mitterrand graciera.

22 mai 1981

4e mort en Ulster. Un autre condamné à mort. Les vieux chattemites du Parquet font de la provocation.

25 mai 1981

Cdf de Jacky Moreau. Besoin d’un prêt. Envoyé 2 000 F.

26 mai 1981

Lettre d’un Tibétain, content du papier et qui veut me voir.

27 mai 1981

« Elle ». Riquier me dit que Jacqueline Michel, femme de Diwo est morte cette nuit (arrêt du cœur). Giannoli et F. Gilles : P. Domingues a été furieux de son papier refait… Gardons-nous de donner du talent à des gens comme lui !

29 mai 1981

13 h 30 Palais. Poliakoff-Faurisson. Pas entendu son discours, j’étais dans le box des témoins avec Von Otter, Vidal-Naquet, les deux Hollandais. Madeleine Jacob encore là, spectre agité. Déposé 20 minutes. Interrogé par Korman et Jouanneau. Fini à 21 h 15. Jugement le 27-6.
F. cheveux gris – l’air exact de ce qu’il est : une ordure intellectuelle.

30 mai 1981

Cdf de Braudeau. Doit-il quitter sa rubrique littéraire pour les grands reportages ? Oui. Parle de reportages possibles.

1er juin 1981

Calcutta : reprise.

2 juin 1981

15 h 30 : Père La Chaise. Le crématoire. Jacqueline Michel. Revu J. de Coquet, Joseph Barsolon, G. Papeloux, Sallebert, etc. Beaucoup de monde. « Parents » ensuite. La pluie. Fatigue.

3 juin 1981

« Elle ». Rien fait. 16 h 30 : table ronde sectes.

4 juin 1981

Déjeuner avec Michel Laclos et sa femme à la pizza Custine. Curieusement, il était du bd Pereire (J. Verroist, Gatti, Helman, dit-il). Ma figure « lui disait quelque chose » ! Me fera parvenir les droits de la nouvelle et imprimera dans une revue de Chabrun le « Masque de fer ».

5 juin 1981

Lettre du S. du Dalaï lama. Ont lu l’article. Remercient.

7 juin 1981

Lu les poèmes de Malcolm Lowry. Travaillé le « Masque de fer ».

8 juin 1981

Passé chez Pottecher, pour une signature de son livre (M. Joubert). On va déjeuner ensemble à la Belle époque, rue Caulaincourt.

9 juin 1981

Tapé lettre au Régis Debray, conseiller de l’Élysée, au sujet du Dalaï lama.

10 juin 1981

« Elle ». Pas de papier à voir. Essayé de téléphoner à Bizot (Actuel) pour le papier Calcutta. Pas eu.
22 h J. Moreau a téléphoné en Irlande. A eu Dante. Son voyage n’est pas souhaité pour le moment. « Il a été à la fois fraternel et dur. » Un peu désarçonné. Problèmes en Irlande : plus d’argent, techniciens pro partis, menaces de grève…

11 juin 1981

13 h rue Saulnier. Tricontinentale. Sapiéga, Jacky Sappart, Carole, amie de Hélène.
On part avec du matériel et de l’argent. 17 h Le Havre. Embarquement sur le St Kilian. Mer plate. La soir, au salon, musique avec un animateur éméché.

12 juin 1981

Cabine à 4. Arrivée Rosslave 14 h. La route de Dublin, puis Derry à 20 h 30. Gatti, Hélène, les Dardenne, Gus, Séonnet, Stéphane, Clarisse. Couché chez Colm.

13 juin 1981

Colm me mène au cimetière. Toute la journée jusqu’à 17 h 30 devant le monument de Cuchulain – une troupe de cornemuses – les acteurs John, Desmond, Paddy.
Déjeuner au workshop. Évasion à Belfast de 8 IRA.
Les rushes de la semaine précédente très beaux. Gatti : « J’ai pensé à Adèle – pour la mère d’un prisonnier, vendeuse de chemises ». Rentré minuit chez Colm.

14 juin 1981

Conduit par Colm à la grande maison. Vu tout le monde. Joseph me conduit à Dublin. Avion à 17 h. Le chauffeur de taxi à 20 h : « La gauche a 55 % ! ».

16 juin 1981

Travaillé. Tapé. 16 h Express. Braudeau : trouve Calcutta, que je lui ai donné à lire, très bon. S’en fait une photocopie. Me conseille « Actuel » puis Jelen (à qui je remets une copie).
De là, chez Danielle qui garde Joachim rue de la Roquette. Remis le tweed et les lettres de Clarisse. Annelore et son copain. Puis, Helman, vieilli, certes, mais toujours identique (le rire saccadé, la mâchoire chevaline).

17 juin 1981

« Elle ». F. Gilles m’avertit qu’on (Giannoli) veut réviser mon statut : 5 000 F + des piges au-dessous du tarif normal ! Vu à « Parents » Diwo. A eu un incident avec l’administrateur (Permendou) qui voulait le voir quitter son bureau, deux ans avant le terme prévu. Il lui a envoyé un plumier à la tête.

18 juin 1981

Montparnasse : vu J. Duizan et plus tard son copain Servâ, musicien. Dîner et mescal (pour la 1ère fois depuis Bernard).

19 juin 1981

Cdf à Jelen : il aime beaucoup Calcutta, mais craint que la forme (les slogans, le numérotage) ne soient pas très Express. Suggère aussi de couper. Lui demande de me le renvoyer. Lui aussi pense à « Actuel ».
Cdf à Kravetz – désabusé. Ne croit plus pouvoir revenir à Libé (mauvais et qui coulera). Fait des piges ça et là, pour le Progrès. Pense à un journal qui se ferait. « Tu n’as pas envie de refaire du journalisme actif ? ». Oui.
Regardé vers 14 h le départ de la fusée Ariane à Kourou. Toujours prenant.

20 juin 1981

Terminé de taper « Le Marquis jaune ». À 15 h visite de Jeanne Grusen. Discuté avec Ariane et elle d’une brochure destinée à d’éventuels donateurs tibétophiles.
TV le soir : très, très belle émission sur Bartok.

21 juin 1981

Ai voté. Majorité absolue pour les socialistes seuls.

22 juin 1981

Cdf de « Elle » : un papier urgent sur les enfants prostitués de Manille. M’envoie la docu. Fait dans la soirée.

23 juin 1981

« Elle ». Plus question, me dit F. Gilles, de couper mon salaire. Au contraire, on a des projets sur moi. Thérond ? Non, dit F. Gilles, sûrement pas.

24 juin 1981

« Elle ». Déjeuner avec Kravetz aux Sablons. Projet de journal à faire.

26 juin 1981

À 21 h Montreuil, maison populaire. Générale de « Jacques le Fataliste », montée par Valérie Lombroso (Pays : le Maître, Dumas : Jacques). Début trébuchant, puis ça va. Débat : une voyante, sur le fatalisme. Idiot. Souper avec la troupe dans un restau espagnol (« la Ruée vers l’Or »). Rentré 4 h du matin.

27 juin 1981

Fait papier sur des « marines » américaines (femmes).
Cdf à Bizot. Je tombe sur Van Eersel (recommandé par Kravetz).

28 juin 1981

Pluie. 10° au lever. On ne parle partout que du temps, des températures jamais vues en juin depuis 108 ans.

29 juin 1981

Impossible d’avoir Van Eersel au téléphone (Actuel). Cdf de V. Eersel vers 9 h 30.

30 juin 1981

À 11 h 30 à Actuel. Un verre au café en bas avec V. Eersel – garçon ouvert, sympathique. Actuel va émigrer rue Saint-Antoine. Des choses changeront. V. Eersel a travaillé au Libé des débuts. Remis mon papier Calcutta. Le lira, me téléphonera.
18 h 30 Montreuil. Vu J.-L. Pays, Marie-Jo. Dîner improvisé chez Gendron, puis la pièce – améliorée depuis vendredi par des coupes. Mais encore lourde.

1er juillet 1981

« Elle ». Annoncé mes vacances (demain).

2 juillet 1981

Train pour Barcelonnette 7 h 43. Gap 16 h (après navette). À la Bergerie 6 h 30.

4 juillet 1981

Faurisson condamné. Terminé.

7 juillet 1981

Entamé vaguement, plutôt examiné le livre à faire.

8 juillet 1981

Allé déjeuner chez les Sapiéga à Gap.

9 juillet 1981

Vu le contrôleur des impôts, Peyronnet, à propos de la taxe d’habitation de la Bergerie. Il la trouve normale. Paie la même. Explique : mitterrandiste, il attend beaucoup du gouvernement pour la justice fiscale (impôt sur le capital, signes extérieurs, imposition des catégories fuyantes).

10 juillet 1981

Fini le Styron (Sophie’s Choice). La fin (2 ou 3 pages) est meilleure que le reste.

14 juillet 1981

Regardé de 9 h 30 à 11 h la revue du 14 juillet – la première de Mitterrand. Rien de bouleversant.

16 juillet 1981

Chez les Olivero. Marie-Françoise a monté mes petits films familiaux. On y voit Ariane, Gatti – et tous les morts.

18 juillet 1981

Pluie, froid. Fatigue, désœuvrement, paresse.

20 juillet 1981

Cdf à Van Eersel (Actuel), retour de vacances. « Je ne sais pas par quel bout le prendre, comment le présenter. Je te téléphonerai d’ici deux jours. »

21 juillet 1981

Rêvé pendant la sieste : ma mère était là. « Allons danser à ( ?). Mitterrand sera là ».

23 juillet 1981

Pluie. Neige dans les sommets. Un juillet pareil, jamais vu ! Travailloté.

25 juillet 1981

Télégramme de Penent : ne vient pas.

27 juillet 1981

Car 17 h 40. Dîner à Gap. Train 21 h 31.

28 juillet 1981

Arrivée 7 h par le beau temps.

29 juillet 1981

« Elle ». Rien fait. À midi déjeuné au « Morvan » avec Joëlle : l’équipe du film est à Liège, fini vendredi. Des conflits. Hélène sans travail réel : à cran. Idylles mal vues. Dante passera août à Pianco pour écrire une pièce sur l’Irlande, montera le film à partir de septembre.

30 juillet 1981

Chaud. Mise en vente de la maison d’Hayange. 250 000.
18 h 30 cdf à Van Eersel (Actuel) : 3 possibilités. Refus, attendre des photos ou se servir du texte comme d’une base (« sur une idée originale de Joffroy ») pour un article différent. Remercié et repris le texte. Le tout, très cordial – ce nonobstant.

31 juillet 1981

Chez le percepteur pour obtenir un délai pour les impôts de septembre (40 000, sans les 30 % journaliste que je n’ai plus, et Ariane plus à charge). Obtenu un mois.
Cdf à Libé pour voir Péninou. Ils ont déménagé, sont rue Christiani, 18e.

1er août 1981

Un 7e mort – grève de la faim – en Ulster.
Lettre de Michel Laclos. « Le Marquis jaune » a emballé tout le monde et paraîtra à la rentrée dans une petite revue « L’Ingénu ».

2 août 1981

20 h France Culture. 4e émission sur Larronde. On y entend sa voix, F. Hell, Rinaldi (qui le vit en 64, comme il aurait vu Verlaine). Cdf avant la fin de l’émission : Gatti – qui me convaincrait presque que j’ai bien connu Larronde (ce qui n’est pas le cas, sinon par G. Guy). Me reproche – à sa manière – de ne pas lui avoir écrit – ce qui signifie qu’il se reproche de ne pas l’avoir fait. Film en boîte, reste le montage ; il manque 50 M. Devrait les obtenir de la télé, si Lang, le ministre de la Culture appuie. Après, irait en Italie se reposer. Trois jours de rushes bientôt, il me préviendra. « Alors, le roman ? » – Ça va – Eh bien, je suis content.
Mort du 8e gréviste de la faim (Paddy Doherty).

3 août 1981

Relu, par hasard, « Les Morts » des « Dubliners ». Une merveille de tristesse.

4 août 1981

Péninou qui me raconte les événements de Libé, le départ de Marc, la reprise, le déménagement. Actuellement, augmentation du tirage : la publicité donnée par les autres média à Libé, le nouveau goût du public pour la politique. Confié le papier Calcutta à destination de Blandine Jeanson (suggérée par lui).

5 août 1981

« Elle ». Rien. Conversation avec Giannoli qui se plaint des filles du magazine. « Elle ne savent pas structurer un papier – ni le commencer comme il faut – ni « l’angle »… pas de culture… » Répondu qu’il fallait faire ce qu’on n’avait pas encore fait : les guider, leur donner des directives précises sur le contenu, le sens de l’article, la direction à suivre. Passé à « Parents ».

6 août 1981

15 h visite de Diatto et de Vernier, son ami qui a deux lieux artistiques (Passerelles) et souhaite mon avis pour un petit journal de liaison dont il me montre le projet (Passerelles). Ariane : il y a un mort de la maladie du légionnaire à Bichat.

7 août 1981

Hôpital Bichat fermé.
Cdf de Hocquard : les rushes sont montrés aujourd’hui et demain, 12 rue Clavel (à Scope 4). 20 h. Me demande comment faire parler du film en ce moment (pour obtenir, dossier de presse à l’appui, le fric supplémentaire).

8 août 1981

16 h chez Gatti. Parlé longuement du film, en Irlande et à Liège. M’annonce que le 9e gréviste de la faim est mort, et me montre un article ignoble de Libé (signé Choron) sur la mort de Bobby Sands (le premier) qu’il compare aux fanatiques khoméinistes. Sentiments mitigés à propos de Véro, et Séonnet. M’interroge sur le livre en train. Raconté l’histoire de la nouvelle « frédériquienne ».

10 août 1981

9 h 30 rue Clavel 12, les rushes d’Irlande. Avec Gatti, Hélène notant les numéros choisis, Jacky Sappart, l’opérateur de la photo Marco. De 10 h 30 à 16 h, moins le déjeuner dans le coin.

11 août 1981

Cdf de Blandine Jeanson (Libé). Veut passer Calcutta qui lui a transmis Péninou.

12 août 1981

« Elle ». Rien. Peu déjeuné, marché dans le bois et visité le musée des A.P.
Donné à Gatti le téléphone de Caroline Babert. Elle serait prête à faire un papier sur l’Irlande vue par lui dans le Matin.

13 août 1981

Cdf de Dante 10 h. Babert pas d’accord finalement – comme le Monde qu’il avait également contacté, attendant, dit-il, le « produit » : le film dont ils parleront, promis, mais une interview sur l’Irlande, ça regarde le service politique… Part pour Pianco demain.
16 h 30 Libé, rue Cristiani. Blandine Jeanson. Passera le papier Calcutta en deux fois. On fait un titre « 81 fragments pour re-voir Calcutta ». Recherche de la coupe médiane. Quelques suppressions.

14 août 1981

Un peu touché à Calcutta. Erré ½ heure place du Tertre – pour vérifier sa permanence. Vérifiée.

16 août 1981

À 9 h partis pour Conches (E. et L.) chez Bill Smith. Retour au périph. Là, pneu crevé. Roue de secours. Sur l’autoroute Ouest : réparé. Obligé d’acheter un pneu neuf. À midi chez Smith. Déjeuner avec lui et son fils, William, présentement « gardien » chez IBM. Songe à bien d’autres choses. Une éducation des enfants qui parviendrait vraiment à les éveiller à toutes les virtualités (inexplorées) du corps et de l’âme. Approuvé.
Parlé avec Smith de PM, de l’Inde, de son atterrissage forcé à Rotterdam (sur un bombardier Blenheim Bristol, bimoteur, de sa hache militaire), de son livre envoyé à l’éditeur américain (3 semaines et rien), de ses chiens, dont Matchié affligée de 2 hernies et Titi qui devient aveugle.

17 août 1981

Cdf de Braudeau, secoué : sa « petite amie » l’a quitté. Me dit que Rinaldi a réintégré l’Express, Perdriel du Matin ayant préféré J. Edern Hallier (il y avait bagarre entre eux). Cdf à Rognoni. Content du succès de sa « dramatique » télévisée de la semaine dernière.
15 h porté à Blandine Jeanson le papier Calcutta qui passera la semaine prochaine.

19 août 1981

Beau. « Elle ». Retour de Françoise Gilles. Rien à faire. F.G., amicale me dit à midi de rentrer : on t’appellera si nécessaire. OK.
Pris conscience tout à coup qu’un rêve revenu deux fois est en réalité l’histoire d’un crime commis par moi dans une vie antérieure.

20 août 1981

Gris, pluie. En Ulster, le 10e mort.

21 août 1981

Lettre de Ph. Delannoy : m’envie le code des « années-poussières ».
Revu à la télé le film de Wajda « La Terre de la grande promesse ». Confirmé mon opinion : l’antisémitisme le plus clair, le plus cru.

22 août 1981

Gris. Écrit à G. Fleming, chercheur anglais, à propos de K.G. (BBC)
À déjeuner, Rakesh Mathur. Discuté de la possibilité de voir la reine des dacoïts, Phoolan Devi. Accord. Projet aussi d’une nouvelle sur la recherche de la reine.
Trop plein d’idées en ce moment. Les projets débordent des chemises.

23 août 1981

Beau et chaud. Commencé « Mulot et la reine des dacoïts ». À déjeuner, les Le Boldec et Rapinat. Parlé de Match et de ses créatures : Collin, Sabathier, Mille, M.-H. Camus, Croizard, etc. Partis à 7 h.

24 août 1981

Un peu gris. Nombreuses idées pour « Mulot ».

25 août 1981

Beau. « Mulot » se développe (une grande nouvelle, sinon un roman).

26 août 1981

Brumeux puis beau. « Elle » : rien. Déjeuner avec Jacky Moreau pour son anniversaire. Parti à 18 h après avoir lu les ¾ des Mémoires du chevalier de Gramont (d’Hamilton).

27 août 1981

Beau, brumeux, rebeau. Quelques pages de « Mulot ».

28 août 1981

Très beau, ce matin. Vu le soir la 2e partie du film de Wajda « La Terre de la grande promesse ». Même son, un peu feutré cette fois. Rédigé une lettre à Libé – sur l’antisémitisme de ce film.

29 août 1981

Clair – Orageux.Repris la lettre, allongée. 15 h 30 visite de Ph . Delannoy avec la fin de son roman. Lui ai raconté le mien (Mulot). 18 h visite de Claire E.( ?) – conseils pour un papier qu’elle fait sur l’eau de Paris.

30 août 1981

Cdf de Libé (Bl. Jeanson). Ils passent mon papier. Y être vers 15 h 30-16 h. J’y suis. Corrections du 1er papier Calcutta. Fini 20 h. Terminé dans la soirée la lettre sur Wajda.

31 août 1981

Gris, frais. Libé paru. Article pas mal présenté. Travaillé « Mulot ».
15 h Libé jusqu’à 19 h. Bl. A reçu, dit-elle, des compliments pour moi. Corrigé dans la soirée le papier sur l’eau de Paris.

1er septembre 1981

Papier II Calcutta paru. Pas mal de fautes, bof…
Déjeuner Custine avec Rognoni – qui ne boit plus mais absorbe quand même un petit whisky. Ses projets.
Passé à 15 h à Libé – récupérer mon album Calcutta. Vu Bl. Jeanson et Péninou. Il paraît que le 2e papier a eu également un « sérieux impact ».

2 septembre 1981

Beau. « Elle ». F. Gilles : « J’ai pas quelque chose pour toi. Il y a 10 à 15 papiers en attente ». Déjeuner à la cantine. Rien eu à faire.
Aux Sablons, un verre avec Fournier de Télé 7. Je lui parle de « Mulot » comme de Collin, et du reportage Phoolan Devi que je ferai ensuite. Me dit que M.H. Normand a rompu avec tout le monde, son type vit à ses crochets.

3 septembre 1981

« Mulot ». Cdf de Joëlle. Me félicite pour le papier Calcutta. Kravetz veut aussi me le dire. Envoyé Calcutta aux amis de l’Inde : Roberge, le vice-consul, Morel, Bruno…
Déjeuner avec Péninou à la pizza Custine. Me confirme qu’à Libé on ne parle que de Calcutta. Un de ses amis, Leclerc du Sablon, du Matin : « C’est ça que je voudrais faire au journal, et que je ne peux pas faire ».
Cdf à Kravetz : « Superbe ! Je l’ai découpé ! ». Amer, contre « Actuel » qui a assorti son papier hier sur l’Iran de titres, sous-titres faux trompeurs. Plutôt que l’Express, Match qui ne lui offre que des piges. Va essayer la télé – Antenne 2. Écrit un livre (pour sortir le 15 novembre) sur l’Iran de Khomeini.

4 septembre 1981

Lu « La Plaisanterie » (Kundera). Cdf de Diatto. Me félicite pour Calcutta, et pour ma lettre à Libé sur le film antisémite de Wajda (la Terre de la grande promesse). Je ne savais pas qu’elle avait paru. Acheté Libé.

5 septembre 1981

De 9 h à midi, J.-L. Pays : révision de sa dramatique télé « MM les jurés » – et d’un article pour Télérama. À déjeuner, Braudeau. Sybille l’a quitté en juin. En souffre. Ne peut pas travailler, dit-il. Elle est à Libé. Parlé de nos œuvres en cours.

7 septembre 1981

Découpé les journaux indiens. Commencé à taper « Mulot ».

8 septembre 1981

16 h 30 arrivée de Ph. Delannoy qui a complètement bouleversé son roman : l’histoire est racontée par l’ami du héros – lequel perd du coup son « leadership » au profit de l’ami, le tout dans un café, en un seul soir. Bien meilleur somme ça.

9 septembre 1981

Lettre de J.-A. Penent, avec des extraits rigolos de la Gazette toulousaine des tribunaux (de Bordeaux). « Elle » : vu Melle Sarion (mutuelle, caisse des cadres). Évoqué PM « où c’était quand même mieux ».

10 septembre 1981

Cdf : « Vous êtes Moshé Weil ? ». « Weil, oui, Moshé non ! ». Ce n’est qu’après que j’ai compris que Maurice, c’était justement Moshé ! Travaillé « Mulot ».

12 septembre 1981

Vers 15 h chez Kravetz – qui me fait lire quelques chapitres de son livre reportage sur l’Iran (Irano Nox, pour Grasset). Quelques échanges et conseils. Sa femme me dit que J.-F. Mela veut me voir : a beaucoup aimé Calcutta.

13 septembre 1981

Clair – beau. Un arc-en-ciel vers 17 h 30. Un autre à 19 h.

14 septembre 1981

Gris – frais. Découvert que Mallarmé a écrit des contes indiens. Lecture.

15 septembre 1981

Magnifiquement travaillé, page après page. Continué le soir.

17 septembre 1981

Envoyé 1 000 F à Pelgrand. Lecture de Cortázar « Gîtes ».

18 septembre 1981

À 13 h à « Marie-Claire ». Déjeuner avec Croizard, Mme Riquier et Rakesh.
Aujourd’hui, l’Assemblée a aboli la peine de mort. Boulez à A 2 (Apostrophes), chemise rayée, col fermé, veste grise.

23 septembre 1981

« Elle ». Deux papiers : danseuses indiennes, enfants d’Irlande. Lecture : « Pierres », de Hugo. Ressemblances avec mes classements : moi, faits contemporains, etc.

24 septembre 1981

Lettre de F. Morel, attaché de presse à N. Delhi à propos de « Calcutta » (du coup il s’abonne à Libé).

26 septembre 1981

Pluie. Travaillé « Mulot ». Visite de J. Inizan, avec un papier sur son musicien,demandé par « Elle » (Giannoli).

28 septembre 1981

Clair et frais le matin. Envoyé lettre à Morel (Delhi) pour son abonnement à Libé. Écrit et tapé papier pour « Elle ». 3 heures.

29 septembre 1981

Ciné, rue Frédéric-Sauton : India Song de Mme Duras. Bah…

30 septembre 1981

Gris, froid. « Elle ». Lecture de 2 papiers. 12 h, av. Marceau, église. 1er anniversaire de la mort de G. Bonheur. Une petite centaine de personnes : Croizard, Thérond, Farran, Mille, Clerc, Serran, Castans, P. Lafont, Mme Valéry-Radot, Papeloux, Courtades, A. Conte, Haedens, Diwo, Olivier JP – le vieux Don, incertain sur ses pattes et qui a enterré tous ses partenaires de bridge.
Croizard me téléphone que Penent est venu à l’église (sur le parvis) après mon départ.

1er octobre 1981

15 h 30 Kravetz. Lecture de la suite de son Irano Nox, et quelques commentaires – jusqu’à 21 h 30. Vu Géné (qui a quitté Libé en même temps que Kravetz) et JF Mela (encore un peu accroché à ses projets radio).

2 octobre 1981

Reçu de l’Ircam le livre de Boulez « Bruits de repères ». Travaillé « Mulot ».

3 octobre 1981

Cdf à Penent : tousse, crachote. Dialyse impossible. Me rappellera.
Visite de Ph. Delannoy. M’apporte 60 pages de la 2e version de son livre (Années poussière). Fin de la grève de la faim des prisonniers de Maze. 10 morts – et la défaite.

4 octobre 1981

Lu le manuscrit de Delannoy. Grande différence de qualité avec la première version. Faiblesses moins apparentes.

5 octobre 1981

« Elle » : papier sur Melina Mercouri (élections grecques) à faire.
Cdf de Dante, retour d’Italie.

6 octobre 1981

Pluie à verse toute la nuit. À 17 h 30 magnifique arc-en-ciel double. Photographié du grenier.
Attentat contre Sadate. Mort. Cdf de « Elle » : venir demain aider Anne Salonnet à faire un papier sur Sadate.

7 octobre 1981

9 h « Elle ». Papier Sadate et chapeau. Aprèms, refait, avec son auteur, un papier sur Brel. Très malheureux et mécontent : il croit que je lui ai saboté son œuvre, son « essai » (c’est vrai qu’il a au moins tenté quelque chose dans le genre lyrique).…

8 octobre 1981

Beau. Yom kippour – jeûné. À 14 h Kravetz. Lecture de son dernier chapitre et du premier. Conversation, conseils.
Joëlle me donne une brochure « Gatti » éditée par les Affaires étrangères pour des présentations à l’étranger. Photo d’Ariane à l’Isle-d’Abeau – dont Gatti m’a dit l’autre jour qu’il était ravi.

9 octobre 1981

Avec Ariane, rue Pernety « Passerelles », le récital d’Arbatz. 20 h 30 – 22 h 30. 10-12 personnes. Me donne sa plaquette de chants poèmes.

11 octobre 1981

Une heure au bain à lire « Les Amours du chevalier de Faublas », une ineptie ahurissante.
Écrit à P. Desgraupes (président d’Antenne 2) pour Gatti : montage du film.
Travaillé avec abondance.

12 octobre 1981

Pluie. Travaillé « Mulot ». Appelé par « Elle » pour cet aprèms.

13 octobre 1981

16 h 30 : nouvel arc-en-ciel.

14 octobre 1981

« Elle ». Remis papier « Kinski » corrigé.
Longue conversation téléphonique avec Dante (sur la vieillesse, la mort…).

15 octobre 1981

Orages. Travaillé « Mulot » toute la journée. Cdf de Dante. RV demain.
Lecture utilitaire de Loti (l’Inde sans les Anglais). Rien à glaner.

16 octobre 1981

12 h chez Gatti – où se trouve Amphoux (Ngo). Déjeuner chez l’Italien du coin. Parlé des propositions faites à Dante et qui déferlent par 2 ou 3. Moreau venu me chercher en voiture (avec Amphoux en escorte) pour me faire écouter chez lui les musiques composées sur mes paroles (Cela déjà et entre la préfecture et N.D.), sur le Canard sauvage de Gatti et divers autres opus. Moreau très excité.
Entendu à la radio transmission de Donaueschingen, symphonie de Boulez – entendue il y a trente ans à Donaueschingen, avec Boulez et Souvt.

17 octobre 1981

Un peu de soleil. Mort de Moshé Dayan. Une date.

19 octobre 1981

Beau. Clair. Gare St-Lazare (billets pour Barcelonnette avec Rognoni).
L’aprèms, vu Caillaud, venu « respirer » à Paris (son beau-père cède son agence à un étranger. Sa femme veut le quitter pour se « réaliser »). Affecté par tout ça – mais réagit : cherche un travail, écrit un roman, veut vendre ses Saby et Michaux. Parlé de l’âge, de la vieillesse – comme Gatti il y a quelques jours.
Gilbert : « Mon marchand de fruits et légumes me dit qu’il faut tout retirer des coffres. Il va y avoir des contrôles avec la police ». L’intoxication de la droite.

20 octobre 1981

Avec A. à Libé. Cherché Blandine Jeanson. Grande agitation : réunion de la rédaction. Sur la proposition de July : publicité, hiérarchisation des fonctions et des salaires. J.-L. Péninou débarqué pour sa rubrique (politique intérieure).
Déjeuner chinois rue Custine. Présenté à Blandine le projet Inde-Dacoïts. Obtenu 2 000 F pour « Calcutta », que je ferai parvenir à Rakesh. Bl. bourrée de neuroleptiques, ne mange pas, boit du thé, appartient à la famille Wagner-Liszt-Ollivier : « Les Atrides et les Putrides ».
Attentat antisémite à Anvers. 3 morts, une centaine de blessés.

21 octobre 1981

« Elle ». Papier à faire sur Sophia Loren. Rentré 17 h.
Cdf de Karine Kœnigseder. Est à Paris pour 2 jours. Lagorce lui offre de faire un bouquin sur « les cousins de Hitler ».
Gare de Lyon avec Rognoni, train de 21 h 17 pour Gap.

22 octobre 1981

Dormi. Arrivée 6 h 49. Car 7 h. Taxi. 9 h 30 à la Bergerie. Froid et nuageux.

24 octobre 1981

Le soir, Rogno me parle intimement. Il a tout raté. Il le voit ici mieux qu’ailleurs (chez un ami comme moi : il aurait pu avoir « tout ça » : le prix, l’aisance, le temps de vivre et d’écrire => les besognes hâtives, l’esclavage, l’échec de sa vie familiale, etc.). Mais il va lutter : déjà il ne boit presque plus, il a « investi » dans un amour pour une jeune femme, il va cesser de gaspiller son fric dans les restau, etc.

25 octobre 1981

Vers 15 h neige. Et neige. Les moutons rentrent. Les humains se réchauffent avec des liquides fumants.

26 octobre 1981

Lever 7 h. 15 cm de neige. Pas d’électricité. Pas de chauffage.

28 octobre 1981

Le soir, télé : « Le Chagrin et la pitié », déjà vu à l’époque. Rognoni, dont le père avait doublé « le Juif Süss » et dont on voit le nom au générique dudit film…

29 octobre 1981

Très beau. 17 h cdf d’Anne-Marie Vincencini. Le papier S. Loren ? Attendu pour lundi. Merde ! Suite « Chagrin et pitié ».

30 octobre 1981

16 h 15 à St-Vincent-des-Fonts chez Aimé Michel, ex-prophète des soucoupes volantes. Tout petit, les jambes déformées par la polyo, tricot vert, crâne chauve. Érudit sur la vallée, les auteurs grecs et latins (cité Diodore de Sicile, Strabon, etc.). Admire Borgès parce qu’il a dit à quelqu’un qui lui demandait ce qu’il attendait : « La mort ! » Ce qui est faux, c’est le Nobel qu’il attend… A.M. trouve scandaleux qu’on ne le lui ait pas donné. On parle Chine, grands mouvements disparus et encore debout… A.M. est en train d’écrire un livre philosophique : « L’Homme qui a vu l’homme ».

31 octobre 1981

Papier pour « Elle ».

1er novembre 1981

Très beau, ensoleillé partout.

2 novembre 1981

Lecture : Lettres de Mozart. « Elle » : F. Gilles me dit qu’on a le temps pour le papier Sophia Loren. La mort de Georges Brassens a tout « balayé ».

3 novembre 1981

Rêve de la nuit : rencontre de MHN qui regarde mon visage et dit avec une douce conviction, pas très éloignée de la satisfaction : « Comme vous avez changé ».
Fermé la maison. Car. Train.

4 novembre 1981

Arrivés 7 h. « Elle ». Accueilli par des cris amicaux. Je suis finalement assez populaire.

5 novembre 1981

Cdf à ML de G. Nicod. Me demande s’il peut poser ma candidature à comité central de la Licra. Refusé. Expliqué que je ne veux « figurer » nulle part (bien que mon père eût considéré cette offre Licra comme un grand honneur).

6 novembre 1981

Recommencé travail « Mulot » jusqu’à 6 h 30. Essai de télépathie sur un nom. Rien.

7 novembre 1981

Gris. Travaillé dernière partie de Mulot. Télépathie. Rien.
Joëlle Hocquard rue Custine : on revoit son papier pour un journal de F. Gilles (« Machines spéciales ! »). 2 h.

9 novembre 1981

Cdf d’un chercheur M. Roch ( ?) sur les rapports Gerstein. Lui ai demandé de m’écrire ses questions (chat échaudé craint le sourisson). .

10 novembre 1981

Déjeuner avec G. Nicod (Licra) rue de Paradis. Parlé du passé (à côté de nous, des amis à lui, fabricants de cuir du Sentier, polonais, qui regardaient les gens dans la rue et ne remarquaient que les passants portant cuir).
Cdf vers 16 h à « Elle ». Fermé demain. F. Gilles me demande de venir jeudi, mais je vais à Angers enterrer la tante. La Gilles ironise. Peu apprécié la chose.

11 novembre 1981

À 16 h au Grand Palais, salon d’Automne. La table de B. Vu le fouillis du reste, du savoir sans savoir-faire et beaucoup de pauvre faire-savoir.
Dîner rue de Lille chez Orsenna avec Mme et un couple de leurs amis (A… qui a fait pour Ramsay un « livre de dates »).

13 novembre 1981

Beau et froid. À « Elle » à 10 h 30. Cdf de Penent. On déjeune aux « Sablons ». Il a réglé au mieux ses affaires familiales (vente d’un domaine) mais ne réussit pas aux Assedic (donné le n° de Pringot). Observations sur le gouvernement socialiste, tout à fait pertinentes : ne savent pas présenter la bataille contre le chômage comme le « new deal » de Roosevelt, les cocos réussissent bien comme ministres (les socialistes moins : ils n’ont pas le langage du peuple – mais celui des institutions : évocation du 17 Thermidor par Quilès, ce nullard). Espère obtenir de Chevènement ou de Guidoni un travail intéressant qui lui permettrait d’écrire. A lu Calcutta II. Voudrait avoir le début.

14 novembre 1981

Cdf à Griset pour les papiers Calcutta. Envoyé facture.

15 novembre 1981

Travaillé (fin Mulot).

17 novembre 1981

Reçu chèque de Libé : 2 500.

18 novembre 1981

« Elle ». Avec Is. Reingo (I. Ellsen), amie de P. Vialatte, travaillé son papier sur Victor-Emmanuel, tireur de plage.
Déjeuner avec Ménager, toujours à PM, mais marginalisé par l’âge ou la méfiance des chefs (Durieux, etc.). Tableau du journal actuel : Thérond qui tient à la carte de visite PM ; Balaine, hébété d’anticommunisme, J. Cau le penseur qui fait n’importe quoi, Menent, le petit commerçant de l’autodéfense, etc.

19 novembre 1981

Envoyé lettre de condoléances à la veuve de D. Caravaggio.
Fièvre du beau-père tombée

20 novembre 1981

Cdf à 8 h : ma belle-mère. Il est mort cette nuit. Pris le Mistral pour Toulon 13 h 11. Le beau-père dans le salon, dans son costume sombre.

21 novembre 1981

Lecture de « La Guerre des juifs » (Fl. Josèphe).
Visite à Mme Maufrais dans son foyer. Contente et étonnée. Vieillie, grossie – mais calme, paisible.

22 novembre 1981

Croque-mort venu « arranger » le corps. Travaillé un peu « Mulot » (toujours la fin)

23 novembre 1981

8 h. En cortège de voitures, à l’église. Pas de messe : service simplement. De là, à pied au cimetière. Fini à 9 h 30.

24 novembre 1981

Fatigué. Peu et mal travaillé. Cdf de Hocquard. À Liège, le montage avance. À la suite de ma lettre à Desgraupes (pour une aide d’A. 2 au financement du montage) des contacts ont été établis.

25 novembre 1981

8 h cdf de Georges, le moine suisse. Arrivé en Suisse, viendra à Paris en février. « Elle », « Parents » : Coral me montre, dans le numéro de Noël, un article de Sabathier qu’il a repris d’un vieux PM. Puis, me demande de voir ma « protégée » Claire Eruzen : « Ce serait une erreur de la garder, pour elle comme pour nous. » Pense que Mitterrand est gravement malade. « C’est un mauvais choix pour la France. » Déjeuner avec Valérie Soriano – en bisbille avec F. Gilles, mais domine la situation. Cdf de Jacky Sappart – qui a le téléphone et m’enverra son projet sur Tatenberg.

26 novembre 1981

Hier, Coral à propos de JMSL : « Si je mourrais, je veux que tu le saches : j’ai le manuscrit de ‘l’Oratorio’ ».
Hier, à la télé, Menahem Begin : « Il n’y aura pas de 3e guerre mondiale ».
Fini le 1er jet de « Mulot ».

27 novembre 1981

Déjeuné rue de Paradis – à côté de Nicod.

28 novembre 1981

Vent et pluie. Lettre de B. Fleming (le chercheur anglais sur l’Endlösung). RV en décembre. Rédigé une carte en petits vers pour JP Géné (en séjour d’hiver à la Santé). Travailloté.
Dîner chez Bozzo : sa femme Marthe, les Pays, Monique sa dame de galerie et une amie à elle. Parlé de la 3e guerre mondiale (possible ? Impossible Impensable ?) et de Ph. Devi et Mesrine. Rentré 1 h 30/2 h.

29 novembre 1981

Travaillé Mulot. Rebouchage des brèches.

30 novembre 1981

14 h 30 RV avec Poliakoff à la Maison des sciences humaines (où Gerstein s’est tué) à propos d’un des rapports. Rencontré là l’équipe de « la science face au racisme », nouvelle revue, dont Nadine Fusco. Sollicité de les aider. De là, chez Joëlle Hocquard, puis Lissac et BHV.

1er décembre 1981

Déjeuner with Penent and Croizard. Penent très sévère pour le livre de Beauvoir sur Sartre, qui le montre gâteux, misérable.

2 décembre 1981

« Elle » : prostituées de Grenoble ; sondage pour la loi Weil et le mariage de J. Hallyday. Travaillé jusqu’à 19 h sans déjeuner. Et pour une merde.
Vu Thérond qui a vu JJ Servan-Schreiber qui va republier son livre « Lieutenant en Algérie », dans une collection patronnée par Thérond (Europe 1). Il faut le raccourcir et l’amortir d’une postface. JJSS a parlé de moi. Est-ce que j’accepte de le faire ?
Reçu d’Ariane « Le Bon usage » de Grevisse.

3 décembre 1981

À déjeuner rue Custine, Ph. Delannoy qui apporte la moitié de son roman. À 15 h Joëlle Hocquard : son papier pour France-Régions.

4 décembre 1981

Cdf à Chophel : confirme ce que m’a dit Ariane : le Dalaï lama sera accueilli en France. Il n’est plus interdit de visite (pour des raisons de sécurité !). Ministère des Relations extérieures et ministère de la Défense. Mais je n’ai jamais reçu de réponse de Régis Debray.
20 h 30 théâtre de la Roquette (ex Cyrano). « Il était trois fois » avec Catherine Carrée comme auteur et interprète. Assez bon. Vu J.-Yves Carrée, toujours sur son scénario. Vu télé en rentrant. « Voyage à Tokyo » d’Ozu. Très beau, très émouvant.

5 décembre 1981

Cdf à Dante, qui repart pour la Belgique demain. Plutôt amer sur la Belgique. « Baudelaire est au-dessous de la vérité ». Me dit que quelques personnes à Toulouse lui ont demandé ce que je deviens : Claret et Elizondo ( ?). A entendu dire que mon livre est fini. Explication. Le film (bande image) sera fini fin décembre. La bande son en janvier, etc.
15 h visite de Rakesh (à qui je donne 1 000 F – pour m’avoir mis en rapport avec le jésuite de Calcutta).
Plusieurs lectures de Job successives.

7 décembre 1981

Cdf à JJSS. En réunion.

8 décembre 1981

Lettre de J.P. Géné (de la Santé). Raconte en 3 pages sa vie quotidienne.
Situation financière pas brillante : plus d’argent à la banque et quelques dettes.
Petit mot de Boulez à propos de son expo (pour laquelle je devais donner des docu) et qui n’a pas eu lieu – et de mon livre (l’Abîme).

9 décembre 1981

« Elle » : rewrité papier sur IVG. Reçu œuvres de I. Ellsen-Reinge.

10 décembre 1981

Cdf à Croizard qui m’apprend que Menant a eu un infarctus (hôpital Ambroise Paré).
Avec Penent chez Orsenna dans son bureau de ministre (pour un conseil audit Penent sur les débouchés). Puis chez Orsenna dîner des auteurs de sa collection « Mots ». Rencontré une amie d’I. Clerc, Chantal Chawaf. Ne connaissais aucun d’entre eux. Fait un poème – inachevé (« Que »).

12 décembre 1981

À déjeuner, Rognoni apportant un cadeau oblong : un énorme baromètre à l’antique (pour la Bergerie). Longue conversation sur : les juifs, mon livre et le film qu’on devrait en tirer, sur « Y a-t-il des changements avec Mitterrand ? »  (Il dit non, je dis oui) et sur la réforme de sa propre vie (économies de restau, taxis, moins d’alcool, moins de travaux, etc.) : dit qu’il y est résolu, à cause de mon exemple. Prétend que je suis un « sage » !
Visite 17 h V. Lombroso : une attestation à donner en tant qu’auteur de « Tonton Couteau » sur ses capacités (pour un collège américain). Conversation sur ses cours de théâtre avec Blanche Bolent qui l’ennuie et la terrorise. Sur mon « Mulot », etc. Lu un texte de N. ? admirable, « l’Emprise », tiré à part de la revue de Psychanalyse.

13 décembre 1981

En allant à la Route, froid et gel.
Loi martiale en Pologne. L’armée prend le pouvoir contre « Solidarité ». Rédigé attestation pour V. Lombroso. Neige vers 5 h 30 et toute la soirée.

15 décembre 1981

Visite l’aprèms de Philippe Delannoy (discussion sur son livre) et Valérie Lombroso (pour son attestation).

16 décembre 1981

Bruits de bottes à Varsovie ? « Elle » : rien l’aprèms. Déjeuner avec R. aux Sablons. Souvenirs sur Ancelot. Aux tables voisines, on parlait guerre, avions, bombe atomique. Cdf de Mme Valériane Giscard d’Estaing à propos du livre de JJSS. Elle s’en occupe – et me rappellera.

17 décembre 1981

Cdf de Kravetz – à propos de Géné, toujours à la Santé. (Prend les choses plutôt bien, comme un reportage. Un peu moins maintenant.)L’affaire tourne assez bien. Liberté provisoire possible lundi. Sinon, il faudra agir. Demandé à K. si je peux aller visiter le prisonnier. Il y va, lui, trois fois par semaine. Géné, dit-il, en serait très content.
Cdf de F. Gilles : venir à « Elle » lundi, numéro spécial Noël.
Cdf de Me Korman : la cour d’appel confirme le jugement Faurisson. Ils iront, paraît-il, en cassation.

18 décembre 1981

Neige de bon matin. Toute la journée.
Fini papier pour le « Droit de vivre » (vieux antiracistes). Envoyé.
À déjeuner à la pizza, René Desmaisons. Me montre la lettre de son ami américain : accord pour le yéti, 200 000 $ d’avance pour l’exclusivité. Mais on verra d’abord la télé (A2) qui pourrait peut-être s’y intéresser.
Neige encore. « Elle ». Le « pot » de fin d’année. 50 F pour la Pologne. Puis, R.V. avec Thérond pour le livre de JJSS à PM, aux Champs-Élysées. La première fois que j’y remets les pieds : O. Valeri, Garofala, de Potier, Vaubyerg, Chateauneu, Mme Cormier. Petite table ronde : Trillat, metteur en pages, A.-M. Périer, venue me chercher (liaison avec l’éditeur), Valériane G. d’Estaing, petite brune un peu sèche (liaison avec JJSS) et Thérond. Coupes à remettre avant le 4 – tout doit être fini le 15-1. Prix à débattre avec Thérond – plus tard. Les silhouettes sont rarement les mêmes, mais leur « penché » est le même.

19 décembre 1981

Commencé à découper le livre JJSS. Presque fini à 18 h.
Dîner « Pistou » bd de Port-Royal avec B., Smith et son fils Christophe. Projet de film (sur un sous-marin de vieillards).

20 décembre 1981

Froid. Décidé de ne pas aller à la Route. Arrangé au propre le livre JJSS.

21 décembre 1981

« Elle ». Convoqué pour lisser une vingtaine de pages sur l’astrologie et la cuisine, la mode, etc. Sorti 19 h 30. Pelgrand malade, à l’hosto – me dit Penent.

22 décembre 1981

Cdf de Valériane G. d’Estaing. Mise au point pour l’envoi du texte de JJ à Megève. Repris et fini le poème (« Que »). Dernier numéro de Charlie-Hebdo : « Allez vous faire enculer ».

23 décembre 1981

Cdf vers 19 h à Pelgrand (rentré de l’hôpital, il dort, me dit Frédérica, il est dans une minerve : vertèbres cervicales cassées dans une partie de rugby) et à Piloti l’oublié (« Oh merde, j’ai pensé à toi il y a deux minutes à peine… Je suis dans la merde jusqu’au cou… Trop vieux à 52 ans… pour tout »). Le reverrai en janvier.

24 décembre 1981

Envoyé dossier carte d’identité professionnelle : formule, attestation « Elle » et feuilles de paie (66 000 F) 100 % journalisme.
Pluie. Train de Montpellier à 9 h 45. Arrivée 17 h 30. Toues les enfants Woignier, et les petits-enfants. J.S. Bach. 21 à table. Fini à 4 h du matin – après une longue, inévitable et ennuyeuse discussion sur la gauche et la droite arbitrée par Bach.

25 décembre 1981

Levé 10 h après un assez bon sommeil. Lecture d’un Agatha Christie trouvé dans la chambre (« L’Affaire Prothero »).

26 décembre 1981

Train pour Paris 11 h 37. Seul. Dans le train, le petit Tristan, 3 ans ½ nous faisait chier, courait courant dans la coursive : « Chair à pâté ! Chair à pâté ! ». Arrivé à la maison à 20 h.

27 décembre 1981

Commencé nouvelle (Chair à pâté).

28 décembre 1981

Toute la journée, écrit la nouvelle (« Chair à pâté ! »). Facilement (j’étais dans le coup).

29 décembre 1981

Rêve. Cauchemar ? Réveillé à 3 h. Compris que Mulot et Chair à pâté sont des étapes pour le Lac. Nécessaires.
Caisse d’épargne : 50 personnes dans le bureau. Que des têtes de pauvres. Graves. Blancs et noirs. Tendus.
Midi : dernière tentative avec le passé Grands Augustins. Les vœux. 1’ !
Continué et presque fini « Chair à pâté ». 2 ou 3 pages encore.

30 décembre 1981

« Elle ». Rien.
Cdf à JJ. qui cherchait justement à me joindre. M’annonce qu’il est nommé Inspecteur général du théâtre (comme Touchard, Lerminier). Monte enfin à Paris. Me dit que le mari de Colette H. est mort d’un cancer comme il le redoutait. Fini la nouvelle.

31 décembre 1981

Humide. Travaillé un peu – du fignolage sur le texte.
À 21 h 30 avec B. et tous les Gilbert bd Pereire. Saumon, caviar (pot de), crevettes, truite, huîtres et palourdes, boudin blanc, jambon sauce madère, blinis, fruits, gâteau ! Rentrés à 4 h. Trottoir mouillé. Je ne fumerai plus.

9 février 1984

Beau. Ciel dégagé.
Cdf de Jacky Moreau. Il présente un projet d’opéra au Ministère (subvention). Mme Lebrun est morte (88 ans). Télégramme.
Cdf de P. Lary 11 h : la commission a éliminé le scénario (Cheval chauve) au premier tour. Il se demande qui a fait le mauvais coup. Mais son avance est diminuée pour le film.
Déjeuner Delannoy (en quête toujours d’une situation), Planchet (qui prépare son expo grecque) et Kristo (qui attend son bébé et continue d’envoyer Moisson à tous les vents de l’édition). Parlé du PC, du gouvernement, de la reine Victoria et de Jack l’Éventreur, de la rue Caulaincourt (qui tourne moins bien depuis 1981), etc.